de Pierre Assouline

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La République des livres
Comment Jean-Paul Kauffmann a tué l’obscur ennemi

Comment Jean-Paul Kauffmann a tué l’obscur ennemi

Que peut-on encore écrire une fois qu’on a « mangé le morceau » ? Entendez par là : une fois que l’on s’est délivré par la plume du secret qui nous empresse. Roger Stéphane avait l’habitude de poser cette question rhétorique dont il savait la réponse (« Plus rien ou presque dès lors que l’essentiel a été enfin dit ») en s’appuyant sur l’exemple de Julien Green dont il jugeait l’œuvre asséchée après qu’il eut révélé dans son journal son homosexualité née d’un grand amour de jeunesse rencontré à l’université de Virginie. Jean-Paul Kaufmann a mis trente-huit ans et une dizaine de livres avant d’oser débuter un texte intitulé « Tout est dans le commencement » par ces mots :

« Je suis un auteur tardif. J’avais trop lu et je n’avais rien à dire. J’ai commencé à publier à l’âge de quarante-neuf ans après avoir été pris en otage par le Hezbollah libanais et libéré au bout de trois années. Pendant les neuf premiers mois de ma détention, j’ai pu disposer d’un crayon. Mes ravisseurs me l’ont brusquement retiré. Ils craignaient que je cache dans les toilettes des messages destinés aux otages américains et britanniques détenus dans les cellules voisines. Crainte absurde caractéristique d’un comportement délirant. Qu’aurais-je bien pu transmettre à nos compagnons d’infortune placés au secret comme nous ? »

Armé de ce dérisoire bout de crayon, le journaliste avait d’entrepris d’écrire un livre, le premier, au fond du cul-de-basse fosse où des terroristes le faisaient croupir, dans le seul but de tuer celui qu’il appelle « l’obscur ennemie », à savoir : le temps. Tout a disparu de ce premier jet à l’exception de l’incipit, certes prometteur, demeuré en mémoire : « Le préfet Viviani était préoccupé par le caillou dans sa bottine ». Ce texte figure en prologue à Zones limites (1152 pages, 32 euros, Bouquins). Louée soit la collection Bouquins qui a eu l’heureuse idée de rassembler son œuvre en ce fort volume. L’occasion pour lui de se livrer à un vibrant et opportun éloge du journalisme et de dire la souffrance que ce fut d’être un témoin impotent : dans l’impossibilité de consigner les choses vues, vécues et entendues de son extravagante situation, il se fit un devoir de les enregistrer en tant que pure cosa mentale quitte à compresser sa mémoire au-delà du supportable. Jusqu’à sa délivrance de son « dramatique prélèvement », expression empruntée à Aldo Moro, kidnappé puis assassiné par les Brigades rouges, puisque lui aussi se considérait comme retranché de la communauté des vivants. Depuis, l’ex-otage vit à l’écart de la rumeur du monde dans sa maison des Landes mais toujours pris otage par une société qui l’assigne à jamais à son ancienne condition de captif.

Pour le retrouver, il faut commencer par (re)lire Le Bordeaux retrouvé (1989), le premier livre qu’il a écrit dans son brouillard intérieur, dans l’urgence de raconter, et publié comme on se désencombre à son retour en France il y a trente-cinq ans, une fois libéré par « les cinglés ». Hors de question pour l’ancien rédacteur du chef de L’Amateur de Bordeaux de se raconter frontalement fût-ce en 134 pages. Ce ne pouvait être que sur le mode métaphorique via sa passion du vin. Et encore, dans une édition hors-commerce, à distance de l’obsession de rentabilité de notre époque, adressée aux amis et à quelques autres qui aidèrent à sa libération (ma bibliothèque en abrite un exemplaire comme s’il s’agissait du No2 d’A la recherche du temps perdu sur grand papier truffé de correspondances de l’époque et dédicacé par l’auteur !). Ce sera la seule et unique description de sa détention. Elle lui aura moins épargner le divan du psychanalyste même s’il s’est sans illusion sur les vertus de l’autothérapie littéraire. Le recueil de Bouquins lui permet de « manger le morceau » en disant dans la préface tout ce que chacun de ses livres recèle clandestinement de Liban. Comme un matériel de contrebande psychique.

Courlande se déroule au milieu de nulle part. Ce n’est pas faire injure à ce territoire oublié entre Lettonie et Lituanie que de le situer très exactement par là. Qui a jamais eu l’idée d’y aller voir ? Il faut avoir le sentiment nostalgique chevillé à l’âme, la mémoire des châteaux de quelques barons baltes, ou une excellente raison personnelle. Il y avait de cela dans la démarche de Kauffmann puisqu’il s’était mis en tête de retrouver un amour de jeunesse, Mara, native du coin. Le récit est mené bien dans sa manière, déjà éprouvée avec L’Arche des Kerguelen, ramené de ses errances aux îles de la Désolation, puis avec La Chambre noire de Longwood, sur les traces d’un fameux exilé du côté de Sainte-Hélène. Tout sauf du travel-writing. Disons du Kauffmann. Sa façon à lui de se retrouver au bout du monde, d’explorer les huis clos des autres pour tenter de dire ce que fut le sien, mais le plus souvent de biais. Il fallut La Maison du retour pour qu’il ose affronter sans masque ses fantômes.

  Kurzemé, l’appellent-ils, leur pays mouillé par la Baltique, échancré dans le golfe de Riga. Courlande, donc, ultime écluse entre le monde slave et l’imaginaire germanique. C’est dans ce no man’s land qu’il est parti à la recherche d’un nom et à la poursuite d’un souvenir. Courlande est un si joli nom que ce pourrait être celui de la disparue. D’autant que tout dans son pays semble relever de la disparition : les personnes, les maisons, les lieux. René Puaux, in voyageur des années 30, en avait rapporté l’idée d’un doux pays voué dès l’origine du monde à la paix virgilienne. L’un de ces pays où il ne s’était rien passé. Juste des profanations de sarcophages, ceux des ducs et princes, par les bolcheviks en 1919, Ernst von Salomon en parlait dans son grand livre Les Réprouvés. Jean-Paul Kauffmann, grand lecteur si cela pouvait être une profession, est de ces rares voyageurs à plume qui prennent leur temps. Le contraire de l’un de ses écrivains préférés, Paul Morand. Il traîne et nous entraîne à sa suite.

Ce temps jamais perdu mais délicieusement allongé est un luxe suprême. Alors nous le suivons dans ce pays passionné de muséographie, qui lui rappelle ça ou là Stendhal ou Georges Sand, et dont il va découvrir, outre son histoire plus dense qu’il ne le croyait, avec ses colonies à Tobago et en Gambie, que l’hiver est son intime vérité. Il a le don de nous rendre attachants les habitants de ce non-pays improbable, et même une traductrice de Beckett et Simenon, jusqu’à celui qu’on appelle « Le Résurrecteur », Laurent de Commines selon l’état-civil, un grand peintre mélancolique obsédé par la recherche des traces, et qui sait comme nul autre exhumer ce qui a été englouti. Les lecteurs enchantés du Coup de grâce de Marguerite Yourcenar savent de quoi il en retourne car Marguerite Yourcenar, qui n’y avait pourtant jamais mis les pieds, avait eu le génie de ressusciter la beauté tragique d’un château assiégé en la fondant dans une triple unité de temps, de lieu et de danger. En vérité, il s’en est passé des choses dans ce pays des confins qui vibre encore au souvenir de la défaite des chevaliers teutoniques à la bataille de Tannenberg, de la réception de Casanova et de Cagliostro à la cour et du dernier combat aéronaval de la seconde guerre mondiale le 9 mai 1945 au large de Leipaja.

« Il était impossible de ruser. Finies les métaphores et les devinettes soigneusement dissimulées au coeur du texte ! J’avais l’obligation d’aborder frontalement les années libanaises. Elles sont loin de composer la substance de ma chronique landaise, même si elles la traversent par vagues, comme un remous à la surface d’un temps immobile et réparateur. Face à une nature consolante, le narrateur tente de se remettre en état, à l’image de sa maison qu’on restaure » avoue-t-il aujourd’hui dans sa préface à Bouquins.                                                          

 La maison du retour est consacrée à ce que sa maison de famille, de vacances ou d’enfance lui inspire. Mais sa maison au coeur de la forêt landaise n’est qu’un prétexte, un moyen et non une fin, elle n’est même pas le sujet. Il s’y était installé il y a dix-huit ans au retour d’un séjour tout à fait involontaire et anormalement prolongé au Liban dans des conditions atroces : otage d’un groupe terroriste, menotté à un radiateur, trimbalé d’une cache à une autre dans des coffres de voitures, enfermé dans une cave, privé de presque tout, durant trois années qui comptèrent pour trois décennies. De quoi épuiser une vie d’homme. Kauffmann n’écrivit pas alors le livre que tout autre aurait écrit dans de telles circonstances. Pas de « Mémoire d’otage » ni de « Voyage au bout de l’enfer » mais des récits d’une splendide pudeur, au plus près d’une écriture sobre et serrée. Tous « en » parlaient sans « en » parler vraiment. Il tournait autour de la chose tout en la contournant. Elle était là, en filigrane, tapie dans un coin de sa mémoire, prête à surgir. Ceux, nombreux, qui ont lu ont aimé.

 

   Jean-Paul Kauffmann peut désormais « en » parler à 78 ans. Mais à sa façon, par petites touches d’une sensibilité, d’une émotion et d’une vérité saisissantes. Ce sont les plus belles pages de La maison du retour, texte d’une rare sérénité d’un écrivain enfin apaisé qui a réussi à dominer ses démons. En musique de fond, les échos de l’affaire Rushdie se mêlent au Ritorno di Tobia de Haydn, aux murmures des Géorgiques virgiliennes et aux claquements de langue provoqués par des dégustations de fameux flacons qui ont tout mais rien de plus, Palmer 61, Pétrus 71, Mission Haut-Brion 75, Haut-Lieu 47 ; non pas leur parfum qui saute au nez mais leur bouquet qu’il faut aller chercher (« Je découvre que par sa nature spirituelle et matérielle le vin me permet de sortir du « cauchemar de l’Histoire », de déchiffrer certaines choses cachées »). Certains lecteurs s’attacheront aux « Tilleuls », la maison qu’il essaya à la manière de son cher Maigret « comme on essaye un vêtement neuf »jusqu’à sombrer dans la mélancolie de l’accomplissement « ce mal-être moderne ». J’en retiendrais surtout la conversation ininterrompue d’un homme avec les arbres.

  Le héros de Kauffmann est désormais un airial. Il y a du Mauriac en lui, le Mauriac qui prenait soin d’embrasser un chêne du parc de sa maison de Saint-Symphorien, toujours le même, chaque fois qu’il la quittait. Bien sûr, Jean-Paul Kauffmann a aimé les livres et la littérature. Quelques uns lui ont sauvé la vie en captivité ; une fois libre, il n’a eu de cesse de reconstituer cette bibliothèque-là chez lui et s’est mis en quête d’une certaine édition de A new life de Bernard Malamud. Mais le lien profond et charnel qui l’attachait autrefois aux livres est rompu. Les arbres les ont remplacés. La mort d’un platane le bouleverse et le remplit de chagrin autrement que celle de Mme de Rênal. « Devant mon airial, j’éprouve le même plaisir qu’autrefois devant ma bibliothèque » avoue-t-il. Les livres et la lecture, ce n’est plus ça car il sait qu’il ne retrouvera plus jamais l’acuité, l’intensité et l’adhésion au texte qu’il connut d’une manière exceptionnelle « là-bas ». Si l’on osait, et s’il n’était pas aussi jaloux de sa solitude, on irait trouver cet homme rare qui se tient à l’écart dans sa retirade pour lui demander s’il accepterait de devenir notre meilleur ami d’enfance.

On connaît sa patte, sa discrétion, sa réserve, sa pudeur, lesquelles ne vont jamais chez lui sans une forte détermination. Une dizaine de livres ont paru sous sa signature sans que jamais la moindre déception n’ombre ma lecture. L’ancien journaliste, qui s’offre désormais le luxe absolu de prendre son temps et d’en jouir, nous emmène cette fois le long d’une rivière qui court sur 525 kms entre le plateau de Langres où elle prend sa source et Charenton-le-Pont où elle se jette dans la Seine. Il a chargé son sac à dos de quelque 30 kgs de bricoles (cartes, tabac, livres, boussole et jumelles dont il ne tardera pas se délester faute de s’en servir –mais quelle drôle d’idée de les emporter quand la place est comptée) et il a remonté à pied le cours d’eau, à la paresseuse, dix kms par jour en moyenne, jusqu’à l’origine en passant par Chaumont, Saint-Dizier, Vitry-le-François, Châlons-en-Champagne, Epernay, Château-Thierry, Meaux, Lagny, Noisy-le-Grand, Nogent, Créteil, Champigny, Joinville-le-Pont, Saint-Maur-des-Fossés. Auberges et tables d’hôte mais pas de réservation, on verra bien. Voilà le programme de Remonter la Marne.

Leur énoncé convoque déjà une certaine musique. Reste à l’accorder à une activité que les Congolais appellent « prendre mon pied la route ». Non que Kauffmann soit un sportif de la marche made in Décathlon ; il serait même le contraire ; plutôt un pérégrin, un passant, un flâneur des deux rives. Un explorateur à cigare, mains dans les poches, Stanley n’espérant aucun Livinsgtone. Il ne fume qu’après un repas, le soir. Jamais en marchant afin de ne rien rater des odeurs. Ce qui lui permet de dire que la Marne a une odeur boueuse, à peine moisie, et qu’elle ne pue pas l’huile de moteur, elle, contrairement à la Seine. Pas sûr que la Marne soit une mal aimée ; il semble plutôt qu’elle soit ignorée ; à force de l’accoupler à une bataille, on en a oublié qu’elle était d’abord une rivière. Il ne précise pas quelles furent ses lectures en route même s’il cite Bossuet et Fénelon (forcément, l’Aigle de Meaux était sur son chemin) ; mais on peut deviner la présence du Parti pris des choses dans son sac tant Francis Ponge lui est un guide sûr, même s’il disait n’avoir jamais pu sentir l’eau des rivières. Faut-il préciser que, pour remonter cette rivière à la fluidité de tapis roulant, Kauffmann était seul ?

Il a bien sûr fait des rencontres ; on l’a parfois reconnu ; il a découvert quelques belles personnes, notamment celles qu’il appelle « les conjurateurs », qui essaient de conjurer le sombre destin que la rumeur leur promet, ils sont « le sel de la terre » ; mais la solitude est le principe absolu de ce genre d’expédition qui n’incline guère au bavardage ; dans ces moments-là, dans la douceur des soirées d’été au bord des chemins de halage, longtemps après La Fontaine qui y revivait les heures délicieuses de son enfance, quand on a envie de parler à quelqu’un, on écrit (se souvenir de Cioran : « On écrit pour dire des choses que l’on n’oserait confier à personne »). Alors il écrit, rendant un son qui lui est propre, tout de pudeur, de précision, de retenue, avec de temps en temps des échappées afin de se décorseter d’une langue classique dont on l’imagine éperdument amoureux, et tant pis si d’aucuns lui reprochent de toujours regarder dans le rétroviseur ; ce serait lâcheté de s’y refuser quand le passé vous demande des comptes. Il a d’ailleurs un mot pour désigner ce négligé volontaire, cette recherche de l’imperfection : le « bousculé » dont il trouve trace chez les maîtres, tant chez Bossuet que chez Saint-Simon.

« Une forme de desserrement, venu sans peine. Pour moi, le comble de l’élégance. La grâce. Cependant, il ne faut pas que cela se voie. »

 On ne saurait mieux dire la recherche d’une certaine forme de légèreté, en toutes choses. Autre mot surprenant glané au passage : la « rambleur », tremblé exprimant l’ambiguïté des choses et des êtres. Quant à son rosebud, il est partout où l’on trouve des crucifixions avec couronne d’épines et étoffe voilant la nudité. Voilà ce qui le hante, c’est dit et même écrit, faites-en ce que vous voulez.

 Issu d’une famille originaire d’Alsace, Jean-Paul Kauffmann sait bien que ladite France profonde et cantonale, celle des notables et des paysans, découverte avec Michelet, apprise chez Vidal de la Blache, réinventée par Braudel, n’existe plus, ou qu’elle existe autrement. Lui si friand de détails remarque d’ailleurs joliment que désormais dans ce pays, tout le monde dans toutes les générations de toutes les classes sociales porte des baskets à l’exception notable des paysans.

C’est un livre très français dans sa facture et son esprit, composé par un très ancien observateur qui s’avoue volontiers « intoxiqué » par la France et heureux de l’être. Faut-il avoir été retenu contre son gré trop longtemps loin d’elle pour l’aimer à ce point… (une seule page évoque sobrement des « déboires personnels » dus au Hezbollah). Ce qui ne l’empêche pas de rendre compte d’un triste constat : celui d’une France hors-service, désert rural aux villages abandonnés, aux maisons et aux commerces fermés. Une France démeublée. Une certaine grâce nimbe ces pages. Entendez-le comme vous voudrez. Le catholique en Kauffmann s’absente rarement. L’apôtre Paul n’est jamais loin : ses épîtres aux Romains et aux Corinthiens lui sont des béquilles, dès l’épigraphe :

« La grâce ne vient pas de nos œuvres, sinon la grâce ne serait plus la grâce »

Au fond, de tous les personnages croisés par Jean-Paul Kauffmann au cours de sa promenade, un Dom Pérignon est celui auquel il ressemble le plus ; car le dominicain au cœur intelligent, dont on fit l’inventeur du vin effervescent pour avoir assemblé différents crus dans l’abbaye de Hautvillers, était de Port-Royal. Or il y a en Kauffmann, lecteur, prieur, fumeur, buveur mais non sans rigueur, du janséniste champenois.

Ce n’est pas si courant un écrivain, si discret, si précis et si exact dans son usage de la langue qui, recevant un prix pour l’un de ses livres, rappelle par une réflexion de Proust que la langue n’a pas besoin d’être respectée mais bien attaquée et agressée. Il est, lui, de ceux qui essaient de se garder du beau langage tant il aime le français pour ses imperfections, son négligé, « un je-ne-sais-quoi de dédaigneux de ses aises et de ses produits de beauté ». Et de dire son optimisme pour l’avenir de la langue française, que son statut de minoritaire rend plus forte et plus résistante, quand l’anglais majoritaire, usé et abusé partout dans le monde, est en passe de devenir « une langue gélatineuse ». Voilà Jean-Paul Kauffmann, que l’on retrouve de livre en livre comme un ami lointain mais jamais perdu de vue.

Un mot encore. Gérard Rondeau, qui vivait en Champagne, est le dédicataire de ce beau récit. Ce sont ses photos, tirées de La Grande Rivière Marne, qui illustrent à la fois la couverture du livre de Jean-Paul Kauffmann et ce billet (ils figurent tous deux dans la photo ci-contre). Il a été ravi à notre affection et notre admiration aussi brutalement que prématurément en 2016 à 63 ans. Il se trouve que ce photographe d’une rare qualité, tant humaine que professionnelle, était aussi notre ami commun. Comment disiez-vous ? Parfaitement : la fidélité.

(Photos Serge Picard et Gérard Rondeau)

Cette entrée a été publiée dans Essais, Littérature de langue française.

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commentaires

877 Réponses pour Comment Jean-Paul Kauffmann a tué l’obscur ennemi

renato dit: à

Le temps ? qu’est-ce que c’est ? une grandeur qui nous permet d’organiser notre quotidien, bien à part naturellement.

Jacques dit: à

Ce lourdingue de renato qui nous assène des platitudes sur le temps comme des coups de marteau dans le vide !
Assommant.

renato dit: à

Ce couillon de Jacques qui n’a pas compris l’inanité voulue du propos !

Janssen J-J dit: à

toussa, c la faute à etalii, et à son amoureux Etienne avec qui elle nous bassine…
https://www.youtube.com/watch?v=ySyY5AkH3yY
Pauvre Jissé, tjs mal’tapropos quand veut faire son malin-puck ! quel gros kon…,
Bises à Tina, JL ! Bàv,

D. dit: à

Jacques, êtes-vous barbu ?

FL dit: à

Je ne savais pas à quoi il ressemblait. C’est chose faite.

et alii dit: à

je me permets de vous rappeler que l’actualité était:
Réformes : E. Borne « déterminée à accélérer »
d’où le rappel des analyses sur « l’accélération »

je vais vite me coucher

Janssen J-J dit: à

Ils avaient aussi le melon du chapeau, marcel et franz, d’après vous, FLuoxétine ???
*** petit rappel de quand vous n’étiez point née, ma fille ! z’avez manqué le plus biau en 67, un feuilleton qui reviendra pu… Bàv
https://www.youtube.com/watch?v=BGmovvti5Uc

J J-J dit: à

@ je vais vite me coucher…
Euh, me toucher, de bonne heure, hein, jvoulais dire

J J-J dit: à

La première vache qui rit a été dessinée par Benjamin Rabier, je le savais taxifolia !
Bàv & bonne bourre en lettonie,

Jazzi dit: à

Céline
Lettre du 21 août 1952 à Roger Nimier :

«Vous me dites oratoire je veux bien, mais ce n’est pas ça ! Quand on me lit tout bas il faut avoir l’impression qu’on vous lit à vous le texte tout haut en pleine tête… dans votre propre tête. C’est un truc… , lus tout haut mes textes sont franchement hideux, grotesques d’emphase. Vive Bossuet alors ! C’est le “rendu” interne auquel je m’efforce… Un tout autre travail !»

Damien dit: à

J’ai trouvé Macron pitoyable. Ce faisant, il fait avancer Le Pen sans qu’elle n’ait rien à faire de spécial. C’est elle qui prendra la place toute chaude, pour distribuer aux pauvres l’argent qu’il y a encore dans les caisses. C’est sûr, il faut prendre aux riches pour partager davantage. Ce sera le bon côté de Le Pen, future présidente. Elle présidente… Le problème, avec Mme Le Pen, c’est qu’elle ne connaît pas ses dossiers. En politique étrangère, par exemple, c’est une catastrophe. Et puis, elle est pro-Poutine, tout le monde le sait. Elle a la même idéologie que lui. Et, comme elle n’est pas très fine, elle se fera mettre profond par le Chinois Xi, ça, je vous le garantie, ça lui pendra au nez. Et nous, Français, on deviendra de bons petits Chinois maoïstes, ce qu’avait prédit Alain Peyrefitte, ministre du général de Gaulle pro-Mao. Sollers sera élu ministre de la culture ! On mettra les récalcitrants dans des goulags. Voilà l’avenir, selon moi. Bonne journée.

rose dit: à

Quel programme magnifique ! Et les intellectuels, aux champs !

Mary Curry dit: à

« Courlande se déroule au milieu de nulle part. Ce n’est pas faire injure à ce territoire oublié entre Lettonie et Lituanie que de le situer très exactement par là. Qui a jamais eu l’idée d’y aller voir ? » Passou

Oh mais on avait faut plus que d’y aller voir, en lisant ce roman, dont il ne reste qu’un vague souvenir,celui d’un homme parti à la recherche de sa demoiselle d’Avignon, sa princesse de Kurlande…

http://www.noblesseetroyautes.com/numismatique-de-leuro-courlande/

Mary Curry dit: à

@J’ai trouvé Macron pitoyable.

Pas moi.
Il possède un talent certain. Pas pour diriger un pays, on est presque tous d’accord là-dessus, a 80%.
Excellent communiquant qui te revend des contrats avec rien dedans, mais tout dans la deballe.
Le premier président qui est capable de rivaliser sur l’ecran, avec une IA de chez McKinsey.

closer dit: à

 » lus tout haut mes textes sont franchement hideux, grotesques d’emphase. Vive Bossuet alors ! C’est le “rendu” interne auquel je m’efforce… Un tout autre travail !»

Incroyable de lucidité Céline! Cela me paraît particulièrement vrai pour les textes d’après-guerre que certains portent aux nues et qui, pour moi, sont loin de valoir ses textes plus anciens, y compris les deux superbes inédits que nous avons eu la chance de lire récemment.

Mary Curry dit: à

La « chance » à 20 euros, à ce prix là, un tour au bordel chez les putes, c’est donné.

closer dit: à

Le Céline d’avant les trois petits points, prodigieux:

« Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si triste… Bientôt je serai vieux. Et ce sera enfin fini. Il est venu tant de monde dans ma chambre. Ils ont dit des choses. Ils ne m’ont pas dit grand-chose. Ils sont partis. Ils sont devenus vieux, misérables et lents chacun dans un coin du monde.
Hier à huit heures Madame Bérange, la concierge, est morte. Une grande tempête s’élève de la nuit. Tout en haut, où nous sommes, la maison tremble. C’était une douce et gentille fidèle amie. Demain on l’enterre rue des Saules. Elle était vraiment vieille, tout au bout de la vieillesse. Je lui ai dit dès le premier jour quand elle a toussé : « Ne vous allongez pas, surtout !… Restez assise dans votre lit ! » Je me méfiais. Et puis voilà… Et puis tant pis. »

closer dit: à

Et encore:

« Vieille Madame Bérange, son chien qui louche on le prendra, on l’emmènera…
Tout le chagrin des lettres, depuis vingt ans bientôt, s’est arrêté chez elle. Il est là, dans l’odeur de la mort récente, l’incroyable aigre goût… Il vient d’éclore… Il est là… Il rôde… Il nous connaît, nous le connaissons à présent. Il ne s’en ira plus jamais. Il faut éteindre le feu dans la loge. À qui vais-je écrire ? Je n’ai plus personne. Plus un être pour recueillir doucement l’esprit gentil des morts… pour parler après ça plus doucement aux choses… Courage pour soi tout seul !
Sur la fin ma vieille bignolle, elle ne pouvait plus rien dire. Elle étouffait, elle me retenait par la main… Le facteur est entré. Il l’a vue mourir. Un petit hoquet. C’est tout. Bien des gens sont venus chez elle autrefois pour me demander. Ils sont partis loin, très loin, se chercher une âme. Le facteur a ôté son képi. Je pourrais moi dire toute ma haine. Je sais. Je le ferai plus tard s’ils ne reviennent pas. J’aime mieux raconter des histoires. J’en raconterai de telles qu’ils reviendront, exprès, pour me tuer, des quatre coins du monde. Alors ce sera fini et je serai bien content. »

A bas les trois petits points!

closer dit: à

Je veux dire les trois petits points systématiques bien sûr; il a le droit par ci par là…

rose dit: à

Rintintin ce sera tintin chez Tintin.
Fini Milou, finie la Castafiore.

J J-J dit: à

@ tintin birelure, c’est pour les 9 à 99 ans, on a le temps de découvrir ses nouveaux albums. Y’en a qui en sont encore restés à Céline (les frères trois points, des francs-macks). Se dégourdir, d’abord (18.4.23_9.38 / Fustel de Coulange).

Janssen J-J dit: à

Quand Damianus ne contrôle plus trop son écriture, elle se met à étrangement ressembler à celle du sieur de Chatville, autant sur la forme que sur le fond. Cela dit, on n’en tire aucune conséquences sur le trolisme habituel de l’herdélie lepéniste prétendument macronienne en sous main.
Amitiés à rôzéma, alexia, B., rosanette, CT et Marie-Luce. Belle journée à toutes.

J J-J dit: à

@ ///La « chance » à 20 euros, à ce prix là, un tour au bordel chez les putes, c’est donné.///

faut dire qu’elle s’y connaît un brin, ma soeur, hein !… (cf. ô Marie, les Pincegrain)

D. dit: à

Macron excellent communiquant est surtout excellent menteur, pour le malheur de presque tous et pour son minuscule bonheur. Il ne l’emportera pas au paradis, le vrai, je vous le prédis. Le Jugement dernier risque d’être terrible pour lui s’il ne se repend pas un jour de tout le mal qu’il fait autour de lui et chez les plus petits en particulier.

D. dit: à

EVANGILE DE JÉSUS-CHRIST SELON SAINT MATTHIEU
Chapitre 5

01 Voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.

02 Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :

03 « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.

04 Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.

05 Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.

06 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

07 Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

08 Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

09 Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.

10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.

11 Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

12 Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.
(…)

et alii dit: à

Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas
Imre Kertész

et alii dit: à

Kertez(sommairemet sur wiki:
. En 1948, il devient journaliste. Mais le journal dans lequel il travaille devient l’organe officiel du Parti communiste en 1951, et Kertész est licencié. Il travaille alors quelque temps dans une usine, puis au service de presse du Ministère de l’Industrie.

Congédié à nouveau en 1953, il se consacre dès lors à l’écriture et à la traduction. La découverte de L’Étranger d’Albert Camus lui révèle, à 25 ans, sa vocation. La philosophie de l’absurde devient un modèle fondateur pour son œuvre. À partir de la fin des années 1950 et tout au long des années 1960, il écrit des comédies musicales pour gagner sa vie. Il traduit de nombreux auteurs de langue allemande comme Friedrich Nietzsche, Hugo von Hofmannsthal, Arthur Schnitzler, Sigmund Freud, Joseph Roth, Ludwig Wittgenstein et Elias Canetti qui ont une influence sur sa création littéraire. Dans les années 1960, il commence Être sans destin, récit d’inspiration autobiographique qu’il

et alii dit: à

KERTEZ
LE COMMENCEMENT « TOUT EST DANS LE COMMENCEMENT »
« Significativement, le premier mot de Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas est « non ». Le narrateur y déploie un soliloque presque obsessionnel sur les souffrances, l’oubli, l’existence sur laquelle on ne saurait revenir. Une fois cependant, il essaie de quitter son petit logement et de se marier. Mais, trop marqué par les expériences de sa jeunesse, il refusera de donner un enfant à sa femme. Le non initial traverse ainsi tout le roman, du début à la fin. Dépourvu de véritable récit, cette œuvre pourrait se réduire à être ce chant funèbre qui donne son titre au livre. Mais la virtuosité de Kertész libère le texte de son hermétisme sans espoir de réconciliation, permettant au narrateur d’évoquer l’importance des instincts et des contre-instincts qui orientent la vie. »

QR Code dit: à

Le président a décrété une pause de cent jours… Le temps d’un retour de l’île d’Elbe.

et alii dit: à

excuses :KERTESZ

Janssen J-J dit: à

De son côté, Thomas BERNHARD dit OUI…
« Comme « l’agent immobilier Moritz », nous sommes, dès les premiers mots, « agressés sans ménagement » par un narrateur véhément, qui ne nous lâchera pas avant de nous avoir dit tout ce qu’il avait sur le cœur. Dès la première phrase, une interminable tirade hérissée de conjonctions qui se bousculent et d’incidentes emboîtées les unes dans les autres, tout est joué : ou bien nous lâchons prise, ou bien nous reprenons notre élan et nous ne pouvons plus nous arrêter avant la fin.
Tout, alors, s’éclaire très vite : nous saurons tout sur Moritz et sa famille, sur les Suisses, nous saurons tout sur le narrateur et nous en saurons encore bien plus sur notre compte. Car plus il accumule à plaisir les détails sur son mal, plus la voix furieuse devient universelle ».

Rosanette dit: à

A propos du KaddishCe kaddish dont ont souhaité la récitation devant leur cercueil monseigneur Lustiger ,Simone Veil et tant d’autres juifs athées anonymes est une sorte de lieu de mémoire du destin juif, un des rares reperes qui restent pour ceux dont la judaïté se ramène à une interrogation à laquelle il ne savent pas donner de réponse :qu’est-ce que c’est pour moi que d’être juif ?
,Le plus bouleversant des kaddish c’est dans le film tiré du roman de Kertesz « être sans destin » que je l’ai entendu.
Il était psalmodié sur l’Appelplatz du camp de concentration par l’ensemble des prisonniers en pyjamas rayés rassemblés en rangs impeccables pour assister à la pendaison de deux de leur camarades ayant tenté de s’evader et grotesquement exhibés devant eux porteurs d’un ecriteau à l’ironie cruelle « wir sind zurûck »(nous sommes de retour ) .
Lancé timidement au moment fatidique par l’un des prisonniers au milieu de tous ses camarades tétanisés par l’horreur de ce qu’on leur demande de voir et de vivre, le Kaddish est immédiatement repris en force, il monte de toutes les poitrines de ces êtres décharnés, devenus comme indifférents au risque auquel les expose cette transgression , affirmation courageuse de dignité en face de l’entreprise de deshumanisation

D. dit: à

Et il se trouvera encore et toujours des gens pour suivre un tel type…!
C’est triste mais aussi tellement ridicule que ça nous fait quand même sourire. C’est déjà ça de gagné.

D. dit: à

Jean-Marie Lustiger était un évêque que j’aimais beaucoup. Très proche de tous, accessible, humain. Évidemment très cultivé, intelligent et discernant. Il a fortement marqué toute une génération de séminaristes devenus prêtes. Sa disparition m’a beaucoup attristé. Personnage impressionnant. Peu de personnes m’ont réellement impressionné, mais lui, oui.
A revoir l’entretien mené par Dominique Wolton.

Janssen J-J dit: à

@ D. -> edwy p. vs emmanuel m.
… et dire qu’il y a encore des D. qui préfèrent suivre marine plutôt qu’edwy…
https://www.youtube.com/watch?v=h-a2HYMnmfE
C’est ainsi… et c’est bien malheureux.
Apparemment, il n’y a pas de persuasion clandestine entre ces deux-là, d’égal niveau d’argumentation. Des débatteurs à Chaillot.
(Plenel ne s’en laisse pas conter dans les séquences formatées à sa propre gloire. Elles ont de la gueule, il faut bien le reconnaître.
Bàv,

Bolibongo dit: à

elle se fera mettre profond par le Chinois Xi,

C’est une bonne profilaXi… 🙂

honneur de blog dit: à

Jean Paul Kauffmann si tu nous lis…

Janssen J-J dit: à

Le juif Jean-Marie Lustiger se convertit au christianisme. Et sa conversion fut sincère, cela ne fait aucun doute… J’aimais également beaucoup ce modeste prélat, mais pas du tout pour cette raison-là que D. évite soigneusement d’expliciter dans sa propre apologie…
Bàv,

Janssen J-J dit: à

@ Jean Paul Kauffmann si tu nous lis (HDB – MS)
——–
Il nous lie, il est ravit…
Comment ne le serait-il point ? tu n’imagines-tu pas les répercussions mondiales du commentarium de l’herdélie sur tes ventes, quand t’as eu la chance d’avoir les honneurs d’un papier sur le prestigieux BlogAPAss, hein mon frère ?
J’en connais qui se damneraient pour avoir juste une notule acerbe ou dithyrambique, peu importe… D’où, quand même, l’utilité de nos messages subreptices, hein, HDB !?

D. dit: à

J’évite soigneusement quoi, ô Grande Gigi ?
Les Entretiens que je recommande y consacrent presque la moutur ; Orléans, la jeunesse, les parents… pour quelqu’un qui voudrait éviter ce serait pas malin, non ?

D. dit: à

La moitié. Trop fort de café cette moutur.

J J-J dit: à

Eurêkakak… Je viens-j juste de comprendre le lien Marie-Luce -> Jean-Marie Lustiger.
Trop fort, cepss…
(c’est M-L qui va pas être très contente)…

et alii dit: à

il est ravit… Té té té
elle était ravissante, il est ravi Sir, yes Sir, that’s my baby ,NO Sir, c’est son théâtre

J J-J dit: à

@ J’évite soigneusement quoi, ô Grande Gigi ?
———
De dire explicitement que JML eut bien raison de se convertir sincèrement au message du Christ, (enfin un !) car d’après vous, les juifs orthopraxes ne sauraient éternellement nier la venue du Messie [lionel] et continuer à passer pour ses bourreaux, quoiqu’ils en aient.
***L’herdélie est habituée depuis longtemps à votre antisémitisme larvaire… Mais elle en a vu bien d’autres, hein, ma grande chatville, pourquoi le nier ?… Pourquoi cacher les véritables raisons de votre admiration pour cette famille très , jamais vraiment débarrassée de ses relents habituels, genre « Durafour crématoire », etc ?…
Bàv, harripotère !

Paul Edel dit: à

Janssen J-J Le plus comique dans le texte-monologue « Oui » de Thomas Berhnard c’est qu’il s’acharne dans ses imprécations rageuses contre le couple suisse à exhiber et multiplier un « non » , et qu’’il met en évidence toute la négativité l’idiotie de ce couple ;il y a chez lui un « Non » face à ces deux êtres. et j’ai plutôt compris ça comme un constat désespéré de la victoire de la Mort, en même temps qu’une une énorme rigolade !
Et ce texte est un sommet de dérision face à deux vies qui sont irrémédiablement livrées au suicide final avec le sadisme bouffon du narrateur. Et le plus drôle, c’est que gravement malade des poumons, dans une insuffisance respiratoire pendant tant d’années l’attitude de Bernhard fut un « oui »,un oui à la littérature,et à ce « souffle », cette scansion, cette respiration de ses phrases magnifiques, tout ça puisé face à sa petite machine à écrire.. Le paradoxe de cette œuvre c’est qu’elle s’affirme dans une sorte de misanthropie électrisante, dynamique, jubilatoire pour dénoncer la collusion du nazisme et du catholicisme en Autriche dans sa jeunesse, ce qui le marqua à jamais. Et s’en venger de manière si éclatante.

J J-J dit: à

Je répète : « Il nous liE, il est raviT »…
Té té té… faut tout lire, ma grande pupusse caulerpine, avant de bloguer/blaguer, poêle au poigné

et alii dit: à

elle est ravie
hihihi! euh

Janssen J-J dit: à

PE… Très beau rebond sur OUI… un point de vue que je partage assez au sujet de l’entreprise du romancier autrichien dans ce roman louf, en effet, l’un des plus décapant qui fut, et dieu sait qu’il y en eut…
L’autre jour, je crois que vous n’avez pas bien saisi ce que voulait dire Alexia de la langueur nostalgique de Passoul sur le temps d’hier.
Cela dit, j’apprécie toujours autant votre enthousiasme à défendre ceux et celles dont vous aimez l’oeuvre, et surtout la diversité. Car vous avez l’amour et l’empathie communicatifs, ce qui est assez rare chez un « critique littéraire » (j’ignore si c’est votre statut ?)…
Moinssss, quand vous n’aimez pas… Mais là, vous ne vous acharnez pas trop. C’est ce côté généreux, passionné, gratuit que j’apprécie, outre votre laisser-aller dans les fragments pittoresques de vos journaliers de vacances… Bàv,

Paul Edel dit: à

Janssen JJ.. Je ne comprends toujours pas ce qu’Alexia a voulu dire..avec langueur et nostalgie. .vraiment non je ne vois rien de ça dans le travail historique ou romanesque de Passou..mais des règlements lucides devant l’Histoire..et surtout l’histoire française de l’Occupation. Oui,je fus critique littéraire « professionnel » au Point pendant 30 ans.

J J-J dit: à

Et moij aussi, je peux te RAVIR les synonymes, … avec la toile, tu peux toujours passer pour un IA Jipiti… ! let’s go : charmer – enchanter – ensorceler – fasciner – attirer – séduire – captiver – plaire – enivrer – griser – confisquer – saisir – prendre – accaparer – détourner – enlever – soustraire – voler – spolier – enthousiasmer – enflammer – embraser – électriser – exalter – galvaniser – exciter – passionner – enfiévrer – transporter – kidnapper – séquestrer – satisfaire – agréer – contenter – convenir – amuser – intéresser – réjouir – sourire – usurper – envahir – anticiper – empiéter…
*** t’as pu ka aller t’coucher de bonne heure en lettonie, fais ton lit, ravie (shankar).

Janssen J-J dit: à

– Mais bon dieu, Paul, elle ne parlait pas uniquement de son oeuvre romanesque aux relents modianesques, elle faisait surtout allusion aux thématiques souvent traitées dans le présent blog et à la manière mieux labourée s’agissant des oeuvres du passé, plutôt que des exercices un brin scolaires et poussifs dont il s’efforce de rendre compte pour rester fidèle à son blog. Censé tenir informé de l’ACTUALITE littéraire immédiate… Elle s’en est assez expliquée, AN, me semble t il… Enfin, bref… Peut^-être ai-j ma propre surdité.
OK pour la précision sur votre mandat au Point, je l’avais en effet oublié, et vous y étiez le chroniqueur attitré de la littérature allemande. Avez-vous jamais songé à y regrouper vos chroniques, dans un opus de référence ? (au fait ?)??? Il se trouve que je n’ai jamais été abonné ni a fortiori lu cet hebdomadaire, ce fut peut être un tort… Nouvel Obs et Magazine littéraire, Le Monde et Libé, voilà ce à quoi j’ai dû m’abreuver durant 20 ou 30 ans après quoi, j’ai tout envoyé valdinguer. Il me reste le Canard-papie, mais lui aussi, il me gonf’ de plus en plus. Il reste un excellent combustib » pas trop cher pour ma chaudière à bois.
Bàv à St Mâle !

et alii dit: à

pas de sauce ravigote à muidi, je vais me ravigoter!
à+

Damien dit: à

Langueur et nostalgie chez Passou ? Paul Edel a raison en disant que non. Je le rejoins complètement. Primo Levi, pas plus, ni même Modiano, ni Aharon Appelfeld ou Meir Shalev –qui vient de mourir et que je salue. Quelqu’un a-t-il lu Shalev ?

morales sed laisse dit: à

Toujours à la ramener une chougne plus que les autres la Trois Gige :
« Nouvel Obs et Magazine littéraire, Le Monde et Libé, le Canard-papie »,
profil type du barbouze rad/soque plutôt franc/maqué.
Un peu d’aquarelle pour diluer le tout ne suffira jamais pour cet
Englué jusqu’au bout du doigt dans l’ huile d’ œillet.

morales sed laisse dit: à

d’ oeillette!

D. dit: à

Complètement siphonnée, la gigi.

Alexia Neuhoff dit: à

Merci JJ-J. Vous avez apparemment mieux compris que P. Edel mes impressions (cf la tonalité se dégageant des billets de P.A.). Ce ne sont que des impressions et elles n’ont rien de sacrilège.

Paul Edel dit: à

Alexia, j’apprécie souvent vos interventions mais là, vraiment ,je ne comprends pas à quels textes d’Assouline vous faites allusion. Je ne trouve rien de « languide » ni dans ses billets ni dans son œuvre, ni dans ses entretiens (celui tout récent dans le journal « Le Monde » , ni dans son dernier texte sur le nageur persécuté. Au fond, expliquez moi pourquoi vous avez cette impression là?

et alii dit: à

pour Shalev:
« En décembre 2011, Tenou’a publiait dans son numéro 146 “Traduire, l’entre-deux du judaïsme”, un entretien avec l’écrivain Meir Shalev portant notamment sur son essai, Ma Bible est une autre Bible, publié en français chez Deux-Terres trois ans plus tôt*. Alors que nous apprenons avec tristesse la disparition de Meir Shalev ce 11 avril 2023, nous vous proposons de retrouver ici les mots de cet immense écrivain israélien.

Selon vous, un Israélien qui lit la Bible a-t-il besoin d’une traduction ?

Je fais partie d’une génération d’Israéliens qui, pour la plupart, n’avaient pas besoin qu’on leur traduise la Bible. Le langage et les expressions de ce texte me sont familiers et je me sens très proche de cet hébreu. Pour la génération de mes enfants et les plus jeunes encore, les choses sont un peu différentes. Ils sont moins à l’aise avec cette littérature et avec la culture biblique en général. Il y a quelques années, est même parue une traduction de la Bible en hébreu moderne, le Tanakh Ram. De mon point de vue, même si je trouve l’idée intéressante, cette traduction me semble mauvaise, car très appauvrie. C’est un peu comme si vous aviez voulu »
https://www.tenoua.org/meir-shalev/

Damien dit: à

Les impressions de la petite Neuhoff sont indéchiffrables. Depuis hier, elle nous rebat avec ça. Sans ajouter de point décisif. La Bruyère : « Quand il pleut, dites il pleut. » D’ailleurs, je trouve qu’on ne parle plus assez de La Bruyère. J’ai déjà dit ici toute l’admiration absolue que j’avais pour lui. Et donc, Neuhoff, vous savez ce qui vous reste à faire, relire La Bruyère et apprendre de lui à écrire. Cela nous évitera ces enculages de mouche tsé-tsé. Sur ce, bonne soirée à tous.

Janssen J-J dit: à

@ Quelqu’un a-t-il lu Shalev ?
Pas moi en touk… En revanche, David Shahar, oui… ? Qui lalu ? j’ai jamais été convaincu par sa peinture de Jérusalem dans les années 30, dans « le palais des vases brisés »… Trop loin de moij, sans doute… Bon, c’était un collègue juif que me l’avait conseillé, et moi, tjs bonne poire, je suis parti comme en 40… Laissé en cours de route. Idem pour Applefeld… En revanche, Oz et les Grossman, père et fils, puis le jeune Ron Leschev…, ça oui, ça mieux marché…

rose dit: à

et alii dit: à
iom ha shoah
:
Le Kaddish final sera récité vers 19h le mardi 18 avril, au terme de la lecture des noms.
https://yomhashoah.fr/programme/

Cela n’arrête pas cet après Pâques.
Dimanche 17 c’était le dimanche de la Divine miséricorde chez les chrétiens.
Lundi 17 la nuit de prières qui vaut 10 000 nuits chez les musulmans et ce soir kadish chez les juifs.
Nous allons vers l’harmonie.

Ensuite, on ira vers le rééquilibrage économique nord/sud.
Enfin, on fera beaucoup d’enfants qui vivront la fraternité.

rose dit: à

🙄🤔🤕

D. dit: à

Vous exagérez, Jacques.

D. dit: à

Pourquoi « la petite Neuhoff » ? Vous êtes si petite que ça, Alexia ?

et alii dit: à

G.Bensoussan:
« Il s’agit aujourd’hui de montrer en quoi cette histoire d’extermination, en prenant comme épicentre Treblinka (qui n’est pas un camp de concentration mais un lieu voué à l’assassinat de masse) constitue une rupture anthropologique. Qui dépasse le seul peuple juif. Car cette rupture d’humanité a abîmé ce qui a visage humain : cela s’est passé, cela peut se passer à nouveau. Souvenez-vous, c’était l’un des derniers messages de Primo Levi avant son suicide en 1987.

Treblinka inaugure le temps de l’homme en trop sur la terre, de l’humanité en surnombre. Ce qui s’est passé là a valeur universelle parce que la notion d’humanité y a été entamée. En 1945, elle est à reconstruire. Y est-on parvenu ? Tout montre, en matière de bioéthique en particulier, que le nazisme n’a pas été vaincu, mais comme le disait Pierre Legendre récemment disparu, que nous sommes des sociétés post nazies. On peine à imaginer ce que cela signifie de potentiel danger. Treblinka est une rupture d’humanité qui met en danger tout ce qui a figure humaine. Celui qui estime que cela ne concerne que les Juifs me fait penser à l’aphorisme chinois : « Quand le doigt montre la lune, l’imbécile regarde le doigt ».

et alii dit: à

Dans une interview donnée il y a quelques semaines au journal Olam Katan, publié à Jérusalem, l’écrivain Meir Shalev déclarait : « La littérature n’a plus aujourd’hui d’influence sur la politique en Israël ». Avec franchise, il reconnaît ainsi que son activité de publiciste et les articles qu’il publie dans Yediot Aharonot depuis plus de 25 ans ne convainquent que les convaincus, et qu’il n’exerce aucun « magistère moral », brisant ainsi le stéréotype de l’écrivain israélien engagé, que les médias ont bâti depuis plusieurs décennies autour de certains auteurs, parmi lesquels Amos Oz, A.B. Yehoshua et David Grossman.
 » Paradoxalement, les écrivains de la génération des pères (Shalev père, Alterman) exerçaient, eux, une véritable influence politique en Israël.

Comme le reconnaît Shalev, « Lorsqu’Alterman publiait un poème politique, tant Ben Gourion que Moshé Dayan étaient influencés par ce qu’il écrivait… Lorsqu’il a publié des propos critiques contre des soldats qui avaient attaqué des civils, les coupables ont été punis… » Cet exemple est révélateur, parce qu’il contient sans doute une raison de la perte d’influence des écrivains israéliens sur la politique intérieure du pays.

FL dit: à

 » lus tout haut mes textes sont franchement hideux, grotesques d’emphase. Vive Bossuet alors ! C’est le “rendu” interne auquel je m’efforce… Un tout autre travail ! »

Comment peut-on faire de la littérature qui ne soit pas emphatique ? Tous sont emphatiques : Hugo, Proust, Duras.

Si c’est pour écrire comme un percepteur autant rendre son tablier tout de suite.

et alii dit: à

ci-dessus, citation du livre La trahison des clercs d’Israël, La Maison d’édition 2016)

Par Pierre Lurçat vudejerusalem.over-blog.com

Janssen J-J dit: à

Pour bien boire, le faut y croire, « même si tout doit y sembler surdéterminé par de comminatoires circonstances mystiques et himpalpabes »… nous avertit l’exilé banni de l’RDL sur l’autre chaine à paul. J’espère qu’il va pouvoir nous regagner bin vite, en dépit de la langueur habituelle du patron 70 à se décider.
Bàv,

Janssen J-J dit: à

aufé, jissé, vous parlez pu de vot’mentule depuis qq temps. L’auriez-vous perdue dans la cuvette de vos vécés, à votre insu après avoir fait disparaître vos trois fistons à la pointe de pkl ?

J J-J dit: à

@ Si c’est pour écrire comme un sapeur, autant rendre son tablier tout de suite.

Bien vu pour l’humour, FLorence !

Patrice Charoulet dit: à

Pourquoi le « Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes », de
Roussseau est-il si mince ?
C’est très simple : Rousseau a écrit ce livre pour participer au concours organisé par l’Académie de Dijon, qui avait proposé ce sujet aux candidats en précisant ceci : « Il ne faut pas que la lecture
excède trois quarts d’heure. »
Rousseau a écrit des livres beaucoup plus volumineux, qui n’ont été limités par aucune académie.
P.-S. Qui aurait l’obligeance de me dire qui est gigi » ? : je ne vois pas cette signature.

et alii dit: à

INA Watson
(lettres à mes amies enfants)

Patrice Charoulet dit: à

PHILOSOPHIE

Chaque matin, sur France Culture, de 10 à 11h, une émission est consacrée à la philosophie. La semaine dernière l’animatrice a fait venir des spécialistes d’Aristote.
Cette semaine , elle fait venir des spécialistes de …« Harry Potter ».
Faut-il commenter ?

et alii dit: à

DANS LE TWEET « FIGARO »
CAMUS dans une lettre de 1950 ECRIT A SON AIMEE Maria QU’ELLE FERAIT « de la psychologie de réverbère »

Janssen J-J dit: à

@ Entendez par là : une fois que l’on s’est délivré par la plume du secret qui nous empresse.

C’est la deuxième phrase du billet de la RDL. Personne n’y a fait allusion et Passoul n’a pas cru devoir troquer « empresse » par « oppresse »… A moins que je ne me méprenne sur le sens de la phrase. Quid ?
Bàv.

Janssen J-J dit: à

@ la psychologie de réverbère (Maria Casa)
et moi je dis…, chacun.e cherche sa lumière où il.elle peut. et y’en a qui resteront toujours dans l’obscurité… Bàv,

Janssen J-J dit: à

@ Patrice, vous voilà dûment éclairé par Jacques !

Jacques dit: à

Je souhaite un prompt rétablissement à monsieur Jean-Marie Le Pen.
Le Menhir est immortel. Vive Le Pen.

Alexia Neuhoff dit: à

D’accord avec Janssen. Le verbe « empresser » ne s’emploie que dans une forme pronominale. Exemple : Je vais m’empresser d’arracher La Bruyère qui envahit ma laland.

FL dit: à

« Essentiellement pronominal » comme on appelait ça autrefois. Je ne sais pas si ça a changé.

D. dit: à

Jean-Marie Le Pen n’a pas que des bons côté, Jacques. Il a souvent débordé de façon inacceptable. Mais quand il reste dans la légalité il m’est à priori sympathique. Comme à beaucoup d’autres ici qui ont tout simplement peur de le dire. Cette famille Le Pen est une belle famille. C’est évident et il ne sert à rien de le nier.

Patrice Charoulet dit: à

@Jacques

Grand merci de votre aimable réponse.

Giovanni Sant'Angelo dit: à

…mardi 18 avril 2023 à 21 h 40 min.

…mon taux de Diabète est à 136,…

…mais, qu’est ce qu’il n’y a pas,!…comme lèchent – bottes,!…
…les courtisans à se réinventer,!…
…la Paix, et rien d’autres, exister sans repères de fondements,!…le pied quoi,!…
…et des travaux inutiles, !…etc,!Go,!…

closer dit: à

Renato, j’ai écouté cinq minutes des Préludes de Chopin joués par votre Yuja Wang…Première impression: si elle n’était pas jeune, jolie, et à moitié à poil devant son piano, personne n’aurait l’idée de lui demander de jouer en concert.

Jacques dit: à

@Patrice Charoulet
De rien. Toujours à votre service.

rose dit: à

Ben oui.
Mais elle est jeune.
Jolie.
Et à moitié à poil devant son piano.

D. dit: à

Je n’ai pas suivi mais le sujet m’intéresse.
Qui est à poil devant son piano ?

Jean Langoncet dit: à

Incidemment, le président des néo nazis, drogués et homosexuels d’Ukraine sait jouer du piano avec son pénis ; sur quoi butte Poutine et sa deuxième armée du monde, nonobstant le milliard et demi de chinois qu’ils ont dans le derrière, du moins leur guide suprême, sans compter l’appui de circonstance du président brésilien et de Cuba (Le Pen compte pour du beurre dans cette affaire) – comment pareille diablerie est-elle Dieu possible ?

FL dit: à

Hammer Klavier 🙂

B dit: à

Charoulet, le matin, sur ce musique à 6h30, les grands entretiens. Cette semaine John Eliot Gardiner, qui si j’ai bien entendu ses 80 ans. La semaine passée, Andreas Scholl. C’est toujours surprenant d’entendre ces artistes admirables, étonnants de simplicité . Disponibles en pod cast.

D. dit: à

Bonsoir, Bérénice.

Jean Langoncet dit: à

Buttent

B dit: à

Bonsoir, D. Les syndicats n’ont pas répondu à l’invitation du Président. J’en arrive à y déceler une dose de cynisme de sa part . Et je suis convaincue que cet homme a des problèmes avec l’autorité. Il prend la place du père pour commencer ( psychologie de bazar) s’octroyant ainsi le pouvoir qui traditionnellement lui revient et maintenant semble amoureux d’une ligne un peu rigide et verticale dans la conception et l’exercice du pouvoir. Et bien évidemment un épisode d’intenses et fructueuses concertations nous est annoncé.

rose dit: à

d’une ligne un peu rigide et verticale

et surtout extrêmement solitaire, c’est à dire le complet contraire de ce qu’il a prôné lors de sa ligne En Marche.

rose dit: à

Janssen J-J

Pour des raisons x,y et z ne vais plus donner des nouvelles d’Emma ici, pourtant passionnantes.
Envisagez-vous une solution pour que je puisse continuer à vous les transmettre à vous ?
Cdt,

JC..... dit: à

MERCREDI 19 AVRIL 2023, 5h46

LES DEUX FONT LA PAIRE
A la lumière de l’histoire du syndicalisme en Europe, il est clair qu’il est, par sa bêtise idéologique indécrottable, l’idiot utile du patronat.

Que les putes soient au service des bourgeois, cela n’a rien d’amoral, car tout le monde est content…

Bonne journée, camarades !

Damien dit: à

Aure Atika : « Le monde est devenu très lisse, très propre, très hygiéniste »

Réflexion bizarre. Moi, je me félicité plutôt d’un monde propre, où, quand on sort, on n’attrape pas des quantités de microbes en pleine poire. Un monde qui sent bon, où l’air est frais et clair. Camus s’en plaignait, autrefois : « La seule chose de propre, ici bas, c’est le vent. » Lui aussi était pour un monde clean. Aure Atika n’a qu’à arrêter de se laver si ça lui chante, mais je plains ses proches et surtout, ses amants. Et puis, cette critique de ce qui est lisse envahit par la même occasion la morale, qui serait trop stricte selon certains, même en matière sexuelle. On regrette le libertinage d’antan, le stupre ici et maintenant, l’extorsion des corps, y compris de ceux des enfants. On réhabiliterait presque l’immonde et délinquant Gabriel Matzneff. Et Weinstein dans sa prison fait pitié. Eh bien, pas à moi. Aure Atika lance-t-elle, ce faisant, un appel au viol sur elle-même, dans ce débile article de Match ? A suivre.

Janssen J-J dit: à

@ Pour des raisons x, y et z ne vais plus donner des nouvelles d’Emma ici, pourtant passionnantes.
Envisagez-vous une solution pour que je puisse continuer à vous les transmettre à vous ?
________
Je le regrette mais je vous comprends, r^z.
Je vais tenter la chose suivante : vous envoyer, à votre domicile, une ancienne adresse e.mail personnelle toujours en vigueur. Ce qui vous donnera, comme à Pierre Assouline, mon identité réelle, mais pas l’adresse de mon domicile.
Il me faudrait avoir la certitude qu’elle ne sera jamais dévoilée ici, sauf au cas où j’en aurai décidé autrement.
Dans ces conditions, j’aurai grand plaisir à recevoir régulièrement de ses nouvelles, mais sachez qu’il ne faut vous obliger à rien et surtout d’avoir son accord. J’imagine bien que vous l’avez déjà.
Je m’engagerai bien évidemment de mon côté à ne plus mentionner son prénom ici et d’accepter mes excuses si je m’oublie.
Merci pour votre compréhension, je vous souhaite une très belle journée à toutes deux.
(19.4.23_9.00)

J J-J dit: à

@ GS’A
Il vous faudrait ne pas dépasser 1,26g/L le matin.
Merci pour vos nouvelles, toujours rares et bienvenues. On n’est pas forcément « lèchent-bottes », mais on se soucie des gens qui apparaissent et disparaissent régulièrement dans ce blog de sociabilités. Ils sont variés et reflètent une part substantielle de la diversité de notre société… On ne sait pas toujours pourquoi ni comment ils restent en nous comme le mystère d’une carte de crédit volée.
Bàv,

rose dit: à

Janssen J-J

C’est une belle possibilité.
Je vais lui en parler aujourd’hui.
C’est sa fête.
Restaurant italien en hommage à mon papa que je ne pleure pas.

Je m’engage de mon côté à ne pas dévoiler ni votre adresse mail, ni votre identité sous cette adresse là.

L’autre solution que j’ai trouvée et commencé est le journal intime, mais j’ose penser que cela vous apporterait quelque chose et que vous pourriez y trouver quelque intérêt ou quelque affection.

Mettons nous d’accord.

JC..... dit: à

DECEPTION LITTERAIRE
Ayant découvert par le passé l’helléniste italienne vivant à Paris, Andrea Marcolongo, j’ai acheté et lu tous ses ouvrages précédents avec ferveur. Elle vivait une Grèce intime, elle était vigoureusement sincère, profondément amoureuse de ce passé grec, fondateur.

Je viens d’achever son dernier ouvrage traduit en français, sorti le 12 de ce mois.

Toujours heureux de l’engagement de cette personne dévouée au service de ce monde grec antique, je suis néanmoins déçu car la part personnelle est devenue trop importante. Adorateur de cette belle personne, nous sommes là dans l’autobiographique à l’excès. La réserve de Jacqueline de Romilly m’a manqué. Dont acte.

Janssen J-J dit: à

@ rôz, je donne suite à votre message par le biais d’une petite carte postale que vous recevrez bientôt… (nb/ j’imagine que votre journal sera en ligne .pdf – ce sera évidemment un grand honneur pour moi d’en prendre connaissance). Bàv,

et alii dit: à

SUR NADEAU
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Au début des années 1980, paraissait la magistrale Histoire de la France urbaine, en quatre volumes, sous la direction de Georges Duby, aux éditions du Seuil. Depuis ce monument, une nouvelle histoire de l’espace de la ville s’est développée, mettant l’accent sur ce que Bruno Latour nommera les invisibilités urbaines dans Paris ville invisible (La Découverte, 1998). Histoire de la rue, volume collectif mené par Danielle Tartakowsky, et une série d’essais rendent compte de ce regard renouvelé sur cette rue qui inquiète tant les pouvoirs aujourd’hui, s’arrêtant notamment sur les écritures contestataires dont leurs murs sont les supports.
Danielle Tartakowsky (dir.), Histoire de la rue. De l’Antiquité à nos jours. Tallandier, 528 p., 34,90 €
Arnaud-Dominique Houte, Les peurs de la Belle Époque. Crimes, attentats, catastrophes et autres périls. Tallandier, 331 p., 21,90 €
Jean-Baptiste Barra et Timothée Engasser, Antigraffitisme. Aseptiser les villes, contrôler les corps. Le Passager Clandestin, 160 p., 20 €
Karim Madani, Tu ne trahiras point. Une plongée dans les entrailles de Paris, sur les traces des premiers graffeurs. Marchialy, 240 p., 19 €

Jazzi dit: à

Céline, seul contre tous

« Dix ans de vacheries, dont deux de cellule… eux là, eux autres, Racine, Loukoum, Tartre, Schweitzer, faisaient la quête de-ci… de-là… ramassaient les ronds et Nobel !… magots énormes ! pâmés, bouffis, comme Gœring, Churchill, Bouddha !…
[…] leur truc masochiste me bluffe pas !… je dis ! ni la corseterie du Loukoum ! ni les bourriqueries du Tartre… ni l’œil merlan frit d’Achille… l’autre non plus le dénommé Vaillant ! vaillant de quoi ? qu’il voulait m’assassiner !…
[…] comme ça que tiennent Maurois, Mauriac, Thorez, Tartre, Claudel !… et la suite !… l’abbé Pierre… Schweitzer… Barnum !… aucune honte !… et pas d’âge ! Nobel et Grand-Croix garantis ! Même croulants, fondants, urineux, « honoraires », « Emblèmes des Partis » ! Juanovicistes !
[…] pas que les plagiaires, les « pas faits pour » ! Dieu sait !… rien que chez Achille, floppée ! mille ! mille !… pour moi Dumel, Mauriac, Tartre, même corde !… la dizaine de Goncourt, l’autre arbre !… oh ! plus l’Archevêque de Paris, j’oubliais ! avant que les Chinois se formalisent !…
[…] Tartre m’a bien volé, diffamé… oh ! que oui !… mais pas pire que les parents !… […] Tartre aussi m’a hérité ! et floppée d’autres !…
[…] Tartre : coco !… tous épileptiques que seulement je les regarde !… j’ai dit : Tantine manquait de rien ! le Tartre non plus !… cossus ! cossus !… de tout en double ! triple… à la ville !… à la campagne !… frigidaires, autos, laquais !… le cor avait sonné pour moi, ils avaient pris part à la chasse !…
[…] Si seulement tenez, je pouvais compter sur la Critique… quelques échos… même injurieux… pas bien sûr tout le Cirque de Mauriac !… pissotières mutines et confessionnaux !… ou Trissotin Tartre… tous les rescapés de vingt ans de déconneries !… non ! quelques murmures me suffiraient… »
(D’un château l’autre)

rose dit: à

Janssen J-J,

Absolument pas en ligne.
Je vous dirai en introduction pourquoi j’ai pris cette décision.
J’espère que vous trouverez réciprocité dans l’échange.
Je ferai comme ma maman qui l’a déjà fait, je détruirai tout pour que personne ne le lise.

Ici, c’est désormais mon blog de littérature, s’il reste qq.bribes de journal extime, c’est que je n’ai pas encore réussi à le vivre différemment : en ce qui concerne Emma, cela prendra effet dès je lui ai dit.
Ici aura lieu un « elle va bien », ce qui est le cas, rien de plus.

morales sed laisse dit: à

je détruirai tout pour que personne ne le lise.

rose@sélavy.com

Damien dit: à

Une interview inédite de Céline que publie le Figaro. Aucun intérêt. Parole et misère — surtout misère. Les romans, je veux bien, mais c’est tout. Pas la parole folle. Il s’en prend à Sagan et à Balzac, ça donne pour Sagan et le sexe (et l’efrroi) :

« Mais je laisse ça à Sagan. Maintenant, c’est pris par Sagan, par Sartre. Tous ces gens-là donnent dans le sexe. Oh ! Le sexe ! Pauvres petits merdeux ! Ils ne tiennent pas debout. Ça n’a pas de vitalité. Moi qui ai passé ma vie dans le cul des danseuses ! Qu’est-ce que ça va chercher, pauvre petite bonne femme, pauvre petite Sagan, avec ses petites allumettes. (…) C’est emmerdant le sexe n’est-ce pas. »

Il n’a pas tort, du reste. Personnellement, dans un livre ou un films, je n’aime pas les scènes de sexe, ça gâche tout. Et sur Balzac, ce péquenot nous dit :

« Le reste, ben, mon Dieu. Il faut avouer, ben, mon Dieu, que le reste… En effet, Balzac, n’est-ce pas… Je veux pas dire que Balzac, c’est bon pour les cours. « Ah ! Balzac, c’est un monde. » Oui. Mais c’est quand même assez médiocre. »

Au fond, Céline aura voulu être populaire. Il écrivait pour gagner du fric. Un éditeur est pour lui un maquereau qui ne révèle pas les comptes. Céline a le sentiment de se faire exploitée, comme une fille sur le trottoir. D’ailleurs, l’édition, aujourd’hui, ça n’a pas changé. J’aime bien quand Céline se plaint de ces choses pratiques, comme dans « Entretiens avec le professeur Y », une merveille, quand même. Mais quand il faut parler de ses confères, ou de Balzac, il se plante. La littérature, il n’y connaît rien, il est incapable d’avoir un jugement cohérent dessus. Il fait sa petite cuisine — deux heures par jour, dit-il — et le reste du temps c’est un légume. Néanmoins, je suis favorable à ce qu’on fasse une éditions scientifique des pamphlets. D’ailleurs, il en existe une au Québec, qu’on peut se procurer et qui est bien faite. Mais les romans sont à part, des chefs-d’oeuvre tombés d’une âme pourri. La nouvelle Pléiade va valoir le coup. — Je me dis que Céline, si nous étions encore en guerre, demanderait à ses amis nazis de me passer par les armes. Et que s’ils ne voulaient pas, il irait demander aux bolchos. Devant Abetz, à un dîner auquel participait Jünger, il avait demander à ce qu’on « nettoie » certain quartier, en disant que les bolchos, eux, allaient lui faire ça rapido presto et efficacement. Tête des Allemands, qui n’ont pas dû apprécier la plaisanterie (mais ce n’en était pas une). C’est un passage du Journal de Jünger qui raconte l’anecdote, Céline portant un pseudo dans le texte, je ne me souviens plus lequel. Mon diagnostic : ne pas le tuer, et le mettre dans une réserve, comme Lanzmann voulait qu’on fît. Quant à le lire, on ne s’en privera pas, malgré tout. J’avoue que, même si c’est un meurtrier en puissance, j’ai plaisir à le lire. C’est comme ça. Bonne journée.

Samuel dit: à

Pourquoi les pires bassesses sont faites souvent de bonne conscience ?

Jazzi dit: à

Céline était un bosseur, Sagan une douce paresseuse…

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FRANÇOISE SAGAN

Regarder le temps passer

Riche et célèbre à dix-huit ans avec Bonjour tristesse, Françoise Sagan (1935-2004) avoue avoir porté sa légende comme une voilette : « J’ai mis assez longtemps à comprendre qu’il me fallait un masque, le mettre sur ma figure. J’ai mis le masque de ma légende et elle a cessé de me déranger. » Pudique, elle accepta néanmoins de lever un coin du voile dans un grand livre d’entretien titré : Un certain regard. Florilège à la paresseuse !

« Dans l’ensemble, je n’aime pas les gens qui se vantent de travailler beaucoup, ou qui attendent l’inspiration, bref, qui font un numéro d’écrivain. J’utilise toujours ma paresse au maximum. La paresse est nécessaire. C’est beaucoup avec du temps perdu qu’on fait des livres, avec de la rêverie, en ne pensant à rien. (…)
Les gens ont une vie insipide, on la leur inflige. Je suis vraiment privilégiée puisque je fais ce qui me plaît, même vivre seule si j’en ai envie. Mais la vie de la plupart est terrifiante. On les prend à la gorge, on les oblige à travailler du matin au soir, ils ont une télévision idiote, ils ne sont jamais seuls, ils sont toujours piégés par d’autres qui leur courent après. Ils n’ont pas un moment de ce qu’on appelle le « bon temps », le bon vieux temps qui passe, seconde après seconde et qu’on peut voir passer. La majorité ne connaît de la vie et du temps qu’un cirque aveugle et affolé. (…)
Il est très difficile d’être paresseuse, cela suppose d’avoir assez d’imagination pour ne rien faire, ensuite d’avoir assez de confiance en soi pour n’avoir pas mauvaise conscience de n’avoir rien fait, et enfin d’avoir assez de goût pour la vie. Afin que chaque minute qui passe semble suffisante en elle-même sans qu’on soit obligé de se dire : j’ai fait ceci ou cela. Ne rien faire implique aussi avoir de bons nerfs et que la considération des autres, le fait de se prouver à soi-même qu’on est capable, sont des lettres mortes. (…)
Si je suis paresseuse, j’aime aussi travailler ; ce qui fait que le plaisir l’emporte sur la paresse et que je travaille par périodes. Et puis, je suis brave, c’est ma meilleure qualité. (…)
Mon passe-temps favori, c’est laisser passer le temps, avoir du temps, prendre mon temps, perdre mon temps, vivre à contretemps. Je déteste tout ce qui réduit le temps, c’est pourquoi j’aime la nuit. Le jour, c’est un monstre, ce sont des rendez-vous. Le temps de nuit, c’est une mer étale. Cela n’en finit pas. J’aime voir le lever du soleil avant d’aller dormir. (…)
Je pense plutôt comme Faulkner que c’est « l’oisiveté qui engendre toutes nos vertus, nos qualités les plus supportables : contemplation, égalité d’humeur, paresse, laisser les gens tranquilles, bonne digestion mentale et physique… »

Phil dit: à

Céline encore Merline
D.amien réagit au quart de tour et tient aussi peu la route que Sagan, écrasée tout de même en bolide de luxe, privilège d’un talent éphémère.

tristan dit: à

Marcolongo, ça fait nom de dosette de café moulu à l’italienne. Normal, JC trouve qu’Andrea en a dans la cafetière et fait une critique sans filtre de son dernier ouvrage avec juste une petite pointe d’amertume pour l’ego d’Andrea qui déborde.

Janssen J-J dit: à

@ rose@sélavy.com
… jamais d’accents dans les emails, sinon ça colore pas en rouge !… Merci pour le mien, ça marche, vous pouvez essayer, MSL !

@ rôz, OK c’est comme vous voulez,… je vous poste la petite carte au grand jonc, cette aprem –

D. dit: à

Je ne suis pas Damien, ni Samuel, ni Jacques, ni Patrice Charoulet.

closer dit: à

Sagan oublie une condition pour pouvoir être paresseuse et néanmoins bien, voire très bien vivre…elle lui paraît tellement naturelle qu’elle n’y pense pas une seconde…

Jazzi dit: à

Quelle bonne idée, rose et JJJ, de communiquer en privé !

Jazzi dit: à

FRANCOISE SAGAN

Sacré monstre !

De sa longue fréquentation des milieux du cinéma, Françoise Sagan ne conserva qu’un seul souvenir mémorable : sa double rencontre, à une décennie d’écart, avec Orson Welles. Elle, dont le premier roman, Bonjour tristesse, fut adapté au cinéma par Otto Preminger quelques années seulement après sa sortie en librairie et qui fut, plus tard, présidente du jury du Festival de Cannes, ne devait jamais oublier ce « génie », alors déjà sur le déclin, et qui lui apparut « immense », « colossal » et riant « d’une manière tonitruante ». Probablement le seul homme avec lequel, toutes affaires cessantes, elle serait partie au bout du monde ! Retour sur leur dernière rencontre…

« Ce jour-là, après m’avoir donc trimbalée comme un sac de vêtements à travers toutes les avenues de Paris et les Champs-Elysées, il finit par m’asseoir sur une chaise pour déjeuner avec deux amis à lui. Il mangea comme un loup, rit comme un ogre, et nous finîmes tous l’après-midi dans son appartement du George V où il avait atterri après maints ravages dans les autres palaces de Paris. Il marcha de long en large, parla de Shakespeare, du menu de l’hôtel, de la bêtise des journaux, de la mélancolie de quelqu’un, et je serais incapable de répéter une de ses phrases. Je le regardais, fascinée. Personne au monde, je crois, ne peut donner autant l’impression du génie tant il y a en lui quelque chose de démesuré, de vivant, de fatal, de définitif, de désabusé et de passionnel. J’eus simplement un instant de terreur quand il nous proposa brusquement de partir l’heure suivante à Valparaiso, justement. Je me dirigeai donc vers la porte pour aller chercher mon passeport (abandonnant là un deuxième foyer conjugal, un enfant, un chien, un chat, non pas dans des intentions coupables mais simplement parce Welles était irrésistible et que le moindre de ses souhaits devait être très évidemment exaucé). Dieu merci, ou tuedieu, le téléphone sonna, lui rappela qu’il devait partir pour Londres, et Valparaiso tomba à l’eau ou y resta.

La semaine suivante, encore sous le choc, je me fis projeter, grâce à L’Express pour lequel je faisais à l’époque des critiques de cinéma, je me fis projeter tous ses films. En quelques jours, je vis les quatre films de lui que je ne connaissais pas, revis les autres, et j’avoue que je ne compris pas. Je ne compris pas que les Américains ne se roulent pas à ses pieds avec des contrats ou que les producteurs français, qu’on disait si assoiffés de risques à l’époque, ne courent pas le chercher dans la campagne anglaise. Quitte à lui adjoindre deux gardes du corps s’il manifestait (ce qui lui arrivait, disait-on) l’envie de quitter le plateau pour filer au Mexique ou ailleurs en cours de tournage.

J’en vis des choses, cette semaine-là : l’énorme cadavre du capitaine corrompu par la police, du flic sadique, flotte entre l’eau et les détritus, sous un pont, Marlène Dietrich le regarde. L’honnête attorney lui demande : « Vous le regrettez ? » Elle répond : « He was a kind of a man » (C’était quelqu’un). La générale Rodriguez regarde la photo de l’homme qu’elle a aimé et qui l’a volée et qui va la tuer bientôt : « Qu’en pensez-vous ? – He was a kind of a man. » Joseph Cotten, infirme, parle de l’homme qui l’a trahi et chassé, son meilleur ami : « He was a kind of a man. » J’en passe. Mais à revoir à la file tous ces films de Welles, il me semblait retrouver partout la même obsession : celle du tempérament. Welles aime un type d’homme, le sien sans doute : violent, tendre, intelligent, amoral, riche. Obsédé et épuisé par lui-même, force de la nature, subjuguant, terrorisant, jamais compris et ne s’en plaignant jamais. Ne s’en souciant d’ailleurs probablement pas. Le jeune et féroce Kane, l’orgueilleux Arkadin, le sombre Othello, tous monstrueux, tous solitaires : la rançon de l’intelligence à son zénith. Il n’y a qu’un film où il ait joué le rôle de la victime : c’est La Dame de Shanghaï. Le rôle du monstre, il l’avait laissé à Rita Hayworth : il faut dire qu’il l’aimait.

Seulement cette superbe solitude devenait lourde. Welles, pour vivre, dut tourner des rôles idiots ; on lui avait enlevé ses armes : sa caméra ; un monde de petits hommes à lunettes et stylomines, de comptables et de producteurs était arrivé à renverser Gulliver qui avait autre chose à penser qu’à ces lilliputiens. Il succomba presque sous le tas. Alors il tourna La Soif du mal ; une séquence particulièrement belle, entre trente autres, m’a frappée, celle où il retrouve celle qui a été un beau monstre comme lui, Marlène. Elle lui dit qu’il est devenu gros et laid, qu’il ne ressemble plus à rien, elle lui dit que son avenir est derrière lui et il se passe alors, pour la première fois dans ses films, quelque chose comme de la pitié. […]

Par la suite, il y eut quand même Le Procès et assez d’articles sur la technique de Welles, sa démesure, sa violence, etc. N’importe qui peut, en allant voir n’importe lequel de ses films, retrouver la poésie, l’imagination, l’élégance, tout ce qui fait le vrai cinéma. »
(Avec mon meilleur souvenir – Editions Gallimard, 1984)

D. dit: à

Je ne suis pas Damien.

Alexia Neuhoff dit: à

« l’efrroi » / « Céline a le sentiment de se faire exploitée »/ « il avait demander »

La syntaxe du petit Damien ne manque pas de vices. Il a dû faire la grève du Grevisse. Ou juste « feuilleter »… selon son habitude.

Damien dit: à

Ma chère Alexia Neuhoff, votre vigilance est sans appel, et je l’approuverais bien volontiers — si ce n’est que j’ai décidé de ne pas me relire. Les caractères sont trop petits, et je ne distingue plus ma logorrhée. Je vois que vous arrivez à me lire, j’en suis étonné. Vraiment, vous passez votre temps de manière très malhonnête, je ne vous félicite pas. Vous pourriez, à la place, participer à une chorale, à l’église du village ou du quartier ? Ce serait plus adéquat pour la femme honnête que vous êtes. Salut les artistes — et tant pis si je me trompe !

Clopine dit: à

Perso, j’étais encore petite fille, onze ans, douze maximum, non encore pubère, et je détestais devoir aller me coucher, à cause de la solitude qui m’enveloppait en même temps que mes draps. Aussi, je déguerpissais, je savais que tout le monde dormait, j’arrivais dans la salle à manger où le poste de télévision prenait absolument toute la place, face à la table ovale, je me faisais toute petite à ses pieds, je mettais le son au minimum, et, en douce, je visionnais les films des « cinémas de minuit » et autres, en me mettant tout près du poste, avec le son au minimum, me bousillant les yeux (si on veut, car en fait je leur permettais de voir ce que, dans ma classe sociale, on ne voyait pas). Tout ceci pour dire que j’ai vu Orson Welles dans les drames de Shakespeare dans un contexte absolument déconnecté. Mais, solitaire, ignorante, flottante comme une algue au gré des vagues, j’ai été pourtant durablement impressionnée. Falstaff, surtout. A douze ans, comment ai-je pu comprendre ce qui se passait là ? Et pourtant, vraiment, je l’ai compris. J’ai eu tellement pitié de ce gros vieux homme repoussé par son roi…

Falstaff, c’est moi.

Jazzi dit: à

Et tu le savais déjà à cet âge-là, Clopine !

B dit: à

Rateriez, correcteur.

B dit: à

vivre…elle lui paraît tellement naturelle qu’elle n’y pense pas une seconde…

Et quelle serait cette condition, je manque d’imagination. Pourtant j’ai lu le quarto qui lui est consacré, la sobriété? le courage, l’inspiration, une psychanalyse…le sexe?

renato dit: à

À propos de Falstaff.
Le canon WoO 184. «Falstafferel», écrit par LvB le 26 avril 1823 est adressé à l’ami violoniste Ignaz Schuppanzig à qui il avait donnait le surnom de « Milord Falstaff » pour sa corpulence. LvB déjeunait parfois avec Schuppanzig au Schwarzer Schwan * (à l’occasion de retour de I.S. de Russie : « Falstafferel, lass? dich sehen! »).

https://youtu.be/-4o3yoXLpIo

* LvB aimait le poulet frit du Schwarzer Schwan accompagné d’un vin blanc des collines viennoises — le Heuriger de Grinzing, tout proche de Heiligenstadt, un petit blanc acide et pétillant —.

D. dit: à

Je sens que je vais encore me gaver d’endives ce soir.

Pablo75 dit: à

Céline. Lettre du 21 août 1952 à Roger Nimier :
« Vive Bossuet alors !  »
Jazzi dit:

« L’homme, dans la sainteté de son origine, avait reçu de Dieu ces trois dons, la justice, la paix, l’immortalité: car étant formé selon Dieu, il était juste ; régnant sur ses passions, il était paisible en lui-même ; mangeant le fruit de vie, il était immortel. La raison s’étant révoltée contre Dieu, les passions lui refusèrent l’obéissance : et, l’âme ne buvant plus à cette source inépuisable de vie, devenue elle-même impuissante, elle laissa aussi le corps sans vigueur ; c’est pourquoi la mortalité s’en est incontinent emparée. Ainsi, pour la ruine totale de l’homme, le péché a détruit la justice ; la convoitise s’étant soulevée a troublé la paix ; l’immortalité a cédé à la nécessité de la mort : voilà l’ouvrage de Satan, opposé à l’ouvrage de Dieu, Or le Fils de Dieu est venu « pour dissoudre
l’œuvre du diable» nous dit-il lui-même dans son Evangile. Il est venu « pour réformer l’homme selon le premier dessein de son Créateur, » comme nous enseigne l’Apôtre ». [Ponctuation d’origine].

Bossuet. Sermon pour le jour des Pâques de 1654.

FL dit: à

Charlus est-il Falstaff ? Cet homme vieilli, énorme, pathétique, chassé par son protégé et Mme Verdurin, descendant enfin les Champs-Elysées, conduit par le seul Jupien, toujours fidèle.

D. dit: à

Non mais je ne suis pas là pour plaisanter, Berénice. Si je me gave d’endives, c’est que ça me fait énormément de bien.

Pablo75 dit: à

j’ai écouté cinq minutes des Préludes de Chopin joués par votre Yuja Wang…Première impression: si elle n’était pas jeune, jolie, et à moitié à poil devant son piano, personne n’aurait l’idée de lui demander de jouer en concert.
closer dit: à

Tu dis n’importe quoi. C’est une excellente pianiste, avec une technique ahurissante et avec un sens musical bien supérieur à celui d’un Lang-Lang, par exemple. Avant de la juger, écoute-la longuement. Sur Youtube il y a beaucoup de vidéos d’elle. Si sa mini jupe gêne ton écoute, regarde-là bien habillée, comme ici:

Yuja Wang plays Scriabin’s Sonata No.2 (2013, Japan)
https://www.youtube.com/watch?v=Hpi0Lvu1INo

closer dit: à

Parmi ceux que je connais, B, j’aime bien Anne Queffélec, Alexandre Tharaud, Gregory Sokolov…

closer dit: à

L’argent, B, l’argent.

FL dit: à

Eprouvant je ne dis pas le contraire. Mais dès sa fuite à Berlin il avait déjà commencé à claudiquer.

closer dit: à

Evidemment que D n’est pas Damien, puisque Damien est Delaporte

FL dit: à

Pas certain que Marcel Proust lise Shakespeare. Pas plus que la Bible d’ailleurs.

D. dit: à

Moi je trouve que se focaliser sur la mini-jupe au lieu du jeu, c’est quasi-sexiste.
J’ai bien envie d’appeler Madame Schiappa pour lui signaler.

FL dit: à

Cet homme qui n’arrive plus à filmer ça me rappelle Terry Gillian. Il aura réalisé un chef-d’oeuvre – Brazil – mais le reste ?

FL dit: à

Ils sont quand même un certain nombre à ne plus réussir à filmer à partir d’un certain moment. Entre l’âge et les emmerdements sans fins qu’on leur fait…

et alii dit: à

Fl; « pas certain….. »
je ne vous dirai que des choses certaines en tant qu’elles ont été écrites par PROUST et soulignées par MIMOUNI SUR LA REGLE DU JEU comme  »
«Je voudrais, à l’aide d’une citation de Ruskin vous faire comprendre que, quelles que soient vos croyances, la Bible est quelque chose de réel, d’actuel, et que nous avons à trouver en elle autre chose que la saveur de son archaïsme et le divertissement de notre curiosité», affirmait Proust[12]. Et de citer Ruskin : «Les Ier, VIIIe, XIIe, XVe, XIXe, XXIIIe et XXIVe psaumes, bien appris et crus, sont assez pour toute direction personnelle, ont en eux la loi et la prophétie de tout gouvernement juste, et chaque nouvelle découverte de la science naturelle est anticipée dans le CIVe. Considérez quel autre groupe de littérature historique et didactique a une étendue pareille à celle de la Bible[13].»
https://laregledujeu.org/2019/05/16/34851/les-vertus-hebraiques-du-grand-pere-de-proust/

et alii dit: à

cité par mimouni:
« azare Isidor, le grand rabbin de France, prononçait l’oraison du défunt devant la foule tassée dans l’allée qui conduisait au carré israélite du cimetière Après le discours en français, vint le moment d’entonner le kaddish, le moment le plus solennel, l’appel à la résurrection des morts. Sa psalmodie en hébreu avait de quoi stupéfier un enfant de sept ans. Le roman proustien s’entend précisément comme un kaddish, encore qu’il n’émet pas qu’un vœu, il témoigne que le passé peut réellement ressusciter.

Proust prenait conscience qu’il appartenait à ce qu’on appelle classiquement «la grande bourgeoisie israélite». Mais Godchaux remettait en cause une définition sociologique aussi restreinte. Elle ne dépendait que d’un concours de circonstances dans l’histoire d’Israël, selon lui. Il affirmait avec force que les Juifs n’étaient pas exclusivement voués au commerce et à l’industrie. «Depuis la plus haute Antiquité, l’Israélite a été estimé comme guerrier[2].» Godchaux célébrait, en particulier,

rose dit: à

technique ahurissante

Ai vu danser artiste japonaise le flamenco avec une technique ahurissante et une robe éblouissante.
Jeune jolie, pas à poil du tout.
Eh bien, cela ne passait pas : pas une once d’émotion.
Étrange chose que la technique lorsqu’elle n’est pas subordonnée à autre chose de différent.
Peut-être que au piano c’est différent.

renato dit: à

Par exemple, à propos de la Sonate Hammerklavier, The New York Times, 15 maggio 2016.

« La virtuosité de Mme Wang va bien au-delà d’une facilité déconcertante. C’est à travers cette interprétation de Beethoven qu’elle a magnifiquement fait ressortir les détails complexes, les voix intérieures et les colorations harmoniques. Le premier mouvement avait de l’élan et de l’audace. Le scherzo sautillait avec impertinence et emprise rythmique. Dans le grave, grand mouvement lent, il joue avec retenue et intensité. Elle vous a tenu en haleine tout au long de la transition insaisissable, jusqu’à la fugue noueuse et dense, qu’elle a ensuite livrée avec une dextérité incommensurable. »

https://www.nytimes.com/2016/05/16/arts/music/review-yuja-wang-tackles-beethovens-hammerklavier-assured-to-a-fault.html

Puis si les moralistes d’emprunt s’arrêtent à comment elle s’habille, pas de débat possible… drôle de XXIe siècle !

renato dit: à

maggio > mai

renato dit: à

… tout passe, tout lasse, tout casse… souvenirs… on pardonnera à un vieux schnock un moment de nostalgie

Ouverte en 1723, la Madonnina, l’une de plus anciennes trattorie milanaises, vient de fermer. On y allait pour les risotti (celui au safran bien à part, aux orties, aux cailles, à l’osso buco in gremolada, aux filets de perche poêlés au beurre et à la sauge) et les excellentes pâtes maison ; mais aussi pour ces plats que l’on n’avait pas le temps de préparer à la maison, comme les boulettes de viande dites mondeghili * et divers rôtis, dont le rôti noyé (que Pellegrino Artusi appelle rôti mort *) accompagné d’épinards au beurre.

Mais quelque chose reste, p. ex. la trattoria Bagutto, cité dans un document d’échange de biens immobiliers daté de 1284 sous le nom Berlochium, mot lombard signifiant « lieu où l’on mange » au quatrième mile de la route Paullese, route d’origine romaine entre Milan et Crémone, désormais via Elio Vittorini. Toutefois la carte est moins attrayante que celle de la Madonnina.

* mondeghili de l’arabe al-bunduck via l’espagnol albondiga muté en albondeguito puis en albondeghito qui deviendra, in fine, mondeghili.
* La science en cuisine et l’art de bien manger, recette n° 526.

Pablo75 dit: à

Yuja Wang a joué sous la direction de tous les grands chefs du XXI siècle.

Je ne crois pas que cela soit à cause de sa façon de s’habiller…

closer dit: à

Je ne doute pas de sa technique Pablo. Les pianistes chinois travaillent 12, 15, 20 heures par jour (j’exagère peut-être…) et à ce niveau là, une virtuosité parfaite est le minimum syndical. Mais pas une once d’émotion ou de profondeur dans ce début des Préludes de Chopin.

Je vais écouter la sonate de Scriabine.

renato dit: à

ne le demande pas ça > ne demande pas ça

closer dit: à

Très belle sonate de Scriabine. Je l’ai écouté sur une petite enceinte séparée grâce à Bluetooth. Donc pas influencé par son physique super canon qui peut orienter le jugement de l’auditeur le plus motivé.
Après tout, peut-être que Chopin n’est pas son truc ou que l’ayant tellement écouté par les plus grand, je suis trop difficile.
De façon générale, j’apprécie les pianistes sur les morceaux qui ne demandent pas de virtuosité particulière. On reconnaît les plus grands dans les mouvements lents. Ou l’on s’ennuie ou l’on est envoûté.

closer dit: à

N’en jetez plus Renato! On a compris que vous étiez fasciné, captivé, ensorcelé par Yuja Wang…

renato dit: à

Arrêtez vos conneries Closer. Rapidité, souplesse, puissance et nuances interprétatives bien à part, il y a chez YW un souci de clarté donc de rationalité. C’est là qui faudrait chercher l’émotion… si on en est capables, naturellement.

Clopine dit: à

Même aujourd’hui, ça me fait drôle… Val, Onfray, etc… Les homosexuels, pour les droits desquels nous nous battions tant (« tout serait changé ! »), et qui n’ont rien eu de plus pressé que de réclamer le mariage (le mariage !)… Je ne parle même pas de Mitterrand… Bref, tout ce en quoi on a cru, même un simple moment… Et voici que moi, la féministe, je dois bien me rendre à l’évidence : la première femme à accéder à la présidence française sera probablement d’extrême-droite… Bon sang, mes soeurs, où avons-nous foiré ? Je veux dire, à ce point ?

closer dit: à

Vous vous vexer facilement Renato…Zen…

renato dit: à

Ensorcelé, wow, qui emploie encore des mots si stupides, les commères bien à part ?

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