Littérature de langue française

« Fallait-il republier ça ? » Le livre que l’historien Pascal Ory désigne de manière inhabituellement méprisante pour un préfacier comme « ça », est un ensemble de textes du sulfureux journaliste, polémiste, écrivain Lucien Rebatet dont le navire-amiral s’intitule Les Décombres. Il est vrai que ce best-seller de l’Occupation, aussi passionnant qu’immonde, mérite d’être ainsi traité. Le recueil porte bien son titre de Dossier Rebatet (Bouquins/Robert Laffont) car il est vraiment conçu comme tel : un ensemble comprenant l’essentiel des pièces permettant de se faire une idée complète du cas Rebatet et de juger, ce qui ne revient pas nécessairement à le juger. Juger pour se […]
lire la suite .../ ...
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La page blanche de l’écrivain , ou plutôt son écran blanc, est un lieu commun de la pratique littéraire. Et même artistique et plus encore au lendemain d’un grand succès. On appelle cela la dépression post-partum, analogue à celle de la mère au lendemain de l’accouchement. C’est valable pour tous les créateurs. Woody Allen, qui est retombé en dépression la seule fois où ça lui est arrivé, a trouvé une parade dont il a fait depuis un système : au montage de son nouveau film, il travaille déjà à l’écriture du suivant. Ainsi il n’y a pas de blanc, dans sa […]
lire la suite .../ ...
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Que peut faire un écrivain de son héros lorsque celui-ci est un anti-héros ? Une crapule de génie, comme y réussit magnifiquement Javier Cercas dans L’Imposteur. Ou juste une crapule comme y parvient médiocrement Patrick Roegiers. Car le risque avec de tels personnages, c’est qu’ils tirent l’auteur vers le bas et emportent le lecteur dans leur élan. Le cas de L’autre Simenon (Grasset). Quelle idée de consacrer un livre à un personnage aussi médiocre ! Faut-il être à court d’inspiration. Encore qu’il en est auxquels on peut trouver un certain panache dans l’insignifiance. Mais celui-ci était juste minable. Une vie sans éclat, […]
lire la suite .../ ...
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Cela se passe quelque part en Afrique du nord dans les années 20 au début des revendications d’autonomie. C’est à Nahbès autant dire nulle part puisque cette ville n’existe pas. Elle est imaginaire. Etant donné que nous sommes sous le protectorat, l’Algérie est exclue. Nahbès a un peu de la topographie de Meknès où Hédi Kaddour (1945) a vécu et enseigné pendant des années, et on comprend qu’il s’en soit imprégné ; et un peu de Tunis. C’est donc un mélange des deux pays, ce qui atténue sa portée réaliste pour augmenter sa vision allégorique. Même si, de par sa facture, avec […]
lire la suite .../ ...
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Ce n’est pas l’écrivain sur lequel la rentrée littéraire braque ses feux et c’est regrettable car Mathieu Riboulet en est l’une des voix les plus originales et les plus puissantes. Pas une surprise pour ceux qui le suivent depuis Un sentiment océanique (1996), l’ont retrouvé dans Deux larmes dans un peu d’eau (2006) ou les caravagesques Oeuvres de miséricorde (2012) et l’ont tout récemment reconnu dans le bref mais percutant livre à deux mains (ou quatre selon qu’on écrit à la plume ou au clavier) qu’il a signé avec l’historien Patrick Boucheron, fruit de leur conversation épistolaire sur les évènements […]
lire la suite .../ ...
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Profession du père (320 pages, 19 euros, Grasset) de Sorj Chalandon . Chapeau, Chalandon ! On sait que la figure du père traverse toute son œuvre, elle y est omniprésente (et ça le fait pleurer à chaque fois, au secours !). Le narrateur est un pré-adolescent d’une ville de province dans les années 60 qui raconte son père, un tyran domestique, mythomane, manipulateur, complètement allumé, qui le cogne un jour sur deux, insulte et humilie sa femme, crache sur toute la société, un beauf qui a exercé tous les métiers avant de devenir parachutiste OAS, demeuré ultra de l’Algérie française qui rêve […]
lire la suite .../ ...
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Ca va, du calme, ce n’est pas écrit : chef d’œuvre ! Ces choses-là, on n’en voit passer qu’un par génération, et encore ; il lui faut résister à l’épreuve du temps pour que l’on puisse décréter rétroactivement que cela en était un. Alors qu’un grand livre saute aux yeux, prend à la gorge et parfois aux tripes, s’impose, domine et fane ce qui se pousse du col à côté. Surtout quand après l’avoir refermé, vous allumez machinalement la télévision du samedi soir et vous tombez sur Michel Houellebecq qui, pendant une heure de temps, masque d’Artaud mais sans son génie habité, un […]
lire la suite .../ ...
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L’illusion délirante d’être aimé, syndrome qui correspond à ce que l’on appelle l’érotomanie, est traité avec brio par Florence Noiville dans son nouveau roman éponyme paru chez Stock. Or cet état psychique nous parait bien familier. L’héroïne n’aurait-elle pu être l’une de nous ? Son amie d’adolescence, malade d’amour, une de nos proches des années de classe préparatoire? D’autant que l’histoire se déroule à Paris dans un univers contemporain et familier. Le roman est construit sur une mise en abyme. La narratrice Laura Wilmote harcelée par une femme qu’elle ne nomme que par la première lettre de son nom, C…, dont […]
lire la suite .../ ...
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Qui ne s’est jamais projeté dans la pièce d’un appartement ou d’une maison comme s’il se trouvait dans une pièce de théâtre ? Qui n’a jamais observé un repas auquel il participait d’un point de vue de spectateur ? Qui n’a jamais joué dans la vie comme il le ferait sur les planches ? Qui n’est pas habité par une pièce de chevet au point d’y calquer ses travaux et ses jours, inconsciemment ou pas, telles les trois héroïnes des Heures sur Mrs Dalloway ? Que celui ou celle qui n’a jamais… Place Colette (320 pages, 20 euros, Léo Scheer) annonce le programme dès la […]
lire la suite .../ ...
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Pas facile de séparer les livres du bruit qu’ils font. Et avec ceux de Christine Angot plus encore qu’avec les autres. Ils nous parviennent toujours précédés d’une rumeur ou d’une légende, le plus souvent associées au scandale et au souffre qu’interviews, déclarations et procès suffisent à documenter. Etrangement, cette fois, Un amour impossible (218 pages, Flammarion) paraît précédé d’une toute autre doxa : c’est le livre de la réconciliation, celui d’une femme enfin apaisée qui a réussi à dominer ses démons etc Pourquoi pas ? A ceci près que, comme les rumeurs des années précédentes, cela fausse la lecture et empêche d’apprécier […]
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