Hannah Arendt, celle qui voulait penser sans garde-fou
S’il est un cas d’école dans le biopic (film biographique ou biographie filmée), c’est bien la mise en scène, en images et en paroles de la vie d’un intellectuel. Quand on sait à quel point il est déjà difficile de l’écrire, on mesure à quel point il est risqué sinon impossible de filmer la pensée en action. De quoi se rendre à reculons à la projection de Hannah Harendt, le film de Margarethe von Trotta sur les écrans français à partir d’aujourd’hui. On est déjà soulagé à la lecture même de son projet, lequel évite l’écueil qui a plombé nombre de biopics dans le passé : la vaine ambition de tout raconter d’une vie et d’une oeuvre. On sait d’expérience qu’il est toujours préférable d’en isoler un moment-clé en se réservant la possibilité de quelques flashs-back. C’est heureusement le parti pris de Margarethe von Trotta : quatre ans de la vie de Arendt. Elle a vu dans la couverture du procès d’Adolf Eichmann, SS Obersturmbannführer responsable de la logistique de la solution finale, par Hannah Arendt, envoyée spécial du New Yorker à Jérusalem en 1961, la somme des intuitions, de l’intelligence, du génie, mais aussi des limites et des contradictions de la philosophe.
Le film se déroule donc principalement aux Etats-Unis où elle vit, écrit et enseigne, Israël où elle séjourne, et dans le souvenir de l’Allemagne où elle fut l’étudiante, la disciple et l’amante du philosophe Martin Heidegger, ambigu dans sa complaisance avec les nouveaux maîtres durant les premières années du nazisme au pouvoir. Une Allemagne qu’elle a connue jusqu’à son départ en exil définitif en 1933 ; elle n’a donc pas vécu le nazisme de gouvernement ni le nazisme de guerre, méconnaissance qui lui sera reprochée dans ses jugements sur ce pays. On sait les dons d’actrice de Barbara Sukowa ; elle est ici remarquable d’authenticité jusque dans sa tabagie compulsive (à la fin du film, on ne surprend à tousser tant la fumée sourd de l’écran). Impulsive, colérique, entière, dure, inflexible, intransigeante, lumineuse, telle apparaît l’auteur d’un essai décisif sur les Origines du totalitarisme (1951) à la veille de se saisir du cas Eichmann.
« La banalité du mal » est le morceau attendu, le grand monologue d’un film qui repose essentiellement sur ses dialogues, en allemand lorsqu’elle s’adresse à ses proches, en anglais avec un fort accent lorsqu’elle parle à ses étudiants, distinction difficile à imposer à des producteurs généralement favorable au tout-en-anglais-partout. Il intervient à la fin lors d’une sortie, davantage qu’un cours ou qu’une conférence, que le professeur Arendt (1906-1975) fait à ses étudiants. Un plaidoyer pro domo, d’une poignée de minutes particulièrement intenses, pour se défendre des attaques dont elle est l’objet. Elle explique autant qu’elle s’explique : le mal est accompli par des êtres humains insignifiants, des gens comme les autres, l’homme de la rue, dont les circonstances révèlent la capacité à se déshumaniser ; comme ils ne pensent plus mais se content d’obéir, d’exécuter des ordres et de les faire scrupuleusement appliquer, ils se situent en dehors des catégories ordinaires du jugement moral ; un carriériste servile sommeille en tout homme, nul n’est à l’abri ; ce mal là n’est pas radical mais banal, ordinaire ; l’accusé a bien eu mauvaise conscience, mais c’était celle de ne pas exécuter correctement les ordres. Pour autant, elle n’invite pas au pardon comme ses adversaires tentent de le faire croire.
Elle l’écrit bien à la fin de son texte paru en livre de poche (Folio) en s’adressant à Adolf Eichmann : « Puisque vous avez soutenu et exécuté une politique qui consistait à refuser de partager la terre avec le peuple juif et les peuples d’un certain nombre de nations, on ne peut attendre de personne qu’il veuille partager la terre avec vous. C’est pour cette raison, et pour cette raison seule, que vous devez être pendu.”
Vibrante, poignante même, à défaut d’être tout à fait convaincante, cette démystification du mal a le grand mérite d’inviter à penser cette catégorie philosophique en le débarrassant des affects et du sentimentalisme, ce qui ne va pas de soi durant le procès Eichmann. Parmi les étudiants, au fond de l’amphithéâtre, il est un homme qui ne lui pardonne pas : son meilleur ami le philosophe Hans Jonas qui dénonce les erreurs de son raisonnement, de même que son autre ami Gershom Scholem qui lui reproche, lui, de ne pas aimer suffisamment le peuple d’Israël. Le fait est qu’elle aime des gens, des individus, des personnes mais qu’elle n’éprouve aucun sentiment pour des peuples quels qu’ils soient, ni mêmes des collectivités ou des classes sociales. C’est particulièrement éclatant lors des nombreuses discussions d’intellectuels qui se tiennent chez elle à dîner, avec la participation active de son mari Heinrich Blücher et de sa meilleure amie la romancière Mary McCarthy.
Parue deux ans après en cinq livraisons dans le magazine branché de l’intelligentsia de la côte est, sa série d’articles sur « Eichmann à Jérusalem » fait aussitôt scandale. Sous sa plume, ce n’est pas un monstre mais un médiocre, un bureaucrate au zèle assassin, un fonctionnaire qui ne s’exprime correctement que dans un allemand administratif. Impardonnable. Des amis s’éloignent à jamais, des intellectuels l’attaquent violemment dans les médias, la communauté juive la boycotte. Ce qu’on lui reproche ? Banaliser le crime, dédramatiser le génocide, se soumettre à la haine de soi et surtout oser pointer la co-responsabilité des judenrats (« conseils juifs » ou gouvernement des ghettos servant d’intermédiaire entre la population et les nazis) dans le processus de déportation.
Le scénario ne s’appuie pas sur l’adaptation d’un des nombreux livres consacrés à l’intellectuelle mais il se nourrit de rencontres de ceux qui furent ses proches : Lotte Köhler, sa collaboratrice de longue date et amie, décédée à l’âge de 92 ans en 2011 ; sa première biographe Elisabeth Young-Bruehl disparue la même année ; Lore Jonas, la veuve du philosophe, ainsi que Jerome Kohn, son dernier assistant et l’éditeur de ses œuvres posthumes.
Malgré la facture classique de son film, et grâce aussi à la lumière de Caroline Champetier, Margarethe von Trotta réussit la prouesse de captiver, alors qu’on connaît les ressorts et la fin de l’histoire, sans rien sacrifier d’une certaine exigence intellectuelle, avec ce qu’il faut de concessions aux impératifs de la dramaturgie. Son exploit : filmer une intelligence en action en nous faisant assister passionnément durant une heure et cinquante-trois minutes à un débat d’idées fondamental, autour d’une femme qui voulait penser sans garde-fou. Reste à savoir ce que donnerait la même histoire filmée cette fois sans plus de garde-fou…
(« Barbara Sukowa dans »Hannah Arendt » ; « Hannah Arendt, elle-même » photo D.R.)
868 Réponses pour Hannah Arendt, celle qui voulait penser sans garde-fou
Parler, se parler, même ici, en vain
au lieu de tirer sur les passants ;
de toute façon, il y en a trop
et toujours d’autres.
Amokalement.
tu ne pouvais mieux montrer que tu n’as aucune ….. résistance . ! parce que des profs qui se donnent de la peine dans leur enseignement, et qui ne parlent continuellement de « leurs profs » et ne sont pas convaincus de comprendre tout, et tous .alors Arendt Eichman la cinéaste les acteurs , allez fais cours sans essayer d’expliquer trois jours après un mot d’esprit : monsieur le pauvre.petit perdreau de giboulée
Je ne vais pas faire preuve de résistance avec un pauvre aigri sur un blog. Non mais dans quel monde vis-tu ? Bon, je comprends que c’est ce qui te reste de la vie, mais tu ne peux non plus trop demander…
Bon, changeons-nous les idées :
et le comble c’est qu’il continue de se chercher des auxiliaires après ses mois à avoir causé fraise et prostate , poirier et cigognes pour un tapis rouge germano-pratin !
mais tu pourras danser le 14 juillet en tutoyant à plus soif avec les pompiers , pas les pommiers, ce n’est pas le paradis ici, même si tu aimes t’envoyer un baby
Absolu, relatif : encore un effet de notre vanité :
additionner tous les crimes en un seul,
comptabilité démentielle au demeurant,
ne conduit pas au crime des crimes,
parce qu’à la seconde d’après
Caïn tuerait encore Abel.
Fratuernellement.
Le cœur bat,
la violence commence là.
Aortellement.
tensiomètre est un vrai jeune poète !Jacquy
Ouaips!
Et la blackpoule nous les casse menu avec ses références panini!
coque de blog ? je dirais chapon, plutôt
Penser sans garde-fou : penser follement ?
Sans garde-fou, qu’est-ce qui est fou ?
Garde-fou, protège le fou ou de lui ?
Fou, jugement de soi ou d’autrui ?
Sagisollement.
Et une référence panini pour coquelet de blog, une :
Polémikoeur. dit: 27 avril 2013 à 11 h 37 min
commander et recevoir par Internet
une kalachnikov et accessoires
Oui mais le mode d’emploi est en russe…
« Blackpool Night Out dit: 27 avril 2013 à 11 h 11 min
Non, tu n’es pas un petit garçon qui emmerde les vieux, t’es un vieux con imbu de soi-même qui emmerde tout le monde. »
Autocritique d’une lucidité remarquable !
Doktor Synthèse (service accompagnement psychologique)
On ne vous a pas sonné… ou si vous préférez quand on a besoin de personnel de service on appelle des professionnels, pas des coquelets de blog de votre acabit…
Arrêtez de vous faire embobiner par le grand patronnat.
Vous soulignez à raison la tabagie,très frappante en effet! Sur ce point certes un peu marginal, pas non plus de politiquement correct anachronique! Et le mari qui relève d’un a.v.c. ne tarde guère à reprendre la pipe,lui aussi.
Je crois, renato, que vous devriez comprendre que pour nombre d’entre nous….vous apparaissez comme un vieux con, bon à jeter.
Ce qui est exagéré, j’en conviens !
Entre valérie trierweiler et hannah arendt, nous n’hésitons pas une seconde : l’une coûte de l’argent pour ne rien apporter, hors ses charmes dodus, aux contribuables pour la satisfaction d’un seul, l’autre apporte du sens au monde, sans rien coûter !
Boh la pipe c’est pas dangeureux…
Bon, Doktor Synthèse, c’est votre opinion, je ne vais pas la contester…
Cela dit, vous permettez, je suppose, que de mon côté je pense que vous ne valez pas mieux ?
D’autre part nous sommes sur un blog, c’est à dire nulle part…
Gravissime erreur, renato !
je suis simplement lucide, vous êtes con, et vieux, et chillant…
Mais, par exemple, Doktor Synthèse, là où je touche au problème subjacent à l’obéissance chez les divers corps de l’État (Kant : être capable de penser à la place de quelqu’un d’autre, ‘mentalité élargie’), vous êtes passé sans brancher ; comme vous êtes passé sans brancher là où il a été question d’un droit pour un État laïc… je vous laisse tirer les conclusions qui s’imposent… mais je comprends : vous êtes simplement lucide… hi, hi, hi…
Blackpool Night Out dit: 27 avril 2013 à 6 h 52 min
Et il pleut !
Et en plus on dit rien ! Je comprends pas qu’on se laisse faire comme ça…
serait-ce la fumée d’Hannah A qui a atteint les brOnches de l’arborescent erdélien ?
C’est un vrai gland, votre Kant, monsieur renato : PENSER A LA PLACE DE QUELQU’UN D’AUTRE ??? Ouarf…
Ces philouzophes : des brêleux !
ML / renato : même combat, qui se ressemble s’assemble dans le dénigrement perpétuel, le genre de mecs à ne pas avoir beaucoup d’amis
Des amis comme d’Artagnan, ou comme Facebook ? Y a une nuance bon Dieu !
Je ne sais pas vous Sigismond, mais j’ai beaucoup d’amis et je ne compte pas les connaissances et le frequentations de travail… mais je suppose que vous connaissez ma vie mieux que je la connaisse…
Doktor Synthèse…………….. dit: 27 avril 2013 à 15 h 26 min
A ce point vous écouter ce serait du temps perdu.
je me permets de signaler un entretien sur la toile sur l’amitié comme concept, parce que c’est une question qui me semble importante pour les gens intéressés au travail de la philosophie et de la littérature
Impasse et impossible : politique de Georges Bataille – entretien avec Michel Surya
http://www.nonfiction.fr/article-6203-impasse_et_impossible__politique_de_georges_bataille___entretien_avec_michel_surya.htm
Non mais qui c’est qui bouffe toute la bande passante ? Y a qu’ici…
la haine et la rancœur suintent souvent sur ce blog, pas de quoi être fier de tels déferlements
Un très beau regard de Dominique Hasselmann sur ce film :
https://doha75.wordpress.com/2013/04/27/hannah-arendt-un-film-implacable-et-vivant/
Cinéma de quartier, cinéma de quartier… Eddy Mitchell, ou Margaret Mitchell ? Y a une nuance bon Dieu !
Magnifique, le Polémikoeur de 11 h 37 min !
Après la banalité du Mal, vous êtes le génie du Bien, Paul Emile de mon Coeur…
« cinéma de quartier… Eddy Mitchell, ou Margaret Mitchell ? »
C’est pas pareil, sergio ?
Quelqu’un a vu le petit D. ?
Il doit se morfondre contre la Floride !
Tiens, j’ai fait une halte dans le bistrot qui est juste à côté et mon nom passe, avec une adresse de fantaisie, certes, mais il passe… wow !
papy renato fait de la résistance… informatique !
Tonton Jacques traînaille toujours dans ses jugements à l’emporte pièces ?
Mais je ne juge personne, moi, renato, je serais mal placé pour cela !
Ah ! non ?
Sur la toile on peut lire cela, sous toute réserve, comme il est d’usage :
« As Hilberg read Arendt’s articles about Eichmann, he noticed a number of striking similarities to his own research. He tallied them on an accounting spreadsheet stored in the accordion folder with the New Yorker issues. At the bottom of the spreadsheet he divided the instances into « cert. » and « prob. » and penciled hash marks next to each category. Among the flagged passages is Arendt’s account of the plight of Bernard Lichtenberg, a Catholic priest in Berlin who was condemned to a concentration camp after speaking out against the deportation of the Jews. Hilberg noted the page on which Arendt’s version appeared and next to it wrote, in red ink, « verbatim. » »
Si on ne veut pas voir ce film, pour une raison x ou y, et comme à l’extérieur il fait un temps épouvantable, il y avait récemment, et peut-être est-il encore sur les écrans, le très profond » Syngue Sabour »
cela dit il n’y a aucune légitimité à ce que ce post soit le last one.
Donc, Jacques Barozzi et Renato, vous disiez ?
@ des journées entières dans les arbres
@ des journées entières dans les arbres
« La conscience n’est pas la même chose que la pensée ; les actes de la conscience ont en commun avec l’expérience sensible le fait d’être « intentionnels » et donc ‘cognitifs’, tandis que le moi qui pense ne pense pas à quelque chose, mais sur quelques chose, et c’est un acte dialectique ; procède dans la forme d’un dialogue silencieux. » etc.
Hannah Arent, The Life of the Mind ; Qu’est-ce qui nous fait penser ?
Là, je suis sur l’édition Italienne de 1987…
Well, Maestro (joke), grazie!
de nos jours la patience est tabou
@christiane
Dominique Hasselmann a une vision simpliste et psychologique de la Shoah.
Comme beaucoup il part du principe que le « fonctionnaire » Eichmann « ne pense pas ». Mais il oublie de préciser qu’ un « fonctionnaire » n’a pas pour tâche de « penser » mais d’exécuter des directives. C’est ce qui fait de lui précisément un fonctionnaire de l’administration. Combien de fois n’ai-je pas entendu mon chef d’établissement rétorquer à un prof qui se mettait à critiquer une mesure gouvernemental concernant l’Éducation et qui aurait des répercussion concrète dans sa vie professionnelle qu’il n’était pas là en tant que « fonctionnaire » pour critiquer quelque mesure gouvernementale que ce soit. Moi, à chaque fois que j’entends ce discours, je pense : Et si nous étions en 1940, qu’est-ce quei se passerait ? Il se passerait que je serais viré de la fonction publique et que mes « chers collègues » s’en laveraient les mains, que le chef d’établissement continuerait à tenir le même discours. Aujourd’hui encore il n’y a rien dans le droit administratif, en France, qui donne légitimité à un fonctionnaire de « penser » et de remettre en cause quelque mesure gouvernemental que ce soit.
La Shoah n’a pas pour cause la psychologie de Eichmann, dont on ignore en réalité presque tout, quasiment tout. Elle n’a été possible que parce que l’administration allemande avait déjà une longue histoire derrière elle d’obéissance servile et une culture de l’obéissance servile qu’on voit mise en scène dans la littérature allemande notamment dans le roman Effi Briest, de Th. Fontane. La terreur nazie a largement bénéficier de ces rouages administratifs pour pouvoir commettre ses crimes. Cela n’a strictement rien à voir avec quelque psychologie que ce soit. Cette psychologisation des causes de la Shoah finit par devenir lassante et insupportable.
@tensiomètre
L’article à propos de Bataille ne manque pas d’intérêt. Pour mieux comprendre le débat sous-jacent aux propos de Michel Surya, il faut mettre en regard de ce qu’il dit de Bataille, le bouquin d’Éric Marty, Pourquoi le XXe siècle a-t-il pris Sade au sérieux ? , Seuil, 2011, mais qui ne traite pas de la période surréaliste mais exclusivement des lectures de Sade après la guerre. Sade a servi à Bataille pour penser ce qui ne s’appelait pas encore la Shoah sur le thème : dans les camps de la mort s’est pratiqué ce qu’on lit dans Sade. Vision sacrificielle de la Shoah. Vision très ambiguë et critiquable qui tendrait à interpréter le génocide du peuple juif comme un holocauste, ce que récuse précisément le terme de Shoah, on l’oublie trop souvent.
Mais le thème du sacrifice pensé par G. Bataille est un outil de lecture tout à fait passionnant quand il est utilisé à bon escient par un grand critique comme par exemple Georges Didi-Huberman dans son bouquin d’analyse du thème de Vénus chez Botticelli dans Ouvrir Vénus, « Le temps des images », Gallimard, 1999, qui rapproche avec beaucoup d’intérêt et de pertinence les quatre panneaux qui illustrent la nouvelle de Boccace (Décaméron (Histoire de Nastagio degli Onesti, Cinquième journée, Huitième nouvelle), dans l’œuvre de Botticelli, de Madame Eduarda, de G. Bataille et des Vénus ouvertes de cire au musée à Florence.
@ M.L dit: 27 avril 2013 à 20 h 57
Simpliste ? Vous êtes dur, Michel, comme souvent. D.Hasselmann scrute le jeu de Barbara Sukowa avec finesse, comme tout ce que M.von Trotta a travaillé dans son film (décors, façon de filmer les visages…). Sa mémoire du visage d’Eichmann, tordu de rictus, indifférent est précise. Quant à la psychologie de ce « fonctionnaire » nous en avons débattu pendant 2 jours et magnifiquement sur ce blog. Lu aussi les billets divers sur le Nouvel Obs’, écouté beaucoup d’émissions de radio. C’est un abîme de réflexions… Comment comprendre que ce soit l’homme qui ait été capable de « penser » ce mal ? Comment, comme vous l’avez exprimé, ne pas rester perplexe devant l’invention de ce mal qui, s’il n’est pas absolu (seul le bien peut l’être), a atteint là une monstruosité qui va au-delà de l’humain, dans un monde où la pensée (qui est toujours là) est dénaturée, utilisée à des fins infernales.
Il reste, c’est je crois le sens du monologue d’Hannah Arendt face à ses étudiants, à la fin du film à se défendre de cette malédiction par la pensée, justement, en se souvenant de toute cette humanité à laquelle nous appartenons, à ces valeurs morales qui la défendent face à tous les totalitarismes.
Votre histoire personnelle vous plonge dans une recherche sans fin, admirable, que vous notez sur votre blog (« Le serment du puits »), jour après jour. Pour d’autres, nés après ces années fatales il reste à découvrir, à comprendre ce qui s’est passé là et une telle horreur rend impuissant à seulement imaginer que ça a pu se passer. Aujourd’hui, 68e anniversaire de la Journée Nationale du Souvenir de la Déportation, je m’apprête à me rendre au Mémorial, devant la stèle de la Déportation pour rejoindre mes amis, ceux qui se souviennent…
Le bien absolu ?!
Le bien absolu ?
Le mal absolu ?
Mais, cela ne veut absolument rien dire ! Rien n’est « absolu » dans ce domaine. Imaginer ? Comprendre ? … sans intérêt, la cruauté humaine, inévitable, étant bien connue et depuis fort longtemps.
Dans une lettre à Gershom Scholem suscitée par la publication de Eichmann à Jérusalem, Hannah Arendt écrit:
« vous avez tout à fait raison : j’ai changé d’avis et je ne parle plus de » mal radical » … A l’heure actuelle, mon avis est que le mal n’est jamais « radical » , qu’il est seulement extrême, et qu’il ne possède ni profondeur, ni dimension, ni démoniaque. Il peut tout envahir et ravager le monde entier précisément parce qu’il se propage comme un champignon. Il « défie la pensée », comme je l’ai dit, parce que la pensée essaie d’atteindre à la profondeur, de toucher aux racines, et du moment qu’elle s’occupe du mal, elle est frustrée parce qu’elle ne trouve rien. C’est là sa « banalité ». Seul le bien a de la profondeur et est radical.»
« Seul le bien a de la profondeur et est radical. »
À chacun le droit de faire sa midinette, mais absolu comme adjectif pour le bien est aussi stupide que pour le mal — ou alors on est dans le religieux, ce qui n’a qu’une valeur relative… et vu le destinataire de la lettre cela semble l’option plus probable.
En première illustration, la môme Sukowa a la gueule pimbêche d’une conseillère pédagogique du monstre éducatif national ! Elle paraît aussi peu crédible dans le rôle d’Arendt que DSK en Saint-Vincent de Paul, Depardieu en Saint-Louis, ou Hollande en Robin des Bois
Comment comprendre que ce soit l’homme qui ait été capable de « penser » ce mal »
Christiane
Nom de Dieu! Vous n’avez rien compris à rien du film. A l’Histoire, encore moins.
Lisez « Eichman à Jerusalem » de AH au lieu de tourner en rond comme la guêpe, sur le web!
« chus pas l’grenre a te sauhaiter bonne soirée comme on dit vas chier mon chien »
alors là, si ce n’est qu’au moment de se souhaiter bonne soirée, c’est rien !
enfin presque
@Daaphnée dit: 28 avril 2013 à 13 h 39
J’attends de vous d’autres talents que ceux d’une entomologiste, d’autres conseils que ceux de cette bibliographie succincte. Si vous nous écriviez, ici, ce que VOUS pensez de la pensée d’Hannah Arendt…
@S..cryme dit: 28 avril 2013 à 15 h 46
Vous vous mêlez là d’une histoire qui vous dépasse. Retournez à vos amusements anonymes et laissez-nous tranquilles.
@christiane
et ça vous gène pas trop l’anonymat pour juger de mon histoire?
S..cryme
Bonne soirée !
Un petit article sur mon blog sur ce film, sur Hannah Arendt : http://murakamien.blogspot.fr/2013/04/une-femme-determinee.html
Hannah Arendt a reçu un choc en lisant « la mort de virgile » d hermann broch. ils devinrent amis,et passèrnt, avec son mair, des soirées entièrs à discuter allemagne, nazisme, etc.. Broch fut tres amoureux d’elle et leur correspondance n’est toujours pas publiée, c’est vraiment dommage. je n’ai pas compris grand chose à ce film.il comporte un moment kitsch:quand heidegger et sa veste tyrolienne s’agenouille devant elle et lui serre les hanches . consternant. l’avantage du film c’est que la réalisatrice film bien le visage de la comédienne qui, vers la fin, ressemble à Delphine Seyrig. sinon, les amis new yorkais d’Hannah parlent et boivent comme un film de woody allen sans l’humour de de woody, ce qui est frustrant .
Eternellement reconnaissant, Paul, d’avoir découvert « La Mort de Virgile » par votre billet d’il y a quelques temps…!
en toute modestie, ma contribution: http://panissieres.blog.lemonde.fr/2013/05/05/hannah-arendt-le-film-2/
On ne peut pas juger sérieusement de la pensée de Hannah Arendt en-dehors de ses écrits. Lire « Le Totalitarisme », les écrits sur la culture, le Procès d’Eichmann à Jérusalem, et tant d’autres livres. Ce film a deux avantages: un, il est bon; deux, il sert Hannah Arendt, penseur majeur de l’époque
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