de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire Littéraire

N’ayez plus peur de Virginia Woolf

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Qui n’a encore jamais lu Virginia Woolf est impardonnable. Sa réputation de cérébrale, et la complexité de ses situations, voire l’hermétisme prêté à ses personnages, ont longtemps rebuté certain public. A tort. Les sortilèges et envoûtements provoqués par le livre-culte Mrs Dalloway, en témoignent. Alors avant d’y plonger, oubliez l’abstraction dont son univers est entaché ainsi que la tristesse censée s’en dégager. Bien qu’il soit en partie fondée, ce faux-semblant repose aussi sur l’effet rétroactif de sa propre fin, sa mort volontaire à l’issue de crises de mélancolie récurrentes, Virginia pénétrant lentement dans l’eau de la rivière en contrebas de […]

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Pouchkine et son double, Belkine

Pouchkine et son double, Belkine

Jean-Pierre Pisetta

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Le 3 septembre 1830, Alexandre Pouchkine arrive à Boldino, village que son père lui a légué (avec ses deux cents « âmes ») en vue de son mariage qui aura lieu quelques mois plus tard, en 1831. Il pensait ne faire qu’y passer, mais une épidémie de choléra dans la région l’y retiendra jusqu’en décembre. Cette période de sa vie, connue sous l’appellation d’« automne de Boldino », s’avère extrêmement féconde. Il écrit le 9 décembre, quatre jours après être rentré à Moscou, à son ami Piotr Pletniov : « Je te dirai (ça doit rester entre nous) que j’ai écrit à Boldino comme je ne l’avais […]

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Ce dont les Français n’ont plus idée

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  Il faut autant d’audace, d’imagination, d’inventivité, de créativité et de goût du risque pour rééditer que pour éditer. Mis à part le cas le plus courant de la réédition en format de poche un an après la parution en édition originale, c’est à chaque fois un pari. Comme un défi que l’éditeur se lance à lui-même. Il s’agit le plus souvent de révéler à une, ou parfois deux, générations de lecteurs une œuvre qu’ils n’ont pu croiser en son temps faute de maturité. Les éditions Séguier en donnent un bel exemple ces jours-ci en relançant en librairie sans en […]

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A l’échelle de Prévost

A l’échelle de Prévost

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Quoi encore, une lubie générée par une IA en délire ? Mieux : une nouvelle mesure des mots dans leur accord avec des actes. Un engagement à ne plus lire innocemment, à reconsidérer les livres une fois séparés de leur légende et à se méfier de leurs auteurs. Ce référent, ce peut être l’écrivain de notre choix, celui à qui on voue une totale confiance à la lumière de son œuvre, de sa vie, de ses convictions et de son authenticité lors de la mise en musique de tous ces éléments conjugués. Dans Des mots et des actes (164 pages,18,50 euros, Gallimard […]

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Ce que la littérature doit à la péréquation

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Y a-t-il dans le monde littéraire de notion moins poétique que la péréquation ? On a beau chercher… Elle est pourtant l’alpha et l’oméga de l’édition et de la librairie en France et à l’étranger depuis un bon siècle. Selon la loi de péréquation, on publie ou on met en avant des livres d’une lecture aisée promis à un large succès commercial afin d’en publier ou d’en exposer d’autres à l’accès plus difficile et à l’amortissement envisagé sur le long terme. Ainsi Gaston Gallimard imposa-t-il L’Equipage, premier roman de Joseph Kessel à son comité de lecture qui n’en voulait pas, au motif […]

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La musique de chambre de Joyce

La musique de chambre de Joyce

ROBERT BLOOM

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L’histoire mouvementée de l’Irlande, largement conditionnée par ses rapports avec la puissance coloniale britannique, a donné aux liens entre poésie et politique une intrication et une pertinence particulières. Qu’on en juge par les deux exemples qui suivent: trois des chefs nationalistes qui saisirent avec leurs troupes d’irréguliers les principaux points stratégiques de Dublin lors du soulèvement de Pâques 1916, Patrick Pearse , Thomas MacDonagh et Joseph Mary Plunkett étaient des poètes accomplis; William Butler Yeats, le plus grand des poètes irlandais, prix Nobel de littérature en 1923, après avoir assisté de Londres aux violents soubresauts qui allaient porter sur les fonts baptismaux […]

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Comment toucher à « Penelope » sans attenter à « Ulysses » ?

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Nul doute qu’avec l’acquisition des droits cinématographiques de Voyage au bout de la nuit par Joann Sfar, on va encore reparler des mauvaises manières que le cinéma fait à la littérature et du caractère intouchable des héros de roman qui campent dans notre imaginaire. Bas les pattes devant Bardamu ? On en reparlera.  En attendant, on peut déjà parler d’un autre chef d’œuvre, ce qu’on appelle un classique moderne : Ulysses de James Joyce, le plus grand poète de l’anglosaxonnie. Est-il normal, admissible, décent, ce que vous voulez, de démembrer ce qui a été conçu comme un tout ? Passe encore qu’un manuel […]

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Une amitié du roman-culte au film-cuite

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On écoute les dialogues de l’un, on lit les livres de l’autre et on se dit que la vie aurait été vraiment injuste si ces deux-là s’étaient ratés. À ne pas croire qu’ils n’aient fait équipe qu’une seule fois. Au-delà d’un air de famille, une évidente fraternité devait lier Michel Audiard et Antoine Blondin. En théorie plus qu’en pratique car l’écrivain passait son temps dans les stades, les bars et les étapes du Tour quand le dialoguiste fréquentait plutôt les hauts plateaux. Ensemble ils n’auront fait qu’un bébé mais quel ! Un singe en hiver (1962), film-culte adapté d’un roman-cuite (prix Interallié 1959) (1) […]

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Baudelaire, le grand consolateur

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Il n’y a pas à en sortir : Baudelaire (1821-1867) est l’ambassadeur historique de la collection de la Pléiade. Et réciproquement serait-on tenté d’ajouter. L’explication d’un tel privilège ? Il a été le tout premier du temps où Jacques Schiffrin, son inventeur, oeuvrait à peu près seul à l’animer à Paris au début des années 20, quelques années avant que des soucis financiers le pousse à sacrifier son indépendance en rejoignant Gallimard par l’intercession de Gide. Ses deux volumes d’œuvres du poète parurent en 1931 et 1932. Quoique imprimés sur du papier Bible, ils étaient considérés comme des livres de poche, bien […]

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Il faut que tout change pour que rien ne change

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S’il est vrai qu’une phrase lue dans un livre suffit à engager une vie, on en connait qui passent leur vie à creuser une phrase. Ils confesseront volontiers que toute leur vie n’aura pas suffi à en épuiser le sens. Encore ne s’agit-il pas là de traducteurs du Bartleby le scribe qui s’affrontent depuis 1853, pour savoir si « I would prefer not to », la formule-clé de l’anti-héros d’Herman Melville, doit se traduire par « Je préfèrerais ne pas », « je ne préfèrerais pas », « Je préfèrerais pas » ou « j’aimerais mieux pas ». Personnellement je me garderais bien de ne trancher pas la querelle. De […]

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