de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature de langue française

Le motif tapi dans le pseudonyme

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Au fond, que dit-on quand on dit « Proust » : s’agit-il bien de l’homme ou plus généralement de l’œuvre ? A moins que dans notre inconscient, la personne et la Recherche ne fassent qu’une. Il en est de Proust (six lettres, une syllabe, un centimètre de graphie) comme d’autres grands écrivains. L’essai que Claude Burgelin consacre à ceux qu’il nomme Les mal nommés (348 pages, 25 euros, Seuil) tourne autour du cordon ombilical qui relie l’œuvre d’écriture au nom propre qu’elle recouvre, porte et désigne. « Les mal nommés » sonne un peu comme les « mal partis ». Le sont-ils vraiment ces auteurs en herbe qui […]

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Fantômas, le retour

Fantômas, le retour

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« Fantômas », quelle marque de génie ! dirait un pubard. Ce qui n’est pas faux. Même s’il va de soi que ses créateurs, Pierre Souvestre, avocat, journaliste, écrivain, et Marcel Allain, son jeune secrétaire, n’y pensaient pas lorsqu’ils ont lancé cette ombre en librairie en 1911, suite à la commande d’un éditeur. On ne pense jamais que l’on va créer un mythe ni une légende. Sauf à être un fabricant et à se planter. Le cinéma ne fut pas étranger à son succès immédiat. Car de même qu’il s’est emparé de Maigret dès sa naissance et ne l’a plus lâché, il a […]

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Regarder les hommes tomber, faut-il en rire Hen-ri ?

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Question récurrente : « Comment choisissez-vous les livres ? » Réponse à multiples facettes. Sans oublier celle-ci qui n’est pas la moindre : l’enthousiasme des autres, qu’ils s’agisse de lecteurs anonymes, de libraires, de critiques. Lorsqu’ils forment un halo, voire un chœur, comme ce fut las récemment au Masque et la plume, il faut aller voir de quoi il en retourne, ne fût-ce que pour faire la part de l’emballement, phénomène d’illusion collective par lequel nos contemporains se donnent parfois le mot pour porter aux nues ce qui n’en vaut pas la peine. Ce que j’ai fait pour Le garçon incassable (173 pages, 16 euros, […]

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GAG, sursitaire toujours coupable

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Si vous deviez écrire une sorte d’autofiction dans laquelle vous donneriez un autre nom que le vôtre à votre personnage, comment l’appelleriez-vous ? Attention car une fois écrit, tout est dit. Il n’est pas de meilleur, ou de pire, révélateur. Un vrai miroir. On se doute qu’un esprit aussi aigu que Georges-Arthur Goldschmidt, que d’aucuns aiment à nommer de son comique acronyme GAG, a longuement ruminé la chose avant d’écrire L’esprit de retour (156 pages, 17 euros, Seuil) et de le donner à paraître dans la collection « Fiction & Cie ». Il a donc choisi de s’appeler Arthur Kellerlicht – qui pourrait […]

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Un éclat de prose poétique pour la fiancée de l’Emir

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L’expression “prose poétique” est devenue une telle tarte à la crème que, s’agissant des productions contemporaines, ce qu’on n’ose appeler les nouveautés, elle recouvre tout et n’importe quoi. Sans en appeler à Xavier Forneret ou Maurice de Guérin, ni au Baudelaire du Spleen de Paris, ni à même à la cinquième promenade rousseauiste du rêveur solitaire au bord du lac, elle est devenue si pratique pour anoblir l’ordinaire qu’on en viendrait à se demander si elle ne va pas bientôt être consacrée par quelque instance (para)universitaire au titre de genre littéraire à part entière. Nul n’est à l’abri. En attendant […]

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Pontalis dit « J-B » entre deux marées

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Il y a deux manières de trouver des histoires à raconter : les inventer ou les écouter. La première relevant de la vocation du romancier, J-B. Pontalis s’est fait une spécialité de la seconde. D’autant que, dans le civil, lorsqu’il n’est pas éditeur, il est psychanalyste. Sa vie se divise en fonction de cette double dilection : le matin derrière son bureau chez Gallimard, l’après-midi derrière son divan chez lui. A moins que ce ne fut l’inverse, ce qui importe peu. Outre ses ouvrages sur l’inconscient, les fantasmes ou l’après-freudisme, il prend un vif plaisir à écrire de brefs récits où s’épanouit […]

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Inconnu à cette adresse, Patrick Modiano

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Le mystère Modiano, ce n’est pas tant l’homme ni l’œuvre. Le premier, on commence à le connaître, d’autant que l’âge venant, il se livre bien davantage depuis une dizaine d’années, accordant de nombreuses interviews, se faisant de moins en moins violence pour s’ouvrir et se livrer, communiquant volontiers des documents personnels et des photos de famille. La seconde a été si souvent explorée et décortiquée, tant par la critique journalistique que par la critique universitaire, qu’on a le sentiment d’en avoir fait le tour ; même si on a beau faire, lire et relire, identifier deux phrases de lui au premier coup […]

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La déesse aux pieds nus

La déesse aux pieds nus

THERESA REVAY

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D’elle, on se rappelle un fourreau sombre, un déhanchement, un gant noir. Elle, c’est Gilda. La séduction incarnée. Hollywood dans toute sa splendeur de l’après-guerre. Ce miroir aux fantasmes où se fracassent les étoiles. Ainsi, Marylin. Ainsi Rita Hayworth, la Déesse de l’Amour. « Les hommes couchent avec Gilda mais ils se réveillent avec moi. » Les étoiles ne sont pas naturelles. Leur plastique est trop parfaite, le plus souvent artificielle. L’arme imposée par les magnats des studios : un sourire immaculé. Un seul mot d’ordre : l’éclat. Mais derrière ce mirage façonné par des agents et des publicitaires, que de petites filles […]

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Léon Bloy, le mendiant ingrat, nous écrit

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Etrange réflexe en vérité celui qui nous fait parfois nous précipiter sur des catalogues de ventes tout en sachant que l’on n’y achètera jamais le moindre bout de papier faute d’avoir l’esprit ou la monomanie d’un collectionneur. Il m’arrive d’en recevoir, le plus souvent liés à un événement littéraire ou artistique. J’en ignore les évaluations, encore pénétré de la répartie du jeune Jean Genet pris en flagrant délit de vol de livre rare et amené devant les juges : « Non, monsieur le Président, je n’en connais pas le prix mais j’en sais la valeur ». Certains de ces catalogues […]

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Un roman peut-il servir de source aux historiens ?

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Un roman peut-il servir de source à l’historien dès lors que son auteur a été témoin sinon acteur des évènements ? La liste est longue, inépuisable même, de ces œuvres de fiction inspirées par l’Histoire en marche, que les historiens n’hésitent pas à citer dans leur bibliographie, de Homère à Vassili Grossman en passant par le Malaparte de Kaputt et de La Peau et tant d’autres. Ils y trouvent des faits ou des choses vues, des noms ou des dates, l’air du temps ou la rumeur du monde, et avant tout une émeute de détails : ils avaient le plus souvent échappé […]

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