Littérature de langue française
Que peut faire un écrivain de son héros lorsque celui-ci est un anti-héros ? Une crapule de génie, comme y réussit magnifiquement Javier Cercas dans L’Imposteur. Ou juste une crapule comme y parvient médiocrement Patrick Roegiers. Car le risque avec de tels personnages, c’est qu’ils tirent l’auteur vers le bas et emportent le lecteur dans leur élan. Le cas de L’autre Simenon (Grasset). Quelle idée de consacrer un livre à un personnage aussi médiocre ! Faut-il être à court d’inspiration. Encore qu’il en est auxquels on peut trouver un certain panache dans l’insignifiance. Mais celui-ci était juste minable. Une vie sans éclat, […]
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Cela se passe quelque part en Afrique du nord dans les années 20 au début des revendications d’autonomie. C’est à Nahbès autant dire nulle part puisque cette ville n’existe pas. Elle est imaginaire. Etant donné que nous sommes sous le protectorat, l’Algérie est exclue. Nahbès a un peu de la topographie de Meknès où Hédi Kaddour (1945) a vécu et enseigné pendant des années, et on comprend qu’il s’en soit imprégné ; et un peu de Tunis. C’est donc un mélange des deux pays, ce qui atténue sa portée réaliste pour augmenter sa vision allégorique. Même si, de par sa facture, avec […]
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Ce n’est pas l’écrivain sur lequel la rentrée littéraire braque ses feux et c’est regrettable car Mathieu Riboulet en est l’une des voix les plus originales et les plus puissantes. Pas une surprise pour ceux qui le suivent depuis Un sentiment océanique (1996), l’ont retrouvé dans Deux larmes dans un peu d’eau (2006) ou les caravagesques Oeuvres de miséricorde (2012) et l’ont tout récemment reconnu dans le bref mais percutant livre à deux mains (ou quatre selon qu’on écrit à la plume ou au clavier) qu’il a signé avec l’historien Patrick Boucheron, fruit de leur conversation épistolaire sur les évènements […]
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Profession du père (320 pages, 19 euros, Grasset) de Sorj Chalandon . Chapeau, Chalandon ! On sait que la figure du père traverse toute son œuvre, elle y est omniprésente (et ça le fait pleurer à chaque fois, au secours !). Le narrateur est un pré-adolescent d’une ville de province dans les années 60 qui raconte son père, un tyran domestique, mythomane, manipulateur, complètement allumé, qui le cogne un jour sur deux, insulte et humilie sa femme, crache sur toute la société, un beauf qui a exercé tous les métiers avant de devenir parachutiste OAS, demeuré ultra de l’Algérie française qui rêve […]
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Ca va, du calme, ce n’est pas écrit : chef d’œuvre ! Ces choses-là, on n’en voit passer qu’un par génération, et encore ; il lui faut résister à l’épreuve du temps pour que l’on puisse décréter rétroactivement que cela en était un. Alors qu’un grand livre saute aux yeux, prend à la gorge et parfois aux tripes, s’impose, domine et fane ce qui se pousse du col à côté. Surtout quand après l’avoir refermé, vous allumez machinalement la télévision du samedi soir et vous tombez sur Michel Houellebecq qui, pendant une heure de temps, masque d’Artaud mais sans son génie habité, un […]
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L’illusion délirante d’être aimé, syndrome qui correspond à ce que l’on appelle l’érotomanie, est traité avec brio par Florence Noiville dans son nouveau roman éponyme paru chez Stock. Or cet état psychique nous parait bien familier. L’héroïne n’aurait-elle pu être l’une de nous ? Son amie d’adolescence, malade d’amour, une de nos proches des années de classe préparatoire? D’autant que l’histoire se déroule à Paris dans un univers contemporain et familier. Le roman est construit sur une mise en abyme. La narratrice Laura Wilmote harcelée par une femme qu’elle ne nomme que par la première lettre de son nom, C…, dont […]
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Qui ne s’est jamais projeté dans la pièce d’un appartement ou d’une maison comme s’il se trouvait dans une pièce de théâtre ? Qui n’a jamais observé un repas auquel il participait d’un point de vue de spectateur ? Qui n’a jamais joué dans la vie comme il le ferait sur les planches ? Qui n’est pas habité par une pièce de chevet au point d’y calquer ses travaux et ses jours, inconsciemment ou pas, telles les trois héroïnes des Heures sur Mrs Dalloway ? Que celui ou celle qui n’a jamais… Place Colette (320 pages, 20 euros, Léo Scheer) annonce le programme dès la […]
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Pas facile de séparer les livres du bruit qu’ils font. Et avec ceux de Christine Angot plus encore qu’avec les autres. Ils nous parviennent toujours précédés d’une rumeur ou d’une légende, le plus souvent associées au scandale et au souffre qu’interviews, déclarations et procès suffisent à documenter. Etrangement, cette fois, Un amour impossible (218 pages, Flammarion) paraît précédé d’une toute autre doxa : c’est le livre de la réconciliation, celui d’une femme enfin apaisée qui a réussi à dominer ses démons etc Pourquoi pas ? A ceci près que, comme les rumeurs des années précédentes, cela fausse la lecture et empêche d’apprécier […]
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Le rituel est désormais bien rodé : les romans de la rentrée se retrouvent en librairie dès le lendemain du 15 août. Alors, par qui commencer à l’issue d’un été de lectures ? Au hasard Eva (278 pages, 19,50 euros, Stock) de Simon Liberati. Cela tombe bien, c’est un des plus réussis. Et pourtant… Pourtant, il n’avait rien pour me plaire. Je l’avoue, je craignais un récit dandy en diable, parisien made in Castel, people by night, snobisme germanopratin à tous les étages, l’itinéraire du Palace aux Bains Douches. De quoi fuir. Surtout que de précédentes lectures de livres et d’interviews du […]
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Un étrange débat s’est récemment engagé sur le forum de la « République des livres », allez savoir comment et pourquoi, sur la question de savoir si Les Choses de Georges Perec (1936-1982) relevait de la littérature ou de la sociologie, genre de problématique binaire, donc réductrice, dont les livres de Michel Houellebecq ont eu le monopole ces dernières années. L’une ou l’ autre, en tout cas, cela tombe bien à la veille du cinquantième anniversaire de la publication de ces fameuses Choses couronnées du prix Renaudot (le jury, lui, y avait bien vu un premier roman ), et que Julliard célèbrera […]
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