de Pierre Assouline

en savoir plus

La République des livres
Pour saluer George Steiner

Pour saluer George Steiner

Archétype de l’intellectuel européen à jamais gouverné par les humanités gréco-latines, George Steiner, qui vient de nous quitter à 90 ans à Cambridge, était des rares à séduire durablement son public. A le captiver, l’exaspérer, le surprendre encore. Pour avoir eu maintes fois l’occasion de le rencontrer, de l’interroger ou simplement de le suivre face à de vastes auditoires aussi bien qu’en comité restreint, je puis témoigner de son empire sur ses interlocuteurs (on lira ici une analyse de son œuvre par Donatien Grau, je m’en tiendrais pour ma part au portrait). Rien ne l’enchantait comme la perspective de digresser en public, son sport favori. C’est une bien étrange volupté que de créer des liens hypertexte à l’oral sans que nul n’ait le mauvais goût de vous rappeler au hors-sujet tel un skieur sermonné pour s’être aventuré hors-piste.

Il avait une manière très personnelle de penser en public, à voix haute, étant entendu que ses explosions de pensée reposent sur une longue, intime et ancienne rumination. A 85 ans révolus, il avait encore la pêche et s’épanouissait volontiers dans la polémique, n’étant jamais le dernier à faire preuve d’une ironie mordante, cinglante sinon cruelle à l’endroit de ses adversaires d’un débat d’idées. Il pouvait tenir des heures en se posant des questions dont il disait qu’il mourrait en en ignorant la réponse (« Quelle est la métaphysique d’un sourd-muet ? ») même s’il était persuadé que les grandes réponses précèdent les questions, lesquelles les banalisent. Steiner était un arbre à citations, non pour l’esbroufe mais pour le stimulus (« Musique : art des fiançailles perpétuelles » dixit Merleau-Ponty).

Il en faisait un usage immodéré (« On ne pense en philosophie que sous des métaphores » dixit Louis Althusser) ; s’il avait dû payer des droits d’auteur sur les citations, il aurait été ruiné. Sans compter les frais de justice pour les citations tronquées (« Quelle volupté que d’inventer des citations de Hegel… J’en mets partout ! »). Le plus extraordinaire est qu’il les sortait de son chapeau sans fond, les déployait en magicien et les assénait à un auditoire sans voix, parfois ébloui, parfois perplexe, mais c’était fait avec une telle assurance dans le bonheur de l’intelligence d’un texte qu’on n’osait pas demander : « Euh, quand Alain dit que toute pensée commence par un poème, est-ce que… Et puis quand Leibniz assure que Dieu chante de l’algèbre lorsqu’il soliloque, c’est joli mais… ».

Alors on suivait. D’autant que c’était souvent convaincant. Surtout lorsque Steiner se livrait :

 » Cette pensée du Baal Shem Tov a décidé de ma vie »… « La vérité est toujours en exil ». Cela signifie : méfiez-vous d’une vérité qui se revendique d’une patrie, elle est fausse ».

Il avait beau dénoncer les formules des autres, lui-même ne les détestait pas. Il avait le goût de la pirouette en public, mâtinée d’humour et de provocation. Elle se terminait généralement par une anecdote, mais qui ouvrait sur une méditation, d’autant plus frappante qu’il l’énonçait au présent avec la dramaturgie idoine:

« Comment transcender la logique en gardant la logique ? Un jour, la maîtresse emmène les enfants dessiner dans le motif, à la campagne. Après le pique-nique, elle les asseoit face à un aqueduc. « Dessinez ! » Ils dessinent tous un aqueduc, sauf un qui dessine un aqueduc auquel il a mis des chaussures, à chaque pilier, afin que le monument se mette en mouvement. L’enfant s’appelle Paul Klee, 6 ans. »

Ah, George Steiner et l’art de la chute ! Mais comment, parti avec René Char sur l’idée que la marche est le mouvement même de la pensée, était-il arrivé à convaincre de la présence de Cézanne dans l’ontologie philosophique moderne, on ne le saura pas et quelle importance ? A la fin, il conseillait d’écrire mal, seule solution pour un philosophe sérieux s’il ne veut pas courir le risque d’être lu pour son style. Mais évoquait-t-il les caresses qu’on l’autorisa à prodiguer au « César de Montaigne », son propre exemplaire des Commentaires sur la guerre des Gaules annoté de sa main, le regard de George Steiner déposait les armes ainsi qu’il sied lorsqu’on retient une larme.

George Steiner, qui fut l’un de nos meilleurs critiques littéraires avec Jean Starobinski, et un lecteur hors pair, se souvient avoir remarqué Les Deux étendards, roman de Lucien Rebatet, en son temps grâce à un article laudateur d’Albert Camus, et l’avoir lu aussitôt : « Dès la première page, j’ai su que c’était une œuvre de génie et que la création de la jeune femme Anne est comparable à du Tolstoï. Un livre trop long et trop didactique mais avec des parties époustouflantes d’amour et d’humanité. Or Rebatet est aussi l’homme des Décombres, un vrai tueur, le dernier des salauds ». Et Steiner, citant dans la foulée Morand qu’il exècrait, Montherlant qu’il admirait et Pierre Boutang dont il était l’ami, de déplorer « cette injustice kafkaïenne : pourquoi Dieu a-t-il donné autant de talent à la droite ? ».

Difficile d’évoquer un tel homme et une telle oeuvre sans mélancolie tant cet européen polyglotte et cosmopolite incarnait à son meilleur un monde disparu, le monde d’avant pour lequel comptaient des choses, des idées, des valeurs, des références, des principes qui n’ont plus cours que pour quelques uns désormais et l’on ne peut en éprouver qu’une profonde nostalgie au mépris des lazzis que cela susciterait. Chaque matin, il traduisait un poème dans les quatre langues qu’il pratiquait naturellement (français, anglais, allemand, italien) : selon lui, ce rituel avait le don de faire entrer un rayon de soleil dans sa vie quotidienne.

On lui doit aussi des expressions, d’aucuns diront des formules pour en diminuer la portée, telles que « emprise de l’imaginaire ». Elle évoque le délicieux esclavage, l’asservissement volontaire, autrement dit ces fictions suprêmes qui nous obsèdent, ces personnages d’une famille de papier qui finissent par être des personnes de chair et de sang de notre famille secrète ; ils comptent parfois davantage dans notre existence que les vrais gens de la vraie vie. Ils aident à vivre et même à ne pas mourir. On n’échappe pas à ses fantômes familiers. Qui autour de nous aura jamais la présence réelle d’une Mrs Dalloway et d’un Léopold Bloom, d’un capitaine Achab et d’un prince André Bolkonsky, d’un Hans Castorp et d’un K., d’un prince Salina et d’un Trotta, fussent-ils inscrits dans notre mémoire par la puissance du cinéma superposée à celle de la littérature ? Personne.

Nous connaissons tous des lecteurs qui ne se sont jamais remis de la mort de Mme de Rênal. Flaubert lui-même lequel se lamentait sur sa fin de ce qu’il allait crever comme un chien quand cette salope d’Emma Bovary vivrait éternellement. George Steiner, esprit attachant au gai savoir sans répit, était très un grand lecteur, du genre, lui aussi, à ne pas se remettre de ces disparitions mais dans son cas, celles de tant de personnages !

Pour ma part, outre certains de ses grands livres dont la lecture m’a particulièrement marqué (mais après tout, chacun les siens, l’oeuvre est vaste)  tels La mort de la tragédie (1965), Après Babel. Une poétique du dire et de la traduction (1978), Les Antiones (1986), Réelles présences. Les arts du sens (1991), Passions impunies (1997), Maitres et disciples (2003), je n’oublierais jamais la manière dont il voulut conclure un long entretien en public à la Bnf en retirant ses lunettes et en murmurant sur le ton de la confession :

« Je mourrais en ayant conscience de n’avoir pas eu assez de toute une vie pour résoudre un mystère insoluble : pourquoi, lorsque le commandant d’un camp d’extermination nazi, une fois rentré chez lui le soir pour jouer une sonate de Schubert au piano à ses enfants puis lire des poèmes de Hölderlin à sa femme avant le dîner, après avoir passé sa journée à superviser des tortures, des exécutions et des massacres de milliers d’être humains de tous les âges en raison de leur seul crime d’être nés, pourquoi la musique n’a pas dit non, pourquoi la poésie n’a pas dit non ? »

Post scriptum du 5 février : George Steiner a laissé un livre posthume constitué de milliers de « lettres autobiographiques » que le Churchill College (Cambridge) à qui elles ont été confiées révèlera publiquement en 2050 selon la volonté du testateur.

(Photos D.R.)

Cette entrée a été publiée dans Histoire Littéraire.

1106

commentaires

1 106 Réponses pour Pour saluer George Steiner

JiCé..... dit: à

Ami George, repose en paix !

Janssen J-J dit: à

au départ, je pensais proposer de supprimer le congé enfant décédé, vu que si l’enfant est décédé y’a plus besoin de s’en occuper (mumu, au CE).

B dit: à

Courage, baisons !

C’est vrai que l’activité en requiert , plus nous avançons plus nous mesurons l’effort avant d’y souscrire comme pour tous les autres sports pratiqués en groupe ou à deux. Moi j’ai toujours préféré le badminton.

et alii dit: à

« Je suis corde tendue sur les amples rumeurs

des résonances

Les choses sont corps de violons chargés

d’obscurités grondantes »

Rainer Maria Rilke
avec une bibliographie sur klee
https://journals.openedition.org/terrain/13761

B dit: à

Il était musicien et ses compositions colorées s’en ressentent. Quel homme merveilleux il a dû être pour ses proches.

et alii dit: à

Des humains vont tester un médicament créé par une intelligence artificielle, une première. afp.com/LOIC VENANCE
Une start-up britannique a développé grâce à une intelligence artificielle une molécule capable de lutter contre le trouble obsessionnel compulsif.

Janssen J-J dit: à

*** « Entrer en résistance numérique », nous dit B. E. Harcourt, à l’issue de son bouquin sur la « société d’exposition » (Seuil, 2019 /1ere éd. 2016).
Evidemment, je voulais aller revisiter ça avec une postface) !…
Quelles nouvelles armes propose-t-il pour lutter contre ça ?… Quand tout le monde ne peut pas être une Chelsea Manning, un Julian Assange, un Edward Snowden (via Glenn Greenwald), qui ont su renverser le Panoptique, et procédé à des « fuites massives ». A notre petit niveau erdéliénique, il faut sécuriser nos informations personnelles et communications (Eben Moglen), mieux crypter nos données, apprendre à être plus anonymes et déjouer la surveillance (suivre les conseils des hackers d’Anonymous) ; défendre les niveaux les plus superficiels de la surveillance, protéger notre vie privée, la confidentialité de nos données, même si peu d’experts croient vraiment en cette possibilités partout déjouée… Ou alors, les transformer en marchandises, nos data (chaque internaute serait indemnisé à chaque fois que ses données seraient utilisées par des tiers = privatiser les données, quoi !). Retourner les caméras de surveillance (watching the watchers), filmer les agents de police en civil qui surveillent et infiltrent (sous-veillance) ; ou alors, rendre les infos publiques accessibles sur le web (tels le Chicago crimes, hum) ? Mieux « réguler », bien sûr !… (Lessig, Balhkin, Solove, Schlanger, Mogden) ; Eveiller la conscience du citoyen moyen (Occupy central)… Pfft, mouais… Ou plus radicalement, utiliser le réseau TOR, comme l’AMS. Ou bien encore, attaquer collectivement par « déni de service » (décourager Mastercard par Anonymous, for instance). User de ‘tactiques de blocages’ (refuser de donner ses numéros de tél… anticiper la surveillance ; esquiver les jets de pierre sur les écrans numériques). Lancer des alertes (Daniel Ellsberg, Ed Snowden, déjà dit…), Déstabiliser « le système » en ayant le courage de la vérité, dont le prix augmente sans cesse quand on mesure les risques pris par un Snowden… Un choix éthique, le courage…, la résistance devrait venir de chacun, dans une modalité de gouvernance de soi allant dans une direction collective sans dirigeant, être désobéissant en situation, oui, c’est une éthique de soi (qui n’est certainement pas un produit du néolibéralisme macronien, non… qu’on se rassure, car cette attitude lui aura toujours été antérieure !). Ouf///, ce point, je le comprends et le pratique dans mes attitudes réfractaires obstinées et têtues à la ‘siliconisation du monde’ Je n’ai jamais touché un smartphone et n’ai jamais eu de portable, on se moque de moi… Je n’ai que des fixités… Ce n’est pas facile, mais je suis resté foucaldien, éthicien de moi, ce qui ne veut pas dire totalement foucalme (NB/ et j’écris d’ailleurs une nouvelle dystopique en Eco : « Le smatphone de Foucault »)… Mais, hélas, mon ami B. E. Harcourt ne m’apprend pas grand-chose, au sortir… Il est plus honnête quand, dans une itw, et dans son intro, il me dit ceci : « qu’est-ce qu’un autre système a à nous offrir de mieux que la jouissance de nous exposer sciemment avec toute la conviction de notre amour, de nos envies, de notre passion et de nos tendances politiques ? (…). Nous, sujets numériques, « doublons de données », homo digitalis, nous nous livrons à une folle divulgation de nous-même (…), car il faut être connectés, c’est une nécessité : (…) Voilà ce qu’est « la société d’exposition ». Bien plus qu’une société d’affichage et d’exhibition. Voui.

hot pepper dit: à

Steiner dans le premier entretien mis en ligne :
 » La litote de Beckett devient le langage des jeunes sur facebook. »

Nicolas dit: à

Je vais aller en Sicile je suis super content, et peut être même visiter Syracuse. Vous vous y connaissez en Sicile?

Nicolas dit: à

A part ça je viens de comprendre comment ça marche l’écriture inclusive. Les humain.e.s. Désolé.

D. dit: à

Je ne pense pas que ça vaille bien le coup, Nicolas.
Sicile, Sardaigne, en cette saison ça reste froid et sans feuilles, vous ne pourrez pas vous baigner. Attendez mai ou juin.
J’ai eu l’occasion d’aller à Cagliari une fois début février et il y faisait 2 la nuit, à peine 5 en journée.
En février il faut aller sous les Tropiques, mais une seule fois dans sa vie, par respect pour la planète.

et alii dit: à

pardon hot pepper,j’ai été trop vite

D. dit: à

Essayez plutôt l’Ile de la Réunion ou bien Maurice.

OZYMANDIAS dit: à

Mais où est donc passée Christiane ?
Christiane où êtes-vous ?
CHRISTIAAAAAAAAAAAAAAAAAANE, REVENEEEEEEEEEEZ !
Si Christiane quitte la Rdl, moi aussi je la quitte.

christiane dit: à

Et Alii,
dès que vous avez appris la mort de George Steiner, vous avez mis ce lien :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dans_le_ch%C3%A2teau_de_Barbe-bleue
Comme nous venions de parler de musique avec Pablo et Chaloux, Rose et moi avions pensé que cet extrait d’opéra mettait à l’honneur Béatrice Monzon et Willard White et la musique de Bartok.
Il semble que l’on se soit trompées, et certainement ce vers quoi vous vouliez nous guider, était que ce conte de Perrault avait été pour Steiner, l’occasion d’écrire un essai : Dans le château de Barbe-Bleue. Notes pour une redéfinition de la culture.
Pourriez-vous nous en parler ?
Est-ce en rapport avec la curiosité qui pousse la jeune épousée de Barbe-Bleue à ouvrir en son absence la porte interdite ? Est-ce parce que nous aussi, notre curiosité (lectures -culture -art – musique…) est insatiable ? Et que nous ne savons pas ce qui se cache comme horreurs derrière la dernière porte ?
Est-ce que la culture protège de la barbarie ? (Voir la fin du billet de Passou).
Buchenwald était si proche de Weimar… Et ces deux guerres mondiales et d’autres qui ont suivi, la culture n’a pas réussi à nous en préserver…
Pourquoi a-t-il choisi la métaphore du Château de Barbe-Bleue ?
Est-ce en rapport avec cette remarque de Théophile Gautier : « Plutôt la barbarie que l’ennui » ? Ou celle plus proche de Giono d’un Roi sans divertissement ?
Une sorte de dégénérescence aurait gagné notre civilisation en perte de repères…

rose dit: à

B dit: à

Courage, baisons !

C’est vrai que l’activité en requiert , plus nous avançons plus nous mesurons l’effort avant d’y souscrire comme pour tous les autres sports pratiqués en groupe ou à deux. Moi j’ai toujours préféré le badminton.

Itou.
Quand t’as fini ta partie, même si t’es battu, t’es content.

et alii dit: à

effectivement, christiane, vous avez été jusqu’à ce conte et la question de la barbarie!

rose dit: à

Christiane

Il a mis le lien ensuite avec l’écrit de Steiner.
Sans heure, sans date c irrepérable.

et alii dit: à

christiane, la question de culture et barbarie est celle que j’ai commencé de me poser très tôt;il est donc normal que je l’ai retrouvée « adulte » avec des livres qui lui faisaient face!
, Benjamin se suicide le 26 septembre 1940 à Port Bou. Sur sa tombe est inscrite cette phrase issue de l’essai sur Eduard Fuchs, le collectionneur : « Il n’existe aucun témoignage de culture qui ne soit en même temps un témoignage de barbarie »54.
https://journals.openedition.org/noesis/1746

et alii dit: à

benjamin:
« Voilà où en est l’esthétisation de la politique perpétrée par les doctrines totalitaires. Les forces constructives de l’humanité y répondent par la politisation de l’art »45.

OZYMANDIAS dit: à

Terrifiant quand il parle.
Émouvant quand il se tait.
Las quand il réfléchit.
Triste quand il médite.
Tourmenté quand il croit.
Heureux quand il lit.

Marc LAUDELOUT dit: à

…Oui, grand bonhomme que Steiner, capable de surmonter ses préventions pour admirer le Rebatet des « Deux étendards » ou le Céline de « D’un château l’autre ». Ce qui n’empêchait pas la lucidité sur ces deux personnages. Honnêtement, je ne suis pas certain que, si j’avais les mêmes origines, je serais capable d’une telle hauteur d’esprit. C’est aussi, dans un autre domaine, le mérite d’un Emile Brami dont l’un des auteurs de prédilection est précisément Céline. J’en profite pour recommander la lecture de son dernier roman, « En collaboration », qui se lit d’une traite.

christiane dit: à

OZYMANDIAS,
parfois il me faut du temps, hors du blog.
Aujourd’hui j’ai lu le roman/biographie, terrible, que Passou avait chroniqué Le Tiers Temps de Maylis Besserie (nrf).
Le Tiers Temps, c’est à deux pas de chez moi… une maison de retraite médicalisée, dans le XIVème arr., 26 rue Rémy-Dumoncel.
Je passais souvent devant sans l’avoir remarquée. Façade banale coincée entre des immeubles. Je savais que Beckett avait passé les derniers mois de sa vie dans le quartier, dans une maison de ce genre.
Lire ce livre m’a démolie.
Des bulletins médicaux faisant état de la dégradation progressive de Beckett, très affaibli, dénutri, très maigre, trop, sont inclus dans le roman.
J’imaginais dans quelle solitude il avait dû accepter de vivre, n’étant plus en état de vivre seul.
Cette femme écrivain alterne ces « bulletins de suivi médical » d’une sécheresse absolue avec une fiction très plausible. C’est bien les souvenirs de Beckett, la présence réelle ou fictive de son épouse décédée, de son ami Roger Blin, de la femme de ce dernier, de Joyce dont il a été secrétaire si longtemps mais c’est aussi – et ça aussi c’est plausible – son exaspération de tous ces vieux crachotant, délirant, de ces toilettes qu’il essaie de faire seul avec de plus en plus de difficultés, de ses évasions dans une marche instable dans ce quartier que j’arpente souvent. J’ai suivi cet après-midi ses trajets rituels et j’étais triste.
De temps à autre des passages de ses pièces, de ses mises en scène , ses personnages lui reviennent, le hantent comme Buster Keaton avec qui il a tourné ce fameux film.
Son corps se dégrade, il en parle et parle de cette maison par la voix de cette femme écrivain. C’est plein de grossièretés comme il aimait émailler parfois ses paroles écrites ou orales puis ça devient fragile et ténu comme une sculpture de Giacometti.
Bref, j’étais incapable de venir sur ce blog. Trop de présence enfuie, trop de livres de lui, trop de souvenirs de spectacles, de présence de Roger Blin.
J’étais triste. Les mots m’avaient quittée.
Bon. C’est comme ça. Trop de morts. Trop de morts.

OZYMANDIAS dit: à

« Mes amis » d’Emmanuel Bove. Très beau livre. Lisez-le.

Nicolas dit: à

Avec le réchauffement climatique le froid devient de plus en plus un vague souvenir, faut le prendre en compte.

et alii dit: à

je vous dois donc également ce texte et l’image de klee qui suivra
« Mon aile est prête à prendre son essor
Je voudrais bien revenir en arrière
Car en restant même autant que le temps vivant
Je n’aurais guère de bonheur »
Gerhard Scholem, Salutation de l’ange

1 Benjamin W. (2000), Œuvres III, Paris, Gallimard, p. 434, trad. légèrement modifiée.
Il existe un tableau de Klee qui s’intitule Angelus Novus. Il représente un ange qui semble sur le point de s’éloigner de quelque chose qu’il fixe du regard. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées. C’est à cela que doit ressembler l’Ange de l’Histoire. Son visage est tourné vers le passé. Là où nous apparaît une chaîne d’événements, il ne voit, lui, qu’une seule et unique catastrophe, qui sans cesse amoncelle ruines sur ruines [Trümmer auf Trümmer] et les précipite à ses pieds. Il voudrait bien s’attarder, réveiller les morts et rassembler ce qui a été démembré [das Zerschlagene zusammenfügen]. Mais du paradis souffle une tempête qui s’est prise dans ses ailes, si violemment que l’ange ne peut plus les refermer. Cette tempête le pousse irrésistiblement vers l’avenir auquel il tourne le dos, tandis que le monceau de ruines [der Trümmerhaufen] devant lui s’élève jusqu’au ciel. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès1.
https://journals.openedition.org/socio-anthropologie/1540

christiane dit: à

Merci, Rose, Et alii, Ozymandias.
Je fais une pause jusqu’à demain en lisant «Mes amis» d’Emmanuel Bove. (0,99€ sur ma Kindle !).

Janssen J-J dit: à

vous risquez, mon amie, d’être déprimée par ses pulsions altruistes toujours mal récompensées et qui le renvoient toujours en définitive à son effroyable solitude.
Moi je ne vous conseille pas le bove a ri… Cet OZAM est un vrai sagouin de vous conseiller des choses pareilles avant le coucher. Un serpent K

rose dit: à

J’imaginais dans quelle solitude il avait dû accepter de vivre, n’étant plus en état de vivre seul.
Cette femme écrivain alterne ces « bulletins de suivi médical » d’une sécheresse absolue avec une fiction très plausible. C’est bien les souvenirs de Beckett, la présence réelle ou fictive de son épouse décédée, de son ami Roger Blin, de la femme de ce dernier, de Joyce dont il a été secrétaire si longtemps mais c’est aussi – et ça aussi c’est plausible – son exaspération de tous ces vieux crachotant, délirant, de ces toilettes qu’il essaie de faire seul avec de plus en plus de difficultés, de ses évasions dans une marche instable dans ce quartier que j’arpente souvent. J’ai suivi cet après-midi ses trajets rituels et j’étais triste.

christiane

une personne sur deux qui entre en Ehpad y est mise de force et contre son gré. Si non adaptation, si refus forcené de s’y soumettre, dans une période de six mois à un an on meurt.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?

renato dit: à

Nicolas, vous y allez comment en Sicile, avion, bateau, train, voiture ?

rose dit: à

JC
mais laissez nous baiser, bordel…

En Algérie, après moult circonvolutions Shérazade, le cantique des cantiques, le cou, les pieds, le musc, les oreillers en plumes de chameau et tout le tutti quanti, vient le cri final « quand est-ce qu’on baise ? ».

Et les filles de rire, de rire…

rose dit: à

Il y va à pieds. Dans une robe de bure. En sandales.

OZYMANDIAS dit: à

Christiane,
Je viens tout juste de lire votre dernier billet. Emouvant, le livre, et bouleversante, votre lecture.
Que faire quand les souvenirs des morts nous assaillent dans les pages des livres que nous lisons et émergent, tels des fantômes, dans les marges de notre quotidien ?
Je n’ai pas de réponse à vous donner, chère Christiane, mais sachez que je vous comprends au-delà de toutes les réponses possibles ou impossibles qui puissent nous effleurer l’esprit sans qu’on ne sache les traduire par des mots.
Notre vie est une longue brièveté existentielle faite de deuils et d’absences et… Je ne sais plus, Christiane, je ne sais plus quoi vous dire…

OZYMANDIAS dit: à

@Janssen J-J
Avez-vous lu mon mot d’excuse d’hier soir?
Ne soyez pas rancunier et respectons tous, les nobles sentiments de Christiane. S’il vous plaît.

rose dit: à

Dit gentiment

apprenez à jouer au badminton

bonne soirée,

au lit

et alii dit: à

Misère de misère, Blanquer rend Bourdieu responsable!
6 FÉVR. 2020 PAR CLAUDE LELIÈVRE BLOG : HISTOIRE ET POLITIQUES SCOLAIRES
Le «bon diable» Blanquer dénonce le «faux dieu» Bourdieu sur médiapart
voilà qui va titiller votre clopine!
bonsoir

et alii dit: à

les chroniques du new yorker sont dans la collection arcade de gallimard

et alii dit: à

aarcades sous le titre « lectures » sous titre chroniques du NY

et alii dit: à

Le libre arbitre n’est-il qu’une vaste illusion ? Les angles philosophiques et psychologiques sur cette question n’ont cessé depuis des siècles de se succéder, de s’opposer et de se compléter. Le débat est désormais nourri par une nouvelle découverte, cette fois-ci neuroscientifique.
https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/le-libre-arbitre-vaste-illusion-nos-actions-volontaires-ne-dependraient-pas-peut-etre-pas-de-notre-conscience_141235#xtor=EPR-1-%5BSEAActu17h%5D-20200206

D. dit: à

On ne peut pas aller en Sicile en voiture, renato. Il s’agit d’une île

renato dit: à

Jamais entendu parler de ferries, D. ?

Reggio Calabria – Messina, c’est à dire du continent à l’île :

« Les ferries sur lesquels les voitures sont embarquées partent du port toutes les 80 minutes, au prix de 37,00 euros pour un aller-retour quotidien, 42,00 euros pour le retour dans les 3 jours et 73,00 pour un retour dans les 90 jours. Les itinéraires pour les motos et les scooters ont un prix beaucoup plus bas, à partir de 22,00 € pour le retour dans les 90 jours, à 13,00 € pour le retour dans la journée. »

D. dit: à

Je maintiens : on ne peut pas aller en Sicile en voiture. Une voiture ne peut naviguer. Elle coule assez vite.
Il faut nécessairement prendre un navire ou bien un aéronef.

renato dit: à

On peut aussi embarquer avec sa voiture à Naples, mais si mon souvenir est bon, la cylindrée détermine le prix.

renato dit: à

On peut évidemment choisir l’avion et louer une voiture sur place.

D. dit: à

On peut aussi tout simplement rester chez soi car notre destinée s’y trouve. Y échapper est une perversion.

rose dit: à

On peut partir de Civitavecchia ou de Naples. Avoir une voiture en Sicile c’est plutôt bien.

rose dit: à

Elle coule tout de suite.
Éviter d’essayer. Pour les poissons.

B dit: à

Nicolas prendra un avion à Toulouse ou Nice ou Marseille puis il louera une voiture.
D, d’où sortez vous ces prévisions pour l’épidémie ?

Pablo75 dit: à

Jeudi, 7 février 2020, 0h23

« Argerich, jeu (physiquement) de surface. La comparaison avec le jeu en fond de clavier très harmonique de Nelson Freire faisait mal : avec lui trois arpèges et on change de monde. Rien de tel pour Argerich. »
Chaloux dit

L’autre jour, dans « La tribune des critiques de disques » sur les Préludes de Chopin, elle s’est fait sortir au premier tour (avec Pogorelich).

https://www.francemusique.fr/emissions/la-tribune-des-critiques-de-disques/preludes-de-chopin-80014

C’est son signe astrologique qui explique son jeu: elle est Gémeaux. Nelson Freire, lui, il a la chance d’être du signe qui a donné le plus de grands pianistes: Balance (comme Cortot, Edwin Fischer, Horowitz, Shura Cherkassky, Glenn Gould, Emil Guilels et…Franz Liszt – entre autres).

et alii dit: à

christiane,la pensée de la musique vaut pour Steiner dot je regrette de ne pas connaître la « lecture »du NEW YORKER.en france ,alors, Derrida parlait de Benjamin et j’ai gardé longtemps la citation culture/barbarie épinglée sur le mur au dessus de mon bureau

ne pas oublier non plus le mouvement de Castoriadis(époux d’une grande psy soit dit en passant)

et alii dit: à

pour éclairer plus précisément mon choix de BARTOK ,
Christiane, voici encore un article qui ne vous surprendra pas , et qui intéressera peut-être renato, et Chaloux :
George Steiner n’a écrit aucun ouvrage concernant exclusivement la musique ; il affirme pourtant : « À mes yeux, la musique est donc la plus excitante et inconnue des activités centrales de l’homme5. » De manière assez rhapsodique, Steiner déploie une thématique et un questionnement concernant les singularités de la musique, ses énigmatiques évidences, qu’il résume dans le Memoranda du Cahier de l’Herne qui lui est consacré :

6 George Steiner, « Memoranda », dans Pierre-Emmanuel Dauzat (dir.), Steiner. Cahier de l’Herne no 80 (…)
La musique. Qui est, avec les mathématiques, la seule langue universelle. Signifiante au plus haut point, elle refuse toute paraphrase, toute traduction. Au-delà du bien et du mal, elle incarne un sens du sens autrement indicible et l’indice du transcendant. « Je suis ce que je suis. » L’univers cesserait-il, dit Schopenhauer, la musique persisterait6.

7 Claude Lévi-Strauss, Le Cru et le Cuit, Paris, Plon, 1964, p. 30.
8 Roland Barthes, L’Obvie et l’Obtus. Essais critiques III, Paris, Le Seuil, 1982, p. 252.
9 Philosophe du langage, Steiner s’intéresse davantage au verbe et au mode contre-factuel qu’à l’imag (…)
6Et c’est ainsi que la musique se trouve soumise à l’épreuve de la réflexion – mais aussi la réflexion soumise à l’épreuve de la musique. Des œuvres musicales, des compositeurs sont évoqués, avec une précision qui porte témoignage d’une large culture musicale, à la fois livresque et marquée par l’expérience sensible. Sans métaphore. Car la métaphore ne saurait rendre compte de la musique – Steiner réitère inlassablement cette affirmation.

Le tango d’Hitler, les disques sur l’île déserte
10 George Steiner, Le Transport de A.H. [The Portage to San Cristobal of A.H.], trad. C. de Montauzon, (…)
11 Ibid., p. 100.
7On trouve pourtant une exception, dans Le Transport de A.H., ce roman dans lequel Steiner imagine et met en scène un Hitler nonagénaire débusqué dans une zone marécageuse d’Amérique du sud par un commando de jeunes Juifs. Dans une scène saisissante, une musique de tango moite et soûlante est diffusée par un poste de radio. Or, cette musique est « aussi glissante que le sol d’une guinguette10 ». S’il ne s’agit peut-être pas d’une métaphore au sens strict du terme, on trouve au moins ici une image, une association, une comparaison imagées – et c’est tout à fait inhabituel sous la plume de Steiner. Il est même question d’un trille qui « monte pour redescendre comme la queue d’un singe avant de disparaître dans le barrissement sourd et chaud du saxophone11 ».

12 Ibid., p. 159-172.
13 Ibid., p. 159.
14 Ibid., p. 159, répété p. 160 sous une forme très légèrement différente : « La musique est liberté d (…)
8Il faut dire que ce tango est lui-même une sorte de métaphore, métaphore de l’avilissement humain, thème central du Transport de A.H. À cette musique réifiée (au sens adornien du terme), s’oppose la musique du monde étrange qu’habite le Dr Röthling, juriste, ancien nazi et homme de grande culture – un monde dans lequel la musique occupe une place centrale et ne saurait souffrir aucune métaphore.

On trouve une métaphore de la musique dans un autre texte de Steiner, également de fiction : Vos disques sur une île déserte15.
Sont successivement convoqués les sons les plus inattendus, incongrus : rot, hennissement, crissement de plume, timbre d’un rire, sifflement : ce sont des bruits, des sons qui portent témoignage de l’humanité. Ces sons et ces bruits, l’auteur souhaite les entendre parce qu’il connaît la manière dont ils se sont produits ; avec les sons se matérialise la « scène », précise, grouillante, affectant tous les sens. Et survient le son, qui ramasse en lui toute la scène, en un mouvement métonymique.

18 Ibid., p. 368.
19 Ibid.
11Curieusement, les images abondent dans ce texte, les scènes sont décrites de manière très précise, colorée, vivante. Une seule exception : la scène du Trio n’est absolument pas décrite. On sait juste que l’œuvre est exécutée par Zeppo, Harpo et Chico (le clin d’œil aux Marx Brothers est évident), et que demeure « mémorable » la « ferveur de l’interprétation18 ».

George Steiner remarque que la musique refuse la paraphrase, la métaphrase, la traduction, alors que la langue s’ouvre largement au commentaire, et au commentaire de commentaire, en un vaste mouvement herméneutique qui assure la transmission des œuvres. La question « Comment le langage peut-il parler de la musique ? » se pose avec d’autant plus d’acuité. Certes, dit Steiner, l’analyse verbale peut éclairer une structure formelle, des composantes techniques, une instrumentation – mais en dehors de cela, « le discours sur la musique, écrit ou oral, est un compromis suspect20 ». Trop souvent, le discours tenu par des critiques, des poètes, des auteurs de fiction, des amateurs ou des professeurs se réduit à un verbiage inadéquat : « c’est un discours qui mêle métaphores, images, analogies, dans un magma plus ou moins impressionniste, entièrement subjectif ». De telle sorte que « toutes ces images, toutes ces narrations analogiques en disent plus sur les limites du langage que sur la musique21 ».

22 George Steiner, Poésie de la pensée, op. cit., p. 19.
23 George Steiner, Errata, op. cit., p. 223.
13Quelques « esprits vaillants » ont su écrire sur la musique – ils forment « une fascinante constellation » : Platon, Boèce, Rousseau, Nietzsche, Proust, Adorno. Ces « esprits vaillants » ont tenté de « traduire en mots la matière de la musique et ses significations. À l’occasion, ils ont trouvé des “contrepoints” métaphoriques, des modes de suggestion, des simulacres d’un effet évocateur considérable (Proust sur la sonate de Vinteuil).

Dans Langage et silence, George Steiner, évoquant Oppenheimer, rappelle son refus de l’usage de la métaphore concernant les sciences : « Rien ne sert d’essayer d’expliquer au profane les concepts des mathématiques ou de la physique moderne. Cela ne peut être fait honnêtement et franchement. Le faire par des métaphores approximatives, c’est répandre des idées fausses et entretenir une illusion de compréhension24 », aurait dit Oppenheimer. L’absence du recours à la métaphore lorsque George Steiner parle de musique, paraît ici pouvoir être mise en relation avec l’affinité entre musique et mathématiques, leur extrême et intraduisible signifiance, inlassablement affirmées.

25 George Steiner, Après Babel. Une poétique du dire et de la traduction [After Babel : Aspects of Lan (…)
15La Kabbale s’est interrogée, indique Steiner, « sur le jour où les mots se débarrasseront “du fardeau d’avoir à signifier quelque chose” et ne seront plus qu’eux-mêmes, lisses et pleins comme des galets25 ». Et si l’œuvre musicale magistrale, l’interprétation authentique, était celle qui n’est « plus qu’elle-même, lisse et pleine comme un galet » ? Inutile, alors, de tenter de la charger du « fardeau d’avoir à signifier quelque chose » – même si, précisément ici, une image – celle du galet lisse et plein – dit un horizon des mots, dit la musique.
Dans un fragment intitulé « Langage et musique », Adorno s’interroge sur les possibles similitudes entre langage et musique, et sur leurs irréductibles antinomies. « Toute musique a pour idée la forme du Nom divin », écrit-il. « Prière démythifiée, délivrée de la magie de l’effet, la musique représente la tentative humaine, si vaine soit-elle, d’énoncer le Nom lui-même, au lieu de communiquer des significations26 ».

27 Adorno est régulièrement cité par Steiner parmi les rares auteurs qui surent parler de musique, et (…)
18À ma connaissance, Steiner ne se réfère pas expressément à ce fragment – mais il ne s’inscrirait sans doute pas en faux contre l’hypothèse avancée par Adorno27. Non qu’il s’agisse, pourtant, d’élucider le mystère de la musique, moins encore de l’assimiler à Dieu.
La place particulière qu’occupe la musique dans l’œuvre de George Steiner pourrait alors se résumer ainsi : « Tu ne feras pas d’image de la musique. » Parce que, même si la musique n’est pas Dieu, elle transcende l’image (et l’on comprend mieux, ainsi, la sélection qu’opère Steiner parmi « ceux qui ont su parler de musique »). À plusieurs reprises, et de manière particulièrement élaborée dans Grammaires de la création, George Steiner postule l’existence d’une affinité entre contemplation mystique et écoute ou création musicale. Pourrait-on « imaginer » – c’est-à-dire, en l’occurrence, « imager », « métaphoriser » l’expérience mystique, l’expérience musicale ? Non. La musique ne souffre aucune médiation – témoin l’anecdote concernant Schumann. Toute médiation induirait ou postulerait l’existence d’une équivalence possible, d’une métaphore sacrilège.
La métaphore dans les écrits de George Steiner sur la musique : une absence efficace et signifiante
Florence Fabre
https://books.openedition.org/pur/51766?lang=fr
j’imagine vous avoir encore déçue de ne pas être celle que vous avez d’abord imaginée;ce n’est pas grave;on dit aujourd’hui que le judaïsme n’est pas une religion mais une altérité; voilà pour l’étiquette pour me (dé)classer ;bonne lecture et bonne écoute!

et alii dit: à

je découvre à l’instant ,qui corrobore ma lecture:
. Mais il s’intéressait aussi à la musique, et notamment à l’opéra. Il avait écrit en 1960 le livret de l’opéra Alkestis in Monte-Carlo pour le compositeur Nicolas Nabokov (qui ne le mit jamais en musique). En 1966, Covent Garden lui avait commandé un texte pour le programme de Moïse et Aaron. Son livre Dans le château de Barbe-Bleue devait son titre au chef-d’œuvre de Bartok. Dans La Mort de la tragédie, il consacrait un chapitre à l’évolution de l’opéra, de Gluck à Wagner. Et dans un texte intitulé « Tritons », il s’interrogeait sur le rapport entre chant et parole : « Si elle est insensible au bien et au mal, la musique n’est pas moins extrinsèque au vrai et au faux. Naïvement, la musique, notamment la musique d’opéra – la Reine de la Nuit de Mozart, le Iago de Verdi – peut bien chercher à exprimer, à mimer le faux. Par elle-même, elle ne saurait mentir ».

et alii dit: à

et comme vous le savez tous
À la fin du Moyen Âge, le triton a été systématiquement évité car jugé trop dur à l’oreille, ce qui lui valut le surnom de « Diabolus In Musica » :
triton
« Il semble avoir été envisagé comme un intervalle “dangereux” lorsque Guido d’Arezzo développa son système hexacordal avec l’introduction du si{\displaystyle \scriptstyle \flat }\scriptstyle \flat en tant que note diatonique, tandis que l’intervalle recevait en même temps son surnom de Diabolus In Musica le diable dans la musique. »

et alii dit: à

Un diable dans la gamme
C’est du moins ce qu’on imaginait au Moyen Age chrétien. A l’époque, et depuis Pythagore, la perfection du cosmos se manifeste à travers celle des nombres et de l’harmonie : le quadrivium couronnant les études universitaires repose alors sur l’étude de l’arithmétique, de la géométrie, de l’astronomie et de la musique. Des sciences que nul n’aurait imaginé dissocier.

L’Eglise établit une frontière rigide entre les notes « pieuses » et les autres. Un intervalle règne sur le territoire de l’inaudible : la quinte diminuée (ou quarte augmentée), alors connue sous le nom de diabolus in musica (et que l’on entend en fredonnant l’ouverture de la chanson Black Sabbath, du groupe du même nom). Les trois tons (ou triton) qui séparent par exemple les notes do et fa dièse déchirent la consonance de la musique céleste. Un phénomène supposé convoquer le Malin…
La réaction des religieux n’était pas (uniquement) motivée par une odeur de soufre. En 1863, le physicien Hermann von Helmholtz a montré que l’harmonie ne naissait pas dans les sphères, mais dans les corps. Observant qu’à chaque son correspond une onde sinusoïdale d’une fréquence précise, son traité consacré aux « bases physiologiques de la théorie musicale » montre que les oscillations de deux notes distinctes s’alignent de façon plus ou moins agréable pour l’oreille. Les moines avaient le sentiment que leur chant permettait d’accéder à une forme de perfection en partie parce que leurs squelettes vibraient de façon agréable sous la résonance pleine d’octaves, de quintes ou de tierces majeures. Au contraire, les intervalles dissonants — le triton, notamment — donnent naissance à une sensation de « battement » dans l’oreille. Les moines la redoutaient ; Helmholtz la compare à une écorchure de l’épiderme.

renato dit: à

De Steiner je me souviens : « Il n’y a pas de théories de la littérature; il n’y a pas de théorie de la critique. Ces formules à la mode ne sont qu’un bluff arrogant, une appropriation indue, une transparence pathétique, due à l’envie de succès et de progrès. »

renato dit: à

On demanda à Gazzelloni de juger des flautistes traditionnels japonais. À son retour en Italie quelqu’un lui demanda sur quels critères il avait jugé compte tenu qu’il ne connaissait pas la musique japonaise. Il répondit qu’il ne s’agissait que de souffler dans un tube.

Cela dit, le problème avec la musique c’est la signification ajoutée — musique descriptive —. Si, par exemple, on exécute l’op 28 de Beethoven sans parler de Pastorale, personne ne pourra comprendre cette signification ajoutée — de même pour les Saisons de Vivaldi, et ainsi de suite —. Voir, éventuellement, Schopenauer et Jankélévitch.

https://youtu.be/f3sPi2kVIQE

À suivre.

Jacques Drillon dit: à

Et voir, si le sujet vous intéresse, mon petit livre, « La Musique comme paradis » (Buchet-Chastel,2018, 10 €), dans lequel je fais le point sur cette question…
J. Dr.

Janssen J-J dit: à

ce matin je n’aii pas bien compris la suite des « dialogues » de la soirée et de la nuit : voilà comment je vois le malentendu permanent, icite…
J’en étais resté à des insultes gratuites de OZ… puis à SES excuses à Ch., et à d’autres ; ensuite à son conseil de lecture des « amis » d’E. Bove à la même. Puis à la réaction de remerciement de Ch., qui explique qu’elle va se mettre à lire ce roman sur sa Kindle (?). Je lui conseille de ne pas le faire car le contenu de ce roman la rendra triste, car c’est un roman désespéré… Je parle du HEROS de ce roman, pas de CH…! (et c’était un clin d’oeil de sympathie)… J’en profite pour décocher une petite flèche au magicien (?) d’OZ… qui me conseille ce matin de n’être pas rancunier, vu qu’il s’est excusé (OK, mais c un peu fastoche, no ?)… Rôz envoie ce matin un message sympa à Ch…, mais je ne comprends pas ce qu’elle lui dit sur la solitude. De laquelle parle-t-elle ? de celle du héros de Bove ? de celle de sa propre maman à l’ehpad ? de celle qu’on imagine de Ch. ?…
Les malentendus sont permanents dans ce prétendu « dialogue » des erdéliens… Nous poursuivons nos monologues intérieurs en prenant des éclats des unes et des autres, ce qui nous arrange, ce qui conforte nos préjugés de sympathie ou d’antipathie… Il n’y a aucun moyen, avec les traces délaissées, d’accorder son pardon. La défiance est hélas le sentiment dominant… Et ceux qui y échappent passent pour de parfaits connards ou de parfaites conn.es…, ou pour des neu-neus…
Et on va nous dire que l’internet ne nous a pas déjà préparés à une société de haine de tous contre tous. Tant qu’on ne se contraint pas soi-même à titre préventif (et je ne m’exclus pas du lot), les excuses du lendemain ne rattrapent jamais le choc de la violence balancée gratuitement la veille.
C’est triste… je sais pas quoi dire de plus, moi non plus… Expliquez nous comment on peut rester de marbre face aux insultes, et comment un zeste de rancune en chacun ne survivrait jamais à l’offense, la pique, l’ironie, voire la gentillesse apparemment gratuite, en réalité toujours intéressée quelque part…
Bonne journée…,

christiane dit: à

Merci, Et Alii,
pour toutes ces recherches que je viens de lire ce matin. Ce texte, (« Mon aile est prête à prendre son essor / Je voudrais bien revenir en arrière / Car en restant même autant que le temps vivant / Je n’aurais guère de bonheur » de Gerhard Scholem, « Salutation de l’ange ») et l’image de Klee qui suit, m’impressionnent ainsi que cette phrase inscrite sur la tombe de W.Benjamin (issue de l’essai sur Eduard Fuchs, le collectionneur) : «Il n’existe aucun témoignage de culture qui ne soit en même temps un témoignage de barbarie.»
Et ce que vous citez des rapports de Steiner avec la musique.
Ce sont des textes forts qui agrandissent le désarroi.

Mimi Pinson dit: à

Un diable dans la gamme.
Joli! 😉
C’est un gamin dans l gamète.

Alexia Neuhoff dit: à

Il ne faudrait pas oublier que George Steiner s’est tenu tout le long de sa vie sur la crête d’un monde hors du commun, déjà à sa naissance. La cartographie de son parcours dessine celle de l’élite. Tutoyer les sommets dès lors qu’ils sont le paysage de votre berceau n’implique aucun effort, sauf de s’y maintenir, de n’en point dégringoler. On est sur l’Olympe des arts, des idées, un monde particulier, familier, intelligible puisqu’on en possède les codes et les langues, et on le peuple de figures de papier sorties de ses lectures, celles qui ont rang de légendes. Des fantômes qui ne vous gâtent ni le soleil ni l’air pur des altitudes.

christiane dit: à

Janssen J-J dit: « J’en étais resté à son conseil de lecture des «amis» d’E. Bove »
Ne vous inquiétez de rien, JJJ. Ce livre commencé me va comme un gant. Ce personnage est doux, simple, vulnérable. Il veut juste donner aux inconnus qu’il rencontre. Il est trop lourd de ses fruits… Cela allait bien après la journée passée en compagnie de la présence fantomatique, obsédante, de Beckett au « Tiers Temps » et dans la quartier.
Rose demandait à quoi servait ce livre ? Mais à dire « au revoir » à Beckett.
J’ai emménagé ici, presque par hasard…
Peu à pu j’ai découvert que cette « terre » était pleine de souvenirs : le théâtre de la Cité internationale où j’ai vu pour la dernière fois Roger Blin (mise en scène de « Boesman et Lena » de Athol Fugard), c’est rue Hippolite-Mandron, au 46, qu’Alberto Giacometti avait son minuscule atelier mezzanine au fond d’une cour (atelier reconstitué à l’Institut Giacometti avec ses statuettes en plâtre si fragiles, toujours dans le quartier 5 rue Victor-Schoelcher, dans un bel hôtel particulier art déco, bleu et or, devenu son écrin), quartier immortalisé aussi par la photo, sous la pluie, au carrefour d’Alésia d’une rencontre inouïe : Beckett et Giacometti par Cartier Bresson.
Souvent, j’ai remonté l’allée Samuel Beckett pour atteindre la parc Montsouris, sentant sa présence en ces lieux.
Ce roman-biographique écrit par Maylis Besserie Le Tiers Temps m’a permis de le rejoindre par la pensée et la lecture ces derniers mois de sa vie – bien que j’ai eu beaucoup de mal à terminer le livre qui évoque sa mort à l’hôpital Sainte Anne, proche aussi.
Donc, JJJ, tout cela est lié mystérieusement. C’est un lieu comme dans le film de Melville « Le Cercle rouge », ce cercle rouge dans lequel se trouvent enfermés les protagonistes de l’histoire : «Quand des hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux et ils peuvent suivre des chemins divergents. Au jour dit, inéluctablement, ils seront réunis dans le cercle rouge.»
Donc je continue la lecture de ce très beau livre (Merci, hamlet).
Bonne journée.

christiane dit: à

JJJ,
quelques fautes de frappe… Je les laisse. Bonne journée.

B dit: à

Ma mère disait sur un ton de réprobation: c’est passé à la Trappe, jusqu’à maintenant j’ignorais d’où provenait l’expression. J’en termine , quel cinglé que ce de Rancé et en meme temps je n’ai pu m’empêcher de penser à la similitude des sorts entre les moines Bouddhistes qui s’enfermaient vivants au fond d’une fosse dont ils interdisaient qu’on vienne les sortir ( un visiteur chinois à la Trappe mentionné par Chateaubriand oscillant entre incrédulité critique et inventaire détaillé) et ces moines du XVII ème menés par un esprit torturé.

B dit: à

Christiane, comment faites vous pour vous mouvoir sans ployer chargée que vous êtes de toutes ces phrases qui si elles ne vous encombraient ne tomberaient pas sur ce blog. Vous ressemblez à un pommier à la fin de l’été.

B dit: à

Tutoyer les sommets dès lors qu’ils sont le paysage de votre berceau n’implique aucun effort, sauf de s’y maintenir, de n’en point dégringoler.

Pas si facile d’être héritier, combien de fortunes se sont défaites, ont été utilisées à fond perdu, gâchées, dépensées. C’est un défi à relever pour ne pas trahir son rang, en être digne, faire en sorte qu’il le demeure. Ne rien recevoir ou si peu est plus facile à endosser.

Janssen J-J dit: à

« Il est trop lourd de ses fruits »…

disait-elle…

« Vous ressemblez à un pommier à la fin de l’été ».

lui dites-vous…, b

Oui … elle sait se délester de ses fruits-phrases, les semer à tous vents… Et nous tournoyons autour de ses robes légères, de ses tabliers allégés des cerises de juin, des bigarreaux noirs de juillet.
Elle rejoint les branches, ou les dessine à la sanguine.
Elle laisse ses livres dans les arbres fruitiers, observe les insectes et les oiseaux à travers leurs nuages, laisse sécher le pinceau. Rêve à la beauté du monde. Entend des musiques célestes. N’a plus peur. Janina.

Et elle nous dit que OZ serait Hamlet… ! Elle pardonne toujours tout. Une bonne nature doublée d’une femme forte. On ne sait pas. On pressent quelque chose d’infiniment positif. Pas de haine de soi, le pari dune confiance dans les autres, tous les autres, donc une estime de soi-même, par surcroît. Une paix intérieure.

Vite, un nouveau poème de M. Prunier ! une nouvelle fiche de Hambourg !… Une bonne tasse de café,

renato dit: à

Je préfère cueillir que recueillir — les pommes, j’entend —.

B dit: à

Lu que Klee s’était vu refusé la nationalité suisse vers laquelle il cherchait un refuge en raison d’une toile où il aurait peint trop de vaches dans une petite pâture ce qui laissait supposer que la Suisse ne disposait pas d’assez de prairies et constituait une offense au pays.

renato dit: à

J. Dr., à quel propos vous renvoiez les éventuels intéressés vers votre La Musique comme paradis ?

Jazzi dit: à

Jamais eu de papier aussi fouillé dans la presse !

katell 09 octobre 2015
★★★★★
« Le goût de la mer », recueil d’extraits de textes en relations avec l’élément marin, édité chez Mercure de France, attendait depuis plusieurs années que je l’ouvre et que je le lise.
Il faisait partie du colis SWAP que m’avait envoyé Mirontaine, juste avant ma traversée du désert et ma disparition de la blogosphère.
Il m’a accompagnée en fin d’année scolaire: il était ma respiration pendant la pause du midi, ma séance de relaxation. Moment privilégié où j’oubliais les contingences professionnelles, ma souffrance au travail: grâce aux mots des auteurs, connus, moins connus et parfois anonymes, l’évasion était garantie, le temps s’arrêtait le temps d’un chapitre.
Pourquoi tout ce temps pour le chroniquer? Parce qu’il est resté tout l’été dans le tiroir de mon bureau et que j’en ai achevé la lecture la semaine dernière, en buvant un thé, seule, au calme, dans ma classe.
« Le goût de la mer » est un ouvrage idéal pour les pauses lecture, entre deux rendez-vous, entre deux cours, entre deux arrêts sur la route.
On pourrait reprocher le côté « Reader Digest » de l’opuscule mais il n’en est rien, bien au contraire. C’est un véritable piège, non à guêpes, mais à livrovores: on redécouvre les classiques, on en découvre d’autres, les voyages rêvés ou immobiles sont à portée de main. Comme nous sommes sous le charme des « extraits », on ne se lasse pas d’en relire et de faire traîner en longueur le moment de refermer la page.
Résultat de la lecture une LAL conséquente.
J’ai aimé les chapeaux des thématiques:
– Depuis la terre
– En pleine mer
– Dans les profondeurs
Elles guident le lecteur vers une nage prometteuse où il fait bon barboter, s’élancer ou se mouvoir en apnée, yeux ouverts devant le spectacle sous marin. La plage, le bord de mer et enfin l’espace où l’on peut nager en toute liberté, sans avoir pied, le ventre parfois caressé par les algues, provoquant un soubresaut inquiet du nageur.
Je n’ai jamais lu « Vingt mille lieues sous les mers » ni « Moby Dick ». Ce dernier est dans la liste du défi « 10 romans pour 10 ans de mariage ». Je me suis rendue compte que la plupart des romans ou recueils de poèmes dont sont extraits les passages, se trouvaient dans ma bibliothèque ou accessibles à la médiathèque. On passe souvent à côté de pépites, « Le goût de la mer » m’en a fait prendre conscience et donné l’envie de rattraper mon « retard ».
J’ai également apprécié le petit plus ajouté en commentaire, à la fin de l’extrait reproduit: entre didactisme et pédagogie, il offre un argument supplémentaire pour décider de prendre en main le roman présenté.
La mer est chantée, maudite, crainte et aimée au fil des « morceaux choisis », le lecteur consomme, avec ravissement, cette mise en bouche, ouvrant son appétit pour les divers voyages que cette carte littéraire lui propose sans vergogne.
Lisez sans hésiter la carte de ce restaurant pas comme les autres: vous y reviendrez souvent, le temps d’épuiser ce « Goût de la mer » à travers les romans, plats proposés avec appellation alléchante: « L’appel du large » pour choisir « Moby Dick » de Herman Melville, « Quai ouest » pour se dire que, la prochaine fois, on prendra la route avec Céline et « Le voyage au bout de la nuit ».
La marée n’attend pas, goûtez aux fruits marins, joliment écrits par des auteurs savoureux.
Extrait de la quatrième de couverture:
« Entre ouragans et tempêtes, leurs récits transportent le lecteur immobile à travers l’Atlantique, l’océan Indien, le Pacifique, la Mer de Chine, l’Antarctique, la multitude des mers intérieures, du pôle Nord au pôle Sud, et jusque dans leurs plus inaccessibles profondeurs. Mais la mer n’est pas seulement géographique, elle atteint aussi une dimension proprement métaphysique: mer des fantasmes, des ténèbres et de la folie, mais aussi mer du calme retrouvé, de l’aventure introspective et de la connaissance de soi. »
Embarquement immédiat pour Cythère? Oh bien plus que cela, bien plus loin… pour une longue croisière.

et alii dit: à

pour en revenir au choix de Bartok par Steiner, je pense qu’il est surdéterminé;sans doute y a-ty-il le conte de Barbe bleue avec l’aspect sexuel ,sanglant, mais il y a aussi le fait que
Un élément capital dans la musique de Bartok est la section d’or.

« La musique est un exercice d’arithmétique secrète, et celui qui s’y livre ignore qu’il manie des nombres ». Cette remarque fut citée par Leibnitz, mais il est très probable que Bartok ne l’aurait pas refutée. En effet, très épris de mathématiques,le compositeur était fasciné par les structures régulières qu’on peut trouver dans la nature, comme les formations en spirale des coquilles d’escargot ou l’ordre parfait des rangées d’un cône de pin. Ces deux exemples d’architecture naturelle illustrent l’une des plus anciennes règles numériques qu’il a été convenu d’appeler la règle d’or. Stipulée en termes géométriques, la règle prescrit qu’une unité soit divisible en deux parties de telle sorte que le rapport de la plus grande partie à l’unité soit le même que le rapport de la petite partie à la plus grande. Les anciens considérés qu’une forme, pour être « belle » devait pouvoir être calculée selon le rapport défini par la section d’or.

Bartok l’a souvent utilisé pour la construction formelle de ses œuvres(c’est connu)
http://tpe-musique.chez-alice.fr/mathematique.htm

Jacques Drillon dit: à

Renato:
« J. Dr., à quel propos vous renvoyez les éventuels intéressés vers votre La Musique comme paradis ? »

A ce que dit Steiner de la musique, à la question de la musique « descriptive », de ce qu’elle est censée « exprimer », en un mot de sa nature même.

D. dit: à

On t’a vraiment mis 🌟🌟🌟🌟🌟, ou bien tu les as mises toi-même, Jazzi ?

OZYMANDIAS dit: à

« Le secret de la paix c’est de n’attendre rien d’heureux ».
Citation extraite d’une lettre de Rabindranath Tagore à Romain Rolland.

christiane dit: à

Merci, Jazzi.
J’avais dans le coin librairie de l’atelier d’Ossip Zadkine, 100 rue d’Assas, acheté une merveille de livre Montparnasse – Les lieux de légende – Ateliers, cafés mythiques, Académies, Cités d’artistes… d’Olivier Renault (Parigramme). Plans , photos, historique, anecdotes : vraiment exhaustif.
3 chapitres : Le boulevard de Montparnasse et ses affluents – Autour de Denfert-Rochereau – de l’avenue du Maine à la Ruche.
J’ai souvent eu ce livre dans mon sac. Marchant dans le présent, il me permettait d’ouvrir le passé proche.
Toi aussi, avec toutes tes recherches, tu vis un peu hors du temps.

B,
pour les pommes, si elles ne tombent à terre gaulées par un coup de vent, les oiseaux et les insectes sont de bons auxiliaires.

JJJ,
c’est un balancement. Parfois le lointain, l’ailleurs, le passé envahissent le proche. Parfois, le proche oublie de retour amont.
Ici, chaque passant explore, lit, se dit. C’est le passage du temps, la fuite des jours. On écrit pour un possible entre ces lisières, le plus bas possible…
Puis on déplie l’écriture des uns et des autres. Que de réflexions, d’interrogations, un tourbillon de mots sur un fil toujours en suspens, d’une sorte de livre qui se transforme à mesure qu’il s’écrit…
Entre soi et soi, il y a l’autre, les autres. Écrire, comme on pense, souffre, rage, comme ça parle au-dedans. L’autre devient une part du livre.
Passou, la branche nourricière, charrie ces mots-nomades sous chacun de ses billets, ces mots et leurs racines. Telle est l’histoire qui est contée…

Jazzi dit: à

7 février 2020 à 11 h 37 min
« #Jesuislà » d’Eric Lartigau.
J’ai hésité à aller voir ce film, puis je me suis rappelé que « La famille Bélier », précédent film d’Eric Lartigau, neveu du comédien Gérard Lartigau, m’avait, pour des raisons personnelles, beaucoup touché.
Ici, le personnage interprété par Alain Chabat, qui n’a pratiquement jamais quitté Saint-Jean-de-Luz et les cuisines du restaurant qu’il a hérité de son père, est un homme divorcé, père de deux grands garçons, aidé dans la gestion de son affaire par Blanche Gardin, dotée pour l’occasion d’un savoureux accent du sud-ouest.
Grâce à Instagram, il est entré en relation avec une belle coréenne du sud, Doona Bae, qui lui dit qu’à Séoul en ce moment les cerisiers sont en fleurs.
En proie à un certain blues existentiel, celui-ci, sur un coup de tête, prend l’avion pour aller rejoindre cette amie virtuelle.
La comédie se met alors en place, avec ses malentendus et ses quiproquos.
Effrayée par cette arrivée intempestive, la belle coréenne le laisse en rade à l’aéroport, où en l’attendant durant plus de onze jours, il devient à son corps défendant une vedette des réseaux sociaux, sous le surnom de « French lover ».
A l’arrivée, cela donne un gentil film tout en émotion, promenant le spectateur entre le pays Basque et la Corée du sud à l’heure de la mondialisation.
C’est un beau roman, c’est une belle histoire, une fable d’aujourd’hui…
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19585526&cfilm=267615.html

D. dit: à

V’là maintenant que Passou est une branche.
Ça me scie.

B dit: à

Christiane, peu d’expériences à mon actif mais celle du pommier. Plusieurs sejours dans un lieu d’où de la chambre qui s’ouvrait sur le ciel grâce à une architecture heureuse et contemporaine s’offrait un pommier majestueux qui croulait sous l’abondance. J’ai séjourné aussi en face d’un prunier , d’un cèdre du Liban, d’un palmier .

B dit: à

D, c’est plutôt un tronc sur lequel viennent s’afficher des tracts pour les municipales.

D dit: à

J’ai séjourné aussi en face d’un prunier , d’un cèdre du Liban, d’un palmier .

Vous vous souvenez de la datte ?
Waaarfff. je suis trop marrant.

B dit: à

D, le prunier, en 1998. Le palmier en 1985, le cèdre en 2008. Les arbres me sont une compagnie agréable.

D. dit: à

Je comprends, vous trouvez la présence des troncs bonne.

B dit: à

La vue, le son, l’odeur. Et vous pouvez caresser, toucher écorce, enlacer le tronc, vous percher sur une branche, vous y cacher dans le feuillage. Que voudriez vous de plus?

Jazzi dit: à

Nous n’avons pas les mêmes valeurs, B.
Pour moi, outre le palmier, je privilégie l’olivier, le figuier, le cyprès…
Dans le film que je viens d’évoquer, Chabat parle à la coréenne virtuelle d’un chêne, majestueux que l’on voit dans la bande-annonce, et celle-ci lui répond avec les cultissimes… cerisiers en fleurs !
Dis-moi quel est ton arbre préféré et je te dirai qui tu es !

B dit: à

Jazzi, je n’ai pas écrit qu’ils étaient mes préférés. Difficile de ne pas tomber sous le charme d’un d’entre eux quels qu’ils soient et d’ailleurs en ces circonstances, je ne les ai pas choisis.

B dit: à

Sans vouloir répandre mon pot de confiture, je crois que c’est pour Barthes que le palmier figurait l’orgasme, la jouissance.

christiane dit: à

C’est beau votre rencontre avec cet arbre, B.

J’ai dormi près d’un tilleul. Je regardais tant le feuillage et les branches que j’avais oublié le tronc. La chambre était au premier.
Au matin, carnet de croquis en main je tournais autour du tronc pour comprendre l’écorce tout gercée à cause de l’âge, les racines aussi, puis je levais les yeux et alors c’était le vertige de tout ce feuillages. Les abeilles y bourdonnaient à cause des fleurs odorantes.
En Allemagne, dans le village de Eschenbach, un tilleul domine la place du village, celui de Wolfram von Eschenbach, ce chevalier poète auteur de Parzival – la légende du Graal… (inspiré du « Perceval » de Chrétien de Troyes qu’aimait tant M.L.).
Et surtout « Le tilleul » (der Lindenbaum), le cinquième lied de Schubert du Voyage d’hiver de Schubert qu’aime tant Passou.
« À la fontaine devant la porte
se tient un tilleul
J’ai rêvé sous son ombre
maint rêve délicieux […] »
https://www.youtube.com/watch?time_continue=31&v=jyxMMg6bxrg&feature=emb_title

L’ami depuis le collège, puis protecteur de Schubert, Joseph von Spaun écrit :
« Schubert fut pendant quelque temps d’humeur sombre ; il paraissait atteint. Comme je lui demandais ce qui lui arrivait, il se contenta de me répondre : « Vous l’apprendrez et le comprendrez bientôt. » Un beau jour il me dit : « Viens aujourd’hui chez Schober, je vous chanterai un cycle de lieder qui vous donneront le frisson. Je suis curieux de savoir ce que vous en direz. Ils m’ont coûté plus que tous mes autres lieder. » Et il nous chanta d’une voix émue tout Le Voyage d’hiver. Nous fûmes stupéfaits par la sombre tonalité de ces lieder et Schober dit à la fin qu’un seul lui avait plu : Le Tilleul.
Schubert se contenta de répondre : « A moi, ces lieder me plaisent plus que tous autres, et un jour vous les aimerez aussi. » Il avait raison, car nous fûmes bientôt enthousiasmés par ces airs douloureux que Vogl chantait comme personne. Je suis certain que l’émotion qu’il mit dans ses plus beaux lieder, et surtout dans son Voyage d’hiver, annonçait sa mort prématurée. »

Voilà que je fais long, encore !

Jazzi dit: à

« On t’a vraiment mis 🌟🌟🌟🌟🌟, ou bien tu les as mises toi-même, Jazzi ? »

Quelle mauvaise langue tu fais, D. !
J’ai découvert récemment ce commentaire, qui date de 5 ans.
J’ai cru comprendre qu’il était dû à une femme, prof, mariée depuis 10 ans et qui avait quitté la blogosphère durant un long laps de temps. En cliquant sur son pseudo voilà ce que l’on en apprend.

Qui est Kattel ?

« Katell BOUALI
Femme, 22200 France
54 ans, né(e) le 06 mai
http://chatperlipopette.blogspot.fr/

Lecteur inscrit le 08/08/2007

Katell alias Chatperlipopette ou Chappy, blogueuse en sommeil pendant 2 longues années, je suis de retour depuis juillet 2015. »

Quels livres a-t-elle chroniqués sur Babelio ?

42 auteurs, parmi lesquels :

Yasunari Kawabata
Orhan Pamuk
Pierre Bordage
Laurent Gaudé
Yôko Ogawa
Andreas Eschbach
Carl-Henning Wijkmark
William Goyen
Lao She
Scott Lynch
Anne-Marie Chapouton
Valentine Goby
Gilles Bachelet
Jacques Barozzi
Antonio Ungar
Julie Otsuka
Magdalena Guirao-Jullien
Philip K. Dick
Jean-Sébastien Blanck
Kyung-Ran Jo
(…)

renato dit: à

Merci J. Dr.

Jazzi dit: à

Alors quel est votre arbre préféré, B. ?

Chantal dit: à

A propos d’arbres, j’ai revu hier la série de peintures déconstruites d’Alexandre Hollan, ce sont les oliviers qui entourent un espace de guarigues près de l’Hérault, endroit qui m’est cher. Après l’incroyable tillieul argenté qui remuait ses essences sucrées, poudrées, et dont je rêvais toujours qu’une branche entre par la fenêtre.

https://www.galerielaforestdivonne.com/fr/expo/alexandre-hollan-13/

renato dit: à

Katell de l’allemand — Suisse — Kachel (carreau vernissé d’un poêle de faïence ; brique servant au carrelage d’une paroi.) — français Catelle ?

et alii dit: à

pour ma part, je pense toujours « arbre de la liberté »;
ceuxci ont été plantés, arrachés, replantés;ils sont chers aux citoyens

Pablo75 dit: à

Vendredi, 7 février 2020, 13h11

Sur la musique, George Steiner n’a dit que des banalités mille fois dites (cachées sous un jargon très pédant), dans le meilleur des cas (« Signifiante au plus haut point […] Au-delà du bien et du mal, elle incarne un sens du sens autrement indicible et l’indice du transcendant. « Je suis ce que je suis. »).

Dans le pire, il a tout simplement écrit des âneries: « elle refuse toute paraphrase ».

Liszt : Paraphrase on Verdi’s Rigoletto (Cziffra)
https://www.youtube.com/watch?v=1NRcAr0RvkQ

« elle refuse […] toute traduction ».

El les milliers de textes et poèmes qui ont été écrits à partir des impressions produites par la musique?

Pablo75 dit: à

Pour Steiner, « quelques « esprits vaillants » ont su écrire sur la musique – ils forment « une fascinante constellation » : Platon, Boèce, Rousseau, Nietzsche, Proust, Adorno… »

Adorno, le crétin pour qui la musique de Sibelius était « vulgaire et réactionnaire » et qui a osé écrire, du haut de sa bêtise philosophique de malentendant aux oreilles remplies de tonnes de mots vides: « si Sibelius est considéré comme un grand compositeur, alors nous devons ignorer tous les critères historiques utilisés pour estimer la musique de Bach à Schoenberg ».

Steiner, qui a réussi à faire croire à quelques naïfs qu’il était un type lucide, alors que son admiration éperdue envers Heidegger ou Adorno montre qu’il n’a rien compris à l’Essentiel…

Sibelius, Symphonie Nr 5 Es Dur op 82 Leonard Bernstein, Wiener Philharmoniker
https://www.youtube.com/watch?v=dACRUFfmMeo

D. dit: à

Mon arbre est l’orme.

renato dit: à

La question musique « langue universelle » est plutôt délicate. Évidemment, notre système de signes nous permet de transcrire n’importe quelle musique — voir par exemple Historical Anthology of Music de Davison & Apel, I et II —. En ce sens, je me souviens d’une boutade féroce de Pollini lorsque, après qu’un Japonais nous donna une exécution plutôt moyenne de la Sonate pour piano n° 14 — K. 457 —, l’un des spectateurs dit qu’étant Japonais il ne pouvait pas comprendre la pensée sous-jacente. Selon P. (et il avait raison car le Japonais ont un très bon niveau d’éducation pour ce qui est de la musique occidentale), tout simplement nous avions écouté une mauvaise exécution, car de qu’on a naturalisé le système on ne peut ne pas comprendre la pensée sous-jacente.

Enfin, quelques années après j’ai entendu une relation de Jakobson lors du Premier congres de l’Association Internationale de Semiotique — la semiotique ne m’intéressait pas particulièrement, mais j’avais apprécié la lecture que J. avait faite d’un poème, j’ai voulu l’écouter et puisque l’occasion s’est présentée… —. Au cours de la relation m’apparut évident que le modèle source-réception pouvait entrer en jeu dans n’importe quel échange — communication —, donc aussi dans la musique.

Inutile de rappeler ici les fondements de la musique occidentale, tout le monde connaît. Mais pas tout le monde vit la même relation avec le son, p. ex., la musique japonaise traditionnelle est homophonique ou hétérophone, c’est-à-dire qu’elle superpose plusieurs lignes apparentées non basées sur une structure polyphonique ; ce qui est le résultat d’une extrême attention à la valeur du son lui-même, enracinée dans la signification cosmologique de chaque son dans le mysticisme chinois ancien et dans la sensibilité particulière des Japonais, qui apprécient les nuances microtonales, les structures avec des bandes sonores subtilement différenciées et les timbres sans hauteur comme ceux de la percussion. Donc on peut comprendre la musique japonaise traditionnelle seulement si on l’étudie, comme la notre d’ailleurs.

Pour revenir à la relation de Jakobson, quelques mois après l’avoir ecoutée, je parlais du modèle source-réception avec une amie qui suivait les cours de Steiner, et elle me dit, en le citant, que le même modèle agit également dans une seule langue, sauf qu’ici la barrière, ou la distance entre la source et le récepteur, est le temps. À suivre.

Incidemment, je me demande pourquoi appeler place Unterlinden — lieu colmarien — une place où jusqu’à il y a peu on ne voyait que des platanes.

Jazzi dit: à

« Platon, Boèce, Rousseau, Nietzsche, Proust, Adorno… »

Et pas Thomas Mann, Pablo75 !
Il n’a pas lu « La Montagne magique » ?

Jazzi dit: à

Tu connais l’orme de Saint-Gervais, D. ?
Il était sous mes fenêtres quand je travaillais à l’Hôtel de Ville…
J’ai jamais pensé à aller lui caresser l’écorce avant la signature d’un contrat !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Orme_Saint-Gervais

Giovanni Sant'Angelo dit: à


…je reste très déçu, par l’évolution de notre civilisation dite  » bourgeoise « , et la responsabilité du choix des évolutions technologiques; en rapport.

…l’art de s’enterrer  » vivant « , en somme.

…avec des dérèglements de débauches  » infinis « , pour arriver à se reconstruire l’aristocratie,!…

…rien d’autres,!…

…tout au service, d’une certaine aristocratie  » rampante « , en tout lieus à tout prétextes, l’art  » étalages  » de gérer les stratifications sociales,…

…le choix de se reconstruire, suivant des moules préétablis,!…sur  » jeux d’échecs « .

…l’enseignement, quels enseignements?!,…

…pour qui, pourquoi faire,!…

…des handicapés serviles et malades, convaincus par les maîtres, de l’aura des connaissances administrés, et des liens sociaux rompus, pour s’enrichir en  » diable « .

…brefs mieux se taire, que de rendre nos peuples intelligents,…

…en fait de culture mondiale, quelles catastrophes en tous sens, cinéma, art, architecture, urbanisme, ou collectivités sociales,…

…la populace reste toujours la populace, même au niveau des Dieux,!…
…etc,!…
…mieux se taire,!…notre monde; une poubelle de fous,!…

Soleil vert dit: à

On parlait de Turing autrefois, voici aujourd’hui Li Wenliang, médecin interpellé par la police locale chinoise pour avoir lancé une alerte sur le coronavirus et décédé à 34 ans.
La vérité c’est la rumeur.

Pablo75 dit: à

Et pas Thomas Mann…
Jazzi dit:

Et pas de Stendhal, Berlioz, Schumann, Baudelaire, Suarès, Cioran… Et tant d’autres (« L’art de la musique » de Guy Bernard, Seghers, 1961, c’est 700 pages de citations sur elle).

Si Steiner l’avait lu, ainsi que tous les livres d’où proviennent les citations, il n’aurait pas écrit des phrases aussi vides et pédantes que « le discours sur la musique, écrit ou oral, est un compromis suspect […] c’est un discours qui mêle métaphores, images, analogies, dans un magma plus ou moins impressionniste, entièrement subjectif […] toutes ces images, toutes ces narrations analogiques en disent plus sur les limites du langage que sur la musique ».

Du pur blablabla de rond de cuir de l’université, du simple bavardage de prof sans le moindre talent de créateur, du verbiage d’admirateur inconditionnel de la philosophie allemande la plus lourdement creuse…

Jazzi dit: à

« je me demande pourquoi appeler place Unterlinden — lieu colmarien — une place où jusqu’à il y a peu on ne voyait que des platanes. »

Les espèces d’arbres passent mais le nom reste, renato. Voyez l’histoire de la place des Vosges à Paris, plantée de tilleuls à l’origine et longtemps replantée d’ormes ensuite…

SQUARE LOUIS-XIII 1682
4° arr., place des Vosges, M° Bastille, Chemin-Vert ou Saint-Paul-Le Marais
A cet emplacement se trouvait le parc de l’hôtel des Tournelles, bâti au milieu du XIV° siècle et acquis au début du XV° par Charles VI qui en fit la résidence parisienne des rois. Après la mort accidentelle d’Henri II en 1559, qui provoqua le départ de Catherine de Médicis pour le Louvre et sa décision de faire bâtir le palais des Tuileries, l’hôtel royal des Tournelles fut démoli en 1563. Le terrain, laissé à l’abandon et devenu le lieu de rendez-vous des duellistes, vit s’installer à partir de 1585 un important marché aux chevaux.
Henri IV, qui s’attachait à moderniser et embellir la capitale où il avait fait son entrée en 1594, décida en 1604 d’y construire une place publique, dont le côté nord serait occupé par la manufacture de soie qu’il voulait créer pour concurrencer celle de Milan, et les trois autres côtés seraient destinés au logement des marchands et ouvriers du drap.
Par lettres patentes de 1605, le roi fixait les modalités de construction des pavillons, comportant à l’identique deux étages en brique et pierre sur arcades formant une galerie pour la promenade et l’installation de commerces. Ces pavillons étaient donnés en concession à des particuliers, le roi se réservant néanmoins l’aile sud, qu’il n’habitera jamais. La manufacture royale, qui occupait le côté nord, ne rencontra pas le succès escompté et périclita rapidement. Aussi fut-elle démolie dès 1607 et des pavillons identiques à ceux des trois autres côtés élevés à sa place en 1609.
On ne connaît pas avec certitude le nom de l’architecte de cette place, la première de Paris, peut-être Claude Chastillon, qui en a laissé une gravure. Le rythme des trente-six pavillons est seulement rompu par les pavillons dits du Roi au sud et de la Reine au nord, légèrement plus élevés.
La place Royale fut inaugurée par le grand carrousel donné en 1612, deux ans après la mort d’Henri IV, à l’occasion du double projet de mariage de Louis XIII avec Anne d’Autriche et de sa sœur, la princesse Elisabeth, avec l’infant d’Espagne, futur Philippe IV.
Habitée dès cette époque par la haute aristocratie, la place Royale sera ensuite quelque peu délaissée lorsque la Cour suivra Louis XIV à Versailles ; y resteront fidèles, cependant, la noblesse de robe et la haute finance.
La place Royale était alors en réalité un vaste espace sablé, entouré d’une barrière de bois. En 1639, le cardinal de Richelieu y fait ériger une statue équestre de Louis XIII : le cheval, en bronze, avait été commandé dès 1559 à l’italien Daniel de Volterra par Catherine de Médicis, qui voulait dédier un monument à son défunt mari Henri II ; le cavalier fut confié par Richelieu au sculpteur Pierre Biard.
En 1682, les riverains obtiennent de Louis XIV l’autorisation de remplacer, à leurs frais, la vieille barrière de bois par une grille en fer forgé. Dans le même temps, la municipalité aménageait, à l’intérieur de ces grilles, un jardin à la française composé de pelouses traversées par des allées se coupant à angle droit selon les lignes médianes et diagonales du carré.
Si l’année 1682 marque la naissance du jardin, les premiers arbres, deux rangées de tilleuls, ne seront plantés qu’en 1783 à la demande des riverains.
A la Révolution, la place devient un champ de manœuvre ; gravier et sable remplacent le gazon tandis que la statue en bronze de Louis XIII est envoyée à la fonte en 1792.
Place des Fédérés en 1792, de l’Indivisibilité en 1793, l’ancienne place Royale devient place des Vosges en 1800, pour récompenser ce département qui fut alors le premier à s’acquitter de ses impôts.
Une fontaine, par Girard, est installée en 1811 au centre du jardin, à l’emplacement qu’occupait l’effigie de Louis XIII. Cette fontaine disparut à son tour en 1829 lorsque la monarchie, de retour au pouvoir, la remplaça par une nouvelle statue équestre de Louis XIII, en marbre, par Louis Dupaty et Jean-Pierre Cortot.
Entre-temps, en 1825, quatre fontaines, par Ménager, avaient pris place au centre de chacune des pelouses carrées composant le jardin. Quant à la grille d’époque Louis XIV, très abîmée, elle fut enlevée en 1835 et une nouvelle grille prit sa place en 1839.
Les tilleuls furent remplacés en 1870 par une double rangée d’ormes, lesquels, malades, disparurent à leur tour en 1976 au profit des trois rangées de tilleuls qui ornent aujourd’hui le square, baptisé square Louis-XIII cette année-là. Pour avoir une vue d’ensemble sur la place et ses hôtels, qui accueillirent nombre d’illustres personnages, il suffit d’aller visiter le discret musée Victor-Hugo, installé au n° 6, dans la maison où il vécut de 1832 à 1848.

Chantal dit: à

C’est un très bel arbre à sculpter l’Orme, Jazzy, mais très dur. Malheureusement il est souvent victime de maladies, sorte de champignon qui les ronge. J’ai vu hier que la galerie qui expose les arbres d’Hollan ici, exposera les œuvres d’Alain Veinstein en mars, dans la galerie mère rue vieille du Temple, peut-être intéressant pour les parisiens.

D. dit: à

Oui je connais bien cet orme et je suppose que Pablo aussi.

Jazzi dit: à

« peut-être intéressant pour les parisiens »

Pas vraiment, Chantal. Il avait ouvert une galerie rue de Lappe il y a quelques années de ça. Elle n’a pas tenu longtemps…

renato dit: à

Étant donnée l’importance du lieu, pourquoi y planter des platanes plutôt que des tilleuls ?

une main ... dit: à

car de qu’on a naturalisé le système on ne peut ne pas comprendre la pensée sous-jacente.renato.

Les ressorts intellectuels de ce blog sont décidément impénétrables! 😉

Chantal dit: à

Ah ok, merci pour l’information, je me demande toujours si ces galeries qui invitent assez somptueusement vendent de temps en temps ou bien si c’est un passe-temps, pour leurs propriétaires. Je ne suis pas derrière les cadres, parfois difficile de se faire une idée.

Je vais sortir enfin fini mon ménage, un superbe soleil, quel cadeau !

Jazzi dit: à

« Étant donnée l’importance du lieu, pourquoi y planter des platanes plutôt que des tilleuls ? »

Très bonne question, renato.

Ayant travaillé durant 20 ans au service de la communication de la Direction des Parcs et jardins de la Ville de Paris, je peux témoigner qu’il suffit de la seule volonté du responsable politique, qui suivra la mode en vigueur à son époque. Aujourd’hui, la tendance est plutôt au jardin de curé qu’au jardin régulier à la française ou au parc paysager anglais.
C’est ainsi que l’on a planté en masse dans les rues de la capitale (environ 100 000 arbres plantés sous Napoléon III et arrivant à expiration sous Chirac), en lieu et en place des traditionnels platanes et marronniers de Paris, et des ormes subitement décimés, et afin de remédier à leur disparition programmées (voyez l’exemple des platanes du canal du Midi), la tendance massive fut de replanter des arbres, de préférence fleuris, d’une grande diversité d’espèces.
Ce qui change le paysage végétal de la ville.
Mais parfois les noms anciens restent tandis que les espèces disparaissent.
C’était le cas de la rue du Figuier, entre la Seine et le Marais.
Ce n’est que récemment que l’on a replanté un majestueux figuier à l’entrée de l’hôtel de Sens, en mémoire du légendaire figuier qui lui avait donné jadis son nom…

Jazzi dit: à

Oui Chantal, c’est le deuxième jour de printemps précoce pour nous.
Moi, le ménage je le ferai demain. Nous donnons un diner et mon ami Ch. devra préparer un couscous tunisien (au poisson)…
Je sors me balader et finirai sans doute dans un ciné

renato dit: à

Vincenzo Fano* : « Nous devons réfléchir à l’expression ‘naturaliser’, qui est aujourd’hui louée à juste titre. Naturaliser signifie, en substance, ramener un phénomène à un modèle aussi précis que possible, qui a des conséquences empiriques contrôlables et qui est compatible avec le reste des connaissances que nous considérons, si elles ne sont pas acquises, au moins suffisamment consolidées. Il ne fait aucun doute que lorsque nous réussissons à naturaliser un phénomène, nous faisons un pas en avant sur la voie de la connaissance. »

* https://www.unibo.it/sitoweb/vincenzo.fano/cv

Chantal dit: à

Bon appétit alors !

D. dit: à

Le figuier d’Argenteuil est un arbre facile et résistant, parfaitement adapté au climat parisien. De plus il produit…devinez quoi ?
Des figues.
On peut donc s’étonner qu’il y en ait si peu à Paris.
Il y a quelques années dans un jardin de la ville se trouvait un romarin (arbrisseau) superbe et de pleine vigueur sur lequel des habitants du quartier prélevaient parfois de petits rameaux pour leur usage privé ce qui n’empêchait aucunement ce superbe et original végétal de croître et d’embellir.
Que croyez-vous-vous qu’il arrivat ? Le service des jardins l’arracha sans explication aucune et le remplaça par : rien.

vedo dit: à

« Il cielo era tutto sereno: di mano in mano che il sole s’alzava dietro il monte, si vedeva la sua luce, dalle sommità de’ monti opposti, scendere, come spiegandosi rapidamente, giù per i pendii, e nella valle. »

« Hinaufgeschaut! – Der Berge Gipfelriesen

Verkünden schon die feierlichste Stunde;

Sie dürfen früh des ewigen Lichts geniessen,

Das später sich zu uns hernieder wendet.

Jetzt zu der Alpe grüngesenkten Wiesen

Wird neuer Glanz und Deutlichkeit gespendet,

Und stufenweis herab ist es gelungen.
Sie tritt hervor! und, leider schon geblendet,

Kehr’ ich mich weg, vom Augenschmerz durchdrungen… »

George Steiner aurait sans doute apprécié ces deux textes au centre de leur langue. Il n’est pas impossible que l’auteur du deuxième ait lu le premier. Bien entendu, il ne s’arrête pas là…

D. dit: à

Certes on ne peut imputer directement une telle bêtise à Hidalgo mais je n’ai jamais pu m’empêcher de penser qu’elle était l’un des innombrables effets collatéraux de sa gestion, si ce terme reste ici applicable, ce qui reste discutable.

Jazzi dit: à

Le dîner c’est pour demain soir, Chantal !

D., par charité chrétienne, ne parlons pas du bilan sur la politique des espaces verts de la ville de Paris…
Si les rats pouvaient voter, elle serait massivement réélue !

christiane dit: à

Chantal écrit : « A propos d’arbres, j’ai revu hier la série de peintures déconstruites d’Alexandre Hollan, ce sont les oliviers qui entourent un espace de garrigues près de l’Hérault, endroit qui m’est cher. […] »

Vous choisissez bien, Chantal. Voilà un artiste qui a modifié mon regard sur les arbres. Son paysage-atelier illimité près du mazet où il vit isolé l’été entre vignes et garrigues m’a fait rêver. Je crois qu’il venait de Hongrie qu’il a quittée vers 1956…
Je l’imagine, face à ses arbres, des chênes verts, des oliviers, prenant racine, à ras du sol, restant dans le même espace jusqu’à ce qu’il se creuse. Quelle patience… On sent qu’il a regardé longtemps, ralentissant son désir de dessiner ou de peindre. Lenteur contre lenteur, celle de l’arbre contre la sienne. Calme contre calme. Son regard, entrant dans l’enchevêtrement des branches, se promenant dans le feuillage, là où son trait va s’aventurer.
Dessiner ou peindre ainsi c’est penser avec autre chose que des mots. Le temps devient lent.
Regardant certains de ses dessins, je ne trouvais d’abord pas le chemin tant l’espace de la feuille était saturé. Je restais. Peu à peu, l’arbre venait dans cette matière somptueuse de gris et de noirs charbonneux, une obscurité aux frontières de l’indiscernable, comme des formes en devenir. Quelque chose qui manquait à ma rencontre avec le monde. Il s’était effacé pour nous offrir cette plénitude, mettant nos yeux à l’épreuve de l’obscurité. Une lumière surgissait de ces profondeurs.
Je ne sais comment il avait traversé ces feuillages, je ne sais comment mon regard traversait ces monochromies sourdes surtout quand il utilisait des fusains. Des dessins presque noirs, poreux, parfois effacés, où certains espaces étaient encore plus obscurs. La perception est aussi complexe que le langage…
Paul Klee disait : « L’artiste ne reproduit pas le visible, il rend visible. » Et pourtant Hollan était face au visible qui se dérobait, pendant des heures, des jours, avec obstination.
Ce que vous montrez dans votre lien m’évoque les peintures de Bram van Velde par la modestie, l’austérité et l’exigence (mais Alexandre Hollan tend vers le monochrome) et à Tal Coat pour le rapport du noir à l’espace blanc dans les encres, des arbres noirs qui donnent naissance au vide.

christiane dit: à

Chantal,
dans votre lien, en cliquant sur la rubrique « PRESSE » je viens de lire des articles très intéressants.

Chantal dit: à

C’était pour vous, Christian, ea, le lien. Je retombe peu à peu sur mes pieds, mon enfance me remonte, comme une onde expressive, je viens de recroiser Hollan dans la petite galerie d’en face, celle qui expose les dessins de Pasternak. Quel regard clair cet homme, empli d’ondes positives et de sérénité, la vieillesse n’est pas toujours un naufrage 🙂

D. dit: à

Je suis inquiet pour le Nord de la France. Je ressens depuis ce matin des ondes très negatives concernant cette zone.

et alii dit: à

les arbres que j’aimais en Provence, c’étaient les amandiers en fleurs; et les magnolias

Patrice Charoulet dit: à

Détestations *

Le mois de février ,les mass-media, la grossièreté de langage, les sectes religieuses, les roquets
gueulards, les cirques d’animaux, les imprimés publicitaires, les bénédictions de papes avec badauds, les rires hystériques, les fêtes de famille, les gens qui parlent haut, les arêtes de poisson,
l’opérette, les ascensions de sommets, les mouroirs, la période de Noël, les corridas, les varices, la revue « Esprit », le folklore, les dialectes, la Turquie, l’accent américain, les dessins animés, les ongles noirs, les mains rosâtres, le nationalisme, les interviews indigentes de sportifs, les accents-bourguignon, canadien, belge, suisse, les préfaces, les joueurs de cartes, les negro-spirituals, les prénoms empruntés à l’étranger, les pléonasmes, les arbitres de touche, les mariages du samedi avec balais et culottes, les crocodiles, les dessins d’enfants nuls en dessin, les élections pipées…

*Texte trouvé dans un livre de Jude Stéfan, publié chez Gallimard , et que vient de m’offrir ma cousine.

J’ajoute :

Les araignées, les mouettes (dieppoises), les déjections canines sur les trottoirs, les manifestants,les rappeurs les fumeurs, les alcooliques, les fous du volant, les agresseurs de policiers, le PCF, la, CGT,les Gilets jaunes, les Black blocs, les pillards, les incendiaires, les grévistes perpétuels, les piquets de grève, les racismes, les lepenistes (dirigeants et électeurs), les foules, les supporters de foot, le foot, le rugby, la boxe, le catch, les films de science-fiction, de vampires, de morts-vivants,
les chiens petits, moyens et gros, les fêtards qui terminent la nuit dans les cafés portuaires où je prends un café le matin en lisant un livre et qui reprennent le volant après huit bières et trois alcools forts, les soixante films de Noël programmés à la télé chaque année du 1er novembre au 1er janvier,
Patrick Sébastien, Cauet , Hanouna, les croyances religieuses débiles, l’astrologie, les émissions de télé avec un hypnotiseur, l’Amour est dans le pré, Koh Lanta, les concours de pâtissiers ou de cuisiniers télévisés, les compétitions télévisées de mariés, Daniel Cohn-Bendit, Gérard Miller,les fautes d’orthographe et ceux qui en font , les maths, la physique et la chimie, la langue arabe,
les Témoins de Jéhovah, les cafards, les professeurs qui jettent des livres, ceux qui veulent supprimer les notes, les gens qui nient que les deux drogues qui tuent le plus de monde en France sont l’alcool et le tabac, les lettres anonymes, et sur le Net les insulteurs écrivant sous pseudonyme, les violeurs ignorant qu’un viol est un crime et doit être jugé en cour d’assises, l’opéra, le camping,
le tuning, les sports d’hiver, les 4×4 ,les quads, les motards et en particulier et les motards qui ont plaisir à rouler en groupes, les tatoués, les gens à piercings dans le nez, sur la lèvre ou ailleurs, les dames qui se teignent les cheveux en rose, en vert ou en violet, les brunes qui veulent faire faire croire qu’elles sont blondes,les coiffeurs de Mmes Belloubet et Pénicaud, les obèses, les gens qui ne veulent dire ni leur nom, ni leur profession, ni leur ville, ni leur téléphone, ni leur mail et qui ont le toupet de vouloir converser avec vous sur la Toile…Je m’arrête là. On vient de sonner chez moi.

rose dit: à

depuis ce matin des ondes très negatives concernant cette zone.

Chantal dit: à

C’était pour vous, Christian, ea, le lien. Je retombe peu à peu sur mes pieds, mon enfance me remonte, comme une onde expressive, […]celle qui expose les dessins de Pasternak. Quel regard clair cet homme, empli d’ondes positives et de sérénité, la vieillesse n’est pas toujours un naufrage.

😁😻👌🙆‍♂️ben oui.

Les oliviers en Provence, leur vert gris.

christiane dit: à

Et Alii,
cet amandier en fleurs sur le plateau de la Sainte Victoire est une merveille de lumière.

En mémoire, cette toile que Vincent Van Gogh peignit en cadeau de naissance pour son neveu Vincent :
https://www.grandspeintres.com/branches-fleuries-damandier-vangogh/
Instants de paix que ces « quelques branches fleuries d’amandier blanc sur un fond de ciel bleu ».

renato dit: à

Savoir, savoir faire, savoir vivre — être —, je regarde le monde et rares sont celles et ceux qui cochent les trois cases, mais peu importe : « Nous vivons sur terre, entre humains » et je préfère avoir affaire avec quelqu’un qui sait vivre même en ne sachant pas grande chose qu’avec des puits de science qui ne savent se comporter.

Cela dit, la vieillesse n’est pas un naufrage, il y a des vieux qui jeunes ils ont fait naufrage — et parfois avec de bonnes conditions de départ, même.

et alii dit: à

oui, christiane, les amandiers sont irrésistibles avec leur parfum qu’o dirait au miel;j’en ramassis quelques branches aux fleurs bien fermées et les mettais à éclore dans une cruche ;la pièce embaumait;
l’amandier est un arbre biblique !c’est l’arbre du « veilleur »

Chantal dit: à

les amandiers, je me souviens des amandiers andalous, c’est aussi un spectacle féerique, est -ce que e alii ce ne serait pas bientôt

TOU BICHVAT ?

Pablo75 dit: à

« Des particuliers du Nord, groupés en commando, se font passer pour des petites filles sur les réseaux sociaux et sur les sites spécialisés ;
ils piègent et repèrent ainsi les pédophiles – sur lesquels ils bâtissent des dossiers qu’ils transmettent à la police. Très exquises personnes. »

Pour Jacques Drillon, dans le blog d’à côté, la autodéfense des citoyens parents de jeunes filles contre les pédophiles, devant inefficacité de la police et la justice, c’est de la délation. Et cette soi-disant « délation » est beaucoup plus grave que la pédophilie elle-même.

Voilà la Gauche Caviar dans toute sa splendeur, dont la connerie idéologique suicidaire aura mené le PS à 3,3 % des voix aux dernières élections l’année dernière et à l’extrême droite à les gagner.

renato dit: à

Si Nicolas voyagera en Sicile du 28 février au 8 mars, il pourra admirer les amandiers d’Agrigento en fleur et participer à la fête en l’honneur de l’arbre gentil — 7 jours —. Beau vu de la bonne distance le temple de la Concorde qui sort d’un nuage de fleurs ; d’un autre point de vue une image qu Sudek aurait aimé. Bon, encore faut-il que le dérèglement ne vienne emmerder le peuple.

Nicolas dit: à

J’atteri le 16 avril à Palerme et sans doute qu’on louera une voiture. Y’a des auteurs (de livres hein, pas de meutres) siciliens ? J’utilise pas l’inclusif pour l’Italie, c’est une perte de temps.
Jamais entendu parler de steiner avant, il était essentialiste en un temps où l’on pouvait encore le dire. Ah le bon vieux temps ^^

et alii dit: à

chantal:
Tou Bichvat 2020. De la soirée du :
dimanche 9 février
À la soirée du :
lundi 10 février

renato dit: à

« Toutes les Vénus callipyges préhistoriques montrent une femme aux gros seins et aux grosses fesses, très précisément représentés, alors que tête et bras sont à peine esquissés. On ne naît pas femme, on la sculpte. »

Fanny [Vénus de Galgenberg] heureuse exception qui nous a été donnée par l’à l’Aurignacien — Wien, Naturhistorisches Museum — :

https://blogfigures.blogspot.com/2010/02/fanny_3.html

Il y a aussi la Venus de l’Abri Pataud à Les Eyzies — lien dans le prochain post.

et alii dit: à

c’est chantal qui vous le rappelle
Tou Bichevat », le 15ème jour du mois hébraïque de Chevat, est le jour du « nouvel an des arbres »

OZYMANDIAS dit: à

S’adosser sur un vieux chêne et, de fatigue et de lassitude, se dire que ce serait vraiment bien de mourir maintenant et de se faire enterrer sous cet auguste arbre, c’est cela vieillir.

Patrice Charoulet dit: à

La vitrine de l’école

Après La Réunion, où j’ai enseigné le français douze ans, je suis revenu vivre dans ma ville natale , Dieppe, au moment de ma retraite. Je passe tous les jours ,pour aller acheter le journal et du pain, devant une école maternelle.
Avant la rentrée scolaire de septembre, il y a donc six mois , j’avais été choqué de faire un constat. Un fou et /ou un alcoolique avait vomi (!) son repas sur le tableau vitré qui se trouve à côté de la porte principale de l’école. La vitre est nécessaire, puisque les avis aux familles doivent être à l’abri de la pluie. J’avais pensé alors qu’un membre du personnel, constatant la chose, nettoierait cette « vitrine de l’école » pour la grande rentrée scolaire de l’école. En passant, je note que l’un des avis aux familles les plus fréquents est d’annoncer que l’école sera fermée tel jour en raison d’une grève. Pas une grève n’ a été ratée.
Six mois plus tard, les vomissures ,séchées par le temps, certes, et moins volumineuses qu’au début, sont toujours là. Pas un parent d’élève n’a signalé ce fait choquant. Pas un membre du personnel n’a pris un chiffon, une éponge ou une lingette pour nettoyer cette « vitrine de l’école ».Depuis six mois ! Aucune gêne. Cela n’a choqué personne. Indifférence générale.

Jean Langoncet dit: à

Etes-vous manchot et cul-de-jatte, Patrice Charoulet l’offusqué vitreux ? Tout le monde vous observe et attend un geste.

et alii dit: à

L’écrivain Pierre Guyotat est mort à l’âge de 80 ans

Soleil vert dit: à

Pierre Assouline chez Ruquier demain (on n’est pas couché)

B dit: à

Nico, faut goûter aux nouilles à l’encre. Vous nous direz si les siciliennes ont enfin le droit de sortir après 21h.

B dit: à

Quel scoop, soleil vert. Qu’est ce qui lui prend?

christiane dit: à

@OZYMANDIAS qui dit : « Mes amis » d’Emmanuel Bove. Très beau livre. Lisez-le. »
et
@Janssen J-J qui, lui, dit: « vous risquez, mon amie, d’être déprimée par ses pulsions altruistes toujours mal récompensées et qui le renvoient toujours en définitive à son effroyable solitude. »

J’ai terminé ces cinq nouvelles (plus qu’un roman) d’Emmanuel Bove Mes amis.
Ce jeune auteur a connu la misère lui aussi. Je n’en avais jamais entendu parler. C’est le premier livre que je lis de lui (publié en 1924).
Le personnage principal, Victor Bâton, quémande l’amitié parce qu’il ne se supporte pas, ne supporte pas l’échec de sa vie. Je le trouve mou, agaçant, velléitaire, et pourquoi pas un tantinet égoïste, finalement pas très intéressé par les autres, un peu niais («Quand je m’éveille, ma bouche est ouverte»). Il les essaie comme on essaie un vêtement et se console très vite de leur perte. (« Bientôt, je m’aperçus que je me forçais à pleurer. »). Il aide le hasard à toujours perdre, et voit plus les défauts des autres que les siens, les invente plus que de s’y intéresser vraiment, fausse les rapports, gâche ses rencontres.
Aucun de ses actes n’est gratuit. Il attend toujours un retour, très narcissique. Il ne fait pas rêver (« Je n’avais pas l’intention de mourir, mais inspirer de la pitié m’a souvent plu. »)
Mais c’est bien écrit, phrases brèves, incisives, précises, avec plein de détails vrais qui font mouche (« La rue, pleine de monde, était floue comme quand on essaye les lunettes de quelqu’un. Les têtes des gens ressemblaient à des masques. »).
Une sorte de anti-héros traînant dans une vie où il ne se passe rien (atmosphère qui plairait à Beckett (beaucoup de dérision dans cette farce cruelle) ou à Camus (L’étranger ou La Chute (« La semaine dernière, il s’en ait fallu de peu que je ne me fusse jeté à l’eau, pour paraître sincère. ») ou encore de Perec
(un homme qui dort).
Même pas la bonne bouille de… Calimero !

B dit: à

Public sénat, passe encore mais là franchement il se peepolise un peu trop, bientôt les jeunes femmes se
Jetteront à ses pieds, des fans s’arracheront sa chemise. Peut-être une extension du domaine d’influence pour promouvoir la littérature en général ou la sienne en particulier. Après tout Houellebecq, Onfray, tant d’autres se produisent .

Petit Rappel dit: à

Je me trompe peut-être mais quand on exécute à bout portant les pianistes en fonction de leur signe astrologique plutôt que de leur capacité à jouer, peut-être vaut-il mieux ne pas trop s’aventurer à déglinguer les oeuvres de Steiner sur la musique, qui avait surement lu Adorno et peut-être Rosen. Et pas l’Adorno mouliné par la presse française au point d’être réduit à une citation, toujours la meme, dont certaines doutent qu’elle soit de lui tellement on l’a utilisée, celui non châtré du « Beethoven », bref, le vrai.
Quant à parler de phraseur impuissant de philosophie allemande, là, c’est la biographie qui est à revoir!
enfin, on juge l’arbre à ces fruits, pas vrai?
Bien à vous.
MC

B dit: à

J’entreprends toujours en mission de repérage d’autres temps et dimensions Walden, en bilingue si l’envie me prend de tenter d’essayer d’améliorer mon anglais.

Chaloux dit: à

A propos de Gide et de ses cinq heures de piano :

Gide : jouait tellement mal du piano qu’il a fini par l’enseigner

Bernard Gavoty.

(@Jacques D. Je ne voudrais pas enfoncer le clou planté par mon camarade Pablo, mais sur le coup des pédophiles je trouve que vous exagérez.
Pour le reste, je vous trouve cruel à souhait. On dirait presque une tentative de plagiat).

Petit Rappel dit: à

La grille de Richelieu, Place royale, marque aussi un change »ment de génération. Ce n’est plus La Place Ropyale de Cortn,eille avec ses jeunes nobles adeptes du change amoureux jusqu’à l’Enlèvement, et qui jouent leur vue et leurs sorts sur un enlèvement raté. Rodrigue et Chimène sont devenus vieux, préfèrent le Jardin à la Lice Guerrière, et la statue de Louis XIV à celle du débonnaire Henri IV.
Apres, un monde s’écroule ou les Vosges font preuve de civisme ou de naiveté en payant les premiers leurs impôts, ce qui vaut à la ci-devant place royale de porter un nom qui ne s’y rattache en rien! La disparition de la statue nous vaudra l’horreur actuelle, à la fois défi à l’esthétique et la pesanteur (Ah, le tronc sous le cheval!)
MC

Chaloux dit: à

Pierre Assouline chez Ruquier demain (on n’est pas couché).

Le pauvre Assouline est décidément sur la pente descendante de la vie : voici qu’il se produit dans des bastringues.

Chaloux dit: à

les Vosges font preuve de civisme

J’avais lu ça dans un vieux livre de la librairie académique Perrin, Les heures enchantées du Marais de Jean Prasteau.

Petit Rappel dit: à

D avait soulevé le problème de Durtal, à la fois Bourg sarthois et héros de Huysmans.
Hypothèse: la connaissance de l’un par l’autre vient peut-être du fait que c’était alors une escale de diligences sur la route de Solesmes, ou vers Paris. Un témoignage de cet itinéraire cette fois vers Paris figure pour la Restauration dans le seul travail universitaire existant consacré à Falloux. Merci à D d’avoir attiré mon attention sur ce point.
Bien à vous.
MC

Petit Rappel dit: à

Pas lu Prasteau, Chaloux! Mais c’est une formule consacrée, sinon bénie!
Bien à vous.
MC

Chaloux dit: à

J’ai lu un Guyotat au cours de mon existence. Il s’agissait de pédications répétées de militaires, dan un lieu clos, pendant la guerre d’Algérie. J’avais fort bien compris l’intrigue mais je n’ai jamais récidivé.

Chaloux dit: à

dans

Petit Rappel dit: à

Tres belle expo qui en disait long sur l’imaginaire tourmenté du personnage il y a deux ans chez Alaia, organisée par Donatien Grau. Portrait modernes et bouleversants , entre autres un Louis XVII échappant à toute hagiographie. des paysages, aussi; et des manuscrits d’un aspect proche de l’art Brut au point que la quete du sens n’y est pas première. On peut ne pas toujours adhérer, on peut difficilement ne pas être souvent secoué.
MC

Petit Rappel dit: à

Peut-etre le visuel l’emporte-t-il sur le textuel, et le dessin sur le reste? J’avoue aussi ne pas courir après ses romans.
MC

Chaloux dit: à

On peut ne pas toujours adhérer, on peut difficilement ne pas être souvent secoué.

Tout à fait d’accord.

(Pablo, je ne serais pas aussi catégorique sur Adorno).

OZYMANDIAS dit: à

Christiane,
L’amitié n’est-elle pas un amour encore plus passionnel que tout autre amour charnel et sensuel ?
J’ai toujours pensé, un peu bêtement, qu’il existe des mariages d’amitié plus mystérieux que la simple et basique union entre un homme et une femme.
D’étranges et belles amitiés qui naissent par hasard, comme par enchantement, mais qui, telles les fabuleuses licornes, disparaissent fugacement en nous laissant dans l’affliction et le désenchantement.
Merci, Christiane, pour le beau billet-critique du livre d’Emmanuel Bove.
Que les augures de cette nuit vous présagent une belle et amicale vie.

D. dit: à

Je vous en prie, Monsieur Court.

christiane dit: à

@OZYMANDIAS
Deleuze dit que « le bloc d’enfance se déplace avec le temps, venant réanimer l’adulte comme on réanime une marionnette, contemporanéité de l’enfant et de l’adulte. »
Et Pavese écrit dans Vacance d’août : « Il y a dans mes souvenirs d’enfance quelque chose qui ne tolère pas la tendresse charnelle d’une femme.[…] L’homme et l’enfant s’ignorent et se cherchent, ils vivent ensemble et ne le savent pas, et quand ils se retrouvent, ils ont besoin d’être seuls. »
La présence d’un ami c’est pouvoir échapper au temps, une intimité faite de souvenirs, de moments de vie simple, instinctifs, authentiques.
Oui, je partage ce possible-là.

Janssen J-J dit: à

Condoléances à Bourg-Argental,

Chaloux dit: à

La présence d’un ami c’est pouvoir échapper au temps, une intimité faite de souvenirs, de moments de vie simple, instinctifs, authentiques.

On dirait une publicité pour un camembert.

B dit: à

Deleuze s’est dégénéré, si mon souvenir est exact, pour échapper à la fin cruelle que lui réservait sa maladie. L’enfant en lui a vraisemblablement chuté en même temps que l’homme, on n’a jamais su comment désincorporer l’enfance de l’homme. Ils ont été enterrés ensemble.

Passé un certain âge, on ne connait plus l’amitié de la jeunesse. On fait des rencontres, on échange, on passe un moment ensemble mais je ne vis plus personnellement d’amitiés telles que celles que j’ai pu entretenir avant quarante ans. Le fait est que je suis très bien seule et que je ne cours pas après l’amitié, préferant pour finir les fleurs, les arbres, les animaux et tous les intermédiaires qui nous relient à nos congénères. L’épidémie ne passera pas par moi.

B dit: à

Defenestré.

B dit: à

D, pour en revenir au virus en couronne, on sait maintenant clairement avec la mort de ce médecin qu’il ne fait pas mourir uniquement des sujets à immunité défaillante, de plus on peut supposer qu’étant un des premiers à s’en être inquiété il s’est protégé autant qu’un professionnel de cette qualité le fait .

B dit: à

braconnés.

Claudio Bahia dit: à

Patrice Charoulet dit: à
La vitrine de l’école
+
la detestation
Patrice Charoulet, vous êtes en pleine forme !!
j’ai presque exactement les mêmes detestations que vous, si ce n’est que j’aime volontier écouter des spirituals (je connais une communauté dans Brooklin, j’ai oublié la rue, ils sont comment dire, surprenants).
Mme baloubet, et l’autre, connais pas

Claudio Bahia dit: à

renato dit: à
La question musique « langue universelle »
C’est yehudi Menuhin qui avait développé ce thème dans un court et merveilleux récit qui doit dater des années 50. Je l’avais eu entre les mains, mais tout s’estompe, affreux, ne me souviens plus du titre…

rose dit: à

Alzheimer.
Chui spécialiste, j’ai fait la formation aidant. Travaillez votre cerveau comme vos muscles.

rose dit: à

1h47 le 8 février

christiane dit: à

B. et Chaloux,
quels plaisantins vous faites !
La question d’Ozymandias était compliquée, situant l’amitié dans le différenciation avec, pour un homme, l’amour charnel d’une femme.
J’ai d’abord pensé aux évocations d’Olivier Rolin dans un roman inoubliable Tigre en papier. Martin et Treize. Voilà une belle et profonde amitié. Martin essaie de raconter à la fille de Treize, qui a peu connu son père, comment, après une nuit de folie, celui-ci a pu décider de se jeter (ou de tomber) dans le vide du haut de la tour Saint-Sulpice. C’est un récit en lambeaux, bouleversant. Ils sont à bord d’une voiture et Martin laisse remonter les souvenirs de cet ami « idéal ». Et cette jeunesse qu’il évoque, leur jeunesse fougueuse, a la force des amitiés d’enfance.
Puis, Pavese dans cette nouvelle de Vacance d’été, évoque un couple, sensuel, amoureux qui soudain se cogne sur un souvenir d’enfance de l’homme. Il marche, l’été, dans les vignes et l’odeur de la terre et des feuilles éveille en lui un souvenir ébloui de son enfance. Souvenir qu’il ne peut ni ne veut partager avec cette jeune femme amoureuse.
Et enfin Deleuze qui glisse cette image d’une coïncidence possible, à certains moments de la vie entre l’enfance et l’âge adulte à partir d’une sensation.
C’est là que je me suis arrêtée pour répondre à Ozymandias « La présence d’un ami c’est pouvoir échapper au temps » (ce temps qui sépare l’enfance des années de maturité)
, « une intimité faite de souvenirs » ( comme ces deux amis évoqués par le narrateur de Rolin : Martin)
, »de moments de vie simple, instinctifs, » (car rien n’était prémédité dans cette nuit folle où, un peu éméchés, ils décident de gravir par jeu un échafaudage puis de gagner cette tour où se déroulera le drame. La mort alors, fulgurante ressemble à un défi lancé à la vie.
Reste un mot : « authentique » car il s’agit là d’une de ces amitiés forte, vraie, intense comme on en a peu dans la vie.

Je crois avoir compris ce qu’Ozymandias évoquait. C’était difficile de lui répondre. Il me fallait des livres, des écrivains, pour tracer le chemin des mots. Il y a beaucoup de livres dans notre dialogue sur ce blog. Ajouter Rolin à Musil, en passer par les méditations allumées de Deleuze (qui parlait souvent à des étudiants dans des bars enfumés pendant des heures), c’est de la même couleur. Tout ça c’est du feu avec des mots et l’ami Ozymandias est d’amadou. Une allumette et hop il se transforme en torche et répand ses paroles comme un grand incendie.
Bon, sur ce, je vais ne pas lire mais dormir. Absences troublantes du sommeil où, par le rêve, l’enfance s’invite souvent comme un passager clandestin. Bonne nuit à vous, amis rieurs.

christiane dit: à

3 heures… Juste avant le sommeil, pour Ozymandias, venu de la pré… histoire et d’un site scientifique :
« A l’époque préhistorique, les hommes allumaient le feu grâce à des étincelles produites par la percussion d’un morceau de bisulfure de fer marcassite ou pyrite contre une roche dure (du silex, par exemple). Pour récupérer l’étincelle, il était nécessaire d’utiliser une substance capable de s’embraser facilement. L’amadou compte parmi les matières les plus efficaces dans ce domaine. On a d’ailleurs découvert un morceau d’amadou dans le matériel d’Ötzi(mandias), cet homme de l’âge du cuivre, retrouvé parfaitement conservé, car congelé, dans un glacier à la frontière austro-italienne en 1991.
A l’époque moderne et jusqu’au début du XXème siècle, la fabrication de l’amadou était réalisée par des artisans spécialisés, nommés les « amadoueurs »…

rose dit: à

Parfaitement conservé avec une pointe de lance dans l’épaule gauche lancée dans le dos.

Jacques Drillon dit: à

Chaloux
Pablo
Je constate, horresco referens, que vous avez pris au premier degré ma note sur les « piégeurs de pédophiles », à propos desquelles j’avais écrit: « Exquises personnes. » J’aurais dû me souvenir de la règle n°1: Jamais d’antiphrase, jamais d’ironie, à la télévision et sur Internet. J’ai donc corrigé le tir, à la fois inquiet et déçu.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

*