de Pierre Assouline

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La République des livres
Quelques éclats de l’âme de Kleist

Quelques éclats de l’âme de Kleist

Deux coups de feu ont été entendus un jeudi 21 novembre en milieu d’après-midi sur les berges du petit lac de Wannsee, près de Berlin. Il fut constaté que, au moyen de deux pistolets emportés dans le panier à pique-nique, l’homme avait abattu d’une balle dans la poitrine celle qu’il aimait, une femme du nom de Henriette Vogel, avant de se tirer une balle dans la bouche. Ils avaient une trentaine d’années. Un fait divers à ceci près que le tireur s’appelait Heinrich von Kleist, qu’il était poète, dramaturge, nouvelliste, romancier et que son double geste éclairerait à jamais d’un halo mélancolique (« à tendance morbide »lui diagnostiqua un médecin en 1802) son œuvre dont il ferait désormais partie. Cela s’est passé en 1811. Pourtant, l’écho des détonations se fait encore entendre un peu plus de deux siècles après. Preuve s’il en est que cette histoire nous dit aussi autre chose que ce qu’elle raconte.

Dans Le Voyage à Wannsee (190 pages, 18 euros, Gallimard), Patrick Fort, un nouvelliste qui signe là son deuxième roman, n’a pas seulement choisi d’en faire un roman en hommage au romantisme allemand : il a surtout pris le partie d’en confier la narration à l’ami du couple, fidèle au serment de secret de leur clandestinité puisqu’elle est mariée, le conseiller militaire Ernst Friedrich Peguilhen. Il est le mieux placé pour raconter car, outre ce lien privilégié, il s’est vite retrouvé sur les lieux du drame ; de plus, en sa qualité d’exécuteur testamentaire du poète, il a pu vivre l’enquête policière de l’intérieur ainsi que les pressions et la censure exercées par le pouvoir royal sur la police et la justice afin de dissimuler l’affaire au plus grand nombre.kliet

On voulut faire passer Kleist pour un raté que sa volonté absurde de rivaliser avec Goethe (alors qu’il avait eu l’humilité de« mettre mon cœur à genoux devant vous » en lui donnant à lire sa pièce Penthésilée) avait amené aux rives de la folie. On dira aussi qu’il avait manipulé cette pauvre Henriette alors que son soutien amical, affectueux puis amoureux fut total lorsqu’elle apprit qu’elle était atteinte d’un carcinome de la matrice qui la rongeait à mort. Même le rapport d’autopsie charge Kleist présenté comme un individu étant doté d’un « tempérament du type Sanguino Cholericus au Summo Gradu », et un hypocondriaque sujet aux extases religieuses. Ainsi le médecin-légiste présente-t-il les manifestations de la crise métaphysique d’un poète que la lecture de la Critique de la raison pure de Kant en 1801 avait ébranlé jusqu’à lui faire apparaître le Mal dans toute son horreur. De quoi le plonger dans une durable dépression et un désespoir dont il ne sortit jamais vraiment. Un article du Journal du monde élégant,paru six jours après son suicide, présente l’affaire ainsi :

« Kleist ? Un poète d’escarbouche, un des disciples les plus diffamés de l’école mystico-romantique, s’est déshonoré, a été victime de cette littérature marécage pestilentiel où ne naissent guère que des basilics »

image002Rejeté par ses contemporains, incompris même des romantiques (mais l’était-il lui-même vraiment ?, fût-il aussi inclassable que Richter ou Hölderlin ?), il dut sa postérité post-mortem à  Nietzsche qui le révéla en le portant au plus haut dans sa IIIème Considération inactuelle. Son acte a été longuement muri, ruminé, prémédité. Le matin même, il rédigea quelques lettres afin de ne pas quitter sa vie terrestre sans s’être réconcilié avec le monde. Espérons que leur découverte renverra le lecteur à l’œuvre même, ce qui demeure, au-delà de sa vie et de sa fin tragiques, l’essentiel : La Marquise d’O, le prince de Hombourg, La Petite Catherine de Heilbronn, Michael Kohlhaas, Sur le théâtre de marionnettes… Un œuvre qui connut un succès insoupçonnable au cinéma et à la télévision. N’empêche que nul ne pourra jamais la lire ou la relire sans avoir à l’esprit la fin de son auteur.

Le récit au passé ce ses derniers instants est fait heureusement sans pathos alors que tout y prédispose, avec une juste économie de moyens, d’une écriture au cordeau et d’une sobriété dénuée de sécheresse (oublions un malheureux « en journée » page 24) – on peut en lire ici un extrait. Patrick Fort s’est bien imprégné de la lecture de quelques biographies du poète, du visionnage d’un documentaire allemand en lui consacré en 2010, de textes de Michel Tournier (voir Le Vol du vampire), d’articles de l’époque qu’il reproduit en traduction en les intercalant opportunément, et surtout de la Correspondance complète de Kleist dans la traduction de Jean-Claude Schneider. De ces éclats de vérité il a fait une marqueterie. L’ensemble dessine un tableau dont les tonalités diffèrent du magnifique récit Christa Wolf, Kein Ort. Nirgends (paru en français en 2000 chez Fayard) que, curieusement, il ne cite pas, non plus que le Journal de Henriette Vogel imaginé par Karine Reschke dans La Vocation du bonheur (Actes sud, 1984), ni même Le Combat avec le démon (1925), son portrait par Stefan Zweig –mais peut-être l’a-t-il évité pour n’en être pas influencé ; il est vrai qu’il n’est pas facile pour un écrivain de mettre ses pas dans les traces laissées par une devancière si remarquable.1200px-Berlin_Kleistgrab

Un mot encore puisque cela ne manquera pas d’être soulevé. Kleist avait choisi le petit lac de Wannsee pour théâtre de cette tragédie. Or la villa Marlier où eut lieu le 20 janvier 1942 la fameuse conférence de Wannsee qui mit en œuvre la solution finale, point d’orgue de la guerre de destruction menée par Hitler contre les Juifs, se trouve tout près. Il n’y a évidemment aucun rapport entre les deux événements. Ce qui n’en a pas empêché certains, au mépris de tous les anachronismes, de voir dans le double coup de feu de 1811 l’annonce prémonitoire de la criminelle décadence de l’Allemagne entrainant l’Europe dans son suicide ( ! ) .

Sur la tombe des amants, on put lire ceci :

« Il vécut, chanta et souffrit par des temps sombres et difficiles

Il chercha la mort ici et trouva l’immortalité

(Matthieu, 6, 12)

2006-02_Frankfurt_(Oder)_34On ne peut plus le lire car les nazis firent gratter la citation pour lui substituer celle-ci extraite du Prince de Hombourg, le drame que Kleist avait écrit en l’honneur de la famille Hohenzollern,:

« Nun, o Unsterblichkeit, bist du ganz mein » (Maintenant, ô immortalité, tu es toute à moi !

Quoi qu’on en pense, c’est tout de même mieux que la plaque apposée sur son lieu de naissance à Francfort :

Ici se tenait la maison natale du poète. Détruite pendant la guerre fasciste 1945 »

Comme si l’Italie de Mussolini y était pour quelque chose ! Où va se nicher la révision de l’Histoire… Mais l’essentiel est ailleurs. On ne saura jamais ce que sont dits Heinrich et Henriette. D’autant que le Journal du poète a disparu. On en connaît juste le titre : Histoire de mon âme.kleist

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commentaires

1 092 Réponses pour Quelques éclats de l’âme de Kleist

Jazzi dit: à

« Je croque la vie à pleines dents pendant que les autres prennent perpet avec leurs ch.iards. »

Vous allez mourir seulement entourée de vos chats, Ed !

x dit: à

« à pied joint » ?
Ça alors, vous ne nous aviez jamais dit que vous étiez unijambiste, Jazzi.

Jazzi dit: à

Quand ils sont bien joints, ça ne fait plus qu’un pied, x !

rose dit: à

Lavande

crois bien que le hêtre chez nous s’ appelle le fayard

Ed dit: à

Qu’on meurt entouré de ses chats ou de ses enfants ça change quoi ? Ça fait moins mal peut-être ?

Lavande dit: à

Oui Rose tout à fait. Je l’avais oublié. J’entends encore mon père appeler ces arbres « fayards ou hêtres ». Pour le coup ce serait la racine latine.

x dit: à

D’où l’expression « le pied » !
On en apprend tous les jours…

Quant au choix d’avoir des enfants ou pas (sujet hautement littéraire ? à part l’évocation de « the pram in the hall » de Cyril Connolly, rien ne me vient vraiment à l’esprit) chacun pourrait peut-être faire ce qui lui plaît ou ce qui convient à son conjoint ou faire avec ce que la vie lui a réservé et laisser les autres en paix ?

Delaporte dit: à

« Qu’on meurt entouré de ses chats ou de ses enfants ça change quoi ? Ça fait moins mal peut-être ? »

Sachez, Ed, que la plupart des êtres humains ne sont pas des animaux (et même les animaux sont sensibles à leur mort, même cet oiseau abandonné que je voyais dimanche, sur l’asphalte désert, alors que je revenais de la messe). Les hommes – et les femmes – ont un esprit, une âme, une sensibilité, une appréciation des situations, de leur condition même. De leur condition, exactement. Et vous savez quelle est la vôtre, Ed ? Celle d’un insecte. Et même d’une pierre ! Seul le Christ pouvait faire revenir Abraham d’une pierre, s’il l’avait voulu.

rose dit: à

(je ne devrais pas aimer les Journaux intimes parce que ce qu’ils racontent ne t’aide pas?)

je ne parle pas de moi. La question que je vous pose et que vous ne comprenez pas est à quoi cela sert-il de lire un journal intime puisque intime pas destiné à autrui.
Voyez-vous pablo 75, sans vouloir vous froisser d’aucune manière car telle n’est pas mon i tention, lorsque je lis tous ces extraits au cours desquels je n’apprends rien, la pensée qui me vient à l’esprit est « mon dieu, mon dieu, pendant ce temps, je ne lis pas.

Enfin continuez si cela vous chaut.

rose dit: à

Si Abraham l’avait voulu.
Parce que le christ, lui, nous laisse si immensément libre de nos choix que cela en est grisant.

rose dit: à

Lavande

chez nous souvent on l’appelle le grand fayard.
Il est dans Le hussard sur le toit.
Avez-vous vu que j vous ai répondu Lavande sur le fil précédent ? Très tardivement, c’est vrai.

Ed dit: à

X
Bonne question. Certains personnages n’ont pas d’enfants, mais ça n’est jamais une question, un thème du roman. Et si nous prenions exemple sur la littérature en considérant que c’est un non sujet ?

Ed dit: à

Delaporte,

Avez-vous conscience qu’il y a une personne qui lit vos horreurs derrière son écran ? Si Oui, merci d’arrêter car vous allez beaucoup trop loin.

rose dit: à

jazzi
vous me croyez bégueule ce que je ne suis pas.
Que Sand se fasse tringler dans une arrière-cuisine ou un gay dans un backroom le jean sur les chevilles, cela ne me dérange en rien.
Je suis très fermement pour la liberté individelle dans la mesure de celle d’autrui et pour aussi à chacun ses fantasmes.

Bételgeuse dit: à

D’ où vous vient cette haine des enfants sur vous nommez chiars où je ne sais trop comment ? Une enfance malheureuse, un souci démographique, une entrave à votre liberté que d’ailleurs personne ne vous impose, vous les détestez au point de les affubler de qualificatifs choquants, que vous ont ils fait ? C’est remarquable chez vous cette insistance à vous démarquer en les détestant sans préciser vos raisons.

Bételgeuse dit: à

Ed.

Bételgeuse dit: à

Rose, pourvu que crs ebats ne virent pas à l,attentat à la pudeur, oui, on s’ en fiche.chacun trouve son plaisir comme il peut, certains se font enfoncer des aiguilles dans les tétons , se font battre, ficeller, pourvu que ce ne soit pas fait en public , rien de dérangeant même si déviance.

Ed dit: à

Et l’autre qui débarque encore et toujours pour commenter mes commentaires et tenter de tout savoir sur ma vie. Heureusement que je suis là, sinon elle n’aurait rien à dire. Je n’ai pas à répondre à vos questions de psy de comptoir. Gardez vos réflexions idiotes. Merci.

Delaporte dit: à

Ed, méditez plutôt, au chapitre 18 de Matthieu, et considérez vous-même les horreurs que vous écrivez, mais que vous ne pensez peut-être pas :

« Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit moi-même. Mais, si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendît à son cou une meule de moulin, et qu’on le jetât au fond de la mer. »

Bételgeuse dit: à

Ed pour résumer, je vous em.erde et vous trouve toujours aussi con qu’hier et avant hier. Vous arrivez ici pour citer un pseuo Berenice et tous veulent votre peau, il vous faudrait consulter ma pauvre enfant.

Jazzi dit: à

« ça n’est jamais une question, un thème du roman »

Beauvoir, la première, a donné l’exemple du plaisir de ne pas avoir d’enfant, Ed. Elle n’en parle pas dans le « Deuxième Sexe » ?

Claudio Bahia dit: à

à Hamlet
bien aimé vos posts très intéressants sur Dostoïevski.
Mais c’est quoi un russophile invertébré?

Bételgeuse dit: à

Psy de cptoir, non, je suis soignante et j’ai rencontré une foultitude de profils , vous êtes intéressante comme aurait dit un ex ami vendeur de piano quand les gens l’ennuyaient.

x dit: à

Ce qui est curieux (malgré les dénégations de Pierre Assouline « Espérons que leur découverte renverra le lecteur à l’œuvre même ») c’est qu’on a tout de même l’impression que c’est le fait divers qui retient.
L’écrivain (celui-ci ou un autre) devient personnage, il est recyclé en « célébrité » et ce sont sa mort spectaculaire, ou sa folie, ou sa fuite loin de l’Europe et de l’écriture, sa libido, ses manières de table, de lit ou de voyage, ses plaisanteries, sa garde-robe, ses petites manies, ses verrues plantaires ou sa mauvaise haleine auxquelles on s’intéresse.
Pour se sentir plus proche de lui ? Pour le faire descendre de son piédestal ? Pour ne pas trop souffrir de la comparaison ? Pour se débarrasser de ses œuvres,du dépaysement qu’elles provoquent, de la nécessité d’apprivoiser à chaque fois une écriture, une vision du monde, un tempo, pour s’éviter la concentration nécessaire à une lecture un peu approfondie sans pour autant perdre le prestige résiduel qui se rattache à leurs noms ?

Bételgeuse dit: à

Et bien, Claudio, disposons que ce russophile a été victime de sa passion pour l’horizontale et que de ce fait prolongé soit victime d’une atrophie vertébrale. À force de lire au lit, c’est le risque encouru.

Ed dit: à

Jazzi,
Non. Elle parle des contraintes biologiques – et donc des inégalités sociétales – liées à la maternité, mais pas de cela. Peut-être dans le tome II ?

Bételgeuse dit: à

Supposons.

Ed dit: à

Véridique : voulant chercher des informations sur L’idiot de Dostoïevski, je tape « idiot » sur Google. Ce n’est pas exact, mais je pense trouver mon bonheur des les premiers résultats. Mais devinez quoi. Premier résultat = une photo de Donald Trump.

Jazzi dit: à

Ed, à travers ses Journaux, on la voit vivre sa fierté de n’être ni mariée, ni mère de famille, et rarement aux fourneaux. C’était une gourmande de nature, nourritures terrestres et nourritures spirituelles…
Le modèle de couple, incarné par le duo Sartre-Beauvoir, a décomplexé et a fait école, même chez les gays en couple, tel le mien…

Ed dit: à

Je me doute bien qu’elle en était fière et heureuse. Malheureusement je n’ai encore rien lu à ce sujet.

Ed dit: à

Alors, Jazzi, pourquoi ce commentaire si conformiste sur ma mort entourée de mes chats si vous-mêmes êtes heureux de ne pas avoir d’enfants ? Un clin d’oeil aux bêtises habituelles qu’on sort aux child-free?

Bételgeuse dit: à

Jazzi, sauriez vous pour quelles raisons Vian se fichait de Sartre?

Jazzi dit: à

« Alors, Jazzi, pourquoi ce commentaire si conformiste sur ma mort entourée de mes chats »

C’était de la pure provocation, Ed ! Et ça a bien marché !
Moi aussi, j’adore les enfants des autres, à petites doses…
Les animaux domestiques sont nos plus fidèles amis. Avec un amant en plus, là-dessus, que demander de mieux ?

Jazzi dit: à

Vian ne se fichait pas de Sartre, il se moquait essentiellement des existentialistes, si vous voyez ce que je veux dire, Beltégeuses.
Les couples Vian et Sartre-Beauvoir étaient très liés et faisaient la fête à Saint-Germain-des-Prés…

Jazzi dit: à

Il y avait aussi le couple Camus-Casarès. Le premier étant marié et père de famille. Un autre modèle, en version plus macho…

Jazzi dit: à

Mais au dessus de tout ça, il y avait le couple royal : Marais-Cocteau !

Jazzi dit: à

Vian est mort jeune, Beltégeuse, et Sartre et Beauvoir étaient pris par le tourbillon de la vie. La fille de Vian fut l’une des plus fidèles de l’entourage de Sartre, qui les aidait financièrement, elle et sa mère. Jusqu’à la fin…

Jazzi dit: à

Paul Edel vous expliquerait tout ça mieux que moi, Bételgeuse…

Delaporte dit: à

Coluche aimait bien parler de Lecanuet, qui ne dira plus grand chose aux trop jeunes. Et c’est dommage, parce que Lecanuet, c’était vraiment la caricature drolatique du siècle. D’ailleurs, il n’a jamais été remplacé, même pas par Bayrou, c’est dire. Pour Coluche, Lecanuet était ce qu’on appelle un « running gag », et personne ne s’en plaignait.

Delaporte dit: à

C’était impressionnant de voir, à l’époque, dans les débats télévisés, arriver Lecanuet, qui se prenait vraiment au sérieux. On se demandait comment un tel crétin en était arrivé là, avec ses dents blanches et son sourire de croque-mort. Il était presque aussi pire que l’incroyable Fillon.

Delaporte dit: à

Lecanuet, dans les débats télévisés, perdait facilement son calme. il faisait alors étalage d’une sourde bonne foi méprisante, qui était aussi impuissante qu’un ver de terre. C’était un spectacle comique et atroce à la fois. Dire que les enfants étaient autorisés à voir cela, on ne mettait pas le carré blanc quand Lecanuet parlait dans le poste.

Delaporte dit: à

Lecanuet était la cible idéal pour un Coluche. L’humoriste avait à peine à forcer, il lui suffisait de décrire un tant soit peu Lecanuet, et tout le monde était plié de rire. Ceci étant, Lecanuet ne nous manque pas du tout, tant il était la plupart du temps source d’ennui majeur. Je ne sais plus quand il est mort, sans doute après Coluche, mais c’est au moins une nouvelle qui ne m’aura pas été désagréable, je l’avoue. Maintenant, ceux qui ont remplacé Lecanuet valent-ils mieux que Lecanuet ?

Delaporte dit: à

Physiquement, Macron a un peu la même mâchoire vorace que Lecanuet. C’est de sa descendance politique, légèrement modernisée, le même savoir-faire dans la démagogie et la complicité avec le grand capital. Il nous manque aujourd’hui un humoriste pour revenir sur cette comparaison. Un Plutarque écrirait aujourd’hui les vies parallèles de Macron et Lecanuet. Un Macron est un Lecanuet qui a réussi, et cela fait peur.

Delaporte dit: à

Coluche est mort en 86 et Lecanuet en 93. Coluche n’a donc pas eu la joie de voir mourir le paltoquet de la politique française, qu’il avait si bien ridiculisé.

Ed dit: à

Je suis dingue de les nièces. Je ne les vois jamais car elles n’ont pas le droit de venir en vacances chez moi mais il y a une admiration réciproque entre nous.

Delaporte dit: à

Lecanuet, aux élections de 1965, avait mis en ballottage de Gaulle. Lecanuet était phynancé par de l’argent américain. Cela se sait.

Delaporte dit: à

En somme, Lecanuet était peut-être pire et plus dangereux que Sarkozy, celui-ci s’étant contenté de l’argent libyen.

Delaporte dit: à

« Je suis dingue de les nièces. »

Ah, c’est déjà ça…

rose dit: à

On ne peut pas, tous, baiser dans le lit à baldaquin du château avec le seigneur des lieux qui revient de la chasse à courre, certes.
Certains sont du commun.

rose dit: à

Le ver de terre accomplit grande tâche. Le compost en sait quelque chose. Le ver luisant aussi.

rose dit: à

L’écrivain (celui-ci ou un autre) devient personnage, il est recyclé en « célébrité » et ce sont sa mort spectaculaire, ou sa folie, ou sa fuite loin de l’Europe et de l’écriture, sa libido, ses manières de table, de lit ou de voyage, ses plaisanteries, sa garde-robe, ses petites manies, ses verrues plantaires ou sa mauvaise haleine auxquelles on s’intéresse.

Justement, de tout ce fatras, quel peut bien être l’intérêt ?

Savoir que untel baisait au claque la plus laide publiquement qu’est ce que cela apporte au lecteur ? Ou que Maupassant a crevé de la syphillis, frappadingue et déliquescent qu’est ce que cela veut dire de son talent ?

Non, vraiment, je ne vois pas l’intérêt. Autant je comprends celui de Sergio à l’écriture singulière qui a besoin d’une attention plurielle et en tient compte -il est pilote- autant les amours contingentes de Sartre et Beauvoir détournent de leurs oeuvres, les. »classant »comme basses et empêchant toute élévation.

Faire école est un cas de figure qui pourrait s résoudre au progrès social à l’amélioration du bien-être et non pas à la pente descendante.

Pour moi, c’est vrai Sartre et Beauvoir sont d3s anti-modèles. Suffit de constater leurs grossières erreurs sur le plan politique, leur fin de vie, misérable.

Faire école.est aller vers un agrandissement de soi, pas un rétrecissement.

rose dit: à

Pas mal d’approximations, c’est dommage.
Camus infidèle, oui.
Maria Casarès. D’autres. L’imbécillité chronique de l’homme à femmes.
Cela n’enlève rien à son talent.
À Lourmarin, la tombe voisine, sa femme Francine.

Beauvoir, ce n’est pas le plaisir de ne pas avoir d’enfant -elle et Sartre se sont chacun adopté un enfant en fin de vie- c’est le statut de la femme qui l’interrogeait.
Et c’est vrai que être mère participe au saucissonnage du statut.
Quelque chose que l’on n’a pas vécu, comment peut-on en statuer ?

renato dit: à

hamlet, un mur d’ingénuité c’est un artefact qui ne peut cacher la dramatique outrecuidance de l’intellectuel angoissé par son horizon ontologique et axiologique confronté à un environnement qu’il faut constamment reconstruire et ses paradoxes internes, apparaît cohérente avec les conclusions spécieuses et aberrantes auxquelles parvient le discours désastreusement grotesque relatif à ses expériences amplement médiocres qu’il habille d’un savoir ingénu et d’adresse pragmatique : fantasmes aberrants gouvernés par des règles absurdes ; contresens logico-casuels et spatio-temporels — l’insensé passe à côté de la réalité — ; la banalité comme toile de fond : refuser de qualifier les valeurs formelles qui sont propres à une œuvre sans tenir en compte qu’une œuvre est avant tout un essai sur la forme et ses modes d’occupation de l’espace. Nous avons commencé par décorer les plafonds avec une attention soutenue aux dynamiques de formes, il ne faudrait pas l’oublier ; compte tenu que sans forme pas d’expression, il ne faudrait non plus oublier que en regardant une œuvre nous cherchons à identifier une vérité qu’il y est enfouie.

Vous comprenez hamlet que par cette chaleur je n’aie pas envie d’aller plus loin. Cela dit, je vous invite à réfléchir sur le Romantisme comme catégorie absolue des arts : aussi qu’au fait que ce sont les romantiques qu’entre la fin du XVIIIe et les premières décennies du XIXe ont mis — ou remis — sur la table la liberté comme exigence fondamentale de l’individu — vous ne l’oubliez pas, je suppose — ; au fait qu’en tant que catégorie absolue des arts il se pose comme moment critique entre la pensée classique et la pensée baroque ; et in fine, que comme toutes les catégories absolues des arts il s’est défini aussi par les caractères rhétoriques d’un ensemble des phénomènes sociaux et culturels communs acceptés par des populations diverses — d’une koinè culturelle, en d’autres mots.

http://blogfigures.blogspot.com/2011/03/emmy-hennings-mit-dada-puppe.html

renato dit: à

« Véridique : voulant chercher des informations sur L’idiot de Dostoïevski, je tape « idiot » sur Google. »

Il aurait fallu taper « L’Idiot », car Google va au plus prés de la signification…

christiane dit: à

@Lavande
Valérie Zenatti ? Connaissez-vous ce texte d’elle ?
http://galeriefelli.com/wp-content/uploads/sites/25/2017/10/catalogue-M.PEREZ-BD.pdf
Elle l’a écrit pour un sculpteur dont j’apprécie l’œuvre : Marc Perez.
Je ne l’ai longtemps lue que dans ses traductions des livres d’Aharon Appelfeld. Je lirai cette fiction dédiée par Tal à une amie-ennemie inconnue de Gaza, suite à un attentat à Jérusalem où elle vit. La vie dans la guerre pour des gens qui n’ont pas choisi cette situation.
Elle disait dans un entretien :  » L’écriture est un art qui ne part de rien. Quand on écrit il n’y a aucune matière, tout doit être trouvé à l’intérieur de soi. »
Merci aussi pour les variations du nom du hêtre.

hamlet dit: à

renato dit: 7 août 2018 à 7 h 58 min

merci renato.

x dit: à

Rose 5h 56 Ce n’est pas le « sujet » en soi (ce que ça raconte ou en l’occurrence de qui ça parle) qui est important, c’est ce que l’écrivain en fait ou pas. L’écriture, la composition, la « forme » en effet : comment c’est raconté, mis en mots, en phrases, en paragraphes.
C’est là que réside « l’intérêt » littéraire (et non documentaire).
Tout dépend donc de l’auteur, celui du livre qu’on lit et non de ceux dont le le livre parle (les hommes de lettres comme « personnages ») : on peut faire de très mauvais livres sur des génies. « Parler de » Shakespeare, Kleist ou Flaubert ou V. Woolf ou J. Gracq, que l’on soit ou non leur contemporain, n’apporte aucune garantie, aucun label de qualité.

Les contemporains et trop souvent les biographes nous parlent de l’homme privé. Cela nous renseigne (documente) éventuellement sur l’époque, ses mœurs, ses priorités, ses rituels, ou sur le milieu, mais pas sur l’auteur qui ne se trouve que dans ses œuvres.
Ses œuvres qui n’émanent pas de sa personne ni de sa vie ; ses œuvres telles qu’elles sont écrites, telles qu’elles résultent des choix multiples auxquels il a procédé (point de vue, rythme, lexique, ellipses, focalisation, retours en arrière ou aperçus de ce qui suivra, etc.), telles qu’elles diffèrent de celles des autres.

Cela ne signifie pas que la lecture des Journaux, Souvenirs, Mémoires, etc ne puisse pas être passionnante. Les Goncourt sont captivants, mais tout autant autant lorsqu’ils évoquent d’illustres inconnus que lorsqu’ils nous font voir les grands hommes par le petit bout de la lorgnette.
Mais on ne trouvera pas dans leur Journal la « clef » des artistes dont ils parlent et encore moins de leurs œuvres. Le témoignage ne remplace ni la lecture ni l’analyse 
(il n’a aucune supériorité intrinsèque, et fait souvent preuve d’une certaine myopie ; beaucoup de détails censément révélateurs le sont aussi ou surtout des priorités et des intérêts de celui qui consciemment ou non trie ses souvenirs même immédiats). Il n’y a aucune raison valable sur le plan littéraire de lui accorder le dernier mot même s’il peut apporter, dans le meilleur des cas, un plaisir de lecture en soi.

Phil dit: à

Ce matin pleine page dans LeMonde (« L’été en séries », sic !) sur le jardin aux herbes dans le camp de Dachau, voulu par Himmler. Pour se changer les idées, « La chasse aux nazis » passe en boucle sur Franceculture. La canicule favorise la fixette.

Lavande dit: à

Beau texte effectivement, Christiane.
Valérie Zenatti était venue au Printemps du Livre à Grenoble présenter « Jacob Jacob », l’histoire je crois d’un de ses oncles qui, depuis son Algérie natale, s’est enrôlé dans l’armée française pour venir mourir , à 19 ans, en Alsace. Ce livre a eu le prix du livre inter. C’est celui dont elle parle dans le texte que vous avez mis en lien.
Elle est aussi passée plusieurs fois à la télévision et à la radio au moment de la mort d’Aharon Appelfeld dont elle était la traductrice et l’amie. Il y avait d’ailleurs eu un article dans la RDL:

http://larepubliquedeslivres.com/traduire-le-silence-daharon-appelfeld/

Une belle personne.

closer dit: à

Il n’y a pas de non sujet en littérature Ed…

Juste un « petit rappel » de bon sens comme dirait Court. Statistiquement, quand les parents arrivent à l’âge de leur mort probable, leurs enfants ne sont plus des « ch.iards », mais des adultes indépendants et responsables depuis 20 ou 30 ans! Dans l’immense majorité des cas il y a entre eux des relations d’amour, de confiance, d’entraide, de souvenirs communs…Il existe aussi des conflits familiaux qui font le régal de tant de films et de romans, mais dans la vraie vie ils sont rares, surmontés et l’amour l’emporte presque toujours…

Clopine dit: à

Balade à Giverny, hier : de plus en plus le village de Claude Money…

closer dit: à

Nous sommes partis pour une fixette sur Lecanuet…

50 commentaires de Delaporte à prévoir sur ce personnage que tout le monde a oublié.

closer dit: à

Claude Money? Attention Clopine, Delaporte va vous sortir 100 fois que vous le prenez pour un peintre anglais ou un trader de Wall Street!

Phil dit: à

Dame Clopine est une capitaliss déguisée dans ses plantes vertes, elle pense tout le temps démonétisation

Clopine dit: à

Jazzi, petite rectification : Beauvoir ne parle pas du « plaisir » ou non d’avoir des enfants dans le deuxième sexe : elle essaie juste de différencier les rôles, et de plaider pour qu’on puisse être considéré comme « femme » même si l’on n’est pas « mère ». Cette idée si commune, si parfaitement acceptée aujourd’hui, au moins en apparence(car dans l’inconscient collectif, les vieux schémas ont la peau dure, un peu comme Monsieur Court ici), était scandaleuse…

Lavande dit: à

Jazzi et Ed : lu vos échanges d’hier au soir. Le monde est très divers et c’est très bien comme ça. Heureusement qu’il n’y a pas que des familles nombreuses. Heureusement qu’il n’y a pas que des gens qui ne veulent pas d’enfants. L’un et l’autre cas seraient une catastrophe pour l’humanité d’ailleurs.
Personnellement je pense que ma fille est ce qu’il m’est arrivé de plus merveilleux dans la vie. J’ai aussi des neveux et nièces que j’aime beaucoup, que je vois souvent : c’est un grand bonheur, mais pas tout à fait de la même nature.

Clopine dit: à

Seconde rectification : moi, je n’ai pas oublié Jean Lecanuet, qui fut mon maire…

Les manifs passaient juste sous ses fenêtres (il avait un appartement splendide, à cheval sur deux rues, et à deux pas de la Mairie), et nous l’insultions copieusement à chaque fois, rituellement, en ralentissant le pas. Jamais, pas une seule fois, il ne se montra, et jamais un seul bout des rideaux en dentelle ne frémit même à notre bruyant, militant et dévergondé passage. On s’en fichait, parce que quand même, il nous faisait bien rigoler Lecanuet…

Lavande dit: à

Moi, j’avais un peu oublié Coluche. Merci jean Langoncet !

Clopine dit: à

Closer, 8,50 euros le thé à l’hôtel Baudy.

Lavande dit: à

Phil, il y a plus intéressant dans le Monde: lisez par exemple la série en 6 épisodes « Les guerres de l’eau aux Etats Unis »
au hasard épisode 4/6:
« Pomper l’eau du Colorado pour jouer au golf dans le désert de l’Utah »

Lavande dit: à

Ou bien, ahurissant mais vrai, sur le vol généralisé des ânes du Kenya :
« Les ânes du Kenya menacés par l’insatiable demande chinoise
En Chine, la peau des ânes, transformée en poudre, est parée de vertus pour lutter contre l’anémie, le vieillissement ou le manque de libido. »

D. dit: à

Clopine dit: 7 août 2018 à 10 h 31 min

Closer, 8,50 euros le thé à l’hôtel Baudy.

Pas cher

Lavande dit: à

Clopine 10h31 : vous faites bien de préciser, la raison du MoneY m’avait échappé.

Surveillez bien vos ânes si vous voyez roder des espions chinois.

christiane dit: à

Oui, Lavande une belle personne.
Que de livres à découvrir… Une vie ne suffira pas !

closer dit: à

D a les moyens…

hamlet dit: à

conseil de lecture : « le clan Spinoza » de Maxime Rovere.
Roman historico philosophique, Amsterdam du 17è fait penser à Vienne des années début 20è.

Lavande dit: à

Hamlet: et Irvin Yalom « Le problème Spinoza » ?
passionnant comme beaucoup d’autres I.Yalom ( « Et Nietzsche a pleuré » devrait vous plaire)

Petit Rappel dit: à

C’est oublier un peu vite que si vos parents et les miens avaient adoptés les convictions intéressées et un brin gouinesques de madame de Beauvoir, ni vous ni moi ne serions là, Clopine, pour en parler! Il y a un eugénisme de gauche paré de la bonne conscience des Philaminte, Bélise, et autres Armandes pour lequel , malheureusement, il nous manque un Molière, et pour lequel on se contentera d’une Trouillefou…
MC

Lavande dit: à

Vous oubliez, Petit Rappel, l’existence d’un Clopinou dont la maman est est fière et comblée.

D. dit: à

Et chose assez inouïe, l’inverse est vrai.

D. dit: à

closer dit: 7 août 2018 à 10 h 59 min

D a les moyens…

Ah ça mon bon Closer, je ne suis pas gêné aux entournures. Ce n’est pas compliqué : je ne compte même pas. J’ai presque honte de le dire sachant combien de commentateurs ici côtoient l’indigence. Mais je le dis quand même.

D. dit: à

Grâce à Macron les impôts viennent d’ailleurs de me faire un petit chèque. C’est une délicate attention.

D. dit: à

Je vais pouvoir en boire des thés à l’hôtel.
Je vous dis pas.

closer dit: à

Oui Court, le malthusianisme de gauche est assez bizarre quand on y pense…Il est porté par des gens qui se situent souvent par ailleurs dans une lignée matérialiste, immanentiste, pour qui l’individu doit réaliser pleinement toutes les possibilités que la nature lui offre. La maternité est une de ces possibilités que seule la femme possède et qui est assez inouïe…Je n’en connais pas une seule qui ait regretté l’expérience.

Quand on pense que Passou et les commentateurs de la RdL auraient pu ne pas exister s’il ne s’était pas trouvé de femmes pour les mettre au monde…Vous imaginez la perte pour l’intelligence et la culture!

D. dit: à

Ce serait bien qu’on foute enfin la paix à l’Iran.
Le petit chantage trumpien sur les entreprises « qui feraient commerce avec l’Iran » est inacceptable.

ed dit: à

Bonne sythèse, Lavande.

hamlet dit: à

x dit: 7 août 2018 à 9 h 08 min

que penser alors de cette phrase de Flaubert quand il dit que grâce à son talent il va faire en sorte, en écrivant ses trois contes, que le lecteur s’apitoie et finisse par verser une larme ?

il y a réussi, on ne peut y échapper : qui n’est pas ému aux larmes à la lecture d’un coeur simple ?

peut-être n’était-ce qu’une fanfaronnade ? peut-être lui aussi a-t-il été ému en écrivant l’histoire de Félicité ? Peut-être ment-il à ceux qu’il écrit, par excès de forfanterie ?

Quand bien que non ! peut-être s’est-il amusé comme il l’écrit dans une lettre : « ce sera amusant d’écrire ces trois contes ».

il a mis tellement de temps pour les écrire, tant d’énergie, tellement de talent, qui oserait lui reprocher quoi que ce soit ?

lui reprocher quoi au fait ? de nous mentir ? de nous tromper ? de manquer de sincérité ? de jouer avec notre sensibilité ? de faire comme les journalistes aux infos de 20h qui savent jouer sur les misère du monde pour nous émouvoir afin de disposer au mieux du temps disponible de notre conscience ?

qui ne l’a pas fait ? Hugo ? Austen ? Kleist ? ils le font tous ! la réalité n’est-elle pas en soi un mensonge ? notre conscience ne fonctionne-t-elle pas sur le mode de la tromperie, en faisant en sorte d’utiliser les histoires inscrites dans notre mémoire pour construire nos idées, nos convictions, nos émotions ?

il ne viendra à l’idée de personne de critiquer l’interprète qui nous fait pleurer, de l’avoir vu en train de se marrer avec ses amis juste d’entrer sur scène : c’est bien son boulot !

Platon n’aime pas les artistes pour cette raison, parce qu’ils nous trompent, mais lui aussi nous trompe en nous faisant croire qu’il serait capable de nous extraire de la caverne : il l’a écrit il y a trois mille et depuis pas un seul homme n’est sorti de sa caverne !
N’est-ce pas là encore que fanfaronnade ? de tous les fanfarons qui ont vécu sur cette terre Socrate n’est-il pas le plus grand d’entre eux ?

Non, hier ça m’agaçait de ne voir personne ici réagir à cette phrase de Flaubert, aujourd’hui je comprends que vous aviez raison, tout est bien ainsi.

ed dit: à

closer,

non sujet dans le sens où certains personnages n’ont pas d’enfants, c’est un fait, mais ce n’est pas un thème du roman.

« conflits familiaux qui font le régal de tant de films et de romans, mais dans la vraie vie ils sont rares, surmontés et l’amour l’emporte presque toujours »

Vous plaisantez, j’espère ? Un seul mot : héritage.

ed dit: à

« Je n’en connais pas une seule qui ait regretté l’expérience »

Ne jamais croire ce que les gens disent, mais les observer. Sans aller jusqu’à dire que des mères regrettent l’expérience, je pense que beaucoup se sentent emprisonnées par ce rôle si prenant. Ex : mes soeurs, deux hystériques qui ne sont pas faites pour être mères. Miracle sans doute bien poussé par mes beaux frères : mes nièces sont des êtres délicieux. Mais j’évite de trop parler d’elles, sinon je deviens encore plus « gaga » qu’avec mes chattounes^^

Anna Fort dit: à

Petit Rappel à 11:25… le p’tit Court n’a décidément pas changé, toujours à s’en prendre à une de ses cibles féministes favorite, la délicieuse Clopine qui vaut bien mieux qu’un « renifleur de soutane », comme le souligne fort justement William Legrand

ed dit: à

 » malthusianisme de gauche  »

Attention à ne pas plaquer vos connaissances pour faire bien, alors que le sujet n’a rien à voir. Le malthusianisme est une doctrine bien spécifique qui n’a rien à voir avec cette revendication moderne des gens comme moi.

ed dit: à

« C’est oublier un peu vite que si vos parents et les miens avaient adoptés les convictions intéressées et un brin gouinesques de madame de Beauvoir, ni vous ni moi ne serions là,  »

C’est un peu nul comme remarque, non ? Si nous n’existions pas, nous n’en aurions rien à f.outre, par définition.

ed dit: à

« pour qu’on puisse être considéré comme « femme » même si l’on n’est pas « mère ». Cette idée si commune, si parfaitement acceptée aujourd’hui »

Vous êtes bien optimiste. Pour beaucoup, peut-être même la majorité, une femme sans maternité est une femme incomplète. En revanche, je n’ai pas le souvenir qu’elle développe cette idée dans le tome I. Pourtant je l’ai lu et chroniqué cette année.

hamlet dit: à

Lavande dit: 7 août 2018 à 11 h 08 min

merci Lavande, oui j’ai bien aimé le Nietzsche, le Spinoza aussi.

le clan Spinoza est bien, il a les qualités du bon roman historique telles que décrites par passou : il nous fait entrer dans cette époque, la voir et comprendre l’incroyable effervescence qui y régnait, Spinoza n’était pas seul (d’où le titre) il a été porté par l’effervescence de cette ville, comme les auteurs viennois l’ont été par Vienne, avec en plus une belle lecture philosophique de Spinoza.

hamlet dit: à

époque qui réussit même à nous faire considéré comme « mère » même si on est pas « femme ».

christiane dit: à

A propos du livre évoqué par le billet de Passou, un ami, excellent critique littéraire me confiait ce matin :  » A ce propos (…) le roman dont nous entretient P. Assouline ne vaut pas grand chose. Il y bien quelques finesses certes mais enfin le fameux : pourquoi? Pourquoi donc Kleist a-t-il commis cet acte monstrueux est la vraie question de l’affaire, ce « pourquoi » n’est jamais vraiment abordé. Le roman se perd dans les détails concrets de l’acte lui-même, psychologie à la troisième personne de type américain, mais rien n’est dit en vérité. C’est un roman pour faire le malin avec la mort brutale d’un génie. Voilà le genre de chose que je ne pourrais dire sur le blog de P.A, ça me gêne. Je sais trop la peine qu’il y a à élaborer un roman, je ne veux pas le froisser comme si ce n’était rien. Je serais avec les auteurs médiocres un très méchant critique littéraire. Je m’intéresse aux grandes œuvres ça vaut le coup d’y passer du temps mais les petites choses insignifiantes comme ce roman je le lis distraitement à toute vitesse, juste pour savoir, parce que Kleist m’intéresse, mais bon… ».
L’avis de cet ami m’intéresse.

Jazzi dit: à

Et bien, Christiane, via l’avis autorisé d’un critique ami, qui n’est pas Paul Edel,, tu te livres à une exécution carabinée du billet de Passou, sur lequel, plus discrètement, nous faisons silence, parlant essentiellement de tout autre chose (moi, le premier avec Aragon) !

Jazzi dit: à

Ah, que les femmes (délit caractérisé de généralisation à outrance) sont incompréhensibles !
Tenez, prenons le cas de rose, qui, si j’ai bien compris, nous fait le coup, aujourd’hui, du contre sainte Beuve. A savoir que les détails biographiques des écrivains ne nous apprennent rien, seule compte l’oeuvre. Exit le Journal des Goncourt et autres mémoires, portraits ou souvenirs littéraires. Cette même rose qui nous a maintes fois abreuvé ici des amours de Saint-Exupéry et de sa Consuelo, du rapport amour-haine entre Romain Gary et sa terrible mère, des exploits du Saint-Ex aviateur ou des aventures maritimes et terrestres de Joseph Kessel, pour ne m’en tenir qu’à ses auteurs préférés. Et la voilà qui s’attarde maintenant sur les infidélités de Camus, enterré auprès de sa femme légitime, ou la fin misérable (je n’emploierait pas de terme) de Sartre et Beauvoir ! Contradiction ou mauvaise foi ?

closer dit: à

Ed, j’employais le terme « malthusianisme » dans le sens que lui donne le langage courant de refus d’avoir des enfants…il me paraît plus exact que « eugénisme » utilisé par Court et qui est inapproprié ici.

« Un seul mot : héritage. »…

Vous êtes plus caricatural que moi dans l’autre sens. D’ailleurs souvent il n’y a pas d’héritage, ou si peu, ou que des dettes. On ne laisse pas crever ses parents comme des chiens pour autant. Evidemment il y a des exceptions, des cas pathologiques, criminels, il y en aura toujours.

Jazzi dit: à

« On ne laisse pas crever ses parents comme des chiens pour autant. »

La tendance actuelle est de les expédier dans des maisons de retraite ou en EHPAD, closer !

closer dit: à

Rose n’est pas forcément contradictoire Baroze. On peut très bien penser que l’œuvre ne doit rien à la biographie et « en même temps » (comme dit le pote de Benalla) s’intéresser à la personne de l’écrivain en tant que personne. Franchement qui n’a pas envie de connaître l’individu derrière l’écrivain que l’on a lu avec passion? Surtout si sa biographie est romanesque comme celle de Kessel, de Gary ou de Saint Exupéry.

closer dit: à

Ouais mais l’EPHAD ça coûte très cher mon pote! Si en plus l’héritage est à zéro, il en faut de l’abnégation!

rose dit: à

jazzi
j’y pensais juste à l’ instant.
x m’ a comprise ; merci x, reviendrai vers vous ensuite.
jazzi
écrire- cela l’a été Le journal des Goncoury est orduriet, c génial, non.
Rien de ce qui est ordurier n’ est nécessaire.
Je suis prise moi aussi par tout savoir de.
Et de Kessel, Gary, et Duras ai lu ttes les biographies, écrits sur, etc.
Que me reste-t’ il ?
Leurs textes.
Pas le reste.

Ce qui compte jazzi c’ est ce qui imprègne la mémoire. Pas les détails.

rose dit: à

closer et x me comprennent bien
+2

gaffe à ne pas t’ attacher, rose 😕😩

x dit: à

@ Ed et Closer 9h 50  :
« En avoir ou pas » (des enfants) cela peut évidemment constituer un thème au même titre que beaucoup d’autres dilemmes humains et être traité de différentes façons, frontale ou très oblique (je pense, parce que cela me vient, à Un été de V. Almendros), dans différents genres littéraires (de l’enquête quasi-policière au fantastique en passant par l’autofiction).
On peut y trouver matière à comédie (plus ou moins noire) ou en faire le sujet d’un drame ou d’une sorte de tragédie.
The Fifth Child de Doris Lessing entrerait probablement dans plusieurs de ces cases.

La satire a trouvé et continuera à trouver son aliment dans l’orgueil ou la vanité ou les ridicules, aussi bien ceux de personnages pourvus de progéniture que ceux des « childless » ou des DINKs (double income no kids) ou des prophètes de la décroissance de la population.
Plus les uns ou les autres sont militants, plus ils sont convaincus d’avoir raison, plus ils cherchent à convertir les autres, plus ils vivent leur propre situation comme un mérite extraordinaire, une supériorité sur tous ces imbéciles qui ne partagent pas leur vision du monde et plus ils sont à la fois drôles (à lire) et consternants (à subir, que ce soit dans les dîners, de famille ou en ville, ou sur les blogs).

Ce sont leurs (mauvaises) manières, leur sans-gêne, leur naïve arrogance qui sont raillés bien davantage que leur cause.
C’est aussi le décalage intéressé entre la hauteur des vues affichées, la noblesse des justifications invoquées et des motivations tout autres qui déterminent les personnages à leur insu que le roman donne à voir.

À moins que l’on ne soit dans un mauvais roman à thèse où tous les « gentils », les brillants, les personnages mis en valeur et présentés sous une lumière favorable n’appartiennent au même « parti », qui se trouve correspondre aux opinions de l’auteur « en civil », dans la vraie vie. Et que les ridicules y soient évidemment confinés aux « adversaires ».

rose dit: à

je le comprends x que cette lecture puisse être passionnante, sans doute pour comprendre une époque.
Ce serait comme admirer, pensif, les pinceaux et la palette d’ un peintre aimé.

closer dit: à

« Ah, que les femmes (délit caractérisé de généralisation à outrance) sont incompréhensibles ! »

J’espère que tu es bien conscient du risque que tu prenais en commettant le crime « d’essentialisme » Barozzi? (en fait c’est vrai qu’elles « souvent » (le souvent de précaution que l’on trouve généralement dans les textes épiscopaux ou vaticanesques) incompréhensibles…).

closer dit: à

écrit trop vite comme d’hab…

(en fait c’est vrai qu’elles sont « souvent » (le « souvent » de précaution que l’on trouve généralement dans les textes épiscopaux ou vaticanesques) incompréhensibles…).

Jazzi dit: à

« Surtout si sa biographie est romanesque comme celle de Kessel, de Gary ou de Saint Exupéry. »

Le problème, closer, c’est que de leurs oeuvres, rose, probablement perdues dans les détails, ne nous en parle jamais. J’aurais bien aimé quelle m’explique l’originalité, la singularité, la force du fond et de la forme mises en oeuvre dans Le Petit Prince, par exemple !
Je ne vois rien d’ordurier dans le Journal des Goncourt ou la correspondance de Flaubert. C’est un argument de dames patronnesses !

closer dit: à

Mais c’est aussi ce qui fait leur charme irrésistible dont tu as tord de te priver…

closer dit: à

« Le problème, closer, c’est que de leurs oeuvres, rose, probablement perdues dans les détails, ne nous en parle jamais. »

Tu veux que Rose remette son costume de prof Annibal? Elle n’en a peut-être pas envie…

Chaloux dit: à

« A Lyon, (…) ma modeste mission régionaliste de balader le couple encombrant trouva l’aide d’un vigoureux tremplin dans la passion qui tenaillait Aragon de lire ses poèmes à haute voix devant un public qui pouvait aller de trois personnes à trois cents, tant il franchissait vite le seuil à partir duquel se déchaînait sa fureur de se faire écouter. J’avais obtenu l’affectation d’un petit salon de la préfecture pour qu’il y tînt séance. Sa manière de lire à haute voix, dès la première fois que je l’entendis, me cloua sur place. Depuis les hilarantes imitations par le rapin ami de mon père, Louis Audibert, de Mounet-Sully, parangon du vieux style pompier de la Comédie-Française, dans le monologue de don Diègue du Cid, je n’avais jamais entendu réciter des vers avec une diction aussi emphatique, aussi ampoulée, aussi grandiloquente, avec ce pathos de tremblotements racoleurs dans la voix. Comment expliquer un tel académisme, chez un écrivain qui, avant ses abjections staliniennes, avait, malgré tout, contribué dans sa jeunesse à la révolution surréaliste ? (…) Puis en écoutant mieux, je m’aperçus qu’en vérité son enflure vocale de cabot mélodramatique convenait à la nature profonde de ses poèmes. Ceux dont il nous gratifiait provenaient tous soit du Cantique à Elsa (…) -matière obligatoire du programme- soit du Crève-Cœur(…). La façon de les dire de l’auteur lui-même en faisait éclater la flagrante nature de vers de mirliton. »
Jean-François Revel, Mémoires, collection Bouquins, p. 138-139.

rose dit: à

alors c’est qqu’ un hier qui a écrit le mot ordurier.
cépamoi.
deux je ne parle jamais de ce/ ceux que j’ aime.
tout ce qui m’ est précieux est cerné de hauts murs de silence et d’ intimité.
Rien de public.
Idem pour les grands fleuves.
Idem pour les indiens d’ Amérique.

Jazzi dit: à

Mais non, pas prof, seulement sa panoplie de lectrice passionnée, comme nous tous, et où excelle Clopine, par exemple.

closer dit: à

« Je ne vois rien d’ordurier dans le Journal des Goncourt »

Appelons cela « ordurier » ou autrement Annibal, mais il faut reconnaître que la focalisation obsessionnelle sur le sexe que montrent les passages cités par Pablo (je crois) est un peu fatigante. Ce que je soupçonne cependant, c’est que, de même que Saint Simon est souvent caricaturé par la sélection des endroits les plus méchants et les plus mesquins de ses Mémoires, Pablo cite peut-être les Goncourt de façon biaisée pour aguicher le chaland friand de commérages en dessous de la ceinture…

rose dit: à

Non. je suis profondément prof. je réalise soudain que j’ai procédé par la tentation.
ne tiens pas à convaincre ; ni à entraîner. Encore moins à dominer. Tenter je veux bien. Après, chacun est libre de ses choix et axé sur sa problématique, celle qui le concerne.
Suis plus groupie que chef de file. Et leader, non.

Chaloux dit: à

Les Goncourt sont or.duriers en ce qu’ils manient l’or.dure et sont fascinés par elle. Il suffit de lire Germinie Lacerteux pour s’en apercevoir. C’est leur principal registre, dont Huysmans a hérité en grande partie, quoique sur un mode un peu décalé (nourritures immangeables, corps vieillissant de la femme, crasse ménagère etc.). Effectivement, on prend ou on ne prend pas. Mais ce sont deux grands écrivains -insupportables sous bien des aspects, c’est à dire en un sens absolument de leur siècle-, largement sous-estimés, mais curieusement abondamment réédités.

ed dit: à

« DINKs (double income no kids) »
J’ai lu DRINKS- C’est bientôt l’heure de la bière, pas encore hein (kein Bier vor vier).

x dit: à

hamlet 7 août 2018 à 11 h 59 min
Pas certain que j’aie bien compris la question, mais je vais essayer de répondre.

Il me semble que vous soulevez (entre autres) les problèmes
— du poids à accorder aux INTENTIONS de l’auteur (avant ou pendant l’écriture de l’œuvre)
et
— de son « autorité » sur l’interprétation de son œuvre achevée, publiée et désormais séparée de lui (à moins qu’il ne soit mort à la tâche et n’ait pas eu le temps de voir cela, du moins pas dans son intégralité).

(Problèmes qui ne se posent d’ailleurs pas toujours et en tous lieux : auteurs collectifs et/ou inconnus, absence d’archives, de correspondance, de témoignages)

Sans être freudien à tous crins, on n’a tout de même plus aujourd’hui la même notion de la supposée transparence du moi, de la capacité à identifier ses propres motivations, etc. Un auteur est sur ce plan un humain comme un autre.

En revanche, autre problème soulevé me semble-t-il, rien de choquant ou de cynique à ce qu’un auteur ait une bonne connaissance des moyens littéraires à sa disposition (ses outils), qu’il utilise des « effets ».
Après, il y a bien l’équivalent de « la morale du travelling » au cinéma. Mais Un Cœur simple n’est pas un mélo.

rose dit: à

Et puis ici comme Ed l’a dit hier apprécie surtout la relation égalitaire entre les bloggeurs. Ni chefs. Ni sous chefs.

Jazzi dit: à

Dès les années 1960, Chaloux, 200 poèmes d’Aragon et plus de 2 millions de disques vendus ! C’est plus que la vente de tous ses livres, pourtant massivement diffusés, sinon lus, grâce à son génie stratégique, dans les pays du bloc communiste !

Chaloux dit: à

Oui, Jazzi, un bon parolier. Mais entre le bon parolier et le poète, il y a plusieurs océans.

Pat V dit: à

Ce serait comme admirer, pensif, les pinceaux et la palette d’ un peintre aimé.

Fais-le bouger, intimait une compagne très aimante à son artiste partenaire! 😉

Jazzi dit: à

La biographie de Philippe Forest s’attache autant à l’homme qu’à l’écrivain Aragon. Chacun de ses livres, en prose ou en vers, est examiné dans l’ordre chronologique. Seule manière de cerner au plus près cet homme complexe, tout entier contenu dans son oeuvre, qui écrivit, en manière de défit à ses futurs biographes :

« Il y a là un jeu sérieux,
qu’on aura peut-être un jour l’idée d’examiner de près,
pour mesurer la marge qui existe entre le réel et l’inventé.
Le travail du romancier gomme pour ainsi dire cette marge,
afin de ne laisser qu’une image détachée de lui ou de ses modèles, de ses pilotis.
Une image nette, un trait précis. »

closer dit: à

Petit x a une manière qui fait penser à DHH: éclairée, pondérée, pédagogue, sans agressivité…Qui donc est petit x?

Paul Edel dit: à

C’est toujours intéressant de lire les remarques des lecteurs allemands d’aujourd’hui sur » Amazon de », quand ils lisent Kleist (même s’ils sont fascinés par ce personnage torturé et suicidaire)On constate donc qu’ ils sont souvent déconcertés, voire choqués , quand ils y reviennent (après leurs souvenirs de lycée) par une langue allemande brusque, hachée, tordue sur elle-même , elliptique, et aussi de trouver sans cesse chez les héros tant de torrents de larmes rousseauistes , des étreintes imprévisibles, des gestes grandiloquents,de zones obscures de comportment, avec le lancinant thème de la Faute qui revient dans cesse ,de »la marquise d’O » au « prince de Hombourg » ou à cette émouvante soumise « Catherine de Heilbronn.. ». Aujourd’hui, beaucoup de lecteurs ne comprennent pas le débat moral d’éppque si perturbant et insoluble de Kleist , entre les élans du cœur et les lois morales implacables du « Devoir », ce qui est chez lui le service patriotique du prussien noble. On a du mal à comprendre qu’il reste vraiment effondré devant les victoires de Napoléon.. Le conflit du devoir et de la passion ne se comprend plus bien aujourd’hui dans toute sa profondeur tragique car lui il a trainé tout seul toute sa jeunesse de garnisons en casernes, séparé de sa famille .. enfin, si on lit ses lettres, ce prussien si marqué par un moralisme fanatique et se rêvant rousseauiste , se révèle surtout un amoureux tyrannique qui ne demande à la femme que soumission totale et surtout acceptant sans jamais rechigner l’Education qu’il lui dispense sans jamais l’écouter ;il faut dire que c’est le dada, le travers de l’époque(voir Stendhal qui donne sans cesse des leçons de morale à sa sœur..) Au fond il a tout pour ne pas être compris de notre époque. Je me demande si le livre de Patrick Fort dont parle Assouline, aborde cette question.Enfin, que Kleist ait passé, dans les milieux littéraires ,de son vivant, pour un raté à demi cinglé,voulant rivaliser avec Goethe.. c’est attesté par les documents de l’époque.

Jazzi dit: à

Afin de devenir des chansons, les poèmes d’Aragon ont été légèrement remaniés par leurs compositeurs interprètes, notamment Ferré, avec l’adjonction systématique d’un refrain. Mais l’esprit y est toujours.

« Le crève-coeur », publié au début de l’Occupation allemande, est l’un des plus remarquables recueil de poèmes de résistance. Mieux qu’Eluard à mon avis. Exemple de celui-ci, écrit dans la débâcle de 1940 :

LES LILAS ET LES ROSES

O mois des floraisons mois des métamorphoses
Mai qui fut sans nuage et Juin poignardé
Je n’oublierai jamais les lilas ni les roses
Ni ceux que le printemps dans les plis a gardés

Je n’oublierai jamais l’illusion tragique
Le cortège les cris la foule et le soleil
Les chars chargés d’amour les dons de la Belgique
L’air qui tremble et la route à ce bourdon d’abeilles
Le triomphe imprudent qui prime la querelle
Le sang que préfigure en carmin le baiser
Et ceux qui vont mourir debout dans les tourelles
Entourés de lilas par un peuple grisé

Je n’oublierai jamais les jardins de la France
Semblables aux missels des siècles disparus
Ni le trouble des soirs l’énigme du silence
Les roses tout le long du chemin parcouru

Le démenti des fleurs au vent de la panique
Aux soldats qui passaient sur l’aile de la peur
Aux vélos délirants aux canons ironiques
Au pitoyable accoutrement des faux campeurs

Mais je ne sais pourquoi ce tourbillon d’images
Me ramène toujours au même point d’arrêt
A Sainte-Marthe Un général De noirs ramages
Une villa normande au bord de la forêt
Tout se tait L’ennemi dans l’ombre se repose
On nous a dit ce soir que Paris s’est rendu
Je n’oublierai jamais les lilas ni les roses
Et ni les deux amours que nous avons perdus

Bouquets du premier jour lilas lilas des Flandres
Douceur de l’ombre dont la mort farde les joues
Et vous bouquets de la retraite roses tendres
Couleur de l’incendie au loin roses d’Anjou

Chaloux dit: à

Dans le livre de Revel, une page sur le critique Saint Philippe Lançon qui ne le grandit pas.

Chaloux dit: à

Jazzi, indiscutablement, tu es friand de la ration du légionnaire. C’est bien ton droit.

Ton biographe évoque-t-il le Brasillach ou moi à Claude Roy? Pas de la rose ni du lilas.

Chaloux dit: à

Revel évoque aussi l’assassinat du banquier Worms, père de Roger Stéphane, suite à un article de Maurras. Avec une excellente page sur la responsabilité pénale que doit entraîner l’appel au meur.tre.

hamlet dit: à

x dit: 7 août 2018 à 13 h 56 min

merci x, oui cela répond bien à ma question.

bizarre, je ne vous connais pas, pourtant j’ai l’impression d’avoir déjà eu cette discussion avec vous, peut-être dans une autre vie.

hamlet dit: à

Jazzi dit: 7 août 2018 à 14 h 23 min

très beau, dommage qu’ils n’utilisaient pas des poèmes à la place des obus, en plus faire moins de morts nous aurions peut-être gagné la guerre.

Jazzi dit: à

« Qui donc est petit x ? »

J’ai indiqué une piste, qui n’a pas été infirmée (ni confirmée) par x, closer. Qui ne dit mot…

Pablo75 dit: à

@ Jazzi & Closer

Je crois que Rose a tout simplement de gros problèmes avec « la masculinité ». Son opinion sur les hommes qui ne comprennent rien aux besoins des femmes, le machisme, les femmes et la pornographie, les hommes à femmes (dont Camus – et tant d’autres grands créateurs, d’ailleurs) ou les Journaux intimes en général et celui des Goncourt en particulier, montrent qu’elle a de gros problèmes avec « le mâle ».

Malgré son langage d’autiste, son style mallarméen, ses messages codés, on sent une misandrie inguérissable en elle.

Jazzi dit: à

Mais nous l’avons gagnée, hamlet !

Bételgeuse dit: à

Pablo, les connait elle trop ? Le plus simple encore à mon avis est de réserver un carré dans son potager pour cultiver la misanthropie avec partout autour des légumes, des fleurs et le reste en verger pour les quatres saisons. Les pommes de conservent bien sûr des clayettes et du reste, on peut faire des conserves.

Pablo75 dit: à

@ closer

« il faut reconnaître que la focalisation obsessionnelle sur le sexe que montrent les passages cités par Pablo (je crois) est un peu fatigante. »

On voit que tu n’as pas lu le Journal des Goncourt. À ton avis, pourquoi il a été publié expurgé? Parce que trop long et ennuyeux?

On voit que tu n’as pas lu leur Journal et que tu ne connais rien sur eux, comme Chaloux te le montre…

de nota dit: à

Dans le livre de Revel, une page sur le critique Saint Philippe Lançon qui ne le grandit pas

Chaloux, je viens de lire cette « page » le comportement de Lançon est sans conteste plutôt méprisable. Que Revel rapporte cet épisode, pourquoi pas, mais qu’il écrive « mais les choses que je ne saurais pardonner à ce nain du journalisme » gâche un peu, à mon sens, la légitime colère de Revel, colère qui s’est transformée en rancœur, visiblement…

Delaporte dit: à

« 50 commentaires de Delaporte à prévoir sur ce personnage que tout le monde a oublié. »

Lecanuet n’est pas un personnage (un clown) bien inspirant. Cela n’empêche qu’il faut le dénoncer comme politicien exécrable et ridicule. Je vais plutôt parler d’individualités positives, remarquables, qui ont apporté quelque chose à l’humanité, dans ces temps sombres que nous traversons. C’est vrai q’une Ulrike Meinhof nous manque, et ce n’est pas une « fixette » de ma part. Je dénonce par exemple qu’aux Editions des femmes, on ne dispose plus de ses livres militants. C’est évidemment scandaleux, mais on pourra toujours se rattraper avec le Cathéchisme de l’Eglise Catholique, qui vient récemment d’être complété, par le Saint-Père lui-même, d’une disposition essentielle défendant l’abolition de la peine de mort. En attendant l’abolition légale du travail, qui, j’en suis sûr, surviendra un jour dans nos démocraties malades du surmenage et de l’affairement.

Delaporte dit: à

« Dans le livre de Revel, une page sur le critique Saint Philippe Lançon qui ne le grandit pas »

J’avais lu cette page de Revel et l’avais bien appréciée. Je n’y avais trouvé aucune amertume, mais de la bonne vivacité d’écrivain-journaliste. Cela m’avait donné envie de poursuivre ma lecture (amusante, sans plus), mais je n’ai pas encore eu l’occasion de lire en entier ces Mémoires de Revel.

Chaloux dit: à

de Nota, je comprends votre réaction, mais je peux aussi comprendre celle de Revel, sans pour autant la justifier dans chacun des termes dont elle use. C’est tout le problème délicat de la lecture, ou du moins de certaines lectures. Reste le coup d’œil de Jean-François Revel sur son temps.

clopine dit: à

Ed, j’ai le deuxième sexe en deux tomes, une vieille collection « idées Gallimard » ; d’abord, merci, vous me les avez fait rouvrir, et ils tiennent encore le coup, bonne surprise.

Ensuite, le problème de la maternité fait l’objet d’un chapitre entier : quatrième section « formation », première partie « situation » , chapitre II : la mère. (p. 134 du tome 2).

« que l’enfant soit la fin suprême de la femme, c’est là une affirmation qui a tout juste la valeur d’un slogan publicitaire » (P.197)

(tout le chapitre est passionnant !)

hamlet dit: à

Aragon ? Sur l’autoroute A43, en direction de Chambéry, il y a un parking juste avant le tunnel de l’Epine, parfois je m’y arrêtais, sortais de la voiture pour regarder le lac, au pied de la montagne. Après cette aire il y a un tunnel, un long tunnel. Un jour j’écoutais une émission, sur France Culture. Deux auteurs, des intellectuels de haut rang, parlaient d’Aragon, ils n’étaient pas d’accord entre eux, l’un parlait du dandy, l’autre de l’homme engagé, l’un s’énervait, posture que tout cela, jetait-il à l’autre d’une voix agacée, ils étaient à deux doigts de s’insulter. Je jubilais dans ma voiture, j’aime entendre les intellectuels de haut rang s’insulter, pour moi c’est ça la culture, la vraie culture, la culture vivante, quand des intellectuels de haut rang s’énervent au point de s’insulter.
Je n’avais presque rien lu d’Aragon, à part bien sûr dans les chansons, Brassens, Ferré et les autres, sinon je n’avais jamais vraiment lu Aragon, je pensais ne jamais le lire, cela ne m’intéressait pas trop de lire Aragon, je préférais mille fois entendre ces intellectuels de haut rang s’insulter à son sujet, cela le rendait plus vivant à mes yeux, plus vivant que lire ses livres, mais ce n’était peut-être pas la véritable raison, à vrai dire je n’étais pas sûr de connaître la véritable raison, du moins le pensais-je.
« Un point sur lequel nous serons d’accord » dit l’un des intellectuels de haut rang à l’autre intellectuel de haut rang, sans doute dans un souci de réconciliation pensais-je, « un point qui nous réconciliera sans doute » ajouta l’intellectuel de haut rang, confirmant ce que je pensais avant qui le dise, son but étant au final bien de se réconcilier avec son confrère, car dans ces émissions les intellectuels de haut rang finissent toujours pas se réconcilier, j’avoue que j’étais toutefois un peu déçu par cette réconciliation, « s’il ne fallait retenir qu’une chose de cet immense auteur » ajouta l’intellectuel de haut rang dans le but de se réconcilier avec son confrère, « c’est son incroyable… » et là rideau, silence radio, à cause de ce maudit tunnel de l’Epine, 3200 mètres de long, vitesse limitée à 90 km/h, soit 1,5 km à la minute, soit un peu plus de deux minutes pour le traverser, j’ai eu beau accéléré, pour sortir plus vite de ce satané tunnel, en plus il y a un radar, caché dans un recoin, mon patron de l’époque était très clair à ce propos, les contraventions, les retraits de permis… je venais juste d’être embauché, je ne voulais pas perdre ce boulot, ni ma voiture d’entreprise, une petite voiture deux places, le matériel professionnel est bien rangé, à l’arrière, deux minutes où la radio émettait d’insupportables sons parasites, des sifflements, des couinements, puis c’est la sortie du tunnel, les voix sont à nouveau claires, à présent nos deux intellectuels de haut rang se congratulent, l’émission était finie, ils se remerciaient tous d’y avoir participé.
Ma foi, c’était il y a longtemps, bien avant l’invention des trucs genre « podcasts », impossible de réentendre cette émission, j’étais condamné à ne jmais connaïtre cette chose importante à savoir sur Aragon, la seule qu’il fallait retenir sur cet auteur s’il fallait n’en retenir qu’une, pour réconcilier deux intellectuels de haut rang à deux doigts de s’insulter. J’ai toujours été pleinement conscient de cette faille personnelle au sujet d’Aragon, ce point faible, désormais Aragon n’est plus pour moi un auteur comme les autres, il restera mon talon d’Achille, à cause de ce foutu tunnel de 3200 mètres de long, parce que je n’ai pas eu la présence d’esprit de m’arrêter en urgence sur cette aire de repos. Après cette journée mémorable, à chaque fois que je prenais cette autoroute je m’arrêtais toujours sur cette aire, comme pour conjurer le sort, cette malédiction d’Aragon.
J’ai continué de faire souvent ce voyage, pour rentrer chez moi, je vivais près de Chambéry, à chaque fois je prenais soin de m’arrêter sur cette aire de repos, même quand on ne parlait pas d’Aragon à la radio, je sortais de la voiture, faisais quelques pas, m’approchais de la rambarde en bois, un petit balcon en bois vernis, une lasure marron foncé, pour résister aux intempéries, avec une terrasse faite du même bois, comme les balcons des chalets savoyards, là il s’agissait du balcon seul, un balcon sans le chalet qui va avec, normalement, et je contemplais le lac d’Aiguebelette en pensant à Aragon.

Pablo75 dit: à

@ Chaloux

J.F. Revel est un excellent pamphlétaire. Il aurait pu être un grand écrivain s’il ne s’était pas égaré dans le journalisme, la politique et la gastronomie. Je garde un excellent souvenir de ses livres sur Proust et contre les philosophes et les dévots. Et de bien d’autres articles littéraires. J’ai ses Mémoires – que tu me donnes envie de lire maintenant – (et d’autres livres de lui), mais « perdus de vue » dans ma bibliothèque bordélique.

Chaloux dit: à

Patrice Quéréel avec qui j’ai souvent échangé lorsque j’habitais Rouen, a écrit un livre très documenté sur le massacre de cette belle ville, notamment par Lecanuet -moins que la guerre, cela va sans dire- qui, en dehors de ce fief dont il était le tout-puissant seigneur, faisait plutôt figure de personnage comique, si je me souviens bien.

Delaporte dit: à

Sur le site des Editions des femmes, Ulrike Meinhof est notée comme l’un de leurs auteurs. Un seul livre figure en référence, mais n’est plus disponible depuis longtemps, malheureusement. Voici la notice à propos de Meinhof :

« Journaliste, Ulrike Meinhof (1934-1976) rejoint à la fin des années 1960, la Fraction armée rouge dont elle devient rapidement la tête pensante. Elle participe à la libération d’Andreas Baader en 1970 ainsi qu’à plusieurs attentats en Allemagne, dont celui de la destruction de l’ordinateur américain chargé de programmer les bombardements au Vietnam. Elle est arrêtée le 15 juin 1972 à la suite d’une dénonciation et condamnée à huit ans de prison le 29 novembre 1974. Elle sera retrouvée pendue dans sa cellule. »

closer dit: à

Non je n’ai pas lu leur Journal, ni rien d’autre d’eux. Je n’en connais que les citations et les commentaires que l’on trouve partout…

Chaloux dit: à

Pablo, la lecture des Mémoires de Revel est un baume. Par-delà un coup d’œil unique et d’une extrême pertinence sur les évènements et les personnages, il y a un bon sens qui n’est pas la caractéristique principale des temps que nous traversons.

Jacques R. dit: à

Le commentaire très éclairant de Paul Edel souligne la difficulté qu’ont les Allemands d’aujourd’hui à comprendre Kleist. Que dire alors des Français, dont la connaissance du personnage et de son oeuvre est des plus limitées ? Au fond, nous ne le connaissons que par deux ou trois titres de son théâtre. Ce qu’il nous faudrait, ce serait une biographie solide, qui éclairerait le personnage par la connaissance de son temps. L’approche que nous avons de lui est peut-être beaucoup plus … romantique qu’il ne conviendrait.

Delaporte dit: à

Un Revel avait ses limites, mais c’était un esprit joyeux (il était d’ailleurs complètement alcoolique, comme il l’avoue lui-même dans un autre passage de ses Mémoires que j’ai lu dans la revue Commentaire, je crois). C’était un écrivain-journaliste à rapprocher de Bernard Frank, d’ailleurs ils se connaissaient, et tous deux ont en commun d’avoir épuisé leurs vies dans la bonne chère et la littérature facile. C’étaient des jouisseurs, adeptes des nourritures terrestres, et cela se voyait dans ce qu’ils écrivaient, et aussi dans leur manque d’ambition. Il y a avait chez eux une sorte de sagesse épicurienne, qu’il était bien agréable de retrouver de temps en temps, pour se détendre à la lecture d’un article ou d’une chronique qui revenait chaque semaine, et qui illuminait un peu cette presse putride de l’époque d’un halo nostalgique.

closer dit: à

Deux Revel, « Pourquoi des philosophes? » et « La cabale des dévots », deux bouffées d’oxygène dans l’atmosphère irrespirable des années 50/60… Et ça n’allait pas s’arranger ensuite!

Chaloux dit: à

Tout à coup, je me sens saisi d’effroi, imaginant l’été du pauvre Blabla, contraint de passer cet été maudit sans poster une seule sottise, une seul mensonge, une seule insulte. Si j’en ai le temps, avant de repartir, je lui monterai un filet garni de bonnes petites choses à se tortorer que je déposerai délicatement devant sa porte.

Delaporte dit: à

Il est vrai qu’en politique, le credo de Revel était : « Les Américains ont toujours raison ! » Revel avait des opinions toutes faites sur la politique, c’est d’ailleurs ce qui plaisait à ses lecteurs. Sa paresse intellectuelle était fulgurante. Heureusement, il aimait la littérature et en parlait mieux.

Pablo75 dit: à

@ Chaloux

Revel avait le bon sens à toute épreuve et le sérieux du Capricorne ascendant Capricorne qu’il était, avec le côté « méchant » et lucide du Scorpion (il avait Mars et Saturne dans ce signe).

Et comme beaucoup de journalistes et d’écrivains, la Lune en Gémeaux (curiosité intellectuelle, goût pour la littérature).

Jacques R. dit: à

Deux Revel, « Pourquoi des philosophes? » et « La cabale des dévots », deux bouffées d’oxygène dans l’atmosphère irrespirable des années 50/60…

Qu’est-ce que l’atmosphère des années 50/60 pouvait bien avoir de particulièrement irrespirable, on aimerait que Closer nous l’explique.

closer dit: à

Je devrais plutôt dire « des années 60 », car c’est à l’occasion de leur sortie dans la collection « libertés » chez JJ Pauvert, au milieu des sixties, que ces deux textes ont eu leur plein impact.

Qui aura l’idée géniale de rééditer intégralement cette collection? On peut rêver…

Pablo75 dit: à

@ Chaloux

« Tout à coup, je me sens saisi d’effroi, imaginant l’été du pauvre Blabla, contraint de passer cet été maudit sans poster une seule sottise, une seul mensonge, une seule insulte. »

Tu es naïf: un coucou aussi accroc à la scène que Blabla a dû trouver un autre nid à squatter. Réduit au silence complet il serait en danger de mort. À mon avis il a trouvé où parader, déguisé en génie rebelle revenant de l’enfer de LRDL.

closer dit: à

« Qu’est-ce que l’atmosphère des années 50/60 pouvait bien avoir de particulièrement irrespirable, on aimerait que Closer nous l’explique. »

Le simple fait que vous posiez la question montre que vous faisiez partie du problème… Pas la peine de me fatiguer.

hamlet dit: à

un auteur que l’on ne comprend pas de façon spontanée, mais pour qui il suffirait de quelques ingrédients bien trouvés pour bien le comprendre.

il faut parfois se méfier de ce genre de processus.

il est en effet préférable d’en rester à sa première impression, sinon après on risque de perdre son temps.

Delaporte dit: à

Revel, c’était quelqu’un qui suivait le mouvement, lentement, patiemment. Il n’a jamais essayé d’inventer quoi que ce soit, ni de voir plus loin que le bout de son nez. Notamment en politique. Et pourtant, dans cet abrutissement de tout un homme, il y avait une petite lumière qui émergeait (et émargeait) de temps à autre, et que la littérature lui donnait. Aujourd’hui, l’oeuvre de Revel a bien vieilli, seuls restent peut-être ses Mémoires, comme le monument d’insuffisance vaine, mais joyeuse, d’un témoin de la superficialité d’un monde dans lequel l’autorité médiatique aime se complaire dans le putride absolu. En fat, telle est la nouvelle dictature.

hamlet dit: à

en plus les allemands ils sont hyper sensibles à ces problèmes, tellement sensibles qu’ils ont presque un sixième sens pour sentir les auteurs qu’ils oublier.

prenez Heidegger, alors qu’il a toujours la cote en France cet auteur n’est plus du tout enseigné en Allemagne, fini ! kaputt ! pourquoi ? la langue !

pour la France c’est différent, mais si les allemands ne sentent plus un auteur à cause de la langue il vaut mieux pas trop insisté, ils connaissent leur langue mieux que nous.

Chaloux dit: à

De la porte du local poubelles.

de nota dit: à

Revel rapporte une conversation plutôt cocasse avec Berl, alors que celui-ci évoquait l’indifférence des écrivains à l’essor technologique, Revel demanda à Berl si Proust était concerné par ce sujet…
« Proust, trancha Berl, ne s’intéresse qu’à un seul problème: comment ne pas être cocu? Du reste, qu’a-t-il connu du machinisme? L’ascenseur, vaguement. Donc, la question moderne devenait pour lui, comment ne pas être cocufié dans un ascenseur? »

Pablo75 dit: à

@ hamlet

Tu as d’autres textes comme celui d’Aragon et le tunnel de l’Epine? Au lieu de nous assommer ici avec tes réflexions sur Nietzsche ou Dostoïevski, qui n’intéressent pas grand monde, ou avec tes hurlements de complexé quand quelqu’un parle d’un thème qu’il connait bien, tu devrais écrire des textes ironico-sarcastiques comme celui-là. Cela pourrait faire un petit joli livre à la fin.

Je t’ai déjà dit que le meilleur « hamlet » est l’humoriste (d’ailleurs, j’ai du mal à croire que sous ce pseudo il n’y ait pas trois ou quatre personnes, tellement elles ne se ressemblent pas entre elles).

Bételgeuse dit: à

15h33 la guerre d’Algérie ?

Chaloux dit: à

@de nota.

Le portrait de Berl est intéressant au regard de l’article d’Assouline.

hamlet dit: à

il faudrait revenir sur le travail mené par Habermas, mais je me demande si un de ses objectifs n’a pas été de mettre un bémol sur cette période romantique allemande comme instrument à fabriquer des valeurs.

l’autre chose serait de regarder de près la place de ce romantisme dans les programmes scolaires aujourd’hui en Allemagne.

Bételgeuse dit: à

DC ailleurs Hamlet, vous n’avez pas répondu à Claudio qui s’interrogeait à propose du  » russophile invertébré » . J’ ai dû lui tricoter une réponse à la c.n pour satisfaire sa curiosité intellectuelle. Vous continuez de m’intéresser, je suis fan de vous!

Jazzi dit: à

« L’ascenseur, vaguement. Donc, la question moderne devenait pour lui, comment ne pas être cocufié dans un ascenseur? »

Et le téléphone, et l’avion, de nota. Il fut cocufié par l’avion qu’il offrit à Agostinelli et qui le fit veuf !

Jazzi dit: à

Oui, le Aragon dans le tunel, d’hamlet m’a retenu de sauter à pieds joints…

Pablo75 dit: à

D. et Delaporte se ressemblent de plus en plus. D. il a gardé pour lui l’ironie, et il a mis dans Delaporte toutes ses idées co.nnes, ses obsessions qu’il sait débiles, genre Ulrike Meinhof, et sa pathologie sexuelle.

C’est pas mal réussi, malgré quelques failles (les deux vont à la messe dans la même église, les deux ont le même ton pour essayer de se moquer d’Ed et les deux écrivent « à partir du même endroit mental » – je me comprends…).

Jazzi dit: à

Chaloux, être éloigné, volontairement ou pas, de la RDL n’est pas un drame en soi. Il se pourrait même que ce soit une bénédiction !

D. dit: à

Delaporte gagnerait certainement à me ressembler, je le dis en toute humilité.

Anna Fort dit: à

« Aragon et Castille sont les mamelles du destin »
(Bobby Lapointe)

Claudio Bahia dit: à

Bételgeuse dit: 7 août 2018 à 15 h 58 min
Pour l’amour de Dieu, Betelgueuse, laissez Hamlet tranquille; ce n’était qu’une petite observation légèrement ironique sur une faute d’inattention qui ne méritait aucune réponse. Et c’était aussi pour lui montrer qu’il est un de ceux que j’aime lire avec attention et intérêt, à l’instar de Jazzi, Closer, X, Raymond, et quelques rares autres.
Bonne journée à vous, je devrais dire bonne FIN de journée, mais ces 5 heures de décalage , ici il est 11 h30

Jazzi dit: à

« Qu’est-ce que l’atmosphère des années 50/60 pouvait bien avoir de particulièrement irrespirable, on aimerait que Closer nous l’explique. »

Pourquoi te défausser, closer, la question est pertinente. La guerre d’Algérie, répond Bételgeuse. Le début des Trente glorieuses ? L’emprise du confort ménager, sujet des « Choses » de Perec ? L’américanisation de l’Europe ? Le gaullisme dominant ?

Bételgeuse dit: à

Pablo, D n’a rien à voir avec Delaporte. Delaporte à je crois entamé un virage mystique renforcé par des évènements sérieusement inquiétants et qui ont été résolus. Je me demandais à propos de cette notion de sérieux, à vous lire ébahie par tant de connaissances s’il suffisait d’écrire sérieusement sur des sujets sérieux pour être un homme sérieux, quelqu’un qui par ses idées des attitudes ses choix mériterait d’être pris au serieux pour l’infaillibilité de ses propositions dans leur réalisation concrète.

Jazzi dit: à

Merci, Claudio Bahia. Bonne journée à vous aussi. Ici, dans la cuvette polluée de Paris, où l’on suffoque depuis plusieurs semaines, on attend l’orage de la délivrance, qui s’annonce. Viendra-t-il ou ne viendra-t-il pas ?

Bételgeuse dit: à

Jazzi, il vous faut rejoindre Nice, température en baisse, eau à 23/24 degrés, grosses vagues et nuages en Languedoc ce matin, entrées maritimes. Drapeau orange.

de nota dit: à

« Qu’est-ce que l’atmosphère des années 50/60 pouvait bien avoir de particulièrement irrespirable

l’eau de cologne.

Bételgeuse dit: à

La mont saint Michel est affreuse!

ed dit: à

clopine,

Ca a l’air passionnant en effet. Le Ier tome est difficile d’accès, mais très instructif. Vous me donnez envie de lire le IIe car cet aspect de la maternité n’avait bien évidemment pas encore sa place dans le premier livre.

Jacques R. dit: à

« Qu’est-ce que l’atmosphère des années 50/60 pouvait bien avoir de particulièrement irrespirable

En tout cas, elle l’était sûrement moins que celle de la cuvette parisienne par temps de canicule en l’an de grâce 2018.

ed dit: à

« ses obsessions qu’il sait débiles »

Vous le surestimez. Et vous oubliez le plus important : « Onfray et Houellebecq se feront moine ». Tin tous les jours on y a droit.

rose dit: à

oui je suis assez d’accord, une bénédiction jazzi.
on suit tellement les.obsessions du même.
n’ai pas lu votre hypothèse sur petitixe.

pablo 75, si vous voulez.
vous me signalez par là qu’il serait temps que je parle des autres.
Mes hommes.
Loin de ce cauchemar ringard.

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