de Pierre Assouline

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La République des livres
N° 47 Ivresse de Depardieu, rareté de la mandarine

N° 47 Ivresse de Depardieu, rareté de la mandarine

Par Jacques Drillon

La musique des séries américaines et, partant, de deux films sur trois : longs machins étirés, absolument amorphes, plus ou moins gluants. Un type dénommé « compositeur » enfonce quelques touches de son clavier numérique, les bloque, va boire un café, revient, bloque deux ou trois autres touches, fume une cigarette, change de touches…

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Texte intégral d’une ordonnance du Dr Destouches, alias L.-F. Céline : « Pas de tabac, pas de café, pas de vin. »

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Les premiers mots d’un dinosaure, juste éclos d’un œuf miraculeusement conservé dans la glace : « Est-ce que Magda Tagliaferro joue toujours du piano ? »

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« Avec le ministre, nous avons rencontré… » Non. Avec le ministre, j’ai rencontré… Ou bien : Le ministre et moi, (nous) avons rencontré…

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Les passagers non fumeurs de l’avion qui s’est abîmé en octobre 1948 au large de Hommelvik, en Norvège, et qui se sont tous noyés. En réchappèrent Bertrand Russell et les autres fumeurs.

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L’impression, en débarquant sur la Côte d’Azur, d’être à l’étranger. Infiniment plus forte qu’en arrivant à Copenhague ou à Berlin.

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Verdi, ridicule. Rossini, laid. Donizetti, stupide. Bellini, niais. Boccherini, assommant. Vivaldi, élémentaire. Corelli, tout juste passable. Paganini, enflé. Pergolèse, enfantin. Si l’on met à part Scarlatti, plus ibérique qu’italien, on peut affirmer qu’il ne s’est rien passé d’intéressant en musique en Italie entre le XVIIe siècle et Puccini.

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(Suite)
En Angleterre, rien depuis Purcell, rien, rien, rien. Si : n’ayons garde d’oublier Benjamin Britten, remarquable pianiste.

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Les obsolètes : Les mandarines jaunes, parfumées et pleines de pépins.

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Louis-Ferdinand Céline, que la gauche et la droite ont voulu récupérer.
Philippe Muray, que la gauche et la droite ont voulu éjecter.
Gauche et droite ne veulent rien comprendre, surtout pas, et n’expriment chacune que sa propre bêtise. Au fond, la situation des deux auteurs est identique, quoique inverse, à cette image :

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Le rhumatisme articulaire aigu, qui est une maladie cardiaque.

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Depardieu, ivre, s’endormant en scène pendant la longue tirade d’un autre personnage – neuf minutes, dit-il. La tirade finie, le silence qui s’installe le réveille. Il ouvre les yeux, voit ses partenaires nerveux, sent le public qui attend. Il se dit : « Je vais les faire attendre encore un peu, sinon ils vont comprendre que je me suis endormi. » Et il continue de se taire.

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William Burroughs qui a posé un verre sur la tête de sa femme, et l’a visé comme Guillaume Tell – mais avec un pistolet. Il a visé un peu bas.

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« La prière, les dents, et au lit ! »

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Jouvet dans Dom Juan, avec son chapeau noir, son col interminable et sa chaîne d’or. Jamais vu, et pourtant inoubliable.

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(Dernière minute)
La tribune de Virginie Despentes  (« Libération » du 1er mars 2020) vue comme une déclaration de guerre aux hommes. Elle ne veut plus l’égalité de traitement, elle ne veut plus la parité, elle ne veut plus rien de tout cela. Elle veut le pouvoir. Pour l’instant, compte tenu de la couardise des hommes, et du silence des femmes, dont la parole est de moins en moins libre à mesure qu’elle se « libère », Despentes gagne du terrain tous les jours.

j.drillon@orange.fr

(Tous les vendredis à 7h 30)

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Les deuxième et troisième séries (Papiers recollésPapiers découpés) feront l’objet d’une publication en volume et ne sont plus en ligne. La première (Papiers décollés) a été publiée sous le titre Les fausses dents de Berlusconi (Grasset, 2014).

Cette entrée a été publiée dans Les petits papiers de Jacques Drillon.

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