Histoire
Jusqu’où l’historien peut-il se rapprocher de son sujet sans s’y brûler les ailes ? Le problème, c’est la distance. Pas seulement la distance dans le temps, et l’éternel reproche du manque de recul qu’elle entraîne, mais encore la distance humaine, personnelle, intime par rapport aux événements et à ceux qui les ont vécus. Innombrables sont les conversations que j’ai eues avec des acteurs ou des témoins de l’Occupation, de l’épuration et de la guerre d’Algérie, personnalités souvent brillantes et cultivées, qui se sont brusquement closes par un « Vous n’avez pas vécu cette période, vous ne pouvez pas comprendre ! » aussitôt suivi du coup […]
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C’est terrible, un incipit. Terriblement injuste car cela peut faire fuir ou captiver. Très précisément : rendre le lecteur captif du texte. Dès l’incipit, on sait si un écrivain se tient derrière la plume. Ainsi débute Esquisse d’un pendu (184 pages, 16 euros, Verdier), roman de Michel Jullien : « La Machine n’est qu’ossature, rien mieux qu’un emboîtage architectural éviscéré, cubique, sans complexité de construction. C’est une pile creuse faite de niveaux amoncelés sur un empierrement mastoc, à répétition d’étages, une cage vide, libre au vent, des parois criblées de fenêtres sans vitres et protection.. Sa fonction fut d’exposer, de magasiner, de remiser à […]
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Une découverte ? Sans aucun doute. Une révélation ? Probablement. Avec le recul des quelques mois écoulés depuis sa parution, Certaines n’avaient jamais vu la mer (The Buddha in the Attic, traduit de l’anglais par Carine Chichereau, 144 pages, 15 euros, Phébus) a tout du petit livre inattendu d’une parfaite inconnue qui a réussi à discrètement s’imposer par sa force tranquille, sinon par l’évidence de ses qualités : originalité du thème, puissance du récit, maîtrise de la prose poétique, parfaite adéquation de l’une aux autres. On ne peut même pas dire que Julie Otsuka, californienne d’origine japonaise née en 1962, nous était arrivée […]
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On dit parfois que rien n’est triste comme un best-seller qui ne se vend pas. En fait, il y a plu triste encore : un cycle inachevé, une série laissée en suspens, une trilogie interrompue. Frustrant, non ? Reste à savoir qui l’est le plus, de l’auteur ou du lecteur ou de l’auteur. Pour ce dernier, c’est un au-delà de la déception car, quelles que soient les explications avancées, la reconnaissance de son échec à finir est interprétée comme un aveu d’impuissance. Laissée en plan pendant de longues années, une biographie en plusieurs tomes dont la suite se fait attendre est aussi […]
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Parfaitement, « l’affaire Port-Royal ». A envisager comme telle, une fois n’est pas coutume, en prenant connaissance des pièces du dossier. Notre intelligence d’icelui a longtemps été dominée par les deux massifs littéraires qui l’ont encadré avec un éclat sans pareil : l’Abrégé de l’histoire de Port-Royal (1742) de Racine et Port-Royal (1840-1859) de Sainte-Beuve. Mais la bibliographie est considérable. Rien de tel qu’une anthologie pour faire le tri et revenir aux sources. Celle que propose Laurence Plazenet Port-Royal (1320 pages, 29 euros, Flammarion) constitue une oeuvre en tous points remarquable sur un événement qui a façonné le paysage spirituel de la France […]
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N’humiliez jamais, la victime peut mettre toute une vie à ne pas s’en remettre. Il arrive que cela suffise à gouverner souterrainement le destin d’un historien. Lorsqu’il s’est retrouvé en 1969 en classes préparatoires au lycée Henri IV, Georges Bensoussan se doutait bien que cela n’irait pas de soi. Non pas qu’il y fut le seul d’origine populaire, tant s’en faut ; mais lorsqu’on est de surcroit fils d’un teinturier juif récemment immigré du Maroc, qu’on a débarqué d’Oujda à Paris à l’âge de 6 ans, il suffit d’un rien pour se sentir un peu plus que complexé : « Ce fut une année […]
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Pourquoi la seconde guerre mondiale a-t-elle duré si longtemps et comment expliquer la résistance de l’Allemagne national-socialiste dans les décombres de 1944-1945 alors que la chute du régime était inéluctable ? Retrouvez la suite de ce billet sur le blog RDL
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