Tous les gardiens du temple ne sont pas des veuves abusives
Lorsque l’exécuteur testamentaire est un homme, on dit non sans déférence que c’est un gardien du temple ; mais s’il s’agit d’une femme, elle sera facilement désignée comme une veuve abusive. La paternité d’une expression aussi fleurie vient d’Anatole de Monzie qui intitula un libelle sacrément misogyne Les veuves abusives (Grasset, 1936). Il y épinglait huit héritières de grands hommes dénoncées pour leur comportement, toutes coupables d’avoir assassiné leur mari après avoir sa mort. A rebours de l’idée selon laquelle un gardien du temple, à l’égal des prêtres du temple d’une divinité de l’antiquité, se jure de l’entretenir et le défendre jusqu’à la mort. N’empêche : encore un bastion à démolir pour #MeToo ! L’urgence de la situation ne permet plus d’ânonner l’adage selon lequel derrière chaque grand homme il y a une femme, d’autant qu’il est souvent détourné par d’horribles machistes (« Derrière chaque grand homme il y a une femme qui n’a rien à se mettre » etc). Car c’est injuste : la veuve comme le gardien abusent autant qu’ils protègent.
Ils ne sont connus que des chercheurs, universitaires ou biographes, fabricants de notes en bas de page et fouille-merde. Le grand public ne découvre leur existence que lorsqu’ils se révèlent être des fléaux. Ou à leur mort en lisant la rubrique nécrologique. Deux d’entre eux et non des moindres ont disparu presque en même temps en janvier dernier. Deux tempéraments, deux univers fictionnels et surtout deux manières d’envisager leur fonction d’héritiers littéraires totalement opposées sinon antagonistes : l’un Christopher Tolkien, c’était le bon ; l’autre, Stephen Joyce, incarnait la brute (ne cherchez pas le truand). Leurs noms vous disent déjà quelque chose à défaut de leurs prénoms ? Et pour cause ! Il sonne autant comme un patronyme que comme une raison sociale ou une marque déposée,
Le bon d’abord. Christopher Tolkien est mort à 95 ans du côté du village de Aups, dans l’arrondissement de Brignoles (Var), où il s’était retiré au milieu des années 70 après avoir démissionné de son poste de professeur à Oxford, peu après la mort de son père, le génial créateur du Seigneur des anneaux. Plus qu’un roman ou une saga, un monde. Collaborateur et premier critique de son père, son plus jeune fils fut tout naturellement désigné par testament son exécuteur littéraire, à charge pour lui d’exhumer, de décrypter et d’éditer une masse considérable de documents, fragments et manuscrits éparpillée en un chaos aussi calligraphique que catastrophique dans 70 boites d’archives, ce qui devait aboutir notamment à la publication du Silmarillion, des Enfants de Hurin et d’une vingtaine d’autres livres jusqu’alors inédits. On lui doit de mieux connaître le legendarium derrière cette œuvre qui a donné ses lettres de noblesse à un genre littéraire longtemps méprisé, la fantasy.
Passés 90 ans, il démissionna de ses fonctions au Tolkien Estate, la structure juridique qu’il avait créée mais gérer les droits d’auteurs, le droit d’auteur et certains produits dérivés mais jamais n’abandonna celle d’exécuteur littéraire, luttant jusqu’au bout pour enrichir et défendre et faire vivre la saga Tolkien, y mettant parfois sa touche mais sans abuser, juste pour combler des blancs ou rendre intelligible une page chancelante. A sa façon, dont tous les spécialistes lui ont été reconnaissants : en gardien du temple mais bienveillant, généreux, disponible, fidèle et surtout intègre quand tant d’autres sont si psychorigides.
On a pu dire qu’en le perdant, les tolkienolâtres, secte innombrable, venaient de perdre « la boussole de la Terre du Milieu » dont il avait dessiné les cartes, et que ses peuples se considéraient en deuil. Tout jeune, il avait observé de près et accompagné pas à pas l’évolution de l’œuvre paternelle. Les deux ont grandi ensemble. Les personnages imaginaires de l’un et la petite personne de l’autre., mais en totale osmose puisque le géniteur-créateur les lui racontait et plus tard les lui soumettait. Il était écrit dans le Genèse de cette œuvre sans pareil que Christopher serait non le gardien de son frère mais celui de son père.
Stephen Joyce, c’était la brute. Lui aussi s’était retiré en France à la Flotte, commune de l’île de Ré. Il se voulait le gardien de son grand-père mais tout dans son comportement, ses décrets, ses interventions reflétait plutôt la névrose d’ une veuve abusive. En 2012, lorsque l’œuvre de James Joyce, auteur de Ulysses, l’un des rares romans de langue anglaise qui ont dominé leur siècle, est tombé dans le domaine public, ses spécialistes un peu partout dans le monde ont poussé un « ouf ! » de soulagement qui a du ébranler jusqu’aux murs des pubs de Dublin et qu’un tweet résuma d’un trait : « Fuck you, Stephen Joyce ! » (inutile de traduire : grâce aux films de Martin Scorcese, même ceux qui n’ont jamais appris l’anglais comprennent).
Il est vrai qu’il était détestable, non seulement par son arrogance et sa prétentions naturelles et par ses actions : héritier de 50%, puis de 70% puis de la totalité des droits à mesure des décès et des désistements dans sa famille, il ne cessa de faire obstacle à la recherche universitaire sur l’œuvre de James Joyce : il répondait toujours par la négative à toute demande de consultation des précieuses archives qu’il détenait ; il refusait d’accorder l’autorisation de reproduire des extraits des livres ou de la correspondance, s’y résignait parfois exceptionnellement mais à des tarifs si scandaleusement prohibitifs qu’ils aboutissaient à un refus ; il s’opposait aux projets d’expositions de manuscrits, ou aux lectures en public et adaptations pour la scène du maître-livre aussi bien que de Gens de Dublin, Portrait de l’artiste en jeune homme ou Finnegans Wake allant jusqu’à poursuivre des théâtres devant les tribunaux ; il s’invitait aux colloques où on ne l’invitait plus pour prendre la parole quand nul ne songeait à la lui donnait afin de lancer à la figure des érudits (« des rats et des poux qui devraient être exterminés ! » comme il les désignait) accourus des plus prestigieuses universités à travers le monde :
« Si mon grand-père était là, il éclaterait de rire en vous écoutant !…Je suis un Joyce, vous n’êtes que des joyciens ! ».
Et reprenant tout interlocuteur qui l’évoquerait ou le présenterait autrement que comme « « Stephen James Joyce », il prenait un malin plaisir à raconter comment il avait détruit une partie de la correspondance entre ses grands-parents, les lettres de Samuel Beckett du temps où il sortait avec leur fille Lucia etc Au vrai, il y faisait régner la terreur et en jouissait, variante de la perversité en milieu littéraire. Abus de pouvoir ? C’est peu de le dire, la chronique de ses procès en témoigne. Stephen Joyce, qui avait neuf ans à la mort de son grand-père et qui fit une carrière de haut-fonctionnaire dans une organisation internationale, y avait renoncé à la mort de son père, comme Christopher Tolkien dans les années 70, pour se consacrer à la gestion de l’héritage, persuadé qu’il protégeait et préservait non seulement « la pureté » (sic) de l’œuvre de nonno (« papy », en italien) comme il continuait à l’appeler, mais la vie privée de sa famille. Ah, papy James, si tu savais…
(« Tolkien père et… fils », photos D.R. ; « James Joyce avec son petit-fils Stephen en 1934. Photo Bettmann Archive)
2 207 Réponses pour Tous les gardiens du temple ne sont pas des veuves abusives
Nos représentants, élus divers, spécialistes, experts incontournables, politiciens de valeur, dirigeants habiles, diplômés d’incurie, sont des drones. Légers, mobiles, fluctuants, ils survolent le réel pour voir de haut le plus de choses possibles.
Sans y toucher jamais.
pablo du 75 a bien de la chance d’être sur un blog de litterature où personne ne moufte sur cette biblio:
Patrice van Eersen
Francois Brune
Ian Stevenson
Etc
et Philippe Guillemant.
Et il en oublie d’autres de ses chefs de secte.
Alors la mon coco, la aussi tu va trouver a qui parler. Va mourir ailleurs. Tu trouveras assez de gogos pour te payer, puisqu’il semble que cette personne se fasse payer, pour ses « actes »
si tu délires trop on va signaler ton cas à la Miviludes.
Avec capture d’écran. Et crois bien que je ne vais pas me gêner.
AMAZON France ?
Croc en jambe syndical, genou à terre pour 10.000 personnes, coup de gourdin gauchiste de magistrats ravis, livraison assurées depuis les pays voisins…
Il manque des photos au Mur des Cons de Nanterre !
Amazon, ce sera le monde d’après ( le 11 mai) en france, lol.
Houellebecq avait déjà bien vu le nouveau paysage de la france, et dessiné la carte de cette nouvelle plateforme logistique :Des ephad en bord de mer, des musées, et des entrepôts geants partout ailleurs.
Pour revenir au sujet : il croyait vraiment à l’absolue vertu de la génétique, ce gamin de Stephen qui se prenait pour un Joyce. Pauvre petit gars…
LES EHPAD ça va être fini.
Attendez que la parole se libère.
Amazon est de la responsabilité des gens qui achètent.
Etc.
>D
Ne connais rien à la physique quantique.
Masque :
#Amazon est de la responsabilité des gens qui achètent.
Amazon est devenu le magasin d’État par excellence. Hors cette plateforme, à laquelle les incompétents au pouvoir ont dévolu une place hégémonique, point de salut, ou presque, pour toutes les entreprises qui produisent des biens de consommation, les petites, en particulier.
Mais elle fait quoi la blatte de Marie la Chiasse sur un blog littéraire? Essayer de contaminer le peu des gens qui la lissent avec sa bave de nuisible? Répandre la pestilence de son âme d’insecte qui n’aurait dû jamais exister?
C’est l’un des mystères de cet endroit: la présence d’une telle entité malfaisante, qui ne vient ici que pour déposer ses crottes des mots puant la connerie la plus profonde et la méchanceté la plus gratuite de femme complétement frustrée.
Il a de la patience le propriétaire des lieux. À sa place j’aurais traité cet endroit avec un produit anti-blattes depuis longtemps.
Vraie question : où vont les sommes astronomiques que paient les gens en Ehpad tandis que les pauvres vieux voient leur toilettes expédiées par des auxiliaires débordées et doivent avoir une soupe et deux granolas à déjeuner ? Ces trucs sont une honte. Contente que mes grands-parents n’y soient jamais allés. Mes parents, hors de question non plus.
Je veux bien qu’on tue les nombreuses blattes du blog de Messire Passou, ça nous soulagera ; mais pas les cafards, bon dieu, pas les cafards ….ce serait suicidaire.
Invectives ordurieres pour tenter d’intimider,
matraquage de contre-vérités
assénées comme un mantra,
utilisation de commentaires compilés sur une longue période, et recopiés autant de fois que ce bourrage de crane sera nécessaire , entre deux pauses musicales,
utilisation de la fragilité psychologique, et en cette période, c’est idéal, pour vendre des theories sur la vie après la mort, des theories new âge ésotériques.
J’accuse publiquement le Pablo du 75 d’être un malfaiteur.
Et dorénavant toutes ses dérives sectaires seront enregistrees.
« Amazon est devenu le magasin d’État par excellence. Hors cette plateforme… »
Tiens, Marie la Chiasse, Blatte de Blog, jouant à l’économiste alors qu’elle ne sait que compter jusqu’à 10 (et encore, avec les doigts).
Regarde, Grosse Andouille, la part de l’e-commerce en France et après la part d’Amazon dans le e-commerce en France et tu verras le poids réel de ce « magasin d’État » (sic), une goutte d’eau dans un océan de milliards d’euros, pauvre Ignare Bavarde sans le moindre sens du ridicule…
VARIA
Ancien prof de français et grand amateur de Molière, j’ai voulu revoir « Le Misanthrope » dimanche soir sur France 5. Je n’ai pas tenu une demi-heure. Décors hideux, acteurs en veston cravate, Alceste
hurleur, outré , mauvais, Célimène, petite voix pénible…Je ne félicite pas le metteur en scène.
L’intervention du Premier ministre. Interminable (deux heures et demie!). Des répétitions insupportables (ou du matraquage?) : « Gestes barrières » a été dit vingt fois. On nous prend pour des andouilles. Les interventions alternées PM et ministre de la Santé étaient gênantes. Le petit sourire satisfait de ce dernier me sort par les yeux dans ces circonstances.On nous a gratifiés une fois du plus d’une pitoyable prestation du donneur de chiffres (il ne sait faire que ça), pardon du Directeur générale de la Santé. On nous a bourré le crâne une fois de plus avec l’antienne : « Nous
n’avons pour ce virus aucun médicament ». C’était bien la peine d’avoir parlé trois heures à Marseille avec Raoult en le déclarant « grand scientifique » et « passionnant » pour maintenir la fable du « zéro médicament ».Le décret scélérat est toujours là.
Les médecins généralistes sont toujours muselés et infantilisés. Nous, Pouvoir français, nous vous interdisons de prescrire deux médicaments que vous prescriviez librement depuis un demi-siècle. Vous avez fait dix ans d’études ? C’est peanuts ! Vous obéirez à Véran et Salomon. Et les pharmaciens (les miens n’ont toujours pas de masques pour moi) ont l’ordre de ne pas donner ces deux médicaments si un SIMPLE généraliste avait l’idée saugrenue de les prescrire.
« En même temps », quand les librairies sont fermées, nous laissons ouverts les marchands de mort, car nous souhaitons accroître nos scores grâce au tabac(explosion des ventes pendant le confinement) en passant de 75 000 , l’année dernière, à 80 000 cette année. Merci qui ?
Les Ephad sont devenus des prisons dont on ne peut pas sortir, où la famille ne pouvait pas venir et où la mort atteint de sommets.. Personne ne voudra entrer là-dedans à l’avenir.
Toutes les émissions où il est question de ce virus (France 5, Cnews, LCI , etc.) sont devenues étranges. On sait qui est pour Raoult (Douste-Blazy, le professeur Perronne…), où déchaîné contre lui (Ichou, Karine Lacombe…). Les meneurs de débats savent ce qu’ils font en invitant les uns ou les autres.
Si , demain je chope ce virus, ai-je le droit de prendre le train jusqu’à Marseille ou va-t-on me faire payer 135 euros ? Qui peut me le dire ?
« J’accuse publiquement le Pablo du 75 d’être un malfaiteur »
Marie la Chiasse, Blatte de Blog
H I L A R A N T !!!!
Pablo du 75 souffre en plus du syndrome de la Tourette , mais ce n’est pas à cela qu’il convient de s’attacher, même si cela a valu à son meilleur client ici d’être exclu.
Et on va y veiller.
@ Patrice Charoulet
« Chloroquine: premiers résultats décevants
Sur la centaine d’essais cliniques lancés dans le monde, huit ont déjà rendu leurs conclusions, très mitigées. »
(Le Figaro)
PROVOCON_FINEMENT
« Mes deux dernières visites en librairies se sont soldées par des invraisemblables discussions où les libraires se sont permis de juger doctement les livres que je voulais et mes goûts personnels.
Je préfère donc pour le coup commander chez un ‘prédateur’ qui a le mérite de faire bouger les autres acteurs du commerce, que chez des prédateurs de la pensée qui se décrètent détenteurs du savoir. » (commentaire anonyme)
Pas bête…..
Marie la Chiasse, Blatte de Blog, non seulement tu ne sais pas compter, mais en plus tu ne sais pas lire, ou tu es à moitié aveugle, ce que, vu ton âge, est normal.
Tu devrais aller t’acheter un masque anti-fumigations, parce que si le propriétaire des lieux décide de faire ici un traitement anti-nuisibles, tu vas passer un sale quart d’heure, surtout en voyant comment cela rend heureux tous les visiteurs de ce blog sans exception.
Quelle est la définition actuelle de « malfaiteur » ? pas celle de l’ancien monde, hein ! celle du nouveau….
Le caractère de pure escroquerie des avions renifleurs était patent et largement reconnu comme une évidence au sein du personnel de l’ERAP.
La décision -incompréhensible-de financer ces investissements ne devait rien à des erreurs d’appréciation du procédé par les techniciens compétents de l’établissement .Elle avait été prise par le président de l’ERAP seul , après une démarche personnelle d’Antoine Pinay , alors respectable vieillard, venu lui-même lui présenter les inventeurs du procédé.
Jusqu’à l’arrivée de la gauche en 81 ce cadavre, dont l’existence était bien connue de pas mal de dirigeants et de politiques, restait bien enfermé dans un placard, jusqu’au jour où M Gicquel ,un temps dircab de Catherine Lalumiere, qui en avait surement eu connaissance par ses fonctions antérieures à la cour de Comptes, l’en a fait sortir, et a alimenté significativement par ce joli coup politique, la campagne de discrédit tous azimuts des anciens dirigeants , menée par les nouvelles équipes installées au pouvoir ,
UN PROBLEME ? UNE SOLUTION !
Mon infirmière est tombée enceinte ! Le projet de faire un tour du monde en déambulateur à deux place, motorisé Rolls&Royce, avec elle tombe à l’eau…
Marie ma Soeur, accepteriez vous de la remplacer ? M’accompagneriez vous..au pied levé ? Pablito serait enchanté d’échapper à votre vindicte…
Marie ma Soeur, accepteriez vous de la remplacer ? M’accompagneriez vous..au pied levé ?
JiCé….. dit:
Tiens, encore une preuve que derrière les pseudos de JiCé et de hamlet se cache la même personne: ils partagent aussi le même masochisme !!
@ JiCé
Tu n’as pas compris que voir la tête de Marie la Chiasse, Blatte de Blog, pourrait être fatal pour ton coeur?
Quand tu liras ses messages, essaye d’imaginer la tête qu’il faut avoir pour les écrire…
Non, je ne suis pas hamlet !
(Dommage, c’est un pseudo facile à retenir et d’une envergure intellectuelle que j’envie, tant elle est pétillante de santé…
La tête ? la tête ? le visage ? Mes yeux ne travaillent pas le facial en priorité ! Ils travaillent plutôt dans la reconnaissance de forme : lubricité oblige.
La beauté -en exercice-confinée :
Bonne journée,
@ JiCé
Tu envies « l’envergure intellectuelle » des blattes de blog?
Eh be, tu vises haut, toi…
les invectives ordurieres de Pablo du 75 sont à son image.
Quant aux gourous de l’ignorance crasse , ce délabré du cerveau a le soutien » philosophique « le plus inattendu, celui propagé par un torchon. L’obscurité est en marche. Et elle ne passera pas par moi.
DHH
Je n’ai pas lu l’entièreté du rapport mis en ligne pourtant drôlement intéressant.
Comment peut-on avoir un tel cadavre dans un placard dans un état de droit ?
les invectives ordurieres de Pablo du 75 sont à son image.
Marie la Chiasse, Blatte de Blog
Je n’ose pas imaginer quelle est ton image, vue la teneur morale de tes interventions ici contre tout le monde, y compris (ou surtout) contre les personnes les plus gentilles et les moins agressives du blog. Un tel comportement de collabo capable de tout, dont tout le monde ici a été le témoin, permet d’imaginer ta tête de femme obligée d’être isolée dans un bled paumé tellement elle est insupportable.
Une tête de ratée frustrée qui doit faire peur même aux rats de ton village…
les invectives ordurieres de Pablo du 75 sont à son image.
Marie la Chiasse, Blatte de Blog
Je n’ose pas imaginer quelle est ton image, vue la teneur morale de tes interventions ici contre tout le monde, y compris (ou surtout) contre les personnes les plus gentilles et les moins agressives du blog. Un tel comportement de collabo capable de tout, dont tout le monde ici a été le témoin, permet d’imaginer ta tête de femme obligée d’être isolée dans un bled paumé tellement elle est insupportable.
Une tête de ratée frustrée qui doit faire peur même aux rats de ton village…
Quand tu liras ses messages, essaye d’imaginer la tête qu’il faut avoir pour les écrire…
c’est raoul qui se moque de montagnier
Mes yeux ne travaillent pas le facial en priorité ! Ils travaillent plutôt dans la reconnaissance de forme : lubricité oblige
tu tiens 2 pack de bière sous ta djelaba pendant le ramdam et t’es pris pour une mouquère..faut rafiner le logiciel
Dommage, c’est un pseudo facile à retenir et d’une envergure intellectuelle que j’envie, tant elle est pétillante de santé…
envier la connerie d’autrui..le vice suprême
Pablo du 75, le trépané du cerveau, qui n’a plus que du courant d’air entre 2 oreilles, et qui pense ici pouvoir se livrer tranquille à son petit business de dealer de theories sectaires, et de croyances dangereuses, est tombé sur un os.
Encore une fois ce ne sont pas ses invectives ordurieres qui auront raison d’un bagage dont il est loin de se douter du contenu.
En outre je ne conjugue pas du tout le poème de Kilpling selon la trad en vigueur. Et voici ma version:
Si tu n’acceptes pas que soit détruit l’œuvre de toute une humanité intelligente, par des moins que rien, dangereux pour ceux qui les croient, et que tu as rempli les quelques minutes qui viennent de s’écouler pour dénoncer un malfaiteur, tu pourras être fière de toi et profiter de cette nouvelle journée de vacances.
Si , demain je chope ce virus, ai-je le droit de prendre le train jusqu’à Marseille ou va-t-on me faire payer 135 euros ? Qui peut me le dire ?
tes trop pétillant dsanté pour temmerder avec ça charoulet..mais vazy pas trop fort sur la chloro..térezoune dit que ça file la chiasse
Encore une fois ce ne sont pas ses invectives ordurieres qui auront raison d’un bagage dont il est loin de se douter du contenu
trop bien..
Tu devrais aller t’acheter un masque anti-fumigations, parce que si le propriétaire des lieux décide de faire ici un traitement anti-nuisibles, tu vas passer un sale quart d’heure
..trop bien
Monsieur Charoulet a donc décroché du « Misanthrope » pour la raison qu’il n’a vu ni perruques poudrées, ni robes en taffetas. Mais quoi, il restait le texte ! Et une magnifique galerie de portraits qui, langage choisi mis à part, aurait pu vous évoquer ces Oronte, Arsinoé, etc. qui brûlent les planches du petit théâtre de la RdL.
, surtout en voyant comment cela rend heureux tous les visiteurs de ce blog sans exception
..renfield a déserté..la chloro jou les balttes..mais il a la chiasse
Marie la Chiasse, qui confond depuis des années ce blog avec un WC et qui change de pseudo mais qui oublie de changer l’odeur de ses mots, d’où le fait que tout le monde la reconnaisse immédiatement : prose de blatte, raisonnements de blatte, hystérie de blatte, complexes de blatte, culture de blatte, délires de blatte, couardise de blatte, impuissance de blatte…
Kafka aurait été content de voir un tel spécimen de blatte agissant ici, notre Gregorette Samsa…
Pablito,
Heureusement que je n’attache aucune importance aux visages car j’ai un miroir parlant doté d’une cruelle sincérité… Ma gueule est un audacieux compromis entre celle, musclée, d’Arnold Schwarzenegger et celle, finaude, de Louis de Funès. La franchise de mon regard approche celle de Jean Sol Partre, un clown retiré trop tôt à notre affection, dont tu as dû entendre parler jadis…
Alexia,
Au théâtre, le texte ne suffit pas pour sauver un raté généralisé, mise en scène, jeu des acteurs, décors et costumes ! Pas pour moi, en tout cas…
@ JiCé…..
Avec une gueule comme tu la décris, normal que tu trouves « pétillante de santé » Gregorette Samsa, dite la blatte du blog, et que tu la veuilles comme infirmière…
Il est vrai qu’on peut n’aimer la musique baroque que jouée sur des instruments d’époque… quitte à ce qu’ils grincent un peu.
Pablito, j’ai eu envie de faire appel à la chirurgie esthétique pour améliorer ma gueule si peu conforme aux critères de la beauté occidentale…
Tous les praticiens ont eu la même réponse à ma demande d’intervention : « Cela va vous coûter un maximum, il faut tout changer ! »
Il était une fois… :
@ JiCé…..
Je comprends alors ton choix de la blatte du blog. Avec Gregorette, tu pourras former un couple détonnant…
@ Renato
Comment tu fais pour admirer Bernini et l’urinoir de Duchamp à la fois?
…un couple étonnant ? mais ils sont tous étonnants les couples de nos jours !…je ne me lasse pas d’admirer ces unions improbables, aventureuses, explosives…
Pablo, à votre habitude vous insultez dans le vide, alors que MS, à partir d’arguments solides est en train de vous mettre la raclée de votre vie, vaudrait mieux pour vous arrêter les frais et aller prendre les conseils d’un bon astrologue.
Tiens, après la blatte, maintenant le poux du blog…
Je vois, Pétomane, que ça t’excite le mot de « raclée »… Et si tu nous racontais ici tes aventures avec les Dominatrices de Marseille?
Je n’ai jamais admiré personne.
BORGHESE
Même un vieux coq comme moi a la chair de poule lorsqu’il voit comment ce génie de Bernini enfonce les doigts de Pluton dans son Enlèvement de Proserpine (de cheval)….Saisissant !!!
…lundi 20 avril 2020 à 10 h 32 min.
…
…entre vrais et faux, le détail en » plus « qui fait avancer le progrès, » la pénicilline censurée « , trop efficace,…envoyée au placard,!…
…
…manque de pots, faire du » chiffre » en échecs, par le Coronavirus 19 ; en 2020.
…
…Alexander Fleming à découvert la pénicilline G en 1929 ; ,…
…
…et avant lui,!…Vincenzo Tiberio en 1895 constate les bienfaits des moisissures autour d’une source…à Naples.
…
…c’est le chimiste Edward Abraham qui purifie la pénicilline fournie par A.Fleming, grâce à la chromatographie par absorption.
…
…Fleming, Florey et Chain 1945, prix Nobel.
…Pfizer production,etc,…
…
…qu’est ce que vient faire, » l’anglais « , sur la langue scientifique,!…ou autres découvertes » volées « ,…par » l’allemand « .
…
…techniques d’appropriations par les reconnaissances des perfides d’Albion & de Germanie,!…
…
…Ah,!Ah,!…Bip,!Bip,!…
Eh, Pétomane, c’est pour quand le prochain roman de Maurice Desborels publié à compte d’auteur chez les finlandais, un Harlequin du SM intitulé « La Fouettesse de la Canebière »?
Renato, tu es un égocentrique (je phonétise ego sans trique) si tu n’aimes pas les doigts de Pluton s’enfonçant dans le marbre des cuisses de Proserpine quand ce salaud l’emporte chez lui, tout en bas de son désir !
Je n’ai jamais admiré personne.
renato dit:
Je ne te crois pas. Si on connaît l’art c’est impossible de n’admirer personne. Tu n’admires pas Dante, Bach, Michel-Ange, Velázquez…?
connais une boutique qui a décidé récemment de changer son enseigne, de « Mondial cafards » à « Planète nuisibles ». Le patron est un fortiche.
Je n’admire pas ; j’apprécie, c’est à dire : je reconnais la valeur.
Enfin, JiCé ! je l’ai quand même mis en ligne !
Je n’ai jamais admiré personne.
Sauf lui-même, ça va de soi! 😉
Vérification faite sur Wiki : ce putain de génie de Bernini a terminé son Enlèvement à 23 ans.
Renato, tu DOIS admirer les génies ! Déconfine-toi ! Tu as bien admiré bien des femelles banales : « Je vous admire, ô splendeur admirable, intelligence fatale, irrésistible beauté ! »
(…ou alors tu leur as menti, crapulet ! …)
@ Renato
C’est quoi la différence entre apprécier-reconnaître la valeur et admirer?
Je n’admire pas ; j’apprécie, c’est à dire : je reconnais la valeur
il y a cependant hune hénaurme condition a faire le léoto rénateau..la pauvreté..une absolue condition
On ne vas pas se disputer par temps pluvieux : cela ajoute à la tragédie du confinement…
Je n’ai jamais admiré personne.
Il n’a même pas envié la pourpre cardinalice au Martini! 😉
Vérification faite sur Wiki : ce putain de génie de Bernini a terminé son Enlèvement à 23 ans.
JiCé….. dit:
Michel-Ange a sculpté sa Pietà à 23-24 ans.
Je n’ai jamais admiré personne.
Un Martini, c’est boire le calice jusqu’à la lie! 😉
Pablo si toi tu es du signe du Disquerayé ascendant Radoteur MS elle c’est une gladiatrice ! quand elle rentre dans l’arène même les lions ils se barrent tellement ils ont peur.
On ne vas pas se disputer par temps pluvieux : cela ajoute à la tragédie du confinement…
JiCé….. dit:
Pluvieux chez toi. À Paris il n’y a pas un seul nuage dans le ciel.
Enfin, JiCé ! je l’ai quand même mis en ligne !
le marketting et hadmirer c’est pas du tout pareil rénateau..attation..sinon hon finit candoliss..comme dirphiloo havec tèrezoune..il veut surtout la faire admirer..faut dire que c’est un morceau..à plusieurs
copie d’écran!
Pablo en plus moi je suis une proie facile, parce que je suis un type sympa, cool, pas très intelligent, peu cultivée : la cible idéale quoi pour tous les pervers comme toi et greubou.
pour un afrenchézado un vrai a parigdgi y fait toujours plus beau que dans ce retrou à putes et maqureaux de barcelone..t’es plus prés jicé
MS elle c’est une gladiatrice ! quand elle rentre dans l’arène même les lions ils se barrent tellement ils ont peur.
hamlet dit: à
Tu es aussi Marie la Chiasse, la blatte de blog??????? (J’allais dire « tu es aussi derrière Marie…. » mais je me suis repris à temps…).
Pablo : je me demandais pourquoi vous utilisiez si souvent le mot « raclée », vous venez de me donner la raison, merci ! :
« ça t’excite le mot de « raclée »… Et si tu nous racontais ici tes aventures avec les Dominatrices… »
En italien, que pour moi c’est plus simple :
ammirare du lat. admirari, der. de mirari «guardare con meraviglia» ;
apprezzare du lat. tardif appretiare, der. de pretium « prezzo, pregio ».
pendant que tout le monde est confiné, les philosophes médiatiques sont de sortie.
nos ultras libéraux préparent l’avenir, ils viennent de lâcher leurshttps://www.lecho.be/dossiers/coronavirus/andre-comte-sponville-j-aime-mieux-attraper-le-covid-19-dans-un-pays-libre-qu-y-echapper-dans-un-etat-totalitaire/10221597.html?fbclid=IwAR08PVeOHfMJu1LWQgcmloHbsPyLAyC0Yiu-IRi-pXLhdoWgqnfn_bSDnM4
larbins :
les mecs qui vous admire..jles connais..pas un caramel au lit qu’elle dirait bonne clopine
nos ultras libéraux préparent l’avenir, ils viennent de lâcher leurs larbins :
nul doute qu’Onfray, Enthoven et Finkielkrault ne vont pas tarder à montrer aussi le bout de leur nez….
Ou alors, Pétomane, Marie la Chiasse est ta Domina virtuelle????? Tu pratiques avec elle par mail ou par skype? « MS » [SM à l’envers pour dissimuler], « gladiatrice », « peur », « les lions » (comme toi)… Tout concorde !
Bon sang, mais c’est bien sur !!!
On serait en train de faire la découverte de la décennie sur le blog?
Ça expliquerait la méchanceté gratuite de la Blatte du Blog et ton profond masochisme ici…
Oh, pu…ain, j’en crois pas mes yeux… !!!
Ami Hamlet,
Bougros est un saint homme. Mes informateurs au Vatican (un cluster religieux) me confirment : son dossier avance vite. Il sera canonisé avant l’élection de Macron 2 (j’ai changé*)…
*dernières paroles de Robespierre sur l’échafaudage révolutionnaire, de Stalin en agonie sans assistance médicale, de Polpot en fuite…
Pablo en plus moi je suis une proie facile, parce que je suis un type sympa, cool, pas très intelligent, peu cultivée
ta gueule bouillon dculture
Pablo : vous ne voulez pas aller conseiller nos dirigeants, ils recherchent un type qui sait lire dans le marc de café.
« Il est vrai qu’on peut n’aimer la musique baroque que jouée sur des instruments d’époque… quitte à ce qu’ils grincent un peu. »
ça c’est dépassé, maintenant, les vrais amoureux du baroque portent aussi des vêtements d’époque et une perruque poudrée.
Au lieu d’essayer de dévier la conversation, parle-nous un peu de tes lectures convulsives de Sacher-Masoch, Pétomane…
*dernières paroles de Robespierre sur l’échafaudage révolutionnaire
il avait une balle dans la gueule le malheureux..et on lui a arraché le pansement avant de passer la tête au guichet..un grand cri
pareil pour les livres : lire Sénèque, Marc Aurèle ou Platon en jean ou avec une toge on perçoit le texte très différemment.
pour ceux qui n’ont pas de toge ils peuvent utiliser un drap.
lire Sénèque à vois haute, en marchant, avec un drap sur le dos, c’est le meilleur moyen de capter la force du texte…
Le surnom de ma Soeur Marie chez les dévotes Carmélites était, non pas Marie la Chiasse, mais Marie la Schlag …
(attention aux conséquences, avec le voisin teuton, un voisin éclairé malgré le soleil affaibli par tant de nuages…mais souvent ombrageux à défaut d’être arrogant)
« Bougros est un saint homme. Mes informateurs au Vatican (un cluster religieux) me confirment : son dossier avance vite. Il sera canonisé avant l’élection de Macron 2 »
ma foi c’est là une belle récompense pour l’ensemble de son oeuvre JC.
Il est vrai qu’on peut n’aimer la musique baroque que jouée sur des instruments d’époque… quitte à ce qu’ils grincent un peu.
c’est comme les lits ikéa pédro..hen france hon aime partager qu’elle dit bonne clopine
« moi je suis une proie facile, parce que je suis un type sympa, cool, pas très intelligent, peu cultivée »
Encore une preuve que tu es en train de faire ton coming-out de maso ici, Pétomane…
Parle-nous de tes relations, évidentes maintenant, avec « MS la gladiatrice » qui te fait si peur « quand elle rentre dans l’arène »…
Lire Sénèque à voix haute en marchant, c’est le meilleur moyen de tomber dans une plaque d’égout absente chez Hidalgogo, ou dans le Port en ratant le virage chez Estrosisi
Il sera canonisé
hauparavant je dois faire 2 ou 3 miracles..charoulet et térezoune ça compte pas..c’est saint raoul
JC n’empêche que si tu marches dans la rue, en lisant Sénèque à voix haute en portant une toge les flics ils te laissent tranquille.
crois-moi je suis bien placé pour le savoir vu que ça me gonfle d’imprimer cette foutue autorisation de sortie.
ton coming-out de maso ici, Pétomane…
même dirphilou il en veut pas au baqueroume
Réunion à l’Institut Bartabacs, je suis en retard : je pars* …
*en chaise à porteurs**, il pleut !
**migrants, on doit aider les Africains comme d’habitude
« en lisant Sénèque à voix haute en portant une toge »
hamlet dit:
Pétomane, c’est ça ton trip dans tes séances SM avec la Gladiatrice? Tu rentres dans « l’arène », nu sous une toge, avec un livre de Sénèque à la main, en le lisant à voix haute et si tu te trompes elle te met une raclée? Et comme tu es nul en latin, tu te trompes tout le temps? C’est ça vos petits jeux secrets?
le blog de passou au 40ème jour de confinement – états des lieux :
la santé physique et mentale des participants semble se stabiliser à la normale, aucun incident majeur à signaler.
y’a une différence entre faire de la philo et faire le philosophe qui dirait le direngel :
https://www.en-attendant-nadeau.fr/2017/12/19/lachelier-macron/
Pablito
La qualité des pétomanes français est indéniable : pourquoi le reprocher à notre ami hamlet ? Il maintient une tradition séculaire !
Hamlet
Imprime plusieurs attestations remplies au crayon, cache les dans toutes les poches de ta djellaba, quand ils t’arrêtent les cops, tu commences par un truc crédible, genre :
« Votre action de maintien de l’ordre républicain est bonne, et je la partage de grand coeur »
Puis tu les sors , une à une, avec les commentaires d’usage : « je suis un peu perdu, ma vue baisse, je suis né sous Gambetta, vous comprenez ? »
Les cops n’ont jamais entendu parler ce ce Rital. No problem pour repartir libre sans PV.
Un photographe que j’admirais vient de mourir : Gilbert Garcin. Le petit frère de Jacques Tati.Pas pleurer…
pour ceux qui n’ont pas de toge ils peuvent utiliser un drap.
Mieux vaut la toge que j’la met!
On vient de m’expédier de Nantes six masques en tissus avec des motifs fabuleux.
Et d’Agen, quatre autres masques en draps anciens découpés.
Tous lavables au moins dix fois.
Vous n’êtes pas familier des présocratiques, hamlet, je vous ai pourtant parlé de l’origine du sourire archaïque et de l’ironie (εἰρωνεία). Bon, il est vrai que c’est chose d’il y a 5 ou 6 ans et que vous naviguez à vue pas plus loin que 6 mois, mais vous admettrez qu’il est frustrant pour un qui s’est donné la peine de vous narrer comment en époque présocratique des colporteurs-de-pensées-empruntés cherchaient une source, souvent limitée, de revenu en toquant à la porte des gens aisés de village en village, de ville en ville. Bon, on va pas se perdre dans le detail, vous n’avez qu’à vous informer. En bref, donc : le soi-disant philosophe, dans les faits colporteur-de-pensées-empruntés, racontait une histoire et son hôte, qui avait sans doute écouté Héraclite lors d’un voyage à Éphèse — si ce n’était pas son voyage c’était le voyage de son fils ou de l’un de ses amis — l’écoutait en souriant. Les sculpteurs nous ont trasmis ce sourrire.
Nous vivons aujourd’hui un moment qui ressamble beaucoup à ces temps ancien, mais avec la télé et voilà que les philosophes-colporteurs-de-pensées-empruntés s’exhibirnt dans ce village artificiel où seulement les cons se laissent pièger. Seriez-vous un con, hamlet ?
Greubou vous avez lu Engel ? c’est d’un autre calibre que Comte Sponville et Enthoven.
cela dit je vous rejoins sur un point : nous le p’tit peuple on est trop cons pour lire des trucs aussi intelligents.
à partir de là normal qu’à la place, les médias (même s’ils comptent dans leur rang des types d’une immense culture) nous fassent bouffer du Onfray et du Enthoven.
« Seriez-vous un con, hamlet ? »
renato, c’est marrant je donnais la réponse à cette question juste au moment où vous la posiez.
bin sûr que je suis con, même que je le revendique, c’est même mon petit côté « Empédocle ».
cela dit, avec tous ces gens qui ont réponse à tout heureusement qu’il reste encore quelques cons pour agrémenter ce monde.
je sais pas vous mais tous ces gens qui ont réponse à tout ils me tapent sur le système et m’angoissent.
en plus il suffit qu’un petit virus pointe le bout de son nez pour que, d’un coup ils se retrouvent à avoir réponse à rien et qu’ils aillent interroger les astres pour savoir s’il faut aller demander à Roberto Cavalli de fabriquer des masques dans une époque où les robes de soirée ne servent plus à grand chose…
L’œil de Gambetta suscite un souvenir. Un peintre ou sculpteur se présenta à Brancusi pour devenir son assistant ou élevé. Brancusi lui donna un appareil photographique et lui dit d’aller dans la ville prendre quelque photo. Je ne me souviens pas de l’ordre des évènements, me souviens seulement que le garçon perdit un œil. Quelqu’un ici sait qui était ce peintre ou sculpteur ?
demander à Roberto Cavalli de fabriquer des masques dans une époque où les robes de soirée ne servent plus à grand chose…
au moins jusqu’à la réouverture de la Scala de Milan.
Seriez-vous un con, hamlet ?
renato dit:
Renato est tellement poli qu’il utilise le conditionnel au lieu de l’indicatif.
(C’est la fête au Pétomane, ce matin !!).
Aujourd’hui ce jeune homme fête ses 100 ans, 1 siècle en bas mots :
Seriez-vous un con, hamlet ?
renato dit:
Moi je me demande parfois si ce n’est pas un groupe de gens, notre Grand Maso, tellement il est con…
Pablo, je peux vous poser une question sérieuse, mais cette fois ne l’esquivez pas comme vous faites d’habitude, et essayez de répondre sincèrement :
avez-vous déjà douté de quelque chose ?
existe-t-il une seule question à laquelle vous reconnaissez ne pas être en mesure de répondre ?
« Selon des experts de Genève et de New York, la pandémie met à rude épreuve le système des Nations Unies, entre le défi du financement et les accusations mutuelles entre les États-Unis et la Chine. »
Swisseinfo.ch
Pour vous, Alexia, ce bel article de Clémentine Mercier (Libération):
https://next.liberation.fr/arts/2020/04/19/mort-du-photographe-gilbert-garcin_1785718
«Il faut trouver un juste milieu entre la réalité et la fiction. Il faut que ce soit crédible mais pas qu’on croit que ce soit la réalité non plus.» (explique-t-il à Patrick Le Bescont des éditions « Filigranes » dans une courte vidéo sur son site)
Voici la vidéo :
https://vimeo.com/153367421
Gilbert Garcin, à La Ciotat, répond aux questions de Patrick Le Bescont.
Conrad – Typhon
Tenir bon …
agamben du lundi matin
Je crois que le lecteur qui se donnera la peine de considérer les points qui suivent ne pourra pas ne pas convenir – sans s’en rendre compte ou en feignant de ne pas s’en rendre compte – que le seuil qui sépare l’humanité de la barbarie a été franchi.
https://lundi.am/Une-question
Et sur son site :
http://www.gilbert-garcin.com/229V.htm
Ce qu’il a fait de ses silhouettes.
C’est une visite rapide en 20 images.
agamben:
l’Église qui, se faisant la servante de la science, devenue désormais la religion de notre temps, a radicalement renié ses principes les plus essentiels.
Son site :
http://www.gilbert-garcin.com/
On peut (découverte rapide) voir ce qu’il a fait de ces silhouettes en 20 images.
C’est étonnant ! Merci Alexia, grâce à vous je mets un nom sur ces images.
La photo 108 de Gilbert Garcin est un cadeau à hamlet…
Depuis le dix-huitième siècle, le nihilisme que critique Valéry a constamment été nourri par l’accélération technologique et la mondialisation. Voici ce qu’il écrit vers la fin de son essai :
– Mais l’Esprit européen – ou du moins ce qu’il contient de plus précieux – est-il totalement diffusible ? Le phénomène de la mise en exploitation du globe, le phénomène de l’égalisation des techniques et le phénomène démocratique, qui font prévoir une deminutio capitis de l’Europe, doivent-ils être pris comme décisions absolues du destin [3] ?
Cette menace de diffusion – dont il est possible que l’Europe ait tenté d’en montrer l’existence – n’est plus un problème auquel seul l’Europe devrait faire face et ne sera probablement plus jamais complètement surmontée par l’esprit « tragiste » européen [4]. Le terme « tragiste » est d’abord lié à la tragédie grecque ; c’est aussi la logique de l’esprit s’efforçant de résoudre les contradictions qui surgissent en son sein. Dans « What Begins after the End of the Enlightenment ? » et d’autres essais, j’ai essayé d’esquisser comment, depuis les Lumières, et après le déclin du monothéisme, ce dernier a été remplacé par un mono-technologisme (ou techno-théisme), trouvant aujourd’hui son point d’aboutissement dans le transhumanisme [5]. Nous, les modernes, les héritiers culturels de l’Hamlet européen (qui, dans La Crise de l’esprit de Valéry, ressasse l’héritage intellectuel européen en comptant les crânes de Leibniz, Kant, Hegel et Marx), nous avons cru, et cent ans après les écrits de Valéry nous voulons toujours croire, que nous deviendrons immortels, que nous pourrons renforcer notre système immunitaire contre tous les virus, ou simplement fuir vers Mars lorsque le pire arrivera. Or, au milieu de la pandémie du coronavirus, les recherches sur les voyages vers Mars paraissent inutile, voire absurde, pour arrêter la propagation d’un tel virus et sauver des vies. Nous, les mortels qui habitons encore cette planète appelée la terre, n’aurons peut-être pas l’opportunité d’attendre de devenir immortels, comme les transhumanistes l’ont annoncé dans les slogans de leurs entreprises. Une pharmacologie du nihilisme après Nietzsche reste à écrire, mais la toxine a déjà imprégné le corps mondial et a provoqué une crise de son système immunitaire.
Pour Jacques Derrida (dont la veuve, Marguerite Derrida, est récemment décédée du coronavirus), l’attaque du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center a marqué la manifestation d’une crise auto-immune, désagrégeant la structure du pouvoir techno-politique qui s’était stabilisée depuis des décennies : un Boeing 767 a été utilisé comme une arme contre le pays qui l’a inventé, comme une cellule mutée ou un virus de l’intérieur [6]. Le terme « auto-immun » n’est qu’une métaphore biologique lorsqu’il est utilisé dans un contexte politique : la mondialisation est la création d’un système mondial dont la stabilité dépend d’une hégémonie techno-scientifique et économique. En conséquence, on en est venu à considérer le 11 septembre 2001 comme la rupture qui a mis fin à la configuration politique voulue par l’Occident chrétien depuis les Lumières, provoquant une réponse immunologique prenant la forme d’un état d’exception permanent – guerres après guerres. Aujourd’hui, le coronavirus ruine cette métaphore : le biologique et le politique ne font qu’un.
Les tentatives de contenir le virus n’impliquent pas seulement des désinfectants et des médicaments, mais aussi des mobilisations militaires, la fermeture de frontières et de pays entiers, la mise à l’arrêt des vols internationaux et des trains.
Fin janvier, Der Spiegel a publié un numéro intitulé Coronavirus, Made in China : Wenn die Globalisierung zur tödlichen Gefahr wird (Quand la mondialisation devient un danger mortel), illustré par l’image d’un Chinois portant un équipement de protection démesuré, regardant un iPhone avec des yeux presque fermés, comme s’il priait un dieu [7]. L’épidémie de coronavirus n’est pas une attaque terroriste – jusqu’à présent, il n’y a pas de preuve claire de l’origine du virus au-delà de sa première apparition en Chine – il s’agit plutôt d’un événement biologique lors duquel un virus, en connexion avec des réseaux de transport perfectionnés, parcourt jusqu’à 900 km par heure. C’est aussi un événement qui semble nous ramener au discours de l’État-nation et à une géopolitique déterminée par l’idée de nations. Je veux dire par là que, premièrement, le coronavirus a redonné du sens à des frontières qui semblaient avoir été rendues floues par le capitalisme mondial et la mobilité croissante que les échanges culturels et le commerce international ont favorisés. L’épidémie mondiale a mis la lumière sur le fait que jusqu’à présent la mondialisation n’a cultivé qu’une culture mono-technologique qui ne peut conduire qu’à une réponse auto-immune et à une grande régression.
. Secondement, l’épidémie et le retour aux États-nations révèlent aussi la limite historique et réelle du concept d’État-nation lui-même. Les États-nations modernes ont tenté de masquer ces limites par des guerres de l’information immanentes (des guerres de l’information), construisant des infosphères (des sphères d’information) qui dépassent les frontières. Cependant, plutôt que de produire une immunologie mondiale, ces infosphères utilisent au contraire ce qui apparaît de manière contingente dans l’espace mondial pour mener une guerre biologique. L’immunologie mondiale que nous pourrions utiliser pour affronter cette étape de la mondialisation n’est pas encore disponible, et ne le sera peut-être jamais si cette culture mono-technologique persiste.
§2. UN SCHMITT EUROPÉEN VOIT DES MILLIONS DE FANTÔMES
En 2016, lors de la crise des réfugiés en Europe, le philosophe Peter Sloterdijk a critiqué la chancelière allemande Angela Merkel dans une interview au magazine Cicero, en déclarant : « Nous devons encore apprendre à glorifier les frontières … Les Européens développeront tôt ou tard une politique frontalière commune efficace. À long terme, l’impératif territorial prévaut. Après tout, il n’y a aucune obligation morale à l’autodestruction [8]. ». Même si Sloterdijk a eu tort de dire que l’Allemagne et l’UE devraient fermer leurs frontières aux réfugiés, rétrospectivement, on peut dire qu’il a eu raison à propos du fait que la question des frontières n’a pas été bien pensée. Roberto Esposito a clairement montré qu’à propos de la fonction des frontières une logique binaire (bipolarisée) continue de prévaloir : d’un côté il s’agit d’insister sur un contrôle plus strict, comme une défense immunologique contre un ennemi extérieur – cela correspond à la compréhension classique et intuitive de l’immunologie comme opposition entre le soi et l’autre – d’un autre côté, à l’opposé, il s’agit de proposer la suppression des frontières pour permettre la liberté de déplacement et d’association des individus et des biens. Esposito suggère qu’aucun de ces deux extrêmes – et c’est assez évident aujourd’hui – n’est éthiquement et pratiquement indésirable [9].
L’épidémie de coronavirus en Chine – qui a commencé à la mi-novembre
CENT ANS DE CRISE – YUK HUI
« La guerre contre le virus est avant tout une guerre de l’information. »
paru dans lundimatin#239, le 20 avril 2020
C’est l’un traits singuliers de cette « crise du coronavirus » que chacun y voit la confirmation de ce qu’il a toujours pensé : la gauche qu’il faut donc urgemment sauver le service public, les néo-libéraux que la bureaucratie étatique ne sert à rien même pour gérer pareille crise, les écologistes qu’il fallait arrêter de détruire la nature sous peine de catastrophe, les fous de technologie que l’unique solution consiste à accélérer pied au plancher dans la virtualisation et le contrôle cybernétique de tout, Edgar Morin que si l’on avait adopté la pensée complexe on en serait pas là, etc. D’où ce sentiment d’être cerné par le bourdonnement autiste de mille bavardages en folie. D’où aussi le caractère salutaire de cet article de Yuk Hui, qui dresse le tableau lucide des options philosophiques et politiques en présence, et dessine le paysage plus que centenaire de ce qui se précipite dans les circonstances actuelles. Si la maîtrise de la technique philosophique a quelque vertu, c’est d’aider à s’orienter dans le théâtre stratégique du présent. On passe alors de la philosophie à la pensée – qui se trouve être chez Yuk Hui une pensée des techniques. Peut-être est-ce au fait d’avoir été écrit depuis Hong Kong que ce texte doit sa capacité d’élucidation. Il prouve en tout cas que Yuk Hui, pour ne s’être affilié à aucun des rackets philosophiques existants, est bien l’un des penseurs-clefs de ce temps. Nous vous épargnons la présentation de son pedigree universitaire et de ses nombreuses publications antérieures. Nous avions déjà publié, il y a deux ans, son excellent texte Sur la conscience malheureuse des Néoréactionnaires. Bonne lecture. [1]
[Photo : Philémon Vanorlé / Basse-cour
Traduction : Michaël Crevoisier]
La philosophie ne s’est jamais montrée secourable, salutaire, prophylactique, que dans une culture saine. Elle a toujours aggravé l’état des peuples malades.
Nietzsche, La philosophie à l’époque tragique des Grecs.
§1. CENTENAIRE DE LA « LA CRISE DE L’ESPRIT »
En 1919, après la Première Guerre mondiale, le poète français Paul Valéry écrivait dans La Crise de l’esprit : « [n]ous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles [2] ». Ce n’est qu’en subissant une telle catastrophe, et comme après coup, que nous savons que nous ne sommes rien d’autre que des êtres fragiles. Cent ans plus tard, une chauve-souris de Chine – s’il s’avère que le coronavirus provient effectivement des chauves-souris – a plongé la planète entière dans une autre crise. Si Valéry était encore en vie, il ne serait pas autorisé à sortir de sa maison en France.
En 1919, la crise de l’esprit avait été précédée d’un nihilisme, un néant, qui hantait l’Europe avant 1914. Comme l’écrivait Valéry depuis la scène intellectuelle d’avant-guerre : « Je ne vois… rien ! Rien… et pourtant un rien infiniment potentiel. ». Dans son poème de 1920, Le Cimetière marin, nous y lisons le caractère affirmatif d’un appel nietzschéen : « Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre ! ». Ce vers a ensuite été repris par Hayao Miyazaki comme titre de son film d’animation sur Jiro Horikoshi, l’ingénieur qui a conçu des avions de chasse pour l’Empire japonais qui ont ensuite été utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce nihilisme revient récursivement sous la forme d’un test nietzschéen : un démon envahit la solitude même de ce qu’il y a de plus esseulé en vous et vous demande si vous voulez vivre dans la récurrence éternelle du même – la même araignée, le même clair de lune entre les arbres, et ce même démon posant cette même question. Toute philosophie qui ne peut pas vivre avec ce nihilisme ni y faire face directement, ne fournit pas de réponse suffisante, car de telles philosophies ne font que rendre la culture plus malade encore qu’elle ne l’est déjà, ce qui pour notre époque signifie se retrancher derrière des mèmes philosophiques, risibles, qui circulent sur les réseaux sociaux.
Depuis le dix-huitième siècle, le nihilisme que critique Valéry a constamment été nourri par l’accélération technologique et la mondialisation. Voici ce qu’il écrit vers la fin de son essai :
– Mais l’Esprit européen – ou du moins ce qu’il contient de plus précieux – est-il totalement diffusible ? Le phénomène de la mise en exploitation du globe, le phénomène de l’égalisation des techniques et le phénomène démocratique, qui font prévoir une deminutio capitis de l’Europe, doivent-ils être pris comme décisions absolues du destin [3] ?
Cette menace de diffusion – dont il est possible que l’Europe ait tenté d’en montrer l’existence – n’est plus un problème auquel seul l’Europe devrait faire face et ne sera probablement plus jamais complètement surmontée par l’esprit « tragiste » européen [4]. Le terme « tragiste » est d’abord lié à la tragédie grecque ; c’est aussi la logique de l’esprit s’efforçant de résoudre les contradictions qui surgissent en son sein. Dans « What Begins after the End of the Enlightenment ? » et d’autres essais, j’ai essayé d’esquisser comment, depuis les Lumières, et après le déclin du monothéisme, ce dernier a été remplacé par un mono-technologisme (ou techno-théisme), trouvant aujourd’hui son point d’aboutissement dans le transhumanisme [5]. Nous, les modernes, les héritiers culturels de l’Hamlet européen (qui, dans La Crise de l’esprit de Valéry, ressasse l’héritage intellectuel européen en comptant les crânes de Leibniz, Kant, Hegel et Marx), nous avons cru, et cent ans après les écrits de Valéry nous voulons toujours croire, que nous deviendrons immortels, que nous pourrons renforcer notre système immunitaire contre tous les virus, ou simplement fuir vers Mars lorsque le pire arrivera. Or, au milieu de la pandémie du coronavirus, les recherches sur les voyages vers Mars paraissent inutile, voire absurde, pour arrêter la propagation d’un tel virus et sauver des vies. Nous, les mortels qui habitons encore cette planète appelée la terre, n’aurons peut-être pas l’opportunité d’attendre de devenir immortels, comme les transhumanistes l’ont annoncé dans les slogans de leurs entreprises. Une pharmacologie du nihilisme après Nietzsche reste à écrire, mais la toxine a déjà imprégné le corps mondial et a provoqué une crise de son système immunitaire.
Pour Jacques Derrida (dont la veuve, Marguerite Derrida, est récemment décédée du coronavirus), l’attaque du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center a marqué la manifestation d’une crise auto-immune, désagrégeant la structure du pouvoir techno-politique qui s’était stabilisée depuis des décennies : un Boeing 767 a été utilisé comme une arme contre le pays qui l’a inventé, comme une cellule mutée ou un virus de l’intérieur [6]. Le terme « auto-immun » n’est qu’une métaphore biologique lorsqu’il est utilisé dans un contexte politique : la mondialisation est la création d’un système mondial dont la stabilité dépend d’une hégémonie techno-scientifique et économique. En conséquence, on en est venu à considérer le 11 septembre 2001 comme la rupture qui a mis fin à la configuration politique voulue par l’Occident chrétien depuis les Lumières, provoquant une réponse immunologique prenant la forme d’un état d’exception permanent – guerres après guerres. Aujourd’hui, le coronavirus ruine cette métaphore : le biologique et le politique ne font qu’un. Les tentatives de contenir le virus n’impliquent pas seulement des désinfectants et des médicaments, mais aussi des mobilisations militaires, la fermeture de frontières et de pays entiers, la mise à l’arrêt des vols internationaux et des trains.
Fin janvier, Der Spiegel a publié un numéro intitulé Coronavirus, Made in China : Wenn die Globalisierung zur tödlichen Gefahr wird (Quand la mondialisation devient un danger mortel), illustré par l’image d’un Chinois portant un équipement de protection démesuré, regardant un iPhone avec des yeux presque fermés, comme s’il priait un dieu [7]. L’épidémie de coronavirus n’est pas une attaque terroriste – jusqu’à présent, il n’y a pas de preuve claire de l’origine du virus au-delà de sa première apparition en Chine – il s’agit plutôt d’un événement biologique lors duquel un virus, en connexion avec des réseaux de transport perfectionnés, parcourt jusqu’à 900 km par heure. C’est aussi un événement qui semble nous ramener au discours de l’État-nation et à une géopolitique déterminée par l’idée de nations. Je veux dire par là que, premièrement, le coronavirus a redonné du sens à des frontières qui semblaient avoir été rendues floues par le capitalisme mondial et la mobilité croissante que les échanges culturels et le commerce international ont favorisés. L’épidémie mondiale a mis la lumière sur le fait que jusqu’à présent la mondialisation n’a cultivé qu’une culture mono-technologique qui ne peut conduire qu’à une réponse auto-immune et à une grande régression. Secondement, l’épidémie et le retour aux États-nations révèlent aussi la limite historique et réelle du concept d’État-nation lui-même. Les États-nations modernes ont tenté de masquer ces limites par des guerres de l’information immanentes (des guerres de l’information), construisant des infosphères (des sphères d’information) qui dépassent les frontières. Cependant, plutôt que de produire une immunologie mondiale, ces infosphères utilisent au contraire ce qui apparaît de manière contingente dans l’espace mondial pour mener une guerre biologique. L’immunologie mondiale que nous pourrions utiliser pour affronter cette étape de la mondialisation n’est pas encore disponible, et ne le sera peut-être jamais si cette culture mono-technologique persiste.
§2. UN SCHMITT EUROPÉEN VOIT DES MILLIONS DE FANTÔMES
En 2016, lors de la crise des réfugiés en Europe, le philosophe Peter Sloterdijk a critiqué la chancelière allemande Angela Merkel dans une interview au magazine Cicero, en déclarant : « Nous devons encore apprendre à glorifier les frontières … Les Européens développeront tôt ou tard une politique frontalière commune efficace. À long terme, l’impératif territorial prévaut. Après tout, il n’y a aucune obligation morale à l’autodestruction [8]. ». Même si Sloterdijk a eu tort de dire que l’Allemagne et l’UE devraient fermer leurs frontières aux réfugiés, rétrospectivement, on peut dire qu’il a eu raison à propos du fait que la question des frontières n’a pas été bien pensée. Roberto Esposito a clairement montré qu’à propos de la fonction des frontières une logique binaire (bipolarisée) continue de prévaloir : d’un côté il s’agit d’insister sur un contrôle plus strict, comme une défense immunologique contre un ennemi extérieur – cela correspond à la compréhension classique et intuitive de l’immunologie comme opposition entre le soi et l’autre – d’un autre côté, à l’opposé, il s’agit de proposer la suppression des frontières pour permettre la liberté de déplacement et d’association des individus et des biens. Esposito suggère qu’aucun de ces deux extrêmes – et c’est assez évident aujourd’hui – n’est éthiquement et pratiquement indésirable [9].
L’épidémie de coronavirus en Chine – qui a commencé à la mi-novembre jusqu’à ce qu’une alerte officielle soit prononcée fin janvier, suivie du confinement de Wuhan le 23 janvier – a immédiatement entraîner des contrôles aux frontières internationales contre les Chinois, ou même contre toute personne vue comme asiatique, identifiés comme porteurs du virus. L’Italie a été l’un des premiers pays à imposer à la Chine une interdiction de voyager ; fin janvier déjà, le Conservatoire de Santa Cecilia de Rome a suspendu les cours pour les étudiants « orientaux », même s’ils n’étaient jamais allés en Chine. Ces actes – que nous pouvons appeler immunologiques – sont conduit par la peur, mais, plus fondamentalement, par l’ignorance.
Toutes les formes de racisme sont fondamentalement immunologiques. Le racisme est un antigène social, car il distingue clairement le soi et l’autre et réagit contre toute instabilité introduite par l’autre. Cependant, tous les actes immunologiques ne peuvent pas être considérés comme relevant du racisme. Si nous ne nous confrontons pas à cette ambiguïté, alors tout s’évanouira dans la nuit où toutes les vaches sont grises. Dans le cas d’une pandémie mondiale, une réaction immunologique est particulièrement inévitable lorsque la contamination est facilitée par des vols et des trains intercontinentaux. Avant la fermeture du Wuhan, cinq millions d’habitants s’étaient échappés, transportant involontairement le virus hors de la ville. En fait, que l’on soit étiqueté comme étant de Wuhan est sans importance, car tout le monde peut être considéré comme suspect, étant donné que le virus peut être latent pendant des jours sur un corps sans symptômes, tout en contaminant ce qui l’entoure. Il y a des moments immunologiques auxquels on ne peut pas facilement échapper lorsque la xénophobie et les micro-fascismes deviennent courants dans les rues et dans les restaurants : quand vous toussez involontairement, tous les regards se tournent sur vous. Plus que jamais, les gens exigent une immunosphère – ce que Peter Sloterdijk a suggéré – comme protection et comme organisation sociale.
Il semble que les actes immunologiques, sachant qu’ils ne peuvent être simplement réduits à des actes racistes, justifient un retour aux frontières –individuelles, sociales et nationales. En immunologie biologique aussi bien qu’en immunologie politique, après des décennies de débat entre le paradigme « soi-autre » et le paradigme organismique, les États modernes en reviennent au contrôle aux frontières comme la forme de défense la plus simple et la plus intuitive, même lorsque l’ennemi n’est pas visible [10]. En fait, nous ne luttons que contre l’incarnation de l’ennemi. Ici, nous sommes tous liés par ce que Carl Schmitt appelle le politique, défini par la distinction entre ami et ennemi – une définition difficilement contestable et probablement renforcée lors d’une pandémie. Lorsque l’ennemi est invisible, il faut faire en sorte qu’il s’incarne, il faut l’identifier : d’abord les Chinois, les Asiatiques, puis les Européens, les Nord-Américains ; ou, en Chine, les habitants de Wuhan. La xénophobie nourrit le nationalisme, que ce soit l’un qui considère la xénophobie comme un acte immunologique inévitable, ou l’autre qui mobilise la xénophobie pour renforcer son propre nationalisme en guise d’immunologie.
La Société des Nations a été fondée en 1919 après la Première Guerre mondiale et a ensuite été remplacée par les Nations Unies, dans l’objectif stratégique d’éviter la guerre en rassemblant toutes les nations en une organisation commune. Peut-être que la critique de Carl Schmitt à l’égard de cette tentative était exacte lorsqu’il affirmait que la Société des Nations, qui a célébré son centenaire l’année dernière, identifiait à tort l’humanité comme le terrain d’entente de la politique mondiale, alors que l’humanité n’est pas un concept politique. Le concept d’humanité est plutôt vecteur de dépolitisation, car vouloir identifier une humanité abstraite qui n’existe pas « permet « d’abuser de la paix, de la justice, du progrès et de la civilisation en les revendiquant pour soi tout en les déniant à l’ennemi [11] ». Nous le savons, la Société des Nations était un groupe de représentants de différents pays qui n’a pas pu empêcher l’une des plus grandes catastrophes du vingtième siècle, la Seconde Guerre mondiale, et a donc été remplacé par les Nations Unies. L’argument n’est-il pas applicable à l’Organisation Mondiale de la Santé, une organisation mondiale destinée à transcender les frontières nationales, émettre des alertes, et fournir des conseils et une gouvernance concernant les problèmes de santé mondiale ?
Compte tenu du fait que l’OMS n’a pratiquement tenu aucun rôle positif dans la prévention de la propagation du coronavirus – si ce n’était un rôle négatif : son directeur général refusa tout de même d’utiliser le terme de pandémie jusqu’à ce que cela soit évident pour tout le monde – qu’est-ce qui rend l’OMS nécessaire ? Naturellement, le travail des professionnels œuvrant dans et avec cette organisation mérite un immense respect, mais le cas du coronavirus a mis au jour à quel point sa fonction politique se trouve dans un état critique. Pire encore, nous ne pouvons que critiquer un organisme mondial aussi gigantesque, consommant une somme considérable d’argent, quand on voit l’échec de son intervention sur les réseaux sociaux, n’ayant pu que prêcher dans le désert, puisque personne n’a la capacité de changer quoi que ce soit dans la mesure où les processus démocratiques sont réservés aux nations.
§3. LE MAUVAIS INFINI DU MONO-TECHNOLOGISME
Si nous suivons Schmitt, l’OMS est avant tout un instrument de dépolitisation,car n’importe quelle agence de presse aurait pu mieux remplir sa fonction d’alerte contre le coronavirus qu’elle ne l’a fait. En effet, en suivant les premières déclarations de l’OMS sur la situation, un certain nombre de pays ont agi trop lentement. Comme l’écrit Schmitt, un organisme représentatif international, créé au nom de l’humanité, « ne supprime pas plus l’éventualité de guerres qu’elle n’abolit les États. Elle crée de nouvelles occasions de guerres, elle en permet certaines, encourage les guerres de coalition et élimine une série de freins mis à la guerre en en légitimant et en sanctionnant d’autres [12]. ». La manipulation des organismes mondiaux par les grandes puissances et le capital transnational depuis la Seconde Guerre mondiale n’est-elle pas la continuation de cette logique ? Ce virus qui était contrôlable au début n’a-t-il pas plongé le monde dans un état de guerre mondial ? En réalité, ces organismes contribuent à une maladie mondiale où la concurrence économique mono-technologique et l’expansion militaire sont le seul objectif, détachant les êtres humains de leurs localités enracinées dans la terre, les remplaçant par des identités fictives façonnées par les États-nations modernes et les guerres de l’information.
comprend la géopolitique en termes d’États souverains définis par des frontières. Après la guerre froide, l’intensification de la concurrence a donné lieu à une culture mono-technologique qui ne permet plus l’équilibrage des progrès économiques et technologiques, mais les assimile tout en évoluant vers une fin apocalyptique. La concurrence basée sur la mono-technologie dévaste les ressources de la planète au nom de la compétition et du profit, et empêche également tout acteur d’emprunter des chemins et des directions différentes – c’est-à-dire la « techno-diversité », à propos de laquelle j’ai beaucoup écrit. La techno-diversité ne veut pas seulement dire que différents pays produisent le même type de technologie (mono-technologie) sous divers noms de marque et selon des fonctionnalités légèrement différentes. Ce concept fait plutôt référence à une multiplicité de cosmotechniques qui diffèrent les unes des autres en termes de valeurs morales, d’épistémologies et de formes d’existence. La forme actuelle de concurrence qui use de moyens économiques et technologiques pour supplanter la politique, est souvent associée au néolibéralisme, tandis que son proche parent le transhumanisme ne considère la politique que sous la forme d’une épistémologie humaniste vouée à être surpassée par l’accélération technologique. Nous arrivons à une impasse de la modernité : on ne peut pas facilement se retirer d’une telle concurrence de peur d’être dépassé par les autres. C’est comme la métaphore de l’homme moderne dont Nietzsche propose la description : un groupe abandonne définitivement son village pour se lancer dans un voyage en mer à la poursuite de l’infini, mais il n’arrive au milieu de l’océan que pour se rendre compte que l’infini n’est pas une destination [13]. Et il n’y a rien de plus terrifiant que l’infini quand il n’y a aucun retour en arrière possible.
CENT ANS DE CRISE – YUK HUI
« La guerre contre le virus est avant tout une guerre de l’information. »
paru dans lundimatin#239, le 20 avril 2020
C’est l’un traits singuliers de cette « crise du coronavirus » que chacun y voit la confirmation de ce qu’il a toujours pensé : la gauche qu’il faut donc urgemment sauver le service public, les néo-libéraux que la bureaucratie étatique ne sert à rien même pour gérer pareille crise, les écologistes qu’il fallait arrêter de détruire la nature sous peine de catastrophe, les fous de technologie que l’unique solution consiste à accélérer pied au plancher dans la virtualisation et le contrôle cybernétique de tout, Edgar Morin que si l’on avait adopté la pensée complexe on en serait pas là, etc. D’où ce sentiment d’être cerné par le bourdonnement autiste de mille bavardages en folie. D’où aussi le caractère salutaire de cet article de Yuk Hui, qui dresse le tableau lucide des options philosophiques et politiques en présence, et dessine le paysage plus que centenaire de ce qui se précipite dans les circonstances actuelles. Si la maîtrise de la technique philosophique a quelque vertu, c’est d’aider à s’orienter dans le théâtre stratégique du présent. On passe alors de la philosophie à la pensée – qui se trouve être chez Yuk Hui une pensée des techniques. Peut-être est-ce au fait d’avoir été écrit depuis Hong Kong que ce texte doit sa capacité d’élucidation. Il prouve en tout cas que Yuk Hui, pour ne s’être affilié à aucun des rackets philosophiques existants, est bien l’un des penseurs-clefs de ce temps. Nous vous épargnons la présentation de son pedigree universitaire et de ses nombreuses publications antérieures. Nous avions déjà publié, il y a deux ans, son excellent texte Sur la conscience malheureuse des Néoréactionnaires. Bonne lecture. [1]
[Photo : Philémon Vanorlé / Basse-cour
Traduction : Michaël Crevoisier]
La philosophie ne s’est jamais montrée secourable, salutaire, prophylactique, que dans une culture saine. Elle a toujours aggravé l’état des peuples malades.
Nietzsche, La philosophie à l’époque tragique des Grecs.
§1. CENTENAIRE DE LA « LA CRISE DE L’ESPRIT »
En 1919, après la Première Guerre mondiale, le poète français Paul Valéry écrivait dans La Crise de l’esprit : « [n]ous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles [2] ». Ce n’est qu’en subissant une telle catastrophe, et comme après coup, que nous savons que nous ne sommes rien d’autre que des êtres fragiles. Cent ans plus tard, une chauve-souris de Chine – s’il s’avère que le coronavirus provient effectivement des chauves-souris – a plongé la planète entière dans une autre crise. Si Valéry était encore en vie, il ne serait pas autorisé à sortir de sa maison en France.
En 1919, la crise de l’esprit avait été précédée d’un nihilisme, un néant, qui hantait l’Europe avant 1914. Comme l’écrivait Valéry depuis la scène intellectuelle d’avant-guerre : « Je ne vois… rien ! Rien… et pourtant un rien infiniment potentiel. ». Dans son poème de 1920, Le Cimetière marin, nous y lisons le caractère affirmatif d’un appel nietzschéen : « Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre ! ». Ce vers a ensuite été repris par Hayao Miyazaki comme titre de son film d’animation sur Jiro Horikoshi, l’ingénieur qui a conçu des avions de chasse pour l’Empire japonais qui ont ensuite été utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce nihilisme revient récursivement sous la forme d’un test nietzschéen : un démon envahit la solitude même de ce qu’il y a de plus esseulé en vous et vous demande si vous voulez vivre dans la récurrence éternelle du même – la même araignée, le même clair de lune entre les arbres, et ce même démon posant cette même question. Toute philosophie qui ne peut pas vivre avec ce nihilisme ni y faire face directement, ne fournit pas de réponse suffisante, car de telles philosophies ne font que rendre la culture plus malade encore qu’elle ne l’est déjà, ce qui pour notre époque signifie se retrancher derrière des mèmes philosophiques, risibles, qui circulent sur les réseaux sociaux.
Depuis le dix-huitième siècle, le nihilisme que critique Valéry a constamment été nourri par l’accélération technologique et la mondialisation. Voici ce qu’il écrit vers la fin de son essai :
– Mais l’Esprit européen – ou du moins ce qu’il contient de plus précieux – est-il totalement diffusible ? Le phénomène de la mise en exploitation du globe, le phénomène de l’égalisation des techniques et le phénomène démocratique, qui font prévoir une deminutio capitis de l’Europe, doivent-ils être pris comme décisions absolues du destin [3] ?
Cette menace de diffusion – dont il est possible que l’Europe ait tenté d’en montrer l’existence – n’est plus un problème auquel seul l’Europe devrait faire face et ne sera probablement plus jamais complètement surmontée par l’esprit « tragiste » européen [4]. Le terme « tragiste » est d’abord lié à la tragédie grecque ; c’est aussi la logique de l’esprit s’efforçant de résoudre les contradictions qui surgissent en son sein. Dans « What Begins after the End of the Enlightenment ? » et d’autres essais, j’ai essayé d’esquisser comment, depuis les Lumières, et après le déclin du monothéisme, ce dernier a été remplacé par un mono-technologisme (ou techno-théisme), trouvant aujourd’hui son point d’aboutissement dans le transhumanisme [5]. Nous, les modernes, les héritiers culturels de l’Hamlet européen (qui, dans La Crise de l’esprit de Valéry, ressasse l’héritage intellectuel européen en comptant les crânes de Leibniz, Kant, Hegel et Marx), nous avons cru, et cent ans après les écrits de Valéry nous voulons toujours croire, que nous deviendrons immortels, que nous pourrons renforcer notre système immunitaire contre tous les virus, ou simplement fuir vers Mars lorsque le pire arrivera. Or, au milieu de la pandémie du coronavirus, les recherches sur les voyages vers Mars paraissent inutile, voire absurde, pour arrêter la propagation d’un tel virus et sauver des vies. Nous, les mortels qui habitons encore cette planète appelée la terre, n’aurons peut-être pas l’opportunité d’attendre de devenir immortels, comme les transhumanistes l’ont annoncé dans les slogans de leurs entreprises. Une pharmacologie du nihilisme après Nietzsche reste à écrire, mais la toxine a déjà imprégné le corps mondial et a provoqué une crise de son système immunitaire.
Pour Jacques Derrida (dont la veuve, Marguerite Derrida, est récemment décédée du coronavirus), l’attaque du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center a marqué la manifestation d’une crise auto-immune, désagrégeant la structure du pouvoir techno-politique qui s’était stabilisée depuis des décennies : un Boeing 767 a été utilisé comme une arme contre le pays qui l’a inventé, comme une cellule mutée ou un virus de l’intérieur [6]. Le terme « auto-immun » n’est qu’une métaphore biologique lorsqu’il est utilisé dans un contexte politique : la mondialisation est la création d’un système mondial dont la stabilité dépend d’une hégémonie techno-scientifique et économique. En conséquence, on en est venu à considérer le 11 septembre 2001 comme la rupture qui a mis fin à la configuration politique voulue par l’Occident chrétien depuis les Lumières, provoquant une réponse immunologique prenant la forme d’un état d’exception permanent – guerres après guerres. Aujourd’hui, le coronavirus ruine cette métaphore : le biologique et le politique ne font qu’un. Les tentatives de contenir le virus n’impliquent pas seulement des désinfectants et des médicaments, mais aussi des mobilisations militaires, la fermeture de frontières et de pays entiers, la mise à l’arrêt des vols internationaux et des trains.
Fin janvier, Der Spiegel a publié un numéro intitulé Coronavirus, Made in China : Wenn die Globalisierung zur tödlichen Gefahr wird (Quand la mondialisation devient un danger mortel), illustré par l’image d’un Chinois portant un équipement de protection démesuré, regardant un iPhone avec des yeux presque fermés, comme s’il priait un dieu [7]. L’épidémie de coronavirus n’est pas une attaque terroriste – jusqu’à présent, il n’y a pas de preuve claire de l’origine du virus au-delà de sa première apparition en Chine – il s’agit plutôt d’un événement biologique lors duquel un virus, en connexion avec des réseaux de transport perfectionnés, parcourt jusqu’à 900 km par heure. C’est aussi un événement qui semble nous ramener au discours de l’État-nation et à une géopolitique déterminée par l’idée de nations. Je veux dire par là que, premièrement, le coronavirus a redonné du sens à des frontières qui semblaient avoir été rendues floues par le capitalisme mondial et la mobilité croissante que les échanges culturels et le commerce international ont favorisés. L’épidémie mondiale a mis la lumière sur le fait que jusqu’à présent la mondialisation n’a cultivé qu’une culture mono-technologique qui ne peut conduire qu’à une réponse auto-immune et à une grande régression. Secondement, l’épidémie et le retour aux États-nations révèlent aussi la limite historique et réelle du concept d’État-nation lui-même. Les États-nations modernes ont tenté de masquer ces limites par des guerres de l’information immanentes (des guerres de l’information), construisant des infosphères (des sphères d’information) qui dépassent les frontières. Cependant, plutôt que de produire une immunologie mondiale, ces infosphères utilisent au contraire ce qui apparaît de manière contingente dans l’espace mondial pour mener une guerre biologique. L’immunologie mondiale que nous pourrions utiliser pour affronter cette étape de la mondialisation n’est pas encore disponible, et ne le sera peut-être jamais si cette culture mono-technologique persiste.
§2. UN SCHMITT EUROPÉEN VOIT DES MILLIONS DE FANTÔMES
En 2016, lors de la crise des réfugiés en Europe, le philosophe Peter Sloterdijk a critiqué la chancelière allemande Angela Merkel dans une interview au magazine Cicero, en déclarant : « Nous devons encore apprendre à glorifier les frontières … Les Européens développeront tôt ou tard une politique frontalière commune efficace. À long terme, l’impératif territorial prévaut. Après tout, il n’y a aucune obligation morale à l’autodestruction [8]. ». Même si Sloterdijk a eu tort de dire que l’Allemagne et l’UE devraient fermer leurs frontières aux réfugiés, rétrospectivement, on peut dire qu’il a eu raison à propos du fait que la question des frontières n’a pas été bien pensée. Roberto Esposito a clairement montré qu’à propos de la fonction des frontières une logique binaire (bipolarisée) continue de prévaloir : d’un côté il s’agit d’insister sur un contrôle plus strict, comme une défense immunologique contre un ennemi extérieur – cela correspond à la compréhension classique et intuitive de l’immunologie comme opposition entre le soi et l’autre – d’un autre côté, à l’opposé, il s’agit de proposer la suppression des frontières pour permettre la liberté de déplacement et d’association des individus et des biens. Esposito suggère qu’aucun de ces deux extrêmes – et c’est assez évident aujourd’hui – n’est éthiquement et pratiquement indésirable [9].
L’épidémie de coronavirus en Chine – qui a commencé à la mi-novembre jusqu’à ce qu’une alerte officielle soit prononcée fin janvier, suivie du confinement de Wuhan le 23 janvier – a immédiatement entraîner des contrôles aux frontières internationales contre les Chinois, ou même contre toute personne vue comme asiatique, identifiés comme porteurs du virus. L’Italie a été l’un des premiers pays à imposer à la Chine une interdiction de voyager ; fin janvier déjà, le Conservatoire de Santa Cecilia de Rome a suspendu les cours pour les étudiants « orientaux », même s’ils n’étaient jamais allés en Chine. Ces actes – que nous pouvons appeler immunologiques – sont conduit par la peur, mais, plus fondamentalement, par l’ignorance.
À Hong Kong, – juste à côté de Shenzhen dans la province du Guangdong, l’une des principales régions épidémiques en dehors de la province du Hubei – des voix fortes ont exhorté le gouvernement à fermer la frontière avec la Chine. Le gouvernement a refusé, citant l’Organisation Mondiale de la Santé qui conseillait aux pays d’éviter d’imposer à la Chine des restrictions concernant les voyages et le commerce. Hong Kong est l’une des deux RAS (Région Administrative Spéciale) de la Chine et, à ce titre, elle n’est pas censée s’opposer à la Chine ni ajouter du poids à ce récent fardeau qu’est une croissance économique décevante. Pourtant, certains restaurants de Hong Kong ont affiché sur leurs portes des avis annonçant que les clients parlant le mandarin n’étaient pas les bienvenus. Le mandarin est associé aux Chinois continentaux porteurs du virus, par conséquent le dialecte est considéré comme le signe d’un danger. Un restaurant qui, dans des circonstances normales, est ouvert à tous ceux qui en ont les moyens, n’est désormais plus ouvert qu’à certaines personnes.
Toutes les formes de racisme sont fondamentalement immunologiques. Le racisme est un antigène social, car il distingue clairement le soi et l’autre et réagit contre toute instabilité introduite par l’autre. Cependant, tous les actes immunologiques ne peuvent pas être considérés comme relevant du racisme. Si nous ne nous confrontons pas à cette ambiguïté, alors tout s’évanouira dans la nuit où toutes les vaches sont grises. Dans le cas d’une pandémie mondiale, une réaction immunologique est particulièrement inévitable lorsque la contamination est facilitée par des vols et des trains intercontinentaux. Avant la fermeture du Wuhan, cinq millions d’habitants s’étaient échappés, transportant involontairement le virus hors de la ville. En fait, que l’on soit étiqueté comme étant de Wuhan est sans importance, car tout le monde peut être considéré comme suspect, étant donné que le virus peut être latent pendant des jours sur un corps sans symptômes, tout en contaminant ce qui l’entoure. Il y a des moments immunologiques auxquels on ne peut pas facilement échapper lorsque la xénophobie et les micro-fascismes deviennent courants dans les rues et dans les restaurants : quand vous toussez involontairement, tous les regards se tournent sur vous. Plus que jamais, les gens exigent une immunosphère – ce que Peter Sloterdijk a suggéré – comme protection et comme organisation sociale.
Il semble que les actes immunologiques, sachant qu’ils ne peuvent être simplement réduits à des actes racistes, justifient un retour aux frontières – individuelles, sociales et nationales. En immunologie biologique aussi bien qu’en immunologie politique, après des décennies de débat entre le paradigme « soi-autre » et le paradigme organismique, les États modernes en reviennent au contrôle aux frontières comme la forme de défense la plus simple et la plus intuitive, même lorsque l’ennemi n’est pas visible [10]. En fait, nous ne luttons que contre l’incarnation de l’ennemi. Ici, nous sommes tous liés par ce que Carl Schmitt appelle le politique, défini par la distinction entre ami et ennemi – une définition difficilement contestable et probablement renforcée lors d’une pandémie. Lorsque l’ennemi est invisible, il faut faire en sorte qu’il s’incarne, il faut l’identifier : d’abord les Chinois, les Asiatiques, puis les Européens, les Nord-Américains ; ou, en Chine, les habitants de Wuhan. La xénophobie nourrit le nationalisme, que ce soit l’un qui considère la xénophobie comme un acte immunologique inévitable, ou l’autre qui mobilise la xénophobie pour renforcer son propre nationalisme en guise d’immunologie.
La Société des Nations a été fondée en 1919 après la Première Guerre mondiale et a ensuite été remplacée par les Nations Unies, dans l’objectif stratégique d’éviter la guerre en rassemblant toutes les nations en une organisation commune. Peut-être que la critique de Carl Schmitt à l’égard de cette tentative était exacte lorsqu’il affirmait que la Société des Nations, qui a célébré son centenaire l’année dernière, identifiait à tort l’humanité comme le terrain d’entente de la politique mondiale, alors que l’humanité n’est pas un concept politique. Le concept d’humanité est plutôt vecteur de dépolitisation, car vouloir identifier une humanité abstraite qui n’existe pas « permet « d’abuser de la paix, de la justice, du progrès et de la civilisation en les revendiquant pour soi tout en les déniant à l’ennemi [11] ». Nous le savons, la Société des Nations était un groupe de représentants de différents pays qui n’a pas pu empêcher l’une des plus grandes catastrophes du vingtième siècle, la Seconde Guerre mondiale, et a donc été remplacé par les Nations Unies. L’argument n’est-il pas applicable à l’Organisation Mondiale de la Santé, une organisation mondiale destinée à transcender les frontières nationales, émettre des alertes, et fournir des conseils et une gouvernance concernant les problèmes de santé mondiale ? Compte tenu du fait que l’OMS n’a pratiquement tenu aucun rôle positif dans la prévention de la propagation du coronavirus – si ce n’était un rôle négatif : son directeur général refusa tout de même d’utiliser le terme de pandémie jusqu’à ce que cela soit évident pour tout le monde – qu’est-ce qui rend l’OMS nécessaire ? Naturellement, le travail des professionnels œuvrant dans et avec cette organisation mérite un immense respect, mais le cas du coronavirus a mis au jour à quel point sa fonction politique se trouve dans un état critique. Pire encore, nous ne pouvons que critiquer un organisme mondial aussi gigantesque, consommant une somme considérable d’argent, quand on voit l’échec de son intervention sur les réseaux sociaux, n’ayant pu que prêcher dans le désert, puisque personne n’a la capacité de changer quoi que ce soit dans la mesure où les processus démocratiques sont réservés aux nations.
§3. LE MAUVAIS INFINI DU MONO-TECHNOLOGISME
Si nous suivons Schmitt, l’OMS est avant tout un instrument de dépolitisation, car n’importe quelle agence de presse aurait pu mieux remplir sa fonction d’alerte contre le coronavirus qu’elle ne l’a fait. En effet, en suivant les premières déclarations de l’OMS sur la situation, un certain nombre de pays ont agi trop lentement. Comme l’écrit Schmitt, un organisme représentatif international, créé au nom de l’humanité, « ne supprime pas plus l’éventualité de guerres qu’elle n’abolit les États. Elle crée de nouvelles occasions de guerres, elle en permet certaines, encourage les guerres de coalition et élimine une série de freins mis à la guerre en en légitimant et en sanctionnant d’autres [12]. ». La manipulation des organismes mondiaux par les grandes puissances et le capital transnational depuis la Seconde Guerre mondiale n’est-elle pas la continuation de cette logique ? Ce virus qui était contrôlable au début n’a-t-il pas plongé le monde dans un état de guerre mondial ? En réalité, ces organismes contribuent à une maladie mondiale où la concurrence économique mono-technologique et l’expansion militaire sont le seul objectif, détachant les êtres humains de leurs localités enracinées dans la terre, les remplaçant par des identités fictives façonnées par les États-nations modernes et les guerres de l’information.
Le concept d’état d’exception ou d’état d’urgence était à l’origine censé permettre au souverain d’immuniser le Commonwealth, mais depuis le 11 septembre 2001, il tend à désigner une norme politique. La normalisation de l’état d’urgence n’est pas seulement une expression du pouvoir absolu du souverain, mais aussi de l’État-nation moderne qui lutte et, tout en élargissant et en établissant ses frontières par tous les moyens technologiques et économiques disponibles, échoue à faire face à la situation mondiale. Le contrôle des frontières n’est un acte immunologique efficace que si l’on comprend la géopolitique en termes d’États souverains définis par des frontières. Après la guerre froide, l’intensification de la concurrence a donné lieu à une culture mono-technologique qui ne permet plus l’équilibrage des progrès économiques et technologiques, mais les assimile tout en évoluant vers une fin apocalyptique. La concurrence basée sur la mono-technologie dévaste les ressources de la planète au nom de la compétition et du profit, et empêche également tout acteur d’emprunter des chemins et des directions différentes – c’est-à-dire la « techno-diversité », à propos de laquelle j’ai beaucoup écrit. La techno-diversité ne veut pas seulement dire que différents pays produisent le même type de technologie (mono-technologie) sous divers noms de marque et selon des fonctionnalités légèrement différentes. Ce concept fait plutôt référence à une multiplicité de cosmotechniques qui diffèrent les unes des autres en termes de valeurs morales, d’épistémologies et de formes d’existence. La forme actuelle de concurrence qui use de moyens économiques et technologiques pour supplanter la politique, est souvent associée au néolibéralisme, tandis que son proche parent le transhumanisme ne considère la politique que sous la forme d’une épistémologie humaniste vouée à être surpassée par l’accélération technologique. Nous arrivons à une impasse de la modernité : on ne peut pas facilement se retirer d’une telle concurrence de peur d’être dépassé par les autres. C’est comme la métaphore de l’homme moderne dont Nietzsche propose la description : un groupe abandonne définitivement son village pour se lancer dans un voyage en mer à la poursuite de l’infini, mais il n’arrive au milieu de l’océan que pour se rendre compte que l’infini n’est pas une destination [13]. Et il n’y a rien de plus terrifiant que l’infini quand il n’y a aucun retour en arrière possible.
L’épidémie de coronavirus, comme toutes les catastrophes, peut nous forcer à nous demander dans quelle direction nous allons. Bien que nous sachions que nous ne nous dirigeons que vers le vide, nous avons néanmoins été poussés par une impulsion tragiste à « essayer de vivre ». Dans un contexte où la concurrence a été intensifiée, l’intérêt des États ne se tourne plus en direction de leurs sujets mais vers la croissance économique – tout souci à l’égard de la population procède de sa contribution à la croissance économique. Cela va de soi dans la façon dont la Chine a d’abord tenté de faire taire les informations concernant le coronavirus, car, après que Xi Jinping ait averti que les mesures contre le virus nuisaient à l’économie, le nombre de nouveaux cas est tombé à zéro. C’est la même « logique » économique impitoyable qui a fait que d’autres pays, en raison du fait que des mesures préventives telles que les restrictions de voyage (déconseillées par l’OMS), les contrôles aux aéroports et le report des Jeux Olympiques auront un impact sur le tourisme, ont décidé d’attendre et de voir venir.
Les médias ainsi que de nombreux philosophes présentent un argument quel que peu naïf concernant « l’approche autoritaire » asiatique et l’approche prétendument libérale / libertaire / démocratique des pays occidentaux. La voie autoritaire chinoise (ou asiatique) – souvent improprement comprise comme confucéenne, alors que le confucianisme n’est pas du tout une philosophie autoritaire ou coercitive – a été efficace dans la gestion de la population en repérant la propagation du virus grâce à l’utilisation de technologies de surveillance des consommateurs déjà répandues (reconnaissance faciale, analyse de données mobiles, etc.).
CENT ANS DE CRISE – YUK HUI
« La guerre contre le virus est avant tout une guerre de l’information. »
paru dans lundimatin#239, le 20 avril 2020
C’est l’un traits singuliers de cette « crise du coronavirus » que chacun y voit la confirmation de ce qu’il a toujours pensé : la gauche qu’il faut donc urgemment sauver le service public, les néo-libéraux que la bureaucratie étatique ne sert à rien même pour gérer pareille crise, les écologistes qu’il fallait arrêter de détruire la nature sous peine de catastrophe, les fous de technologie que l’unique solution consiste à accélérer pied au plancher dans la virtualisation et le contrôle cybernétique de tout, Edgar Morin que si l’on avait adopté la pensée complexe on en serait pas là, etc. D’où ce sentiment d’être cerné par le bourdonnement autiste de mille bavardages en folie. D’où aussi le caractère salutaire de cet article de Yuk Hui, qui dresse le tableau lucide des options philosophiques et politiques en présence, et dessine le paysage plus que centenaire de ce qui se précipite dans les circonstances actuelles. Si la maîtrise de la technique philosophique a quelque vertu, c’est d’aider à s’orienter dans le théâtre stratégique du présent. On passe alors de la philosophie à la pensée – qui se trouve être chez Yuk Hui une pensée des techniques. Peut-être est-ce au fait d’avoir été écrit depuis Hong Kong que ce texte doit sa capacité d’élucidation. Il prouve en tout cas que Yuk Hui, pour ne s’être affilié à aucun des rackets philosophiques existants, est bien l’un des penseurs-clefs de ce temps. Nous vous épargnons la présentation de son pedigree universitaire et de ses nombreuses publications antérieures. Nous avions déjà publié, il y a deux ans, son excellent texte Sur la conscience malheureuse des Néoréactionnaires. Bonne lecture. [1]
[Photo : Philémon Vanorlé / Basse-cour
Traduction : Michaël Crevoisier]
La philosophie ne s’est jamais montrée secourable, salutaire, prophylactique, que dans une culture saine. Elle a toujours aggravé l’état des peuples malades.
Nietzsche, La philosophie à l’époque tragique des Grecs.
§1. CENTENAIRE DE LA « LA CRISE DE L’ESPRIT »
En 1919, après la Première Guerre mondiale, le poète français Paul Valéry écrivait dans La Crise de l’esprit : « [n]ous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles [2] ». Ce n’est qu’en subissant une telle catastrophe, et comme après coup, que nous savons que nous ne sommes rien d’autre que des êtres fragiles. Cent ans plus tard, une chauve-souris de Chine – s’il s’avère que le coronavirus provient effectivement des chauves-souris – a plongé la planète entière dans une autre crise. Si Valéry était encore en vie, il ne serait pas autorisé à sortir de sa maison en France.
En 1919, la crise de l’esprit avait été précédée d’un nihilisme, un néant, qui hantait l’Europe avant 1914. Comme l’écrivait Valéry depuis la scène intellectuelle d’avant-guerre : « Je ne vois… rien ! Rien… et pourtant un rien infiniment potentiel. ». Dans son poème de 1920, Le Cimetière marin, nous y lisons le caractère affirmatif d’un appel nietzschéen : « Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre ! ». Ce vers a ensuite été repris par Hayao Miyazaki comme titre de son film d’animation sur Jiro Horikoshi, l’ingénieur qui a conçu des avions de chasse pour l’Empire japonais qui ont ensuite été utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce nihilisme revient récursivement sous la forme d’un test nietzschéen : un démon envahit la solitude même de ce qu’il y a de plus esseulé en vous et vous demande si vous voulez vivre dans la récurrence éternelle du même – la même araignée, le même clair de lune entre les arbres, et ce même démon posant cette même question. Toute philosophie qui ne peut pas vivre avec ce nihilisme ni y faire face directement, ne fournit pas de réponse suffisante, car de telles philosophies ne font que rendre la culture plus malade encore qu’elle ne l’est déjà, ce qui pour notre époque signifie se retrancher derrière des mèmes philosophiques, risibles, qui circulent sur les réseaux sociaux.
Depuis le dix-huitième siècle, le nihilisme que critique Valéry a constamment été nourri par l’accélération technologique et la mondialisation. Voici ce qu’il écrit vers la fin de son essai :
– Mais l’Esprit européen – ou du moins ce qu’il contient de plus précieux – est-il totalement diffusible ? Le phénomène de la mise en exploitation du globe, le phénomène de l’égalisation des techniques et le phénomène démocratique, qui font prévoir une deminutio capitis de l’Europe, doivent-ils être pris comme décisions absolues du destin [3] ?
Cette menace de diffusion – dont il est possible que l’Europe ait tenté d’en montrer l’existence – n’est plus un problème auquel seul l’Europe devrait faire face et ne sera probablement plus jamais complètement surmontée par l’esprit « tragiste » européen [4]. Le terme « tragiste » est d’abord lié à la tragédie grecque ; c’est aussi la logique de l’esprit s’efforçant de résoudre les contradictions qui surgissent en son sein. Dans « What Begins after the End of the Enlightenment ? » et d’autres essais, j’ai essayé d’esquisser comment, depuis les Lumières, et après le déclin du monothéisme, ce dernier a été remplacé par un mono-technologisme (ou techno-théisme), trouvant aujourd’hui son point d’aboutissement dans le transhumanisme [5]. Nous, les modernes, les héritiers culturels de l’Hamlet européen (qui, dans La Crise de l’esprit de Valéry, ressasse l’héritage intellectuel européen en comptant les crânes de Leibniz, Kant, Hegel et Marx), nous avons cru, et cent ans après les écrits de Valéry nous voulons toujours croire, que nous deviendrons immortels, que nous pourrons renforcer notre système immunitaire contre tous les virus, ou simplement fuir vers Mars lorsque le pire arrivera. Or, au milieu de la pandémie du coronavirus, les recherches sur les voyages vers Mars paraissent inutile, voire absurde, pour arrêter la propagation d’un tel virus et sauver des vies. Nous, les mortels qui habitons encore cette planète appelée la terre, n’aurons peut-être pas l’opportunité d’attendre de devenir immortels, comme les transhumanistes l’ont annoncé dans les slogans de leurs entreprises. Une pharmacologie du nihilisme après Nietzsche reste à écrire, mais la toxine a déjà imprégné le corps mondial et a provoqué une crise de son système immunitaire.
Pour Jacques Derrida (dont la veuve, Marguerite Derrida, est récemment décédée du coronavirus), l’attaque du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center a marqué la manifestation d’une crise auto-immune, désagrégeant la structure du pouvoir techno-politique qui s’était stabilisée depuis des décennies : un Boeing 767 a été utilisé comme une arme contre le pays qui l’a inventé, comme une cellule mutée ou un virus de l’intérieur [6]. Le terme « auto-immun » n’est qu’une métaphore biologique lorsqu’il est utilisé dans un contexte politique : la mondialisation est la création d’un système mondial dont la stabilité dépend d’une hégémonie techno-scientifique et économique. En conséquence, on en est venu à considérer le 11 septembre 2001 comme la rupture qui a mis fin à la configuration politique voulue par l’Occident chrétien depuis les Lumières, provoquant une réponse immunologique prenant la forme d’un état d’exception permanent – guerres après guerres. Aujourd’hui, le coronavirus ruine cette métaphore : le biologique et le politique ne font qu’un. Les tentatives de contenir le virus n’impliquent pas seulement des désinfectants et des médicaments, mais aussi des mobilisations militaires, la fermeture de frontières et de pays entiers, la mise à l’arrêt des vols internationaux et des trains.
Fin janvier, Der Spiegel a publié un numéro intitulé Coronavirus, Made in China : Wenn die Globalisierung zur tödlichen Gefahr wird (Quand la mondialisation devient un danger mortel), illustré par l’image d’un Chinois portant un équipement de protection démesuré, regardant un iPhone avec des yeux presque fermés, comme s’il priait un dieu [7]. L’épidémie de coronavirus n’est pas une attaque terroriste – jusqu’à présent, il n’y a pas de preuve claire de l’origine du virus au-delà de sa première apparition en Chine – il s’agit plutôt d’un événement biologique lors duquel un virus, en connexion avec des réseaux de transport perfectionnés, parcourt jusqu’à 900 km par heure. C’est aussi un événement qui semble nous ramener au discours de l’État-nation et à une géopolitique déterminée par l’idée de nations. Je veux dire par là que, premièrement, le coronavirus a redonné du sens à des frontières qui semblaient avoir été rendues floues par le capitalisme mondial et la mobilité croissante que les échanges culturels et le commerce international ont favorisés. L’épidémie mondiale a mis la lumière sur le fait que jusqu’à présent la mondialisation n’a cultivé qu’une culture mono-technologique qui ne peut conduire qu’à une réponse auto-immune et à une grande régression. Secondement, l’épidémie et le retour aux États-nations révèlent aussi la limite historique et réelle du concept d’État-nation lui-même. Les États-nations modernes ont tenté de masquer ces limites par des guerres de l’information immanentes (des guerres de l’information), construisant des infosphères (des sphères d’information) qui dépassent les frontières. Cependant, plutôt que de produire une immunologie mondiale, ces infosphères utilisent au contraire ce qui apparaît de manière contingente dans l’espace mondial pour mener une guerre biologique. L’immunologie mondiale que nous pourrions utiliser pour affronter cette étape de la mondialisation n’est pas encore disponible, et ne le sera peut-être jamais si cette culture mono-technologique persiste.
§2. UN SCHMITT EUROPÉEN VOIT DES MILLIONS DE FANTÔMES
En 2016, lors de la crise des réfugiés en Europe, le philosophe Peter Sloterdijk a critiqué la chancelière allemande Angela Merkel dans une interview au magazine Cicero, en déclarant : « Nous devons encore apprendre à glorifier les frontières … Les Européens développeront tôt ou tard une politique frontalière commune efficace. À long terme, l’impératif territorial prévaut. Après tout, il n’y a aucune obligation morale à l’autodestruction [8]. ». Même si Sloterdijk a eu tort de dire que l’Allemagne et l’UE devraient fermer leurs frontières aux réfugiés, rétrospectivement, on peut dire qu’il a eu raison à propos du fait que la question des frontières n’a pas été bien pensée. Roberto Esposito a clairement montré qu’à propos de la fonction des frontières une logique binaire (bipolarisée) continue de prévaloir : d’un côté il s’agit d’insister sur un contrôle plus strict, comme une défense immunologique contre un ennemi extérieur – cela correspond à la compréhension classique et intuitive de l’immunologie comme opposition entre le soi et l’autre – d’un autre côté, à l’opposé, il s’agit de proposer la suppression des frontières pour permettre la liberté de déplacement et d’association des individus et des biens. Esposito suggère qu’aucun de ces deux extrêmes – et c’est assez évident aujourd’hui – n’est éthiquement et pratiquement indésirable [9].
L’épidémie de coronavirus en Chine – qui a commencé à la mi-novembre jusqu’à ce qu’une alerte officielle soit prononcée fin janvier, suivie du confinement de Wuhan le 23 janvier – a immédiatement entraîner des contrôles aux frontières internationales contre les Chinois, ou même contre toute personne vue comme asiatique, identifiés comme porteurs du virus. L’Italie a été l’un des premiers pays à imposer à la Chine une interdiction de voyager ; fin janvier déjà, le Conservatoire de Santa Cecilia de Rome a suspendu les cours pour les étudiants « orientaux », même s’ils n’étaient jamais allés en Chine. Ces actes – que nous pouvons appeler immunologiques – sont conduit par la peur, mais, plus fondamentalement, par l’ignorance.
À Hong Kong, – juste à côté de Shenzhen dans la province du Guangdong, l’une des principales régions épidémiques en dehors de la province du Hubei – des voix fortes ont exhorté le gouvernement à fermer la frontière avec la Chine. Le gouvernement a refusé, citant l’Organisation Mondiale de la Santé qui conseillait aux pays d’éviter d’imposer à la Chine des restrictions concernant les voyages et le commerce. Hong Kong est l’une des deux RAS (Région Administrative Spéciale) de la Chine et, à ce titre, elle n’est pas censée s’opposer à la Chine ni ajouter du poids à ce récent fardeau qu’est une croissance économique décevante. Pourtant, certains restaurants de Hong Kong ont affiché sur leurs portes des avis annonçant que les clients parlant le mandarin n’étaient pas les bienvenus. Le mandarin est associé aux Chinois continentaux porteurs du virus, par conséquent le dialecte est considéré comme le signe d’un danger. Un restaurant qui, dans des circonstances normales, est ouvert à tous ceux qui en ont les moyens, n’est désormais plus ouvert qu’à certaines personnes.
Toutes les formes de racisme sont fondamentalement immunologiques. Le racisme est un antigène social, car il distingue clairement le soi et l’autre et réagit contre toute instabilité introduite par l’autre. Cependant, tous les actes immunologiques ne peuvent pas être considérés comme relevant du racisme. Si nous ne nous confrontons pas à cette ambiguïté, alors tout s’évanouira dans la nuit où toutes les vaches sont grises. Dans le cas d’une pandémie mondiale, une réaction immunologique est particulièrement inévitable lorsque la contamination est facilitée par des vols et des trains intercontinentaux. Avant la fermeture du Wuhan, cinq millions d’habitants s’étaient échappés, transportant involontairement le virus hors de la ville. En fait, que l’on soit étiqueté comme étant de Wuhan est sans importance, car tout le monde peut être considéré comme suspect, étant donné que le virus peut être latent pendant des jours sur un corps sans symptômes, tout en contaminant ce qui l’entoure. Il y a des moments immunologiques auxquels on ne peut pas facilement échapper lorsque la xénophobie et les micro-fascismes deviennent courants dans les rues et dans les restaurants : quand vous toussez involontairement, tous les regards se tournent sur vous. Plus que jamais, les gens exigent une immunosphère – ce que Peter Sloterdijk a suggéré – comme protection et comme organisation sociale.
Il semble que les actes immunologiques, sachant qu’ils ne peuvent être simplement réduits à des actes racistes, justifient un retour aux frontières – individuelles, sociales et nationales. En immunologie biologique aussi bien qu’en immunologie politique, après des décennies de débat entre le paradigme « soi-autre » et le paradigme organismique, les États modernes en reviennent au contrôle aux frontières comme la forme de défense la plus simple et la plus intuitive, même lorsque l’ennemi n’est pas visible [10]. En fait, nous ne luttons que contre l’incarnation de l’ennemi. Ici, nous sommes tous liés par ce qu
https://lundi.am/Cent-ans-de-crise YUK HUI
lundi matin
V&A chair had ‘Bruegel-like’ delirium after contracting Covid-19
by Gareth Harris
The Art Newspaper Daily
Pour @ l’AMS,… histoire d’établir un link hasardeux entre Walden Thoreau et Foucault Michel, sait-on jamais, ceci :
https://laviedesidees.fr/Des-hommes-infames-aux-hommes-des-forets.html
Avais lu cet essai de Phiiippe Artières à la fin de l’année passée, mais n’avais point été autant convaincu que le recenseur, par les spéculations de Philippe, fils spirituel de MF, et gestionnaire du fonds à Saulchoir. Surtout… quand j’ai compris que dasn ce bouquin, il racontait des barres sur le dossier inespéré confié par Daniel Defert. Comme le naïf, j’y ai cru un moment, et rapidement désillusionné…, j’en ai conçu comme une amertume qui m’a amené à sous estimer l’entreprise.
Cela dit, je remarque qu’il devient très tendance de faire parler les morts illustres sur les affaires de notre temps qu’il ne purent anticiper. Des sortes de dystopies philosophiques auto réalistatrices, comment pourrait-on en qualifier le genre ???
Tant qu’à faire, je préfère suivre les chemins d’un Bruno Latour, encore bien vivant, lui, et qui sait encore où « atterrir ».
Bien à vous, AMS, et courage fuyons : [///on connait vos « ressources » vindicatoires et aptitudes à convaincre PA de virer les virus virulents du Covid’75 de son Vblog verdélien. Nul doute que vous y parviendrez tantôt, après avoir magistralement réussi votre chasse à la Chaloupe ]]]. Quelle femme !
etalii, en son temps la poésie de Valéry était déjà jugée artificielle. Ne la servez pas ici en étouffe-chrétien du prestigieux blog à passou, suffisamment lesté par une population en cheveux qui vient débonder son confinement sans élégance.
#Avais lu cet essai de Phiiippe Artières à la fin de l’année passé
Non. Je lis quand l’envie m’en prend, quelques pages de la somme conséquente, traduite par T. Gillyboeuf.
renato, un assistant célèbre de Brancusi, mais il n’était pas borgne, semble-t-il !
https://www.vitra.com/fr-fr/corporation/designer/details/isamu-noguchi
Avec etalii, c’est le blob à passou!
Phil dit: « la poésie de Valéry […]. Ne la servez pas ici en étouffe-chrétien du prestigieux blog à passou, suffisamment lesté par une population en cheveux qui vient débonder son confinement sans élégance. »
Comme je suis d’accord avec vous, Phil. Ce que JJJ a fait là abîme l’écriture de P.Valéry, comme s’il avait arraché les pages de ses livres pour en faire des Scuds.
Qui avait conseillé la lecture du roman Le Vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepulveda ? Pablo, je crois.
Comme j’ai aimé ce personnage ! ce vieux, Antonio José Bolivar.
A-t-il retrouvé, seul dans la forêt amazonienne, exilé de deux mondes, sa cabane et ses romans d’amour (« les vrais, ceux qui font souffrir ») ? Les Shuars proches et lointains, leur mémoire, leur sagesse ? S’est-il consolé d’avoir tué, sans haine, ces deux jaguars superbes pris de folie meurtrière, un mâle et sa femelle ? Mais il était le seul à pouvoir chasser ces félins tueurs d’hommes…
Un très beau roman dont le souvenir va être durable.
Alexia Neuhoff dit: « Un photographe que j’admirais vient de mourir : Gilbert Garcin. Le petit frère de Jacques Tati.Pas pleurer… »
Alexia, trois liens pour vous sous l’étouffe-lecteurs de JJJ…
…lundi 20 avril 2020 à 15 h 31 min.
…
…tout çà pour se faire » niquer « , pour le chiffre des productions pharmaceutiques,!…
…
…le profit, quel destin,…pour l’homme qui exploite sa victime misanthrope,!…
…
…le capital,!…l’université du cul,…réduit à l’école des biches,!…
…l’école de la ferme, ses poules et ses grosses vaches, les œufs, du lait, mon lapin,!..
…trop con, le profit,!…plus con que les rois,!…et leurs héritiers débiles,!…
…etc,!…
…à l’écu » fleurdelisés « , semés de pics à baleines,!…
…l’espace pour se foutre de nos têtes,!…
…Go,!…
phil, je n’ai pas vouluamputer l’argument d’un auteur asiatique qui s’adresse aux occidentaux et a étudié les auteurs qui sont à la source de leur pensée
« Yuk Hui, un ingénieur en informatique et chercheur à l’Université de Lüneburg, tente de prendre au sérieux les curieux mais puissants ennemis que sont ceux qu’il appelle les Néoréactionnaires. »
« Ce que la conscience de soi pensait complet et total se révèle fissuré et partiel. Elle reconnaît l’altérité comme une contradiction, sans pour autant savoir comment la dépasser.
https://lundi.am/Sur-la-Conscience-malheureuse-des-Neoreactionnaires
Le petit frère de Jacques Tati.Pas pleurer…
des genre de selfies metaphisicopoyétic..l’affrenchézado dpédro dvrait séssayer..’asphysquié par un pétomane’..’mordu au cul par une blatte’..il a juste l’age
hot pepper dit: » Et alii, c’est le blob à passou! »
La spécialiste mondiale du blob, Audrey Dussutour, chargée de recherche CNRS au Centre de recherches sur la cognition animale (CNRS/Université Toulouse III Paul-Sabatier) explique à propos de cet organisme vivant (surnommé « le blob », comme le titre du film d’horreur où Steve McQueen se bat contre un extraterrestre géant et gluant qui grossit à chaque fois qu’il avale quelqu’un.) :
« Au début de sa vie, il mesure 50 micromètres. Dans de bonnes conditions, sa taille double tous les jours. Des chercheurs se sont même amusés à obtenir un « blob » de 10 mètres carrés, enregistré au livre des records. C’est lié à son mode de reproduction : ce n’est pas la cellule qui se divise, mais uniquement le noyau. Au départ la cellule a un noyau unique, ensuite après division, on obtiendra une cellule à deux noyaux, puis à quatre noyaux, etc., jusqu’à atteindre une cellule avec plusieurs milliards de noyaux… et atteindre ainsi des tailles records. »
https://lejournal.cnrs.fr/articles/le-blob-nouvelle-star-du-zoo-de-paris
Euh, ce n’était pas JJJ (mille excuses) mais et alii le… blob !
Yuk Hui studied Computer Engineering and Philosophy at the University of Hong Kong and Goldsmiths College in London, with a focus on philosophy of technology. Currently he is associate lecturer at the institute of philosophy and art (IPK) and researcher at the Institute for Culture and Aesthetics of Media (ICAM) at the Leuphana University Lüneburg; he is also a visiting associate professor at the China Academy of Art. Previous to that, he was a postdoctoral researcher at the Institute for Research and Innovation of the Centre Pompidou in Paris and a visiting scientist at the Deutsche Telekom Laboratories in Berlin. He has published on philosophy of technology and media in periodicals such as Metaphilosophy, Research in Phenomenology, Parrhesia, Angelaki, Cahiers Simondon, Deleuze Studies, Intellectica, Krisis, Implications Philosophiques, Jahrbuch Technikphilosophie, Techné, Zeitschrift für Medienwissenschaft, Appareil, New Formations,Parallax, etc. He is editor (with Andreas Broeckmann) of 30 Years after Les Immatériaux: Art, Science and Theory (2015), and author of On the Existence of Digital Objects (prefaced by Bernard Stiegler, University of Minnesota Press, March 2016), The Question Concerning Technology in China. An Essay in Cosmotechnics (Urbanomic, December 2016).
http://www.digitalmilieu.net/yuk
http://postdigital.ens.fr/archives/portfolio/29-01-2018-yuk-hui
yuk kui
« Imagination et infini : critique de l’imagination artificielle (Yuk Hui)
Partant des Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme de Schiller et discutant les thèses de Kant sur l’esthétique, nous proposerons de problématiser la relation entre imagination et imagination artificielle au regard d’une quatrième synthèse qui serait celle de l’imagination transcendantale ou synthèse prothétique. C’est alors la notion d’infini qui permettrait de distinguer les deux imaginations, infini qui se développe en Occident et en Orient de façon distincte. »
lien donné
un assistant célèbre de Brancusi
la table basse à dirphilou pour poser son rouaouaï et son précis de décomposition..
Merci, Christiane. Entre le pilon de forge d’Et Alii, les mets bourratifs servis par JJJ, et les balles qui sifflent, j’ai préféré me planter devant les 3 tirages que je possède de Gilbert Garcin, pour leur univers de légèreté poétique et de grâce. En guise d’hommage.
Non Jacques, ce n’était pas Isamu Noguchi ; mais merci, le revoir ça a suscité des souvenirs.
renfiled c’est pas un blob..c’est un fatberg
je veux bien croire que vous trouviez les conversations de hamlet ce matin « prestigieuses »:mais vous pouver sauter une conférence qui n’est pas totalement « inactuelle » qui eut lieu
Entrée libre et sans inscription
Intervenants : Yuk Hui
Date et heure : 29 janvier 2018 – 14h-16h
Lieu : École Normale Supérieure – salle Dussane
45, rue d’Ulm, Paris 75005
et où on peut sortir de la salle
#je n’ai pas vouluamputer l’argument d’un auteur asiatique qui s’adresse aux occidentaux et a étudié les auteurs qui sont à la source de leur pensée
Fallait séquencer…y’a trop de réplication.
Fallait séquencer…y’a trop de réplication.
rie ne vous interdit d’écrire à l’auteur(éditeur) en
lui donnant à apprécier quel critique instruit-e et talentueux-se vous êtes
un auteur qui ne se présente pas comme a priori chrétien (mais qui sait peut-être les limites de leur intellect en ces temps de covid)
Alexia Neuhoff dit: « Merci, Christiane. Entre le pilon de forge d’Et Alii, les mets bourratifs servis par JJJ, et les balles qui sifflent, j’ai préféré me planter devant les 3 tirages que je possède de Gilbert Garcin, pour leur univers de légèreté poétique et de grâce. En guise d’hommage. »
Comme je vous comprends…
J’avais vu par hasard une photo-montage de lui sans rien connaître de ce créateur. La vidéo le montre ouvrant sa boite à trésors : une boite où il garde ses découpages de silhouettes, jouant avec. Puis, voir toutes ses créations sur son site (plus de 400), c’est une promenade onirique. On entre dans son rêve.
Ce sera pour moi, la grande découverte de cette journée. Et quelle beauté plastique dans cet univers en noir et blanc où il joue sur les proportions, les collages… Fascinant.
Comment est-il mort ? Paisiblement ? Chez lui ?
Voilà, il s’agit de Victor Brauner — prémonition de l’œil énucléé —.
« La photo 108 de Gilbert Garcin est un cadeau à hamlet… »
et voilà ! ça m’a fait plaisir de voir qu’après avoir été la cible des toutes les méchancetés, de toutes perversion, de toutes les insultes, on m’offrait pour la première fois un cadeau…
je me suis alors empressé d’aller voir cette photo 108….
mais je ne l’ai jamais trouvée, pour la bonne et simple raison qu’elle n’existe pas ! ce photographe lui-même avait déclaré lors d’une interview qu’étant resté malade enfant durant 108 jours il n’avait jamais voulu faire de photo 108.
bonjour l’ascenseur émotionnel, comment on passe du bonheur au désespoir…
Gilbert Garcin (que je ne connaissais pas) me rappelle Chema Madoz (Madrid, 1958), qui a l’air d’être son disciple:
Sur lui:
bon bon, voilà qu’une nouvelle alliance vient de naitre entre MS et 3j(irouette), après des semaines d’insultes et d’échange de tirs à l’arme lourde les voilà maintenant amis comme cochon honni soit qui mal y pense, bon, restons attentif et voyons ce qui se trame de diabolique derrière cette nouvelle alliance…
Pablo, désolé, mais cette fois vous n’allez pas vous en tirer sans avoir répondu à ma question !
donc je vous la répète :
1- vous est-il déjà arrivé de douter de quelque chose ?
2- existe une question pour laquelle vous admettez ne pas avoir de réponse ?
2 petites questions, elles ne demandent que 10 secondes pour y répondre, alors svp répondez-y !!!
vous
#un auteur qui ne se présente pas comme a priori chrétien (mais qui sait peut-être les limites de leur intellect en ces temps de covid)
Tu m’en diras tant.
Dejà avant de pourrir une page de commentaires en étant incapable de faire un copier-coller, il faut tourner 7 fois ses petits doigts!
Il est informaticien, le chinois?
On s’en tape de ces « voyants » à deux balles. La gestion de la protection de la population n’a pas de frontière physique. Ne pas se tromper de responsables.
Cet informaticien ne cible pas vraiment le profil des sociétés atteintes. Des sociétés de la mal-bouffe, des sociétés a l’hyper médicalisation qui a atteint son seuil d’efficacité, et pour finir des gens en mauvaise santé, qui ne savent plus ni ne veulent plus être malades, une société de consommation du soin.
Il est informaticien le chinois?
Il y en a d’autres…
http://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/le-supercalculateur-jean-zay-en-action-contre-le-coronavirus
Chema Madoz: la mirada transgresora
https://www.youtube.com/watch?v=IOTX8_vtZuc
il est plusse himpliqué pédro..c’est ça qui hémeut alesquia..surtout havec son grand himpert de flasheur
Chema Madoz
cqui est bien c’est qula photo c’est qu’un bousin..comme philippe ramette..mais il se répète plusse..et pis ya moins ce coté hanfantin à la mélies qu’alesquia elle kiffe
Pétomane, depuis quand un soumis donne des ordres?
Agamben : « Je voudrais partager avec qui en a envie une question à laquelle, depuis maintenant plus d’un mois, je ne cesse de réfléchir. Comment a-t-il pu advenir qu’un pays tout entier, sans s’en rendre compte, se soit écroulé éthiquement et politiquement, confronté à une maladie ? »
sur ce coup je suis un peu déçu par Agamben, je le pensais plus subtil.
comment ça se fait que tous les pays se soient effondrés éthiquement à cause d’un virus ?
c’est simple : parce que cette éthique n’existait que dans les discours, mais pas dans la réalité, c’est tout du flan ! à partir de là les pays n’ont même pas besoin de s’effondrer éthiquement puisque cet « éthiquement » n’existait pas !
Agamben confond une réalité éthique avec des discours éthiques venant d’intellectuel et d’artistes clamant d’une voix tremblotante leur amour pour leur prochain, mais c’est pas ça l’éthique mon pauvre Agamben !
« Pétomane, depuis quand un soumis donne des ordres? »
ben voilà Pablo, c’est exactement la réponse que j’attendais de vous !
au cas où d’autres ici n’auraient pas bien compris :
Pablo est un type qui ne doute de rien et qui a réponse à tout !
après ça cherchez qui est le con.
Agamben : « se soit écroulé éthiquement et politiquement, confronté à une maladie ? »
et pour le politique c’est pareil, si même un type comme Agamben se s’est pas rendu compte que le politique a disparu depuis au moins trente ans je vous dis pas le bordel.
Plus personne ne veut aller consulter, salles d’attente des toubibs vides, tout ce qui n’était pas urgent a l’hosto, hors lits de réa pour covidés, le redevient par annonce gouvernementale, c’est pour ça qu ‘il fallait bien que le Prime insiste pour que sa France malade retourne « consuter » mais sans duper les français malades de ses erreurs, qui ont aggravé la situation sanitaire en France.
« La ’race’ Germano-Celte détient la plus grande force de volonté que le monde ait jamais vue. Mais ce ’je veux’, ’je veux !’… éveille la conscience de l’isolation complète du Soi dans l’espace sans fin. Volonté et solitude sont au fond la même chose… Si quoi que ce soit dans ce monde est individualiste, c’est cette méfiance de l’individu face au reste du monde, sa conscience de sa propre volonté indestructible, son plaisir à prendre des décisions irréversibles, son amour du destin… Se soumettre au libre arbitre est Prussien. »
je ne dis pas « je veux », ni « vos mots »
je nomme les auteurs
hamlet dit: « et voilà ! ça m’a fait plaisir de voir qu’après avoir été la cible des toutes les méchancetés, de toutes perversion, de toutes les insultes, on m’offrait pour la première fois un cadeau…
je me suis alors empressé d’aller voir cette photo 108….
mais je ne l’ai jamais trouvée, pour la bonne et simple raison qu’elle n’existe pas ! ce photographe lui-même avait déclaré lors d’une interview qu’étant resté malade enfant durant 108 jours il n’avait jamais voulu faire de photo 108.
bonjour l’ascenseur émotionnel, comment on passe du bonheur au désespoir… »
Oh, hamlet, vous n’êtes pas futé ! allez sur son site et ouvrez « visite détaillée ». (400 photos numérotées défilent. Arrêtez vous sur la bonne (la 108) et regardez ce qu’il porte sur son dos.)
http://www.gilbert-garcin.com/
Lefort reviens !!! ils sont devenus fous !
Pétomane, va jouer au soumis romain, nu sous ta toge et un livre de Sénèque à la main, avec ta Gladiatrice sur votre arène habituelle…
encore un et un autre blog!
De telles suppositions quant à l’obsolescence des Lumières sont caractéristiques de l’attitude dominante de la néo-réaction, dont Mencius Moldbug – le nom de plume de l’ingénieur informatique et entrepreneur Curtis Yarvin – ainsi que le philosophe britannique Nick Land sont les principaux représentants. Si Thiel est leur Roi, ils sont ses fidèles chevaliers, se portant à la défense d’un certain nombre de communautés issues de Reddit et 4chan [1]. Ces trois protagonistes sont intimement liés : au courant de la dernière décennie, le blog de Moldbug, Unqualified Reservations, fut une source d’inspiration majeure pour Nick Land, et sa start-up, Tlon, a bénéficié du soutien de Thiel, fameux capital-risqueur, fondateur de PayPal et Palantir ainsi que membre de l’équipe de transition de Donald Trump.
Lefort reviens !!! ils sont devenus fous !mais ils le sont depuis longtemps Hamlet,mais vous ne vous étiez pas aperçu!
Oh, hamlet, vous n’êtes pas futé !
christiane dit:
Pétomane, ce n’est vraiment pas ta journée, aujourd’hui !! Même celles à qui tu fais pitié, finissent, devant ta connerie, par te lâcher…
(Il faudrait que je te fasse le thème astral pour voir qu’est-ce qu’il y a de si lourd dans ton ciel en ce moment pour que tu sois si nul. Ou c’est simplement l’âge?).
« Oh, hamlet, vous n’êtes pas futé ! allez sur son site et ouvrez « visite détaillée ». (400 photos numérotées défilent. Arrêtez vous sur la bonne (la 108) »
oui bon, et alors ? ben quoi ? qu’est-ce vous voulez que je dise sinon que c’est la photo d’un type effectivement pas futé qui manifestement doute.
en fait je l’aime bien cette photo merci.
mais sans duper les français malades de ses erreurs, qui ont aggravé la situation sanitaire en France.
Le monde est insalubre et dangereux et le restera tant qu’il existera des foyers d’épidémie covid19. J’espère qu’ils vont surveiller, contrôler de façon appropriée er efficace le fret aérien ainsi que tous les mouvements passagers, personnels. Jusqu’au vaccin nous ne serons, je crois pas en sécurité.
Bolso va réussir à éliminer ls indiens d’Amazonie, premier cas et premier mort, 19ans.
La Chine de mauvaise humeur s’est livrée à l’arrestation de leaders pacifiques à Hong Kong. Quoi qu’il en soit , fuites de labo ou pas, j’ai lu cette fois une estimation qui situe entre 40 et 60 mille morts le ravage de l’épidémie. S’ils ont falsifié leurs chiffres, ils sont coupables d’un mensonge d’état n’a pas été sans conséquences sur la suite donnée un peu partout hors exceptions ( Allemagne, Portugal).
Pablo, pas besoin de vous faire le vôtre de thème astral, vous êtes du signe du Doutederien ascendant Toujoursdroitdanssesbottes.
hamlet, n’oubliez pas : »conatus essendi »!
blablabla, on a déjà lu tout ça ailleurs et documenté.
Pétomane, tu n’as pas compris le message de la photo – que même Christiane pense maintenant que tu triches ici toute la journée en ayant plusieurs pseudos?
(Tu es pas loin de l’EHPAD, mon pote…).
on a déjà lu tout ça ailleurs et documenté.
prove it!
B : « ils sont coupables d’un mensonge d’état »
B dans les pays totalitaires la notion de « mensonge d’état » n’existe pas vraiment.
il y a juste un truc qu’on appelle la propagande et un autre l’idéologie.
heureusement, grâce à nos journalistes, la France est un pays démocratique, sans propagande, ni idéologie, bénissons-les !
hamlet
même Christiane pense maintenant
hamlet, ce n’est pas une référence! »conatus essendi »
n’oubliez pas hamlet qu’initialement, « la propagande », c’est « la propagande de la foi »!
« Pétomane, tu n’as pas compris le message de la photo – que même Christiane pense maintenant que tu triches ici toute la journée en ayant plusieurs pseudos? »
exact ! plusieurs pseudos qui ne partagent ni les mêmes avis, ni le même thème astral.
ce n’est pas plusieurs la même photo qu’il porte sur son dos, mais différente photos donnant à chaque fois un visage différent.
d’où le fait que cette photo est belle, si tous ces visages étaient les mêmes cette photo serait moins intéressantes.
n’est-il pas ?
(De propaganda fide), depuis 1967, Congrégation pour l’évangélisation des peuples
Congrégation de la curie romaine, créée en 1599 pour propager la foi en territoire de missions, et usuellement appelée la Propagande.
Pablo, il y a qq jours Mrc Court a écrit un très beau commentaire dans lequel il dit que les pseudos ou le fait de savoir qui est qui il s’en fout, c’est là une belle preuve d’intelligence.
alors que vous Pablo, vous avez tellement peur de douter, le fait de ne pas savoir qui est qui est un truc qui vous effraie au plus haut point, ça vous déstabilise, parce que voilà une question à laquelle vous pouvez répondre : qui est qui ?
et comme je le disais à Mr Court l’absecne de cette peur chez lui était la preuve du grand lecteur qu’il est.
parce que les livres c’est quoi ? c’est juste qui permet de savoir que nous sommes incapables de répondre à toutes les questions, et que le doute est inévitable.
et voisr un type comme vous, soi disant lecteur et fin connaisseur de Cervantes, ne pas savoir ce qu’est le doute, être sûr et certain d’avoir les réponses à toutes les questions, vous savez quoi Pablo ?
je me dis que si c’est pour arriver à un tel résultat vous auriez mieux fait de ne jamais ouvrir un livre !
#prove it!
Non. Je n’ai plus rien à prouver. Les faits parlent d’eux-mêmes.
Tout le monde attend le vaccin. lol.
J’entends à la radio un qui dis qu’avec le Covid-19 nous avons découvert la mort : risible, car « être réaliste signifie simplement penser que le monde existe et se développe indépendamment des hommes. C’est la conception du bon sens : chacun de nous se rend compte que le monde existait avant lui et qu’à la fin de sa vie, ce ne sera pas pour cela que le monde aussi finit. »
C’est vrai que le bon sens ne court pas les rues, mais tout le monde, je suppose, peut se souvenir du décès d’un proche — au moins —.
Hamlet, ce virus est beaucoup plus contagieux que celui du SRAS de 2003 et aussi plus dangereux, en raison de cette caractéristique. Compte tenu des conséquences planétaires, la Chine aurait dû communiquer les bons chiffres si elle ne l’a pas fait. La planète est salie jusqu’à ce qu’on puisse se débarrasser de ce virus par la vaccination. Partout où vous irez le virus pourra modifier votre état de santé provisoirement ou définitivement, mettre un terme à votre statut de vivant. Le virus apparemment s’adapte à tous les climats.
Oups ! dis > diT
hamlet dit: « ce n’est pas plusieurs la même photo qu’il porte sur son dos, mais différente photos donnant à chaque fois un visage différent.
d’où le fait que cette photo est belle, si tous ces visages étaient les mêmes cette photo serait moins intéressante.
n’est-il pas ? »
C’est exactement cela, hamlet.
Un visage comme la surface d’un étang, qu’un nuage peut assombrir, un rayon de soleil, éclairer, une clarté de lune, apaiser, un coup de vent, agiter.
Un visage, mille visages.
Une voix, mille voix.
C’est être vivant.
Heureuse que vous l’ayez trouvée belle.
celui qui parle de tricherie n’a jamais lu Pessoa…
mettre un terme à votre statut de vivant
en statue de sel, dear B, le Loth, même pour celles qui se retournent pas !
Oups, j’étais en train de feuilleter les nouveaux écrits de Rodez…
Le pseudo ne change rien au fond de l’affaire…
Essai.
vivre masqué
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