de Pierre Assouline

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La République des livres
Lacombe Lucienne, vraiment ?

Lacombe Lucienne, vraiment ?

Qui ne connait cette photo-là ? C’est la plus iconique de toutes celles prises à la Libération de la France. Elle est l’incarnation de ce que l’on a appelé l’épuration sauvage, cette justice au coin du bois, plus expéditive que l’épuration légale dont les tribunaux furent le théâtre. L’un des romans de la rentrée littéraire y est consacré, en s’appuyant naturellement sur l’Histoire mais en prenant de telles libertés avec elle qu’il engage à réfléchir aux limites.

Inutile de la reproduire, il suffit de la décrire pour qu’elle revienne en mémoire : une femme au crâne fraichement rasé, croix gammée marquée au fer rouge sur le front, tenant son bébé de trois mois dans les bras, marchant dans une avenue de Chartres le 16 août 1944, entourée et escortée par une foule que l’on imagine rigolarde, insultante et prête à la lyncher. L’image est signée d’un photographe de légende, l’un des co-fondateurs de l’agence Magnum, Robert Capa. Elle a inspiré à Julie Héraclès, 44 ans, son premier roman Vous ne connaissez rien de moi (éditions JC Lattès). Le problème, c’est que justement, on connait tout d’elle. Ou presque tout.

Son livre est en soi très bien fait : sa langue est crépitante, rapide, incisive, au service d’une grande force d’évocation. L’auteure, qui écrit au présent et à la première personne, s’identifie au personnage, en totale empathie avec elle. Elle prend garde de prévenir en liminaire :

« Ce roman s’inspire de faits réels mais ne prétend aucunement être une reconstitution historique. Les dates et les lieux ont été, pour la plupart, respectés mais l’enchaînement des événements est pure fiction. ».

Soit. Or cette histoire a été parfaitement documentée par l’enquête de deux historiens Philippe Frétigné et Gérard Leray dans La tondue, 1944-1947 paru en 2008 (Vendémiaire et en poche chez Texto). La romancière reconnait qu’il a été une source d’inspiration, ce qui est bien le moins puisqu’il contient archives et dossier judiciaire. Sauf qu’elle fait de Simone Touseau (qu’elle rebaptise Simone Grivise) une femme de 23 ans un peu paumée, tombée amoureuse d’un bel Allemand de la Propaganda locale, animée par un désir de vengeance sociale, qui s’est laissée happer par ce chemin-là comme une « Lacombe Lucienne » aussi hésitante que le personnage du film de Louis Malle alors qu’un rien aurait pu l’entrainer au maquis, qui a aidé des enfants cachés ainsi qu’une résistante et se découvre une amie d’enfance juive, etc

Alors que dans la réalité, son héroïne était une militante du Parti polulaire français, le PPF fasciste de Jacques Doriot, qu’elle et sa mère parfaitement au diapason paradaient dans les rues de Chartres avec des officiers de la Kommandantur en menaçant les habitants, qu’elle affichait des opinions hitlérophiles prolongées par un activisme univoque, qu’elles auraient dénoncé des voisins qui furent déportés etc. La romancière se défend en assurant avoir juste « humanisée » son héroïne. On dira que la fiction a tous les droits. Mais là où le bât blesse vraiment, c’est qu’en couverture du roman s’étale la photo de Capa. Non une coupable de roman ou une tondue parmi d’autres mais bien Simone Touseau.

Les libertés de l’imagination revendiquées par l’auteure butent sur ce réel-là. Or on ne peut pas jouer sur les deux tableaux. L’ambiguïté qui s’en dégage a quelque chose de malsain. Un projet de film adapté du roman est en cours. Si leur vérité l’emporte, la fiction aura eu la peau de l’Histoire. Sacrée responsabilité que de contribuer ainsi à la désinformation historique. D’autant qu’à la suite d’une enquête de Benoît Hopquin dans M, le magazine du Monde, un lecteur du nom de Arnaud Hée, indigné à la lecture du roman, a fait savoir que Simone Touseau avait dénoncé son grand-père à la Gestapo en 1943 : son voisin écoutait la BBC… Il fut déporté à Mauthausen et de là à Loïbl, et en revint ; mais d’autres, également victime des délatrices (la mère et la fille), n’eurent pas cette chance. Faute de preuves, son affaire s’acheva par un non-lieu en 1947 et par une condamnation à dix ans d’indignité nationale pour ses activités sous l’Occupation.

Aujourd’hui encore, cette image aussi puissante qu’atroce hante Chartres- et manifestement ce n’est pas fini. On peut lui en préférer une autre, une fresque géante s’étalant sur un mur avec la cathédrale en arrière-plan : le portrait de Jean Moulin, préfet d’Eure-et-Loir en poste dans la ville jusqu’en novembre 1940.

(« 16 août 1944, rue Collin-d’Harleville, à Chartres », photo Robert Capa)

Cette entrée a été publiée dans Histoire, Littérature de langue française.

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1 279 Réponses pour Lacombe Lucienne, vraiment ?

Soleil vert dit: à

Décès d’Hubert Reeves : triste disparition d’un homme à la voix calme qui essayait d’élever nos pensées et nous laisse dans un monde en furie.

Marie Sasseur dit: à

Chartres ville ouverte.
Il y a quelques jours, on a pu voir à la télé le film  » un amour impossible  » avec V. Efira, formidable tout le temps. Et Chartres où C. Angot a grandi.

La prévalence germanophile de l’incestueur m’avait fait dire, après lecture du roman d’Angot, et du suivant, « Le voyage dans l’Est » que cette piste donnait matière à poursuivre le travail littéraire.
Ce qui serait bien plus intéressant, pour ses lectrices que je suis, que cette bouillie sociologique servie à la fin pour solde de tout compte, et de tout conte, et bien décevante car assez facile.

closer dit: à

L’avant dernier paragraphe est de moi; je ne veux pas la compromettre davantage…

Marie Sasseur dit: à

Bouh, pour ses lectrices dont je suis

renato dit: à

Michael Caine fait ses adieux au cinéma : « Je m’en vais, mon souci est d’arriver vivant à l’heure du déjeuner ».

JC..... dit: à

Cher Bloom, Sartre n’était pas un con puisqu’il plaisait aux gauchos !Il fallait le lire, je l’ai lu en partie et il m’a vite dégouté, le fasciste borgne clinquant !

Sartre ? Une salope ! Bon pour la déchetterie.

A oublier.

Jazzi dit: à

Pascal Praud dans le JDD

Le ciel a les couleurs de la ville d’Oran ce vendredi dans les allées du cimetière Montparnasse. Il est un peu plus de 16 heures. Le cercueil de Jean-Pierre Elkabbach n’a toujours pas pris place dans le carré juif. Alain Duhamel se penche vers Brigitte Macron : « Jean-Pierre a été en retard toute sa vie. Il l’est encore aujourd’hui. » Quelques minutes plus tard, Alain Duhamel rappelle les mille et une vies de son cher Jean-Pierre à travers un éloge funèbre aussi brillant qu’intelligent, que seul un esprit supérieur est capable de prononcer sans une note ni une hésitation. Duhamel ne cachera rien de « son ami intrusif qui voulait tout savoir de lui jusque dans les moindres détails en même temps qu’il voulait en être le seul récipiendaire ». « Dans les rédactions, qui ne sont pas l’endroit le plus charitable du monde, conclut Alain Duhamel, Jean-Pierre a parfois été une star contestée. Je parie qu’il deviendra un mythe incomparable. »

Tout ce que la France compte de personnalités influentes, hommes et femmes d’univers politiques, économiques, artistiques, intellectuels ou journalistiques écoutent dans un souffle les paroles d’Emmanuelle, l’unique fille de Jean-Pierre Elkabbach, au bord des larmes tout le temps de son oraison. Elle évoque ce père insatiable de curiosité : « Qui as-tu vu ? Qu’as-tu lu, qu’as-tu vu ? Dis-moi. Dis-moi tout… » Le grand rabbin de France Haïm Korsia aura les derniers mots au-dessus du cercueil, racontant entre ten- dresse et tristesse que Jean-Pierre interrogeait la parole d’Isaïe les jours de Kippour à la synagogue comme on fait une interview d’un ministre à Europe 1. Il est 17 heures. Shalom Jean-Pierre.

63 ans de carrière

J’entrais chaque matin dans son bureau vers 7 heures. Il préparait l’interview de 8 h 15 que diffuserait CNews. Il y avait des Stabilos rose, jaune, bleu et des fiches cartonnées format A5 posés sur la table. J’ai vu ces Stabilos durant plusieurs saisons. Je n’ai jamais su pourquoi certaines phrases qu’il avait écrites étaient surlignées en jaune, en rose ou en bleu. Je lui ai posé dix fois, vingt fois, cent fois la question. « Tu m’embêtes, répondait-il, c’est comme ça. » Il était concentré, penché sur ses fiches, les lunettes sur le front, relisant inlassablement les questions qu’il imaginait poser. Des romans, des essais, des récits par centaines tapissaient ce bureau. Jean-Pierre Elkabbach a tout fait, tout inventé. Il a interrogé le monde entier. Soixante-trois ans de carrière. Je lui disais souvent que nous étions des microbes au regard de ce qu’il avait couvert, réalisé, imaginé à France Inter, à l’ORTF, à Europe 1, à Antenne 2, à Public Sénat, enfin à CNews, puisqu’il était au départ de notre aven- ture. L’entretien qu’il obtint de François Mitterrand le 12 septembre 1994 éclaire une histoire française. Les confessions de Mitterrand appartiennent à la postérité. Bibliothèque Médicis est avec Apostrophes, la meilleure émission que la télévision a consacré aux livres.

Journaliste star

Je le voyais au Café de Flore en 1986. Je découvrais Paris. Elkabbach entrait tel un prince de la ville, zyeuté par tous, une écharpe de couleur vive qui n’en finissait plus autour du cou, pour un petit-déjeuner avec un ministre ou un rendez-vous avec un chef de parti. Je me disais que je n’avais jamais vu une écharpe aussi longue, pas à Nantes en tout cas, où je trouvais toujours les étoles rikiki. L’école de journalisme que je fréquentais était place Saint-Germain-des-Prés, à vingt mètres du Flore. Je prenais parfois un café entre deux cours sans trop regarder l’addition. Je faisais semblant de lire Le Monde ou le dernier Marguerite Duras. Je patientais en rêvassant à demain. Et je voyais de temps en temps passer mon Elkabbach avec une pile de journaux sous le bras. Il s’asseyait sur les banquettes rouges de moleskine du Flore, commandait un ou deux Vittel et attendait son hôte de marque. Je ne le quittais pas des yeux. Je ne crois pas que la télévision fascine les jeunes gens en 2023 comme elle pouvait ensorceler les ados des années 1980.

Duhamel est seul

Il était une star de notre métier. Il le savait. Il aimait ça. Il en jouait. Je pense aux paroles d’Alain Duhamel le soir de sa mort sur l’antenne de BFM qui soulignait la gloire de son ami : « Jean-Pierre portait la tragédie en lui, de la mort de son père quand il avait 12 ans jusqu’au départ d’Oran. » Duhamel est inséparable d’Elkabbach pour tous les enfants nés sous de Gaulle. J’ai grandi avec Cartes sur table. J’ai découvert Jean-Pierre Elkabbach et Alain Duhamel sur un écran Telefunken. La politique est la marmite d’Obélix. On tombe dedans petit. Ou jamais. J’avais 10 ans quand Giscard entrait à l’Élysée. Ma mère portait un tee-shirt avec un slogan bleu inscrit sur le coton blanc : « Giscard à la barre ! » Antenne 2 a programmé Cartes sur table durant quatre ans, entre le 20 mars 1977 et le 30 mars 1981. Le studio, grand comme une boîte à chaussures, la table si étroite que chacun est à portée de claques de l’autre, les Marchais, Mitterrand, Giscard, Chirac ont inscrit Cartes sur table dans les mémoires des enfants de la télé. L’émission reste un modèle.

Le moule est cassé

Elkabbach incarne un journalisme d’antan, quand son micro était le rendez-vous des puissants, qu’il n’existait que trois ou quatre radios le matin et encore moins de chaînes de télévision le soir. Sa curiosité, son énergie, sa détermination, son sens de l’info, son carnet d’adresses et tant de choses qui l’habitaient en font la référence numéro 1 en matière de journa- lisme et notamment dans l’exercice de l’interview. Je n’oublierai pas cet enthousiasme intact, cet enthou- siasme qui me sidérait à 80 ans passés quand il venait me voir entre 8 h 30 et 9 h avant « L’Heure des pros » et juste après son interview : « Alors ? me disait-il, tu as écouté ? Tu reprends quoi ? C’est fort ce qu’a dit Xavier Bertrand, non ? »

À l’entendre, je devais tout rediffuser. Il avait, chaque matin, réalisé l’interview du siècle. Elkabbach assurait son service après-vente. J’étais toujours surpris qu’avec la carte de visite qui était la sienne, les scoops qu’il avait eus, les fauteuils qu’il avait occupés, j’étais toujours surpris qu’il vienne batailler pour que je n’oublie pas de rappeler qu’il était le meilleur. Tel était Elkabbach : flamboyant sur scène, tourmenté dans la coulisse, éclatant à l’écran, angoissé à la ville.

Au nom du père

« Tu as lu Baltasar Gracián ? », « Dis-moi, tu devrais t’intéresser aux NFT », « Tu connais Jean Abitbol ? Invite-le ! C’est le grand spécialiste de la voix. » Je regarde ses messages envoyés depuis des années en même temps que j’écris ces lignes, ses SMS dont le dernier signe était souvent un drapeau français. Ses messages racontent aussi la souffrance des derniers mois, les nuits douloureuses et les insomnies de lecture. Je l’aimais comme on aime un glorieux aîné qui vous accompagne. Je l’aimais comme on admire un maître dont le moule est cassé. Je l’aimais parce que s’il était âgé, il n’était pas vieux.

Ces derniers temps, je savais combien le destin avait choisi de ne pas le laisser en paix. Sa voix au téléphone avait faibli. Jean-Pierre est mort ce mardi 3 octobre, 74 ans après son père, Charles Elkabbach, décédé comme lui un 3 octobre, jour de Yom Kippour, en 1949 à Oran. Je laisse à chacun l’interprétation de cette correspondance, entre hasard et coïncidence.

Jazzi dit: à

Je lis le JDD et La Tribune Dimanche.
L’un est plus excitant et couillu, l’autre est froid et insipide.
Lequel des deux bouffera l’autre ?

Bloom dit: à

Les Anglais ont adoré coloniser les races inférieures comme ils disaient. Ils imposaient leur loi mais restaient entre eux ds les clubs dont étaient exclus les autochtones (voir Burmese Days d’ Orwell) . En Espagne et au Portugal, ils reproduisent le même schéma et vivent entre eux. Ce que fait une amie de ma femme a Alicante, qui vit ds une enclave brit où les contacts avec la population se limitent au restes et au supermarché. Cette femme respectable ne parle pas espagnol partant du principe que le monde entier parle anglais.
L’idéal de vie anglais, c’est Robinson Crusoe, avec son Vendredi comme domestique qui lui doit reconnaissance éternelle pour lui avoir sauvé la vie.
Et puis Londres, quekle horreur, une ville dirigée par un travailliste, fils d’un chauffeur de bus pakistanais, Sadiq Khan. Lequel déclarait récemment à la Bbc à propos de la musique populaire: ‘ good music reflects society, great music shapes it’.
Juste un peu moins con que l’anglais de base.
Allez les Fidji!

rose dit: à

Hasard et coïncidence.

Ni l’un. Ni l’autre : c’est l’amour.

closer dit: à

Admirable Sonia Mabrouk!
Tunisienne d’origine et musulmane, elle dirige en ce moment sur Europe 1 l’entretien avec Georges Bensoussan, avec un calme, une intelligence, une impartialité que beaucoup de journalistes pourraient lui envier.

Soleil vert dit: à

>Jazzi : Elkabbach (avec Duhamel) je l’ai découvert avec le « Messieurs les censeurs bonsoir » de Maurice Clavel. J’en ai gardé une méfiance instinctive. Je l’ai vraiment redécouvert dans Villa Médicis – je me souviens de l’émission avec Jacqueline de Romilly et Christiane Desroche-Noblecourt. PS : l’allusion du retard de Elkabbach à son propre enterrement c’est copyright Giscard parole prononcée à l’occasion de la messe pour Chirac.

Passou : Article en forme d’uppercut, bravo.« aussi hésitante que le personnage du film de Louis Malle alors qu’un rien aurait pu l’entrainer au maquis, qui a aidé des enfants cachés ainsi qu’une résistante et se découvre une amie d’enfance juive, etc ». Gloubi-boulga romanesque. Une caractéristique de la littérature actuelle ?

D. dit: à

Hubert Reeves était un astrophysicien et u n homme chaleureux et profond.
Si vous voulez parler de lui, parlez aussi d’astrophysique, parlez de ses recherches en astrophysique. Intéressez-vous à l’astrophysique, à votre niveau, mais intéressez-vous vraiment. N’allez pas faire comme avec Einstein qui vous amuse en tirant la langue et après vous ne saurez toujours pas ce que signifie E=mC^2
Et vous ne saurez pas non plus qu’une grande partie de vie Einstein à fait des recherches sur tout autre chose que la relativité.

Soleil vert dit: à

>D : « N’allez pas faire comme avec Einstein qui vous amuse en tirant la langue et après vous ne saurez toujours pas ce que signifie E=mC^2 »

Quand je regrettais la disparition d’un homme à la voix calme, je ne croyais pas si bien dire.

Phil dit: à

La prévalence germanophile de l’incestueur

excellente saillie du dimanche matin, miss Sasseur. Pour arriver à l’heure, reprenez le train de l’immense Littell avec Maximilian Deschamps(« Aue », aboyez pour prononcer), concentré de germano..phobies. Mauvais Mélanche dit-on à Wien

Jazzi dit: à

Éric Naulleau dans le JDD :

Quand le prêchi-prêcha vire au gloubi-boulga

En plus de la traditionnelle revue d’effectifs, la rentrée littéraire permet cette année de mesurer les ravages de l’idéologie sur le roman français. Le mal court, le mal gagne. Depuis le réalisme socialiste imposé par Staline et Jdanov dans l’ancien bloc de l’Est, jamais autant d’écrivains n’avaient ensemble si bas courbé l’échine devant les mots d’ordre du jour, jamais un pouvoir n’avait pu compter sur pareille soumission des gens de plume. Nul Kremlin ici, mais une doxa progressiste rabâchée sur tous les tons à longueur de plateaux et de colonnes. Nul goulag non plus, mais la mort sans phrases, celle du manuscrit qui ne trouvera pas d’éditeur ou celle de l’ouvrage passé sous silence par la critique. Il est dangereux de cracher contre le vent, il est risqué d’écrire contre l’air du temps.

Chloé Delaume : un sans-faute avec l’air du temps

Chloé Delaume l’a bien compris. L’héroïne de son nouveau roman se nomme Clotilde Mélisse, elle est bipolaire (évidemment), bisexuelle (la moindre des choses), carto-mancienne (celle que Sandrine Rousseau dit préférer aux ingénieurs EPR), victime d’un pervers narcissique (comme tout le monde), elle écrit un livre sur l’impératrice Messaline (« car déjà dans l’Antiquité sévissait la cancel culture »), elle a été maltraitée par son père (on l’aurait parié), lequel a assassiné sa mère (apparition du mot-clé « féminicide »). L’ensemble des bonus ainsi accumulés lui vaut une place de choix sur les tables des libraires comme dans les suppléments littéraires. Le temps d’un voyage en train vers Heidelberg, Clotilde s’efforce de faire le point sur son histoire d’amour compliquée avec Guillaume (il est homosexuel, ceci expliquant peut-être cela). Le trajet est rythmé par les manifestations d’un syndrome de la Tourette où les insanités laisseraient place à de soudaines éructations féministes. À peine sa créature calée dans le siège du Thalys, Chloé Delaume lui prête ces pensées : « Clotilde ne veut pas crever avant d’avoir vu les filles et les femmes se relever en se tenant la main. Carmagnole sororale démantelant un système qui colonise corps et pensée ; renversant en riant les valeurs de la phallocratie ; détruisant en chœur de colère les bastions du souverain virilisme. » Les crises se produisent à intervalles toujours plus rapprochés : « Le privé est politique, l’intime l’est également. Aussi faire jouir un homme était peu à peu devenu pour Clotilde un acte insupportable, tant sa perception de ce monde relevait du gang bang permanent. Sensation que les trottoirs étaient gluants de sperme… » Y a-t-il un médecin à bord du train ? Dans ce flot d’encre morte surnage parfois un alexandrin de Rimbaud que le lecteur assis au bord du fleuve regarde passer comme le cadavre d’un ami perdu de vue. La fiction se distingue malaisément du tract politique, il est question du lesbianisme politique, de « combattre le patriarcat en refusant toute relation avec un homme ». Internet vient nourrir les multiples dégagements théoriques : pauvre folle ou les noces du roman et de Wikipédia. La voyageuse finit par avouer sa misandrie, une haine des hommes dont le soupçon était peut-être venu aux plus attentifs des lecteurs : « De plus en plus souvent, elle s’imaginait développer une forme de pouvoir psychique permettant par la seule pensée de leur faire exploser la bite dans un joyeux jet de viande hachée. » Et la langue en vient à s’effondrer sous pareille surcharge militante : « Clotilde a beaucoup de mal à trouver positives les rives de l’amnésie » ou « …depuis des heures la solitude tricotait dans sa chair une cotte de mailles en plomb ». Prêchi-prêcha rime ici avec gloubi-boulga. D’ailleurs, Clotilde « avait peu de souvenirs de ce qu’elle avait écrit ». Veinarde.
(Pauvre Folle, Chloé Delaume, Seuil, 240 pages, 19,50 €)

Les nouveaux Évangiles féministes de Maria Pourchet

Le cas de Maria Pourchet est plus trouble. Remarque liminaire : faut-il que la notion de style ait perdu tout sens pour que la quatrième de couverture évoque une « écriture éblouissante » ? L’auteur se révèle certes une honorable phraseuse, mais, dès la page 10, tout risque de confusion avec Voyage au bout de la nuit paraît définitivement écarté. L’histoire, à présent. Monstre sacré de la scène et de l’écran, Alexis Zagner décide soudainement d’abandonner le rôle de Dom Juan à sa partenaire de théâtre, tandis qu’un scandale du type #MeToo plane dans son ciel. Une intelligence artificielle sollicitée pour produire un scénario conforme aux thèmes en vogue n’aurait guère fait mieux. Western fait circuler l’air du temps par la porte et par la fenêtre. Ou, pour le dire autrement, en pratiquant une forme de très inédite duplicité. Sous couvert de prendre ses distances avec la littérature édifiante dont le féminisme s’est fait une spécialité après le catholicisme et le communisme, Maria Pourchet n’en refourgue pas moins en contrebande l’analyse serrée sur quinze pages des centaines de messages adressés par l’acteur à la jeune Chloé. Dissection d’une emprise, chronique en cinq temps d’une destruction (« ravissement, contrainte, anéantissement, durcissement, abandon »). On se croirait revenu chez l’autre Chloé (Delaume) : « privilège patriarcal », « la position surplombante qu’Alexis prétend occuper », « Chloé dominée puis vampirisée puis asservie ». Nouveaux fragments d’un discours amoureux, bonjour Barthes, à la différence près qu’une femme est ici mise en pièces plutôt que le langage. Alexis prend la fuite, trouve refuge chez Aurore dont on a tôt fait d’apprendre qu’elle a perdu sa virginité lors d’un viol. Soulagement du lecteur, tout est rentré dans le nouvel ordre, les victimes (mot féminin) d’un côté, les bourreaux (mot masculin) de l’autre. Pas plus que la terre, le dictionnaire ne saurait mentir. Ce roman ne cesse de se chauffer au petit bois de l’époque. Pour ne rien arranger, la tentative de plaquer les codes et les situations du western sur cette histoire située entre Paris et Quercy tourne vite au procédé artificiel, à la blagounette étirée au-delà des limites de notre patience. À noter enfin, une surprenante explication de la « clémence » dont Alexis bénéficie auprès d’Aurore. Élevée dans la foi catholique, celle-ci a gardé du Christ l’image d’un homme qui a promis de revenir, tout comme Dom Juan le jure à ses maîtresses ! Le féminisme ou les nouveaux Évangiles, décidément.
(Western, Maria Pourchet, Stock, 304 pages, 20,90 euros)

Capucine Delattre : Ouin-Ouin au pays des jouées

Quoique les deux romancières dont il vient d’être question ne cessent de sacrifier aux idoles et aux idéologies contemporaines, un peu de terre de l’ancien monde s’accroche encore à leurs talons aiguilles. Ce n’est plus le cas pour la nouvelle génération et Capucine Delattre. Ici, trêve de préliminaires, foin d’intrigue, on entre directement dans le dur de l’activisme : « On m’a fait le premier cunnilingus de ma vie le jour où Twitter a inventé le #MeToo. J’ai découvert le hashtag juste après, en changeant de sous-vêtements. » Elsa est une jeune fille déréglée au sens propre comme au sens figuré : troubles gynécologiques, troubles alimentaires, troubles psychologiques… « J’aurais été incapable de nommer ce qui n’allait pas chez moi », avoue-t-elle d’emblée. Sans doute l’embarras du choix. Seule certitude, tout est de la faute des hommes, ces éternels coupables devant l’éternel féminin, même l’absence de menstruation : « Ce n’est qu’en embrassant Victor que je me souviens que ce n’est pas normal et que cela fait de moi un monstre, une demi-femme, une enfant. » On se demande très longtemps où veut en venir Elsa, si elle poursuit d’autres buts que de se plaindre à longueur de page. Se plaindre de sa mère, se plaindre de sa gynécologue : « C’est la première fois qu’on me pénètre avec autre chose que la peau. Je commence à comprendre que je ne m’appartiens pas vraiment à cet endroit-là. Je me sens comme un couloir de métro qui ne sert qu’à être traversé, et où l’on ne trouvera jamais rien de beau. » En attendant, le lecteur d’Un monde plus sale que moi voudrait bien descendre à la prochaine. Plus délicatement exprimé encore : « Mon vagin, désormais, c’est open bar. » Se plaindre de Victor, surtout, moins homme qu’homoncule et très mauvais coup auquel elle n’ose réclamer quoi que ce soit, ni d’être un peu plus dégourdi au lit, ni d’enfiler un préservatif, ni de se soumettre à un examen médical, ni de la traiter avec moins de désinvolture. Résumé fourni par l’intéressée : « J’étais prête à me satisfaire de n’importe quoi. » Depuis quand les femmes sont-elles devenues ces fragiles créatures gémissantes, incapables d’exprimer leur volonté, ces brebis qui marchent à l’abattoir en chantant des cantiques ? Depuis quand les héroïnes de fiction sont-elles toutes devenues des personnages de Ouin-Ouin au pays des jouées ? Colette, reviens, elles sont devenues molles ! Quand Harry largue Sally, le propos du roman s’éclaircit enfin. Elsa décide de porter plainte contre Victor pour l’insuffisante qualité de ses étreintes — en réalité des viols, ainsi que le lui révèle son amie Estelle. Et la lumière fut : « Je comprends enfin : Victor n’était pas qu’un pauvre garçon. » Autre illumination : « Les porcs ne semblaient pas si différents des mecs normaux. » Elle trouvera consolation dans les bras d’Axelle en même temps que réapparaissent ses menstruations — Capucine Delattre plante son drapeau arc-en-ciel au sommet du kitsch lesbien : « Elle étale un peu de sang sur mon ventre, une fois, puis une autre, puis c’est tout un coucher de soleil qui s’endort sur ma peau. » Bisexuelle in extremis. Peu importe, les dieux modernes accueillent aussi bien dans leur paradis les ouvrières de la vingt-cinquième heure.
(Un monde plus sale que moi, Capucine Delattre, La ville brûle, 280 pages, 18 euros)

Bloom dit: à

Littell père, maître du roman d’espionnage décalé et provocateur. Young Philby est un roman choral épatant: les 5 de Cambridge vus de l’intérieur. Humour et amours à tous le étages. Tel fils…

Bloom dit: à

Les étages…

closer dit: à

Il me semble que c’est du JDD de la semaine dernière dont tu nous parles, JB…comment fais tu pour copier/coller des articles entiers?

Jazzi dit: à

Parce que je peux les lire en entier, closer.
Et je ne suis pas abonné.
Pas toi ?

FL dit: à

Impossible de trouver sur internet si Paul Claudel a bien fait parti du « comité national d’épuration des gens de lettres, auteurs et compositeurs ». C’est exact ? Je fantasme ? Pourriez-vous m’aider ?

JC..... dit: à

BALLADE WOKE

Les hommes sont tous des salauds
Oh, oui ! Oh oui !
Qu’ils crèvent tous !
Oh, oui ! Oh oui !

On fera des bébés sans eux !
Oh, oui ! Oh oui !
Se faire enfiler aux Fidji
Oh, oui ! Oh oui !

(etc. etc.)

JC..... dit: à

« Impossible de trouver sur internet si Paul Claudel a bien fait parti du « comité national d’épuration des gens de lettres, auteurs et compositeurs ». C’est exact ? Je fantasme ? Pourriez-vous m’aider ? » (FL)

Euh non, désolé…!

Jazzi dit: à

« Je fantasme ? »

Oui.

Marie Sasseur dit: à

Le valet confond littérature ( Angot) et voyeurisme (Littell).

Bloom dit: à

Les voix qui comptent:
Élie Barnavi
Ofer Bronchstein
Charles Enderlin
Vincent Lemire, ancien directeur du CRF de Jérusalem

Lionel Jospin très pertinent sur LCI hier soir. Autre chose que les minables actuels biberonnes au jivarisme.

MC dit: à

pour être du JDD, ces articles n’en sont pas moins la griffe Naulleau.Cela change un peu des féministes à figures obligees, si représentatives des nouvelles conventions romanesques à faire fuir… MC

Marie Sasseur dit: à

Nullo choisit ses cibles, de la sous littérature woke. Quel homme !
Cependant ses arguments ne sont ni pertinents ni intelligents.
Trouver que le doc Maboule a une écriture  » éblouissante « , il faut oser.

Qu’il fasse le gratte papier polémique pour son ami Zemmour, c’est plus son style; dans le jdd ou sur la télé bollo.

Pablo75 dit: à

« Les opinions, absurdes ou odieuses, qu’il me prête ne sont qu’un moyen de camoufler sa propre démagogie. Sartre veut, en toute circonstance, soutenir les revendications prolétariennes; du coup il devient commode de présenter le refus de la hausse des salaires nominaux comme inspiré par un cynisme de bas étage! Sartre ne consent à emprunter ni la voie du socialisme travailliste ni celle du communisme. Du coup, il accumule les prétentions les plus puérilement contradictoires: il veut accomplir une révolution – rupture brutale avec l’ordre établi, renouvellement de l’élite au pouvoir – tout en respectant les libertés formelles, il aspire à la collectivisation des entreprises, à la planification de l’ensemble de l’économie mais, grâce au contrôle ouvrier, (l’idée était audacieuse il y a un siècle) on évitera la tyrannie bureaucratique, on unifiera l’Europe sans l’U.R.S.S., sans les États-Unis et même sans Bevin. Quel bel exemple de « réalisme intelligent »! Comme il est utile, pour camoufler sa propre indigence, d’attribuer à un « philosophe R.P.F. » quelques opinions dérisoires!

La théorie du progrès technique n’a jamais été une philosophie de l’histoire totale. Encore permet-elle de dissiper les utopies à l’usage des jeunes gens. Au lendemain d’une prise du pouvoir par un parti quelconque, la collectivité n’aura pas à exploiter quelque source mystérieuse et inconnue de richesses. Demain, comme aujourd’hui, les mêmes impératifs de travail, d’organisation, de discipline, de mobilités, continueront de s’imposer. Tant que l’on emploie la méthode progressive du travaillisme, les déceptions inévitables ne dégénèrent pas en révolte et ne suscitent pas, par un choc en retour, la dictature des nouveaux maîtres. En revanche, quand on s’est emparé du pouvoir par la violence, quand on a rompu la légalité, l’impatience des masses est plus vive, l’urgence de rétablir l’ordre plus pressante: au milieu du XXe siècle (nous ne parions pas pour l’éternité), une révolution brutale qui se réclame du socialisme comportera inévitablement une phase tyrannique de quelques années ou de quelques dizaines d’années (même si elle n’est pas liée au Stalinisme). Toutes les révolutions du XXe siècle ont été totalitaires.

Entre le travaillisme et le Stalinisme, il n’y a pas, pour le socialisme, dans la situation présente, de troisième voie: il n’y a que le romantisme vide et la reprise des notions, riches d’espoir il y a un siècle, mais vidées par l’histoire de leur valeur affective et intellectuelle. Une révolution par les « méthodes démocratiques » est comparable au « cheval ailé ». Concept en lui-même contradictoire, il permet à l’intellectuel de fuir la réalité et de rêver la réconciliation de ses désirs contradictoires.

La Révolution, a dit Simone Weil, rectifiant la formule fameuse de Marx, est l’opium du peuple. Elle n’est plus, au niveau des « Entretiens sur la politique » que l’opium des intellectuels. »

(Raymond Aron. Fin de l’article « Réponse à Jean-Paul Sartre », juillet 1949)

Soleil vert dit: à

Vous avez raison MC
« Dans ce flot d’encre morte surnage parfois un alexandrin de Rimbaud que le lecteur assis au bord du fleuve regarde passer comme le cadavre d’un ami perdu de vue. »
Extra

Paul Edel dit: à

JC. pour Claudel et le CNE , c’est non.

Marie Sasseur dit: à

Nullo donne un peu de viagra frelaté à des vieux mâles blancs.

FL dit: à

Quel dommage ça aurait été tellement beau Paul Claudel à côté de Jean-Paul Sartre.

FL dit: à

« nouvelles conventions romanesques » MC

C’est vrai qu’il y a de nouvelles conventions romanesques. Avec la badass obligatoirement morale aidant un jeune être à la découverte de soi-même et de sa moralité.

FL dit: à

Je me souviens de Murielle Robin expliquant (enfin « laissant entendre ») avec des larmes dans les yeux que Marie Besnard était une badass persécutée par le patriarcat. Personne n’osait la contredire.

Pablo75 dit: à

De « Les dangers du snobisme intellectuel », interview de R.Aron par Tanneguy de Quénétain, publiée dans Réalités, en juin 1968:

RA: – […] Déjà, dans « l’Opium des intellectuels », je critiquais en le citant un texte de Merleau-Ponty qui disait: le marxisme n’est pas « une· philosophie de l’histoire; il est « la » philosophie de l’histoire. Par conséquent ou bien Marx a raison ou bien c’est Shakespeare, et l’histoire alors n’est rien de plus qu’un récit fait par un idiot, plein de bruit et de fureur et qui ne signifie rien. En effet, tout se passe comme si la génération d’aujourd’hui, admettant que Marx s’est trompé, en conclut qu’il ne reste plus rien et que l’histoire n’a pas de sens. Le désintérêt pour l’histoire et le retour à Nietzsche que Michel Foucault a remis à la mode s’explique en partie, chez Foucault lui-même, par un marxisme déçu. Mais il est difficile de savoir encore quel aspect du nietzschéisme a frappé Foucault. Est-ce le surhomme? Est-ce l’Éternel Retour? Est-ce la subordination des idées à la vie? Tout ce qu’on peut dire c’est que le nietzschéisme est un non-marxisme.
[…]
La gauche en France doit embrayer sur les réformes et non plus sur la révolution. Et c’est un fait que le style révolutionnaire de Sartre paraît d’un autre âge, quoiqu’à mon avis il l’était déjà dans les années cinquante.

TQ: -Il y a autre chose qui paraît d’un autre âge chez Sartre. Son système philosophique est basé uniquement sur l’exercice de la pensée consciente, le « cogito » cartésien. Or justement les découvertes de la linguistique, de l’ethnologie et de la psychanalyse nous révèlent que les activités mentales les plus complexes et les plus logiques peuvent s’exercer en l’homme indépendamment de son moi conscient et organisé. Que pensez-vous de la fameuse boutade de Lacan selon laquelle il ne faut plus dire: « je pense », mais « ça pense »?

RA: -Au lieu de tout déduire du « cogito » à la manière de Sartre ou même de Husserl, aujourd’hui on considère que cette référence au « cogito » doit disparaître au profit de systèmes conceptuels purs. Soit. Mais je trouve qu’on a tendance à passer d’un extrême à l’autre. Lorsque Sartre voulait éliminer tout inconscient et reconstruire la société entière à partir de l’activité consciente il poussait la philosophie du « cogito » au-delà de ses limites pensables. Mais d’un autre côté l’idée d’éliminer complètement la conscience, d’édifier une philosophie des concepts ou des structures d’où l’homme conscient, capable de jugement et de volonté, aurait disparu, me paraît sous cette formule extrême tomber dans l’excès inverse.

TQ: -Reste à savoir si l’on en arrive vraiment à cet excès?

RA: -Pas au niveau d’un Lévi-Strauss ou même d’un Foucault, mais oui, hélas, au niveau des « discipuli », de ceux qui veulent être à la mode. Chez Foucault il y a une idée de base pas entièrement nouvelle qui me paraît très excitante pour l’esprit et qui peut fournir une méthode de travail féconde. Foucault estime que chaque époque a un système conceptuel fondamental – qu’il appelle l’épistémè – à partir duquel on ne peut étudier que certains aspects du réel tandis que d’autres aspects ne peuvent l’être parce que l’on ne voit que ce que l’on pense, ou encore parce qu’on ne thématise que ce dont on a le concept. Ce principe, cependant, demande à être démontré et de toute façon il n’y a aucune raison d’édifier une philosophie globale à partir de cette méthode. Et si l’on en fait une philosophie globale, c’est à cause des échos de nietzschéisme que l’on retrouve dans certaines formules telles que « la mort de l’homme » ou « la fin de la philosophie » qui sont à mon avis les éléments les plus vulnérables de ce très beau livre qui s’appelle « les Mots et les Choses ».

TQ: -Mais pourquoi justement, Foucault et l’ensemble des penseurs contemporains peuvent-ils ainsi prêter à confusion? N’est-ce pas parce que la mode est à l’ésotérisme?

RA: -Oui, comme l’a remarqué le « Times Literary supplement », on ne peut pas dire que la pensée française aujourd’hui se caractérise par la clarté. Et il est dangereux, pour qui vise au prestige dans l’atmosphère parisienne actuelle, d’être clair. Cela dit, il faut faire des distinctions. Lévi-Strauss est difficile à lire mais je dirai qu’il est dans son œuvre scientifique beaucoup plus clair que Sartre dans son œuvre philosophique. Il n’y a chez lui aucune volonté d’être hermétique. Foucault peut être difficile parce qu’il a tendance à abuser de l’allusion. Il change fréquemment de registre et fait des allusions multipliées à un grand nombre d’auteurs et d’idées que le lecteur n’est pas toujours assuré de connaître. Il y a enfin des auteurs qui sont radicalement hermétiques, de manière volontaire, comme Lacan. Tout se passe comme s’il jouait à cache-cache avec le lecteur. Du fait de ces différences je ne peux pas formuler un jugement général sur les causes de l’obscurité française. Celle-ci est très frappante quand on la compare à la tendance empiriste des Anglo-Saxons et même des Allemands d’aujourd’hui, très influencés par les Américains. La France est devenue l’héritière de l’obscurité germanique. Tübingen est à Paris. Reste à savoir si nos chercheurs seront considérés plus tard comme des épigones de la pensée allemande ou bien les prophètes, obscurs parce profonds, d’un système en gestation.

TQ: -Comment expliquez-vous que la pensée française soit si germanique. Hier on vénérait Marx, aujourd’hui certains l’enterrent… pour ressusciter Nietzsche. On oscille toujours d’un pôle germanique à un autre.

RA: -Là je dirai que, sur le plan du système philosophique, nous sommes dans une période d’épigones. Non pas dans les domaines particuliers: linguistique, philosophie analytique, empirisme logique. Mais tous les grands systèmes philosophiques actuels sont des philosophies d’épigones. Cela est vrai pour Sartre également.

TQ: -L’obscurité ne favorise-t-elle pas aussi un goût assez parisien pour les raisonnements spécieux, voire pour les sophismes purs?

RA: –Il ne s’agit pas exactement de sophismes mais de l’habitude, créée par le système d’enseignement français, de disserter de tout sans information préalable et sans s’obliger à étudier les questions. En voici un exemple frappant: il y a aujourd’hui chez certains philosophes, à juste titre, une critique de l’empirisme et une popularité de l’idée au reste classique de Bachelard selon laquelle la science n’est pas simplement observation ou reflet de ce qui est donné au départ, mais créatrice par concept et expérience de la réalité. Mais on emprunte à la critique de l’empirisme ce qui en est le danger, c’est-à-dire qu’au nom de ce non-empirisme, on se donne le droit, par exemple, de rêver une science de l’histoire sans connaître la réalité historique, ou l’on se donne le droit d’imaginer une « combinatoire des modes de production » sans avoir commencé par une exploration des modes de production tels qu’ils se présentent à l’information concrète. Ce n’est pas que ces gens soient devenus sophistes, mais c’est que le style de la dissertation française, telle qu’on la pratique en khâgne ou à l’École normale, se prolonge malheureusement dans une partie des travaux dits sérieux. Au nom du non-empirisme on construit une théorie sans avoir une information suffisante.

TQ: -Cela est-il particulier à la France ou le retrouve-t-on dans les universités étrangères?

RA: -Nulle part ailleurs au même degré. En France on demande aux enfants de treize à quatorze ans de disserter de l’amour chez Racine et à dix-sept ans on leur demande de réfuter Kant. Une fois engagés sur ces pistes il n’y a pas de raison pour qu’ils s’arrêtent. Je reconnais que les meilleurs produits de ce système sont quelquefois éblouissants. Encore faut-il qu’ils en sortent, qu’ils se collettent avec la réalité, ou qu’ils fassent vraiment de la science au lieu de parler de la scientificité. Et le grave inconvénient de la mode intellectuelle en France, le danger du parisianisme, c’est qu’il incite des gens intelligents à manquer de sérieux.



Phil dit: à

et à dix-sept ans on leur demande de réfuter Kant

Updatez dear Pablo. Raymond n’a pas connu la génération des trentenaires régressifs de Jean-Paul.

FL dit: à

« La France est devenue l’héritière de l’obscurité germanique. Tübingen est à Paris. »

Bon il parle de l’existentialisme et du structuralisme.

FL dit: à

On peut pas appliquer à aujourd’hui. Aujourd’hui ils sont plutôt clairs. Même si ils sont plutôt ennuyeux.

FL dit: à

« En France on demande aux enfants de treize à quatorze ans de disserter de l’amour chez Racine et à dix-sept ans »

Rassurez-vous Raymond Aron on ne leur demande plus.

Déjà quand une rectrice met l’orthographe, on est bien content.

FL dit: à

Le problème de « la » Révélation, c’est qu’il semblerait qu’il y en ait eu plusieurs.

FL dit: à

« Faut respecter. »

FL dit: à

J’aime bien ces livres où en s’aperçoit à tel ou tel détail (marque-page, coups de crayons) que le lecteur s’est arrêté à la moitié.

FL dit: à

J’avoue que j’ai fait la même chose avec « La Vie sexuelle d’un garçon d’aujourd’hui » de Dreyfus mais j’ai un peu innové. Moi j’ai lu la seconde moitié.

FL dit: à

Question de survie aussi.

FL dit: à

Faut respecter.

FL dit: à

C’est le « Journal sexuel d’un garçon d’aujourd’hui ». Je devrais m’en souvenir : c’est un journal.

FL dit: à

La source de l’Obscurité moderne : le séminaire de Tübingen.

FL dit: à

Par contre on a les objets moches dessus. Et les fleurs dont on n’a pas enlevé le papier.

La perfection n’est pas de ce monde.

Rosanette dit: à

Cet enterrement j’y étais
J’y étais parce qu’Elkabbach c’était « un copain d’avant » , celui que nous appelions « le cabas » ,un de ceux qui sortent du même bled , qui débarquent en même temps un peu paumés à Paris, et pour qui le bistrot où ils se retrouvent entre pays –pour nous le Soufflot- est un havre sécurisant .
Evidemment déroulant le fil de ma vie obscure , j’avais depuis des décennies perdu la star de vue, et il ne m’aurait pas reconnue dans la rue Mais c’est portée par une sorte d’ emotion nostalgique que j’ai voulu etre là , perdue dans la foule , bien a l’écart évidemment des importants qui suivaient la cérémonie sur des chaises dorées alignées sur un tapis rouge face au cercueil
Ce que Pascal Praud a dit de la cérémonie comme ce qu’il a dit de l’homme est bien dit mais il n’a pas tout dit : Non seulement JPE a eu un enterrement juif ,ce qui m’a étonnée , mais il a eu un enterrement très juif .
En effet ce fut une cérémonie dont la figure centrale était le grand rabbin de France, ;c’est lui qui ,entouré uniquement de sa femme et de sa fille, précédait le cercueil qu’on amenait sur son piédestal ; c’est lui qui a fait le discours final, le plus long, le plus personnel ,bourré de faits et d’ anecdotes témoignant d’une ancienne et amicale familiarité ,d’une vraie complicité entre les deux hommes
Le point fort de ces évocations fut comme l’indique Pascal Praud ce rappel du commentaire d’Isaïe fait par Elkabbach ,en forme d’interview, un jour de Kippour dans la grande synagogue de la Victoire,
Le grand rabbin avait précisé que c’est suite à une demande pressante de sa part que JPE avait accepté de lire et de commenter le texte d’isaie concerné , à partir du verset dont son père 74 ans ans plus tôt avait interrompu la lecture solennelle qu’il en faisait à Kippour dans la synagogue d’Oran , lorsqu’il a été frappé par l’attaque dont il décéda quelques instants plus tard .Non sans humour le rabbin ajouta que JPE avait mis comme condition d’être libéré assez tôt pour être à l’heure à un déjeuner prévu à cette date
Et comment ne pas évoquer la manière dont le rabbin a conclu son intervention, en forme e de bouquet final,la diffusion d’une interview (vraie ou fabriquée par IA ? )de Mozart par JPE , Le compositeur, alors de passage à Paris , répondait à l’interviewer par des œuvres musicales adaptées aux questions posées .
Apres les quelques rituels d’usage, le cercueil fut déposé dans la fosse et l’assistance se dispersa sous des airs de Mozart .
Et nous ,la foule des anonymes, nous avons assisté au défilé de toutes ces figures de la vie politique et médiatique regagnant la sortie, certaines sans doute ravies d’avoir eu cette occasion d’être vues et d’être reconnues ,parfois même cherchant des micros auxquels s’offrir .

Pablo75 dit: à

(1/2)
Raymond Aron
« Mme de Beauvoir et la pensée de droite. »
Le Figaro littéraire 21 janvier 1956

Les sottises des gens intelligents sont toujours divertissantes et parfois instructives. L’étude (1) de Mme de Beauvoir sur la pensée de droite, prise dans son ensemble, est une des plus étonnantes que l’on ait lues depuis longtemps
[…]
Ayant cité pêle-mêle Malraux, Jaspers, Montherlant, Burnham, Spengler, Thierry Maulnier, Drieu la Rochelle, Elsen, elle conclut gravement que la pensée de droite est un tissus de contradictions: «réaliste, dure, pessimiste, cynique, elle est aussi spiritualiste, mystique, noblement optimiste». Elle a commencé par caractériser la droite par le sentiment d’une crise de civilisation et le refus du communisme et elle découvre au point d’arrivée que «la pensée de la bourgeoisie, catastrophique et vide, n’est plus qu’une contrepensée». Comme, finalement, elle confond bourgeoisie (au sens marxiste) et droite, on ne désespère pas qu’elle découvre demain l’aristocratie de l’esprit dans les œuvres de MM. Kanapa, Garaudy, Staline et Khrouchtchev.

On regrette qu’elle s’arrête en si bon chemin. Un philosophe contemporain a défini l’homme comme une «passion vaine». Est-il témoignage plus frappant du désespoir, du nihilisme, caractéristique d’une classe condamnée par l’histoire et qui confond la vanité de ses efforts avec la vanité de l’humaine condition? À la droite, Jean-Paul Sartre (à la trappe, eût dit le père Ubu). Une romancière bien connue a mis en exergue de son premier roman la phrase de Hegel: «Toute conscience poursuit la mort de l’autre.» La formule ne révèle-t-elle pas, avec naïveté, l’idéologie de la bourgeoisie qui confond la concurrence économique avec l’essence des relations entre personnes, incapable de comprendre que, dans le prolétariat et le parti communiste, la coopération fraternelle se substitue à la stérile rivalité des individus? À la trappe, Mme de Beauvoir!

Laissons ces enfantillages et partons à la recherche non de la bourgeoisie (nous aurons d’autres occasions de confronter l’univers communiste et l’univers des démocraties occidentales) mais de la droite. Commençons par une proposition qu’il nous paraît facile de démontrer. On ne peut pas tenir l’anticommunisme pour l’essence de la pensée de droite, parce que qu’il y a autant de formes d’anticommunisme qu’il y a de traditions politiques en Occident.

Il existe, depuis 1917, un anticommunisme socialiste et même marxiste, dont Kautsky et Lord Russell fixèrent, il y a près de quarante ans, les thèmes principaux. Le premier, qui avait été le doctrinaire de la IIe Internationale et que Lénine avait admiré, affirma que le socialisme sans la démocratie était une caricature de de socialisme, que la dictature du parti communiste, en Russie, n’était pas dictature du prolétariat, mais dictature sur le prolétariat. Quant à Lord Russell, il se convainquit, à la suite d’un voyage en Russie, dès le début des années 20, que la technique d’action communiste aboutissait au despotisme, et l’illustre philosophe, pacifiste (il avait fait quelques mois de prison pendant la première guerre mondiale), libéral en fait de politique, socialisant en fait d’organisation économique, devint fermement anticommuniste.

Il existe également un anticommunisme libéral, qui défend les institutions parlementaires, dénonce le parti unique et trouve, dans les procédés soviétiques de censure et de purges, des arguments innombrables en faveur du refus. Décréter que tous les partisans de la liberté économique appartiennent à la droite est déjà passablement absurde. Une telle affirmation supposerait admise la vérité de l’analyse marxiste de l’économie capitaliste: les mécanismes du marché sont une modalité d’organisation économique qui n’exclut pas une répartition équitable des ressources collectives. Décréter que tout adversaire d’un parti unique, de l’idéologie officielle, est un homme de droite est proprement délirant, puisque les valeurs dont il se réclame sont celles mêmes de la gauche d’hier.

Il existe, enfin, un anticommuniste conservateur, qui voit dans le régime soviétique à la fois l’accomplissement et la condamnation des idées de la gauche. La volonté du prolétariat dont le parti communiste se proclame l’interprète n’est qu’une version à peine renouvelée de la volonté du peuple. La révolte contre les inégalités sociales aboutit non à l’égalité des citoyens ou à la suppression des privilèges, mais à la tyrannie d’une minorité, qui exploite les ressentiments des masses et leur promet le royaume de Dieu sur la terre.

De ces trois anticommunismes, le dernier seul relève de la droite, au sens que ce terme avait jusqu’en 1917. Les mettre tous trois ensemble au compte de la bourgeoisie, c’est supprimer l’identité même de la pensée que l’on prétend cerner. «L’amalgame qui constitue le fonds commun des idéologies modernes de la droite» est arbitrairement crée par Mme de Beauvoir, qui, à la manière des néophytes, se croit sincèrement obligée à un excès de zèle.

Pablo75 dit: à

(2/2)
[…] Où, dans cette multiplicité, situerons-nous la droite? Je dirais volontiers que l’anticommunisme de droite est celui qui condamne la tentative en même temps que l’échec, ou encore en termes différents, qui tient l’échec pour la conséquence prévisible, inévitable de la tentative. Cette condamnation est susceptible de revêtir plusieurs formes. Reprenant l’argumentation des contre-révolutionnaires du début du dix-neuvième siècle, le doctrinaire de la droite montre à quoi aboutit le refus des inégalités naturelles, organiques: non pas à l’égalité des revenus ou des conditions, mais à des inégalités hypocritement dissimulées sous des slogans démocratiques, d’autant plus intolérables qu’elles sont honteuses d’elles-mêmes. On n’accepte plus, en droit, aucune hiérarchie, mais la hiérarchie des fonctions et des privilèges en Union soviétique bien loin de disparaître, est justifié par une propagande obsessionnelle. Ce qui a disparu, c’est la liberté d’hérésie; ce qui règne, c’est le conformisme obligatoire moins de la masse que de ceux qui se donnent eux-mêmes pour ses interprètes. De la droite encore relèveraient la critique des valeurs caractéristiques de la civilisation industrielle et, contre le rêve de confort pour tous, contre le souci primordial du niveau de vie, l’affirmation des valeurs de contemplation ou d’héroïsme. On n’a pas oublié l’emploi qu’ont fait les mouvements fascistes des slogans aristocratiques. D’autres que des fascistes ont voulu, au siècle de la technique, rendre un sens aux vertus que l’on prête aux élites du passé. Barrès, Montherlant et beaucoup de leurs jeunes héritiers appartiennent à cette droite, dont la devise, au plus haut, serait celle du «service inutile», mais qui se dégrade trop souvent en mépris du vulgaire, en affectation complaisante de noblesse.

Cette droite, hostile à la civilisation des machines et du common man, n’est pas la seule «droite». À la droite qui s’enferme dans l’opposition s’oppose une droite qui se résigne au mouvement irrésistible des événements et des idées et qui, dans le style de Tocqueville, s’efforce de préserver les libertés politique à l’âge démocratique et industriel. Droite libérale, qui tient les mécanismes du marché, la monnaie saine pour compatibles avec n’importe quel état de la technique et pour indispensables au règne de la loi. Droite conservatrice qui limite ses ambitions à ralentir et à orienter des transformations en elles-mêmes irrésistibles, prête à pactiser avec l’État-providence, à nationaliser légalement la moitié de l’industrie pour apaiser la révolte des masses. À partir de cette «pensée de droite», définie à ce niveau d’abstraction, on ne rejoindrait pas sans peine l’anarchie des hommes, des partis et des idées dans la France d’après la deuxième guerre mondiale. La droite maurrassienne, en théorie monarchiste mais en fait à demi bonapartiste, combinant avec la contre-révolution un nationalisme d’origine révolutionnaire, achève de mourir. L’actuel prétendant au trône rêve d’une monarchie réconciliée avec la démocratie. Maurras, dont les conceptions étaient essentiellement politiques, qui ignorait nature et conséquences de la civilisation industrielle, a laissé une critique du parlementarisme qui demeure, hélas! actuelle, et des conceptions diplomatiques que l’abaissement de la France rend tragiquement anachroniques.
[…]
En quoi l’aberration de Mme de Beauvoir – tout anticommunisme est de droite – est-elle, malgré tout, instructive? Il est vrai que tout homme de gauche garde une nostalgie de ce que le communisme – faussement – prétend apporter: foi au progrès, réconciliation de la toute-puissance de l’État et de la liberté des individus, condamnation des sociétés actuelles au nom de l’idée et confiance naïve en un avenir conforme aux exigences de l’idée. Par son indifférence, dont on ne sait si elle est volontaire, à tout ce qui concerne les institutions, Mme de Beauvoir est représentative d’une gauche caricaturale. Le penseur politique est celui qui connaît, compare, juge mérites et défauts des régimes. L’idéologue de gauche parfois – même s’il s’appelle Michelet ou Victor Hugo – celui qui déclame sur la liberté et l’égalité et n’arrive jamais à comprendre comment le rêve de la liberté débouche sur la Terreur et le rêve de l’égalité sur la police secrète.

Si nous nous abandonnions à la polémique dans le style des Mandarins, nous dirions que la gauche commence par le refus des privilèges et finit par l’acceptation des camps de concentration. L’inégalité des conditions est, jusqu’à présent, inséparable des sociétés complexes. Les privilèges de l’entrepreneur capitaliste ne sont ni plus ni moins faciles à justifier que ceux du manager communiste. Invoquant la notion abstraite d’universel, Mme de Beauvoir vitupère le régime bourgeois et exalte le régime dit prolétarien. Comparable à un aveugle qui parlerait de peinture, elle manifeste simplement son ignorance de la politique en tant que telle; car la politique est recherche d’un accord entre le respect dû à chacun et la diversité des tâches, des pouvoirs et des prestiges, recherche qui n’a jamais abouti qu’à des compromis provisoires et précaires. La technique offre à la fois des chances inédites de réconciliation et des risques sans précédent de despotisme. On ne saurait saisir les chances ni réduire les risques si l’on invoque les concepts purs et ignore les servitudes de la vie en commun, la pesanteur des institutions, toujours imparfaites. Peut-être est-il juste de ne pas se résigner à cette imperfection, il est sûrement insensé de la méconnaître.

(1) Publiée d’abord dans les Temps modernes reproduite dans Privilèges. (Gallimard.)

FL dit: à

Faut enlever le papier des fleurs. Et les mettre dans un vase. Et enlever les parties jaunissantes au fur et à mesure.

C’est non négociable.

Et on n’est pas obligé de savoir qui est le donateur. Même institutionnel. Ça fait m’as-tu-vu.

FL dit: à

Je suis en train de réaliser qu’elle était contre le mariage mais qu’elle est enterrée dans la tombe de Sartre.

Déjà le « en même temps ».

Faut respecter.

FL dit: à

Donc on peut les mettre dans la même tombe au Panthéon.

FL dit: à

Et les tombes ça se nettoie. Même celles de Verlaine et de Rimbaud.

Jazzi dit: à

« Et nous, la foule des anonymes, nous avons assisté au défilé de toutes ces figures de la vie politique et médiatique regagnant la sortie… »

Rosanette, Brigitte Macron est allée ensuite se recueillir quelques instants sur la tombe de Jacques Chirac, au rond-point central du cimetière.

et alii dit: à

SFAR
dailymotion.com/video/x8oq1wl

closer dit: à

Puisque Rosanette parle du grand rabbin, il était interviewé dans le JDD d’aujourd’hui sur les récentes tragédies. Il parle clairement d’une haine de notre civilisation.

closer dit: à

« De « Les dangers du snobisme intellectuel », interview de R.Aron par Tanneguy de Quénétain, publiée dans Réalités, en juin 1968: »

Absolument génial! Merci Pablo.

closer dit: à

Achetés aujourd’hui le JDD et La Tribune.
Le JDD est plus vivant et percutant, la Tribune un peu un robinet d’eau tiède. Les deux sont intéressants et méritent de survivre. Cela ferait trois quotidiens dominicaux (avec Le Parisien/Aujourd’hui) en plus des régionaux dont certains sont très importants, comme Ouest France.
On se rapproche de la diversité dominicale de la presse d’Outre Manche…
Merci Monsieur Bolloré!

Bihoreau, duc de Bellerente dit: à

Le dernier chapitre du conflit Israël contre États voisins, ou si vous préférez Juifs contre Arabes (ou Musulmans) a pris une tournure particulièrement barbare. Pourtant, toute guerre est barbare. Le Monde retient son souffle; jusqu’où cette dernière attaque nous mènera t-il ?

Comme Al-Quaïda le 9 septembre 2001, Hamas n’a pas mis à mal la puissance militaire du pays attaqué. Il lui a donné un prétexte pour se venger, et cette vengeance sera très probablement épouvantable.

Tant que les pays voisins d’Israël ne reconnaitront pas son droit d’exister en pays, le conflit durera. La question des frontières ? Elle est réglée depuis 1967. L’Allemagne a accepté la perte de territoires après 1945 et a rapatrié ses nationaux. Les Palestiniens doivent quitter Israël et comme les Allemands vivre en paix avec l’état reconstitué à même ses anciens territoires. Malheureusement, la haine des Arabo-Musulmans envers les Juifs rend cela impossible.

William Boquet dit: à

Comparer le sort des palestiniens aujourd’hui à celui de l’Allemagne nazie en 1945 : heu ! non, rien …

William Boquet dit: à

Jamais, il n’aurait pu imaginer que le Hamas aurait sa peau. Avec le pire attentat perpétré sur le sol de son pays, Benjamin Netanyahu pourrait bientôt entendre le chant du cygne.

« C’est le début de sa chute », prédit Daniel Bensimon, expert de la politique israélienne et ancien député du Parti travailliste, tout en admettant que ce n’est pas la première fois qu’est évoquée la fin politique de M. Netanyahu, 73 ans dont près de 16 ans cumulés comme Premier ministre d’Israël.

« Mais cette fois, il a failli à l’essentiel de sa fonction: assurer la protection de sa population. A cause de lui, le samedi 7 octobre, en bordure de la bande de Gaza, l’Etat et l’armée étaient absents », dit-il à l’AFP. « Il va le payer très cher ».

Menée par des centaines de combattants palestiniens infiltrés, l’attaque du Hamas sur le sud d’Israël a fait plus de 1.300 morts, majoritairement des civils, et s’est accompagnée de plusieurs massacres.

Le couperet pourrait tomber pour le chef du Likoud (droite), qui détient en Israël le record de longévité au poste de Premier ministre, si une commission d’enquête gouvernementale vient à déterminer sa responsabilité dans la tuerie.

En Israël, c’est le gouvernement qui nomme ce type de commission, comme ce fut le cas après le fiasco de la guerre israélo-arabe de 1973, qui avait pris le pays totalement au dépourvu, et après la contestation qui suivit l’invasion du Liban par Israël en 1982.

– « Un pur scandale » –

« Légalement, Bibi [le surnom de M. Netanyahu, NDLR] n’y est pas contraint. Mais la pression de l’opinion va être telle, qu’il n’aura pas le choix. Sinon, tout le pays descendra dans la rue », explique Hanan Crystal, commentateur de la politique locale.

Une caricature de M. Netanyahu publiée vendredi par le quotidien Haaretz le montre en tenue de jardinier arrosant des laitues dans son potager. Sur chacune d’elles sont dessinés les visages des chefs du Hamas.

« Il a échoué sur toute la ligne. Il a ignoré les avertissements des militaires. Il a donné la priorité à la colonisation de la Cisjordanie [occupée par Israël depuis 1967, NDLR] et négligé les kibboutzim, généralement de gauche. Et il est resté prisonnier d’une conception erronée voulant que le Hamas n’oserait jamais s’attaquer à nous avec une telle barbarie », estime Akiva Eldar, politologue.

« Et pour tout arranger, il est incapable de prendre une décision », s’emporte M. Eldar.

La formation d’un gouvernement élargi à des formations d’opposition et d’un cabinet de guerre « aurait dû prendre 48 heures après la tragédie. Il a fallu attendre cinq jours. Un pur scandale », s’est exclamé un éditorialiste de la radio militaire.

Signe qu’Israël n’avait rien vu venir, un haut fonctionnaire gouvernemental a indiqué à l’AFP qu’aucune réunion d’urgence n’était au programme de l’exécutif quand le Hamas a frappé.

closevolume_off
– « Il nous a trompés » –

Les ennuis de M. Netanyahu avec la justice (il est en procès pour trois affaires de corruption) ne l’ont pas empêché de remporter les législatives de novembre 2022 et de revenir au pouvoir grâce à une alliance avec des partis d’extrême-droite et des formations juives ultra-orthodoxes.

Mais les franges les plus populaires, qui forment le socle de son électorat, semblent désormais commencer à lâcher leur champion, celui qu’elles soutenaient traditionnellement face aux « bobos » de Tel-Aviv qui, jusqu’au 7 octobre, manifestaient chaque semaine depuis janvier contre la réforme de la justice voulue par le gouvernement et qui divise profondément la population.

« Il nous a trompés. Nous avions confiance en lui car il a libéré des fonds pour l’éducation dans les écoles religieuses. Mais à quoi sert l’argent, lorsqu’on égorge nos enfants et qu’on viole nos femmes. doit démissionner. Il n’est plus casher pour gouverner », déclare à l’AFP un rabbin, Elyezer Moshia, dans la Vieille Ville de Jérusalem.

Rahamim Atali, un chauffeur de taxi de Jérusalem, est encore plus catégorique: « La prison. C’est là qu’il doit finir sa carrière. Ce qu’il a fait est impardonnable, et il le sait ».

Les détracteurs de M. Netanyahu estiment que le schisme qu’il a instillé au sein de la population à cause de sa réforme judiciaire va se retourner contre lui.

« Il a qualifié ses opposants de traîtres. Mais ce sont eux qui se sont faits par le Hamas et ce sont eux aussi qui vont aller en découdre à Gaza », commente un éditorialiste de la radio publique, alors que pointe une offensive militaire israélienne au sol après les bombardements incessants ayant fait plus de 1.300 morts à Gaza depuis le 7 octobre.

publié le 15 octobre à 11h14, AFP

William Boquet dit: à

Non satisfait d’avoir conduit son pays au ban des nations, d’avoir provoqué une quasi guerre civile, d’avoir été incapable de contenir l’assaut de sauvages d’un autre temps, il ne reste plus qu’à Bibi la fripouille de se conduire en criminel de guerre et à trouver refuge en France auprès de ses complices droitards

William Boquet dit: à

@closevolume_off

Yes!

William Boquet dit: à

@closer dit: à
Puisque Rosanette parle du grand rabbin, il était interviewé dans le JDD d’aujourd’hui sur les récentes tragédies. Il parle clairement d’une haine de notre civilisation.

A propos de civilisation –
Résolution de l’ONU : quelles conséquences juridiques pour l’occupation israélienne des territoires palestiniens ?
https://information.tv5monde.com/international/resolution-de-lonu-quelles-consequences-juridiques-pour-loccupation-israelienne-des

William Boquet dit: à

À propos de NOTRE civilisation

MC dit: à

Tanneguy de Quennetain fut la conscience de Réalités. Il donna la parole à d’autres qu’ Aron, et pas non plus des moindres. J’ignore ce qu’il devint après la dissolution de la revue. Bien à vous. MC

William Boquet dit: à

il ne reste plus qu’à Bibi la fripouille de se conduire en criminel de guerre > il ne reste plus à Bibi la fripouille qu’à se conduire en criminel de guerre

Pablo75 dit: à

R. Aron en 1964, après avoir analysé et démoli la « Critique de la raison dialectique » de son ami de jeuneusse Sartre:

« Puisqu’il faut bien conclure, je le ferai dans le style qui, à en croire Simone de Beauvoir, était le mien au cours de nos interminables discussions de jeunesse. De deux choses l’une… Ou bien l’on veut rénover le marxisme-léninisme de Moscou et de Pékin, et alors on perd son temps, car les vérités d’État ou les idéologies officielles obéissent à leurs lois propres, qui ne sont pas celles de la libre recherche, c’est-à-dire celles de Sartre lui-même. Ou bien l’on veut rénover la pensée marxiste en Occident, mais, en ce cas, il faut prendre modèle sur Marx, c’est-à-dire analyser les sociétés capitalistes et socialistes du vingtième siècle, comme il avait analysé les sociétés capitalistes du dix-neuvième siècle. On ne rénove pas le marxisme en remontant du « Capital » au « Manuscrit économico-philosophique » ou en visant à une impossible conciliation de Kierkegaard et de Marx. En bref, au lieu de proclamer son allégeance au « Capital » du dix-neuvième siècle, mieux vaudrait écrire celui du vingtième.

Sartre réserve ses sympathies aux régimes révolutionnaires qui ont à ses yeux le mérite de préparer la liberté réelle.
(R. Aron, 1964)

D. dit: à

Pourquoi William Biquet ne se prénomme-t-il pas Bill ?

Pablo75 dit: à

Paul Klee
Ghost Rider tard dans la soirée, 1929

Mimi Pinson dit:

On sent l’influence de Velázquez en général et des Las Meninas en particulier.

et alii dit: à

« Ouvrons une nouvelle page du rassemblement de la gauche et des écologistes ! », écrivent les communistes dans leur résolution. Le texte affirme que « la Nupes, telle qu’elle a été constituée pour les élections législatives sous la volonté hégémonique de LFI [La France insoumise], est devenue une impasse ». Il dénonce « les insultes de dirigeants de LFI, comparant la direction du PCF à des collaborationnistes nazis » – une référence à la députée « insoumise » Sophia Chikirou qui a fait un parallèle entre le patron du PCF, Fabien Roussel, et Jacques Doriot. Les communistes mettent aussi en avant le refus récent de certains dirigeants « insoumis » « de qualifier d’actes terroristes les atrocités commises par le Hamas ».

et alii dit: à

le titre du billet souligne l’accent dont P.ASsouline veut caractériser la « story »,me semble-t-il

D. dit: à

Oui Pierre Assouline sera très bien pour remplacer Decoin.

D. dit: à

Un temps. Parce qu’après il quittera cette académie Goncourt pour rejoindre l’Académie française. En 2028.

D. dit: à

Il aura alors 75 ans. Quel fauteuil prendra-t-il ? Je le sais parce que je l’ai vu en songe. Je garde ça secret.
Je puis simplement vous dire qu’il y a le chiffre 3 dans le numéro.

D. dit: à

Ça t’en bouche un coin, hein, Pablo ?

D. dit: à

Il sera ainsi le premier ex-président de l’Académie Goncourt à devenir Immortel.

D . dit: à

Il y a une première fois à toute chose.

William Boquet dit: à

@et alii dit: à
le titre du billet souligne l’accent dont P.ASsouline veut caractériser la « story »,me semble-t-il

Alio Philippe, police de l’O ; quand on fera danser les couillons, il sera pas à l’orchestre, me semble-t-il. Bonne soirée aux taties mégot
https://www.youtube.com/watch?v=6hCDF3JXVoI

William Boquet dit: à

Erratum
Alio Louis, police de l’O … visez un peu ça, c’est Xtra

You might like
Jordan Bardella
@J_Bardella
Marion Maréchal
@MarionMarechal
Gilbert Collard
@GilbertCollard
Show more [c’est assez !]

D. dit: à

Jagger et ses rolling-stones sort un énième album dont je me passerai. Évidemment.

et alii dit: à

Dictionnaire des mots haïssables, par Samuel Piquet. Le Cherche Midi, 217 p., 18,90 €.

William Boquet dit: à

“présentiel / distanciell”, “jubilatoire”, “résilient” … vendu !

JC..... dit: à

LUNDI 16 OCTOBRE 2023, 5h36

Ce message est destiné aux commentateurs de ce blog de prestige, la plupart bien au dessus du couple Jean Pol/Momone qui, même à deux, ne valaient pas le dixième de l’Aron solitaire !

Soyez optimistes ! Les meilleurs gagnent toujours ! Au rugby comme à la guerre.
Et vous en êtes !

Bonne semaine, camarades pétillants de malice !

Marie Sasseur dit: à

« Retrait de Triste tigre au lycée La Mennais à Ploërmel : « Cacher ce livre est un acte de violence »
Véronique Calas, la directrice de l’établissement privé de Ploërmel (Morbihan), estime que ce livre, l’un du Goncourt des lycéens, possède des passages d’une grande violence. Les éditeurs considèrent que l’exclure ou le cacher reste tout aussi violent »

https://www.ouest-france.fr/culture/livres/prix-goncourt/retrait-de-triste-tigre-au-lycee-la-mennais-a-ploermel-cacher-ce-livre-est-un-acte-de-violence-4155b7a4-69c2-11ee-8fa0-55979078a607

JC..... dit: à

Il est des Livres violents qui restent en circulation, bien plus dangereux que ce livre.

closer dit: à

« Réalités », c’était bien…Je me souviens des heures passées à feuilleter de vieux numéros gardés pieusement chez une vieille dame à la campagne…
Qui s’attellera à le ressusciter?

closer dit: à

Contrairement à Monsieur Charoulet, je pense qu’on a le droit de se « changer les idées », de s’aérer l’esprit, dans les périodes tragiques; sinon c’est l’asphyxie.

Une première piste: l’exposition des photos de Julia Margaret Cameron au Jeu de Paume.
JM Cameron était la fille d’un fonctionnaire anglais de Calcutta et d’une aristocrate française de Pondichéry, ascendance lourde à porter de nos jours. Son dossier s’alourdit du fait qu’elle était fervente chrétienne, que toute sa famille l’a soutenue dans sa démarche (pas de patriarcat, pas de viol) et qu’elle a élevé 9 enfants dont 3 orphelins adoptés…Pas de quoi susciter l’intérêt de Libé ou des Inrocks.

Mais trêve d’ironie; son oeuvre est quasi à 100% composée de portraits; elle dédaignait la technique. A 48 ans, âge de ses débuts, presque la vieillesse à l’époque, elle n’allait pas se laisser emmerder par le pinaillage des professionnels. D’où un flou relatif de ses portraits qui ne fait que les rendre plus beaux. Deux séries: les jeunes filles, soit pour elle mêmes, soit représentant des personnages de Shakespeare, de la mythologie ou de la Bibles et les célébrités qu’elle connaissait directement ou par des amis et pas des moindre: Darwin, Tennyson, Carlyle, Longfellow, Herschel (l’astronome) dont le portrait halluciné est fascinant et d’autres…

Courez au Jeu de Paume, ça vaut vraiment la peine.

J’oubliais de signaler le beau portrait de sa nièce, mère de Virginia Woolf. La ressemblance avec sa fille est frappante.

Jazzi dit: à

Julia Margaret Cameron (1815-1879)
Programmation étonnante pour Le Jeu de Paume, qui se veut un lieu d’exposition d’art contemporain consacré à l’image et à la photographie, closer !

Samuel dit: à

Pourquoi quand on commence à philosopher, cela veut dire qu’on a rien compris ?

D. dit: à

L’idolatrie envers ce Monsieur Dupont, Antoine, va heureusement retomber comme un soufflé sorti du four, après la défaite de l’equipe de France de Rugby dont il a été nommé le capitaine, faut-il le rappeler.

Bloom dit: à

Sur la guitare accoustique de Woodie Guthrie était écrit: This Machine Kills Fascists.

felix d dit: à

@ soleil vert;
le partenaire de Duhamel lors du fameux « Messieurs les censeurs bonsoir » de Clavel n’était pas Elkabach mais le regretté André Campana …

JC..... dit: à

“L’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur”

Ou le plombier, ou le toubib, ou l’architecte ou Rocco Siffredi, ou Vasco de Gama, ou Robin des Bois, ou Coluche, ou Mélenchon … !

FL dit: à

Et de mon point de vue, l’ancienne tombe avait beaucoup plus de classe.

Clopine dit: à

Je suis un peu surprise qu’ici, sur la rdl veux-je dire, personne n’a souligné que le prof d’Arras était un agrégé de littérature contemporaine, aimant Gracq, Proust et Céline. La rdl devrait, à mon sens et via notre hôte, relever que la littérature est à travers cette victime à inscrire au monument de la lutte contre tous les sectarismes. Enfin, à mon sens. C’est la littérature qu’on assassine (aussi).

closer dit: à

Deuxième piste: lire « L’ombre d’un grand oiseau » de Catherine Poulain, auteure de l’inoubliable « Grand Marin ». Un roman poème sur ses relations avec les animaux, qui commence avec l’enfance. Relation à la fois charnelle, poétique et réaliste (aucune mièvrerie, pas de bisounours à l’horizon!).

FL dit: à

Il n’était pas particulièrement visé. Il était particulièrement courageux.

et alii dit: à

on dit aussi « pestilentiel »;
oui clopine, que d’assassinats

FL dit: à

Cher Pablo, comment s’appelle le texte d’Aron de 64 que vous citez ?

FL dit: à

Jamais Simone de Beauvois n’aurait mis du rouge à lèvre partout comme ça. Elle avait reçu une excellente éducation bourgeoise.

Ces gauchistes je vous jure.

FL dit: à

* Beauvois

Beauvoir

JC..... dit: à

Le terroriste était bien incapable de viser une proie en particulier, à plus forte raison de penser agir contre la littérature !

FL dit: à

Elle buvait trop. Ça je crois qu’on peut pas dire le contraire. Il faut mettre les jeunes filles en garde contre le danger de vouloir l’imiter. Mais c’est tout ce qu’on peut lui reprocher.

JC..... dit: à

Momone mettait du rouge à lèvres partout, j’ai des photos …!

FL dit: à

Sartre et Beauvoir au Panthéon. Subito !

lmd dit: à

Sartre et Beauvoir n’ont pas trop à s’en faire ; 40 ans après leur mort les imprécations viennent toujours des lecteurs du Figaro.

FL dit: à

* mal élevé

FL dit: à

* mal élevés

JC..... dit: à

« L’école restera un «sanctuaire» et un «rempart contre l’obscurantisme», assure Macron » (Le Figaro)

Euh, non …rien !
On ne rit pas.

MC dit: à

Agrège de littérature, oui. Mais rien sur ses préférences ou goûts profonds, me semble-t-il . Et ce n’est malheureusement pas maintenant qu’on peut les lui demander…. MC

Samuel dit: à

Pourquoi ça fait vraiment froid dans le dos de savoir que les terroristes islamistes ne sont pas que des maghrébins mais sont aussi des africains, des tchétchènes, des asiatiques et d’autres faciès de terreur ?

Jazzi dit: à

Clopine, au-delà du diplôme, ce sont surtout les qualités de coeur, de courage, de compétence, de gentillesse et de proximité avec ses élèves que ceux-ci ont tenu, à juste titre, à souligner.
Tout le reste n’est que…

Bloom dit: à

Bony et Lafont, faciès de terreur fascistes bien franchouillards. Sans parler de Philippe Henriot et bien sûr de Anders Behring Breivik, prototype du bon-aryen.

Bloom dit: à

Le PiS est dans la merde. L’excrémentiel a rejoint le fécal.
Et hop, on tire la chasse!

Bloom dit: à

Pope Francis’ representative in the Holy Land said on Monday he was willing to exchange himself for Israeli children taken hostage by Hamas and held in Gaza.
-The Jerusalem Post

Initiative courageuse et dans droite ligne de la tradition christique et missionnaire. Je doute cependant que les Frères Bouchers Islamistes se contentent de trancher la gorge à un dignitaire chrétien. Même si c’est pour le filmer et lui faire répéter qu’il est un kouffar, un kafir, un cafre…
Les frères Lumière ne se doutaient pas que leur invention serait à ce point dévoyée…

Bloom dit: à

dans la droite ligne…./en droite ligne de

FL dit: à

Bon elle mettait aussi dans son lit des jeunes filles qu’elle n’aimait pas (« les amours contingentes »). Je ne l’oublie pas.

Ça n’était pas une sainte. Elle buvait. Elle couchait. Ça n’était pas sainte. Très clairement : ça n’était pas une sainte.

FL dit: à

Mais bon s’il n’y avait que des saints au Panthéon. Ça se saurait.

FL dit: à

* Ça n’était pas une sainte.

D. dit: à

Compétence, Jazzi. Tu as raison de parler de ce mot. Et notamment compétence pédagogique. Parce que, hélas, énormément d’incompétents demeurent en poste.
J’ai ouï dire récemment que certains professeurs de matières scientifiques donnaient des notes négatives à certains élèves. -1… -3… A valoir sur la moyenne. Ce qui symboliquement désigne collectivement l’élève comme un moins que rien.
Ces gens sont pourtant regulièrement inspectés, normalement ? Que font-ils alors ? Ils dissimulent ? Brûlent leurs archives ?

FL dit: à

Et la manière dont Colette s’est débarrassée de Mathilde de Morny. Ça n’est guère mieux.

FL dit: à

Et puis présenter des jeunes filles à Sartre. C’est douteux !

FL dit: à

Raymond Aron avait une attitude beaucoup plus convenable.

FL dit: à

Mais mettre Raymond Aron au panthéon au lieu de Sartre et Beauvoir. Ça va pas le faire.

FL dit: à

* Panthéon

et alii dit: à

Cette fois-ci, le mythique monument parisien accueille Raphaël Barontini. L’artiste plasticien français présente, du 19 octobre 2023 au 11 février 2024, une exposition réalisée in situ et évoquant l’histoire et la mémoire des combats contre l’esclavage.
Dans le cadre de son programme « Un artiste, un monument », le Centre des monuments nationaux annonce une carte blanche de l’artiste Raphaël Barontini au sein du Panthéon à Paris.

À découvrir du 19 octobre 2023 au 11 février 2024, cette exposition est l’occasion pour l’artiste plasticien d’évoquer l’histoire et la mémoire des combats contre l’esclavage, en mettant en lumière des figures héroïques – connues ou méconnues – de cette lutte contre l’esclavage.

et alii dit: à

@Fl
on ne dit pas c’est fou (ni flou)
on dit « c’est démentiel »

D. dit: à

Je ne comprends pas qu’on fasse un tel battage de Jagger. Sur France Inter ils ont trouvé le moyen de passer un court extrait de l’album et c’était immonde à souhait. Sans voir Jagger, on le devinait moche et grimaçant, se tremoussant sur sa mauvaise musique. Beurk.

D. dit: à

voilà ce qu’on monte en épingle au détriment, par exemple, des trésors du Classique. Ceux qui choisissent ça portent une responsabilité.

Patrice Charoulet dit: à

« Vendredi 13 octobre , jour de “colère mondiale” décrété par le Hamas, un jeune Russe islamiste radical a répondu ,semble-t-il, à cet appel du Hamas et est allé égorger un professeur agrégé des lettres et blesser deux autres salariés de l’éducation nationale dans le lycée où il avait étudié à Arras.

Le jeune homme fait partie d’une famille dont l’expulsion par OQTF avait été prévue en 2014, expulsion qui avait échoué après une mobilisation en sa faveur d’associations comme,paraît-il, la Cimade (l’association issue de la résistance protestante), le MRAP , le parti communiste, et finalement le cabinet de Manuel Valls, alors premier ministre, avait annulé l’expulsion.

C’est ainsi que le jeune homme qui était alors un enfant a pu commettre son attentat en 2023.

Il cherchait, d’après tous les témoins présents dans la cour du lycée au moment du meurtre, un prof d’histoire-géo et Dominique Bernard s’étant interposé avec héroïsme l’a payé de sa vie.

Les profs d’histoire-géo sont donc des cibles, Samuel PATY ayant été tué parce que prof d’histoire-géo.

Pour ne pas énerver les islamistes, doit-on renoncer à l’histoire-géo ?

La question est bien sûr absurde mais elle montre qu’aucun compromis n’est possible avec cette idéologie totalitaire.

La France a répliqué comme elle sait faire, c’est-à-dire comme une démocratie, l’individu et ses proches auront à répondre devant la justice et comme d’habitude les hommages se multiplient à la fois émouvants et vains et comme toujours la même rengaine: “Il y aura un avant et un après Dominique Bernard”.

Alors qu’en réalité il n’y a pas d’après et que la France est désemparée, ne sachant pas comment répondre au défi qui lui est lancé par l’islam radical.

Les députés de la France insoumise refusent même de nommer le mal et les professeurs dans leur immense majorité bienveillants et remplis de bonne volonté n’ont aucune idée sur la façon de surmonter la terreur aveugle qui s’abat sur eux.

On comprend bien que le bla-bla du genre “nous restons debout” et “soyons unis” ne sert strictement à rien sinon à tenter de conjurer la panique .

Ce terroriste a simplement rappelé à la France qui ne le voit pas encore qu’il va falloir combattre le même mal qu’Israël
Ce terroriste a simplement rappelé à la France qui ne le voit pas encore qu’il va falloir combattre le même mal qu’Israël combat.

Les islamistes radicaux ont la même logique que les talibans.

On ne les comprend pas.

C’est un authentique projet politique de détestation des Lumières, de l’égalité hommes / femmes, de la culture et de toutes les valeurs occidentales.

Plus l’Occident recule, plus il se fait dévorer et la seule question qui est posée en fait à tous les gouvernements occidentaux est celle du prix à payer pour la liberté et la justice.

Les Français n’ont pas d’autre pays que la France et ils devront la défendre.

Pour les Israéliens, le seul État juif au monde décidé par l’ONU en 1947, il n’y a pas d’autre maison non plus.

Ce n’est pas une “colonie” qui a été attaquée le 7 octobre mais l’État d’Israël dans ses frontières historiques reconnues par la communauté internationale et l’ONU.

La brutalité des attaques, leur gratuité et la persistance de l’agression avec prise d’otages comme au Moyen-Âge contraint Israël à détruire le Hamas s’il veut préserver la vie des citoyens israéliens.

Les amis d’Israël le disent tous : Israël a le droit de se défendre et ce n’est pas la faute des Israéliens si le Hamas se planque derrière des civils, que ce soient des otages israéliens ou la population de Gaza dont il se sert comme boucliers humains.

Il ne faut donc pas s’y tromper: Israël préserve au maximum les vies des civils des deux côtés et le reproche qui est fait à l’État attaqué de s’en prendre aux populations est totalement infondé. C’est le Hamas et lui seul qui a transformé Gaza en puissance attaquante.

Cela ne devra pas être oublié quand la riposte israélienne commencera. »

Raphaël Nisand

Jazzi dit: à

Le léZard a beaucoup aimé ce très beau film serbe sur la Yougoslavie perdue d’hier, annonciatrice de l’Ukraine d’aujourd’hui…

Damien dit: à

C’est affreux, cet assassinat du prof Dominique Bernard à Arras. Les barbares d’aujourd’hui s’en prennent à ceux qui transmettent le savoir ! J’apprends que le prochain livre de Salman Rushdie sera l’histoire autobiographique de son attentat au couteau qui a manqué lui coûter la vie. Il paraît déjà que c’est une réussite. L’actualité me le fait dire : tous les hommes de bonne volonté sont juifs, y compris Rushdie. Et même moi, comme disait Polnareff. Il y avait une minute de silence à l’école à 14 h. Quelqu’un sait si ça s’est bien passé ? Un jour il faudra enfermer tout le monde ! Bonne journée !

renato dit: à

Voir éventuellement Victorian photographs of famous men & women, introduction par de Virginia Woolf et Roger Fry, Londres, 1926.

D. dit: à

Pour compléter le propos de Patrice Charoulet, je me permettrais d’ajouter que ce terroriste a simplement rappelé à la France qui ne le voit pas encore qu’il va falloir combattre le même mal qu’Israël combat.

renato dit: à

Une blague adaptable.
Un homme entre dans un bar super-technologique pour prendre un verre.
Le barman est un robot et lui demande quel est son QI :
La réponse est « 150 ».
Le robot lui sert alors un whisky malt de 16 ans d’âge et commence à lui parler de réchauffement climatique, d’interdépendance environnementale, de mécanique quantique, de nanotechnologie, et ainsi de suite.
L’homme intrigué décide de tester à nouveau le robot. Il revient le lendemain et le robot lui demande à nouveau son QI :
L’homme répond « 90 ».
Le robot lui sert alors une bière et commence à lui parler de football, de femmes, de ses plats préférés, et ainsi de suite.
De plus en plus intrigué, l’homme retourne au bar le lendemain et le robot lui demande son QI :
Il répond « 40 »
Le robot lui sert alors un verre de gros rouge et lui demande :
« Alors, vous votez encore pour Salvini cette fois-ci, hein ? »

Source :
https://m.lanciano.it/@Mary_Chain/111156234521871902

Phil dit: à

Julia Margaret Cameron était la grand-tante de Virginia Woolf.

Comme Keynes

Bloom dit: à

C’est bien d’écrire sur le Volcan.
– Firmin, anagramme de Infirm (ne peux plus aimer Yvonne qui l’a trompé avec son demi-frère Hugh)
– La barranca, le ravin qui fissure la ville et la vie
– They threw a dog after him. Dernière phrase du roman. Dog, anagramme de God.
– Et la politique, les fascistes, les sinarquistas, qu’incarne le Chef des Jardins (cf infra, spoiler alert, irony!) qui le bute avant de jeter son corps dans la barranca/le ravin.
– Le Jardin d’Eden, le paradis perdu, d’où l’on a été expulsé (vieille histoire toujours d’actualité…)
Dans sa déambulation alcoolique, au pied du Popocatepetl (Old Popo), le Consul avise un écriteau:
« ¿Le gusta este jardín ?
¿Que es suyo ?
¡ Evite que sus hijos lo destruyan !
Qu’il traduit mal:
« You like this garden ? Why is it yours ? We evict those who destroy !13 », « éviter » devient « expulser » (evict)….
– La figure du cercle, de l’éternel recommencement, la structure circulaire du roman, qui commence par la fin et qu’il faut lire encommençant par le 2e chapitre pour apprécier le flash-back, et la Grande Roue, the Ferris Wheel, corollaire objectif de l’ivresse qui est l’état « naturel » du Consul.

Jacques Darras, le dernier traducteur de Lowry nous avait gratifié d’une mini-conférence duranr laquelle il avait avoué que ce roman était tout simplement impossible à élucider tant les références intertextuelles étaient foisonnantes et la langue d’origine piégeuse, quasiment impossible à traduire en français, à moins d’ajouter des notes de bas de page.
Je l’ai lu trois fois pour l’agrèg mais n’ai pas eu le bonheur de tomber dessus à l’oral. Dommage, j’aurais probablement encore mieux réussi qu’avec Jane Austen et son Mansfield Park.
Le cours de M. Teyssandier à Paris III était de haute tenue, nous étions des centaines à y assister, serré comme des sardines dans l’amphi Sarah Bernhard…Quand on pense que le manuscrit original a brûlé dans la cabane au Canada où vivait Lowry en Colombie britannique, et qu’il lui a fallu tout réécrit de mémoire…On comprend que ce diable d’écrivain n’ait pas eu le temps de produire autre chose que des textes mineurs. Quelques-une de ses poèmes sont de belle facture, mais Ultramarine & Lunar Caustic ont peu d’intérêt. C’est l’homme d’un seul livre, mais quel diable de livre!
Hommage à Maurice Nadeau qui l’a découvert en France où il est pour certains, dont moi et mes potes agrégatifs, un livre cultissisme…
Allez, au diable la strychnine.
‘Un mescal, por favor!’, said the Consul.
On en a vidé 16 avec les amis le soir des résultats au Taco Loco, resto mexicain à côté du Cirque d’Hiver.
Le lendemain, on prenait la route de Roscoff pour embarquer direction l’Irlande, Lowry dans les bagages.

Clopine dit: à

Keynes, grande tante ? Euh…

Clopine dit: à

A part tout ça, j’ai parlé de Laure Murat avec le Clopinou, et, tout en m »inclinant devant la science, sociologique ou philosophique, j’ai tenté de plaider la cause de la littérature. Je sais que mon fiston n’a jamais vraiment rencontré la littérature, et qu’il commence à comprendre ce qu’elle peut avoir de transcendant vis à vis du langage, pas seulement dans la compréhension intellectuelle mais aussi dans ouverture aux émotions. Alors, puisqu’il a l’air de commencer à s’intéresser, je lui ai indiqué la Maison des autres de Bernard Clavel. Je compte vraiment beaucoup sur ce bouquin pour éveiller la sensibilité du jeune homme, pour lui prouver qu’on peut ne pas être né avec une cuillère d’argent dans la bouche et pourtant être un très bon exemple de ce que la littérature peut accomplir. Je dois dire que je suis assez contente de mon choix d’exemple littéraire. Même si plus personne, à part moi, ne se souvient de Bernard Clavel ! Ahaha.

rose dit: à

Y-a-t-il métier plus pourri que passeur, hormis chasseur de tête ?

Mais être passeur et violer des migrants ?
In fine, il n’y a pas de limite à l’ignominie.

Clopine dit: à

Au fait, si Murat n’a pas le Goncourt, je te tartine notre hôt de crème glacée. C’est dit.

MC dit: à

Mais Quoi de Clavel? La Grande Patience ou son Cycle de Nouvelle France?! MC

MC dit: à

Désolé. Ne pas tenir compte de cette question, Clopine, puisque vous y répondez! MC

William Boquet dit: à

@Pour compléter le propos de Patrice Charoulet, je me permettrais d’ajouter que ce terroriste a simplement rappelé à la France qui ne le voit pas encore qu’il va falloir combattre le même mal qu’Israël combat.

Oyez ! Oyez ! Oyez !

Charoulet et Calimero sont en guerre contre le Hamas !

Clopine dit: à

mc, le chef d’oeuvre de Clavel, c’est bien entendu l’Espagnol. Bref..

Bihoreau, duc de Bellerente dit: à

à Bloom: votre description des Anglais dans leurs colonies est fort juste, mais il faut ajouter leur concept de l’«indirect rule», qu’un grand journaliste québécois a nommé dans les années 1950 le «roi nègre». Dépendant du degré de civilisation du colonisé, le Français du Canada, le Hollandais du Cap, il fallait mettre des gants blancs, non sans faire comprendre à ces nouveaux sujets de Sa Majesté britannique combien ils étaient chanceux de vivre dans le plus grand empire du monde, le plus avancé, le plus riche, ainsi de suite. Rien d’étonnant à ce que ces colonies, presque toutes souveraines, soient demeurées au sein du Commonwealth. On devient république, mais Charles III demeure chef de famille.

Mimi Pinson dit: à

Paul Klee (18 décembre 1879, Münchenbuchsee, Suisse)
; 29 juin 1940, Muralto, Suisse) , 1939.

(*) « L’art ne reproduit pas ce que nous voyons ; plutôt, il nous fait voir.  »

Né en Suisse en 1879, Paul Klee est l’une des figures clés de l’art du 20e siècle. Ayant hésité entre la peinture et la musique pendant un certain temps, l’artiste a finalement choisi la première, bien qu’on ne puisse nier l’influence de la musique tout au long de sa pratique picturale. Inspiré par l’art chrétien et byzantin, Klee s’inspire aussi de ses voyages, en particulier du soleil nord-africain qui lui a fait se sentir « dépassé par les  » Professeur au Bauhaus Weimar, et l’un des fondateurs de l’emblématique journal Der Blaue Reiter, Klee a joué un rôle crucial dans la théorie de l’art abstrait à travers ses écrits sur la science de la couleur. Ses œuvres témoignent de sa vision d’un art moderne à la croisée des chemins de l’abstraction mystique et de la rigueur scientifique. »

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Bihoreau, duc de Bellerente dit: à

Patrice Charoulet demande :Avons-nous le droit d’être encore légers ?

Non seulement le droit, mais le devoir.

vadeboncoeur dit: à

Merci Mimi pour ce beau portrait du peintre musicien Paul Klee!

Bihoreau, duc de Bellerente dit: à

Il se trouvera toujours, ici et ailleurs, un être – presque toujours un homme – aliéné au point de tuer un inconnu. Sa victime représentera pour lui l’incarnation de sa souffrance. Tant pis pour le pays au passé de colonisateur. Surtout si cet aliéné s’est fait seriner par quelque ministre du culte enragé qu’il doit venger sa race. Alors restons légers; ce sera la preuve qu’il a échoué.

Jazzi dit: à

« Merci Mimi pour ce beau portrait du peintre musicien Paul Klee ! »

Tu te félicite toi-même, VDBC !

« Alors restons légers ; ce sera la preuve qu’il a échoué. »

Saine réponse, BdB.

Question à Paul Edel.

J’ai trouvé dans une bibliothèque de rue, un roman que je me promettais de lire depuis longtemps : « Paulina 1880 » de Pierre-Jean Jouve.
Dans une vieille édition du Livre de Poche, datée de 1964.
Tu m’avais parlé avec chaleur de cet auteur du Mercure de France, vénérable maison d’édition qui nous réuni tous les trois.
Tu m’avais raconté une plaisante anecdote, illustrant la pingrerie légendaire de Simone G., un don qui s’est transmis, sur deux générations, sur toute la famille qui a hérité du fonds de Gaston et a su le faire prospérer de manière plus financière que littéraire cependant…
A la lecture des premières pages de Paulina, et sous réserve de celles à venir, puis-je dire que c’est désuétement stendhalien ?

FL dit: à

Non mais ces meurtres c’est toujours la même chose depuis Henri IV et Jean Jaurès. Une bande de « penseurs » à l’abri quelque part lancent l’idée du meurtre et le discours justificatif ; et une personne socialement mal intégrée autre part se charge de l’application ; sans lien direct entre les deux parties en présence.

FL dit: à

J’explique pas comment Montesquieu a dû devenir vert lorsqu’il a appris que la Sorbonne avait condamné en séance « L’Esprit des lois ».

FL dit: à

Sans oublier le marais des « petits penseurs » entre les deux bouts de la chaîne qui répètent le message. Très important le marais des petits penseurs de l’entre deux.

FL dit: à

* entre-deux

Samuel dit: à

Pourquoi quand une personne est silencieuse, son silence n’est pas muet ?

Samuel dit: à

Pourquoi les yeux des sourds-muets nous parlent éloquemment ?

Samuel dit: à

Pourquoi parler est une perte de temps alors que se taire nous le fait gagner ?

Samuel dit: à

Pourquoi un visage qui sourit nous éclaire sur la clarté de ses intentions ?

pourmapar dit: à

Pierre Jean Jouve,
lis Sueur de Sang jazzi.
Et puis on en reparle!
Lis Les Beaux masques, texte autographe de 1937 publié par René Micha en 1987 dans l’ édition complète en deux tomes au Mercure de France.

FL dit: à

« Un homme entre dans un bar super-technologique pour prendre un verre. »

Très drôle.

FL dit: à

Toute l’histoire je veux dire.

FL dit: à

Le meurtre de Zola c’est pas très différent.

FL dit: à

C’est même complètement semblable.

FL dit: à

« De l’esprit des lois » mis à l’Index en 1751. La lecture en est donc chaudement recommandé comme pour « Le Rouge et Le Noir ».

FL dit: à

Raymond Aron aimait beaucoup.

FL dit: à

Ce n’est pas complètement certains. Les délinquants ne sont pas passés aux aveux. Ne nous avançons pas. On pourrait nous le reprocher. Nous n’avons pas de « sources ».

Wikipedia : une alliance du puritanisme et du positivisme le plus étroit.

Le bureau 401 fait de la science.

« Certains estiment que De l’esprit des lois a inspiré la rédaction de la Constitution française de 1791, notamment ses pages concernant la séparation des trois pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire […] »

https://fr.wikipedia.org/wiki/De_l%27esprit_des_lois

FL dit: à

* recommandée

FL dit: à

* certain

Pablo75 dit: à

comment s’appelle le texte d’Aron de 64 que vous citez ?
FL dit:

« Jean-Paul Sartre et le marxisme », publié dans Le Figaro littéraire du 29 octobre 1964.

Damien dit: à

Un témoignage très fort : https://youtu.be/u1AxZG09htI
Pierre Jean Jouve, excellent poète surtout. A écrit des romans minuscules, étriqués, résistants comme un beau diamant — la preuve, Jazzi en découvre un dans une boîte à livres, et pas une boîte à coucou ! Jouve avait une santé fragile. On a retrouvé après sa mort des manuscrits inédits. On a eu du mal à faire le tri. Ils ont tout publié, ne sachant séparer le bon grain de l’ivraie. Ainsi, il écrivait des phrases du style : Simone Gallimard est un génie ! C’était son éditrice. Il l’aimait beaucoup, elle était aux petits soins avec ses auteurs, et surtout avec le fragile Jouve. Je voulais lire son livre sur le Don Juan de Mozart, ne l’ai jamais trouvé. Un écrivain raffiné, mais poids plume. La postérité l’oublie, quoiqu’il figure dans les bonnes anthologies de poésie. Jazzi, ne l’oubliez pas dans votre prochain « Le goût de… » ! C’est prévu quand ? Ce serait bien, par exemple, « Le Goût du Hamas » ! Toute la population alternative de dégénérés se rueraient dessus comme un essaim de guêpes. Car on en est là ! Gilles Kepel par exemple se plaint qu’on lui a retiré tous ses cours, car il n’est pas suffisamment woke, il dit trop de mal du terrorisme islamiste. Du coup, je vais acheter son bouquin, pour voir de quoi il retourne. Kepel est dans l’oeil du cyclone. Un type intéressant. J’aimerais bien le rencontrer. On voit ses commentaires récents sur YouTube, il est passé d’une chaîne à l’autre, France24, LCI, etc. Les chaînes d’information continue, c’est pas mal. Au moins, la plupart n’ont pas ces préjugés odieux qui mettent un Gilles Kepel sur la touche. Le woke, c’est bien, mais pas dans les excès. Un mot à prononcer, que l’extrême gauche ne connaît pas : terrorisme ! C’est pourquoi la jeune israélienne qui parle, sans haine, est un document formidable. Et oui, sans haine ! C’est très fort ! Bonne journée.

Bloom dit: à

C’est bien d’écrire sur le Volcan.
– Firmin, anagramme de Infirm (ne peux plus aimer Yvonne qui l’a trompé avec son demi-frère Hugh)
– La barranca, le ravin qui fissure la ville et la vie
– They threw a dog after him. Dernière phrase du roman. Dog, anagramme de God.
– Et la politique, les sinarquistas mexico-fachos, qu’incarne le Chef des Jardins (cf infra, spoiler alert, irony!) qui bute l’Anglais avant de jeter son corps dans la barranca
– Le Jardin d’Eden, le paradis perdu, d’où l’Homme a été expulsé (vieille histoire toujours d’actualité…)
Dans sa déambulation alcoolique, au pied du Popocatepetl (Old Popo), le Consul avise un écriteau :
« ¿Le gusta este jardín ?
¿Que es suyo ?
¡ Evite que sus hijos lo destruyan !
Qu’il traduit mal:
« You like this garden ? Why is it yours ? We evict those who destroy !13 », « éviter » devient « expulser » (evict)….
– La figure du cercle, de l’éternel recommencement, la structure circulaire du roman, qui commence par la fin et qu’il faut lire en commençant par le 2e chapitre pour apprécier le flash-back, et la Grande Roue, the Ferris Wheel, corollaire objectif de l’ivresse devenue l’état « naturel » du Consul.

Jacques Darras, le dernier traducteur de Lowry nous avait gratifié d’une mini-conférence durant laquelle il avait avoué que ce roman était tout simplement impossible à élucider tant foisonnaient les références intertextuelles, tant la langue était piégeuse & polysémiques, quasiment impossible à traduire en français, à moins d’ajouter des notes de bas de page.
Je l’ai lu trois fois pour l’agrèg mais n’ai pas eu la chance de tomber dessus à l’oral (j’aurais probablement encore mieux réussi qu’avec Jane Austen et son Mansfield Park).
Le cours de M. Teyssandier à Paris III était de fort haute tenue, nous étions des centaines à y assister, dans un amphi Sarah Bernhard…Quand on pense que le manuscrit original a brûlé dans la cabane au Canada où vivait Lowry en Colombie britannique, et qu’il lui a fallu tout réécrit de mémoire…On comprend que ce diable d’écrivain n’ait pas eu le temps et l’énergie de produire autre chose que des textes mineurs. Quelques-unes de ses poèmes sont de belle facture, mais Ultramarine & Lunar Caustic sont de peu d’intérêt. L’ami Malcolm est l’homme d’un seul livre, d’un diable de livre diabolique.
Hommage à Maurice Nadeau qui l’a découvert en France où il est devenu pour certains, dont moi et mes potes agrégatifs, un livre cultissisme…
Allez, au diable la strychnine.
‘Un mescal, por favor!’, said the Consul.
On en a vidé 16 avec les amis le soir des résultats au Taco Loco, resto mexicain situé à côté du Cirque d’Hiver.
Le lendemain, on prenait la route de Roscoff pour embarquer direction l’Irlande, le Lowry dans les bagages et le sentiment du devoir accompli.

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