de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature étrangères

Les illusions de grandeur de Philip Roth

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Sur le fil de l’Agence France-Presse, la nouvelle est annoncée de manière intéressante. Mais j’aurais volontiers interverti le titre et l’attaque. Au lieu de « Ecrivain du désir et de la judaïté, Philip Roth entre dans la Pléiade« , il eut été préférable d’intituler l’article : « Snobé par le Nobel mais récompensé par les autres grands prix littéraires, Philip Roth est désormais dans la Pléiade ». Car même si une Pléiade se prépare des années à l’avance, le timing de sa sortie n’est jamais innocent s’agissant d’un auteur vivant. Le prix Nobel de littérature devant être révélé jeudi prochain, si Philip Roth est enfin […]

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Philip Roth en ses fantômes

Philip Roth en ses fantômes

Philippe Jaworski

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(…) La vraie vie? Justement, chez Philip Roth, il n’y en a pas : la vie est ce qui manque, ou se manque. Il y a quelque chose de l’épopée — une épopée grinçante — dans ce tableau, vaste et minutieux, de la condition de l’écrivain (juif américain): l’auteur et ses personnages, sa création, l’auteur en proie à ses créatures, l’homme présent et absent dans son œuvre, la relation entre une vie d’homme et une vie de personnage. On résiste mal à l’envie d’appliquer à l’entreprise de Roth, pour la résumer d’un mot, la formule de Henry James citée dans […]

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Le triomphe du roman sans fiction

Le triomphe du roman sans fiction

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Je n’est pas toujours un autre. Il arrive qu’il s’affirme clairement comme étant l’auteur et nul autre. Ainsi le pacte de lecture est-il clairement établi qui nous dispense de chercher à retirer les masques superposées sur le visage de celui qui signe de son propre nom en haut de la couverture. Le genre n’est pas nouveau. Les Américains l’ont brillamment illustré du Truman Capote de De Sang-froid (1966)   ) au William T. Vollman de La Famille royale , en passant par le Norman Mailer du Chant du bourreau (1979) Qu’il s’agisse de comprendre le passage à l’acte existentiel de meurtriers, […]

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Franz Kafka à la trace

Franz Kafka à la trace

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Le lecteur passionné en nous a-t-il vraiment envie de convaincre l’autre réfractaire ? Même pas sûr. Difficile de résister pourtant. Quand j’entends dans la bouche de la romancière Cécile Guilbert, un esprit fin, pointu, curieux, qu’elle n’a jamais pu lire les romans de Kafka tant ils lui « tombent des mains », cela m’accable ; mais lorsque peu après elle reconnaît que le Journal du même Kafka la comble, cela me console et je me dis que tout n’est pas perdu. L’envie me vient alors de lui en donner le goût non par la force mais par la persuasion, de biais, en la faisant […]

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Les ténèbres au coeur de l’univers de Joseph Conrad

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Le rituel des célébrations a parfois du bon. Une fois lambris, flonflons et autres salamalecs mis de côté, il engage à revisiter une œuvre et un écrivain. A la fin de l’année, à l’occasion du 160 ème anniversaire de sa naissance, hommage sera rendu à Joseph Conrad. La Pléiade ne pouvait laisser passer pareille occasion. Un volume est annoncé pour le 28 septembre intitulé Au Cœur des ténèbres et autres écrits, ceux-ci regroupant sous un titre désinvolte rien moins que Le Nègre du « Narcisse », Lord Jim, Typhon, Amy Foster, Le Duel et la Ligne d’ombre, excusez du peu. Des œuvres […]

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Pour Cabrera Infante

Pour Cabrera Infante

Albert Bensoussan

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Guillermo Cabrera Infante, écrivain cubain né à Gibara en 1929 et décédé à Londres en 2005, journaliste et critique de cinéma, puis scénariste et romancier, publie en 1964, aux éditions espagnoles Seix-Barral, un roman intitulé Vista del amanecer en el Trópico, couronné du prix Biblioteca Breve. Mais l’auteur qui, entre-temps, connaît l’exil, remanie profondément son texte, en introduisant une critique aussi acerbe que subtile du régime castriste dont il fut partie prenante au départ ; et il lui donne pour titre Tres tristes tigres, un titre qui fait inévitablement penser au célèbre essai de Lévi-Strauss, Tristes tropiques. Ce roman, publié en […]

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Le paradoxe de l’interviewer

Le paradoxe de l’interviewer

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Le problème avec les interviews d’écrivains, ce n’est pas tant la réponse que la question. Le phénomène est flagrant lorsque paraît un bouquet de ces entretiens, le genre de fleurs idéal à offrir à celles et ceux qui aiment la littérature et qui ont parfois envie de se reposer en allant fureter dans les arrière-cuisines- même si l’on sait d’expérience que l’on n’a plus tellement envie de goûter les plats quand on a vu comment ils étaient préparés. On ne se lasse pas de (re)lire l’anthologie d’interviews d’écrivains sur « l’art de la fiction » paru sous le titre Paris Review. Les entretiens (Paris […]

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Gabo et Mario vont en bateau

Gabo et Mario vont en bateau

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Pas facile d’organiser la rencontre publique de deux « titans des lettres latinoaméricaines », comme il est d’usage de présenter les deux Nobels Gabriel Garcia Marquez (1927) et Mario Vargas Llosa (1936), en l’absence de l’un des deux. Disons que c’est une rencontre à moitié posthume qui s’est donc tenue hier à l’Escorial dans le cadre du programme estival de l’université de la Complutense de Madrid, l’un des deux étant décédé il y a trois ans. Gabo et Mario vont en bateau… On pourrait raconter un demi-siècle de littérature et de politique latino-américaine à travers leur amitié intense, houleuse, contrastée, interrompue. Des […]

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H.D. Thoreau :  qu’est-ce qui est vraiment nécessaire à la vie ?

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Bientôt les vacances ? Alors attendez-vous à ce que je vous bassine avec la visitation, la relecture, la redécouverte des classiques. Une vie de lecteur ne suffirait pas à épuiser le sujet. Voilà un rituel auquel je n’ai jamais manqué de sacrifier plus particulièrement en été, ce qui est devenu moins facile quand on a aussi et par ailleurs un roman à terminer et ceux de la rentrée à lire. Aujourd’hui, Henry David Thoreau (1817-1862). Pourquoi lui ? Parce qu’il revient en force. Incroyable le nombre d’articles dans plusieurs langues qui le citent ou s’y réfèrent depuis quelques mois. Mort il y […]

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Agent de Burroughs

Agent de Burroughs

ALLEN GINSBERG

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Je connaissais Bill Burroughs depuis Noël 1944 et, au début des années cinquante, nous échangions une volumineuse correspondance. J’avais toujours respecté en lui un aîné possédant plus de sagesse que moi, et c’est d’ailleurs avec étonnement que je constatai, dans les premières années de nos relations, qu’il me manifestait, de son côté, du respect. Le temps passant et au gré de la fortune de chacun —moi me retrouvant quelque temps dans la solitude d’un asile de fous, lui suivant sa trajectoire et ses tragédies propres —, j’eus l’audace d’abuser de ce que je pensais être chez lui de la timidité et je l’encourageai à écrire par vocation (…) […]

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