de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature de langue française

Laissez partir les morts…

Laissez partir les morts…

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Il y a des écrivains avec qui des lecteurs ont passé un pacte. Ils les suivent depuis longtemps, parfois depuis leurs débuts, leur demeurent fidèles avec plus ou moins de bonheur, les retrouvent à chaque nouveau livre avec un plaisir mêlé d’appréhension non par crainte d’être surpris mais par peur d’être déçu. Et cela dure ainsi pendant toute une vie de lecteur… Entendons-nous bien : quoiqu’on attende de lui, et certains même se croient en droit d’en attendre une certaine qualité d’écriture voire un certain type de livre, un auteur ne nous doit rien, il n’a aucun compte à nous rendre. […]

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Des morts en bonne santé

Des morts en bonne santé

Daniel Lefort

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Albert Bensoussan a fait du récit bref, ou du roman court, sa marque de fabrique : c’est à chaque fois une variation sur un thème, toujours le même, comme en musique, et La tendre indifférence (12 euros, Le Réalgar) n’y fait pas exception en posant une sorte de point d’orgue provisoire – rien n’est définitif chez Bensoussan – à sa série ( une cinquantaine de volumes ) sur l’Algérie d’avant l’indépendance inlassablement revisitée, l’exil faussement habillé du mot « rapatriement » et le royaume du souvenir. L’exil et le royaume, comme chez Camus dont l’ombre tutélaire plane sur ce livre mémoriel. À travers […]

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Proust toujours, encore et encore !

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S’il est vrai que, selon la définition d’Italo Calvino, « un classique est un livre qui n’a jamais fini de dire ce qu’il a à dire », avec la Recherche du temps perdu, on est servis ! Cela fait un siècle que ce roman suscite un Himalaya de gloses et ce n’est pas terminé, on en annonce d’autres, de toutes sortes et de partout. Il est vrai qu’il parait inépuisable. Un véritable geyser de sens, de sensations, d’émotions. Tout lecteur qui le relit à quelques années d’écart est assuré de découvrir un nouveau livre dès lors qu’il aura pris connaissance des études, essais […]

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Pour saluer Philippe Jaccottet

Pour saluer Philippe Jaccottet

Pierre Assouline

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Si le comité Nobel de l’Académie suédoise, régulièrement sollicité en ce sens depuis des années, ne s’était décidé à laurer Philippe Jaccottet qui vient de nous quitter à 95 ans, nul doute que sa consécration en 2014 par la Pléiade sous la forme d’un volume d’Oeuvres (1728 pages, 59 euros) y serait pour beaucoup. Par « Œuvres », il faut entendre l’œuvre poétique. Encore faut-il s’accorder sur ce qui en relève. Il était le quinzième auteur à entrer de son vivant dans le temple, quatrième suisse à y être convié après Rousseau, Cendrars et Ramuz, mais-ceux-là à titre posthume ; encore est-il davantage fêté […]

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La littérature est leur vengeance

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Que n’aurais-je donné pour être présent le 9 décembre 2009 à la Bibliothèque nationale du Pérou à Lima ! Une rencontre y était organisée à l’initiative de l’Institut culturel italien local entre Claudio Magris et Mario Vargas Llosa. Une conversation dont on rêverait d’être l’attentif auditeur. Fort heureusement retranscrite, elle parait aujourd’hui sous leurs signatures conjointes et sous le titre La littérature est ma vengeance (La literatura es mi vengaza, traduit de l’italien pour les paroles de l’un par Jean et Marie-Noëlle Pastureau et de l’espagnol pour celles de l’autre par Albert Bensoussan et Daniel Lefort, 85 pages, 12 euros, Arcades/Gallimard). Il […]

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Séductions de l’ordre et du chaos

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Deux livres que le hasard de la librairie m’a amené quasiment en stéréo alors que l’un n’a rien à voir avec l’autre. Il est même son antagoniste sur le plan de la construction : autant l’un est rigoureusement organisé, autant l’autre part dans tous les sens. Ce qui fait leur attrait et leur secrète séduction, aux deux. Par le ton et la démarche, Une affaire si facile (160 pages, 17 euros, Le Cherche-midi) de Francis Szpiner (Paris, 1954) n’est pas sans rappeler son premier roman Une affaire de femmes (Balland, 1986), consacré à la « faiseuse d’anges » Marie-Louise Giraud que ses activités d’avorteuse […]

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Au cœur de la Provence désublimée

Au cœur de la Provence désublimée

Roméo Fratti

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« Cartes postales : Représentation idéale des lieux destinée à impressionner le destinataire en faisant mentir l’expéditeur ». Ce propos de Pierre Daninos – écrivain et humoriste français – donne tout son sens au travail d’un autre Pierre, Mainguy, dont le roman intitulé Arles, féria tragique (18 euros, éditions Portaparole, en librairie le 19 janvier) – se présente comme une anti-carte postale de la Provence. Mais une anti-carte postale humaniste (lire ici un extrait). Loin des parfums de lavande, du chant des cigales et des transfigurations de Paul Cézanne, Arles, féria tragique est d’abord le récit d’une Provence hyperréaliste, hivernale et sombre. Pierre […]

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Scintillants éclats de Gracq

Scintillants éclats de Gracq

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Avez-vous déjà essayé de caser le mot « langouste » dans un poème de langue française ? Il parait que c’est impossible. Il est tellement beau, fin, ciselé, fort, original, élégant, éclatant et si bien accordé à ce qu’il désigne qu’il ne peut se laisser réduire ni enfermer. C’est du moins ce qu’affirme Julien Gracq dans Nœuds de vie (165 pages, 18 euros, éditions Corti). Son dernier livre (mais il y en aura d’autres, rassurez-vous, à commencer par Notules dont la parution est annoncée pour 2027 selon son vœu afin de ne pas blesser des contemporains égratignés) est un recueil d’éclats de pensées, […]

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Il n’y a pas de fleurs en enfer

Il n’y a pas de fleurs en enfer

Albert Bensoussan

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Le comptable d’Auschwitz s’en est bien sorti : sur une colonne il n’alignait que les chiffres des cadavres que les autres entassaient devant les chambres à gaz, et sur l’autre la cause fictionnelle de la mort : pneumonie, typhus, crise cardiaque, rien que de très naturel… Nous sommes à Auschwitz, côté jardin où tout est tellement normal, monstrueusement normal. Tel est le parti pris d’Anton Stoltz dans son récit concentrationnaire Le jardin du Lagerkommandant (192 pages, 19 euros, éditions Maurice Nadeau). Hannah Arendt, rendant compte du procès d’Eichmann à Jérusalem, parlait de « la banalité du mal ». Stoltz, pour sa part, et dans […]

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Pascal Quignard tel un voleur dans la nuit

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La vertu des livres tels que ceux du cycle Dernier royaume de Pascal Quignard est de constituer chacun une bibliothèque. Non seulement chacun est tissé de (re)lectures mais chacun renvoie in fine le lecteur à la (re)découverte d’autres livres, d’autres auteurs, d’autres univers. Ceux qui sont évoqués, sinon cités, et les invisibles qui nourrissent souterrainement la réflexion et irradient l’écriture de l’intérieur. L’Homme aux trois lettres (192 pages, 18 euros, Grasset), titre du volume XI de ce projet océanique, au sein duquel il ne puisse avoir de point de vue contrairement à un projet panoramique, est une périphrase qui fait […]

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