LE COIN DU CRITIQUE SDF
Il existe une forme singulière dont usent certains écrivains, généralement au soir de leur vie, après avoir accompli une œuvre monumentale par son abondance ou sa diversité, pour porter à leur perfection leur art d’écrire et le propre de leur génie, quelque chose comme la quintessence de leur œuvre. Ce sont pour la plupart des écrits assez brefs, dotés d’une densité particulière et d’un magnétisme souvent envoûtant. À titre d’exemples, et non des moindres, je citerai Les eaux étroites de Julien Gracq, La fille du capitaine de Pouchkine, Bartleby de Melville ou encore La vie de Rancé de Chateaubriand – textes […]
lire la suite .../ ...8
commentaires
Le Festival du livre de Paris s’apprête à accueillir l’Italie comme invitée d’honneur. Les projecteurs seront ainsi braqués, l’espace d’un week-end sur sa littérature donnant ainsi lieu à l’habituelle grande messe comme seul le microcosme littéraire parisien sait la faire. On aura ainsi droit à une déferlante médiatique dans laquelle on tentera de cerner les mystères insondables de la littérature transalpine. Déjà le Figaro littéraire donne le ton : « L’Italie, le pays des géants », titre flatteur s’il en est, qu’accompagne la photo de deux totems : Alberto Moravia et Erri de Luca suivi par les comptes rendus sur les nouveaux adoubés (Vincenzo Latronico, Teresa […]
lire la suite .../ ...4
commentaires
La frontière, thème du Printemps des poètes, résonne tragiquement dans notre actualité. C’est l’étymologie même de ce pays agressé : l’Ukraine. Car la liberté est bien ce qui fait frontière, nous sépare et nous singularise. « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits… » atteste l’article 4 de la Déclaration des droits de l’Homme. La fonction de la poésie apparaît ainsi dans son fécond paradoxe : affirmer la liberté et la […]
lire la suite .../ ...1
commentaire
On a beaucoup glosé sur la traduction, ses théories et sa pratique, beaucoup moins sur la relation du traducteur avec l’auteur. Il est vrai que cet angle d’analyse ne devient vraiment intéressant que si l’un ou l’autre des protagonistes s’exprime sur le sujet. Que dire alors de la fascination que peut provoquer l’exercice lorsqu’il est mené par un traducteur qui a introduit dans la langue française, en exclusivité et pendant un demi-siècle, tous les romans et essais – soit une bonne cinquantaine, sans compter les innombrables articles – d’un auteur parmi les rares dont la figure surplombe la vie littéraire […]
lire la suite .../ ...4
commentaires
(L’écrivain, poète et critique littéraire Patrick Kéchichian, qui longtemps collabora au « Monde des livres », vient de nous quitter subitement à l’âge de 71 ans. En hommage, la République des livres republie cette puissante réflexion sur le métier parue ici-même en 2013) Le critique en crise d’identité « Je ne saurai trop recommander la vieillesse à tous les critiques littéraires. » (Jean Paulhan) A la question « Qu’est-ce que la critique ? », on peut répondre longuement, savamment, paradoxalement. Il arrive qu’on exagère son importance ou qu’on affirme avec force qu’elle n’est rien. Et même moins que rien. Il arrive aussi que l’on réconcilie ces […]
lire la suite .../ ...4
commentaires
L’écrivain de Medellín n’a pas son pareil pour ouvrir une fenêtre grand angle sur sa Colombie. Il est vrai que, comme beaucoup de romanciers, a fortiori latino-américains, il fut et il est, aussi, journaliste. Il en a même tiré un livre journalier, Lo que fue presente (2019) qu’on pourrait traduire par Le présent du passé (au cas où un éditeur français serait preneur). On le connaît chez nous par ses deux grands romans, L’oubli que nous serons (2010), chant d’amour à son père assassiné par des sicaires à la solde d’« allez savoir qui », et qui était médecin hygiéniste et… président […]
lire la suite .../ ...5
commentaires
Un siècle après, l’Espagne redécouvre son plus grand et prolifique romancier du XIXe siècle, le Balzac ibérique, et dans le même temps l’édition française entend redonner voix à la Comédie humaine de cet immense écrivain. Et ainsi voisinent sur la table la grandiose étude que l’hispano-péruvien Mario Vargas Llosa consacre à l’hispano-canarien Benito Pérez Galdós (1843-1920), et ses « Romans de l’interdit » qui paraissent aujourd’hui en France. En marge de son œuvre immense et de ses cinquante titres, l’écrivain Vargas Llosa s’est toujours interrogé sur la démesure de certains romanciers qui, d’une façon ou d’une autre, ont interféré avec son écriture. […]
lire la suite .../ ...9
commentaires
Dino Buzzati connaissait-il le français ? Né dans une riche famille de Vénétie, devenu dès les années 1930 journaliste au Corriere della Sera dont il sera par la suite un des envoyés spéciaux à l’étranger, il a sans doute été en contact, pour le moins, avec la langue du grand pays voisin, bien que ses biographes ne s’attardent pas sur la question. Lorsqu’on lui demanda d’où lui était venue l’idée « fantastique » de son Désert des Tartares, ce roman de l’attente, par des militaires isolés, d’un ennemi invisible ou, plus simplement, d’une raison de vivre, Buzzati répondit qu’elle lui avait été inspirée […]
lire la suite .../ ...4
commentaires
Suite à votre chronique « Du rififi chez les seiziémistes » qui me tombe sous les yeux ce jour, il me vient un certain nombre de réflexions à adresser à l’écrivain et au journaliste que vous êtes. « À l’examen, il apparait bien que des poètes humanistes s’étaient réunis autour du grand Maurice Scève pour concocter ce canular nourri de Sappho, Ovide, Catulle… » écrivez-vous. Peut-être devriez-vous, avant d’écrire une telle phrase, vous appuyer sur les textes, rien que les textes. Je vous invite à comparer la poésie de Louise Labé, d’une simplicité raffinée, à celle de Maurice Scève, obscure, hermétique et qui, malgré sa position de […]
lire la suite .../ ...6
commentaires
Marignan, 1515. Il fut un temps où cette date était dans toutes les mémoires et tous les manuels scolaires, accompagnée de l’image traditionnelle du jeune François Ier adoubé sur le champ de bataille par Bayard, « le chevalier sans peur et sans reproche ». Date et image se sont effacées. Le souvenir des Guerres d’Italie aussi, et les causes pour lesquelles elles furent menées, et les noms de ceux qui les menèrent. À peine se souvient-on que les campagnes outre-monts de Charles VIII, Louis XII et François Ier permirent aux « Barbares » français, comme disait le pape Jules II, de se frotter enfin à […]
lire la suite .../ ...
4
commentaires