Littérature de langue française

Un écrivain, c’est une voix. Et même loin des rivages de l’autofiction et des questions sociétales les plus contemporaines, c’est d’abord que question de sonorité qui distingue entre eux les romans ancrés dans l’Histoire qui paraissent en cette rentrée littéraire. Le cas notamment de David Diop (1966), maitre de conférences en littérature à l’Université de Pau et des pays de l’Adour. Révélé en France (Goncourt des lycéens) et à l’étranger (International Booker Prize) lors de la parution de Frère d’âme (Seuil, 2018) sur le destin de deux tirailleurs sénégalais pris dans la folie de la Grande guerre, il revient avec […]
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Si l’on osait, on relirait les livres de Philip Roth à l’égal de romans historiques. Déjà ? Déjà. Pourtant les derniers sont parus au début des années 2000. Tel est le sentiment effaré, incrédule, attristé que l’on retire de la lecture du puissant essai de Marc Weitzmann La part sauvage (374 pages, 24 euros, Grasset). Autant un livre sur son ami Philip Roth que sur leur Amérique à eux bien qu’une génération les sépare. Rien du rêve américain, tout d’une Amérique rêvée, idéalisée., newyorkisée. En ce sens, la publication simultanée du Tome 3 de son œuvre sous le titre Romans dans […]
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Deux romans viennent de paraitre précédés non par leur propre légende mais par celle de deux prédécesseurs légendaires : De l’autre côté de la vie de Fabrice Humbert et Adieu Kolyma d’Antoine Sénanque. L’histoire de la littérature connait bien d’autres exemples. Reste à savoir si paraitre en écho d’une autre oeuvre est porteur ou écrasant. Après tout, David Golder faisait irrésistiblement penser au Père Goriot dès sa parution en 1929 mais Irène Némirovsky, qui disait n’avoir jamais lu le roman de Balzac, avait tellement acclimaté le personnage à son propre univers que le précédent ne lui faisait plus d’ombre. Dans […]
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Nombre de romans plombent la rentrée, rares sont ceux qui la surplombent. La Maison vide (744 pages, 25 euros, Minuit) de Laurent Mauvignier est du lot. C’est une fresque familiale assez inattendue bien que cet auteur nous surprenne à chacun de ses livres. Puissance d’évocation, écriture ample, tressée, subtile, raffinée, précise… : l’impression provoquée par un tel embarras de richesses, un tel sens du romanesque, une telle émeute de sensations et une telle maitrise, si peu communes dans un roman contemporain, laissent admiratif face à l’ambition du projet et l’ampleur de la réalisation. Surtout, ne reculez pas face à l’épaisseur […]
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D‘Emmanuel Carrère, je suis loin d’être un inconditionnel. Pour n’évoquer que les plus récents, si Le Royaume m’a exaspéré par sa vulgarité, Yoga m’a impressionné par sa violence psychique. Cette fois, avec Kolkhoze (560 pages, 24 pages, Pol), je suis, non sans réserves, conquis et convaincu que ce livre (non pas un roman mais « un Carrère ») sera des rares à dominer la rentrée à juste titre. Il explore l’histoire de ses familles, le côté des Zourabichvili et celui des Carrère d’Encausse (oui, Hélène, l’historienne et académicienne, était sa mère, issue de la famille aristocratique des comtes Panine, hante chaque page […]
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Avec La nuit au cœur (283 pages, 21 euros, Gallimard), Nathacha Appanah (1973, Mahébourg, Maurice) interroge trois vrais destins de femmes qui ne se connaissaient pas mais sont souterrainement liées par la violence criminelle que leurs maris ou compagnons exercèrent sur elles. Trois femmes qui courent dans la nuit. Elles ne sont pas prises dans la frénésie d’une fuite en avant : elles s’enfuient de chez elles. Seule l’une des trois, la narratrice qui n’est autre que l’auteure, en a réchappé. Elle avait dix-neuf ans, il en avait trente ans de plus ; lorsqu’ils se sont rencontrés, elle venait de […]
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Si vous vous demandez à quoi peut bien ressembler ce qu’on appelle un « roman-paysage », imaginez qu’il puisse se lire comme on regarderait de tous ses yeux un site fascinant menacé de disparition. Nous sommes en Lozère, au creux d’un hameau du nom de Maheux niché dans le Haut-Pays des Cévennes. Juste en dessous, le lieudit s’appelle Mazel-de-mort. Au recensement de 1954, la commune toute proche de Saint-Julien-d’Arpaon compte 251 habitants et un château du XIIIème siècle. D’une beauté sombre et austère, l’endroit se dépeuple. La famille Reilhan est parmi les dernières à s’y accrocher. La vie y est […]
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Qui lit encore Jacques Perret (1901-1992) ? Une poignée de nostalgiques, et quand bien même, cela suffirait à maintenir vivant cet écrivain si français disparu en 1992. Mais ne vous méprenez pas : ces lecteurs-là ne regrettent pas tant une époque qu’une certaine manière de s’en sortir avec les mots, de nouer la langue commune à la langue classique pour la faire sourire. Cela a donné des récits (Le Caporal épinglé porté à l’écran par Jean Renoir), des romans (Le Vent dans les voiles, Les Biffins de Gonesse, Mutinerie à bord), des chroniques (Objets perdus), des souvenirs (Raisons de famille) réédités en […]
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Angelo Rinaldi, écrivain, critique littéraire et ami d’une fidélité sans égale, vient de nous quitter à 85 ans. Il est mort la plume à la main et ne la reposait que pour demeurer nuit après nuit dans son fauteuil veillé par ses deux chats, un livre entre les mains, Saint-Simon, José Cabanis et autres. Mélancolique depuis son plus jeune âge, un roman demeurait à ses yeux du chagrin développé par la grammaire. Cet artiste n’avait jamais cessé de creuser le même sillon. Il y a quelques mois, j’avais réussi à le convaincre de retourner à Ajaccio, lui, l’enfant terrible de […]
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Pour qui fait profession d’observer la vie littéraire au quotidien, rien n’est réjouissant comme la rencontre inopinée en librairie de deux livres qui paraissent en même temps, sont peut-être disposés innocemment bras dessus bras dessous dans certaines librairies et se parlent à l’insu de leur plein gré, nouant ainsi une discrète conversation dont tout lecteur peut tirer profit. Le cas depuis peu de La nuit sur commande (180 pages, 19 euros, Stock) de Christine Angot et de Déshonorer le contrat (153 pages, 19 euros, Gallimard) d’Antoine Compagnon. Deux essais dont on pourrait penser a priori qu’ils n’ont rien à voir […]
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