de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature de langue française

De quoi Georges Perros est-il le non ?

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Inclassable, cette œuvre est impossible à ranger tant son auteur se refusait à être dérangé. Pas une de ses lignes qui n’illustre une esthétique du refus. Il y a incontestablement du Bartleby en lui, mais en plus radical. D’autant que ses « non » s’exerçaient dans la sphère de l’édition, de la librairie et de la moindre participation à la mondanité littéraire. Lui aussi préférait ne pas. Ses écrits sont des dépôts ; il faut laisser fermenter, quitte à ce que ça prenne toute une vie, rien ne presse. Il est vrai que lorsque tant d’autres s’ingénient à se faire une place au […]

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L’éternel écrivant

L’éternel écrivant

Daniel Lefort

2

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Même si tous font usage de la main pour coucher sur le papier ou, de plus en plus souvent, afficher sur l’écran le produit de leurs rêves et de leurs pensées, il y a au moins deux sortes d’écrivains : ceux qui parlent et ceux qui observent, les adeptes de la parole et les familiers du regard, les uns enclins au récit et les autres rompus à la description – peut-être y a-t-il entre eux la même différence qu’entre les historiens et les géographes, les conteurs et les peintres. Albert Bensoussan est sans conteste dans le clan des conteurs. Il […]

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L’odieuse confession de Victor Renard

L’odieuse confession de Victor Renard

Jean-Jacques Beineix

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En cette abondante rentrée littéraire, l’Embaumeur (528 pages, 20,90 euros, La Martinière), obsidienne noire, aux brillantes facettes, est un livre aussi fascinant qu’envoûtant. Sous la plume exigeante et acerbe d’Isabelle Duquesnoy qui nous avait déjà offert une très belle constance Mozart, nous découvrons Victor Renard, singulier personnage, qui nous emporte dans sa lugubre industrie pour notre plus grand plaisir. Victor Renard, pour échapper à une mère abusive autant qu’intrusive, La Pascaline, après le décès de son père, se réfugie dans le monde des morts pour apprendre à vivre et à aimer. Curieuse manière d’être, étrange parcours que celui de cet homme mal aimé […]

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Amaury Nauroy, lanterne inspirée des rondes de nuit

1013

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D’un côté, un jeune auteur parfaitement inconnu dont c’est le tout premier livre. De l’autre, des auteurs très connus surtout là-bas, sur l’autre versant de la frontière, en Suisse, une contrée exotique pour tant de Français. Entre les deux, la littérature vécue comme une passion. De ce croisement est né l’ouvrage le plus original, le plus inattendu, le plus fin de cette rentrée, laquelle compte comme chaque année à la même époque une douzaine de bons livres mais aucun qui s’impose. On n’en voit guère qui ait la qualité de Rondes de nuit ( (288 pages, 24 euros, Le Bruit […]

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Marie-Hélène Lafon dans le labyrinthe de la vie des autres

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Une nouvelle est parfois à l’origine d’un roman. Certains écrivains utilisent le genre comme une rampe de lancement. Ou une cabine d’essayage. Leur manière de mettre leur histoire à l’épreuve, juste pour voir si elle tient déjà le 200 mètres avant d’affronter le marathon. Il y a cinq ans, en publiant Gordana aux éditions du Chemin de fer, Marie-Hélène Lafon (Aurillac, 1962) sentait déjà que c’était « un départ de piste » car son trio de personnages constituait déjà un noeud narratif annonciateur de quelque chose de plus ample à venir. Il lui a d’abord fallu déplacer le centre de gravité de l’histoire. […]

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A brides abattues

A brides abattues

Dominique Bona

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La passion du Moyen-Age vient au berceau : à moins d’une longue psychanalyse on serait bien en peine d’en donner les raisons. Cet univers enchanté, avec ses djinns, ses fées, ses chevaliers de la Table Ronde et ses princesses à hennin, suscite des engouements durables, une fidélité comparable à celle qu’éprouvent les aficionados – capables de se reconnaître d’un point à l’autre de la planète, sans qu’importent leurs nationalités, puisqu’ils partagent les mêmes codes et le même langage et appartiennent à la même famille ensorcelée. Laurent Decaux, qui fait son entrée dans le monde romanesque avec Le Seigneur de Charny […]

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Le triomphe du roman sans fiction

Le triomphe du roman sans fiction

691

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Je n’est pas toujours un autre. Il arrive qu’il s’affirme clairement comme étant l’auteur et nul autre. Ainsi le pacte de lecture est-il clairement établi qui nous dispense de chercher à retirer les masques superposées sur le visage de celui qui signe de son propre nom en haut de la couverture. Le genre n’est pas nouveau. Les Américains l’ont brillamment illustré du Truman Capote de De Sang-froid (1966)   ) au William T. Vollman de La Famille royale , en passant par le Norman Mailer du Chant du bourreau (1979) Qu’il s’agisse de comprendre le passage à l’acte existentiel de meurtriers, […]

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Et vous, qu’auriez-vous fait ?

Et vous, qu’auriez-vous fait ?

861

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Alexis Ragougneau ? En d’autres temps, l’éditrice Françoise Verny aurait gueulé : « Pas un nom d’écrivain, ça coco ! Trouves-moi autre chose qui sonne mieux ! Littéraire, quoi ! ». D’Alexandre Ragougneau, j’avoue n’avoir lu à ce jour aucun des polars, ni vu aucune des pièces, puisqu’il mène une double activité de romancier et de dramaturge. Aussi, quand son Niels (354 pages, 20 euros, Viviane Hamy) est arrivé sur ma table, j’étais loin de me douter qu’il se révèlerait à l’examen comme l’un des tout meilleurs romans de la rentrée. Rien de moins. Enfin un roman qui se lit comme un roman. Le Niels du titre, de […]

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Le grand art de l’infinie délicatesse

785

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Voilà un livre qui sent encore les vacances, les maisons de famille, les grands-parents, les drames étouffés, les petits et les grands moments, les allégresses collectives et les tristesses en solitaire, mais ce n’est pas la seule raison qui nous le ferait garder sur la table de chevet toute l’année. Une femme se souvient de sa mère et de leur relation. Quelqu’un d’à part, entièrement dans le présent, prompte à toute tabula rasa, indifférente au passé. D’ailleurs, sa fille l’appelle « l’oublieuse » pour sa capacité à ne jamais regarder en arrière. Il est des esprits ainsi façonnés. Ils doivent envier l’(anti)héroïne […]

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Ecrire ou aimer, il faut choisir

781

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Etrange comme la quête de cette Nadejda évoque celle de la Nadja d’André Breton par la commune euphonie de leurs prénoms comme par l’atmosphère, du moins au début de La Passion Dolores (210 pages, 18 euros, Léo Scheer/ en librairie le 6 septembre) de Richard Millet. Lui, Pascal, écrivain, la soixantaine, pianiste amateur passionné au point de tourner les pages des partitions pour les concertistes, écrivain viré par l’éditeur qui l’employait « pour avoir dit la vérité sur l’état la littérature en France » ; c’est d’ailleurs la seule allusion, véritablement autobiographique, à son éviction sur fond de scandale (l’affaire Brejvik) du comité […]

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