Un glaneur de signes, Pontalis
“Trouvez moi un normalien sachant écrire !” Ainsi fut engagé Georges Pompidou pour préparer les discours du président De Gaulle. Le mot est resté. Il a fait fortune. Depuis, on cherche en vain un psychanalyste sachant écrire. Ils n’ont pas été légion bien que Sigmund Freud, le premier d’entre eux, soit souvent considéré, par ses détracteurs le plus souvent et non sans ironie, comme “un écrivain” ; l’oeuvre d’André Green témoigne d’un vrai souci de l’écriture, quelques autres encore. Et J.B. Pontalis (1924- 2013, il est né et il est mort un 15 janvier…) comme l’illustre magnifiquement le fort volume que son éditeur vient de lui consacrer sous le titre bienvenu Œuvres littéraires (édition de Martine Bacherich, introductions d’Antoine Billot et Vincent Delecroix, 1344 pages, 32 euros, Quarto/Gallimard). Il contient des récits (Un homme disparaît…), des textes sur le langage (Flaubert, Leiris, James, Conrad…), des entretiens (Dolto, M’Uzan…). Littéraire, c’est écrit sur la couverture.
Sa vie quotidienne se divisait en fonction de sa double dilection : le matin derrière son bureau chez Gallimard, l’après-midi derrière son divan chez lui. A moins que ce ne fut l’inverse, ce qui importe peu. Et entre les deux, une incessante activité de lecteur. Outre ses ouvrages sur l’inconscient, les fantasmes ou l’après-freudisme, il prenait un vif plaisir à écrire de brefs récits où s’épanouissait son tempérament de dormeur éveillé. Pas des nouvelles mais ce qu’il faudra bien appeler un jour des Pontalis.
Marée basse Marée haute (2013) est plein d’histoires qu’il a vécues ou qu’on lui a racontées. Des amours et désamour. Le thème ? Les choses de la vie. Des vies comme neuves plutôt que des résurrections. Un pas de côté suffit à passer à côté de son destin, d’une fuite en avant l’autre, avant d’envisager plus tôt qu’on ne l’a cru les choses de la mort. Quelle vanité de croire qu’on peut échapper à la chaîne du temps ! C’est truffé de rencontres gouvernées par des hasards et des coïncidences, mais allez savoir. Chacun sa petite histoire magnifiée par lui-même sans qu’il soit nécessaire de transfigurer ces banalités en littérature. C’est que l’auteur a la délicatesse de ne pas prendre les drames au tragique. Parfois l’allusion à un film s’impose et les Oiseaux d’Hitchcock se posent sur la page. Un livre passe par là et c’est La Mort d’Ivan Illitch, le vrai chef d’œuvre de Tolstoï, qui permet de comprendre pourquoi un vivant au seuil du trépas a besoin à son chevet d’un paysan qui lui dise la vérité dans son atroce simplicité. Ainsi la mémoire par associations convoque-t-elle aux derniers instants des œuvres qu’elle avait jusqu’alors enfouies.
C’est raconté gratuitement, sans autre but avoué, et sans désir de convaincre. Pas le genre d’un homme qui avoue rêver encore d’Oreste, son cocker au regard mélancolique, un demi-siècle après sa mort. Il n’est pas seulement solidaire de tous ses âges mais de toutes ses humeurs ; nostalgique d’un temps où régnait l’antique théorie des humeurs (sang, phlegme, bile, atrabile), il revendique pour son propre compte les délices de se livrer à l’humeur vagabonde, naviguant entre les deux pôles desdits bipolaires. Peut-être M. Pontalis va-t-il finir par s’évader de J-B pour rejoindre la famille de papier de Gonçalo M. Tavares en bairro, entre M. Plume et M. Teste. Ce livre était son signe ultime et sa dernière trace. A croire qu’en se retirant au plus bas la marée a emporté le corps, et qu’en remontant au plus haut elle en a ramené le livre.
Sa collection « L’un et l’autre » fut une éclatante tentative de renouvellement de l’art de la biographie sous la forme de vies brèves en miroir avec l’auteur. Des vies «telles que la mémoire les invente, que notre imagination les recrée, qu’une passion les anime ». Il faut en parler au passé car, selon sa volonté, elle ne lui a pas survécu. A-t-on rêvé éditeur plus attentif et prévenant ? Pontalis était à l’écoute comme d’autres sont aux aguets. Il y faut une vraie générosité, d’autant que la sienne, flottante, limbique, était exempte de la moindre brutalité. Fils de grands bourgeois industriels, il éprouvait une certaine aversion pour les frontières, qu’elles fussent frontières de classes ou de castes. Rebelle aux catégories convenues, aux diktats des choix binaires et aux genres littéraires tranchés, l’éditeur favorisa à travers sa collection des récits en miroir gouvernés par une vision littéraire des choses d’une grande souplesse « et qu’on ne saurait perdre sans y perdre tout un art de vivre ». Une vraie liberté dans l’écriture.
Comment être à la fois le fils de son père tout en refusant résolument d’être le descendant de sa famille ? Cette contradiction est au coeur de Frère du précédent (2005) Explorant le lien intime, puissant, énigmatique qui le liait à son frère, l’auteur dressait un inventaire des couples de frères, du meurtre originel de Caïn sur la personne d’Abel en passant Romulus et Remus, les Rimbaud, les Van Gogh, les Corneille, les Lumières, les Montgolfier, les Goncourt et les Grimm, entre autres. Autant de cas revisités non en biographe mais en glaneur de signes. Le roman n’est pas en reste qui lui offre des voies royales pour l’interprétation, notamment Le Maître de Ballantrae de Stevenson, A l’Est d’Eden de Steinbeck, Mon frère de Pierre Loti et Frères ennemis de Kazantsakis. C’est bien vu car Pontalis sait aussi bien lire qu’il sait écouter, mais sans surprise. C’est ailleurs, dans les interstices, qu’il faut chercher les pépites. De quoi récompenser le lecteur d’avoir fait le détour.
Il y a d’abord ce Miel de bourdon de Torgny Lindgren, roman de la désolation dont je ne savais rien et que je brûle désormais de lire : l’histoire de Hadar et Olof qui vivent coupés du monde dans deux maisons semblables et voisines et qui se vouent une haine absolue jusqu’à l’instant de leur mort, et au renversement du corps de l’un sur l’autre, enfin détendus dans leur étreinte fraternelle. Il y a ensuite l’aveu de J.B.Pontalis qui ne croit pas en la fraternité native mais en la fraternisation. Il y a enfin le plus beau chapitre de cette enquête sur la fratrie, cinq pages intitulées « Le petit frère ».
Elles disent l’importance de Rudy dans la vie et l’oeuvre de Patrick Modiano, de deux ans son cadet, mort de maladie lorsqu’ils étaient adolescents. Pourtant ce chapitre n’est pas à sa place car le sujet est tout autre. Un monde sépare toutes les couples de frères des Modiano : la mort, justement, à la fleur de l’âge. « Le petit frère » relèverait d’un autre livre sur ces hommes et ces femmes dont la vraie naissance date de la mort du frère ou de la soeur avant l’âge de la maturité. Ce fil rouge suffit à tenir une existence.
Au-delà de l’intelligence critique du grand lecteur en lui, par-dessus l’épaule duquel nous relisons d’un autre œil le Duel, l’Âge d’homme ou tel texte de Virginia Woolf, ce Quarto Pontalis est un bloc de sensibilité. La mémoire l’articule entre autobiographie et fiction. Non des souvenirs d’enfance mais des traces mnésiques. Ce livre, on peut n’importe quand à n’importe quelle page, reprendre la conversation avec l’auteur, et être sûr d’en ressortir plus riche.
« Entre la nuit et le jour Ego scriptor (…) Le jour aurait-il pour principale fonction de tenir la nuit à l’écart? Non, décidément, un livre ne se fabrique pas. Il s’écrit, il avance tel un aveugle qui palpe les murs et les objets invisibles autour de lui. Nous n’exigeons pas d’un écrivain qu’il soit fou, seulement déboussolé » (In En marge des nuits)
(« Fresque romaine du Iè siècle av. tout récemment découverte à Arles » photos Boislève, Inrap, musée départemental Arles Antique ; « J.B. Pontalis » photo Patrice Normand )
560 Réponses pour Un glaneur de signes, Pontalis
Non, pauvre besoin d’ameutement,
d’appeler le tous à la rescousse !
Froussequetairement.
à 6 h du mat’ JC est déjà au taf! mon dieu!,
eh oui, bref, les vieux tarés se lèvent de bonne heure, la haine les pousse hors du lit
JC : Donald Trump, en pire !
J’ adore la dénaration vaticinante de ce bel été de l’ âge des bronzés aux gros œufs.
Comme une toilette intime de soi.
trump:le pastiche en gloire dans toute son horreur
« tu verras la différence entre l’absence de style sans style et l’absence de style avec style… »
geo, le lecteur capable de faire la différence entre les 50 nuances de styles sans style : Houellebecq, Perec, Sartre…
IX,83
Sol vingt de Taurus si fort terre trembler,
Le grand theatre remply ruinera,
L’air ciel et terre obscurcir et troubler,
Lors l’infidelle Dieu & saincts voguera.
Un canopée obey giant mignon moyen sinon.
SCOOP
Devant l’émotion légitime du lion qui est mort ce soir, nous avons arrêté nos chaines de tee-shirt : « JE SUIS CHARLIE ».
Nous livrons en 48 heures nos nouveautés : « JE SUIS CECIL »
PS : nous rappelons à tous, que l’auteur qui écrira un essai sur cette imbécillité people charlo-cécilienne sera peut être le futur prix Goncourt …
« Entre la nuit et le jour Ego scriptor (…) Le jour aurait-il pour principale fonction de tenir la nuit à l’écart? Non, décidément, un livre ne se fabrique pas. Il s’écrit, il avance tel un aveugle qui palpe les murs et les objets invisibles autour de lui. Nous n’exigeons pas d’un écrivain qu’il soit fou, seulement déboussolé » « (In En marge des nuits) »
Une pensée qui habitera ma journée.
Billet subtil.
Lu avec bonheur les livres de la collection « L’un, l’autre ».
Traversé : « Elles ».
Puis silence.
Puis ce billet comme l’étincelle d’un briquet.
@ Widergänger dit: 9 août 2015 à 0 h 14 min…
Magnifique !
…et bien ! si je m’attendais à cela ?…. même Passou qui censure mes commentaires !
Adieu, les amis ! Crachats aux nains. Je vole vers d’autres tombeaux.
Widergänger dit: 9 août 2015 à 0 h 14 min
« Écrire pour échapper au sens, c’est au fond la grande obsession de tout véritable écrivain. »
Albablabla, plus c’est creux meilleur c’est… (Blanchot dit tout le contraire, mais si intelligemment que ça ne peut que t’échapper.)
Heureusement, la fin des vacances vacancières a sonné. Rien de pire que le « repos ».
A bientôt,
Enfin Barozzi, ressaisissez-vous! Relisez le passage que vous avez mis en ligne, c’est d’une platitude à pleurer. On s’en fout éperdument des ces gens qui vont au ciné tous les soirs: « Ils aimaient les images, pour peu qu’elles soient belles (remarque intéressante!), qu’elles les entraînent, les ravissent, les fascinent. Ils aimaient la conquête de l’espace, du temps, du mouvement, ils aimaient le tourbillon des rues de New York, la torpeur des tropiques, la violence des saloons. Ils n’étaient, ni trop sectaires…ni trop éclectiques…Ils ne manquaient pas de goût, etc, etc »
Une brochure touristique est plus inspirante que ce tissu de banalités bourrés de clichés convenus…sans parler d’une multitude de noms propres datés (que j’ai omis) que plus personne ne connaîtra dans 50 ans. Dans l’hypothèse peu probable où quelqu’un voudra le lire alors, il lui faudra dix notes par page pour comprendre de qui de quoi il s’agit…
Celui qui a parlé d’étude sociologique a cent fois raisons et c’est à ce titre que Les Choses a encore une chance d’être lu.
Un autre extrait des « Choses » pour la route, geo ?
« Une enquête agricole les mena dans la France entière. Ils allèrent en Lorraine, en Saintonge, en Picardie, en Beauce, en Limagne. Ils virent des notaires de vieille souche, des grossistes dont les camions sillonnaient le quart de la France, des industriels prospères, des gentlemen-farmers qu’escortaient en tout temps une meute de grands chiens roux et de factotums aux aguets.
Les greniers regorgeaient de blé ; dans les grandes cours pavées, les tracteurs rutilants faisaient face aux voitures noires des maîtres. Ils traversaient le réfectoire des ouvriers, la gigantesque cuisine où s’affairaient quelques femmes, la salle commune au plancher jauni, où nul ne se déplaçait que sur des patins de feutre, avec sa cheminée imposante, le poste de télévision, les fauteuils à oreilles, les huches de chêne clair, les cuivres, les étains, les faïences. Au bout d’un corridor étroit, tout imprégné d’odeurs, une porte s’ouvrait sur le bureau. C’était une pièce presque petite à force d’être encombrée. A côté d’un vieux téléphone à manivelle, accroché au mur, un planning résumait la vie de l’exploitation, les emblavages, les projets, les devis, les échéances ; un tracé éloquent témoignait de rendements records. Sur une table surchargée de quittances, de feuilles de paye, de mémoires et de paperasses, un registre relié de toile noire, ouvert à la date du jour, laissait voir les longues colonnes d’une comptabilité florissante. Des diplômes encadrés – taureaux, vaches laitières, truies primées – voisinaient avec des fragments de cadastres, avec des cartes d’état-major, des photos de troupeaux et de basses-cours, des prospectus en quadrichromie de tracteurs, de batteuses, d’arracheuses, de semoirs.
C’est là qu’ils branchaient leurs magnétophones. Ils s’enquéraient gravement de l’insertion de l’agriculture dans la vie moderne, des contradictions de l’exploitation rurale française, du fermier de demain, du Marché commun, des décisions gouvernementales en matière de blé et de betterave, de la stabulation libre et de la parité des prix. Mais leur esprit était ailleurs. Ils se voyaient aller et venir dans la maison désertée. Ils montaient des escaliers cirés, pénétraient dans des chambres aux volets clos qui sentaient le remugle. Sous des housses de toile bise reposaient des meubles vénérables. Ils ouvraient des placards hauts de trois mètres, pleins de draps parfumés à la lavande, de bocaux, d’argenterie.
Dans la pénombre des greniers, ils découvraient d’insoupçonnables trésors. Dans les caves interminables les attendaient les foudres et les barriques, les jarres pleines d’huile et de miel, les tonneaux de salaisons, les jambons fumés au genièvre, les tonnelets de marc.
Ils déambulaient dans des buanderies sonores, dans les soutes à bois, dans les soutes à charbon, dans des fruiteries où, sur des claies superposées, s’alignaient sans fin pommes et poires, dans des laiteries aux odeurs sures où s’amoncelaient les mottes de beurre frais glorieusement marquées d’une empreinte humide, les bidons de lait, les jattes de crème fraîche, de fromage blanc, de cancoillotte. »
(op. cit.)
Ah Chaloux, vous visez juste et notre Wivanguerre a du prendre notre glaneur de signes pour un glandeur de signes à Sitges!
Voilà ce que c’est que de la littérature mes bons amis et Barozzi en premier. Je ne vous dirai pas d’où ça vient…J’ai même par pur sadisme supprimé qq mots (pas tous) qui pourraient vous guider…
« On se recroquevillait dans le froid, on entendait la rosée, le bois plein de senteurs, le crépitement des étoiles, la présence des grillons et le poids des cavaliers. L’aube pointait, cette entre-lueur de l’aurore, quand le ciel blanchit. Et à mesure que l’air devenait gris, les contours des cavaliers, ce flou, se précisaient. Et pardonnez-moi de m’attarder à tant de détails. Mais aujourd’hui encore j’ai cette heure dans les yeux, tout cela si bon ; et, ce que c’est, c’est de la nostalgie.
……………………………………..
La mémoire de la vie des gens se conserve dans des parcelles séparées, chacune d’elles avec son émotion et sa coloration, je crois même qu’elles ne se mélangent pas. Raconter à la suite, en enfilade, ce n’est vraiment que pour les choses de peu d’importance. De chaque vécu que j’ai réellement passé, de joie forte ou de peine, je vois aujourd’hui que j’étais chaque fois comme s’il s’agissait de personnes différentes. Se succédant incontrôlées. Tel je pense, tel je raconte. Vous avez bien de la bonté de m’écouter. Il y a des heures anciennes qui sont restées beaucoup plus proches de nous que d’autres, de date récente. Vous le savez bien.
………………………………………
Ce flot sauvage, traitre – le fleuve est plein de fracas, de molles façons, de froidure, et de murmures de désolation. Je m’agrippais des doigts au rebord de la barque. Je ne pensais pas au ?, l’esprit des eaux qui chavirent les embarcations, je ne pensais pas au danger que sont, on le dit, les ?, ces loutres qui sortent de l’eau, en bandes, et agressent les gens : elles encerclent la barque et font exprès de la chavirer. Je ne pensais à rien. J’avais la peur aveugle. »
Evidemment, ça n’a rien à voir avec Perec, ce qui ne veut pas dire que l’on est obligé d’écrire avec ce magnifique lyrisme pour être un écrivain. Je voulais juste montrer l’anti Perec absolu…par jeu.
Lis mes extraits Baroze et avale ta honte…
Pour la musique, on préfèrera « Un homme qui dort » de Georges Perec :
« Tu traînes. Tu imagines un classement des rues, des quartiers, des immeubles : les quartiers fous, les quartiers morts, les rues-marché, les rues-dortoirs, les rues-cimetière, les façades pelées, les façades rongées, les façades rouillées, les façades masquées.
Tu longes les petits squares, dépassé par les enfants qui courent en laissant glisser sur les grilles une règle de fer ou de bois. Tu t’assieds sur les bancs de lattes vertes aux pieds de fonte sculptés en forme de pattes de lion. De vieux gardiens infirmes discutent avec des nurses d’un autre âge. Avec la pointe de ta chaussure, tu traces dans la terre à peine sableuse des ronds, des carrés, un œil, tes initiales.
Tu découvres des rues où nulle voiture jamais ne passe, où nul presque ne semble habiter, sans autre magasin qu’une boutique fantôme, une couturière à façon avec sa vitrine tendue de rideaux en voile où semblent avoir été de tout temps exposés le même mannequin blafard décoloré par le soleil, les mêmes plaques de boutons fantaisie, les mêmes gravures de mode qui portent pourtant la date de l’année, ou bien un matelassier proposant ses ressorts, ses pieds de lit en boule, en noyau d’olive, en fuseau, ses différentes qualités de crin et de coutil, ou bien un cordonnier dans son recoin servant d’échoppe, dont la porte est un rideau fait de bouchons plats en plastiques enfilés sur des fils de nylon.
Tu découvres les passages : Passage Choiseul, Passage des Panoramas, Passage Jouffroy, Passage Verdeau, leurs marchands de modèles réduits, de pipes, de bijoux en strass, de timbres, leurs cireurs, leurs comptoirs à hot-dogs. Tu lis, une à une, les cartes pâlies affichées à la devanture d’un graveur : Docteur Raphaël Crubellier, Stomatologiste, Diplômé de la Faculté de Médecine de Paris, sur rendez-vous seulement, Marcel-Emile Burnachs S.A.R.L. Tout pour les Tapis, Monsieur et Madame Serge Valène, 11 rue Lagarde, 214 07 35 ; Réunion de l’Amicale des Anciens élèves du collège Geoffroy Saint-Hilaire, Menu : Les Délices de la mer sur le lit des glaciers, le Bloc du Périgord aux perles noires, la Belle argentée du lac. […]
Qu’il fasse beau, qu’il fasse laid, que la pluie tombe ou que le soleil brille, que le vent souffle en rafales ou que nulle feuille ne bouge aux arbres, que l’aube éteigne les réverbères, que le crépuscule les rallume, que tu sois perdu dans la foule ou seul sur une place déserte, tu marches encore, tu traînes encore.
Tu inventes des périples compliqués, hérissés d’interdits qui t’obligent à des détours. Tu vas voir les monuments. Tu dénombres les églises, les statues équestres, les pissotières, les restaurants russes. Tu vas voir les grands travaux le long des berges, près des portes, les rues éventrées pareilles à des champs labourés, les canalisations, les immeubles que l’on met à terre. »
Tu le as massacrés tes extraits, on dirait du mauvais Giono, geo !
On ne dit pas « avale ta honte », geo, mais « ravale ta honte » !
Shame on you ?
Caricatural ton nouvel extrait Barozzi! A hurler de rire!
la « France entière » qui se limite à: « en Lorraine, en Saintonge, en Picardie, en Beauce, en Limagne » (un peu la France du Roi de Bourges). Les notaires qui sont évidemment « de vieille souche », des grossistes « dont les camions sillonnaient le quart de la France » (pourquoi pas la moitié?), des industriels « prospères » (il a oublié les « gros industriels du Nord »), des gentlemen-farmers qu’escortaient en tout temps une meute de « grands chiens roux » (pourquoi pas noirs pour faire plus méchants?) et de factotums naturellement « aux aguets »….etc, etc »
Joao Guimaraes Rosa
Fastoche.
Il en fait trop ton Perec Barozzi! Il ne peut pas commencer une énumération sans la faire exhaustive! C’est un annuaire! Il ne peut pas écrire un nom sans lui coller un adjectif et de préférence un cliché…
Quant à mes extraits ils sont très beaux et ce n’est pas du Giono, bien que qu’il y ait une parenté certaine entre le rapport des deux écrivains avec la nature. L’autre n’est pas francophone…Il s’agit donc d’une traduction que l’on peut toujours discuter, surtout dans le cas présent.
Joao Guimaraes Rosa
Fastoche.
Oui fastoche…il suffisait de copier coller mes extraits et de chercher dans Google. Jacounet était justement en train de le faire quand Trouvetout l’a pris de vitesse…
La question du style chez Perec est évidemment inséparable de la question de la modernité.
Dire que le style de Perec est plat est une lapalissade, et c’est ne rien comprendre à la problématique de toute la littérature moderne depuis plus de soixante ans, disons depuis L’Étranger de Camus (1942 si je ne me trompe).
Bien sûr que le style de Perec est plat. Mais c’est ça qui en fait l’originalité. C’est quelque chose qui a à voir avec ce que R. Barthes, en son temps, a appelé « le degré zéro de l’écriture ». il est probable que geo n’a jamais lu ce bouquin de Barthes. Barthes d’ailleurs se référait plutôt quand il l’a écrit à des auteurs comme Camus ou Cayrol, et sa définition du degré zéro de l’écriture reste encore quelque peu confuse : l’écriture « blanche » y est dite aussi « neutre », « innocente », « amodale », « transparente », « indicative », style de « l’absence » ou « absence idéale de style ». On voit bien que le mot « idéale » employé ici par R. Barthes dénonce inconsciemment un idéal de l’écriture, somme toute un mythe de l’écriture à ranger dans les mythologies de Barthes. Le degré zéro de la langue n’existe pas, c’est un mythe. Tout texte est forcément marqué, stylé.
Manifestement Perec veut nous faire sentir quelque chose par son « style » ou son « écriture blanche ». Et ne pas le sentir, c’est vraiment ne rien comprendre à ce que Perec écrit dans ses livres qui n’ont que de lointains rapports avec un traité de sociologie. Ils se moulent dans différents genre de textes mais c’est un leurre où il ne faut pas se laisser prendre ; l’essentiel, c’est-à-dire l’esprit du texte, est ailleurs.
Peu de critiques se sont d’ailleurs intéressés au style de Perec proprement dit. Le premier à s’y être intéressé est Andrew Leak dans un article, « Écrire le banal : les lieux communs de Georges Perec », dans un colloque sur les « Écritures blanches », Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2009 ; puis dans l’essai de Maryline Heck, Georges Perec Le corps à la lettre, chez Corti, 2012.
Ces critiques remarquent notamment qu’il y a très peu de métaphores dans le « style » de Perec, qu’elle est remplacée par la métonymie. Mais l’essentiel n’est pas là. Un critique, D. Viart, a une heureuse expression pour définir le style de Perec, son style est à lui seul (et on voit comme une suite de ce que Flaubert pensait du style qui était à lui seul une vision du monde), un ensemble de « réflexions de la vie mutilée ». Et je trouve que c’est une remarque très pertinente pour définir ce qu’on ressent à la lecture des textes de Perec.
Son « style » se caractérise par une certaine platitude, par un refus de certaines conventions de l’ornementation rhétorique ou de l’effet, une neutralisation des affects comme la neige qui étouffe les sons, efface les reliefs du paysage, fait perdre les repères de l’espace (Espèces d’espace), le caractère impersonnel de la narration, à la Flaubert donc mais poussé jusqu’au bout de sa logique, le prosaïsme des événements racontés ou l’inconsistance des personnages, une écriture de la déliaison et de la déperdition du sens. Toutes choses qui créent, par le style, un profond malaise à la lecture, comme autant de reflets et de réflexions de la vie mutilée.
C’est à cela qu’il faut être sensible, sinon on ne comprend rien à la littérature moderne du demi siècle écoulé.
On te reconnait par ton non style, geo !
Et ton envie d’avoir toujours raison, preuve d’une grande frustration !
geo est manifestement un peu bas de plafond.
« Nous n’exigeons pas d’un commentateur qu’il soit fou, seulement déboussolé »
Ton histoire,
blanc sur la nuit,
échos.
(G. Perec, La Clôture, poème n°8)
Une pensée qui habitera ma journée. (Christiane)
C’est émouvant, cette modestie dont Christiane ne se départit jamais. Pour se contenter de si peu, j’imagine qu’elle vit clouée sur un fauteuil roulant.
Mon ambition serait de créer un style qui donne l’impression d’un monde qui croule sous la poussière…
Une pensée qui habitera ma journée. (Christiane)
A moins qu’elle ne mâche et ne rumine à longueur de journée la même pensée, tout en regardant passer les trains.
Albablabla, s’il y a une « problématique », elle est plutôt à chercher chez des écrivains comme Kafka, Conrad, Döblin, Cendrars etc. Pas chez Camus, personnage qui peut-être ne manque pas d’intérêt compte-tenu de son regard sur l’époque (encore qu’il y ait Mauriac) mais écrivain nain. On n’irait pas loin sur un si petit cheval. Camus fait partie, avec Aragon et quelques autres, du magasin des accessoires qui permet encore à une certaine France, du moins le croit-elle, de se surévaluer littérairement sans trop de ridicule, tout en continuant à négliger ses écrivains véritables. Gallimardage sans intérêt.
JC…… dit: 9 août 2015 à 11 h 48 min
« …et bien ! si je m’attendais à cela ?…. même Passou qui censure mes commentaires ! »
c’est trop triste (on ne va pas s’en remettre)
Attila dit: 9 août 2015 à 13 h 46 min
« On ne dit pas « avale ta honte », geo, mais « ravale ta honte » ! »
Mais il faisait du style, c’était voulu
Chaloux dit: 9 août 2015 à 14 h 25 min
« Camus, personnage qui peut-être ne manque pas d’intérêt compte-tenu de son regard sur l’époque (encore qu’il y ait Mauriac) mais écrivain nain. »
inclinons-nous devant chaloux le grand
(sans rire)
Il me semble que R. Barthes voit juste quand il compare « la nouvelle écriture neutre » à l’écriture journalistique pour dire qu’elle s’en distingue en tant qu’elle échappe au « pathétique » :
« la nouvelle écriture neutre se place au milieu de ces cris et de ces jugements, sans participer à aucun d’eux ; elle est faite précisément de leur absence ; mais cette absence est totale, elle n’implique aucun refuge, aucun secret ; on ne peut donc dire que c’est une écriture impassible ; c’est plutôt une écriture innocente ». « Innocente » au sens où elle donne le sentiment de ne pas prendre part au tumulte général du monde. Cette déliaison des affects se manifeste dans le style par une écriture de la déliaison.
C’est le contraire, en somme, de l’écriture « pathétique » du XVIIIè siècle.
Robert, en raison de ton pseudo si délicatement allusif, j’accepte -sans rire- ton hommage.
Pour le reste, à chacun son avis.
Selon le ciron Chaloux, Camus est « un écrivain nain ». Quand à Matamore-Widergänger, son ambition serait de « créer un style qui donne l’impression d’un monde qui croule sous la poussière… » Décidément, sur les fils de ce blog, les pitres ne cessent de se donner en spectacle, surtout le dimanche, à l’heure du pousse-café. A tout prendre, je préfère encore les ruminations de l’humble Christiane.
À la même époque, on peut dire que la peinture d’un Francis Bacon montre elle aussi une déliaison des affects, si l’on suit l’analyse que fait de sa peinture Didier Anzieu dans Le Corps de l’œuvre. L’écriture de Perec est aussi d’ailleurs une écriture du corps, du corps « désaffecté », comme le montre Maryline Heck.
Robert et zoon, nous rappellent utilement qu’il est difficile de parler littérature avec un pot de cornichons.
bien vu serait la comparaison avec l’écriture journalistique, mais aujourd’hui, les journalistes ont des ambitions littéraires non masquéeset réussissent parfois sur quelques paragraphes sinon sur tout un article a attraper un ton : pas forcément innocent .
Si geo est un peu bas de plafond, Chaloux est un peu trop haut de plafond. L’immense espace qu’il a au-dessus de la tête la lui fait un peu perdre…
Mais mon petit chéri, quand Barthes parle de l’écriture journalistique, il parle de cette des faits divers et de la politique, pas de la critique littéraire, eh banane !
Salut les berloques, vous passez un bon dimanche ?
Bibi, je m’échappe swiiipppp d’un repas qui s’éternise un peu pour monter recopier ici ce que j’ai lu sur internet ce matin, et qui m’a instantanément fait penser à notre hôte.
Parce que, vous le savez, Pierre Assouline a quelque chose, un lien, que sais-je ?, avec la Belgique. Une sorte de fascination tendre, dirais-je.
Eh bien, je crois que j’ai trouvé pourquoi :
« L’art belge n’a pas 100 ans de monstres sacrés au-dessus de la tête. Il y a une certaine maladresse chez les Belges. C’est émouvant, la maladresse. »
John David Israël
Bon, allez, je file pour une balade en carriole…
Méditons, mes petits chéris, cette profonde parole de Rabi Levi Isaac, un éminent kabbaliste, qui pourrait rendre compte de l’écriture blanche de Perec : « Le blanc, les espaces dans le Rouleau de la Torah proviennent également des lettres, mais nous ne savons pas les lire comme le noir des lettres. »
La littérature n’est de l’ordre ni du débat intellectuel ni du débat historique. Elle est ce qui échappe à tout cela. On l’historicise, on l’intellectualise après coup, ce qui peut évidemment se révéler intéressant, mais ce n’est plus alors de littérature qu’il s’agit, – d’histoire des idées tout au plus.
P.Assouline semble subjugué par Pontalis, comme sous hypnose encore;ce n’est pas innocent non plus
Chaloux dit: 9 août 2015 à 14 h 39 min
Tiens, la burne a encore pris un peu plus de melon pendant les vacances.
Où l’on voit qu’un état de décomposition avancée n’empêche pas toujours de poster.
Widergänger dit: 9 août 2015 à 14 h 12 min
manifestement un peu bas de plafond.
Ca me fait toujours penser à Charles VIII ! Pourtant c’est un roi qui promettait ; un peu comme Charles VI, au reste…
j’ai apprécié l’entretien de M.Houellebecq dans le figaro sur le style et l’être français
« Le degré zéro de la langue n’existe pas, c’est un mythe. Tout texte est forcément marqué, stylé. » WWG.
C’ est pour cela que je préfère le » degré zorro » de l » écriture de jean pierre Verheggen.
Là, c’ est plus que signé!
Widergänger dit: 9 août 2015 à 14 h 49 min
peu trop haut de plafond.
Ca c’est bien, splendide et tout, seulement la facture d’Electricité de France ! Ou encore une mezzanine, on fait comme le gars du Lutetia, on y installe son bureau ; rusé, le guillaume, pour un Alsaco…
Mais on n’est pas des petits chéris, on est des gros boeuf ! C’est pas itou pareil !
Bon, allez, je file pour une balade en carriole…
L’heure d’atteler.
@ zoon
s… t… f… u…
Chaloux 14h25, on s’en fiche, il y a encore des millions de gens qui ignorent jusqu’à l’existence de ce pays avec ou sans ses écrivains qu’on les estime mineurs ou incontournables.
Benotte dit: 9 août 2015 à 15 h 56 min
« Le degré zéro de la langue n’existe pas, c’est un mythe. Tout texte est forcément marqué, stylé. » WWG.
Bien sûr ! Il serait intéressant de comparer un texte administratif, une bonne grosse note de service, d’il y a trente ans et de maintenant, de contenu voisin… L’ours de maintenant ça doit être la main aux fesses dans tous les coins !
P.Assouline est-il ou a-t-il été vraiment déboussolé?
ici, c’est l’actualité éditoriale qui est le maître de P.Assouline , pui de pair, sa biographie pour la biographie, pas les boeufs ni les coqs et les poules de secteur , visibles ou invisibles pour repousser des fantasmes plus prégnants
Benotte dit: 9 août 2015 à 15 h 56 min
« Le degré zéro de la langue n’existe pas, c’est un mythe. Tout texte est forcément marqué, stylé. » WWG.
Bien sûr ! Il serait intéressant de comparer un texte a_d_m_i_n_i_s_t_r_a_t_i_f, une bonne grosse note de service, d’il y a trente ans et de maintenant, de contenu voisin… L’ours de maintenant ça doit être la main aux fesses dans tous les coins !
tout texte est marqué par ses sources et ses destinataires
P.Assouline n’accumulerait pas les ritournelles de la psychanalyse-comme le fameux pas de côté s’il ne voulait pas les ancrer dans la culture de ses lecteurs : il ne faut pas oublier qu’il y a eu un cours à sciencespo sur la société paranoïaque
Et même que hildenrath a remporté le premier prix !
Chaloux, la nouvelle mule beaubecquoise, Biscotte ou Craquotte (on ne sait pas encore) a tiré la carriole sans l’ombre d’un problème, mais une des guides, trop usagée, a lâché au niveau de la croupière, pile pendant la descente du Bel-Endroit : du coup la courroie de reculement et les porte-traits n’ont pas fonctionné, c’était en descente, la mule a reçu le poids de la carriole brutalement, en arrière et… elle s’est cabrée…
On l’a échappé belle – et Clopin a dû bricoler vite fait un bout de guide pour qu’on puisse rentrer à la maison.
La mule n’y est pour rien : c’est une des bêtes les plus gentilles qui m’ait été donné de rencontrer.
(pas comme ici…)
Zulawski a réalisé Cosmos de Gombro. Ça va donner…!
Faut vérifier votre matériel, Clopine avant d’atteler une brave bête novice…
Je vais vous dénoncer à 30 Millions d’Amis!
WG, essayez de comprendre que le rapport d’un professionnel des lettres comme vous avec la littérature ne peut pas être le même que celui d’un simple amateur comme moi, quelque soit la hauteur de son plafond…
Les travaux universitaires que vous brandissez sur Perec ne pourront jamais me le faire aimer, quelque soient leur pertinence et leur intérêt. C’est cela la littérature, un domaine fréquenté par des gens qui n’y ont aucun intérêt professionnel et s’y baladent selon leur bon plaisir. Le jour où elle sera l’apanage exclusif des profs, elle n’existera plus.
Au fait, j’ai lu le Degré Zéro…
Clopine, pas le mois des animaux. Entre le lion assassiné par un dentiste abruti (nous avons Giscard dans la même catégorie), la chienne enterrée vivante et votre mule…
on ne va tout de même pas se plaindre de l’éloignement de Benitotofacho et ses cris de haine continus
clopine, fumaroli a donné un excellent article sur LA FONTAINE;ce blog est désespérant et je ne sais comment P.Assouline s’y maintient .vous êtes une bonne française, on le sait ça suffit au portrait
Widergänger dit: 9 août 2015 à 14 h 19 min
« Mon ambition serait de créer un style qui donne l’impression d’un monde qui croule sous la poussière… »
Hurkhurkhurk!
Courage, Alba, tu es déjà très poussiéreux! Je suis persuadé que tu y arriveras avant de t’écrouler…
le nouveau blog de JC : wwww.benitotofacho.com
Les mules faut les faire dresser par Mac Clure, à la fin elles arrivent à placer les explosifs toutes seules ! Ca c’est de l’efficience…
la première ligne et le nom propre donne les présupposés du billet : le pouvoir et la prise de pouvoir; c’est dommage pour la littérature à laquelle de écrivians confirmés ou à venir se confient non pour régenter les autres mais pour avoir un empire sur euxmêmes, leurs fantsmes , leurs énigmes.
ce n’est plus le temps des humeurs, mais celui du ventre deuxième cerveau et de la conquête réussie des thérapies orientales et de la méditation jusque dans les hopitaux de cette société malade de trop se chercher pour se renouveler.Ce sue ne fait peut-être pas la psychanlyse trop sure d’elle même malgré les enfants qui se droguent plutôt qu’ils ne lisent
Mais non, vous n’y êtes pas du tout, geo. Je ne brandis des travaux universitaires que le l’espoir de vous faire sentir ce que vous ne sentez manifestement pas.
C’est à une véritable psychanalyse de la lecture qu’il faudrait vous livrer pour changer votre arraisonnement de la chose littéraire. Si vous n’êtes pas sensible à Perec, c’est que vos préjugés sur la chose littéraire vous en empêche. C’est dommage. D’où mon désir d’essayer d’entrebâiller la porte. Manifestement j’ai échoué.
Tout ce que vous dites des Choses de Perec est ce qu’on entend dire de ce roman par tous les lecteurs qui n’ont pas l’habitude de lire la littérature contemporaine. Il est souvent étudié pour le bac. Les élèves avec lesquels je l’ai étudié m’ont souvent tenu le même genre de discours que vous. C’est pourquoi je me suis cru devoir faire le missionnaire…
Mais c’est pas parce que vous n’y êtes pas sensible aujourd’hui que vous n’y serez pas sensible demain. Il ne faut pas désespérer. Vous avez au moins entendu un autre son de cloche, c’est déjà beaucoup.
Ce genre de livres est pour moi sacré et précieux parce qu’ils permettent de comprendre le siècle de l’intérieur. Il s’agit de l’esprit d’une époque, de l’âme du monde, comme dirait Heidegger. Comprenez bien que ça n’a rien à voir avec un traité de sociologie. Il faut que vous compreniez au moins que ce que vous êtes capable d’écrire sur ce genre de roman fait dresser les cheveux sur la tête de gens comme moi. Il faut que vous ayez bien conscience de ça. Non que je me prenne du tout pour supérieur à vous, bien au contraire, je me dis simplement que vous passez à côté de votre propre existence parce que vous passez à côté de l’âme du monde sans la voir. Et ça, vous comprenez, pour quelqu’un comme moi, c’est terrifiant.
C’est pourquoi je me suis cru devoir faire le missionnaire…
de grâce, pas de détails, Alba!
donnent les présupposés
« Vous avez au moins entendu un autre son de cloche »
Déjà plus réaliste!
D’une certaine manière, d’ailleurs, Les Choses, de Perec, est un roman qui se place du même point de vue que Heidegger pour critiquer le monde contemporain de la consommation et de l’emprise des choses et de la technique sur notre existence. J’ai dit le même point de vue. Je n’ai pas dit, surtout pas, que c’était un roman heideggérien. C’est vraiment dommage que vous ne compreniez pas ça.
tout texte est marqué par ses sources et ses destinataires
Les pseudos, le vôtre aussi? Enfin pour ne pas être marqué par l’origine il faudrait qu’il n’en fut pas aussi comment sans avoir existé ou avoir conscience de respirer de l’avoir fait de cette nécessité à tous les temps quant aux destinataires, si l’on rapproche la littérature de la musique, il n’apparait pas que naisse de la réception d’une œuvre son mouvement, la pulsion créatrice à moins de répondre à une commande, à une étude de marché implicite.
certains d’entre vous emploient des grans mots (l’âme du monde)d’autre ne maîtrisent pas même ce qu’ils veulent dire si bien que c’est du charabia qu’ils déroulent impavides sous prétextte de style. pardon pour la fraternité, mais je l’aime plus simple.
p.Assouline a roulé pour la psychanalyse, il continue en fort OEDIPE on peut avoir pitié pour ses yeux
Ce point de vue, dans Les Choses, est marqué d’entrée de jeu, par le ton ironique de l’incipit, l’emploi du conditionnel, les allusions à L’Education sentimentale de Flaubert à travers les trois gravures qui orneraient les murs : « le Ville-de-Montereau », le style cinématographique qui fait des premières pages comme un long travelling en plan séquence, qu’on ne peut pas ne pas relier à la passion des deux protagonistes pour le cinéma, comme l’a rappelé à juste titre Baroz en citant un long extrait sur le cinéma, qui se termine de manière symptomatique par une déception. Tout cela est évidemment très concerté, très étudié, très savamment construit.
Les longues énumérations qu’on trouve souvent chez Perec, c’est pareil. Elles disent l’âme du monde. Elles sont très ambiguës. À la fois, elles disent la fascination absolue pour le réel, un désir fou d’engloutir la totalité du monde, et en même temps une profonde lassitude du monde. Les deux en même temps, deux mouvements contradictoires dans une même tension narrative. C’est quelque chose de très bandant même du point de vue du style !
malgré les enfants qui se droguent plutôt qu’ils ne lisent
Si les enfants se droguent de plus en plus tôt c’est que les mafias gangrènent de mieux en mieux les sociétés qui sont malades et dans l’incapacité d’enrayer ses trafics, l’argent sale irrigue les économies et les soutient avec des conséquences . Il serait profitable d’entamer une psychanalyse des criminels de toutes sortes, réaliser une étude du crime en prenant cette angle de vision en plus de l’étude sociologique des terrains où elle trouve à s’épanouir puis des milieux qu’elle parvient à annexer mais l’homme n’est-il pas par définition essentiellement ou potentiellement coupable?
Les pseudos, le vôtre aussi? Enfin pour ne pas être marqué par l’origine il faudrait qu’il n’en fut pas aussi comment être sans origine, sans début ni fin, sans avoir existé ou en avoir conscience comme de respirer, de cette nécessité inhérente (sans cela, nous ne serions pas là pour lire des choses) à tous les temps quant aux destinataires
oui,les sociétés sont malades, mais la drogue sur internet avec les nouvelles substances , c’est quand même rude . il ne faut pas attendre de la psychnalyse qu’elle puisse enrayer un fléau dans lequel elle a sa part de responsabilité -je veux dire l’air du temps-
fraternité,
Quelle belle idée rentable! Une projection qui marche et permet à ceux qui en bénéficient d’oublier ceux qui meurent, plus nombreux, de ne pas en être les destinataires, bref un vocable littéraire ou religieux.
mais la drogue sur internet avec les nouvelles substances
Quel enfant de cœur vous faites, il y a des dealer à tous les coins de rues. La psychanalyse responsable des l’addictions ? Ne pensez-vous pas qu’avec cette diffusion constante d’informations plus enjolivantes les unes que les autres, les individus outre leur histoire personnelle trouvent à perdre pied et se laissent plus facilement embarquer dans des consommations débilitantes?
Bah, ça me donne aussi l’occasion d’utiliser ce formidable vocabulaire technique – comme pour le langage des bateaux, comme pour tout ces vocabulaires de métier qui disparaissent derrière le jargon informatique. Snif. Perso, je trouve que tous ces mots : le boucleteau, l’avaloire, le culeron, la sellette, la bricole, la muserolle, etc., sont beaucoup plus imagés, précis, poétiques même, que le triste vocabulaire informatique….
H chiche?
WGG L’impression qu’à l’inverse, vous passez le monde au tamis et ne percevez plus que son âme en évitant de vous y mêler, c’est d’ailleurs prudent quoique je ne pense pas que chez vous ce retrait ou ce choix de vision panoramique relève de la prudence, c’est votre mode de vie ou survie, une façon qui vous permet d’appréhender la beauté, la profondeur aussi bien que la laideur des êtres et des courants de pensée.
je n’ai aucun avis généralissime et n’opinerai pas sur la consommation des nouvelles substances qui ne sont pas achetées naÏVMENTPAS PLUS QUE JE NE CROIS NAîves les explications données à tous les coins des établissements pour enfants et qui se drapent de l’autorité de la psychanalyse;chacun en fait comme il l’entend ce n’est pas la psychanalyse qui est rrresponsable de l’entente des personnes concernées par les interprétations;mais il y a l’air du temps qui privilégie plus les petites boites à sms que les livres
clopine, ces mots n’ont que la beauté que vous leur prêtez;les écrivins n’écrivent ps sur la médecine, l’arcitecture ou le droit sans avoir assis leur vocabulair sur des études précises, et parfois d’expérience;vous avez celle de votre mule :soit
écrivains; architecture
20h34 plus explicite vous serait possible avec illustration de ce qui est sensé régir les structures pour enfants que nombre d’entre nous n’a jamais visité même en livre?
Les violences et abus sexuels dans l’enfance favorisent la survenue des toxicomanies à un moment donné du parcours, c’est un fait mais pas l’unique cause des dégâts qu’occasionnent la consommation des drogues ou alcool .
20h37 Toujours ce besoin d’humilier, vous devriez vous faire soigner peut-être trouveriez-vous un moyen supplémentaire de vous mettre en valeur en montrant de vous une face à ce point cachée qu’on peine à l’envisager.
Une greffe de cerveau n’est à ce jour pas réalisable, quel dommage! Tomate infarcie avec un chapeau noir comme le grand blond.
il n’y a rien d’humiliant à rappeler que les écrvains s’assurent de leur lexique que ce soit du vin de la cuisine ou des pathologies . il y a des maladies orphelines , voilà qui n’est pas fraternel?
je dis bonsoir à tous
on est en droit d’attendre d’un écrivain qu’il ait souci de son lexique , quelque soit son thème et qu’il en fasse même, par la trouvaille ,un emploi psychanalytique
Quand la littérature est trop intellectualisée, tel que s’efforce de le penser ici la mauvaise langue, le lecteur lambda va voir ailleurs…il va lire 50 nuances de m erde ou le catalogue Black & Decker …les intellos de service ont oublié pourquoi on écrit et plus important encore a mon humble avis, pourquoi on lit…perso, je veux lire un livre qui me donne l’envie de voir ce qui se passe a la page suivante…une histoire qui me prend comme prisonnier complaisant jusqu’à sa conclusion finale…une qui peut-être m’apprend un truc que je ne savais pas avant…et peut-être un 2eme degré mais ca c’est le payement bonus, c’est pas obligé…ils vont finir par tuer la littérature ces nains, a force de nous faire c hier avec leurs théories a une couille et demi…désolé d’être désagréable mais Arsenal a perdu un match bête et méchant et j’en ai ma claque de ce cloaque ou tout, absolument tout doit être passé au tamis de l’Institut…pensez pour et par vous-mêmes, non mais !
Il y a du vrai dans ce que dit le Burnous…
hilgegarde les grandes idées tiennent parfois dans peu de mots, et certains écrivains tiennent à rester accessible, trop de technicité tue la littérature ce qui n’exclut pas l’exigence d’un certain raffinement quoiqu’il ne soit pas essentiel et que la beauté du style et l’intérêt passionnant ne résident pas uniquement dans le choix des vocabulaires conviés au récit, à la fable, chronique, journal, biographie, roman …
Il existe des lectures psychanalytiques des textes sacrés, je doute cependant qu’à l’origine des textes ( et pas possible pour ceux-ci écrits avant l’invention du grand Sigmund), ce souci serve d’influx au processus d’écriture.
Abdel votre lexique s’égare trop souvent sous la ceinture, vous devriez prendre un bain pour vous laver de l’impureté.
le burnous de mon pere dit: 9 août 2015 à 21 h 11 min
ils vont finir par tuer la littérature ces nains, a force de nous faire c hier avec leurs théories a une couille et demi…j’en ai ma claque de ce cloaque ou tout, absolument tout doit être passé au tamis de l’Institut…pensez pour et par vous-mêmes
Mon ami, considérez ceci:
L’Institut pense par lui même, il en a les moyens.
Une partie seulement des supporters de l’Arsenal ou des buveurs de pubs pensent par eux-mêmes.
Leurs opinions sont aussi fraîches que le catalogue de B&D qui vous tient à coeur (moi aussi).
Je ne dis pas que ce point de vue est vrai, je dis seulement que vous devriez y réfléchir.
— Je vais vous faire une confidence: je suis en train de relire la Montagne Magique et, oh surprise, la poilade est proportionnelle à l’intelligence de l’auteur.
Ueda, vous être très fort, je n’ai jamais pu venir à bout de la Montagne Magique. J’attends une nouvelle traduction pour refaire une tentative. Quand on compare la vieille traduction de La Mort à Venise avec celle de Philippe Jaccottet, on se prend à rêver d’une nouvelle Montagne…
pourquoi on écrit
Parce qu’on naît écrivain, mystère en amont, dans les hasards des distributions hélicoïdales. Mais j’ai toujours pensé que de l’encre coulait dans leurs veines, un don rare et cependant à la portée de tous grâce aux éditions Folio, victoire de l’industrie alliée à la démocratie!
Le problème avec le « penser par soi-même-, c’est que moins on a de références livresques, moins on prend de distances avec ce qu’on croit être ses propres références, et plus on a de références inconscientes. Les fanatismes, quels qu’ils soient, sont souvent liés à l’acculturation et à l’illettrisme.
Chaloux vous n’êtes qu’un cadre ( je l’ai lu cet après-midi entre 14h30 et 16h) et vous cherchez en vain votre noyau en nous laissant croire que vous le tenez de mains sûres. Je n’y crois absolument pas, il vous échappe comme à tousse.
La Montagne magique, Les Choses…
Et puis quoi encore, Chaloux, vous lisez quoi au juste ?
» un style qui donne l’impression d’un monde qui croule sous la poussière… » WGG
Autant dire un style après moi, le déluge.
B, je ne prétends rien du tout. Apprendre à penser contre soi-même (les fameuses références livresques), c’est précisément apprendre qu’en fait de « noyau » on ne sait pas très bien ce qu’on « tient ». C’est parce qu’on sait qu’on ne sait pas ce qu’on tient qu’il arrive qu’on se sente sauvé par l’intuition. « Moi, l’étrange étranger », on n’en sort jamais. Et pourtant, on tient bien quelque chose, « si on a de la chance », comme dirait Borgès.
Les fanatismes, quels qu’ils soient, sont souvent liés à l’acculturation et à l’illettrisme.
pas d’accord, il sont liés à l’homme depuis la nuit des temps, c’est une indomptable violence qui attend à trouver des motifs à sa résurgence, l’illettrisme, l’acculturation n’explique pas comment et pourquoi ceux qui n’en sont pas atteints servent aux commandements, aux organisations qui réussissent à canaliser ce grondement sourd et sous-jacent. Il faudrait pointer s’il existe des peuples qui dans l’histoire ont démontré qu’ils n’ont pas fait preuve de fanatisme aveugle conduisant à l’inhumanité la plus terrible de conséquences ou si leur propre histoire a pu leur servir de vaccin.
@Clopine
Si les instruments d’usage à la campagne vous turlupinent, lisez Jean-Loup Trassard, c’ est de la modernité dans le bocage!
Je ne vois pas quoi vous répondre, Jacquot. En ce moment je lis pas mal de choses sur l’histoire religieuse du XVIIe (à cause en grande partie de Saint-Simon), et je lis ou je relis des ouvrages sur la Russie et la Sibérie du XIXe, voyageurs à pieds, témoignages comme les textes de Tchekhov, ouvrages sur la faune et la flore locale, mémoires d’ingénieurs ou d’enquêteurs français, etc… Je viens de racheter Boccace (à cause de Botticelli et des hénaurmes – et parfois fascinantes- sottises que raconte Didi Hubermann dans Ouvrir Vénus); l’histoire de Nastagio degli Onesti m’intéresse prodigieusement. La Correspondance Morand-Chardonne. J’ai l’intention de lire ou relire Istrati que j’admire beaucoup, et Sénèque le Rhéteur dont je ne peux plus me passer depuis que Quignard me l’a fait découvrir, ainsi qu’un petit ouvrage (Belles Lettres) sur les lamelles d’or Orphiques. Etc. etc. Sans oublier quelques ouvrages sur Piranèse et de Piranèse ,- mais on ne « lit » pas Piranèse, on s’y abîme…
J’aimerais également avoir le temps de relire tout ce que j’ai de florence Dupont ainsi que Golovanov et les Voyages en France d’Arthur Young (aucun rapport entre les trois, évidemment).
Et ensuite, on verra.
Et puis quoi encore, Chaloux, vous lisez quoi au juste ?
Je le vois bien lisant tout ce qui se présente comme susceptible de calmer son appétit et au besoin correspondre à son niveau d’intelligence sensible et tavaillée.
T’oublie San Antonio Chaloux! C’est dommage, c’est avec lui que tout commence et que tout finit…
Evidemment tout ceci ne constitue en rien une planche de salut.
« Ueda, vous être très fort, je n’ai jamais pu venir à bout de la Montagne Magique. »
Tu devrais essayer la traduction en moldo valaque. Elle est particulièrement réussie.
Antonio vous exagérez, tout ne finit pas toujours dans l’ordure ménagère ou non et l’injure comme crevure, j’ai oublié le reste.
Je ne lis pas « ce qui se présente », en fait c’est assez concerté. Une partie « découverte », une autre approfondissement. San Antonio serait une très agréable récréation, il me fait littéralement hurler de rire.
Lisez vous par plaisir ou par snobisme, Chaloux ?
Par masochisme, peut être ?
Il y a un San Antonio hilarant dans lequel Mitterrand arrive pour visiter le commissariat. Problème, Mme Bérurier a cuisiné à l’huile de ricin et son Béru a une courante d’enfer. En le lisant j’ai tellement ri que j’ai bien cru que j’allais y passer. Même en dormant, il parait que j’étais secoué par le fou-rire.
Oui? Je vais recharger mes circuits dans ce cas, j’en ai lu une petite collection alors que j’hésitais par un hiver humide et glacial à trouver un job. San Antonio m’a retenue au chaud quelques mois mais c’était il y a fort longtemps alors que j’étais encore tout ce qu’il y a de plus insignifiant.
La littérature peut-elle servir d’égaliseur , les hommes finiront-ils un jour prochain par s’entendre sur et par ce terrain? Non car persisteront des inégalités ressemblant à celles soutenues par cette monnaie d’échange en cours sur tous les marchés , il y aura des pauvres et des riches, des affamés et des repus, des cachectiques des obèses, des intéressés et les marginaux, des exclus, des avares qui ne prêteront pas leurs livres, des escrocs qui les voleront en bandes organisées, des réseaux des mafias, des partisans de la gratuité, de la fatuité, des vaniteux, des exhibitionnistes des marchands des spéculateurs et des gynécologues etc etc
Jacquot, la curiosité, le désir de comprendre. Snobisme, je ne vois pas, je m’en fous. J’ai moins lu ces dernières années – peut-être sept ou huit livres par mois, même si j’ai continué à en feuilleter bien davantage- qui ont été très intenses, mais je constate en vieillissant -49 en octobre- que les vivants à un certain point de vue m’étonnent moins et donc m’intéressent moins, – encore d’ailleurs que d’un autre point de vue je n’ai jamais été aussi étonné qu’aujourd’hui : rien n’est simple. D’une certaine manière on aime moins mais on aime aussi davantage. Reste qu’il va falloir clore certaines portes, probablement pour en ouvrir d’autres, et que ce sera certainement avec des livres.
Chaloux dit: 9 août 2015 à 21 h 50 min
Les fanatismes, quels qu’ils soient, sont souvent liés à l’acculturation et à l’illettrisme.
Là je sais pas trop, parce qu’à l’inverse le fanatisme peut se gloutir de toutes les connaissances possibles et imaginables ; il y a des fins rusés qui sont encore capables de mettre un croissant gammé à la conjecture de Poinca, au dernier Nobel ou Goncourt même un bon, sans parler peut-être de Moto-Revue !
Et encore, il y a ce qui se fait, autrement dit ce qui s’est fait, mais pire il y a ce qui pourrait se faire…
Je vais prendre un exemple précis : les Russes. Eh bien ces gars-là, pas du tout abrutos et de surcroît n’ayant rien d’autre à faire, lisaient énormément, l’homme de la rue lisait, les bouquins valaient réellement quelques kopecks, et la censure, comme tout, a ses limites. Le moindre homme de la rue est un balèze aux échecs. Et pourtant ils ont suivi pendant très longtemps le fascisme à Коба… D’un autre côté comme il n’y avait que cela…
Le commissaire San A. il a une type E quand même ! C’est pas Javert… Longtarin !
Sergio, c’est vrai, et c’est ce que que dit Védrine à propos de Poutine, – que c’est un homme qui a énormément lu » ce qu’on ne pourrait dire d’aucun dirigeant européen d’aujourd’hui ». Il va falloir que je lise l’article dans son intégralité.
(J’ai d’ailleurs croisé Védrine il y a quelques semaines, un mélange assez étonnant avec sa minuscule Cour autour de lui, de Louis XIV et de Norpois, – et ce regard perpétuellement en l’air -en en-haut, dirait Molière- comme s’il contemplait son image dans l’Empyrée. Rarement vu un exemplaire d’humanité exhalant un si parfait et en un sens un si naïf contentement de soi. Un monument qui devrait se visiter. Mais c’est un type intelligent.)
Quant à ce que les russes « ont suivi », ce serait à voir, Sergio.
Quand je pense aux supporters de l’Arsenal, je suis en très bonne compagnie, merci a vous…des écrivains qui se vendent par container, des musiciens, des artistes, des femmes au foyer, des banquiers, des chômeurs et même des économistes, dont vot’serviteur…des gens qui ont ceci en commun, aimer ce club et cette équipe et son ethique …vous, en banlieue, assis sur vot’gros postérieur, vous pensez savoir la proportion qui peuvent penser pour eux-mêmes ? z’etes peut-être calé, mais vous manquez de modestie et d’humilité…ils vous apprennent peut-être pas ca a l’Institut but there is a lot you should be modest about…
P.S. vos confidences, vous vous les carrez…
Chaloux dit: 9 août 2015 à 23 h 17 min
ce regard perpétuellement en l’air -en en-haut
Alors on a :
– fort rebecqué ;
– la crête toute redressée ;
– se paonnant…
(langage Renaissance exhumé et probablement un rien adapté par Robert Merle)
Enfin quand c’est associé à une certaine naïveté, on peut accorder une présomption d’innocence !
» En cela, nous dit Hubert Védrine dans le dernier numéro du
magazine Society consacré à Poutine, il se distingue très nettement de ses homologues européens : « C’est un gars [sic] très méditatif, qui a énormément lu. Vous ne pouvez pas dire ça d’un dirigeant européen aujourd’hui. Il y a une densité chez Poutine qui n’existe plus chez les hommes politiques. » »
Source, Marianne.
Chaloux dit: 9 août 2015 à 23 h 35 min
Quant à ce que les russes « ont suivi »
Je crois que ça a été vite réglé, Lénine a été pratiquement « précipité », Trotski isolé en vingt secondes précisément grâce à l’opération un, et c’était parti ! Donc les Russes déjà ils étaient suivis, ensuite ils suivaient le suivant de celui qu’ils suivaient… Euh non c’est pas possible, ça…
Richard Millet fait l’éloge du récit autobiographique Ostinato de Louis-René des Forêts. C’est en effet le dernier livre qui m’a laissé sans voix après l’avoir lu. Une œuvre qui vous prend et vous stimule. Je recommande à tous de lire Ostinato. Sauf à Abdel, parce qu’il n’y trouvera rien de ce qu’il attend d’un livre. Il faut dire qu’il attend par principe d’une œuvre littéraire ce qu’elle ne contient jamais… Un éternel déçu qui se venge de son inanité notoire en étant vulgaire, ce qui en dit long sur l’homme. Mais n’a rien pour m’étonner, hélas.
Hubert Védrine est notoirement incompétent dès qu’il s’agit de parler d’Israël. Quand je dis incompétent, c’est évidemment une litote. Tout le monde m’aura compris à demi mot…
Chaloux dit: 9 août 2015 à 21 h 50 min
Les fanatismes, quels qu’ils soient, sont souvent liés à l’acculturation et à l’illettrisme.
_________
Typique d’une vision de gauche, la gauche suicidaire et incompétente. Les gens dangereux, quoi.
Comme si les nazis d’autrefois au pouvoir n’étaient pas tous des gens hypercultivés. De même les dirigeants de l’islamisme radical d’aujourd’hui !
Chaloux, on peut au moins être sûr d’une chose avec lui, c’est n’importe quoi !
…
…Cinéma ,!…Moteur,!…on tourne,!…les civières,!…
…c’est déjà çà,!…de fait,!…pour demain,!…
…etc,!…
Widergänger dit: 10 août 2015 à 0 h 37 min
« Richard Millet fait l’éloge du récit autobiographique Ostinato de Louis-René des Forêts. C’est en effet le dernier livre qui m’a laissé sans voix. »
Malheureusement, nous ne gardons aucun souvenir de cet instant miraculeux. (J’ai retiré « après l’avoir lu » car on se doute bien que tu ne l’as pas mangé : redondant comme toute ton importante personne).
Pour le reste: 1) L’Allemagne subissait une pression financière quasi insoutenable. 2) Les phénomènes de fanatisme prennent bien aujourd’hui dans des régions globalement acculturées.
Bref, tu mélanges tout, comme d’habitude.
Chaloux sans aller voir du côté de la fanatisation des masses pour ne pas parler de l’hystérisassions des foules peut-être pourriez-vous vous arrêter sur le comportement d’un ou de plusieurs membres de votre entourage, jusqu’à vous pourquoi pas, assez prompt à ranger momentanément au placard leur bagage culturel pour se livrer à des moissons peu recommandables, à des agapes que d’autres trouveraient plus que décadentes, licencieuses? La culture ne peut constituer un obstacle en forme de barrage à certaines sortes de débordements dont on peut se demander à quel cerveau ils s’assortissent. Prière de déposer votre identité au vestiaire, ici tout vous sera permis, la décadence et la licence qui sont pardonnées chez les uns et condamnables chez les autres peuvent-elle se revendiquer d’un héritage culturel, ou est-ce comme pour les fanatismes nous faut-il les objectiver et les dénoncer quand elles trouvent lieux dans des milieux que les salons littéraires ne visitent qu’en allant l’étudier ou l’observer dans les salles de cinéma. Affreux, sales et méchants; malhonnêtes pervers et suffisants; prétentieux oublieux et désaxés; arrogants prêts à tout donneurs de leçons; falsificateurs, manipulateurs et déviants, des illettrés?
23h38 si vous n’injectez pas de carburant dans un moteur il ne subsiste aucune chance d’observer en mouvement le véhicule, le paysage qu’il soit urbain ou rural peut servir de point de départ à une réflexion en y ajoutant quelques passants qui dans votre existence entreront directement, des figurants en exercice qui réussiront à retenir votre attention pour devenir des objets d’observation, alimentant ainsi votre regard et vos pensées. S’alimenter à des sources plurielles ne signifie pas que tout un chacun soit prêt à absorber la totalité comme on pourrait, si on en développait le goût, gober des œufs en série, à la chaîne pour régurgiter, satisfait, à l’heure du thé la matière plus ou moins transformée.
il n’y a rien d’humiliant à rappeler que les écrvains s’assurent de leur lexique que ce soit du vin de la cuisine ou des pathologies
Il est intéressant de constater que les métaphores sont d’un usage et d’une utilité qui ne sont pas tout à fait désuets quel que soient les registres du discours et les publics auxquels ils sont destinés.
quels, j’ôte mon chapeau pour vous souhaiter le bon jour.
Widergänger dit: 10 août 2015 à 0 h 47 min
Les manipulateurs des fanatiques, et tout leur arsenal idéologique (religieux y compris) , policiers militaire , ne sont pas nécessairement fanatiques eux-mêmes , sont-ils ? cf les guerres dites de religion –visant en fait à conserver ou renforcer un pouvoir politique
Le catalogue des navires reste un bon moment de littérature… enfin, l’entropie a du bon… quelque part…
‘…Je recommande à tous de lire Ostinato. Sauf à Abdel, parce qu’il n’y trouvera rien de ce qu’il attend d’un livre…’
C’est vrai ca…surtout que je ne parle que de livres que j’ai lus et De musees que j’ai visites…
JC…… dit: 9 août 2015 à 11 h 48 min
…et bien ! si je m’attendais à cela ?…. même Passou qui censure mes commentaires !
…………
N’importe qui d’autres ne se bornerait pas à censurer tes crottes, mais te virerait de ce blog.
Quant à tes adieux, ils ne sont hélas jamais définitifs.
» C’est un gars [sic] très méditatif, qui a énormément lu »
Énormément lu les fiches de police du KGB, où il fut fouilleur de poubelles.
Abdel comme JC rarement content
8h30 Bien , il en est qui se contentent de lire et de s’enivrer de la même façon que lorsqu’une fleur odorante vient à vous emplir de félicité olfactive, et puisqu’il leur manque la culture du parfumeur, n’en sauront pas dire grand chose. Bien évidemment la quantité et la qualité du nombre doit conduire à une espèce d’expertise qui permettra aux lecteurs la faculté à l’analyse critique, à l’appréciation juste et au jugement de valeur sous forme de recommandation ou sévère mise au pilori.
Chaloux, c’est matamore au pays des Pieds Nickelés. Lire deux livres par jour pour en arriver à une pensée politique aussi indigente (et encore deux livres par jour en bas régime, dit-il… !) ! L’Allemagne fanatique était le pays le plus civilisé du monde. Il doit les feuilleter ses livres, il en feuillète deux ou vingt par jour, c’est ça qu’il appelle « lire »… Je comprends qu’il jalouse ceux qui lisent vraiment. Une cervelle creuse, ce Chaloux, un fanatique lui-même, un Féraud.
Aimable Albablabla, je constate que tu ne sais toujours pas lire. De mon côté, je manque de temps pour instruire un professeur de collège. Quel monde imparfait!
@ Chaloux (9 août 23 h 17 min)
Au-delà, lire l’ouvrage de Michel Eltchaninoff, Dans la tête de Vladimir Poutine (on n’est pas obligé de partager le positionnement politique de M. E. pour tirer profit du livre)
Il y a une densité chez Poutine qui n’existe plus chez les hommes politiques. » »
Il faut conclure à ce qu’une densité dont je doute qu’elle occupe uniquement l’univers mental de Mr Poutine, ceci en lorgnant sur les CV affichés de différentes personnalités, ne suffit pas à rendre les décideurs plus humains, à leur insuffler le génie qui changerait véritablement l’ordre du monde et la gestion des affaires courantes à l’intérieur des frontières qui délimitent leur domaine d’action librement consentie qui plus est par un électorat toujours enthousiaste à choisir l’homme qui les rassurera le plus, un peu nostalgique de la Russie des soviets, la force centripètes de la puissance de ces hommes ne va pourtant pas jusqu’à régler au plus juste les détails qui touchent au quotidien du plus simple des villageois qui se verra privé d’eau pour cause de JO , de l’écolier qui aura à traverser sans passerelle une autoroute à huit voies car l’école a malheureusement été éjectée du périmètre de la commune; par ici les méthodes sont plus soft et les effets brumisés, les régimes non autoritaristes se voient cependant empêchés d’exercer leur autorité par les effets contradictoires des décisions européennes qui nécessitent également de l’électorat une vigilance accrue pour les garder en vue et viennent contrarier parfois les souverainetés, les volontés, les besoins nationaux.
Signe de la fermeture toujours plus importante de la vie politique russe, les élections régionales de l’automne 2015 se dérouleront sans la participation de l’opposition libérale. Deux décisions tombées coup sur coup durant le week-end ont mis fin au peu de suspense qui subsistait encore : dans les quatre régions où elle comptait se présenter, la Coalition démocratique, alliance entre le parti d’Alexeï Navalny, interdit, et celui de l’ancien premier ministre Mikhaïl Kassianov, sera absente du scrutin du 13 septembre.
La décision la plus emblématique est intervenue vendredi 7 août. La Commission électorale centrale, à Moscou, a confirmé l’interdiction faite à la Coalition démocratique de présenter une liste à Novossibirsk. La ville, la troisième de Russie avec près de deux millions d’habitants, proche du Kazakhstan et de la Mongolie, constituait une cible de choix pour l’opposition, avec une population jeune, urbaine et éduquée. Elle espérait y conquérir 20 % des voix.
Source: journal le Monde.
Lisez Michel Bounan.
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