Littérature de langue française
Il ne suffit pas de traverser la France en levant le coude et en lâchant des calembours dans chaque bar de rencontre pour se croire l’héritier d’Antoine Blondin. Il y faut également de la plume, de la mélancolie, un sens de l’amitié jamais pris en défaut et un certain supplément d’âme. Une bonne descente peut aider, aussi. Toutes qualités dont Christian Authier est pourvu. En témoigne son septième roman Des heures heureuses (267 pages, 19 euros, Flammarion) dont le titre est déjà un concentré de nostalgie. Robert Berthet, la cinquantaine, est un agent en vins naturels (entendez : bio ou biodynamiques), un […]
lire la suite .../ ...1176
commentaires
Au fond, qu’est-ce qu’un chef d’œuvre sinon ce livre, ce film, cette pièce de théâtre, cette sculpture ou ce tableau qui vient à point nommé dans notre vie nous expliquer ce qui nous arrive mieux que nous ne saurions le faire ? Question de kairos. Rien de plus personnel, arbitraire, subjectif, loin des canons de l’histoire de l’art. De toutes les toiles qui me hantent depuis des années, la Terrasse à Sainte-Adresse de Claude Monet est l’une des plus têtues. Elle est pourtant d’une infinie délicatesse, cette scène de genre dans l’été normand où l’on voit au premier plan un couple […]
lire la suite .../ ...1579
commentaires
On se réjouit autant qu’on se méfie lorsque pointe à l’horizon un Quarto, une Pléiade ou un Cahier de l’Herne. Non lorsqu’il concerne un classique mais un classique moderne, un contemporain. Rien de tel pour enterrer un écrivain de son vivant avant de l’embaumer en sa présence même. C’est signe que l’œuvre est achevée ce qui n’est pas nécessairement une bonne nouvelle. Ainsi Pierre Michon vient-il de subir ce traitement par la parution d’un Cahier de l’Herne (343 pages, 33 euros) à lui élevé comme on le dirait d’un mausolée. Cela dit, quel bonheur de lecture… Rarement on aura lu un […]
lire la suite .../ ...1322
commentaires
Depuis une dizaine d’années, les historiens assistent, stupéfaits ou ravis, à une dépossession de leur savoir ; le phénomène se produit au profit d’écrivains qui ont entrepris de mettre l’Histoire en situation d’étrangeté. A la lumière de récentes affaires et sans jeter d’huile sur le feu, convenons que la fiction est souhaitable aux yeux des historiens dès lors qu’elle permet d’aller là où il ne vont pas, de dire ce qu’ils n’ont pas réussi à dire avec les moyens qui étaient les leurs (archives, témoignages…), d’imaginer ce qu’ils n’avaient pas droit d’imaginer eu égard à leurs contraintes, de prolonger leur réflexion […]
lire la suite .../ ...3
commentaires
Après avoir tant écrit sur et pour la jeunesse – plus de vingt titres éparpillés entre Actes Sud Junior, Belin jeunesse, Flammarion ou Gulf-Stream −, Françoise Grard, nostalgique du fameux distique de Saint-John Perse « Sinon l’enfance / qu’y avait-il qu’il n’y a plus ? », se souvient de Montaigne et de son fameux avertissement au lecteur : « Je suis moi-même la matière de mon livre ». Elle décide, alors qu’elle entre pudiquement dans sa sixième décennie – âge légal pour se pencher sur soi −, de dresser dans Printemps amers !Éditions Maurice Nadeau, 2018, 364 p., 19€) un bilan de sa vie, qui est, forcément, un […]
lire la suite .../ ...847
commentaires
Rares sont les chocs avec les nouveautés, ainsi que sont désignés les livres qui viennent de paraître à l’égal d’articles de mode. De ces livres qui ébranlent jusqu’à ce que le lecteur se promette d’y revenir bientôt, ne fût-ce que pour vérifier ses impressions premières cette fois émondées de la découverte et de l’effet de surprise. Ce pourrait bien être le cas du Lambeau (508 pages, 21 euros, Gallimard) de Philippe Lançon. Même prévenu par le bruit qu’il fait, le plébiscite de la critique et le succès public, on reçoit sa lecture comme une gifle qui laisse sonné. On dira que […]
lire la suite .../ ...961
commentaires
Au début, sous l’influence du titre énigmatique Si (315 pages, 21 euros, Gallimard), on se dit que l’on va rapidement se retrouver du côté de Kipling : Si, If…,tu seras un homme mon fils etc A la lecture de l’épître dédicatoire, après la rituelle évocation de la famille, quasi inévitable dans un premier livre, le « A ceux qui ont été là » laisse à penser qu’il y a dû avoir quelque chose de l’ordre de l’épreuve, impression première confirmée dès les toutes premières pages. Des parents, un enfant de 10 ans, une plainte, comme un problème au fond de la gorge, une tache noire, l’amorce […]
lire la suite .../ ...1162
commentaires
Dans une vie d’écrivain chaque histoire vient à son heure. Question de kairos. Surtout ne rien forcer. Il suffit d’attendre qu’elle s’impose, et plus encore lorsqu’elle est autobiographique. Tahar Ben Jelloun aura mis près de cinquante ans non à écrire mais à oser écrire La Punition (153 pages, 16 euros, Gallimard). « Sans cette épreuve et ces injustices je n’aurais jamais écrit » Il s’était joint à d’autres étudiants, adhérents de leur syndicat de gauche Unem (Union nationale des étudiants marocains), pour manifester le 23 mars 1965 à Casablanca et dans les grandes villes du royaume afin de dénoncer une circulaire jugée inique du ministère de […]
lire la suite .../ ...1481
commentaires
On savait déjà que La Guerre moderne (1961), dans lequel le colonel Trinquier théorisait la guerre subversive ( « ne pas tuer mais conquérir la population »), était un classique des écoles de guerre américaines ; ce combat contre l’ennemi avec ses propres armes avait été découvert par les officiers français en Indochine lors de l’affrontement avec le Viet Minh. On se souvenait également que les aventures de Malko Linge racontées dans ses romans d’espionnage par Gérard « SAS » de Villiers avaient suscité les éloges du ministre des affaires étrangères Hubert Védrine pour « un œil et un flair incroyables », pour sa capacité d’anticipation et […]
lire la suite .../ ...1723
commentaires
Un passage du long et instructif entretien avec Elena Ferrante publié ces jours-ci dans L’Obs devrait décourager toute analogie entre un écrivain contemporain et l’un de ses maîtres à écrire. Pourtant éditeurs et critiques y cèdent souvent tant la tentation est grande, pratique et paresseuse. Qu’a donc confié la romancière italienne à Didier Jacob qui fasse désormais hésiter avant toute recherche en paternité ? « J’ai parfois recours à certains des puissants outils de la littérature : toutefois, que je le veuille ou non, je sais bien que nous vivons dans une période totalement différente de celle pendant laquelle cette littérature a exercé […]
lire la suite .../ ...
924
commentaires