de Pierre Assouline

en savoir plus

La République des livres
Du rififi en perspective dans la tintinosphère

Du rififi en perspective dans la tintinosphère

Que vous ne commenciez pas votre journée par la lecture de notre cher Journal officiel dit J.O. passe encore. Mais que vous fassiez quotidiennement l’impasse sur celle du Moniteur belge, son équivalent dans le royaume d’à-côté, est une faute de goût qui suffirait à vous faire passer pour un bougre de crème d’emplâtre à la graisse de hérisson. La tintinosphère, qui en épluche scrupuleusement chaque numéro, y a découvert que le 18 septembre dernier un acte avait été déposé par notaire au greffe constatant la démission de Fanny Rodwell, 86 ans, de sa fonction d’administrateur de Moulinsart S.A. pour cause d’incapacité (ce que tout analphabète diplômé saurait traduire : maladie d’Alzheimer) ; et que le 13 novembre, son mari Nick Rodwell, 68 ans, en était désigné président du conseil d’administration. Autant dire que ce dernier a désormais la haute main sur Tintin, nouvelle plus inquiétante que réjouissante eu égard à sa personnalité de bulldozer à réaction..

Au début des années 90, quand je me suis lancé dans ma biographie d’Hergé, Rodwell était hostile au projet contrairement à Fanny qui, passant outre son opposition, ne m’a pas seulement grand ouvert les archives professionnelles et privées du dessinateur, sans restriction malgré le risque d’y découvrir des cadavres dans le placard ; elle m’a même accompagné au ministère de la Justice car seules sa présence et sa signature in situ permettaient que me soit communiqué le dossier d’épuration de Georges Remi relatif à ses activités sous l’Occupation. Elle c’est elle, lui c’est lui, malgré l’amour et l’admiration qu’elle lui porte. Elle l’a toujours défendu face aux innombrables critiques qu’il suscite, mais n’a jamais cédé sur un certain nombre de points.

Légatrice universelle de son œuvre, elle avait en principe le dernier mot en matière de droits dérivés et d’exploitation de l’œuvre d’Hergé. Face à la tentation de la prolonger en confiant la suite à d’autres, elle s’était dressée comme un rempart, avant tout soucieuse de faire respecter la volonté du créateur de Tintin : il avait toujours dit que son héros mourrait avec lui. S’il ne l’a précisé dans son testament, il l’a du moins exprimé à maintes reprises dans ses conversations avec sa femme, qui est tout sauf une fatma de prisunic, ainsi que dans l’entretien historique qu’il avait accordé à Numa Sadoul pour son livre. Passer outre serait une trahison. Mais qu’en sera-t-il maintenant qu’elle passe la main ? Nick Rodwell, qui envisage même une comédie musicale, et que la perspective d’une suite n’empêche pas de dormir puisque c’est déjà le cas des héros d’Alix et de Blake&Mortimer, n’a qu’une ligne : d’une œuvre il ne pense qu’à faire une marque.

Ses excès sont tels que plus d’une fois les responsables de sa propre société ont dû le recadrer, le censurer ou le démentir. Ainsi quand il insulta des journalistes sur son blog en faisant des allusions graveleuses à leur vie privée. Ou encore ces jours-ci en assurant dans la presse que le projet de Patrice Leconte, qui a fait ses débuts comme dessinateur et scénariste de BD à Pilote, d’adapter Les Bijoux de la Castafiore, seul huis-clos surréaliste du corpus hergéen, était « une fake news », lui reprochant de « se raconter des histoires », avant que Moulinsart n’assure que des contacts était en cours et qu’ils allaient se poursuivre.

Il a réussi l’exploit de se mettre à dos la tintinosphère à force de menaces, d’intimidations et de procès, alors que ses fidèles se considèrent comme les co-héritiers d’un trésor national vivant, comme disent les Japonais. Il exige de la maison de vente aux enchères Artcurial qu’elle lui donne l’avant-projet dessiné par Hergé pour la couverture du Lotus bleu , non seulement historique mais magnifique, au motif que sa place est au Musée Hergé. Une telle attitude rend délicate jusqu’à l’exégèse des albums. De quoi faire reculer nombre d’auteurs, ce qui n’est pas plus mal s’agissant des cuistres de la bêtise savante ; mais pas Jacques Langlois, fort heureusement, collectionneur qui en est de longue date un familier et qui a l’avantage sur d’autres d’avoir rencontré le maitre et d’avoir même entretenu une longue correspondance avec lui. On en retrouve des échos dans Petit éloge de Tintin, essai attachant et bienveillant qui vient de paraitre (12 euros, 280 pages, éditions François Bourin). Dans cet hommage riche d’informations, il revient notamment sur la rivalité De Gaulle-Tintin (et l’authenticité du fameux « Au fond, vous savez, mon seul rival international, c’est Tintin ! » confié à Malraux qui le répètera dans Les chênes qu’on abat)) et sur l’amitié qui liait Hergé à Gabriel Matzneff, ce dont ils n’ont jamais fait mystère- mais cinq ans avant que le dessinateur ne troque les culottes de golf de son héros contre un jean, quand ce n’était encore qu’à l’état de projet, un article de l’écrivain dans Combat sous le titre « Ne déculottez pas Tintin ! » ne manque pas de piquant avec le recul…

Rodwell est un ayatollah du droit d’auteur, de son strict respect dans l’acception la plus étroite, sans considération de la qualité de ses victimes, multinationale d’édition ou animateur d’un fanzine, en contradiction avec la générosité d’Hergé. Il est vrai qu’il ne l’a pas connu bien qu’il le représente. Inutile de lui parler d’intertextualité ou d’exception de parodie. Or les hommages, les détournements, les citations, emprunts ont la vertu de faire vivre un héros menacé de ringardisation quand triomphent des superhéros. Pas facile de faire vivre une œuvre fermée depuis près d’un demi-siècle.

En le hissant sur le haut de gamme pour en faire un produit de luxe, il a rapproché Tintin du marché de l’art, de l’argent et donc des adultes tout en l’éloignant du monde des enfants, comme l’a fait observer le chroniqueur BD Olivier Delcroix. Si ca continue Bernard « LVMH » Arnault et François Pinault vont se disputer le dossier ! Une chose est de protéger l’œuvre, et Moulinsart S.A. s’en acquitte bien ; une autre est de prétendre user un droit de vie ou de mort sur toute œuvre (dessin, BD, livre etc) qui traiterait de l’univers de Tintin. Or il est difficile de le faire sans en reproduire quelques extraits ; mais comment y parvenir dès lors que toute vignette tirée d’un album est tenue pour une œuvre à part entière ? Cette tyrannie est d’autant plus absurde que Moulinsart et Rodwell ne sont pas fondés à l’exercer puis que c’est Casterman, l’éditeur historique d’Hergé, qui possède les droits sur les albums comme l’a récemment confirmé la cour d’appel de La Haye ! Plutôt maladroit pour un obsédé du droit.

De tous les franchisés de la marque à la houpette (Rodwell avait eu le flair d’ouvrir la première boutique Tintin, à Londres du côté de Covent Garden), il est celui qui a le mieux réussi. Je dirais même plus : avec lui, il faut s’attendre à tout. Chaque fois qu’il ouvre la bouche il en sort des imprécations, des injonctions et des mises en demeure. M. Rodwell dit « le mari de la veuve » est devenu à son corps défendant au fil des ans et des procès le subliminal ultime personnage des aventures de Tintin, à ceci près qu’il ne fait pas rire, enfin, pas toujours. Mais désormais tout puissant, ayant assouvi son obsession de contrôle total, il se pourrait que cet astronaute d’eau douce accède enfin à une certaine sagesse dans l’esprit du Dalaï-Lama. Nous serons bientôt fixés selon qu’il demandera ou non à Moulinsart S.A. de nous adresser une lettre comminatoire assortie d’une conséquente facture de droits d’auteur pour l’usage immodéré et sans autorisation que cette chronique a fait du mot « Tintin », déposé donc protégé selon lui, et pour ses emprunts au riche lexique haddockien de l’injure, dont on espère qu’à l’occasion des 90 ans du capitaine en 2021, il sera enfin classé au patrimoine mondial de l’humanité.

(« Détournement du Sceptre d’Ottokar par des internautes« )

 

Cette entrée a été publiée dans Bandes dessinées.

1156

commentaires

1 156 Réponses pour Du rififi en perspective dans la tintinosphère

D. dit: à

Bérénice, sachet que si 30 % des bonnes femmes sont en Surpoids flagrant, 30 autre % sont en sous-poids.
Il est facile dès lors de calculer qu’il ne reste que 40 % de bonnes femmes de poids convenable.

D. dit: à

Ce soir je mange des endives au jambon bio sabs nitrites. L’un des plats les plus diététique qui existe. Et je peux vous expliquer pourquoi.

D. dit: à

Donc l’illustration ne vous classe pas plus à vos propres yeux que l’obscurité.

…p’tain…faut que t’arrêtes, là, Jaja. Je te sens dans une…comment dire…impasse.

Jazzi dit: à

11

Ma mère, douée de beaucoup d’esprit et d’une imagination prodigieuse, avait de grands traits, était noire, petite et laide ; l’élégance de ses manières, l’allure vive de son humeur contrastaient avec la rigidité et le calme de mon père. Aimant la société autant qu’il aimait la solitude, aussi pétulante et animée qu’il était immobile et froid, elle n’avait pas un goût qui ne fût opposé à ceux de son mari. La contrariété qu’elle éprouva la rendit mélancolique, de légère et gaie qu’elle était. Obligée de se taire quand elle eût voulu parler, elle s’en dédommageait par une espèce de tristesse bruyante entrecoupée de soupirs, qui interrompaient seuls la tristesse muette de mon père. Pour la piété, ma mère était un ange.

12

Ma mère ne parut pas très satisfaite que mon père ne songeât plus pour moi à la « carrière ». Je crois que, soucieuse avant tout qu’une règle d’existence disciplinât les caprices de mes nerfs, ce qu’elle regrettait, c’était moins de me voir renoncer à la diplomatie que m’adonner à la littérature.
« Mais laisse donc, s’écria mon père, il faut avant tout prendre du plaisir à ce qu’on fait. Or, il n’est plus un enfant. Il sait bien maintenant ce qu’il aime, il est peu probable qu’il change, et il est capable de se rendre compte de ce qui le rendra heureux dans l’existence. »
En attendant que, grâce à la liberté qu’elles m’octroyaient, je fusse, ou non, heureux dans l’existence, les paroles de mon père me firent ce soir-là bien de la peine. De tout temps ses gentillesses imprévues m’avaient, quand elles se produisaient, donné une telle envie d’embrasser au-dessus de sa barbe ses joues colorées que si je n’y cédais pas, c’était seulement par peur de lui déplaire.
Aujourd’hui, comme un auteur s’effraye de voir ses propres rêveries qui lui paraissent sans grande valeur parce qu’il ne les sépare pas de lui-même, obliger un éditeur à choisir un papier, à employer des caractères peut-être trop beaux pour elles, je me demandais si mon désir d’écrire était quelque chose d’assez important pour que mon père dépensât à cause de cela tant de bonté.

13

Un par un, le roman a découvert, à sa propre façon, par sa propre logique, les différents aspects de l’existence : avec les contemporains de Cervantes, il se demande ce qu’est l’aventure ; avec Samuel Richardson, il commence à examiner « ce qui se passe à l’intérieur », à dévoiler la vie secrète des sentiments ; avec Balzac, il découvre l’enracinement de l’homme dans l’Histoire ; avec Flaubert, il explore la terra jusqu’alors incognita du quotidien ; avec Tolstoï, il se penche sur l’intervention de l’irrationnel dans les décisions et le comportement humains. Il sonde le temps : l’insaisissable moment passé avec Marcel Proust ; l’insaisissable moment présent avec James Joyce. Il interroge, avec Thomas Mann, le rôle des mythes qui, venus du fond des temps, téléguident nos pas.
J’y ajoute encore ceci : le roman est l’oeuvre de l’Europe ; ses découvertes, quoique effectuées dans des langues différentes, appartiennent à l’Europe toute entière. La succession des découvertes (et non pas l’addition de ce qui a été écrit) fait l’histoire du roman européen.

14

J’écris ces pages comme on rédige un constat ou un curriculum vitae, à titre documentaire et sans doute pour en finir avec une vie qui n’était pas la mienne. Il ne s’agit que d’une simple pellicule de faits et de gestes. Je n’ai rien à confesser ni à élucider et je n’éprouve aucun goût pour l’introspection et les examens de conscience. Au contraire, plus les choses demeuraient obscures et mystérieuses, plus je leur portais de l’intérêt. Et même, j’essayais de trouver du mystère à ce qui n’en avait aucun. Les évènements que j’évoquerai jusqu’à ma vingt et unième année, je les ai vécus en transparence – ce procédé qui consiste à faire défiler en arrière-plan des paysages, alors que les acteurs restent immobiles sur un plateau de studio. Je voudrais traduire cette impression que beaucoup d’autres ont ressentie avant moi : tout défilait en transparence et je ne pouvais pas encore vivre ma vie.

15

Je vais vous mettre les points sur les i ! Écoutez bien ce que je vous annonce : les écrivains d’aujourd’hui ne savent pas encore que le cinéma existe !… et que le cinéma a rendu leur façon d’écrire inutile…
– Comment ? comment ?
– Parce que leurs romans gagneraient beaucoup, gagneraient tout, à être repris par un cinéaste… leurs romans ne sont plus que des scénarios, plus ou moins commerciaux, en mal de cinéastes !… le cinéma a pour lui tout ce qui manque à leurs romans : le mouvement, les paysages, le pittoresque, les belles poupées, à poil, sans poil, les Tarzan, les éphèbes, les lions, les jeux du Cirque à s’y méprendre ! Les jeux de boudoir à s’en damner ! La psychologie !… les crimes à la veux-tu voilà !… des orgies de voyages ! comme si on y était !

D. dit: à

Mais cnest Jules Renard que tu cites, Jazzi ?
C’est nul de nul.

Lara dit: à

D.,
Mais comment fais-tu pour manger des endives ?
J’ai du mal à imaginer une andouille bouffant des endives !

x dit: à

Citation contre citation.
Faisons répondre le Malraux de L’homme précaire et la littérature au Céline des Entretiens avec le professeur Y (extrait 15 de Jazzi) :

« Lorsque Gérard Philipe incarne Fabrice del Dongo, il ne transforme pas le Fabrice de Stendhal, mais un Fabrice réduit à sa biographie. Il n’y a pas identité entre le roman et le film, mais entre l’histoire que semble raconter le roman et celle que raconte le film. Or, on ne peut pas plus ramener un personnage de roman à sa biographie, qu’un roman à son intrigue. »

« Le génie de Stendhal est ailleurs. […] le génie du romancier est dans la part du roman qui ne peut être ramenée au récit. Celle du cinéaste aussi. Mais […] ce n’est pas la même. »

Et quelques pages plus loin :

« Le vrai Tolstoï, c’est ce qu’on ne peut pas transposer, après qu’on a tout transposé. »

BB dit: à

Bravo petit x, prends-nous pour des cons et continue comme ça de piquer les critiques et analyses de Babelio et de Sens Critique pour nous les balancer à la gueule. Ça chourave le boulot des autres et ça se croit malin, pôv’bougre.

x dit: à

Jazzi, vous ne signalez pas les coupes dans le texte ?
(Dans votre extrait 12, par exemple, les lectures de la mère de Chateaubriand sont passées à la trappe, si j’ose dire.)

Trois petits points entre crochets, ce n’est pourtant pas la mer à boire.

renato dit: à

Art et scjence, #2
Je suppose qu’ici tout le monde a lu The two cultures and a second look. C. P. Snow y dénonçait de manière provocatrice la scission entre sciences et arts et soutenait l’idée que cette scission devrait être corrigée.
Primo Levi lui répondit que s’il y avait vraiment eu une scission entre la science et art, c’était une scission contre nature. Cependant aujourd’hui encore nous sommes confrontés à la provocation de Snow, car même la scission entre les deux cultures n’est pas encore corrigée. Toutefois, aujourd’hui, face à l’écart, il est utile et nécessaire de reprendre l’approche de Primo Levi : les deux cultures ne sont qu’une.
L’approche de Levi au problème soulevé par Snow est intéressante, parce qu’il nous dit que l’art et la science sont des manifestations différentes mais profondément interpénétrées d’une seule culture, car comme produits de l’évolution biologique et culturelle elles s’entremêlent et s’influencent mutuellement bien plus que l’on ne le croit.

… à suivre

renato dit: à

Oups ! car même la scission > car la scission

BB dit: à

Malraux, l’escroc.
Y faisait le beau au Cambodge et volait ses trésors sans honte ni regret.
Compagnon de route des cocos, compagnon trop encombrant et sacrément inutile.
Résistant de pacotille et fort-en-gueule braillard comme un bonimenteur de foire.
Lèche-bottes de première du Général à la triste figure et son ministre de culture pour tous mais pas pour tout le monde.
Toutes les postures grandiloquentes qu’il arborait n’étaient en fait que des impostures d’apparat bonnes pour la foule des nigauds.
L’auteur des Antimémoires, bourrés d’anti-vérités, a prouvé, par sa vie comme par son oeuvre, que l’Imposture est la seule condition humaine qui vaille. SA condition humaine.

D. dit: à

Vous savez où ceux qui ont peine d’imagination peuvent de carer leur endive ?

D. dit: à

L’endive au jambon gratinée au four est LE plat diétetique par excellence. Beaucoup de fibres, des protéines du fromage et du jambon , très peu de glucides donc pas de pic insulinique responsable du stockage des graisses, ration calorique étonnement faible grâce à l’endive.

D. dit: à

Ça et la tête de veau sauce Ravigote accompagnée de ses petits legumes.

D. dit: à

Le boudin noir aux pommes est très bien aussi.

x dit: à

BB, si je voulais plagier j’utiliserais d’autres sources, disons plus « pointues », dans la bibliographie secondaire austénienne (immense et extrêmement variée).

Mais puisque vous prenez la peine de lancer ce genre d’accusation, il vous sera sans doute facile d’étayer vos allégations de démarquage en donnant ici à comparer les passages incriminés de mes commentaires avec leurs sources supposées.

D. dit: à

Je fabule, mais le monde commence à ressembler à mes fables.

Qui a dit ça ? Dédé ou Malraux ?

Paul Edel dit: à

Jazzi, je n’ai pas dû suivre assez attentivement ton cours de littérature car je me demande pourquoi tu mets des numéros à tes gélules d’extraits de Kundera ou de Chateaubriand. Les bars et cafés parisiens avec terrasses doivent te manquer cruellement.A moi aussi! Alors je sors un bouteille de Quincy et je regarde les films de Woody Allen, surtout ceux où les personnages se réfugient dans les bars les plus chics de Manhattan; je te conseille « Un jour de pluie à new-york », bonne cuvée,bons dialogues. et comme tu es sympa de signaler mon blog germanico-mannien devenu sanatorium pour les intoxiqués de littérature du passé, tu devrais vraiment suivre mon dernier conseil de gardien d’écrivains oubliés sur une étagère du fond:découvrir Louis Calaferte,il a ascendance italienne comme toi. Un de ses meilleurs livres « Septentrion » fut condamné pour obscenité.ça mérite respect et relecture.Bref, un écrivain rare. Je vois qu’imperturbable, tu causes livres,Bible, Jeanne d’Arc,les grands sujets existentiels, ,sans te soucier des nuées de flèches au curare que certains commentateurs envoient à heure fixe entre tes interventions ou carrement sur toi..Voilà, c’était ma carte postale de Saint-Malo entre deux averses.J’évite les Ehpad du haut quartier de la Roulais et leurs halls vitrés qui,dans mes insomnies, semblent vouloir me happer tout cru.

B dit: à

J’ai réservé, je crois, tout Chateaubriand à l’exception de ses mémoires. Quelqu’un a-t-il lu Château en dehors de ses mémoires?

Sinon, D, puisque vous l’aimez, vous n’auriez pas 1000 ou 2000 euros, il faut que je fasse les soldes

B dit: à

vous m’aimez, n’est-ce pas?

D. dit: à

Si j’ai ça.
Je les envoye où ?

D. dit: à

Oui je vpus aime bien. Je me suis attaché à vous après toutes ces années.
Je les envoye où ?

B dit: à

D, vous pourriez aussi opter pour la tourte aux poireaux. Je ne compte pas les calories. Il faut des poireaux, de la crème épaisse, un fromage de votre choix, des oeufs, de la pâte brisée, de la muscade, du paprika, du sel, un four.

B dit: à

Où vous savez, CRCA, même compte que d’habitude.

D. dit: à

Ok je fais ça en priorité.

D. dit: à

Par contre je n’ai pas de paprika.

B dit: à

Et j’ai emprunté un Jacques de la Cretelle à ma mère. Silbermann. Quand j’en aurai fini avec La peste.

B dit: à

C’est pas obligatoire, j’en mets, c’est du doux, un peu partout car je ne sais pas quoi en faire et ça ne change pas grand chose au schmilblick, à vrai dire.

BB dit: à

Petit x,
Mais non minable x, t’es pas un plagiaire, t’es juste un minable pickpocket inculte qui s’la pète avec les idées volées aux honnêtes gens qui pensent et écrivent sans tricher. Minable et honteux.

Lara dit: à

D.,
Tu fais trop de fautes dans tes commentaires de merde.
T’a pas un nègre pour les corriger ?
Ou peut-être est-ce la vieillesse qui te rend de plus en plus con.
Bouffe tes endives, sont vraiment bonnes, les endives, pour les sans-dents, pas vrai ?

Marie Sasseur dit: à

@mais avec la complicité de la presse et des rédacteurs en chef qui savent qu’un beau scandale sexuel fait plus vendre le journal que la recension un peu mécanique des noms connus de la rentrée littéraire.

Ça boit sec à Saint- Malo, « le journal météo » a annoncé une dépression chronique, sur la plage putride où vont s’écraser des mouettes mazoutées.

x dit: à

BB, c’est bien ce que je pensais. On vous souhaite de ne pas crever de ressentiment.

Parlez-nous plutôt, et Lara (« hi hi ») aussi, de Sadegh Hedâyat.

renato dit: à

Qu’à propos des fait relatés par Camille Kouchner dans La Familia Grande « madame » Catherine Clément fasse usage du mot « délation » en dit long sur la conscience civique et le sens moralque dont cette philosope est deporvue ; mais disons que j’ai frequenté assez d’intellectuel pour savoir qu’elle n’est pas une exception.

BB dit: à

x,

On ne parle pas de Sadeq Hedayat.
On le lit en persan et on le médite dans toutes les langues.. Hihihihihihi…

BB dit: à

X,

Bonne nuit mon joli petit x et… sans rancune ok ? 😉

B dit: à

mais avec la complicité de la presse et des rédacteurs en chef qui savent qu’un beau scandale sexuel fait plus vendre le journal que la recension un peu mécanique des noms connus de la rentrée littéraire.

C’est cyclique, avec un trimestres espacé. Un metoo de l’inceste, on peut aller jusqu’à supposer qu’il y a autant d’enfants abusés et ou violés que de femmes. Après tout, tout est possible. Cependant peu de victimes ont les moyens de faire du bruit et de contrarier le sage ordre de la bonne société et bien que ces histoires concernent toutes les strates. Si j’étais l’une d’elle, je ne sais pas trop si à l’édition je ne préfèrerais pas le recours juridique, personnel et dénué de marchandisation.

Janssen J-J dit: à

@ Quelqu’un a-t-il lu Château en dehors de ses mémoires?

Oui, récemment : René puis Atala… Pourquoi ? M’ont pas bien emballé, étaient pas aussi BRILLANTS que les MO-T. En revanche, « le Génie du christianisme », non, l’ai point jamais lu ni ne le lirai jamais, même en allemand. Je laisse plutôt ça à jissé ou à D. pour q’ils vous donnent leur futur CR aux endives de porquerolles.

B dit: à

Merci JJJ, je verrai si je prends ces deux tomes ou pas. Le vendeur ne m’en tiendra pas rancune.

Marie Sasseur dit: à

Des nouvelles du journal, des fois qu’à St Malo, soyent ravitaillés pas très fraîchement:

« L’écrivain Gabriel Matzneff, visé par une enquête pour viols sur mineurs, sera en outre jugé le 28 septembre 2021 pour «apologie» de pédophilie devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, spécialisée dans les affaires de presse et de liberté d’expression. »
La Croix

Janssen J-J dit: à

@ PE, Un de ses meilleurs livres « Septentrion » fut condamné pour obscénité. ça mérite respect et relecture.

Me souviens l’avoir beaucoup lu, Calaferte, dans ma trentaine… Etait une oeuvre chaude, sulfureuse, élégiaque, à part et souvent tragique (Promenades dans un parc ; Memento mori : récits ; L’homme vivant ; Droit de cité). OK avec vous pou Septentrion, qui était bien au dessus du panier… Qui annonçait (ou suivait ? -pas vérifié- « la mécanique des femmes » avec bien plus d’ampleur et de métaphysique, me souviens-je… Et puis, plus récemment (59 balais), suis tombé sur ‘Episodes de la vie des mantes religieuses’, exhumé et préfacé par marcela iacub, créature s’imaginant toujours prête à sauver les prédateurs sexuels en succube de l’amour.
Le charme violent ressenti à la fréquentation assidue de cette œuvre envoûtante à la trentaine n’opérait plus à l’aube de la soixantaine. Exactement comme il en alla pour moi avec l’œuvre de Pierre Guyotat…
Suis néanmoins ému et reconnaissant que vous ayez remonté Louis Calaferte de son purgatoire… Merci bien @ Paul Edel.

Paul Edel dit: à

il faut lire « La vie de Rancé », avec des fulgurances sur fond obscur .Breton ne s’y trompa pas en déclarant « Chateaubriand est surréaliste dans l »‘exotisme ». Roland Barthes a écrit un texte là dessus. Mais le kitsch d’Atala me plait assez.

B dit: à

Lu, PE, j’ai même goûté à l’humour de Château parmi ces pages si sombres! A la fin.

Marie Sasseur dit: à

« et comme tu es sympa de signaler mon blog germanico-mannien devenu sanatorium pour les intoxiqués de littérature du passé, »

Ça tapine dur à St Malo.
Manque de clients, ça re-invite ceux foutus dehors pour atteinte à la vie privée.
Alors qu’en lisant le journal meteo, tranquillou, on voit à peu près le tableau..

Marie Sasseur dit: à

« il faut lire « La vie de Rancé ». »

Il vaut mieux lire J-M de Montremy.

B dit: à

Je n’ai pas suivi tout l’échange, MS, on se shoote avec ce qu’on a. Ça rappelle le « Enivrez vous
…  » de je ne sais plus qui.

Marie Sasseur dit: à

« Les autres membres de la famille. Les neutrinos dans l’univers. »

Bloom dit: à

Vous êtes un peu dur avec Malraux, BB.
Je suppose que vous n’êtes jamais allé au Bangladesh. Que vous n’avez jamais rencontré d’ancien ‘mukhti bahini’, de combattants de la liberté bengalis, résistants à l’armée pakistanaises en 1971. Qu’on ne vous a pas dit le soutien puissant que représenta l’appel lancé par André Malraux à former des brigades internationales, alors que se déroulait dans un silence tonitruant un véritable génocide que ni les soviétiques, ni les américains n’étaient prêts à stopper.
Je vous recommande de regarder le documentaire de Philippe Halphen, Bangladesh an 1 : du désespoir à l’espoir », O.R.T.F., 1973, INA.
Vous avez certainement accompli de grandes et belles choses. Un jour peut-être, un journal, dira de vous:
« His contribution to our liberation was enormous. He helped move the then bemused world community against the atrocities committed by Pakistani military on the peace loving people of Bangladesh. » (Prothomalo, 17 mars 2020, disponible sur le net)

Janssen J-J dit: à

@ ça re-invite ceux foutus dehors pour atteinte à la vie privée

Et c’est tout à son honneur, MS, d’avoir su dépasser son moment d’extrême vexation et égarement à l’encontre de jzmn.
Seriez pas du genre, vous !… Et pourtant, icite, que signifie votre C-B chez l’herdélie pour venir prêcher la nouvelle morale de l’inceste incorrect ? hein, Ducogne ?
Comme on sent poindre la montée progressive des injures ad hominem tout azimuts, puisque vous n’en êtes apparemment pas guérie, autant en anticiper un brin les flots spumescents de blanche bave à vos commissures haineuses 🙂
Bàv,

Janssen J-J dit: à

Personnellement, le soleil noir m’a toujours laissé un goût de rance dans la gorge. Edel, ne lui tenez pas rigueur de cette pitoyable cuistre tentative de retour en grâce, après vous avoir agoni. Telle fut toujours sa méthode, n’en changera jamais. Je dis ça, je dis rin, mais je sais décoder les tactiques, stratégies et autres stratagèmes de chacune. Et vous pareillement, j’imagine.
Inch Allah.

Marie Sasseur dit: à

Je n’ai plus de mépris à dépenser, (copyright pour saluer le Vicomte malinois). Vous avez plus que largement épuisé mes ressources annuelles, you all. Et nous ne sommes que le 6 de l’an que ven.

Janssen J-J dit: à

Elles vont revenir le 7… pas de l’année 2022, mais bel et bien demain…
Les ressources du mépris épuisées ? Ah ouais ?… comment interpréter ceci : « ça re-invite ceux foutus dehors pour atteinte à la vie privée »…
De la tendresse-bordel ? No comment, next.

Soleil vert dit: à

Janssen J-J dit: à
@ Quelqu’un a-t-il lu Château en dehors de ses mémoires?

Hélas non, mais je garde un excellent souvenir du premier chapitre de « Mon dernier rêve sera pour vous » de d’Ormesson

Jazzi dit: à

16

Il y a là un jeu sérieux, qu’on aura peut-être un jour l’idée d’examiner de près, pour mesurer la marge qui existe entre le réel et l’inventé. Le travail du romancier gomme pour ainsi cette marge, afin de ne laisser qu’une image détachée de lui ou de ses modèles, de ses pilotis. Une image nette, un trait précis. Or, il m’est arrivé, réfléchissant sur cette technique, de prendre goût aux mauvaises épreuves de la photographie, celles où l’on voit à la fois les pilotis et les personnages, où parce que le cliché est bougé, il y a deux ou plusieurs silhouettes qui se chevauchent, et la réalité, précisément la réalité, donne à l’écrit des allures de fantôme. Et cela ne se borne pas au dessin : la lumière peut aussi varier, changeant les rapports, le roman est mal viré, comme l’épreuve. Et par là, plus réel, moins posé, plus loin de l’art du photographe, sans ses horribles retouches. Avec ces simplifications de plan qui le rapprochent de la peinture, d’une main, et cette poésie de matière, d’une matière fausse, qui le rend plus vrai. Et à ce point de réflexion, j’aurais l’envie d’ajouter que c’est de là que vient l’allure rêvée dans le roman, ce qui lui donne pouvoir sur l’imagination du lecteur à venir, lequel sait de moins en moins de quoi nous lui parlons, pour qui tout prend dans le meilleur des cas le caractère de l’image scolaire, de l’Épinal historique.

17

J’allumerai la lampe des songes : je descendrai dans l’abîme. Le feu sourd éclairera ma recherche. Je retrouverai le grand être endormi. Mirage des secrètes profondeurs ! Peut-être l’éclat s’en voudra-t-il une fois sur mes prunelles conserver. J’entends un cœur qui bat vers le centre de mon rêve ; peut-être le mien en saura-t-il une fois recueillir le rythme.
Et cette parole, acclamation étouffée, que profèrent tant d’invisibles bouches, peut-être une fois sur mes lèvres laissera-t-elle son goût survivre. Ce sera ma métaphysique. 

18

Jamais personne ne peut tout dire, ni être totalement honnête : il y a aussi une mystification de la structure, acceptée universellement par consentement tacite. Le dit est réglé par le non-dit, le témoignage par la réticence ; le sentiment civique par la solidarité. Ce n’est qu’en se fondant sur ce qui n’est pas forme, que la forme est telle. Et l’exclusion de la forme est toujours un projet, un calcul. Malheureusement, au consentement tacite j’oppose la verbalité de ma faute : je ne sais pas faire semblant de créer un objet, un mystère. Mais celui-ci se créera, j’espère, dans la tête du lecteur, que je prie précisément à présent d’accepter mes confidences. 

19

Quel est celui de nous qui n’a pas, dans ses jours d’ambition, rêvé le miracle d’une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ?
C’est surtout de la fréquentation des villes énormes, c’est du croisement de leur innombrables rapports que naît cet idéal obsédant.

20

Des rêves ! toujours des rêves ! et plus l’âme est ambitieuse et délicate, plus les rêves l’éloignent du possible. Chaque homme porte en lui sa dose d’opium naturel, incessamment sécrétée et renouvelée, et, de la naissance à la mort, combien comptons-nous d’heures remplies par la jouissance positive, par l’action réussie et décidée ? Vivrons-nous jamais, passerons-nous jamais dans ce tableau qu’à peint mon esprit, ce tableau qui te ressemble ?

Janssen J-J dit: à

@ mais je garde un excellent souvenir du premier chapitre de « Mon dernier rêve sera pour vous » de d’Ormesson

N’ayant jamais pratiqué cet écrivain mineur, SV, j’imagine qu’il faisait allusion à Chateaubriand, pour en dire son admiration ? Car il avait la réputation de savoir admirer la « grande littérature »… J’ai juste, là ?…

Janssen J-J dit: à

Mais pourquoi recopiez vous tout cela, jzmn ? Vous vous imaginez qu’on va lire toutes ces fragmentations avedc tout ce qu’on a à faire ce soi ?… Vous encombrez la table… !
Il y a alain et romy dans la piscine, ça devrait quand même vous calmer !

B dit: à

Chaque homme porte en lui sa dose d’opium naturel, incessamment

Fait l’acquisition d’une boîte à opium, une de celles qui se glissaient dans la poche. Antique, ancienne, Radjhastan, y’ a rien dedans mais est un bel objet orné discrètement d’ambre et d’un point d’ivoire. En forme de mini soucoupe volante .

Jazzi dit: à

21

Afin de compenser la perte irrémédiable que vous avez faite de votre âme, je vous donne l’enjeu que vous auriez gagné si le sort avait été pour vous, c’est-à-dire la possibilité de soulager et de vaincre, pendant toute votre vie, cette bizarre affection de l’Ennui, qui est la source de toutes vos maladies de tous vos misérables progrès.

22

Je suis habité ; je parle à qui-je-fus et qui-je-fus me parlent. Parfois, j’éprouve une gêne comme si j’étais étranger. Ils font à présent toute une société et il vient de m’arriver que je ne m’entends plus moi-même.
« Allons leur dis-je, j’ai réglé ma vie, je ne puis plus prêter l’oreille à vos discours. Á chacun son morceau du temps : vous fûtes, je suis. Je travaille, je fais un roman. Comprenez-le. Allez-vous-en. »

23

Á l’âge où, par inexpérience, on prend goût à la philosophie, je décidai de faire une thèse comme tout le monde. Quel sujet choisir ? J’en voulais un à la fois rebattu et insolite. Lorsque je crus l’avoir trouvé, je me hâtai de le communiquer à mon maître.
– Que penseriez-vous d’une Théorie générale des larmes ? Je me sens de taille à y travailler.
– C’est possible me dit-il, mais vous aurez fort à faire pour trouver une bibliographie.
– Qu’à cela ne tienne. L’Histoire tout entière m’appuiera de son autorité, lui répondis-je d’un ton d’impertinence et de triomphe.
Mais comme, impatient, il me jetait un regard de dédain, je résolus sur le coup de tuer en moi le disciple.

24

Nous ne sommes entourés que d’idiots, de profiteurs et de lâches qui n’ont jamais voulu entendre leur coeur, et ceux qui comme vous ont un coeur, comme vous et moi ont un coeur, se le voient à tout instant glisser dans le gouffre de l’immortelle bêtise qui ne cesse de nous asphyxier et le vomissement impur de la bêtise m’oblige à me boucher le nez devant l’azur.

Car l’âme de l’homme actuel est prisonnière d’un mauvais corps qui lui interdit toute poésie, et le force à vivre sous le carcan irrémissible des lois, qu’elles soient d’armée, de police, d’église, de justice ou d’administration.

25

Si j’ai écrit des livres, c’est que j’ai espéré par des livres mettre fin à tout cela. Si j’ai écrit des romans, les romans sont nés au moment où les mots ont commencé de reculer devant la vérité. Je ne crains pas de livrer un secret. Mais les mots, jusqu’à maintenant, ont été plus faibles et plus rusés que je n’aurais voulu. Cette ruse, je le sais, est un avertissement. Il serait plus noble de laisser la vérité en paix. Il serait extrêmement utile à la vérité de ne pas se découvrir. Mais, à présent, j’espère en finir bientôt. En finir, cela aussi est noble et important.

Bloom dit: à

Chaque homme porte en lui sa dose d’opium naturel
B

écrivain mineur
3xJ

Pour celui qui écrit du fond du puits, c’est l’opium du peuple…

BB dit: à

Bloom,
Merci pour vos salutaires recommandations.
C’est la faute à Jean Lacouture. La lecture de sa biographie consacrée à Malraux, il y a quelque temps, a terni un peu l’image quasi-héroïque que je gardais dans ma mémoire du Malraux de mon adolescence, quand je dévorais voracement ses livres et ses essais.
De l’adolescence et ses admirations à l’âge adulte et ses désillusions… Tout une vie qui passe et qui fuit.
Encore merci et bonne nuit à vous.

renato dit: à

Finalement les Étatsunien experimentent le frisson d’avoir eu un proto-fasciste comme président 4 années durant.

rose dit: à

Merci renato pour l’Épiphanie de Giotto.

Merci B pour le cornet rose avec friandises et petits cadeaux divers.
Grosse réussite.

Ma mère qui n’a plus de téléphone ni d’ipad depuis fin juillet 2019, a su, après trois démonstrations en face à face le matin, se servir seule de son what’sapp. Hier soir et ce soir, en nous téléphonant, nous nous sommes vues.

Elle est super contente.
Veut rentrer chez elle.
Va se faire vacciner. Je donnerai mon accord pour elle.

Pour moi, ne sais pas.

Rêve nocturne superbe dans palais italien.

Crevée mais dans une forme éblouissante.
Calme aussi. Mon psychiatre m’a dit « tout le monde est morose sauf vous ».
Célavi.

Bises sympathiques et affectueuses, à tous, sans parcimonie.
En retard sur tout le programme, mais à côté tout avance.

closer dit: à

Paul, vous n’auriez pas une ou deux suggestions autres que « Septentrion » pour Louis Calaferte? Merci.

rose dit: à

Quelque part, c vraiment triste : pauvre Trump ! En perd même sa dignité.

renato dit: à

Il semble que les hommes qui sont plus exposés aux méfaits de la covid que les femmes, sont plutôt réfractaire à la vaccination : en Italie, p. ex., vers 17 heures, sur 247.544 vaccinations effectuées, 96.309 étaient des hommes et 151.235 des femmes.

D. dit: à

Les années 2040 seront extraordinaires. Une renouveau intellectuel et artistique, une prospérité importante aussi. Je l’ai vu en songe.
En attendant, c’est le sac et la cendre.

Paul Edel dit: à

Closer à propos de Calaferte j’ai une préférence pour le récit épuré de « Rosa mystica ».Oeuvre discrète,secrete, toujours à la limite du silence,mais capitale.

D. dit: à

Bon je quotte ce blig.

JiCé..... dit: à

Jeudi 7 janvier 2021, 5h49, 3°

Autant les envahisseurs capitolins rendent les Trumpophiles peu sympathiques, autant les Personnages tintinliophylisés déploient, défilant en groupe, leur ridicule en tête de billet !

Rien de plus con que les postures de ces manifestants porteurs de slogans stupides, de bannières bêtasses, d’espoir irréalistes.

Mai 68 : un must dans le genre.

JiCé..... dit: à

La misanthropie est un art.
Grossier….

JiCé..... dit: à

Se débarrasser d’un Président devenu gênant, les Etats Unis d’Amérique savent faire, et depuis longtemps ! Repose en paix, Kennedy !…

JiCé..... dit: à

Trump éliminé, cette ruine de Biden peut faire revenir l’Empire au bon vieux temps du délicieux Obama…

Mais parlons plutôt littérature !

renato dit: à

Voilà, c’est dit : « Nous ne permettrons pas à la populace de miner le règne de la loi », a déclaré le dépué républicain Hakeem Jeffries, membre de la direction du parti.

rose dit: à

Bonjour

« Je pense que c’est les gars qui font des films comme David Lynch, ou qui ont une orientation tordue dans leurs travaux artistiques qui sont les plus gentils dans la vraie vie, car ils ont exprimé tous leurs côtés bizarres. Les gens que vous devriez surveiller sont ceux qui disent « je suis un boy scout, un fier papa de deux enfants et volontaire à l’église. » Ces gens là nous font penser « S’il sort la nuit dans son jardin avec une pelle, il faut être prudent il est sûrement entrain d’enterrer quelque chose ».

Jazzi dit: à

26

En rêve, il semble que je n’ai toujours pas appris que je prends de l’âge. Je ne sais pas quel âge j’ai. Aucune référence à ce sujet, et ainsi suis-je ordinairement à mon réveil sans âge. Toutefois, pas enfant, et plus qu’adolescent. Ce n’est pas plus précis. Il faut que je m’enfonce dans la journée, pour faire les nécessaires rectifications.

En rêve, simplement je suis. Je vis « actuel », un sempiternel actuel. Il n’y a guère de « plus tard », et juste ce qu’il faut d’ « auparavant » pour qu’il y ait cet « à présent » que je vis, ou auquel j’assiste.

27

Un lecteur attentif comprendra sans doute qu’il ressort de ce qui précède que dans le témoignage que je m’apprête à faire, je fus témoin, et non acteur. Je ne suis pas le héros de mon histoire. Je n’en suis pas non plus exactement le chantre. Même si les évènements que j’ai vus ont bouleversé le cours, jusqu’alors insignifiant, de mon existence, même s’ils pèsent encore de tout leur poids sur mon comportement, sur ma manière de voir, je voudrais pour les relater, adopter le ton froid et serein de l’ethnologue : j’ai visité ce monde englouti et voici ce que j’y ai vu.

28

Mourir en beauté, c’est beau !
Je le savais là, et j’étais plein d’espoir et de crainte, quand j’eus le privilège d’une de ses apparitions. Je reçu un tel choc que je ne sais s’il me fut porté par un changement de beauté ou par le fait que j’étais soudain mis en face de l’être exceptionnel dont l’histoire n’était familière qu’à la chambre bien gardée de mes prunelles, et je me trouvais dans la situation de la sorcière qui appelle depuis longtemps le prodige, vit dans son attente, reconnaît les signes qui l’annoncent et, tout à coup, le voit dressé en face d’elle et – ceci plus troublant encore – le voit tel qu’elle l’avait annoncé. Il est la preuve de sa puissance, de sa grâce, car la chair est encore le moyen le plus évident de certitude.

29

Venise résume dans son espace contraint ma durée sur terre, située elle aussi au milieu du vide, entre les eaux foetales et celles du Styx.
« C’est après la pluie qu’il faut voir Venise », répétait Whistler : c’est après la vie que je reviens m’y contempler. Venise jalonne mes jours comme les espars à tête goudronnée balisent sa lagune ; ce n’est, parmi d’autres, qu’un point de perspective ; Venise, ce n’est pas toute ma vie, mais quelques morceaux de ma vie, sans lien entre eux ; les rides de l’eau s’effacent ; les miennes, pas.

30

Et j’ai joué de bons tours à la folie.
Et le printemps m’a apporté l’affreux rire de l’idiot.
J’ai horreur de tous les métiers. Maîtres et ouvriers, tous paysans, ignobles.
Je me rappelle l’histoire de la France fille aînée de l’Église.
La science, la nouvelle noblesse ! Le progrès. Le monde marche ! Pourquoi ne tournerait-il pas ?
C’est la vision des nombres. Nous allons à l’Esprit.
Maintenant je suis maudit, j’ai horreur de la patrie. Le meilleur, c’est un sommeil bien ivre, sur la grève.
« Je suis l’esclave de l’époux infernal, celui qui a perdu les vierges folles. »
Alors, – oh ! – chère pauvre âme, l’éternité serait-elle pas perdue pour nous !

B dit: à

Renato, l’utilisation du mot « populace » dit de l’estime et du respect pour ces gens même s’ils ne me sont pas sympathiques dans lesquels les élites et dans ce cas républicaines tiennent le peuple qui leur permet d’exercer leurs ministères et d’engranger quelques bénéfices licites ou pas dans le cas de Trump. Celui ci ferait tout pour un second mandat de façon à échapper aux tribunaux, le second mandat conférant une immunité définitive, parait-il. Je ne sais pas pour quelles affaires Mr Trump doit s’inquiéter des tribunaux mais on dirait que c’est sérieux.

B dit: à

Jazzi: https://data.bnf.fr/fr/11890384/henry_bars/

J’allumerai la lampe des songes : je descendrai dans l’abîme. Le feu sourd éclairera ma recherche. Je retrouverai le grand être endormi. Mirage des secrètes profondeurs ! Peut-être l’éclat s’en voudra-t-il une fois sur mes prunelles conserver. J’entends un cœur qui bat vers le centre de mon rêve ; peut-être le mien en saura-t-…

rose dit: à

« […]vivait dans la région de San Diego, dans le sud de la Californie, ont rapporté des médias américains. Elle faisait partie d’un groupe de manifestants qui ont semé le chaos dans le Capitole. »

À San Diego, sont passablement tarés.

Nota 1 : Trump met en danger ses partisans1
Nota 2 : départ en Floride vite fait. Ouste.

B dit: à

Et le printemps m’a apporté l’affreux rire de l’idiot.
Or, tout dernièrement m’étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j’ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.
La charité est cette clef._ Cette inspiration prouve que j’ai rêvé.

Rimbaud

B dit: à

Jazzi, si vous citez, N’arrangez pas, à moins que votre banque de citations soit tendancieuse. Pour la vérité des productions et du cheminement.

JiCé..... dit: à

Je me félicite que la populace républicaine ait joui d’un peu de distraction politique en envahissant le sommet de la turpitude capitoline à Washington sur Vice.

On oublie que le peuple souverain est le plus souvent une populace entravée et par conséquent, conne comme une balayette de chiottes.

Quelques morts stupides de plus dans le monde. Négligeable…

B dit: à

Jean Langoncet, visionné votre lien. C’est une copie, pour le chanteur, de Tom Waits. Il regarde la télé, comme tout le monde.

https://youtu.be/As4qi_Kit90

Janssen J-J dit: à

Je me joins au combat de la famille de Michèle Morgan.
https://www.liberation.fr/debats/2021/01/06/sedation-profonde-hypocrisie-abyssale_1810410
Il serait grand temps que tous les Jissé de l’erdélie, s’y associent, plutôt que d’aligner leurs stupidités matinales habituelles.
Car on ne voit pas advenir de « littérature » post-trumpienne sous leurs plumes. Et pourtant, Calaferte a du bon… Heureusement qu’une minorité entretient la bonne flamme. Brouillards, givre et froids. Bon courage aux SDF, cette nuit les maraudes du coin en ont sauvé deux.
Bàv,

JiCé..... dit: à

JiJi le Crétin Sublime,
Je ne suis qu’un amateur, matinal, à côté de toi qui nous emmerde toute la journée
Ferme ta gueule de rat castré !

JiCé..... dit: à

Michèle Morgan ?…

JiCé..... dit: à

Tu sais que je t’aime beaucoup mon JiJi…ne t’offusque pas de cette tendresse abyssale et continue ton chemein.

Bonne dérive et bonne sédation profonde !

Jazzi dit: à

31

Ô les énormes avenues du pays saint, les terrasses du temple !
Qu’a-t-on fait du brahmane qui m’expliqua les proverbes ?
D’alors, de là-bas, je vois encore même les vieilles ! Je me souviens des heures d’argent et de soleil vers les fleuves, la main de la campagne sur mon épaule, et de nos caresses debout dans les plaines poivrées. – Un envol de pigeons écarlates tonne autour de ma pensée. – Exilé ici, j’ai eu une scène où jouer les chefs-d’oeuvre dramatiques de toutes les littératures. Je vous indiquerais les richesses inouïes. J’observe l’histoire des trésors que vous trouvâtes. Je vois la suite ! Ma sagesse est aussi dédaignée que le chaos. Qu’est mon néant, auprès de la stupeur qui vous attend ?

32

J’ai vu se ranger, sous les drapeaux de la mort, celui qui fut beau ; celui qui, après sa vie, n’a pas enlaidi ; l’homme, la femme, le mendiant, les fils de roi ; les illusions de la jeunesse, les squelettes des vieillards ; le génie, la folie ; la paresse, son contraire ; celui qui fut faux, celui qui fut vrai ; le masque de l’orgueilleux, la modestie de l’humble ; le vice couronné de fleurs et l’innocence trahie.

33

« Je voudrais n’être jamais né. » Je lui demandai pourquoi. Il me répondit : « J’étudie depuis quarante ans, ce sont quarante années de perdues ; j’enseigne les autres, et j’ignore tout ; cet état porte dans mon âme tant d’humiliation et de dégoût que la vie m’est insupportable ; je suis né, je vis dans le temps, et je ne sais pas ce que c’est que le temps ; je me trouve dans un point entre deux éternités, comme disent nos sages, et je n’ai nulle idée de l’éternité ; je suis composé de matière ; je pense, je n’ai jamais pu m’instruire de ce qui produit la pensée ; j’ignore si mon entendement est en moi une simple faculté, comme celle de marcher, de digérer, et si je pense avec ma tête comme je prends avec mes mains. Non-seulement le principe de ma pensée m’est inconnu, mais le principe de mes mouvements m’est également caché : je ne sais pourquoi j’existe. Cependant on me fait chaque jour des questions sur tous ces points : il faut répondre ; je n’ai rien de bon à dire ; je parle beaucoup, et je demeure confus et honteux de moi-même après avoir parlé.

34

Tout ce que j’ai fait, pensé ou été, n’est qu’une somme de soumissions, ou bien à un être factice que j’ai cru être moi, parce que j’agissais en partant de lui vers le dehors, ou bien au poids de circonstances que je crus être l’air même que je respirais. Je suis, en cet instant de claire vision, un être soudain solitaire, qui se découvre exilé là où il s’était toujours cru citoyen. Jusqu’au plus intime de ce que j’ai pensé, je n’ai pas été moi.
Il me vient alors une terreur sarcastique de la vie, un désarroi qui dépasse les limites de mon individualité consciente. Je sais que je n’ai été qu’erreur et égarement, que je n’ai pas vécu, que je n’ai existé que dans la mesure où j’ai empli le temps avec de la conscience, de la pensée. Et l’impression que j’ai de moi-même, c’est celle d’un homme se réveillant d’un sommeil peuplé de rêves réels, ou d’un homme libéré par un tremblement de terre, de la pénombre du cachot à laquelle il s’était accoutumé.

35

Il y a eu cette nuit une magnifique aurore boréale. Je l’ai observée jusqu’à deux heures du matin. Tout un côté du ciel au nord était rouge sombre. On eût dit la fumée d’un immense incendie, mais une fumée immobile dans laquelle on apercevait mille étincelles immobiles également. C’étaient les étoiles.

JiCé..... dit: à

Où tu vas, JiBé ?
Où tu vas avec ce récital de citations.

Si tu le sais, bravo ! si tu ne le sais pas, tous nos vœux t’accompagnent. On est là pour se distraire en littérature, n’est ce pas ?

Bloom dit: à

balayette de chiottes.

Le sens de l’auto-portrait.

Janssen J-J dit: à

@ jzmn « Je ne lis plus que des morceaux choisis de littérature française. J’aurais seulement voulu les choisir moi-même. » Jules Renard

Cher ami, par pitjié… Z’allez pas nous faire « le coup de bétove » de l’an passé jusqu’au 17 décembre 2021 prochain… Si ? – Allez… Dites-nous que vous vous arrêterez à 100… On a compris que vous aviez gagné votre compète avec txfl !… Pu la peine d’insister.
Bàv, merci par pitiéhhh…

renato dit: à

B., il n’y a pas d’autres mots pour définir les gens qui ont agi hier en répondant comme des animaux spinales au signaux de violence lancés par leur chef de meute — est vrai que les archaïques aiment suivre un chef qui se montre arbitraire.

Jazzi dit: à

36

Une femme avait pour toute fortune une belle pièce de cinq francs toute neuve. Elle se dit : il faut que j’achète une tirelire pour la mettre. Elle acheta une tirelire qui lui coûta cinq francs. Quand elle eut la tirelire, elle s’aperçut qu’elle n’avait plus sa pièce.
Ceci est l’histoire de beaucoup de gens.

37

Je vivrai avec la conscience que je suis né pour les autres et j’en rendrai grâce à la nature : comment, en effet, aurait-elle pu mieux protéger mon intérêt ? Elle m’a donné, moi seul, à tous, et à moi seul elle a donné tous les autres. De tout ce que j’aurai, je ne ferai ni objet d’avarice sordide, ni gaspillage. Je n’aurai jamais tant l’impression de posséder que lorsque j’aurai donné à bon escient. Je ne mesurerai les bienfaits ni à leur nombre, ni à leur poids, mais seulement à l’estime que j’aurai pour le bénéficiaire ; jamais ce ne sera trop à mes yeux, pour celui qui en est digne. Je ne ferai rien pour l’opinion, tout selon ma conscience.

38

Les Égyptiens, après leurs festins, faisaient présenter aux convives une grande image de la mort, par quelqu’un qui criait : « Bois, réjouis-toi, car voilà comment tu seras quand tu seras mort ». Aussi ai-je pris moi-même l’habitude d’avoir continuellement la mort présente, non seulement dans mon imagination, mais aussi à la bouche. Et il n’est rien dont je m’informe aussi volontiers que de la mort des gens : quelle parole ils ont proférée, quel visage et quelle contenance il y ont eu. Et ce sont les passages que je scrute le plus dans les histoires. On voit bien, par les exemples dont je farcis mon texte, que j’ai une affection particulière pour ce sujet. Si j’étais un faiseur de livres, je ferais un registre commenté des morts de toutes sortes. Qui apprendrait aux hommes à mourir leur apprendrait à vivre.

39

Elle n’est sujette, la nature, à s’illuminer et à s’éteindre, à me servir et à me desservir que dans la mesure où montent et s’abaissent pour moi les flammes d’un foyer qui est l’amour, le seul amour, celui d’un être. J’ai connu, en l’absence de cet amour, les vrais ciels vides, les flottaisons de tout ce que je me préparais à saisir sur la mer Morte, le désert des fleurs. La nature me trahissait-elle ? non, je sentais que le principe de sa dévastation était en moi. Il ne manquait qu’un grand iris de feu partant de moi pour donner du prix à ce qui existe. Comme tout s’embellit à la lueur des flammes !

40

Et qu’on ne me parle pas, après cela, du travail, je veux dire de la valeur morale du travail. Je suis contraint d’accepter l’idée du travail comme nécessité matérielle, à cet égard je suis on ne peut plus favorable à sa meilleure, à sa plus juste répartition. Que les sinistres obligations de la vie me l’imposent, soit qu’on me demande d’y croire, de révérer le mien ou celui des autres, jamais. Je préfère, encore une fois, marcher dans la nuit à me croire celui qui marche dans le jour. Rien ne sert d’être vivant, le temps qu’on travaille. L’évènement dont chacun est en droit d’attendre la révélation du sens de sa propre vie, cet évènement que peut-être je n’ai pas encore trouvé mais sur la voie duquel je me cherche, n’est pas au prix du travail.

Clopine dit: à

Bon, je vois que personne n’a relevé LA question qui se pose ici, sous ce billet veux-je dire. Je parle bien entendu de la disparition du capitaine Haddock et des Dupontd, qui semblent ne pas participer à la manifestation tintinienne. Pourquoi donc notre hôte a-t-il omis les plus attachants des personnages de Tintin ? Alors qu’il a convoqué jusqu’au yéti, qui y est, lui, si j’ose dire ? Quelqu’un a-t-il une réponse ?

Paul Edel dit: à

Ed, merci de votre lien avec l’article de Tom tom la tomate à propos du « Requiem des innocents » de Calaferte . début littéraire époustouflant de la part d’un auteur de 27 ans qui avait durement vécu son enfance d’immigré italien dans la banlieue de Lyon et qui avait connu de sales boulots en usine chimique. C’est un texte dur, inspiré qui fait penser à l’école des « jeunes gens en colère » anglais de ces années 5O-6O. Calaferte a suivi un chemin personnel jamais décevant jusqu’à sa mort à Dijon en mai 1994 . Quand ce « requiem des innocents est paru, l’ensemble de la critique, de droite comme de gauche, a salué le texte. Dans d’autres récits, journaux, confessions, (voire »Septentrion »1963) il cultivera un érotisme d’un fébrile écorché qui scandalisa.

et alii dit: à

j’explique Marc Luyckx EST UNE HISTOIRE Belge!

Janssen J-J dit: à

Le « proto-fasiste » (sic) a voulu pulvériser son propre parti (républicain ?) avant de dégager, et il n’a pas fini de faire d’autres dégâts.
Les jissé dansent de joie autour du feu de la st jean avec les oies du Capitole en capilotade. Et pendant ce temps, le monde s’ahurit ou rigole, tout comme l’épidémie qui y fait le plus de ravages au monde (… sur ce dernier point, on sait bien que c’est une fake…) – Non, personne ne le fera taire !

(NB / j’ai ramassé toutes les copies avec des accroche-coeurs sacrés de jésus, hélas ils ont noirci alors qu’au départ, ils étaient encore en sang frais ❤❤

❤❤
mais le ❤ y est, Bàv.

DHH dit: à

@Paul Edel
vous écrivez:
« il faut lire « La vie de Rancé », avec des fulgurances sur fond obscur
Parlez vous avec ces fulgurances » de ce que j’ai retenu de ma lecture de l’ouvrage cet été ,et que j’ai dit ici en ces termes/:
« Ce n’est évidemment pas, en ce qui me concerne, par intérêt pour le destin de cet homme d’église du siècle de Louis XIV [ que l’ai lu ce livre]. Car la quête, autour de laquelle construit sa vie de rédemption ce réformateur de la Trappe, m’est totalement étrangère et je me sens dénuée de toute sympathie pour ce type de chrétiens qui croient atteindre le sommet de la sainteté en cultivant la souffrance, le dénuement et la solitude et dont l’Ideal est la surenchère en ces domaines
Mais ce texte ,c’est néanmoins du « Chateaubriand » et cela se lit avec délectation, d’autant que l’arrière plan politique et social de cette ascèse , ainsi que ceux et celles qui le peuplent sont admirablement présentés
Je pense par exemple aux trois pages qui brossent un portrait assassin du Cardinal de Retz , vu comme un fantoche dont la médiocrité est magnifiée en phrases artistement ciselées ou,-assez bref pour être cité ici- ces quelques mots qui croquent sans indulgence l’intrigante intéressée qu’ était semble-t-il Madame de Sévigné :
« Mais a mesure qu’on approche de la fin du cardinal [de Retz],l’admiration de Madame de Sevigné baisse, parce que ses espérances diminuent. Légère d’esprit, inimitable de talent, positive de conduite, calculée dans ses affaires ,elle ne perdait de vue aucun intérêt, et elle avait été dupe des intentions testamentaires qu’elle supposait au coadjuteur »
Suis –je en phase avec votre approche du texte ? ou bien les références que vous donnez ,Breton ,le surréalisme, Barthes ,sur ce qui a donné un sens a votre lecture indique- t-il que vous y avez trouvé un autre type de « pépites »?, que vous reconnaissez à cette œuvre un dimension originale particulière , auquel cas j’aimerais la voir expliquée

JiCé..... dit: à

Quelqu’un a-t-il une réponse ? (clopine d’ours)

Dans le même dessin, les Dupont tiennent une banderole « Joyeux Noel » et Haddock une pancarte « Halte à la pollution » !
Il suffit de chercher les bords du dessin tronqué…

Moralès sed laisse dit: à

Tintin-toto très tôt, quelle proto-colle!

rose dit: à

« C’est l’histoire de la réalité, il n’y a pas d’intrigue avec une situation initiale, un élément perturbateur, des péripéties, un dénouement et une situation finale. Requiem des innocents est une narration qui comprend plusieurs mini-intrigues et scènes. »

Ed
Mais ce que vous soulignez est le schéma actantiel quant à la construction des contes de fées.
En sommes loin.

Désormais, la narration est totalement éclatée.
Va chercher un fil linéaire. Il n’y est pas.

Jazzi dit: à

41

Depuis mon enfance, mes idées sur l’existence humaine ne se sont jamais écartées de la théorie augustinienne de la prédétermination. A maintes reprises je fus tourmenté par de vains doutes – comme je continue à l’être aujourd’hui – mais je considérai ces doutes comme une forme de tentation et je demeurai fermement attaché à mes idées déterministes. On m’avait remis ce qu’on pourrait appeler un menu complet de toutes les difficultés de ma vie, alors que j’étais trop jeune pour le lire. Mais je n’avais rien d’autre à faire que de déplier ma serviette et de me mettre à table. Même l’assurance que j’écrirais, comme je le fais en ce moment, un curieux livre tel que celui-ci, était indiquée avec précision sur le menu, où j’ai dû l’avoir sous les yeux dès le début.

42

Voilà près de sept semaines que ma mère est morte, je voudrais me mettre au travail avant que le besoin d’écrire sur elle, qui était si fort au moment de l’enterrement, ne se transforme à nouveau en ce silence hébété qui fut ma réaction à la nouvelle du suicide. Me mettre au travail : car le besoin d’écrire quelque chose sur ma mère, s’il peut survenir parfois avec une grande violence, est en même temps si confus qu’un effort de volonté sera nécessaire pour que, suivant mon premier mouvement, je ne me contente pas de taper sans arrêt la même syllabe sur le papier.

43

Pauvre maman ! J’avais déjeuné avec elle à mon retour de Moscou, cinq semaines plus tôt ; comme d’habitude elle avait mauvaise mine. Il y avait eu un temps, pas bien lointain, où elle se flattait de ne pas paraître son âge ; maintenant on ne pouvait plus s’y tromper : c’était une femme de soixante-dix-sept ans très usée. Elle souffrait, elle dormait mal, en dépit des six cachets d’aspirine qu’elle avalait chaque jour. Depuis deux ou trois ans, depuis l’hiver dernier surtout, je lui voyais toujours ces cernes violets, ce nez pincé, ces joues creuses.
Elle avait tourné une page avec un étonnant courage après la mort de mon père. Elle en avait eu un violent chagrin. Mais elle ne s’était pas enlisée dans son passé. Elle avait profité de sa liberté retrouvée pour se reconstruire une existence conforme à ses goûts.

44

Qu’attends-tu maintenant, lecteur à l’haleine tourmentée par les récits que tu viens de lire ? Que veux-tu que je fasse de ces personnages ramassés dans le sable un jour d’ennui et qui n’arrivent que péniblement à me distraire ? T’amusent-ils vraiment ? Allons, il y a des gens qui se contentent de peu – bien que je sois obligé d’avouer que ce roman est de cent kilomètres au-dessus de toute autre production de ce genre. Alors, lecteur intelligent comme le verre filé, te plaît-il que je prenne les mêmes et que je recommence ? Tu désires peut-être que j’élucide tout le mystère que j’ai enroulé autour de mes chères pieuvres, comme le tonneau qui s’enroule autour du vin nouveau ? Mais c’est assez, et maintenant que je t’ai entraîné au milieu de cette page tu n’as plus qu’à suivre le dédale que je compose, tantôt avec peine et tantôt avec passion, avec les vingt-sept lettres de l’alphabet occidental.

45

Faiseur de notes invétéré, sur quelle marge puis-je les prendre, sinon sur celle de l’immense livre ouvert qu’est la vie. Et qu’est cette vie, sinon le texte de l’Autre, follement sollicité.
Je n’ai pas envie « d’écrire un livre », j’aurai le temps lorsque je serai mort, à ce qu’il paraît, tout occupé par ma dévorante lecture. Tout curieux et désireux de ne pas sauter une ligne.

renato dit: à

Janssen J-J, pour votre « sic » : Proto-, parce que il s’agit du premier fasciste réel, en ordre de temps, dans l’espace etatnusien — Nixon étant seulement paranoïaque —.

Bon, il est vrai qu’ici le niveau kulturrel est tellement haut que même pour faire passer un trait d’humour — improprement dit ironique — il faut mettre un emoji !

JiCé..... dit: à

C’est tellement pratique de traiter de fasciste un opposant qui critique vos comportements politiques…

Pourquoi se priver d’une petite joie ?

vanina dit: à

Joan Baez, sa voix, magnifique, on chantait Where have all the flowers gone avec Jerry, Sudafricain en fuite de l’apartheid, et de sa mère. Joan Baez vient d’avoir 80 ans. Meilleurs voeux.

Lire La vie de Rancé, peu pratiquable pour des raisons géographiques, mais j’ai relu pour mon égoiste plaisir les contes de William Trevor, un summum de la littérature Irlandaise, connaissez-vous, à conseiller à toutes et à tous. Une rencontre qui vous récure l’esprit, une langue richissime mais sans boursouflure, pas un instant d’énnui. Un arrière-pays où se cachent des trésors. L’Irlande est un patrimoine culturel.

renato dit: à

Coullion ! DT n’est pas un opposant politique, il est un incident de l’histoire, mais je comprends qu’un fanfaron mal scalarisé qui ment sur ses diplomes puisse mal comprendre une réalité, surtout qu’il ne conaisse pas la definition de fasciste.

Paul Edel dit: à

DHH. Désolé,mais pas le temps de faire une recherche plus approfondie sur cette « Vie de Rancé ». Merci pour la réflexion sur le Cardinal de Retz.

JiCé..... dit: à

C’est tellement pratique de maltraiter un humain qui ne partage pas vos idées ?!

Pourquoi se priver d’une petite joie ?

Janssen J-J dit: à

@ RM, merci pour la précision que j’espérais sur le (sic) remis dans le contexte US. Suis bien OK avec vous… Quant à argumenter avec les gens qu’ont pas le niveau culturel suffisant, on fait avec Jissé depuis longtemps, qui nous ment sur son niveau réel par le bas. Bas, bahhhhh, tout gilet jaune a bin le droit de se prononcer sur l’œuvre littéraire de Donald Trump. Pourquoi non ? 😉

renato dit: à

« Maltraiter » ?! venent d’un qui maltraite divers intervenants et intervenantes plutôt que banalement les ignorer c’est fort de café — enfin, pauvre garçon !

puck dit: à

« Quant à argumenter avec les gens qu’ont pas le niveau culturel suffisant, on fait avec Jissé depuis longtemps, qui nous ment sur son niveau réel par le bas. Bas, bahhhhh, tout gilet jaune a bin le droit de se prononcer sur l’œuvre littéraire de Donald Trump. Pourquoi non ? »

c’est avec ce genre de mépris « culturel » venant de personnes éminents « cultivées » que la plupart des pays occidentaux dont les les US sont en train de frôler la catastrophe.

puck dit: à

une chose qu’il faut bien voir c’est que ces 75 millions d’américains qui ont voté pour Trump n’aiment pas Trump plus que vous et moi !

pour eux il ne représente que le marteau capable de détruire un système dont ils ont ras le bonnet.

ce système c’est surtout des médias moralisateurs défendant et incarnant une société qui est tout sauf « morale ».

ce n’est pas parce que les pauvres sont pauvres qu’ils sont forcément débiles.

B dit: à

renato, je veux bien comprendre que les républicains élus le désapprouvent après ces quatre années, cependant compte tenu de leur soutien il a pu mener à bien nombre de projets discutables. Trump n’est pas tombé du ciel et les sénateurs ne sont pas totalement innocents. Je n’éprouve aucune espèce de confiance envers ces gens qui peut être en dehors de quelques uns sont loin d’être des purs, aux USA plus qu’ailleurs et en laissant de côté les dictatures, les pouvoirs autocrates. Les électeurs sont manipulés, utilisés , c’est un troupeau conduit vers de profondes abîmes . C’est assez incroyable cette floraison de chef populistes à la solde du capitalisme et qui font miroiter des lendemains meilleurs et que la majorité choisit.

renato dit: à

Opinion cubaine :
« Il a tout perdu : la présidence, la chambre, le sénat, Twitter, Facebook, bientôt probablement la femme et depuis un bon bout de temps la capacité de réfléchir. »

renato dit: à

B., il ne faudrait pas perdre de vue le sens de ce qui réellement advient. La réaction du représentant républicain n’est pas relative au 4 années de délires inadmissibles pour les héritiers de Lincoln qui ont caractérisé la présidence DT, mais à ce qui est arrivé hier. Pour ce qui est de vos marottes politiques, avez-vous au moins un emoji descriptif pour les rendre plus à la portée du pauvre con que je suis ?

Soleil vert dit: à

Les amours tarifées fleurissent la littérature, mais pourquoi parle t-on si peu des amitiés tarifées ?

Toujours pas de remontées mécaniques : les amateurs de vieilles montres en détresse.

Ed dit: à

N’empêche qu’on s’est moqué de mon article sur Weather de Jenny Offill, mais l’actualité donne à ce journal intime un caractère prémonitoire.

Et toc, closer ! 🙂

Ed dit: à

Mince, je ne savais pas que Calaferte était mort à Jondi…

B dit: à

les amateurs de vieilles montres en détresse

Je suis amatrice mais ponctuelle.

renato, j’ai vu le direct. Je j’approuve pas . Ce sénateur qualifie son électorat. Je pinailler sur le terme employé qui d’ailleurs devraient faire réfléchir les concernés. Je n’utilise pas ces signes emoticons.

B dit: à

PinaillE. Correcteurs.

B dit: à

chiotte! Correcteur!

B dit: à

Devrait, pas correcteur. Burger quiz!

rose dit: à

La femme pas sûre du tout

Ai pensé cela de Carla Bruni et la sulte m’a donné tort plein pot.
Les femmes aiment les p’tits hommes fragiles.

B dit: à

Facebook… opportuniste et dangereux.

rose dit: à

Âbime est masculin.
Comme le covid.
Un profond abîme.

B dit: à

Merci Rose, j’ai tout faux.

JiCé..... dit: à

@renato
Tu penses ce que tu veux car tu te crois intelligent, laisse les autres penser à leur façon simplette. Compris ?

@puck
« ce n’est pas parce que les pauvres sont pauvres qu’ils sont forcément débiles. »
Certes, et ce n’est pas parce que les débiles sont débiles qu’ils sont forcément pauvres ! D’accord…?

Marc Court dit: à

DHh j’ avoue aussi ma perplexité quant à un Chateaubriand surréaliste dans l exotisme, ce qui évoque plus le voyage en Amérique, les Natchez ou même Atala que la Vie de r. Au moins , dans la description des Amériques avons-nous des ours ivres sur les plus hautes branches des arbres. Cela dit,il y a un côté roman gothique dans la Vie qui pouvait plaire aux Surréalistes, spécialement le choc produit sur r par la tête de sa maîtresse, Madame de Montbazon, coupée parce qu’elle n’ entrait pas dans le cercueil. C’ est totalement apocryphe, mais c’est très beau et ni Bataille ni Breton n’ auraient osé l’ inventer.il se peut que d’ autres fulgurances émaillent ce récit sombre composé à une époque où le tableau tient lieu d’érudition.
J’ avais oublié ces lignes sur Madame de Sevigne.Il focalise sur Retz, mais il n’ a pas tort de signaler cet aspect qui n’ est pas absent de sa correspondance. La Sevigne pleine aux as du premier voyage en Bretagne deviendra la pauvresse des Chaulnes, étroitement contrôlée lors de la répression des Bonnets Rouges. Chateaubriand par sa propre expérience est bien placé pour apprécier cet aspect des choses là. Bien à vous. MC

renato dit: à

« Compris ? »

Non.

Paul Edel dit: à

Dans « le monde des livres » d’aujourd’hui un compte rendu des textes posthumes de Julien Gracq « Nœuds de vie ». La rubrique est tenue par un écrivain de bon aloi, Camille Laurens qui écrit bien. Mais aujourd’hui on découvre chez Laurens une admiration embarrassée envers notre Saint-Julien sur Loire . On sent, en oblique, une réticence .Elle s’avoue avec honnêteté dans un paragraphe final: » …on peut juger caricaturale sinon réactionnaire, sa posture élitiste… »Tout est dit. Gracq Réac et élitiste.
..ah l’élitisme ».Le péché originel de la littérature. Rappelons que ce fut, c’est et sera la bête noire des régimes populistes. Il faut être compris immédiatement par le plus grand nombre. Hugo oui, Mallarmé, non. La bicyclette bleue, oui, « Le gant de crin » de Reverdy non ; Philippe Heriat oui, Saint-John Perse non non. Armand Lanoux oui, Pierre jean Jouve, non. Hervé Bazin oui, Paul Celan, non .C’est simple l’élitisme. Tout ce qui demande un effort de compréhension et de relecture d’une œuvre qui se place au-dessus du conformisme moyen et des clichés littéraires , devient suspect. Pour certains l’ Elitisme= insulte au peuple.. Très pratique pour pratiquer la censure. Le réalisme socialiste s’est battu contre l’élitisme .les poètes russes de l’époque en savent quelque chose. L’élitisme est condamné par des paresseux triomphants , teigneux, insidieux, qui jugent comme des préciosités maniaques ce qu’ils ne comprennent pas à la première lecture, comme un article de journal.

DHH dit: à

A propos de Chateaubriand
C’est curieux comment sous la plume grands écrivains des images ou des métaphores filées qui ont tout pour être ridicules peuvent devenir splendides et puissantes
On admire chez Chateaubriand « La lune pâle vaisseau qui laboure le ciel » et on rit de l’incohérence des images accumulées dans le caricatural « Char de l’Etat qui vogue sur un volcan ». Et pourquoi aimons nous tant la métaphore laborieusement filée de « la faucille d’or, dans le champ des étoiles » , négligemment jetée par Dieu en s’en allant comme il est lourdement précisé?,

Jazzi dit: à

46

Il faut que je sache ma langue pour la posséder, mais ne faut-il pas que je l’oublie pour qu’elle me possède ?

La suite des livres constitue l’alphabet de l’écriture : alphabet aux lettres innombrables et dont chacune met en jeu toute la langue à contre-oubli.

47

Penser n’est rien, c’est se souvenir qui importe. Et qu’est-ce que la création qui ne serait qu’un monologue de solitude ? Le grand mérite des oeuvres classiques, c’est dans leurs résonances qu’il est apparu. Et si l’on peut étudier aujourd’hui avec profit le De Signo, la Bible, L’Ecole des femmes, Balzac, Stendhal, Michelet, Mallarmé, Rimbaud, Marcel Schwob ou Margaret Kennedy, c’est parce que la civilisation s’est écrite, parce qu’elle s’est déposée, et qu’en fin de compte elle ne peut plus être oubliée ou perdue.

Je trouve tout simplement qu’en matière d’opinions et de conversation nous sommes en train, et peut-être simplement par snobisme, de faire fausse route. Le cas s’est présenté plusieurs fois en littérature.
Bien entendu, je ne fais aucune querelle aux mots et je n’accuse pas mes contemporains d’avoir piqué une tête dans la confusion. Je leur dis qu’ils touchent aux mots comme on tape sur un clavier. Ils posent au hasard leurs mains innocentes et brusques sur des dièses et des bémols, et vas-y comme je te pousse.

48

L’homme est cet animal séparé, ce bizarre être vivant qui s’est opposé à tous les autres, qui s’élève sur tous les autres, par ses… songes, – par l’intensité, l’enchaînement, par la diversité de ses songes ! par leurs effets extraordinaires et qui vont jusqu’à modifier sa nature, et non seulement sa nature, mais encore la nature même qui l’entoure, qu’il essaie infatigablement de soumettre à ses songes.
Je veux dire que l’homme est incessamment et nécessairement opposé à ce qui est par le souci de ce qui n’est pas !
Relisez la Genèse. Dès le seuil de ce livre sacré, et les premiers pas dans le premier jardin, voici paraître le rêve de la Connaissance, et celui de l’Immortalité : ces beaux fruits de l’arbre de vie et de l’arbre de science, nous attirent toujours.

49

Aujourd’hui, un flot toujours grossissant nous inonde d’oeuvres littéraires qui prétendent encore être des romans et où un être sans contours, indéfinissable, insaisissable et invisible, un « je » anonyme qui est tout et qui n’est rien et qui n’est le plus souvent qu’un reflet de l’auteur lui-même, a usurpé le rôle du héros principal et occupe la place d’honneur. Les personnages qui l’entourent, privés d’existence propre, ne sont plus que les visions, rêves, cauchemars, illusions, reflets, modalités ou dépendances de ce « je » tout-puissant.
Ce que révèle, en effet, cette évolution actuelle du personnage de roman est tout à l’opposé d’une régression à un stade infantile.
Elle témoigne, à la fois chez l’auteur et chez le lecteur, d’un état d’esprit singulièrement sophistiqué. Non seulement ils se méfient du personnage de roman, mais à travers lui, ils se méfient l’un de l’autre.

50

Passé le stade de l’abécédaire, le premier livre où je m’exerçai à lire fut une petite Histoire sainte, ainsi qu’il convenait au caractère délibérément « bien pensant » de la petite pension que je fréquentais. Cela s’ouvrait sur la Genèse : « Dieu créa le monde en six jours et, le septième, il se reposa. » L’on y contait comment furent séparées la lumière et les ténèbres (« Que la lumière soit et la lumière fut »), suspendus à la voûte céleste le soleil, la lune et les étoiles, puis créés les divers animaux : « les oiseaux qui volent dans l’air », « les poissons qui nagent dans l’eau » et, enfin, l’homme, que Dieu fit à son image, qu’il appela Adam et à qui il donna Ève pour compagne. Peut-être fut-ce un matin de printemps ou d’été, dans une chaleur de couveuse ou de forge que pour la première fois je déchiffrai, en ânonnant, ce texte ?

D. dit: à

Tu nous casses les couilles avec tes trucs, Jazzi. T’es malade de la tête ?

christiane dit: à

Paul Edel dit: « Dans «le monde des livres» d’aujourd’hui un compte rendu des textes posthumes de Julien Gracq «Nœuds de vie». La rubrique est tenue par un écrivain de bon aloi, Camille Laurens qui écrit bien. […] On sent, en oblique, une réticence. Elle s’avoue avec honnêteté dans un paragraphe final : « …on peut juger caricaturale sinon réactionnaire, sa posture élitiste…» Tout est dit. Gracq Réac et élitiste. […] »

J’aime bien votre réaction, Paul Edel. J’ai lu le début de l’article sur le Net et la suite ce sera pour demain quand j’achèterai le journal au kiosquier.
Qui peut percer le secret d’une vie par ces bornages réducteurs ?
L’œuvre, uniquement, enferme le secret intime d’une vie invisible. Elle porte en elle-même ses commentaires.
Lire, relire ses romans, ses essais, ses « lettrines », ses carnets. Et puis le silence.
Julien Gracq appartient à son œuvre, à son territoire, au silence de l’écriture.
Le lisant, j’entre dans « l’attente » qui traverse ses romans, cet univers cotonneux de paysages brumeux, ces reflets d’eaux miroitantes des bords de Loire, les forêts, aussi, des déserts, parfois.
Un écrivain méditatif, comme égaré dans un décalage existentiel par un sentiment d’exil.
Des lieux plus que des personnages, des mirages…
« Tout cela se passait dans des temps très anciens, au long de petites routes de terre méandreuses et crevées d’ornières, fraîches, perpétuellement encavées sous les frênes nains et les aubépines, où il ne passait personne […] » (Lettrines 2)
ou encore, du roman Un balcon en forêt : « Grange buvait à petits coups, plein d’une exaltation très trouble où il y avait la jubilation un peu ivre, inquiétante, du « tout est permis » […] et tout au fond une angoisse sourde, animale, couvée par ce silence […] la solitude, le parfum de la forêt, l’ombre veloutée du feuillage énorme […] on entendait montait le qui-vive étrange de la hulotte. »
gracq ? incernable figure…

Jazzi dit: à

51

J’ai posé devant moi cette phrase : « Il était une fois… » Je l’ai disséquée sans émotion, tel un amateur de spectacles détaillant tout du bout de sa lorgnette ; je l’ai scrutée sous ses diverses faces, à la manière d’un expert examinant un diamant dont il s’agit de savoir s’il est ou non d’une belle eau. Ce qui m’apparaît alors (ce que ces mots : « Il était une fois… » me découvrent en fait) ce n’est ni une perspective de théâtre, bonne pour l’amateur de jeux mentaux et d’illusions, ni l’éclat plus ou moins rare d’un solitaire ou d’une goutte d’eau, mais la féerie de mon enfance elle-même. Ce qui était une fois, c’est l’enfant que je fus, à qui l’on contait des histoires commençant par Il était une fois…

52

J’estime que mieux vaut encore être haï pour tout ce que l’on est, qu’aimé pour ce que l’on n’est pas. Ce dont j’ai le plus souffert durant ma vie, je crois bien que c’est le mensonge.
C’est parce qu’il se croyait unique que Rousseau dit avoir écrit ses Confessions.
J’écris les miennes pour des raisons exactement contraires, et parce que je sais que grand est le nombre de ceux qui s’y reconnaîtront.
« Mais quelle utilité… ?
– Je crois que tout ce qui est vrai peut instruire. »

JiCé..... dit: à

51

Tout

52

va

53

bien

54

camarade ?

Jazzi dit: à

53

J’entendais, je voyais, je respirais, comme je n’avais jamais fait jusqu’alors ; et tandis que sons, parfums, couleurs, profusément en moi s’épousaient, je sentais mon coeur désoeuvré, sanglotant de reconnaissance, fondre en adoration pour un Apollon inconnu.
« Prends-moi ! Prends-moi tout entier, m’écriais-je. Je t’appartiens. Je t’obéis. Je m’abandonne. Fais que tout en moi soit lumière ; oui ! lumière et légèreté. En vain je luttai contre toi jusqu’à ce jour. Mais je te reconnais à présent. Que tes volontés s’accomplissent : je ne résiste plus ; je me résigne à toi. Prends-moi. »
Ainsi j’entrai, le visage inondé de larmes, dans un univers ravissant plein de rire et d’étrangeté.

54

Me voilà donc de nouveau dans ce Paris l’unique au monde, et que je dois regarder comme ma patrie, puisque je ne puis plus penser à rentrer dans celle que m’a donnée le hasard de la naissance ; patrie ingrate, mais que j’aime toujours en dépit de tout, soit que le préjugé qui nous attache aux lieux où se sont écoulées nos premières années, où nous avons reçu les premières impressions, ait sur nos idées et sur nos affections une puissance magique, soit qu’en effet Venise ait des charmes à nul autre pareils. Mais cet immense Paris est un lieu de misère ou de fortune, selon qu’on sait s’y prendre bien ou mal ; ce sera à moi à bien saisir les aires du vent.

Janssen J-J dit: à

@ RM, j’adore le contenu de votre opinion cubaine : ça casse trop !

et alii dit: à

lorsque j’ai introduit le nom d’un auteur belge qui étudia beaucoup , voyagea beaucoup, et exerça des fonctions politiques auprès d’hommes politiques connus ,à leur demande, c’est à dire un homme qui a une grande expérience du monde et des questions identitaires, on a censuré la vidéo d’entretien que j’avais donnée et que je n’avais pas trouvée sur la RDL ; un autre symptome de la RDL dont les contributeurs ne peuvent pas imaginer qu’on se questionne, cherche en dehors d’eux, et des histoires qu’ils se racontent; et qu’on n’ait pas plour unique objectif de leur plaire et se soumettre à eux;
j’ai bien sur écouté une autre video d’entretien de cet auteur belge et j’admets qu’elle m’a impressionnée ; ce n’est pas m’as-tu vu du tout, c’est très sobre; l’auteur y répond sur un livre de lui:
Marc Luyckx ghisi le chemin de l’être au-delà des religions
et présente sa vision « du monde »; et de l’avenir;
son ton me convient , à la différence de celui des contributeurs que je trouve inquisiteur , même quand il semble maîtrisé;
que certain-e-s désirent raconter leur vie , je veux bien le comprendre, non qu’ils/elles préjugent de la vie des autres , ni de leurs attentes, ni de leurs rencontres et échanges;
je conçois volontiers qu’il y ait une inflexion sur la langue française, mais non jusqu’au rejet catégorique des autres langues et « cultures »(avec des guillemets puisqu’on parle dans la presse de la culture du viol et de cancel culture;bonne suite et bon week-end,avec ou sans endives , et avec ou sans jambon identitaires

Janssen J-J dit: à

@ PE : « Pour certains l’Elitisme= insulte au peuple »
… Démo acceptable mais jusqu’à un certain point quand même. J’en connais qui se la pètent en écrivant des thèses toujours aussi incompréhensibles à la 3e lecture sur la différence entre littérature populiste vs littérature populaire vue par les élitistes…
Mes sociologues en savaient quelque chose, qui n’étaient point de ceux-là, en n’eussent point condescendu à donner crédit aux analyses journalistiques d’une écri.vaine telle C. Laurens. Par ex.
https://www.seuil.com/ouvrage/le-savant-et-le-populaire-claude-grignon/9782757852781

@ Oui, jzmn, TU commences à nous les casser, comme disaient les populaires Ed., et à nous les briser, comme disaient les élitistes Jissé.
Que VOUS arrive-t-il au juste, depuis hier ? Koku ou Koi, Kamarad’ ?

puck dit: à

@Paul Edel, effectivement ce mot « élitisme » sous la plume de Camille Laurens en 2021 dit pas mal de choses sur Camille Laurens elle-même et de la littérature de l’époque.

je pense qu’elle a participé comme pas mal d’écrivains de sa génération à une littérature d’un genre « non élitiste », à savoir une simple (pour ne pas dire simpliste), ayant pour thème essentiel sa seule vie, tout ça écrit dans un style « minimaliste », « léger » et « maigre ».

les bouquins de Camille Laurens peuvent se lire entre 2 stations de métro, vu sous cet angle l’écriture dense de Gracq est quasi insultante…

c’est limite normal qu’elle soit vexée et qu’lle le prenne mal.

puck dit: à

en philo c’est pareil : je me demande si Onfray n’a pas aussi traité Bergson (ou Deleuze ?) d’élitiste ?

Janssen J-J dit: à

Je suis assez d’accord avec cette opinion…
« Winner dans la fiction de la téléréalité, Donald Trump est un loser dans la réalité politique ».
Il resterait à savoir où, durant quatre ans, se situèrent la fiction et la réalité politiques.

Brinqueballe dit: à

« en philo c’est pareil : je me demande si Onfray n’a pas aussi traité Bergson (ou Deleuze ?) d’élitiste ? »

Les populistes ce sont Bergson et Onfray! 😉

closer dit: à

Je crois que JB devrait consulter…Qu’en pensez-vous les amis?

Brinqueballe dit: à

Bergson et Deleuse :les populistes majeurs.

Marie Sasseur dit: à

Tweet # Le livre de Camille Kouchner devrait rejoindre non seulement celui …

Faut pas ranger, classer, tweet suit.

Le rififi chez vieux soixante-huitards n’est pas fini.
La piscine de Sanary.

« Bien que les sévices subis par son frère soient l’élément central de l’ouvrage de Camille Kouchner, ce dernier n’aurait pas été la seule victime d’Olivier Duhamel. D’après Le Parisien, une amie d’enfance aurait révélé qu’autour de la piscine de Sanary-sur-Mer, l’ancien journaliste d’Europe 1 l’avait « embrassée sur la bouche dans le dos de ses parents, alors qu’elle avait 12 ans.  » Un épisode scandaleux, relaté parmi d’innombrables autres »

https://www.voici.fr/news-people/actu-people/olivier-duhamel-accuse-dinceste-cette-autre-victime-qui-se-serait-manifestee-694290

D. dit: à

Texas, Tennessee, Géorgie ont commencé depuis quelques mois à constituer leurs propres réserves d’or.

Marie Sasseur dit: à

Je crois que pas mal ici ne connaissent pas Casanova…

D. dit: à

closer dit: à

Je crois que JB devrait consulter…Qu’en pensez-vous les amis?

Il nous casse les couilles le Yazizi.

Marie Sasseur dit: à

Tweet # Le livre de Camille Kouchner devrait rejoindre non seulement celui …

Il va être difficile de mettre les autres dans le rayon partouze.

closer dit: à

Pas compliqué Paul, Camille Laurens n’ose pas dire que Gracq l’emmerde et qu’au bout de deux pages elle a envie de laisser tomber, ce que je comprends fort bien…Alors, elle va chercher des critiques dont elle est sûre qu’elles seront bien accueillies par la majorité des lecteurs du quotidien sénestre de référence: « réac », « élitiste »…

Lara dit: à

Jazzi,
Tu vas bien ?
Rassure-nous, t’es pas entrain de nous écrire ton chant du cygne non ?
Fais pas l’con, Jazzi, reste avec nous… La vie est belle, bordel ! en dépit de tout…
Allez, Monsieur Barozzi, courage, et que tous les goûts du monde te soient aussi bienfaisants que des anges gardiens penchés sereinement sur un homme en paix.

Jean Langoncet dit: à

@B dit: à
Jean Langoncet, visionné votre lien. C’est une copie, pour le chanteur, de Tom Waits. Il regarde la télé, comme tout le monde.

Beaucoup d’allusions dans ce clip et ce titre mais Tom Waits ? Peut-être la pochette de Blue Valentine ? Tout le monde devant sa télé en posture vaguement régressive, à la manière de Lou Reed sur la pochette de New Sensations ?

B dit: à

Je crois que pas mal ici ne connaissent pas Casanova…

Je l’ai rencontré en personne et quelque uns de ces dignes descendants.

B dit: à

Prends-moi ! Prends-moi tout entier, m’écriais-je. Je t’appartiens. Je t’obéis. Je m’abandonne. Fais que tout en moi soit lumière ; oui ! lumière et légèreté. En vain je luttai contre toi jusqu’à

Je ne sais jamais si c’est Julien ou Graham mais ne serait ce pas du Green?

B dit: à

Tu nous casses les couilles avec tes trucs, Jazzi. T’es malade de la tête ?

La répartie est acceptable car nous ne pouvons doutez que vous en soyez doté, 3J n’a que des pieds, c’est pas pareil.

B dit: à

Ici, après les féministes, les populistes, les pessimistes, les optimistes, les communistes, nous rencontrons des colonnistes tels Jazzi, Christiane, et alii, ils ont en commun de nous alimenter en abondance de communications prenant la forme de colonnes rivalisant de style.

B dit: à

Puck, ce reccueil échappe au souhait de l’auteur qui ne voulait pas que soient publiés ces écrits avant 2027. C’est spicilège où apparemment le grand Victor subit un mauvais sort entre autres

Jazzi dit: à

(Que le lecteur me pardonne, nous entrons ici dans une partie très intime de mon roman…)

55

Dans les rues de la ville, il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé.
Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus ; qui au juste l’aima ?
Il cherche son pareil dans le vœu des regards. L’espace qu’il parcourt est ma fidélité. Il dessine l’espoir et léger, l’éconduit. Il est prépondérant sans qu’il y prenne part. Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s’inscrit son essor, ma liberté la creuse. Dans les rues de la ville, il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus ; qui au juste l’aima et l’éclaire de loin pour qu’il ne tombe pas ?

56

Mon amour adoré,
Que deviens-tu ? Je pense à toi d’une manière si triste et si poignante ! Un Japonais vient de m’apporter un poème de deux amants Hinadori et Hamatono qui périrent ensemble par la jalousie des dieux à l’époque héroïque du pays, et sur leur tombe poussèrent deux magnifiques pieds d’azalées, l’un rouge et l’autre blanc, dont les racines s’entremêlèrent et dont les fleurs étaient mélangées par le vent. Cela m’a fait penser à notre histoire.

57

Hier, en flânant dans un quartier éloigné, je suis passé devant une maison que j’ai beaucoup fréquentée, quand j’étais fort jeune. Là, avec sa force exquise, Éros s’est emparé de mon corps.
Et comme je repassais, hier, par mon chemin d’autrefois, tout, boutiques et trottoirs, les pierres et les murs, les balcons et les fenêtres s’embellirent soudain du charme de l’amour. Rien de vil ne demeurait là.
Et comme je m’attardais devant la maison pour en contempler le seuil, je sentis s’exhaler de mon être toute l’émotion voluptueuse qui s’y était conservée.

58

Mon trésor, pardonne-moi ma tristesse dans les dernières lettres. Je ne recevais rien de toi ! D’abord, j’ai reçu aujourd’hui tes lettres VIII et X. Il me manque le IX. Moi je ne numérote plus parce que je m’y perds. Je date et j’écris tous les jours. J’ai eu une impression de désir voluptueux d’une force fantastique. Je te désire. Je m’introduit en toi de toute ma virilité. Je me bande comme l’arc de Nemrod. Je te serre et te broie dans mes bras. Je darde toute ma force vitale en toi. Je prends tes lèvres. Je palpe ton beau derrière adoré. Je le baise. Je te bois là où ta toison exquise est une dentelle délicate et soyeuse, la blonde, dentelle je crois passée de mode, mais que j’aime. Maintenant, réponse à la lettre X : je ne suis plus triste mon amour du moment que tu m’aimes.

59

Puisque je suis coupable de ceci de cela (j’ai, je me donne mille raisons de l’être), je vais me punir, je vais abîmer mon corps : me faire tailler les cheveux très court, cacher mon regard derrière des lunettes noires (façon d’entrer au couvent), m’adonner à l’étude d’une science sérieuse et abstraite. Je vais me lever tôt pour travailler pendant qu’il fait encore nuit, tel un moine. Je vais être très patient, un peu triste, en un mot, digne, comme il sied à l’homme du ressentiment.

60

Parfois une idée me prend : je me mets à scruter longuement le corps aimé (tel le narrateur devant le sommeil d’Albertine). Scruter veut dire fouiller : je fouille le corps de l’autre, comme si je voulais voir ce qu’il y a dedans, comme si la cause mécanique de mon désir était dans le corps adverse (je suis semblable à ces gosses qui démontent un réveil pour savoir ce qu’est le temps). Cette opération se conduit d’une façon froide et étonnée ; je suis calme, attentif, comme si j’étais devant un insecte étrange, dont brusquement je n’ai plus peur. Certaines parties du corps sont particulièrement propres à cette observation : les cils, les ongles, la naissance des cheveux, les objets très partiels. Il est évident que je suis en train de fétichiser un mort.

Paul Edel dit: à

Closer, votre hypothèse est très vraisemblable, mais pourquoi ne pas alors écrire un article pour dire bien tranquillement et en toute liberté que Gracq l’ennuie? Ce qui n’est pas le cas si on la lit bien.. On voit bien ce qui la gêne dans Gracq .Elle déclare en début d’article que cet écrivain publié en pléiade « n’avait que méfiance ou mépris envers la république des Lettres, ses écrivains officiels, ses critiques incompétents et autres lecteurs oublieux ».
Mais 2O lignes plus loin, Camille Laurens reconnait que «ces « Nœuds de vie » restituent aussi et surtout la magnificence de sa langue ». Dont acte.
Au fond, ce qui déplait à Camille Laurens dans Gracq c’est l’homme qui a refusé le Goncourt, sa distance hautaine envers tout ce qui est « installé » dans le Paris littéraire, les notables, les jurys, les éditeurs et leurs réseaux, etc. Dans son pamphlet, « La littérature à l’estomac » publié en 1950 il s’en prend déjà avec vigueur à la radio, aux journaux , aux braderies, salons, rencontres, promotions, les séances de signatures et campagnes publicitaires « qui glapissent sur le tintamarre d’une fête foraine-comme un bruit de fond. » Mais surtout Gracq s’en prend à la subordination de la critique littéraire aux enjeux politiques de cette époque de guerre froide. Il accuse la critique littéraire de l’époque de céder à cette division idéologique partisane entre littérature « engagée » de Gauche face aux Hussards de Droite. Sartre reste sa bête noire. Il parle avec insistance d’une « curieuse electoralisation de la littérature ». Gracq ne veut pas de la littérature à la remorque du politique. A chacun de juger. « Le Monde des livres »,engagé à gauche est clairement en rupture avec la hauteur aristocratique souhaitée par Gracq.

Janssen J-J dit: à

@ Il va être difficile de mettre les autres dans le rayon partouze.

On fait confiance à l’auteure de cette aimable saillie d’avoir dégagé un nouveau rayon dans l’enfer de sa bibliothèque anti-partouzes.

Marie Sasseur dit: à

 » l’auteure » est plutôt satisfaite que grâce a Cassetout, la quasi totalité des pensionnaires de la clinique gériatrique de Passou puisse se faire piquer avant la fin du mois. Moins de toxicité, ce sera déjà ça.

Janssen J-J dit: à

@ B, eh oui, mon Héloïse, c pourquoi je suis encore si désirab’… Personne ne me casse les pieds, et vous encore moins que d’autres, Abel 🙂 Art

Soleil vert dit: à

rose dit: à
(…) « Et pourquoi aimons nous tant la métaphore laborieusement filée de « la faucille d’or, dans le champ des étoiles » »

Peut-être grâce à Vincent ?

Oui trois fois oui

Janssen J-J dit: à

@ (Que le lecteur me pardonne, nous entrons ici dans une partie très intime de mon roman…)

ah bon ?… c’était le roman d’initiation du rusé Renart (jul.), écrit depuis 20 ans et balancé icite en pièces détachées ?

Mais il n’y pas de lecteurs ni de voyeurs, ma soeur, que pourraient-ils VOUS pardonner ?

Lara dit: à

Gracq, de son vivant, avait toujours refusé les suppliantes invitations de Bernard Pivot pour participer à son Apostrophes ou à son Bouillon de culture.
L’auteur d' »En lisant en écrivant » n’allait tout de même pas faire du spectacle à la télé avec ce clown de Pivot.
Le pamphlétaire de « La Littérature à l’estomac » en aurait été estomaqué !

rose dit: à

Oui, trois fois oui
Soleil vert
j’aurais aimé le mettre plein écran, sans toute la pub derrière.

rose dit: à

Gracq élitiste, cela vient de sortir.
Gracq solitaire fuyant l’entre-soi c’est une autre image de lui.
Il avait la Loire tempétueuse sous ses fenêtres, quelle compagnie !

rose dit: à

Jazzi

58
(…) » te désire. Je m’introduit en toi de toute ma virilité. Je me bande comme l’arc de Nemrod. »

Si vous permettez :
je m’introduis

puis

je bande comme

je me bande, ça fait Urgo.

dit gentiment,

rose

poussière dit: à

« Nous ne permettrons pas à la populace de miner le règne de la loi »

J’ai le souvenir pénible de certaines « manifestations » qui revient. Oui, en effet, il vaut mieux…

Jazzi dit: à

Merci pour la correction à « je m’introduiS », rose.

Pour le reste, vous comprendrez plus tard (il y a en effet de l’Urgo dans l’air), si l’insurrection des forces réactionnaires de la RDL me le permet… (c’est pire qu’au Capitole, ici !)

christiane dit: à

Lara dit à Jazzi : « Jazzi,
Tu vas bien ?
Rassure-nous, t’es pas entrain de nous écrire ton chant du cygne non ?
Fais pas l’con, Jazzi, reste avec nous… La vie est belle, bordel ! en dépit de tout…
Allez, Monsieur Barozzi, courage, et que tous les goûts du monde te soient aussi bienfaisants que des deanges gardiens penchés sereinement sur un homme en paix. »
Seule, Lara, s’inquiète pour Jazzi ? Que de douleur dans cette longue citation…

Jazzi dit: à

61

Muse moderne de l’Impuissance, qui m’interdis depuis longtemps le trésor familier des Rythmes, et me condamnes (aimable supplice) à ne faire plus que relire, – jusqu’au jour où tu m’auras enveloppé dans ton irrémédiable filet, l’ennui, et tout sera fini alors, – les maîtres inaccessibles dont la beauté me désespère ; mon ennemie, et cependant mon enchanteresse aux breuvages perfides et aux mélancoliques ivresses, je te dédie, comme une raillerie ou, – le sais-je ? – comme un gage d’amour, ces quelques lignes de ma vie écrites dans les heures clémentes où tu ne m’inspiras pas la haine de la création et le stérile amour du néant. Tu y découvriras les jouissances d’une âme purement passive qui n’est que femme encore, et qui demain peut-être sera bête.

62

Nos « anciens » voyaient le caractère, le type continu… Nous, nous voyons le type discontinu, avec ses accalmies et ses crises, ses instants de bonté et ses instants de méchanceté. Cette prétention de faire vrai, qu’ont eue tous les grands écrivains, nous l’avons plus forte, de jour en jour. Mais approchons-nous de la vérité ? Demain ou après-demain nous serons faux, jusqu’à ce que cet univers soit las d’être inutile.

63

Humour : pudeur, jeu d’esprit. C’est la propreté morale et quotidienne de l’esprit. Je me fais une haute idée morale et littéraire de l’humour.
L’imagination égare. La sensibilité affadit.
L’humour, c’est, en somme, la raison. L’homme régularisé.
Aucune définition ne m’a suffit.
D’ailleurs, il y a de tout dans l’humour.

Clopine dit: à

Paul Edel, je vais sans doute vous hérisser (comme d’hab’) m’enfin si vous parlez de la « hauteur aristocratique souhaitée par Gracq », ne pourrait-on dire que vous emboîtez, ce faisant, le propos qui qualifie l’écrivain d' »élitiste » ? Car le propos des élitistes est bien celui-là : se définir comme une sorte d’aristocratie, dont on ferme la porte au tout-venant. Vous devriez en parler à Monsieur Court, le plus flagrant spécimen ici-bas de ce point de vue, basé évidemment sur un orgueil flamboyant…

puck dit: à

closer dit: Pas compliqué Paul, Camille Laurens n’ose pas dire que Gracq l’emmerde
 »

plutôt d’accord avec Paul Edel quand il parle d’insulte : Gracq ne l’emmerde pas, il l’insulte en la renvoyant à ce qu’elle est.

Clopine dit: à

En fait, Jazzi, tu nous dresses ici ton anthologie idéale : des extraits qui ne sont pas liés entre eux par un thème, comme ce que tu fais pour tes « goûts de », mais qui sont simplement des textes que tu retiens près de toi, comme on reste attaché à des jouets anciens ou des objets pleins de souvenirs. C’est cela ? Et puis on pourrait dire que c’est un jeu : les rédéliens sauront-ils attribuer tel extrait à tel auteur ? Moi j’ai repéré Hugo, Céline, Gracq, mais me suis très vite arrêtée, essoufflée…

puck dit: à

que Camille Laurens se sente « insultée » par Gracq et qu’elle riposte en traitant d’élitiste est plutôt une bonne nouvelle : cela prouve que sur chaque auteur plane l’ombre de ses prédécesseurs.

Clopine dit: à

… Ou bien, simplement, Puck, Laurens analyse parfaitement Gracq. Mais ce faisant, elle semble marcher sur des plates-bandes qu’on lui demande fermement d’éviter, en « la renvoyant à ce qu’elle est » (= de la merde, donc.) Moi ça me la rend plutôt sympathique, et digne d’intérêt : une parole juste et honnête… Qui lui vaut d’être insultée.

puck dit: à

non Jazzi est en train d’acrire ses Mémoires.

arrêtez donc de le faire chier ! chacun a le droit de faire ce qu’il veut !

perso je trouve ça hyper intéressant, vas-y mon Jazzi vis ta vie et n’écoute pas tous ces emmerdeurs !

puck dit: à

Clopine dit: Ou bien, simplement, Puck, Laurens analyse parfaitement Gracq.
 »

effectivement ! et là où elle a du bol c’est que Gracq n’est plus là pour analyser Camille Laurens.

le jour où Camille Laurens nous pondra un roman du tonneau du Rivage des Syrtes non seulement ça se saura, mais en plus elle pourra se permettre de traiter Gracq de ce qu’elle veut.

Jazzi dit: à

Pour l’instant, Clopine, je note les réactions et découvre, à ma grande surprise, ici, une certaine haine de la littérature. Qui l’eut cru ?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

*