de Pierre Assouline

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La République des livres
Scintillants éclats de Gracq

Scintillants éclats de Gracq

Avez-vous déjà essayé de caser le mot « langouste » dans un poème de langue française ? Il parait que c’est impossible. Il est tellement beau, fin, ciselé, fort, original, élégant, éclatant et si bien accordé à ce qu’il désigne qu’il ne peut se laisser réduire ni enfermer. C’est du moins ce qu’affirme Julien Gracq dans Nœuds de vie (165 pages, 18 euros, éditions Corti). Son dernier livre (mais il y en aura d’autres, rassurez-vous, à commencer par Notules dont la parution est annoncée pour 2027 selon son vœu afin de ne pas blesser des contemporains égratignés) est un recueil d’éclats de pensées, fragments, bribes autobiographiques, méditations et réflexions sur des sujets divers et variés mais tous abordés avec la rigueur (et tant pis si on y entend aussi l’écho de « raideur » ce qui n’est pas un hasard) stylistique, morale et intellectuelle ; c’est un livre qui prend place dans la suite du vrac de ses chroniques inaugurée en 1967 par Lettrines et poursuivie avec En lisant en écrivant, Carnets du grand chemin, treize ans après sa mort et cinquante ans après ses adieux à la fiction avec La Presqu’île.

On a l’impression de reprendre une conversation avec un aîné qui pourrait être un ami, mais d’une amitié que seuls des profs peuvent entretenir avec des élèves longtemps après avoir été leur enseignant de prédilection. Sauf qu’un maitre qui ne se donne pas pour tel ne risque pas d’avoir de disciples. C’est un kaleisdoscope de prose poétique et minérale dont Bernhild Boie, son exécutrice testamentaire, souligne à raison la sensualité dans son avant-propos, car sa langue réussit à être charnelle sans jamais cesser d’être cérébrale. La lecture en est prodigieusement vivante et plus encore pour ceux qui sont familiers de l’œuvre et de son auteur car ils y retrouvent son univers géologique et historique, tel que l’inédit publié il y a six ans sous le titre Les Terres du Couchant l’évoquait encore. La date de ces notes n’est nulle part mentionnée mais, en lisant entre les lignes, on comprend bien qu’elles remontent aux années 1975. Parfois, il garde ses distances ; d’autres fois, il s’ouvre, juste un peu ; ainsi lorsqu’il nous révèle l’importance de ses propres pavés disjoints sur son inconscient, une mystérieuse porte verte enchâssée dans un haut mur de prison, celui de l’asile de Saint-Florent-le Viel où il apprit à lire au début du siècle ; le souvenir de cette porte murée devant laquelle il est passé d’innombrables fois, « c’est l’occlusion mystique de la propriété foncière qui trouve là sa quintessence », explication qui n’en fait qu’augmenter le mystère… On se dit alors que nous avançons vers un monde où il y aura de moins en moins de gens avec qui communier sur la beauté profonde d’une page échappée du Grand Meaulnes ou sur les soldats sculptés sur un tombeau dans sa ville par David d’Angers et dont il écrit avec une gravité éloquente :

« Visages testamentaires, qui sont comme des signatures apposées à la dernière page d’une vie unifiée »

Son sens de la formule, dont il est heureusement économe contrairement au si gracquien Régis Debray, est toujours aussi acéré. Ici c’est pour dénoncer « la loi de l’omerta règne toujours sur la mafia enfantine » ; là c’est pour tacler le freudisme comme la thaumaturgie réussie d’un mage ; ailleurs pour railler le « terrorisme de la textualité » encore exercé dans les années 70 par des retraités de la littérature universitaire (suivez son regard…); ou encore pour penser que Gide a disparu de la circulation littéraire pour « n’avoir pas prévu que, sitôt après sa mort, Corydon pourrait défiler en cortège de la Bastille à la Nation ». Surréaliste un jour, surréaliste toujours !

« En littérature, je n’ai plus de confrères…»

Lorsqu’on lit ce surprenante aveu (encore que, cela lui ressemble bien), on se dit qu’on l’a déjà lu ailleurs, ce que l’éditeur ni le préfacier ne signalent, ces Nœuds de vie étant présentés comme la révélation d’un trésor inédit. Pas dans un livre mais dans un journal, Le Monde qui en publiait des extraits en… février 2000, soit de son vivant et avec son accord:

«En littérature, je n’ai plus de confrères. Dans l’espace d’un demi-siècle, les us et coutumes neufs de la corporation m’ont laissé en arrière un à un au fil des années. J’ignore non seulement le CD-Rom et le traitement de texte, mais même la machine à écrire, le livre de poche, et, d’une façon générale, les voies et moyens de promotion modernes qui font prospérer les ouvrages de belles-lettres. Je prends rang, professionnellement, parmi les survivances folkloriques appréciées qu’on signale aux étrangers, auprès du pain Poilâne, et des jambons fumés chez l’habitant…. »

Etrange ! Mais il en faudrait bien davantage pour gâter le bonheur de lecture procuré par Nœuds de vie. Parfois on débusque Louis Poirier prenant des notes, autrement dit le Gracq géographe, l’infatigable promeneur des bords de Loire, paysagiste en liberté. Il ne se paie pas de mots rares et précieux. C’est à peine si le sens d’un seul d’entre eux m’a échappé : « escampative » et rien dans le contexte pour l’expliciter (vérification faite, cela se dit dans le Sud pour évoquer une fuite, une absence secrète et furtive). Bien sûr, l’essentiel de ses réflexions est gouverné par le souci de la littérature et par les écrivains : Stevenson, Simenon, Morand, Apollinaire et Hugo surtout « débranché de toute influence vraie : une forme évacuée de la grandeur, sans pouvoir sur les esprits et sur les cœurs » car même lorsqu’il aime, il se doit d’égratigner, Lautréamont par exemple loué puis aussitôt rabaissé en comparaison du Rimbaud d’Une Saison en enfer ; ou de Valéry porté au pinacle pour sa poésie mais trop méditerranéen et traité in fine de « colosse de la pensée pour album » ; ou de Montherlant à la langue splendide mais à la morale de prêchi-prêcha ; quant à Stendhal, c’est simple, il était mal parti depuis le début car son ambition si jeune et sa rouerie l’ont perdu… Seuls ceux qui ignorent la dilection de Gracq pour les univers de Novalis,  Hofmannsthal, Poe seront surpris de ses pages pour Tolkien et le Seigneur des anneaux, « chef d’œuvre » loué par sa puissance d’affranchissement de tout univers déjà connu ici-bas. Des pages admiratives pour une fois sans réserve et sans mélange.

On pourra lui reprocher l’abus des italiques, traduction typographique d’un soulignement d’un mot sous sa plume, afin d’appuyer un effet, procédé décevant de sa part d’autant qu’il ne convainc pas lorsqu’il croit désamorcer cette critique :

«(…) je cherche sans modestie à introduire dans la véhicule de transport en commun du langage ce qu’a été l’usage du surcompresseur aux moteurs de grandes vitesses- à extérioriser ce surcroit de puissance nerveuse dont le coureur sait bien qu’il ne lui permettra de « faire le jour » entre lui et ses adversaires- et de dilater d’un coup la poitrine des spectateurs- qu’à condition d’être injecté au bon moment dans les muscles avec la brutalité d’une secousse tétanique ».

Certains passages sont de la veine de son fameux pamphlet, encore si actuel soixante-dix ans après sa parution, La Littérature à l’estomac. Notamment lorsqu’il excipe des conditions de publication de ses livres (le même petit éditeur depuis toujours, des ouvrages non massicotés, pas de publicité ni de promotion, des librairies choisies sur le volet, pas de livre de poche etc) pour s’enorgueillir de connaitre véritablement ses lecteurs, de contrôler sinon maitriser son public ; il le divise d’ailleurs en deux catégories : « les amateurs », qui se fraient d’instinct un chemin jusqu’à ses livres, et « les acheteurs dociles » qui se fient à la rumeur ; les premiers demeurent des fidèles contrairement au seconds dont « les mains sales » laissent des traces sur une œuvre et ainsi la corrompent au corps défendant de l’auteur fut-il étranger à tout cabotinage littéraire ; mais n’est-ce pas le prix à payer lorsqu’un écrivain confie ses livres aux éditeurs et libraires qui les laissent « faire le trottoir » ?

Il y a amplement matière à débats, affrontements et réflexions dans cet opus, si mince mais si dense comme toujours chez Gracq. C’est d’ailleurs, selon lui, le secret de toute prose bien ordonnée, ce sens des proportions entre le nombre de mots que l’on utilise pour écrire une phrase et l’importance de ce qu’elle transporte. Pas étonnant que lorsqu’il se laisse aller à définir en quoi consiste l’acte d’écrire pour un écrivain, comme le Rilke de Lettres à un jeune poète, il en fait une question de vie ou de mort, un absolu de l’existence qui exige la soumission totale au langage et à sa ses impératifs.

« Ce qui n’a jamais été dit « ainsi » n’a jamais été dit

Qu’on se le dise !

(« Julien Gracq dans ses vignes, juste derrière sa maison, à Saint-Florent-le-Viel » photo Roland Allard ; « Gracq chez lui à Paris » photo Henri Cartier-Bresson– ce dernier me raconta que l’écrivain lui avait instamment demandé de veiller à laisser sa verrue sur le nez dans l’ombre…)

Cette entrée a été publiée dans Histoire Littéraire, Littérature de langue française.

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commentaires

1 591 Réponses pour Scintillants éclats de Gracq

Paul Edel dit: à

« Quelle chance ! le métier ne m’use pas ; j’ouvre un nouveau livre de Gracq avec un léger battement de cœur. Au reste, un livre inconnu d’un écrivain que l’on admire, c’est toujours un peu de l’adolescence retrouvée.. »
Début d’un article de François Nourissier ouvrant « Lettrines » de Gracq.

Lara dit: à

Passou dit : »… qu’un maître qui ne donne pas pour tel… ».

…qui ne SE donne pas pour tel…

Pat V dit: à

« C’est à peine si le sens d’un seul d’entre eux m’a échappé : « escampative » et rien dans le contexte pour l’expliciter (vérification faite, cela se dit dans le Sud pour évoquer une fuite, une absence secrète et furtive). »

Il semble bien que l’expression  » prendre la poudre d’escampette » est d’usage connu et pas seulement dans le sud-ouset cher pierre Assouline à qui je souhaite une nouvelle année plein de peps!
A bientôt.

rose dit: à

Il y a l’escapade. On dit « je m’escape », mais cela signifie je me sauve.

Passou dit: à

Merci Lara pour la correction.

Pat V dit: à

Un mode de vie qui nous provoque et nous oppose de loin en loin à de grandes choses de la vie : voilà ce qu’il nous faut. L’art, lui aussi, n’est qu’un mode de vie. On peut  » s’y préparer sans le savoir, en vivant de façon ou d’autre. Dans tout ce qui répond à du réel on lui est plus proche que dans ces métiers ne reposant sur rien de la vie, métiers dits artistiques, qui, tout en singeant l’art, le nient et l’offensent. Il en va ainsi du journalisme, des trois quarts de ce qu’on appelle ou voudrait appeler la littérature. En un mot, je me réjouis que vous ayez évité de tels chemins et soyez solitaire et courageux dans la rude réalité. Que l’année qui vient vous maintienne dans cette voie
et vous y fortifie.
Toujours vôtre,
Rainer Maria Rilke

Janssen J-J dit: à

et les sociologues ont inventé… « l’escapisme »…
Moi, ex « fou de gracq » (on s’écharpa icite à propos des Terres du couchant avec une proustienne qui ne l’avait pas lu),… me suis toujours senti faire partie de la 1ere catégorie, sans savoir qu’il en existait deux… Ce qui me navre dans ce billet ?… « le très gracquien, régis debray »… Incompréhensib’ d’une part, et de l’autre, on n’a pas les mêmes compagnons de route. Sui étonné que PE ne reproche pas à JG sa hargne contre Stendhal…
Le plaisir à venir de massicoter ces Noeuds de Vie-Père… Merci passoul pour ce beau bifton ! Et surtout d’espérer tenir le coup jusqu’à la surprise de 2027 !…

DHH dit: à

Pour escampative, que je n’avais jamais lu je verrais peut-etre une parenté avec escampette (celle de la poudre)motsur lequel Gracq aurait formé ce néologisme, escampatif, fabriqué comme récréatif ,et signifiant « qui est de nature à faire fuir

Lara dit: à

De rien, cher Passou.
Bonne année à vous.

Jean Langoncet dit: à

@car sa langue réussit à être charnelle sans jamais cesser d’être cérébrale.

Remet en mémoire un brillant exposé/cours de Deleuze où il pointait la voix de plus en plus nasale de Dylan … relier Gracq à l’adolescence

Paul Edel dit: à

Janssen J-J je ne comprends pas votre remarque étant donné que Gracq a sans doute écrit les textes les plus éclairants,les plus vifs sur Stendhal qui le fascinait tant( j’excepte les travaux universitaires magnifiques) qu’il a compris, aimé, lu et relu cet écrivain . il le frequente,le souligne, le confronte à Balzac, avec une liberté et souplesse assez siderantes,comprenant navec un vrai flair, les sources vives de cet écrivain, qui sont au XVIII° siècle entre Laclos et Diderot.. .
Il faut être très fin lecteur pour écrire ceci dans « En lisant en écrivant »: « Stendhal fanfaronne dans « De l’amour » dans « Souyenirs d’égotisme », dans « Henri Brulard », non dans « La Chartreuse:les images secrètes les mieux protégées,le roman les débusque sans merci du for intérieur,parce qu’il va puiser impitoyablement,chez l’auteur, dans ses dernières réserves »je trouve en revanche qu’une certaine hargne,de Gracq, s’abat sur Flauber; c’est une hargne d’autant plus redoutable qu’elle est argumentée(la phrase retombante et monotone de « l’Éducation sentimentale »,je crois).
En Italie , patrie de coeur de Stendhal Giuseppe Lampedusa ,Brancati, et Italo Calvino furent aussi des commentateurs-lecteurs excellents de Stendhal.

Jean Langoncet dit: à

…comme le fait Paul Edel, c’est assez tentant pour prendre le contre-pied de ceux qui tiennent (on peut les comprendre) Gracq pour un barbon réac. et soi-disant élitiste. Jolie pirouette.

et alii dit: à

en lisant le lien « Rilke », je n’ai pu m’empêcher à l’écriture de BEETHOVEN/
et l’énigmatique question / réponse figurant en exergue : Muss es sein ? Es muss sein ! (« Le faut-il ? Il le faut ! »). « Interrogation du Destin ? Pas vraiment
Je connais l’anecdote rattachée à l’histoire de cette contrainte,mais Renato saura mieux la présenter que moi

et alii dit: à

m’empêcher de penser excuses

Marie Sasseur dit: à

« La lecture de Jules Verne, un bon professeur en classe de première au lycée Clemenceau à Nantes, le goût de la carte géologique comme « une espèce de clé magique que les autres n’avaient pas », la lecture du Tableau géographique de Vidal de La Blache, « le côté concret de la géographie » avec ses excursions et le travail sur le terrain… Voici comment Gracq explique le choix de sa formation et de son métier dans un entretien avec Jean-Louis Tissier.* Ajoutant même, alors qu’il s’étonne qu’on puisse n’être pas géographe : « Je me demande quelquefois ce qu’est le monde des gens qui n’ont pas de formation géographique. Le voyage doit être pour eux une espèce de fantasmagorie mal liée, une juxtaposition heurtée de formes étranges où rien ne s’enchaîne. » »

https://www.lemoniteur.fr/article/julien-gracq-depaysant-paysagiste.673349

Jean Langoncet dit: à

@Je me demande quelquefois ce qu’est le monde des gens qui n’ont pas de formation géographique

Un carte de Tendre, qui sait ?

Jean Langoncet dit: à

@Ou un pre-requis pour lire le territoire sur la carte…

Merci Bécassine, vous avez du nez.

Marie Sasseur dit: à

De rien Langoncet. Bécassine n’est pas non plus ma cousine. Mais elle est une référence Godardienne. Ne boudons pas les sobriquets débiles.

Jazzi dit: à

Vous reprendrez bien un peu de jazzines ?

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« Veni et vide : Venez et voyez. » Ô mortels, venez contempler le spectacle des choses mortelles ; ô hommes, venez apprendre ce que c’est que l’homme.
Vous serez peut-être étonnés que je vous adresse à la mort pour être instruits de ce que vous êtes ; et vous croirez que ce n’est pas bien représenter l’homme, que de le montrer où il n’est plus. Mais, si vous prenez soin de vouloir entendre ce qui se présente à nous dans le tombeau, vous accorderez aisément qu’il n’est point de plus véritable interprète ni plus fidèle miroir des choses humaines.

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Je conseille à un auteur né copiste, et qui a l’extrême modestie de travailler d’après quelqu’un, de ne se choisir pour exemplaires que ces sortes d’ouvrages où il entre de l’esprit, de l’imagination, ou même de l’érudition : s’il n’atteint pas ses originaux, du moins il en approche, et il se fait lire. Il doit au contraire éviter comme un écueil de vouloir imiter ceux qui écrivent par humeur, que le coeur fait parler, à qui il inspire les termes et les figures et qui tirent, pour ainsi dire, de leurs entrailles tout ce qu’ils expriment sur le papier : dangereux modèles et tout propres à faire tomber dans le froid, dans le bas et dans le ridicule ceux qui s’ingèrent à les suivre.

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J’ai lu hier pour la première fois le roman d’Huysmans À rebours et je l’ai lu à Ravenne.
Hyperbole de ma mémoire…
Nulle ville où s’accuse d’avantage l’hiatus entre le dedans et le dehors, entre la vie publique et la secrète vie solitaire. Sur la place, le soleil chauffe les chaises de fer à la porte d’un café ; des enfants sales, des femmes débordantes de maternité braillent dans les rues tristes. Mais ici, dans ces pures ténèbres que l’habitude rend bientôt transparentes, des feux luisent çà et là, limpides comme ceux d’une âme où se forment lentement les cristallisations du malheur. Les piliers tournent avec la terre. Les voûtes tournent avec le ciel. Les apôtres valsent comme des derviches aux sons aigus d’une valse lente. Des mains divines pendent au hasard, vagues comme celles qui frôlent les visages dans les séances spirites, dérisoires comme les mains dessinées sur les murailles pour nous montrer le chemin que nous avons toujours tort de suivre.

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Les subcultures ont du bon à une époque où la culture officielle s’ossifie ou périclite, et où le mot « marginal » s’emploie péjorativement comme si nous étions tous d’accord sur la valeur du texte en pleine page. Il est naturel que, dans un monde menacé de factice uniformité, les membres de subcultures ethniques, religieuses, sociales ou sexuelles s’unissent ou se réunissent, chose d’autant plus importante pour les gais, que l’exercice de leur sexualité est à ce prix. Il l’est aussi que des individus brimés par l’employeur, le milieu ou la famille, dès qu’on les soupçonne de former entre eux des couples cherchent la facilité du plaisir anonyme ou commercialisé. Le risque est de laisser croire qu’un certain comportement sexuel se confond toujours avec ce qu’on appelle la débauche, mot d’ailleurs ambigu, puisqu’il sert surtout à désigner des actes un peu en deçà de ce que nous nous permettons à nous-mêmes.

80

Autrefois, les livres étaient écrits par les hommes de lettres et lus par le public. Aujourd’hui, ils sont écrits par le public et personne ne les lit.

Rien de ce qui arrive réellement n’a la moindre importance.

L’ambition est le dernier refuge du raté.

S’aimer soi-même, c’est se lancer dans une belle histoire d’amour qui durera toute la vie.

Jazzi dit: à

Bravo, vous avez été nombreux à avoir acheté « L’Anomalie » de Hervé Le Tellier ! Il parait, d’après ce que m’a dit mon ami Hector, qu’il a rejoint Marguerite Duras au hit parade des prix Goncourt les plus vendus…

Jazzi dit: à

N’y a-t-il pas une faute d’orthographe dans le titre du livre de Camille Kouchner : « La Fami(g)lia grande » ?

Janssen J-J dit: à

@ P E…
moi, JJJ, je m’en tiens à ce qu’en rapporte le présent billet de Passoul : « quant à Stendhal, c’est simple, il était mal parti depuis le début car son ambition si jeune et sa rouerie l’ont perdu… »
Dites à Passoul qu’il n’a pas pigé la pique de Gracq à l’égard de Stendhal… moi, j’y connais rien… M’étonnais juste que vous n’ayez pas relevé…, mais une fois de plus, j’ai rin dû comprendre…
Et au demeurant, hein… fouet du chat.
Perso, vous l’ai dit, JPA/PE… j’en suis à découvrir Stendhal, et je vais donc pas trancher sur ce qu’en pensait Gracq, via le compte rendu de Passoul pas encore lu dans le texte de Gracq, et par Edel qui s’en prend à pauvre JJJ remarquant une apparente contradiction… Meuh. Je me demande parfois si on ne met pas des sinapismes aux mouches.
E pi quoi encore !…

Janssen J-J dit: à

Je crois que la rdl a déjà commenté la photo de Gracq par HCB.
Il en ressortait qu’elle était mal cadrée… Il n’avait déjà plus de confrères. Mais jamais il n’aurait écrit une chose comme celle-ci :  »
S’aimer soi-même, c’est se lancer dans une belle histoire d’amour qui durera toute la vie ». Car ce n’était pas du tout son genre.

Jazzi dit: à

« Car ce n’était pas du tout son genre. »

Mais c’est du pur Jazzi, JJJ, avec l’aide, il est vrai, d’Oscar W. !

Jazzi dit: à

Si l’on en croit Camille Laurens (dixit Paul Edel), Parmi les livres de cette rentrée littéraire, Passou aurait fait le choix de… l’élitisme !

Clopine, une info en avant première : Le Mercure de France annonce pour le 15 mars 2021 un « Goût du féminisme », qui sera suivi, un mois plus tard, par mon « Goût de Jeanne d’Arc ».
Que sont les hommes devenus ?

Janssen J-J dit: à

@ Mais c’est du pur Jazzi, JJJ, avec l’aide, il est vrai, d’Oscar W. !

vous vous démasquez enfin, jzmn… L’objectif était donc de faire deviner à l’herdélie quel écrivain avait inspiré la construction de chacun de vos fragments depuis 20 ans ?!…
Mais nous, nous n’attendions de voir que le « pur jazzy », ininfluencé et ininfluençable. Dans l’authenticité vraie de sa juste vérité pure. Ben non…
Petit rappel. Quel méchant homme a dit : « les écrivains qui savent exactement par qui ils ont été influencés n’ont jamais été ni ne seront jamais de vrais écrivains »
Bàv,

Jazzi dit: à

Quand on n’a pas de masque on ne peut pas se démasquer, JJJ.
N’ayant pas eu de surmoi je ne risque pas d’être influencé, j’emprunte seulement, avec ou sans l’autorisation de l’auteur ou de ses ayants droits…

Jazzi dit: à

« Je fais rimer Proust avec langouste, parfois pire. »
Lady Nurlizer de David Mac Neil

Janssen J-J dit: à

bon j’arrête de vous taquiner, vous me ferez toujours rire, monsieur « sans surmoi »…

Bonne nuit… j’espère que votre chaudière n’est tombée en panne comme la mienne, ce soir. Et je ne serai livré en fuel que dans 4 jours… ça craint un max !… avec les -3° la nuit…, et déjà 17 dans la carrée ! bon, tout ça c pas de la grande littérature. Ben non, hein.

Lara dit: à

« Avez-vous déjà essayé de caser le mot « langouste » dans un poème de langue française ? »

Essayons quand même :

Ô pêcheur,
suspends tes filets
sur la mer éthérée
et vous
exquises langoustes
délicates de gravité
que j’ai hâte
de goûter
votre chair de queue
de suave saveur
qui dans le palais
nage telle une félicité.

Ces vers sont dédiés à mon ami Omar le homard disparu en mer il y a deux ans.
Paix à ses pinces… heuh ! j’veux dire à son âme.

B dit: à

Si l’on en croit Camille Laurens

CL écrit élitisme en expliquant où se situe Gracq, il me semble, je devrais relire l’article, qu’elle voit exactement la distance qui sépare l’ idée que JG avait de ce que devait être la littérature de ce que d’autres auteurs estiment comme étant de la littérature. Je n’ai pas perçu chez CL le désir de déplorer ce trait chez JG. C’est un prince en quête d’absolu littéraire avec des opinions tranchées qui surprennent mais je n’ai jamais lu Victor Hugo.

B dit: à

Peut-être être devrai je poursuivre de découvrir son oeuvre par ce dernier qui m’aiderait à mieux situer l’homme au milieu des autres dont il craignait le retour, ah! le poltron!

B dit: à

C’était un pacifiste dans le sens où il voulait qu’on lui fiche la paix.

B dit: à

Drillon exagére. Puisque c’est une femme, puisque c’est son frère, puisqu’elle est juriste, bref puisque ça ne la concernerait pas directement et qu’elle savait ce qu’elle faisait, elle aurait tout aussi bien fait de ne pas publier. Aller chez le psychanalyste, par exemple? D’un autre côté, si elle n’était pas ce qu’elle est ( soeur de, fille de, belle fille de, juriste) l’enfance en bandoulière, aurait elle eu cette ressource d’écrire .

B dit: à

DHH, ici escamper est souvent employé pour exprimer le fait de dégager quelque chose, escamper un vieux mur.

B dit: à

Lara, rien ne dit que le lac du Bourget soit poissonneux ni même qu’il abrite en ses onde des crustacés, des écrevisses sûrement. On en fait tout un plat, vous y avez goûté à ces bestioles? Près de l’abbaye de Maubuisson, juste à côté, il y avait un bassin où il était possible d’en voir en nombre, un élevage en essai . Même chose que la grosse bête mais en modèle réduit.

x dit: à

Là où la remarque sur l’absence de traduction complète de Saint-Simon rencontre un propos de Julien Gracq :

« Ce serait attristant pour moi que mes livres puissent donner l’impression d’être « traduits de… ». Mon souhait — irréalisable — aurait été plutôt qu’ils tiennent tellement à la langue qu’ils en soient pratiquement intraduisibles. »

(Entretiens, 148)

de nota dit: à

J’ai pu lire un peu ce Gracq à la librairie, et particulièrement des phrases laudatives sur Stendhal, ainsi que celles où Gracq affirme qu’il faut être un imbécile pour ne pas reconnaître que Valéry et un grand poète. En exergue de ce livre cette phrase si juste, à mon sens, de Wilde, le mystère est dans le visible, pas dans l’invisible. Enfin, Gracq refusant de paraître à la télé, d’être publié en poche, de faire des séances de dédicaces, comme Michaux, deux orgueilleux; on peut toujours préférer l’orgueil à la vanité.

Jean Langoncet dit: à

@comme Michaux

C’est pousser le bouchon un peu loin

x dit: à

En complément de la citation de Malraux (sur les adaptations cinématographiques), toujours Stendhal :

« La transcription cinématographique d’un roman impose brutalement au lecteur, et même à l’auteur, les incarnations pourtant très largement arbitraires qu’elle a choisies pour chacun des personnages ; ce n’est qu’avec le temps que le texte éliminera les visages trop précis que le film lui surimpose, et qui ne sont pas de sa substance. Comme elles sont fragiles, les défenses que la fiction écrite oppose à ces images substituées qui la violent […]
Je me souviens d’avoir vu autrefois au cinéma Le Rouge et le Noir et La Chartreuse de Parme. Dans les deux adaptations jouait Gérard Philippe, et, pendant quelques semaines, bon gré mal gré, en dépit du génie stendhalien et de la médiocrité des films, son image vint se superposer au texte, inexpulsable. »
« La somme quasi-infinie d’informations instantanées que nous livre l’image, opposée à la parcimonie […] des notations de la phrase romanesque […] Il [ne s’agit pas] pour le romancier […] de saturer instantanément les moyens de perception, comme le fait l’image, et d’obtenir par là chez le spectateur un état de passivité fascinée ».

« Il y a dans l’image photographique une franchise sans détours (elle ne gomme rien) qui proscrit — et par là dénonce — un des procédés descriptifs les plus retors de la fiction, qui est le détail, allusif ou révélateur, glissé furtivement dans la description comme la fausse carte par la main de l’escamoteur. »

« Quand je vois se dérouler sur l’écran une histoire que j’ai connue d’abord par la lecture, ce qui m’apparaît le plus clairement, c’est que les images, contrairement à celles qui naissent des mots et des phrases, n’y sont jamais affectées de coefficients de valeur ou d’intensité ».

« Il y a dans l’intimation que le cinéma adresse à ses adeptes : Fixez l’écran, nous nous chargeons du reste, un excès de prévenance, méprisante et aliénante, qui fait les quatre cinquièmes du chemin au-devant de l’usager. »

Car toujours l’adaptation à l’écran dessert les grands livres, mais la pure ingéniosité dans l’invention romanesque, qu’un style et qu’une vision originale du monde ne soutiennent pas dans l’œuvre écrite, acquiert parfois dans sa transposition en images un vigueur décisive, qui vient en régénérer après coup la lecture : plus d’une fois la bonne fée de la caméra, rien qu’en mettant en congé l’écriture, a conduit Cendrillon au bal. Et le cinéma, qui dévore les livres sans les trier, change un peu, quoi que nous en ayons, par sa boulimie sans discernement, notre approche de la fiction écrite : l’efficacité d’une structure inusable […] rend un prestige nouveau aux œuvres un peu grosses, mais bâties à chaux et à sable, qui peuvent changer d’élément sans cesser de fonctionner. »

(Julien Gracq, En lisant en écrivant, 236-237, 238, 240, 243, 246)

Jean Langoncet dit: à

Enfin, pour l’heure, les marchands de livres ont pour objectif de vendre au mieux les « Noeuds de vie », l’inédit de Julien Gracq, qui vient de paraître

Jean Langoncet dit: à

des produits de première nécessité

puck dit: à

ah oui Proust rime avec langouste, tout comme homard rime avec Bouvard et brochet avec Pécuchet, et si Vargas rime avec rascasse Angot rime avec pageot.

et alii dit: à

juste un écho pour dire bonjour:
booste rime aussi avec langouste

puck dit: à

qui est donc cet homme ?
le dandy dégustant sa langouste
ou le cloitré vivant comme Proust
voilà une question qu’elle est bonne

qui est donc cet homme ?
colérique comme Bouvard
avec ses pinces de homards
doux comme Pécuchet
avec son oeil de brochet
voilà une question qu’elle est bonne

qui est donc cette femme ?
criant qu’elle est belle belle ma rascasse
comme la poissonnière Vargas
et qu’il est frais mon pageot
comme sa voisine Angot
en voilà une question qu’elle est vaine

et alii dit: à

sur que si j’avais mis Garouste pour rimer avec la langouste, puck aurait apprécié;
O.K. Bonne journée

Jazzi dit: à

81

Pourtant chaque homme tue l’être qu’il aime,
– Que tous entendent ces paroles !
Certains le fond avec un regard dur,
D’autres avec un mot flatteur ;
Le lâche, lui, tue avec un baiser,
Et le brave avec une épée !

82

Quand les constellations d’hiver ne laisseront plus qu’un peu de jour entre les noirs matins et les noirs crépuscules, alors, assieds-toi devant ton feu et amuse-toi à construire. Ce travail t’apprendra que dieu habite le temps. Tu sentiras qu’une musique silencieuse s’empare de tes doigts et les guide, qu’elle est maîtresse de la forme que tu fais naître. Laisse-toi faire, réjouis-toi ; tu manipules les lois essentielles.

83

Ces étudiants qui viennent souvent me voir et dont la jeunesse est si amère, je les interroge sur leurs projets d’avenir. Je suis bouleversé de leur amertume, je souffre de leur souffrance. Ils sont comme si une partie de moi-même était en train de mourir. Ils me disent qu’ils consacrent ou qu’ils ont consacré de longues années – et les meilleures – à préparer et à passer des examens sévères, des concours difficile. Ils ont des diplômes. Ils se plaignent de n’avoir pas les places auxquelles ces diplômes donnent droit. La vie devant eux est toute noire et quand je leur parle de joie je m’aperçois que ces lèvres épaissies de jeunesse connaissent déjà le sourire du vieillard.

84

Vous voudriez peut-être aussi savoir le lieu de ma naissance, car aujourd’hui l’on croit que le lieu où un enfant a jeté les premiers cris est fort essentiel à sa noblesse. Je vous dirai donc que j’ai vu le jour dans les îles Fortunées, pays charmant où la terre, sans être cultivée, produit d’elle-même les plus riches présents. Le travail, la vieillesse, les maladies n’approchèrent jamais de ces campagnes heureuses. On n’y voit croître ni mauve, ni lupin, ni fève, ni toutes ces autres plantes qui ne sont bonnes que pour le vulgaire. Le moly, la panacée, le népenthès, la marjolaine, les roses, les violettes et les hyacinthes y charment de toutes parts l’odorat et la vue, et font de ces lieux charmants des jardins mille fois plus délicieux que ceux d’Adonis.

85

Ceux qui publient sous leur nom les ouvrages des autres sont encore plus prudents ; ils usurpent sans peine une gloire qui a coûté beaucoup de peines et de travaux à ceux à qui elle appartient. Ils savent bien que, tôt ou tard, on découvrira leur larcin ; mais, en attendant, ils jouissent toujours du plaisir d’être admirés. Il faut voir comme ils se rengorgent quand on leur donne des louanges, quand on les montre du doigt au milieu de la place publique, et qu’on dit : Le voilà, cet homme admirable ! quand ils voient leurs livres dans la boutique d’un libraire, et qu’ils lisent, à la tête de chaque page, leurs noms avec deux ou trois surnoms ordinairement étrangers et qui ressemblent à des termes de grimoire !

rose dit: à

« et dans le ridicule ceux qui s’ingèrent à les suivre. »

Ceux qui s’ingénient, non Jazzi ?

Jazzi dit: à

JULIEN GRACQ

L’arpenteur des ruines

Les livres de Julien Gracq sont autant d’invites à la promenade : une promenade tout à la fois historique, littéraire et géographique. S’inspirant, par son titre, du célèbre vers de Baudelaire, « La Forme d’une ville » est principalement consacré à Nantes : la première grande ville où il fut interne puis professeur dans le même collège, avant de poursuivre sa carrière à Paris. Plutôt que ses monuments et son unité architecturale, ce que l’auteur du « Rivage des Syrtes » préfère découvrir au cours de ses promenades urbaines, ce sont les lignes de fracture historiques, telles qu’en offre le chaos des ruines ou des grands chantiers, et aussi l’interpénétration, l’indétermination, entre culture et nature. Rien ne parle plus à son imagination poétique que ces sortes de clairières en ville ou de balcons en forêt, ainsi qu’on le verra dans l’extrait suivant :

« Il y a cependant dans le Nantes d’aujourd’hui une ligne de fracture, le long de laquelle la forte cohésion du gâteau urbain, à peine craquelé par les fentes étroites de ses rues, qui en fait pour moi vraiment une ville, et non un échantillonnage monumental, se rompt, et intercale dans sa substance une cicatrice mal refermée, une béance que la vie n’a pas colmatée tout à fait : le double lit comblé des bras de la Loire, de part et d’autre de l’ancienne île Feydeau. Il m’arrive plus d’une fois d’être séduit par les distensions, et même les déchirures, que crée momentanément en plein centre d’une ville l’arasement d’un quartier vétuste, ou, plus durablement, un champ de ruines de guerre qu’on s’est découragé de reconstruire, un champ de ruines historiques tenant en respect le front d’urbanisation qui l’assiège. J’ai beaucoup aimé, pendant des années, avant la construction du Centre Georges Pompidou, m’aventurer à la nuit tombée sur le plateau Beaubourg, lissé, nettoyé de ses décombres, et palissadé à distance par les masses obscures des immeubles conservés, couturés sur leurs murs de refend des cicatrices d’escaliers fantômes, et balisés à leur base par un faible cordon de lumières très étiré : c’était le seul point de Paris sur lequel on voyait tomber en nappe unie le clair de lune, comme sur une clairière de forêt. Et, quand j’ai visité Rome tardivement, je me suis trouvé tout de suite faiblement attiré par le Forum, chantier encombré de matériaux où me frappait la qualité pauvre, l’usage mesquin du contre-plaqué architectural, et dont le premier aspect n’est pas loin d’évoquer pour un œil non prévenu, plutôt que les éboulis nobles des moellons de Delphes ou du Macchu-Picchu, une foire aux puces du débris historique. Ce qui dérivait immanquablement dans sa direction le cours de mes promenades, c’étaient les friches, les pâtis de chèvre semés de chicots rocheux du mont Palatin, totalement imprévus pour moi, où le vent inclinait les herbes sauvages en plein cœur de la ville, ou encore l’immense berceau de gazon inhabité du Circo Massimo, allongé entre les maisons comme un hippodrome désaffecté, prémuni contre les lotissement par quelque tabou municipal. Ces clairières urbaines contre nature, ces enclos de solitude amis du vent, restitués à la sauvagerie et aux plantes folles, et où il semble qu’on ait semé du sel, je ne me lasserais pas aisément de les arpenter : l’air qui les balaie, pour toute la place nette que le hasard a faite ici de l’alluvion étouffante du souvenir, a plus qu’ailleurs un goût de liberté. »
(« La Forme d’une ville », Librairie José Corti, 1985)

Jazzi dit: à

s’ingérer : se mêler des affaires des autres

rose dit: à

Ah oui Jazzi.

rose dit: à

Que sont les hommes devenus ?

Ils font la vaisselle.

Jazzi dit: à

JULIEN GRACQ

Un simple rêve érotique ?

Dans Un balcon en forêt, l’aspirant Grange, qui a été affecté au début de la drôle de guerre à la garde d’un blockhaus quelque part entre “l’Ardenne belge et la ligne de la Meuse”, a tout son temps pour s’adonner à ses rêveries méditatives. Le beau soldat, ainsi qu’il est dit dans le roman, trouve, qu’en ce qui le concerne, les évènements prennent une étrange tournure. C’est un Parisien, qui se retrouve perdu désormais, non sans déplaisir, au milieu de nulle part. Un jour de novembre, au cours d’une promenade dans la forêt alentour, il rencontre une jeune femme, Mona. Une veuve, qui s’est réfugiée dans un hameau voisin. Ils deviennent rapidement amants. Leur désoeuvrement respectif, dans un paysage que vient recouvrir la neige, pimente les ébats torrides de ces deux personnages farouchement solitaires. A la fin de l’hiver, Grange part en permission pour huit jours. D’abord à Paris, puis dans la Vienne. Mais déjà, il à hâte de retrouver Mona.

« La veille de son départ, il fit à son sujet un rêve voluptueux d’une espèce singulière. Il était pendu, à une potence ou à une branche élevée, en tout cas à une grande hauteur – il faisait soleil – et cette posture, au moins inconfortable, ne semblait pas entraîner d’inconvénient immédiat, puisqu’il considérait avec un particulier plaisir le paysage illuminé et les têtes des arbres qui s’arrondissaient très loin au-dessous de lui. Mais le centre de la joie sensuelle qui l’habitait était bien plus proche. Au-dessous de lui – si court que ses pieds nus par moments effleuraient presque les cheveux blonds – Mona était pendue elle-même par le cou à une corde mince qui lui serrait les chevilles. Le vent les balançait tous deux très lentement dans l’air frais et agréable, et par la corde qui étranglait Mona, surtout quand elle était secouée de légères convulsions qui lui soulevaient les épaules, il lui venait, à ses chevilles serrées et aussi au cou où la corde le serrait à mesure, une communication si exquise de son poids vivant et nu qui l’étirait, qui le traversait et qui le comblait, qu’il éprouvait une volupté jamais ressentie et que l’exercice périlleux s’acheva dans l’indécence finale qu’on attribue aux pendus.
Toute la matinée qui suivit cette trouvaille bizarre du rêve le laissa flotter dans une espèce de chaleur épuisante, dévorée. Et c’était quand même, se disait-il, un étrange, un poignant rêve d’amour, d’une intimité vraiment bouleversante. Le silence, et la hauteur, la rumeur de mer, étaient ceux des sommets déjà pierreux où le vent commence à écrêter les arbres, ou encore des falaises très élevées d’où l’œil plonge sur le cœur d’une ville. »
(« Un balcon en forêt », Librairie José Corti, 1958)

Se trouve t-on face à un de ces rêves simples, sans transposition de lieu ni de personnages, tels que ceux définis par Freud ? Un banal rêve de désir érotique, suivi de pollution nocturne. La symbolique ici semble aussi des plus rudimentaires. Avec Mona, Grange prend un super pied. Il grimpe en lévitation en un point “d’où l’oeil plonge sur le coeur d’une ville”. Il sort de lui-même et se découvre comme jamais auparavant. Mais le risque à payer pour cet accouplement sans pareil n’est-il pas, pour tout deux, de devoir se passer la corde au cou ? Pour comprendre ce rêve, pas si simple justement, selon Michel Alba, qui a étudié l’œuvre de Gracq et tout particulièrement Un balcon en forêt : «  il faut le situer dans l’ensemble des rêves qui commencent et terminent le récit. Ce récit hésite constamment entre la rêverie et le réel. Mais il commence par un rêve suivi d’un blanc, le premier du texte, laissant tout loisir de lire la suite, c’est-à-dire l’ensemble du récit, comme s’il était le contenu du rêve du dormeur dès le début. Ce que confirme la fin du récit : “Il songea qu’il y avait moins de huit jours qu’il avait quitté Mona. […] Une faible ombre grise semblait venir à lui du fond de la pièce et lui faire signe ; il leva la main : l’ombre dans le miroir répéta le geste avec une lenteur exténuée, comme si elle flottait dans des épaisseurs d’eau ; il se pencha en avant jusqu’à coller presque le nez contre le miroir – mais l’ombre restait floue, mangée de partout par le noir” Il semble évident qu’est ainsi suggérée, comme dans un rêve éveillé, l’approche de la mort. Donc, d’un bout à l’autre du récit, le rêve le traverse. Le rêve en son centre est à l’évidence un rêve érotique, qualifié de “rêve voluptueux”. Or, ce qui semble intéressant dans ce rêve, c’est qu’il y a en lui quelque chose de sadique, un imaginaire sadique du plaisir érotique. Mais ce n’est qu’une interprétation possible bien sûr. Il en est une autre, c’est qu’il se trouve dans ce qu’on pourrait appeler le 12è chapitre (même s’il n’y a pas de chapitres), ce qui correspond à la 12è lame du Tarot, intitulée précisément “le pendu”. Ce n’est à l’évidence pas une pure coïncidence. La trame narrative repose de manière cachée et floue sur le jeu du Tarot, la dernière lame, absente, étant précisément celle intitulé le Chaos, qui correspond à l’arrivée de l’armée allemande et au chaos de la guerre. Ce rêve serait donc inscrit dans un destin du personnage, un destin qui met en œuvre la guerre et le sens de cette guerre. Dès lors, le rêve comme une sorte de vision voluptueuse du suicide de la France ? » Et l’on pourrait ajouter que Mona est l’anagramme d’Amon et d’Oman, villes et dieu mythiques, ou encore d’Onam, comme dans onanisme ! Pas si simple que ça, finalement, le rêve de Grange, imaginé par Julien Gracq ?

rose dit: à

« votre chaudière n’est tombée en panne comme la mienne, ce soir. Et je ne serai livré en fuel que dans 4 jours… ça craint un max !… avec les -3° la nuit…, et déjà 17 dans la carrée ! bon, tout ça c pas de la grande littérature. Ben non, hein. »

Vous rejoignez B et rose ds les gelés.
Vous allez voir tt ce qu’on apprend.
L’idéal, un poële à bois.
L’idéal alsacien.

Pas de pellets.
Retourner à l’antique et bouder le moderne*.
Un esprit frais dans un corps frais.

*conserver machines à laver la vaisselle et le linge toutefois.

rose dit: à

Grange/ Julien Gracq.

Préfère ne pas croire qu’il a pratiqué BSM.
N’empêche, a vécu la volupté et l’a gardée soigneusement secrète.
Gracq, un homme secret.

rose dit: à

B »’absolu littéraire avec des opinions tranchées qui surprennent mais je n’ai jamais lu Victor Hugo. »
😪

rose dit: à

Ô pêcheur,
suspends tes filets
sur la mer éthérée
et vous
exquises langoustes
délicates de gravité
que j’ai hâte
de goûter
votre chair de queue
de suave saveur
qui dans le palais
nage telle une félicité.

J’l’m bcp.
Je supprimerais queue pour mieux le rêver plutôt que le lire.

Jazzi dit: à

« rose dit: à
Que sont les hommes devenus ?

Ils font la vaisselle. »

Ou ils se les gèlent, comme JJJ. Hi hi hi !

Jazzi dit: à

86

J’ai été nourri aux lettres dès mon enfance, et pour ce qu’on me persuadait que, par leur moyen, on pouvait acquérir une connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie, j’avais un extrême désir de les apprendre. Mais sitôt que j’eus achevé tout ce cours d’études, au bout duquel on a coutume d’être reçu au rang des doctes, je changeai entièrement d’opinion. Car je me trouvais embarrassé de tant de doutes et d’erreurs, qu’il me semblait n’avoir fait autre profit, en tâchant de m’instruire, sinon que j’avais découvert de plus en plus mon ignorance.

87

Je ne laissais pas toutefois d’estimer les exercices auxquels on s’occupe dans les écoles. Je savais que les langues qu’on y apprend sont nécessaires pour l’intelligence des livres anciens ; que la gentillesse des fables réveille l’esprit ; que les actions mémorables des histoires le relèvent, et qu’étant lues avec discrétion elles aident à former le jugement ; que la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés, qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée, en laquelle ils ne nous découvrent que les meilleures de leurs pensées ; que l’éloquence a des forces et des beautés incomparables ; que la poésie a des délicatesses et des douceurs très ravissantes ; que les mathématiques ont des inventions très subtiles, et qui peuvent beaucoup servir, tant à contenter les curieux qu’à faciliter tous les arts et diminuer le travail des hommes ; que les écrits qui traitent des mœurs contiennent plusieurs enseignements et plusieurs exhortations à la vertu qui sont fort utiles ; que la théologie enseigne à gagner le ciel ; que la philosophie donne moyen de parler vraisemblablement de toutes choses, et se faire admirer des moins savants ; que la jurisprudence, la médecine et des autres sciences apportent des honneurs et des richesses à ceux qui les cultivent ; et enfin qu’il est bon de les avoir toutes examinées, même les plus superstitieuses et les plus fausses, afin de connaître leur juste valeur et se garder d’en être trompé.

88

« Mon Père, lui dis-je, quels sont ces gros volumes qui tiennent tout ce côté de bibliothèque ?
– Ce sont, me dit-il, les interprètes de l’Écriture.
– Il y en a un grand nombre ! lui repartis-je. Il faut que l’Écriture fût bien obscure autrefois, et bien claire à présent. Reste-t-il encore quelques doutes ? Peut-il y avoir des points contestés ? – S’il y en a, bon Dieu ! s’il y en a ! me répondit-il. Il y en a presque autant que de lignes. – Oui ? lui dis-je. Et qu’ont donc fait tous ces auteurs ? – Ces auteurs, me repartit-il, n’ont point cherché dans l’Écriture ce qu’il faut croire, mais ce qu’ils croient eux-mêmes ; ils ne l’ont point regardée comme un livre où étaient contenus les dogmes qu’ils devaient recevoir, mais comme un ouvrage qui pourrait donner de l’autorité à leurs propres idées. C’est pour cela qu’ils en ont corrompu tous les sens, et ont donné la torture à tous les passages. »

89

« Tout près de là voyez les livres ascétiques ou de dévotion ; ensuite, les livres de morale, bien plus utiles ; ceux de théologie, doublement inintelligibles, et par la matière qui y est traitée, et par la manière de la traiter ; les ouvrages des mystiques, c’est-à-dire des dévots qui ont le cœur tendre. – Ah ! mon Père, lui dis-je, un moment ; n’allez pas si vite ; parlez-moi de ces mystiques.
– Monsieur, me dit-il, la dévotion échauffe un cœur disposé à la tendresse et lui fait envoyer des esprits au cerveau, qui l’échauffent de même : d’où naissent les extases et les ravissements. Cet état est le délire de la dévotion. »

90

« Combien de temps encore, étourdis, allez-vous aimer l’étourderie ? – Les insolents n’aspirent qu’à l’insolence, et les insensés refusent la connaissance !
Tournerez-vous longtemps le dos quand je critique ? Contre vous, je laisserai libre cours à mon humeur, je vous ferai savoir ce que j’ai à vous dire.
Quand j’ai appelé, vous avez rechigné, quand j’ai tendu la main, nul ne s’en est soucié !
Vous avez récusé tous mes conseils, vous n’avez pris à cœur aucune de mes critiques.
Eh bien, moi aussi, lors de votre malheur, je rirai, je serai sarcastique quand viendra l’épouvante, quand elle viendra comme une tourmente, et que le malheur sera là, comme une tornade, quand viendront sur vous la détresse et l’angoisse.
Alors on m’appellera et je ne répondrai pas, on me cherchera et ne me trouvera pas, car ils ont refusé la connaissance et n’ont pas choisi la crainte du Seigneur.
Ils n’ont pas pris à cœur mes conseils, ils ont dénigré chacune de mes critiques : alors, ils dégusteront les fruits de leur conduite, ils pourront se gaver de leurs intrigues.
Oui, l’indocilité des étourdis leur sera fatale, et l’insouciance des insensés les perdra.
Celui qui m’écoute demeure en sécurité, à l’abri, sans malheur à redouter. »

Bloom dit: à

Gracq est pour moi indissociable de José Corti, merveilleuse maison d’édition à l’histoire si tragique pendant l’Occupation. Corti, l’éditeur à la rose des vents qui pointe vers les textes fondamentaux de la littérature romantique gothique anglaise, comme le « Vathek » de Beckford, « Le Chateau d’Otrante » de Horace Walpole, »Les mystères du château d’Udolphe de Ann Radcliffe ». Sans parler des ‘Contes et Nouveaux contes cruels’, de Villiers de l’Isle-Adam, le Poe français, dont l’œuvre est brillamment étudiée par Alan Raitt chez le même éditeur (Villiers et le mouvement symboliste, Villiers exorciste du réel…).

rose dit: à

Bloom
On tourne le long du jardin du Luxembourg, côté St Michel, on le longe, on traverse et on se retrouve devant une immensr poèce carrée et sombre avec de hauts plafonds. Bibliothèques le long des murs, tables au milieu, des livres partout. José Corti n’y est plus. Je ne savaisbpas que c lui qui a le premier publié Gracq ni ce qui l’a fait se lancer comme éditeur.

rose dit: à

Je me souviens d’avoir vu autrefois au cinéma Le Rouge et le Noir et La Chartreuse de Parme. Dans les deux adaptations jouait Gérard Philippe, et, pendant quelques semaines, bon gré mal gré, en dépit du génie stendhalien et de la médiocrité des films, son image vint se superposer au texte, inexpulsable. »
X
C le talent de l’acteur. Son aura.
Mais parfois, il se met au service de et cela marche.

Clopine dit: à

86 = Descartes ?

rose dit: à

X

« Car toujours l’adaptation à l’écran dessert les grands livres, mais la pure ingéniosité dans l’invention romanesque, qu’un style et qu’une vision originale du monde ne soutiennent pas dans l’œuvre écrite, acquiert parfois dans sa transposition en images un vigueur décisive, qui vient en régénérer après coup la lecture : plus d’une fois la bonne fée de la caméra, rien qu’en mettant en congé l’écriture, […]

Toujours est excessif. De beaux succès de plume ont été couronnés de beaux succès de films. Et parfois, les derniers ont usurpé les premiers par leur beauté esthétique.

Bloom dit: à

Oui, le 11 rue Médicis, rose, où, si mes informations sont exactes, les éditions Corti sont encore hébergées. Next door, le Rostand, où il fait bon boire un café ou mieux, un délicieux chocolat, et éventuellement y croiser notre hôte…
Le monde d’hier…
Si je puis me permettre d’insister, il faut lire Villiers de l’Isle-Adam. Sa nouvelle, L’intersigne, enracinée dans la lande bretonne, est très largement au niveau de La chute de la maison Usher.
Il n’a pas écrit de roman phare, comme le A Rebours de Huysmans, mais il est tout aussi important que ce dernier. La forme courte est quelque peu méprisée en France où l’on totémise le roman, alors que c’est là que s’exprime le plus grand talent.

B dit: à

En revenant à cette histoire de Château, l’étonnant Château d’Argol. Son premier, quel avait-il en campant ce paysage où règne une idée ( la sienne?) de l’excellence, une autre de la noblesse d’esprit et enfin de l’honneur.

B dit: à

Âge. ( pour la fin de mon post, ou inversement.).

B dit: à

Mais le risque à payer pour cet accouplement sans pareil n’est-il pas, pour tout deux, de devoir se passer la corde au cou

J’ai lu ce livre en le prenant au premier degré. L’impréparation, l’attente de l’armée française qui pantoufle avec dans l’air une pesanteur sourde, l’angoisse des officiers qui n’imaginent pas ce qui va arriver mais qui peut-être pressentent. La faute stratégique à La fin, suicidaire.

et alii dit: à

excuses:j’ai relu le billet :
Il n’y a que la Patagonie qui convienne à mon immense tristesse
je me suis sentie débordée de souvenirs et c’estl’agonie qui insista en moi

D. dit: à

Petites listes des incivilités virales rencontrées en ville.

– Ne pas porter de masque en circulant dans les parties communes d’une copropriété sous le prétexte qu’il ne s’agit pas de la voie publique.
Le summum étant de vouloir emprunter l’ascenseur en présence d’une personne portant le masque.

– Courir sans masque sur les trottoirs ou allées fréquentés en frôlant les piétons sous le prétexte que l’incurie de certaine autorités l’autorise.

– Ne pas porter le masque dans une allée fréquentée d’un jardin public.

– Cracher au sol ou se moucher au sol (fréquent chez les joggeurs, même si ça semble incroyable à lire)

– Faire le trajet sans masque entre domicile et voiture/vélo/trottinette sous le prétexte que c’est court.

– Fumer, téléphoner masque baissé sur un trottoir fréquenté sans chercher un endroit proche pour se mettre à l’écart.

– En dehors de chez soi, parler masque baissé à une personne sous le prétexte que son interlocuteur en porte un. Se rapprocher avec insistance quand l’interlocuteur semble s’éloigner (tiens, bizarre ?)

– Porter un masque sans couvrir le nez (en invoquant une multitude de raisons dispensatoires… dont aucune n’est recevable médicalement).

– Entrer dans un magasin sans user du gel hydroalcoolique proposé, de façon délibérée.

– Ne pas respecter la distance d’un mètre dans une file d’attente.

– Sortir sans masque de sa voiture garée devant la boulangerie, y entrer sans masque = « allez vous faire foutre, tous, je ne suis pas d’ici et on me vendra quand même le pain – je vous emmerde. »

– Entrer dans un petit commerce à trois ou quatre alors qu’une seule personne est venue acheter. Les clients suivants attendant (longtemps) dehors au froid.

– Dans un petit commerce, ne pas respecter l’effectif très visiblement affiché sur la porte par le commerçant.

– Pour un commerçant, afficher un effectif et ne le respecter en rien, voire s’irriter quand les clients veulent le respecter.

– Être accompagnateur de jeunes enfants non masqués et leur permettre de courir sans cesse prés de personnes âgées (jardins notamment).

B dit: à

Hier, j’au fait exprès de renifler fort en espérant que le bruit emporterait le couple qui discutait derrière moi. Ça a marché, je ne sais cependant pas si c’est à cause du virus ou de mon manque d’éducation.

Bloom dit: à

Il n’y a que la Patagonie qui convienne à mon immense tristesse

et alii, la lecture du grand livre de Bruce Chatwin, In Patagonia/En Patagonie, peut constituer un salutaire échauffement…!

Paul Edel dit: à

Bloom vous écrivez : » La forme courte est quelque peu méprisée en France où l’on totémisme le roman, alors que c’est là que s’exprime le plus grand talent. »
Cher Bloom, non le plus grand talent peut s’exprimer à la fois dans le roman ET dans la nouvelle. Pourquoi en faire un match ? Nouvelle contre Roman ? Balle de match ? Ça n’a pas de sens. Je ne balancerai pas « Madame Bovary » au profit d’un « cœur simple », ni « Le rouge et le noir » au profit de « L’abbesse de Castro » !. Ni » l’homme sans qualités » de Musil au profit de »Tonka » ou « la portugaise » .Coup de chance, ces écrivains sont aussi à l’aise dans la forme longue que dans la forme courte.. Je trouve Thomas Mann plus profond, plus ample, et grandiose lorsqu’il reprend et élargit le thème de la maladie et de la mort dans « la montagne magique « déjà traité dans sa nouvelle « la mort à Venise » .Il est vrai que Thomas Mann, à propos de Tchekhov , a écrit que « le récit bref est capable de surpasser en intensité artistique, l’œuvre grande, géante, laquelle inévitablement donne parfois des signes de lassitude et sombre dans un respectable ennui. » Comment ne pas lui donner raison quand on achète et lit pas mal de romans contemporains, car on se dit : tiens ce roman aurait fait une nouvelle intéressante, mais étiré comme un chewing-gum, ça devient soporifique.
Je me suis toujours demandé si Kafka, dans son testament à Max Brod, manifestait, au fond, une méfiance à l’égard du genre romanesque, méfiance qu’il applique à ses propres romans (inachevés) dont il n’était pas satisfait puisqu’il demande –sans ambiguïté- à son ami de les détruire.

Clopine dit: à

Ce n’est pas sur le plan du talent mais sur le plan de l’édition que le genre « nouvelle » est méprisé. Les éditeurs préfèrent éditer des romans, et refusent les nouvelles, c’est ainsi.

renato dit: à

« L’idéal alsacien. »
Lorsque j’ai fait installer une Kachelofen dans mon atelier, le technicien qui a évalué le rapport espace-dimension de la poêle etait Corse et s’appellait Casanova.

Cela dit, Sciascia dixit :
« Lorsque s’établit une alliance entre les imbéciles et les malins, le fascisme est à la porte. »

B dit: à

In Patagonia/En Patagonie,

Merci pour la traduction, on dirait du Nelson Monfort.

Janssen J-J dit: à

ils font leur vaisselle en cassant la glace dans le broc. – ils réactivent la chaudière à bois après avoir coupé quelques bûches glacées restées sur le tas. – ils reprennent avec leurs mitaines le quadruple principe de raison suffisante, même si c’est difficile de prendre des notes sur le clavier et plus encore sur le papier quadrillé d’un vilain d’angoulême, et la mine du crayon HB se casse souvent. – Le taille est devenu inefficace, rouillé -. Ils remarquent « le ridicule de ceux qui s’ingèrent à les suivre » (dans cette phrase, le verbe « s’ingérer » ne tient pas la route avec ce qui suit). – ils se demandent ce qu’on fait devant une incivilité virale : on dresse un PV à la rdl ? on essaie de régler le différend des protagonistes avec un brin de pédagogie empirique ? On aide à la chaudière des autres ? On ricane hi hi hi en se lavant les mains avec du gel ?… On s’ingère dans les gilets jaunes ? – ils poursuivent leur route, tel un homme qui tremble.
Bien de la chaleur à tous.tes, (9.1.21_11.50)

Soleil vert dit: à

Clopine dit: à
Ce n’est pas sur le plan du talent mais sur le plan de l’édition que le genre « nouvelle » est méprisé. Les éditeurs préfèrent éditer des romans, et refusent les nouvelles, c’est ainsi.

Pas mieux.

Janssen J-J dit: à

@ en êtes vous satisfait, RM ?
https://fr.wikipedia.org/wiki/Kachelofe
Croyez-vous possible d’en faire installer une en charente-maritime sans désespérer les puristes régionaux ? Bàv,

En revanche, ils n’ont aucune scrupule à faire traduire des nouvelles des romanciers anglo saxons, vu qu’elles sont meilleures que les françaises, et bien plus appréciées. C’est une clé d’explication rationnelle à leur conduite, CT.

B dit: à

Jazzi,La veuve a, je crois, moins de 16 ans. JG sur ce plan du récit flirte à la lisière du transgressif. L’adolescente intègre les zones grises du rêve commun à de nombreux hommes. Celle-ci n’est cependant plus vierge, dotée d’intelligence et bien évidemment de beauté. Inattendue, insolite.

Janssen J-J dit: à

@ ses amours russes tarifées à Kiev.
Non, il n’avait qu’un grand amour, là-l-bas… Non payant… Qui perdure à Paris et en Catalogne. Ils vont revenir à la rdl, vu que le covid a eu raison de ses harceleurs musiciens, rejoints par le con-finé de l’île du SL (et pas en T’agonie).

Paul Edel dit: à

Clopine vous avez parfaitement raison. Cependant certains éditeurs furent vaillants, regardez Annie Saumont , chez Julliard qui publia ses recueils de nouvelles pendant des décennies. Et Il y a un Goncourt de la nouvelle.Aux états-unis, , avant la guerre 4O, les journaux payaient cher une nouvelle. Après guerre,il resta le New yorker,avec Updike, nabokov, Beattie etc..

Soleil vert dit: à

A moi, Chateaubriand !
Bon quand on n’a pas la facilité d’un Jazzi ou d’un Paul Edel, essayons.

Avant : « L’âge aidant, sa réflexion le conduit des facéties des esprits au devenir des âmes »

Après : « L’âge survenant, sa passion pour les facéties des esprits prend la couleur mélancolique d’une réflexion sur le devenir des âmes. »

Jazzi dit: à

91

Je ne savais pas non plus à l’époque qu’en ramenant l’hystérie à la sexualité, j’étais remonté jusqu’aux temps les plus anciens de la médecine et que j’avais renoué avec Platon.

Il est en vérité si facile de se convaincre des activités sexuelles régulières des enfants qu’on peut se demander avec étonnement comment les hommes ont pu faire pour ne pas s’apercevoir de ces faits et pour maintenir si longtemps la légende, forgée par leur désir, d’une enfance asexuée. Cela doit être lié à l’amnésie de la plupart des adultes à l’égard de leur propre enfance.

92

Les doctrines de la résistance et du refoulement, de l’inconscient, de la signification étiologique de la vie sexuelle et de l’importance des expériences vécues dans l’enfance sont les principaux éléments de l’édifice théorique de la psychanalyse. Je regrette de n’avoir pu les décrire ici comme entités isolées sans montrer comment elles se décomposent et s’articulent entre elles.

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Or, il arrive inévitablement dans la vie de chacun un moment où, dans l’image de ce qu’il est, il rencontre de nouveau son propre père. Cette inclination à une vie toute privée et anonyme commence maintenant à se développer en moi, plus forte d’année en année, si contraire qu’elle soit à ma profession même qui, en quelque sorte, me contraint à rendre publics et mon nom et ma personne. Mais par la même secrète fierté, j’ai toujours décliné toute forme de distinction honorifique, je n’ai jamais accepté ni une décoration, ni un titre, ni la présidence d’aucune société, je n’ai jamais appartenu à une académie, ni à un comité, ni à un jury ; le simple fait de m’assoir à une table officielle m’est un supplice, et la seule pensée d’avoir à présenter une requête, même en faveur d’un tiers, suffit à me dessécher la gorge avant que j’aie prononcé le premier mot.

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Et maintenant je comprenais ce qu’était la vieillesse – la vieillesse qui de toutes les réalités est peut-être celle dont nous gardons le plus longtemps dans la vie une notion purement abstraite, regardant les calendriers, datant nos lettres, voyant se marier nos amis, les enfants de nos amis, sans comprendre, soit par peur, soit par paresse, ce que cela signifie, jusqu’au jour où le petit-fils d’une de nos amies, jeune homme qu’instinctivement nous traiterions en camarade sourit comme si nous nous moquions de lui, nous qui lui sommes apparu comme un grand-père ; je comprenais ce que signifiait la mort, l’amour, les joies de l’esprit, l’utilité de la douleur, la vocation, etc. Et si les noms avaient perdu pour moi de leur individualité, les mots me découvraient tout leur sens. La beauté des images est logée à l’arrière des choses, celle des idées à l’avant. De sorte qu’on cesse de s’émerveiller quand on les a atteintes, mais qu’on ne comprend les secondes que quand on les a dépassées.

95

Voici ma mémoire, et ses larges espaces, ses antres et ses cavernes, innombrables, le tout peuplé à l’infini d’innombrables espèces d’objets, soit en images – comme pour les corps -, soit réellement présents – comme pour les arts libéraux -, soit par je ne sais quelles notions ou notations – comme pour les passions, que retient la mémoire, alors que l’âme ne les ressent plus. À travers tout cet univers, je cours et voltige de-ci de-là, je m’enfonce, aussi loin que je peux ; de limites, nulle part. Si grande est la puissance de la mémoire ! Si grande est la puissance de la vie, chez l’homme, ce vivant voué à la mort !

Jazzi dit: à

Vivement « Notules » dont la parution est annoncée pour 2027, recueil d’éclats de pensées, fragments, bribes autobiographiques, méditations et réflexions sur des sujets divers et variés !

D. dit: à

Jazzi renarde toujours et encore.

Bloom dit: à

Paul Edel, mon propos porte avant tout sur le mépris des lecteurs & des prescripteurs pour la forme courte en France, qui me semble assez indiscutable, malgré l’existence de grands anciens.
Il est très difficile, voire impossible aujourd’hui de proposer à un éditeur français des traductions de nouvelles, je parle d’expérience, hélas.
Quant au versant esthétique, il est effectivement des auteurs (peu nombreux) à l’aise avec tous les formats. Nous avons tous en mémoire ces « creux » et « baisses » de tension narratives, ces digressions parfois mortelles qui affectent parfois de très bons romans. En revanche, rien que du muscle dans la forme courte, où chaque mot fait sens, comme en poésie (ah, les poèmes en prose). Pour moi, les nouvelles de Carver, Alice Munro, Sean O’Faolain, de Jean Rhys, Buzzatti ou Cortazar ou encore les contes de Poe (Ligea!) portent à leur incandescence l’art d’écrire.

Jazzi dit: à

Sans parler de la presse écrite : quotidienne, hebdomadaire, mensuelle ou spécialisée, qui jadis publiait des nouvelles, Bloom ! Comment expliquer cette désaffection de la nouvelle en France ?

Clopine dit: à

Ah, je voudrais dire aussi que je partagerais bien mieux la sainte indignation de Jacques Drillon sur la délation (ici le récit de Camille Kouchner) si elle était accompagnée d’une réaction tout aussi entière contre les violences sexuelles subies par des enfants. Or, et c’est ce qui me met mal à l’aise, Drillon proclame son inintérêt le plus total pour les turpitudes supposées d’Olivier Duhamel. Ce manque d’empathie le fait basculer dans le camp de la mauvaise foi, à mon sens. Tant le secret habille bien la honte.

Clopine dit: à

Bloom, vous qui aimez les nouvelles… Mon dernier texte ne fait que 44 pages, et je suis bien incapable de le « rallonger », comme on rallongerait la sauce d’un plat. Si jamais j’arrive, ce qu’à dieu ne plaise, à me faire publier, promis, je vous l’offre !

Bloom dit: à

Je ne comprends difficilement que l’on étale au grand jour sa vie privée, son intimité et celle de ses proches…Ce faisant, n’a-t-on pas le sentiment de se faire violer sa vie par des milliers de personnes?
Ou est la part de vengeance, de haine de soi, de vomissement salutaire, d’exhibitionnisme,de prérogative « de fils & fille de » qui compose ce déballage de « secrets » nauséabonds?
Quand Henry Miller dégueule à longueur de Tropiques, on se marre, parce qu’on est dans le gag. Quand ça dégobille à asperger le vaste monde, on cherche frénétiquement un masque à gaz…

Bloom dit: à

J’espère que vous trouverez vite à publier votre nouvelle, Clopine, et me réjouis d’avance de vous lire!

Bloom dit: à

Ou est la part

= QUELLE est la part…trop pressé par l’absence de mobilité nocturne…

Jazzi dit: à

Les romans de la béat génération et du courant post moderne américain sont bourrés d’auto fictions, Bloom !
C’est pas un gag mais une réalité…

Jazzi dit: à

Clopine, ton récit pour moi n’est ni une nouvelle ni un roman…

Janssen J-J dit: à

44 pages ?… il faut un allongeail aux nouvelles de la peste ! Pas être si pressée d’en finir, on regrette toujours… après.

renato dit: à

Janssen J-J, l’usage demande une certaine pratique, mais le rendu est ecceprionnel.

Si vous l’installez, il vaudra mieux acheter du bois vieux de deux ans, car le dépôt continu de suie vitrifiée du à l’utilisation de bois vert produit un rétrécissement de la connexion entre le poêle et le conduit de fumée.

Après installation, comptez environ 6 mois afin que l’argile réfractaire puisse bien sécher.

B dit: à

On doit aussi à CK :

https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782247109548-le-droit-des-malades-camille-kouchner/

Peut être parce que concernant l’enfance le droit laisse à désirer CK à t elle decidé d’utiliser son nom, sa notoriété, sa propre histoire pour remuer le silence. Le titre ironique me mène à la famille ou mafia soit à la sagrada familia, que tout le monde connaît. Après, il faudrait le lire pour en connaitre la teneur et la qualité littéraire.

renato dit: à

Oups !

Après installation, comptez environ 6 mois avant de l’allumer afin que l’argile réfractaire puisse bien sécher.

D. dit: à

Ça y est, Clopine prend garde au plaisir de Dieu.
Cette « nouvelle » a dès lors toutes les chances d’être publiée.

D. dit: à

Qu’est-ce que vous voulez allumer, renato ?

Jazzi dit: à

D’ailleurs, pour « Nœuds de vie » (165 pages), Passou ne parle ni de roman, ni de nouvelles, ni de récit, ni d’essai… mais d’ « éclats », qu’il qualifie de surcroit de « scintillants ».
Je crois qu’il ne s’agit plus que de produire des objets littéraires désormais ?

et alii dit: à

la première fois que j’ai mis sur la RDL ancienne article de journal sur les scandales de la maltraitance,notamment sexuelle, des enfants (dans d’autres pays), les erdéliens d’alors ont ricané !

D. dit: à

Encore un boeing enlevé par les extraterrestres en Indonésie. Ils ont largement de quoi faire un musée de l’aviation maintenant.

Paul Edel dit: à

Selon le journal professionnel « livres hebdo » 60% des romans français publiés en janvier sont écrits par des femmes.

Jazzi dit: à

La départition devant se faire entre le littéraire ou pas ?

et alii dit: à

quand j’ai lu « scintillants », ça m’a étonnée comme caractérisant le style de GRACQ; mais on ne peut rien dire si on n’a pas lu les « éclats »

Bloom dit: à

C’est pas un gag mais une réalité…

Des romans, Baroz, un angle, un décalé, des déplacement, une latéralité. Or il s’agit dans ces livres à cons/cul ouverts de témoignages à charge contre un/des individus évidemment déviants et manipulateurs, dont l’essentiel pourrait tenir dans quelques pages publiées dans un magazine. La forme courte devrait s’imposer, sans gras, sans fard, aiguisée comme une dague.
Je n’évoquerai pas les questions de gros sous, mais mon petit doigt me dit qu’elles ne sont pas anodines.

Et puis la littérature inspirée de la vie est toujours empreinte d’une forte dose de pudeur. Une pudeur comme celle dont fait preuve si intelligemment Robert Bober lorsqu’il romance sa vie dans « Quoi de neuf sur la guerre? », sur un sujet qui toucha vint et cent, des milliers, des millions…

PS: H. Miller ne fait pas partie de la Beat Generation (il serait d’ailleurs plutôt tendance « bite » generation), et « invente » en quelque sorte le mode semi-autobiographique, terme que je préfère au jargonnant ‘auto-fiction’ qui m’évoque immanquable des histoires de poursuites en bagnole.

Bloom dit: à

« Nœuds de vie »

Baroz, en patientant jusqu’à 2027, tu peux toujours lire et relire l’intégrale de « Noeuds de vîi », du divin marquis…

Jazzi dit: à

Je sais bien que H. Miller ne fait pas partie de la béat génération, Bloom. Je parlais de ceux qui viennent après.

B dit: à

PS: H. Miller ne fait pas partie de la Beat Generation (il serait d’ailleurs plutôt tendance « bite » generation), et « invente » en quelque sorte le mode semi-autobiographique, terme que je préfère au jargonnant ‘auto-fiction’ qui m’évoque immanquable des histoires de poursuites en bagnole

J’aime aussi beaucoup cet Henry que nombre de femmes ont accusé de machisme, de pornographie. Je ne l’ai jamais perçu ainsi mais effectivement, Bloom, plutôt prompt à en rajouter pour le fun car il s’inspire de son propre parcours dans tous ses aspects.

et alii dit: à

dans l’affaire rapportée par camille K.
je me demande si la cible « réelle » n’était pas le père médecin ?

Jazzi dit: à

« Or il s’agit dans ces livres à cons/cul »

On n’est plus dans la littérature, là, Bloom, mais dans l’épicerie en gros !

B dit: à

J’en ai fait part,L’ aigle, mademoiselle – m’a peut-êre reconcilié avec l’homme, pour son oeuvre je ne sais trop. Je ne me suis pas aventurée plus loin et les malheurs de Justine sont encore intacts sur mon étagère.

B dit: à

réconciliée. Mes excuses.

Bloom dit: à

Ce Miller-là est un personnage souvent désagréable et parfois borderline antisémite, mais c’est un véritable écrivain doté d’un style qui pulse et balaye tout sur son passage, dynamitant sans vergogne et avec les délices du sybarite les convenances de la morale bourgeoise…

C.P. dit: à

Jacques, un bémol sur votre adresse à Bloom : pour ne prendre qu’un exemple et en admettant que Philip Roth relève du roman « post-moderne », la part d’autobiographie -et même « d’auto-fiction » si vous le voulez- est, notamment dans « I married a Communist » et « A Plot against America », toujours équilibrée par l’atmosphère d’une famille et d’une communauté, celles juives et démocrates de Newark. Et que diriez-vous de Saul Bellow ?
Il me semble que l’autobiographie et l’auto-fiction règnent sur toute la littérature… sauf q’elles ont, -ou non, hélas alors !-, les transpositions et les à-côtés qui les déploient.

J’ai identifié, je crois, toutes vos citations (même celles dont les tradals sont ailleurs meilleures, par exemple s’agissant de la « Ballade » de Wilde). En somme, que disent-elles d’autre , depuis Montaigne, que l’effort de s’installer, soi, dans, avec et/ou contre une descendance ? Même Céline sait bien que le cinématographe n’annule pas l’écrit, Malraux et Gracq disent juste sur l’hallucination cinématographique réductrice, ce qui est d’ailleurs aussi son pouvoir quand elle « adapte ».

Bloom dit: à

Saul Bellow

C.P. dans Humbolt’s Gift, ses relations avec Delmore Shwarz,si magistralement raffinées dans l’athanor de la « fiction »…Ou comment transformer le plomb de la vie en or littéraire!

Jazzi dit: à

« Il me semble que l’autobiographie et l’auto-fiction règnent sur toute la littérature… »

Heureux de vous lire, C.P.
Bien sûr, mais comme je m’adressais à Bloom, je ciblais la littérature… américaine.

Bravo pour les identifications !
Il ne me reste plus qu’à conclure et expliquer la démarche…

Clopine dit: à

Tu as raison, jacky, mon texte est un récit autobiographique… de 44 pages seulement, parce qu’il ne raconte qu’un épisode précis de ma vie. Mais pour autant, j’ai mis autant de soin à l’écrire que si j’avais composé une nouvelle, en pensant à Jack London par exemple. Mes pré-lecteurs m’ont tous encouragée, et j’espère arriver à intéresser un éditeur, ce serait inespéré.

Janssen J-J dit: à

@ comptez environ 6 mois avant de l’allumer afin que l’argile réfractaire puisse bien sécher.
@ RM, Ouf, je me disais aussi… Un athanor qui s’adapte aux charentaises ? Merci grandement pour votre réponse technique fort encourageante pour l’aide à mon futur fumiste…

@ Il ne me reste plus qu’à conclure et expliquer la démarche…

Oui, jzman, après l’éclat 100, (l’éclat sans, les classant), SVP. Mais qu’allez-vous faire de tout cela, maintenant que ces fragments sont bien éventrés ? -CP n’ayant rien dit de ses « découvertes », autant que vous donniez vos inspirations exactes, à nous autres qui n’avons rien compris à l’entreprise ni ne l’avons lue, par csqt…- Nos relirons le tout à la lumière de vos explicitations et exercitations athlétiques, moi du moinj…
Bàv (‘tation à la bolée de bois bert)

B dit: à

Sybarite , c’est vite dit. Il a eu sa part de pain noir mais n’en a conçu qu’une prodigieuse énergie et envie de vivre. Il fait preuve, c’est incontestable, de beaucoup d’humour et d’auto-dérision.

Janssen J-J dit: à

***au milieu des vignes, on détecte trois vieux poiriers (un mitouflé, deux dénudés). Le ciel est gris. Le fait froid. Sont bien tristes, les bords de la Loire. La cabane dans la vigne, en arrière plan. Gracq pensait encore au 5e tome du journal de Jünger, au sortir de la 2e guerre. Les falaises de marbre l’obsédaient encore.

Jazzi dit: à

HENRY MILLER

Printemps de folie à Paris

Fils d’un tailleur de Brooklyn d’origine bavaroise et ne voyant pour lui aucunes perspectives d’avenir littéraire en Amérique, Henry Miller (1891-1980) vint s’établir un peu par hasard en France, au début des années 1930, sous l’impulsion de sa seconde épouse, June Miller. Pour lui, la vie de bohème à Paris fut plus qu’une fête, un perpétuel printemps d’amitié, de sexe et de découvertes, dont il sera chassé par la guerre, une décennie plus tard. Dans Printemps noir, son troisième texte, écrit en 1934-1935 entre Louveciennes, Clichy et la Villa Seurat, la citée d’artistes du XIVe arrondissement de Paris, l’auteur de Tropique du Capricorne mêle ses souvenirs d’enfance à Brooklyn au récit de ses expériences et déambulations parisiennes. Dans un style singulier, où l’on perçoit l’influence de l’écriture automatique des surréalistes et le lyrisme sombre de Lautréamont. Mais à la différence de ce dernier, chez Henry Miller, au-delà des drames de la condition humaine et des galères personnelles, toujours prédomine la joie de vivre : « C’est aujourd’hui le troisième ou le quatrième jour du printemps, et me voici assis à la place de Clichy en plein soleil. Aujourd’hui, assis au soleil, là, je vous dis que je me fous complètement que le monde aille à sa ruine ou non ; je me fous que le monde ait raison ou tort, qu’il soit bon ou mauvais. Il est : et ça suffit. Le monde est ce qu’il est, et je suis ce que je suis. »

« Sur la butte, dans la nuit de printemps, seul dans le ventre géant de la baleine, je pends la tête en bas, les yeux en sang, les cheveux blancs comme des vers. Un ventre, une carcasse, le grand corps de la baleine pourrissant comme un fœtus sous le soleil mort. Hommes et poux, procession ininterrompue vers le monceau de larves. Voici le printemps que Jésus a chanté, l’éponge aux lèvres, au trémoussement des grenouilles. Pas de trace de rouille, pas de tache de mélancolie. La tête qui pend entre les cuisses, dans un frénétique rêve noir, le passé qui sombre peu à peu, image du forçat auquel on rive son boulet. Dans chaque matrice, le piétinement des sabots de fer, dans chaque tombe, le hurlement d’un obus. Matrice et obus et dans le creux de la matrice un idiot adulte qui cueille des boutons d’or. Homme et cheval fondus en un seul corps, douces les mains, fendus les sabots. Les voici venir en interminable procession, les prunelles en feu et les crinières flamboyantes. Le printemps monte dans la nuit avec le rugissement d’une cataracte. Il arrive sur les ailes des juments, crinières au vent, narines fumantes.
Je remonte la rue Caulaincourt, je traverse la passerelle des tombes. Petite pluie de printemps. Au-dessous de moi, les petites chapelles blanches où les morts gisent enterrés. Éclaboussure d’ombres déchiquetées qui tombe du lourd treillis du pont. L’herbe monte du fond de la glaise, plus verte maintenant qu’en plein jour. Herbe électrique qui reluit de carats chevaux-vapeur. Un peu plus haut, dans la rue Caulaincourt, je rencontre un couple. La femme porte un chapeau de paille. Elle a un parapluie à la main, mais ne l’ouvre pas. (…)
Je regarde à ma droite, et là, dans une rue oblique, se trouve précisément le Paris que j’ai toujours cherché. On peut connaître Paris rue par rue, et ne pas connaître Paris, mais quand on a oublié où l’on est, et que la pluie tombe doucement, soudain, au cours d’une promenade sans but, on découvre la rue qu’on a traversée maintes et maintes fois, en rêve – c’est justement la rue où l’on se promène maintenant. (…)
Apparemment, je ne rêve pas. Dès que je suis assuré que je ne rêve pas, une peur glacée me saisit. Si je ne rêve pas, alors je suis fou ! Et qui pis est, si je suis fou, je ne pourrai jamais prouver si je rêve ou non. Mais peut-être n’est-il pas nécessaire de rien prouver, me dit une pensée rassurante. Je suis le seul au courant. Je suis le seul qui a des doutes. (…)

Voici le printemps que Jésus a chanté, l’éponge aux lèvres, au trémoussement des grenouilles. Dans chaque matrice, le piétinement des sabots de fer, dans chaque tombe, le rugissement des obus. Caveau de hideuse angoisse, saturé de vers-anges suspendus à la matrice effondrée du ciel. Dans ce dernier corps de la baleine, le monde entier est devenu une plaie purulente. Lorsque la trompette sonnera de nouveau, ce sera comme si on pressait un bouton : le premier homme qui tombera poussera le second, et ainsi de suite à l’infini jusqu’à l’équateur, tout autour du monde, de New York à Nagasaki, de l’Arctique à l’Antarctique. Et en tombant, l’homme poussera l’éléphant, et l’éléphant poussera la vache, et la vache poussera le cheval, et le cheval l’agneau, et tous tomberont, l’un après l’autre, comme une rangée de soldats de plomb balayés par le vent. Le monde s’éteindra comme une chandelle romaine. Pas même un brin d’herbe ne repoussera. Dose létale, d’où nul réveil ne surgira. La paix, la nuit, sans gémissement, sans murmure. Une douce, une méditative obscurité, un imperceptible battement d’ailes. »
(« Printemps noir », traduit de l’anglais par Henri Fluchère, Éditions Gallimard, 1946)

Patrice Charoulet dit: à

CAPITOLE (suite)

Dans une tribune publiée dans un grand quotidien français, Matthieu Bock-Côté a quelques bonheurs d’expression sur Trump et les « événements de Washington » :
« Une présidence ubuesque », un « roi fou », un « Néron de carnaval ».
Les assaillants du Capitole : « des bras-cassés », « des bêtes de foire »…
Oui.

Bloom dit: à

« Carnaval » au Capitole: 5 morts.

(N.Pelosi a contacté le chef d’atat major des forces armées us pour éviter que la tentation nucléaire devienne réalité. Kubrick et son Dr Strangelove rebaptisé Weirdhatred…)

Clopine dit: à

Oui, si Jazzi était gentil, il nous dirait ce qui se cache derrière toutes ces citations…

Janssen J-J dit: à

Il va le faire… C’est un honnête homme.
(Je ne vois que du bonheur et de la joie retrouvée pour l’herdélie 2021… avec en plus, l’Angleterre enfin sortie de l’UE ! Le Trump enfin débarqué de l’enfer US ! le Covid19 enfin vaincu par une large adhésion de nos populations à la vaccination générale !). Et ma vieille chaudière bientôt remplacée par une jeune, après quelques nouveaux sacrifices
Joyeuses Pâques à toussent… Une pile de nouvelles découvertes livresques !…

Jazzi dit: à

« ce qui se cache derrière toutes ces citations… »

Rien de plus que ce que vous y voyiez, Clopine.
On sait déjà que D, JJJ et Paul Edel n’y ont strictement rien vu…

Jazzi dit: à

Samedi 9 janvier 2021

Cela commence comme çà

JACQUES BAROZZI

JE(U)
Roman intertextuel

INTRODUCTION

« Je ne lis plus que des morceaux choisis de littérature française.
J’aurais seulement voulu les choisir moi-même. »
JULES RENARD

J’ai longtemps caressé l’idée de signer un livre dont je n’aurais pas écrit une seule ligne.
De préférence un roman, où le Je serait les autres. Et où le Je serait en jeu.
Reconstitué à partir de cent fragments puisés dans les tréfonds de ma bibliothèque idéale et ajustés de manière à donner naissance, telles les pièces d’un puzzle, à une oeuvre originale, ce JE(U) que je soumets à la sagacité du lecteur, résultat d’une contrainte oulipienne poussée à l’extrême, n’en demeure pas moins un roman, mon roman.
Un certain degré de lecture ne vaut-il pas écriture ?
Et tout n’a-t-il pas déjà été dit et mieux dit que nous ne saurions le faire ?
J’ai veillé à replacer sous le Je du narrateur des paroles, des sensations, des pensées, des souvenirs parfaitement semblables aux miens et que j’avais reconnus pour tels à leur lecture.
Ici, la fiction n’est plus le moteur du roman.
Ici, la transposition s’opère essentiellement à travers les masques d’emprunts d’auteurs de divers lieux et époques, ainsi que les extraits sélectionnés de manière plus ou moins consciente, intuitive, puisés principalement dans la littérature du Je : journaux, correspondances, essais, textes autobiographiques… donnant ainsi au texte définitif les allures d’une autofiction, plus réelle qu’imaginaire, plus authentique.
Qu’on ne s’y trompe pas, cependant…
Il s’agit toujours de fiction.
Une oeuvre de fiction anthologique et interactive de surcroit, auquel le lecteur est invité à participer activement.
Outre le fait de jouer à identifier les morceaux choisis, dont il trouvera les références en fin d’ouvrage, rien ne l’empêcherait par ailleurs de se livrer à un exercice similaire et de confectionner, sur le même principe, son propre JE(U).

AVERTISSEMENT

Il est très vraisemblable que beaucoup ne s’apercevront point que ce qui va suivre soit très beau ; et à supposer qu’une ou deux choses les intéressent, il se peut aussi qu’ils ne croient point qu’elles leur aient été suggérées exprès.
Suggérer au lieu de dire, faire dans la route des phrases un carrefour de tous les mots.
Comme des productions de la nature, auxquelles faussement on a comparé l’oeuvre seule du génie, la dissection indéfinie exhume toujours des oeuvres quelque chose de nouveau.
Et celle-ci aux superficiels d’abord est plus belle, car la diversité des sens attribuables est surpassante, la verbalité libre de tout chapelet se choisit plus tintante. Mais voici le critère pour distinguer cette obscurité, chaos facile de l’Autre, simplicité condensée, diamant du charbon, oeuvre unique faite de toutes les oeuvres possibles offertes à tous les yeux encerclant le phare argus de la périphérie de nôtre crâne sphérique : en celle-ci, le rapport de la phrase verbale à tout sens qu’on y puisse trouver est constant ; en celle-là, indéfiniment varié. 

1

Pour employer mes loisirs dans cette terre étrangère, j’ai envie d’écrire un petit mémoire de ce qui m’est arrivé. Je me gronde moi-même pour entreprendre un travail quelconque. Sans travail, le vaisseau de la vie humaine n’a point de lest. J’avoue que le courage d’écrire me manquerait si…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….

Jazzi dit: à

Et ça finit ainsi

96

La mémoire ? Le bétail et les oiseaux l’ont, eux aussi, sans quoi ils ne retrouveraient pas leurs gîtes, leurs nids, et autres multiples habitudes – et, de fait, habitude implique bien mémoire.
J’irai donc au-delà de la mémoire pour atteindre celui qui m’a séparé des quadrupèdes et m’a créé plus sage que les oiseaux du ciel. J’irai au-delà de la mémoire, pour te trouver – mais pour te trouver où ? – ô toi, Bonté véritable et Douceur pleine de sécurité – mais pour te trouver où ? Si je te trouve en dehors de ma mémoire, c’est donc que je t’ai oublié ; dès lors, comment te trouver si je ne me souviens pas de toi ?

97

Je constate que je vieillis ; un signe qui ne trompe pas est le fait que les nouveautés ne m’intéressent pas ni ne me surprennent, peut-être parce que je me rends compte qu’il n’y a rien d’essentiellement nouveau en elles et qu’elles ne sont tout au plus que de timides variantes. Quand j’étais jeune, j’avais de l’attirance pour les crépuscules, pour les faubourgs et pour le malheur ; aujourd’hui, j’aime les matinées en plein coeur de la ville et la sérénité.

98

Au cours du temps j’ai été plusieurs personnes, mais ce tourbillon ne fut qu’un long rêve. L’essentiel était la Parole. Il m’arriva de douter d’elle. Je me dis et redis qu’il était absurde de renoncer à ce jeu magnifique qui consiste à combiner entre eux des mots magnifiques et que se mettre en quête d’un mot unique, peut-être illusoire, était insensé. Ce raisonnement fut vain. Un missionnaire me proposa le mot Dieu, que je rejetai. Un certain matin, au bord d’un fleuve s’élargissant en mer, je crus voir enfin la révélation de ce que je cherchais.

99

Un livre doit être la hache qui brise en nous la mer gelée.

________________________

SOLUTIONS DU JE(U)

La citation de Jules Renard est extraite de son Journal daté du 15 janvier 1899, Babel 152, Actes-Sud, 1995, p. 204.

AVERTISSEMENT – Alfred Jarry : Les Minutes de sable mémorial, Oeuvres complètes I, Bibliothèque de la Pléiade, p. 171-172.

1 – Stendhal : Souvenirs d’égotisme, Oeuvres intimes II, Bibliothèque de la Pléiade, p. 428 à 431 ;
2 – Italo Calvino : Les villes invisibles, traduit de l’italien par Jean Thibaudeau, folio 5460, p. 118 à 120 ;
3 – Georges Perec : Je suis né, La Librairie du XXe siècle-Seuil, p. 10 ;
4 – Jean-Paul Sartre : Les mots, folio, p. 157 ;
5 – Romain Gary : Pseudo, folio 3984, p. 16 ;
6 – Louis Calaferte : Rosa mystica, folio 2822, p. 16 ;
7 – Pascal : Pensées, folio 2777, p. 81-82 ;
8 – Italo Svevo : La conscience de Zeno, traduit de l’italien par Paul-Henri Michel, folio 439, p. 54-55;
9 – Gustave Flaubert : Correspondance, folio 3126, p. 179 ;
10 – Jean-Jacques Rousseau : Les Confessions, folio 2776, p. 91-92 ;
11 – Chateaubriand : Mémoires d’outre-tombe, Le Livre de poche I 1327, p. 51 ;
12 – Marcel Proust : À l’ombre des jeunes filles en fleurs, NRF tome II (édition 1992), p.55-56 ;
13 – Milan Kundera : L’art du roman, folio 2702, p.15-16 ;
14 – Patrick Modiano : Un pedigree, Quatro Gallimard, p. 848 ;
15 – Céline : Entretiens avec le Professeur Y, folio 2786, p. 23-24 ;
16 – Louis Aragon : Les voyageurs de l’impériale, folio 120, p. 16 ;
17 – Jacques Rivière : Introduction à une métaphysique du rêve, NRF n° 10
(octobre 1909), p. 16 ;
18 – Pier Paolo Pasolini : Pétrole, traduit de l’italien par René de Ceccatty, Gallimard, 1995 ;
19 – Charles Baudelaire : Le Spleen de Paris, Librio 179, p. 5 ;
20 – Charles Baudelaire : Le Spleen de Paris, Librio 179, p. 32 ;
21 – Charles Baudelaire : Le Spleen de Paris, Librio 179, p. 56 ;
22 – Henri Michaux : Qui je fus, NRF Poésie, p. 173 ;
23 – Cioran : Syllogisme de l’amertume, folio essai 79, p. 46 ;
24 – Antonin Artaud : Nouveaux écrits de Rodez, L’Imaginaire Gallimard 307, p. 80-81 et p. 158-159 ;
25 – Maurice Blanchot : L’arrêt de mort, L’Imaginaire Gallimard 15, p. 7 ;
26 – Henri Michaux : Façons d’endormi Façons d’éveillé, L’Imaginaire Gallimard 493, p. 19 ;
27 – Georges Perec : W ou le souvenir d’enfance, L’Imaginaire Gallimard 293, p. 14 ;
28 – Jean Genet : Miracle de la rose, L’Arbalète, 1946-1993, p. 20-21 ;
29 – Paul Morand : Venises, L’Imaginaire Gallimard 122, p. 9-10 ;
30 – Arthur Rimbaud : Une saison en enfer (en abrégé) ;
31 – Arthur Rimbaud : Illuminations (Vies I) ;
32 – Lautréamont : Les chants de Maldoror I, Bouquins, p. 614-615 ;
33 – Voltaire : Romans et contes, GF-Flammarion 111, p.263 ;
34 – Pessoa : Le livre de l’intranquillité, traduit du portugais par Françoise Laye, Christian Bourgois, P. 71-72 ;
35 – Victor Hugo : Choses vues 1830-1848, folio 2944, p. 532 ;
36 – Victor Hugo : Choses vues 1830-1848, folio 2944, p. 533 ;
37 – Sénèque : La vie heureuse, arléa, 1997, p. 60-61 ;
38 – Montaigne : Les Essais – Livre I Chapitre XIX, Que philosopher, c’est apprendre à mourir ;
39 – André Breton : L’amour fou, folio 723, p. 140 ;
40 – André Breton : Nadja, folio plus classiques 107, p. 49-50 ;
41 – Yukio Mishima : Confession d’un masque, folio 1455, p. 21-22 ;
42 – Peter Handke : Le malheur indifférent, traduit de l’allemand par Anne Gaudu, folio 976, P. 7-8 ;
43 – Simone de Beauvoir : Une mort très douce, folio 137, p. 14 et p. 23 ;
44 – Raymond Queneau : Hazard et Fissile, Le Dilettante, p. 56-57 ;
45 – Georges Perros : Papiers collés, L’Imaginaire Gallimard, p. 7 ;
46 – Bernard Noël : Le Livre de l’oubli, P.O.L, p. 11 et p. 56 ;
47 – Léon-Paul Fargue : Lanterne magique, Seghers, 2015, p. 9O et p. 109;
48 – Paul Valéry : Variété I et II, folio essai, p. 32 et 34 ;
49 – Nathalie Sarraute : L’ère du soupçon, folio essai, p. 61-62 ;
50 – Michel Leiris : La Règle du jeu, Bibliothèque de la Pléiade, p. 48 ;
51 – Michel Leiris : La Règle du jeu, Bibliothèque de la Pléiade, p. 131-132 ;
52 – André Gide : Souvenirs et voyages, Bibliothèque de la Pléiade, p. 330;
53 – André Gide : Si le grain ne meurt, Souvenirs et voyages, Bibliothèque de la Pléiade, p. 288 ;
54 – Casanova : Mémoires, Bibliothèque de la Pléiade II, p. 17 ;
55 – René Char : Allégeance, Oeuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, p. 278 ;
56 – Paul Claudel : Lettres à Ysé, NRF, p. 166 ;
57 – Constantin Cavafy, Poèmes, traduction de Marguerite Yourcenar et Constantin Dimaras, Poésie/Gallimard, p. 156 ;
58 – Apollinaire : Lettres à Lou, Imaginaire/Gallimard, p. 54-55 ;
59 – Roland Barthes : Fragments d’un discours amoureux, Seuil, 1977, p.41;
60 – Roland Barthes : Fragments d’un discours amoureux, Seuil, 1977, p. 85-86 ;
61 – Mallarmé : Articles, Bibliothèque de la Pléiade, Oeuvres complètes II, p. 281 ;
62 – Jules Renard : Journal (29 février 1892), Babel 152, Actes-Sud, 1995, p. 294-295 ;
63 – Jules Renard : Journal (23 février 1910), Babel 152, Actes-Sud, 1995, p. 154 ;
64 – Albert Camus : Noces, NRF essais, Gallimard, 1950 et 1993, p. 18-19 ;
65 – Albert Camus : Noces, NRF essais, Gallimard, 1950 et 1993, p. 32-33;
66 – Roger Caillois : Le fleuve Alphée, Oeuvres, Quarto Gallimard, p. 101 ;
67 – Roger Caillois : Le fleuve Alphée, Oeuvres, Quarto Gallimard, p. 101-102 ;
68 – Jacques Audiberti : Dimanche m’attend, L’Imaginaire Gallimard 295, p. 112 ;
69 – Jacques Audiberti : Dimanche m’attend, L’Imaginaire Gallimard 295, p. 112-113 ;
70 – Alain Robbe-Grillet : Pour un nouveau roman, éditions de Minuit, 1961 et 1996, p. 13 ;
71 – Marguerite Duras : Outside 2, Oeuvres complètes IV, Bibliothèque de la Pléiade, p.932 à 934 ;
72 – Marguerite Duras : La Vie matérielle, Oeuvres complètes IV, Bibliothèque de la Pléiade, p. 311-312 ;
73 – Jean Cocteau : Le Livre blanc et autres textes, Livre de Poche Biblio 3305, p. 58 et p.62 ;
74 – Jean Cocteau : Le Livre blanc et autres textes, Livre de Poche Biblio 3305, p.83-84 ;
75 – Bossuet : Sur la brièveté de la vie, folio sagesses 6272, p.58-59 ;
76 – Bossuet : Sur la brièveté de la vie, folio sagesses 6272, p. 59 ;
77 – La Bruyère : Les Caractères, Oeuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, p. 89 ;
78 – Marguerite Yourcenar : Essais et mémoires, Bibliothèque de la Pléiade, p. 483-484 ;
79 – Marguerite Yourcenar : Essais et mémoires, Bibliothèque de la Pléiade, p. 620-621 ;
80 – Oscar Wilde : Quelques maximes, Oeuvres, Bibliothèque de la Pléiade, p. 967 et p. 969-970 ;
81 – Oscar Wilde : La Ballade de la geôle de Reading, Oeuvres, Bibliothèque de la Pléiade, p. 64 ;
82 – Jean Giono : Les Vraies Richesses, Récits et essais, Bibliothèque de la Pléiade, p.252 ;
83 – Jean Giono : Les Vraies Richesses, Récits et essais, Bibliothèque de la Pléiade, p. 252 ;
84 – Érasme : Éloge de la folie, traduit du latin par Thibault de Laveaux, Mille et une nuits, 136, p. 20-21 ;
85 – Érasme : Éloge de la folie, traduit du latin par Thibault de Laveaux, Mille et une nuits, 136, p. 111 ;
86 – Descartes : Discours de la méthode, folio essais, p. 77-78 ;
87 – Descartes : Discours de la méthode, folio essais, p. 78-79 ;
88 – Montesquieu : Lettres Persanes, Lettre CXXXIV, 1993, Booking International, Paris, p. 233 ;
89 – Montesquieu : Lettres Persanes, Lettre CXXXIV, 1993, Booking International, Paris, p. 233 ;
90 – Anonyme : Ancien Testament, Livre des Proverbes chapitre 1, 22 à 33 ;
91 – Sigmund Freud : Sigmund Freud présenté par lui-même, traduit de l’allemand par Fernand Cambon, folio essais 54, p. 42 et 65 ;
92 – Sigmund Freud : Sigmund Freud présenté par lui-même, traduit de l’allemand par Fernand Cambon, folio essais 54, p. 67 ;
93 – Stefan Zweig : Le Monde d’hier, Souvenirs d’un Européen, Le Livre de poche 14040, p. 23-24 ;
94 – Marcel Proust : Le Temps retrouvé, Bouquins, volume 3, p. 740-741 ;
95 – Saint-Augustin : Les Confessions (Livre X), traduction de Patrice Cambronne, Bibliothèque de la Pléiade, p. 998-999 ;
96 – Saint-Augustin : Les Confessions (Livre X), traduction de Patrice Cambronne, Bibliothèque de la Pléiade, p. 999 ;
97 – Jorge Luis Borges : Le livre de sable, traduit de l’espagnol par Françoise Rosset, folio 1461, p. 28 ;
98 – Jorge Luis Borges : Le livre de sable, traduit de l’espagnol par Françoise Rosset, folio 1461, p. 98-99 ;
99 – Franz Kafka : dans une lettre adressée à son ami Oskar Pollak, 1904.

et alii dit: à

fort bien, on sait ici que je rappelle souvent W.Benjamin;je viens de le faire sur « la citation » qui le passionnait;ce n’est pas passé;tant pis bonsoir

puck dit: à

« Il me semble que l’autobiographie et l’auto-fiction règnent sur toute la littérature… sauf q’elles ont, -ou non, hélas alors !-, les transpositions et les à-côtés qui les déploient. »

exact !!! par exemple « vingt mille sous les mers » est tiré d’un épisode de la vie de Jules Verne.

Pareil pour « les androïdes rêvent-ils de moutons électrique » et « rapport minoritaires » sont aussi des textes autobiographiques de Philip K. Dick.

C’est vrai que ce dernier a eu une vie assez mouvementée peuchère…

et alii dit: à

d’ailleurs bien sûr P.Assouline n’a Jamais cité 99!

christiane dit: à

J’ai donc lu cette chronique de Camille Laurens « Nuits d’encre », en page 8 du Monde des Livres de ce vendredi 8 janvier, concernant la parution posthume de Nœuds de vie de Julien Gracq (chez Corti). Sans le commentaire de Paul Edel, sous le billet précédent et ce nouveau billet de Passou concernant le même livre, peut-être ne l’aurais-je pas évoquée.

Vous écrivez, Paul Edel, que dans sa conclusion Camille Laurens évoque « la posture élitiste » de Gracq et que « tout, alors, est dit ».
Je ne suis pas d’accord.
Elle termine cette phrase par une citation de Gracq définissant selon lui « le texte littéraire » : « non seulement quelqu’un nous parle à travers ce texte mais quelque chose aussi, qui est la langue comme saisie dans son droit-fil ».
Puis, par ces mots : « Cette exigence amoureuse fascine et emporte comme il l’aurait voulu, musicalement. » Idée qu’elle développe : « Cette marginalité altière a pourtant une seule raison d’être : l’amour de la langue, la crainte que le monde moderne ne la désagrège. Nœuds de vie est une ode à la littérature vraie telle que l’entend l’écrivain – celle ou la vérité ne s’oppose pas à l’erreur mais à l’informe. »
Son papier n’est pas inintéressant et on ne peut le résumer par une fixation sur « l’élitisme » de Gracq, cet orgueilleux irréductible.
Gracq, critique littéraire ? Hors ses analyses un peu sentencieuses de La Littérature à l’estomac ou des Lettrines, cette mise à l’écart de Pascal ou Flaubert (« L’Education sentimentale »), ces notes hostiles sur des auteurs tels que Nathalie Sarraute, Camus, Sartre, Joyce, Zola, Céline, Gide, Ponge… sa dénonciation du « jugement littéraire » de son époque, des spectacles « turlupinesques » qu’offrent les « grands prix littéraires » et la nocivité de l’effet médiatique pour ces « marottes de la gloire »… il reste un romancier qui place la lecture à la hauteur d’un songe, celui d’une proximité intense avec les choses simples de la vie, de forêts frissonnantes, d’eaux dormantes, de journées glissantes, fuyantes, magnifiées par son écriture poétique et sa passion de géographe dans l’évocation des paysages.
Lire et relire Les eaux étroites, Un balcon en forêt, Au château d’Argol, Les Carnets du grand chemin, Un beau ténébreux, Le Rivage des Syrtes… ces œuvres de solitude, où le fantastique se mêle au réel, c’est entrer dans la beauté, la transparence, les miroitements, les scintillements qui font « brasiller le texte », sa musique.
On achève jamais la lecture des romans de ce virtuose…

puck dit: à

et « le voyage de Gulliver » c’est l’équivalent chez Swift des Confessions de Rousseau ou de Saint Augustin : on voit à travers ce récit son rapport intime à la société.

Tout comme l’épisode de la naissance de Tristram est inspirée de celle de son auteur, avec le coup du pendule que son propre père avait oublié de remonter quand ils l’ont conçu, en fait le père de Sterne lui avait raconté cet épisode quand il avait 8 ans, forcément ça l’a marqué.

Bloom dit: à

Très franco-centrés, ces extraits, Baroz. Pas un auteur états-unien, ni espagnol, ni africain, ni arabe, ni indien, ni chinois…

Bloom dit: à

Pour le 69, tu aurais peut-être pu convoquer Anaïs Nin, ou le Fanny Hill de John Cleland…

puck dit: à

« Lire et relire Les eaux étroites, Un balcon en forêt, Au château d’Argol, Les Carnets du grand chemin, Un beau ténébreux, Le Rivage des Syrtes… ces œuvres de solitude, où le fantastique se mêle au réel »

ce que n’a pas vu la Camille c’est que le « Rivage des Syrtes » en fait c’est une autofiction, un peu comme elle avec son photographe quand elle lui dit ‘j’aime bien ton zoom il me fait penser au nez de Pinocchio », sauf que Gracq remplace l’appareil photo par un château.

Bloom dit: à

Un livre doit être la hache qui brise en nous la mer gelée.
– Kafka

Marx et Engels, Manifeste du Parti communiste:

[ La bourgeoisie] a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité traditionnelle, dans les eaux glacées du calcul égoïste.

Étonnant, non?

et alii dit: à

christiane, j’ai bien compris qu’on voulait me « normaliser »et que le yddish -et son écriture -était interditcomme tout ce qui étaitachkénaze; allégez de ma personne votre mémoire , et voici deux noms qui vous aideront:
sandrine treiner auteur d’une tombe sans nom, mais aussi de quelques gouts ( » Le Goût d’Odessa, Le Goût de l’Amour et Le Goût de l’Amitié (Mercure de France – 2005, 2008, 2010).)
et Manya Schwartzman, jeune révolutionnaire, quitte sa terre natale, la Bessarabie, pour construire le socialisme en Union soviétique et disparaît en 1937 dans les grandes purges staliniennes après ce dernier message aux siens. Pour traverser le fleuve, elle s’est émancipée des archaïsmes du monde juif, de son pays, de sa condition sociale. La Révolution n’était pas une pensée pour elle, mais une nécessité vitale.
qui semblent inconnus de vos ami-e-s
adieu

D. dit: à

Je propose de baptiser le variant anglais : Covid 2.1, update du 1.9, offrant de nouvelles fonctionnalités dont une contagiosité très améliorée.

Soleil vert dit: à

Un grand merci Jazzi pour cette leçon de littérature.
J’ai tout sauvegardé

D. dit: à

Profitez bien de ce dimanche parce que tout est réuni pour que d’ici 10 jours nous soyons partout en confinement « dur », avec fermeture de l’ensemble des établissements scolaires de France.

christiane dit: à

Et Alii,
Parfois vous êtes très con !

x dit: à

christiane, l’effet « petite phrase » (sortie de son contexte) a donc encore frappé.
Cela aura fourni l’occasion d’une très appréciable défense de l’exigence littéraire, même si apparemment injuste envers Camille Laurens (n’ayant pas lu son article, mais celui de Maurice Mourier dans En attendant Nadeau, il m’est difficile de savoir lequel des deux comptes-rendus en reflète le plus justement l’esprit, arrières-pensées comprises).

Mais je crains que vous ne soyez vous-même victime d’un effet semblable (et beaucoup plus dommageable, compte tenu de l’immense valeur de cette partie de l’œuvre gracquienne) vis-à-vis des positions de Gracq critique.
(Tout comme JJJ qui s’était jeté un peu vite sur ce qu’il pensait « l’os » (la pierre d’achoppement) Stendhal, pour faire bisquer Paul Edel…)
Un auteur au hasard : Ponge. Gracq lui serait « hostile » ?
Une réfutation au hasard : au détour d’un entretien avec Bernhild Boie (il s’agissait de montrer, ou non, les états successifs de ses textes, la référence à Ponge s’imposait donc): « Ponge, que j’admire sans réserve […] »

et alii dit: à

effectivement, christiane, je suis une femme, et ça vous étouffe vous aussi !
je croyais que féminin de con était conne mais cela se dit surtout sur la RDL
ADIEU

christiane dit: à

X
Aucune envie d’échanger avec vous.

Paul Edel dit: à

Christiane, pourquoi ai-je sursauté au mot « élitiste » dans l’article de Camille Laurens?consacré à Gracq dans »le monde » ? Parce que ça fait plus de 40 ans que j’entends cette scie.. On elimine des articles,des oeuvres parce qu’ils sont « élitistes. Bien des rédacteurs en chef des hebdos et des quotidiens suppriment ou laissent de côté des articles de leurs collaborateurs parce qu’ils sont « élitistes ». La presse préfère aujourd’hui, à chaque rentrée littéraire, un bouquin scandale sexuel, un livre accusateur, un déballage familial bien saignant, avec l’alléchante promesse d’un procès. La critique littéraire, au sens traditionnel, est sur la défensive, éliminée petit à petit par une presse « people « qui s’installe dans les pages littéraires des grands journaux. Heureusement, il reste des revues.. Pour un rédac chef il vaut mieux un scandale sexuel qu’une analyse complète d’un roman. Le feuilleton littéraire qui résiste dans les quotidiens allemands, est en vue de disparition ici. Sauf dans » le Figaro ou « le monde. « Élitiste » est un mot passe partout pour censurer. Je ne reviendrai pas là-dessus d’autant que je ne m’attendais pas à trouver ce mot de la part d’une agrégée de lettres qui siège à la table des Goncourt et qui a la chance de tenir justement le feuilleton prestigieux dans « le Monde »et qui a aussi la chance d’être publiée par Gallimard, éditeur qui a publié et republie Artaud, Ponge, Bataille,Desnos, Audiberti et qui publie ces jours ci en pléiade deux volumes Segalen..sans se soucier d’un soi disant élitisme.

X dit: à

Pour détendre les uns et les autres (probablement à mes dépens, tant pis), ceci qui ne semble plus être pertinent sur le fond, mais reste la langouste.

Modeste proposition en vers de mirliton, soumise à l’Académie de L’Erdélie dans le cadre du concours « Tester, alerter, protéger : quels écrivains faut-il confiner ? », permettant de distinguer les différentes élites littéraires au moyen d’un critère pragmatique économico-gastronomique.

Or ce petit monsieur
(L’air étriqué, sérieux)
A écrit de GRANDS livres.
L’éditeur en est ivre !

— Corti reconnaissant
L’invite au restaurant ?
Champagne, caviar, langouste,
Et vrai Saint-Honoré
Avec sa crème Chiboust ?

— Non, non, non. Pas un rond.
Ne jouez pas l’étonné !
L’élitisme ne paye pas.

— Ne manquerait plus qu’ça !

— Estime, admiration,
Las !, jamais ne feront
De romans escarpés,
À la langue soutenue,
Des ouvrages À SUCCÈS
(De ceux que l’on s’arrache).
Des « meilleures ventes » ? Macache !

— Le prestige ou l’pognon,
Il faut choisir. Breton,
Hedâyat, Gracq, Villiers,
Faut pas exagérer !
Et Gherasim Luca,
De Quincey… Allez ouste !
Cela vous apprendra;

rose dit: à

x

J’m bcp 👏

christiane dit: à

Oui, Paul, vous avez tiqué sur un mot, réduisant son analyse.
Pour le reste d’accord ! Je ne prise pas ces récits tellement semblables où certains n’en finissent plus de se décrire en victime… Marre des histoires de famille et de couples en perdition et impudiques ! Au moins avec Gracq on voyage ! Mais quel orgueilleux…

renato dit: à

Lorsqu’on regarde de près ceux qui parlent d’élitisme on observe un manque d’epesseur sans pareil — il est vrais que l’idée de démocratisation des arts élaborée dans les années 60 s’est vite transformé en un procès de paupérisation.

et alii dit: à

c’est drôle que sur ce blog où l’on calomnie, traite les femmes de « menteuse » de « garce » (sic!) avec des
« gifles  » vous n’inscriviez pas « rouste » -un mot français pourtant,dans le robert!

Jazzi dit: à

Merci, Soleil vert.

Et merci, x. Je ne connaissais par Marcel Cohen, mais il y a du cousinage dans nos recherches ! A part qu’il est nettement plus intelligent que moi.
Le tronc commun, qu’il ne cite pas, est probablement Georges Perec ?

Jazzi dit: à

« rouste », en voilà un beau mot qui rime avec « langouste », et alii !

C.P. dit: à

christiane, sur les « jugements hostiles », attention ! Dans « En lisant en écrivant » comme dans « Lettrines », il y a des variations, des ajouts et des corrections, dans un sens OU un autre.
Autre exemple que celui de Ponge, Céline : Gracq le dit tour à tour extraordinairement doué, même s’il s’avance « précédé de son clairon ». Puis que ses textes parfois vont vers l’égout…
Je crois que ces variations sont aussi des humeurs, qu’il faut accepter.
En sont bien représentatives les approches de Stendhal par Gracq. Il vaut mieux, comme pour d’autres écrivains, en retenir le plus sensible et un des meilleurs jugements que l’on ‘ait jamais portés sur un Stendhal alerte, dans ma mémoire.

Jazzi dit: à

Pour le concours ouvert par x, faisons un petit rappel :

Langouste,
Proust,
Chiboust,
ouste,
rouste

Jazzi dit: à

Garouste.

DHH dit: à

j’ajouterai Pampérigouste ce village familier aux lecteurs de Daudet
Allons à Pamperigouste manger la langouste (sur un air connu)

Clopine dit: à

Je n’avais pas fini de manger ma langouste
Qu’elle s’emporta soudain, me promit une rouste,
Je criais moi aussi, et je répétai « ouste !
Que te prend-il ainsi, à faire ta mangouste ? »

Jazzi dit: à

Vouste : Mouvement en cercle que le cavalier fait faire au cheval ; mouvement en cercle à la danse.

x dit: à

Le feuilleton littéraire, Paul Edel ?

Dans une famille modeste mais digne, la tante (tutrice de sa superbe nièce muette, et qui la surveille comme le lait sur le feu) gagne petitement leur vie en travaillant « au gouvernement régional, à classer des fiches. Les fiches étaient rangées dans des longues boîtes métalliques superposées. Quand elle n’en pourrait plus de classer des fiches, on la classerait à son tour, dans une boîte, métallique ou non. À quoi tout cela aurait-il servi ? »

Bref, on n’est pas dans l’élite, la crème de la crème, le gratin, le dessus du panier. Et quel plaisir reste à la tante quand elle rentre dans son triste logis ?
« La tante, chez elle, s’asseyait dans un fauteuil d’osier. Elle prenait un livre. Ou bien elle lisait le grand journal de Milan. La troisième page était pleine d’articles aigus, savants, supérieurs. Franca, pendant ce temps, préparait le dîner, mettait le couvert. […]
Elles dînaient en silence. La tante poussait de longs soupirs. Puis, ruminant l’étincelante substance humaniste et lettrée de la troisième page, la tante se couchait dans le grand lit […] »

Et quand Genio, le gouverneur épris de Franca, cherche des remèdes à cet amour mais aussi à toute forme d’enthousiasme, voici ce que cela donne :
« Il avait beau se répéter que les seins des belles jeunes filles distributrices sont pourriture, tout se termine par une vieille femme fatiguée, elle souffre des pieds, des reins, les quatre nouveaux gratte-ciel de Milan, fils de l’architecture et de la vitalité italiennes, s’écrouleront quelque jour sous la bombe ou sous la pioche, le journal quotidien lui-même, fier de sa troisième page sublime, finit aux latrines très souvent […] »

Les mentions de cette troisième page, et le contraste avec la rubrique des faits divers, reviennent tout au long du roman.
Visite impromptue du gouverneur au logis de la modeste employée (et de sa nièce)
« [La tante] avait une vieille blouse et des espadrilles bleues. Une seule était munie d’un lacet. Elle venait de se lever d’un vieux fauteuil d’osier. Elle tenait le journal ouvert à la troisième page, elle était en train de la lire quand il avait frappé. C’était une attestation d’intelligence et de philosophie. Cette troisième page quotidienne du grand journal de Milan est, en effet, aussi raffinée, aussi géniale que dans d’autres pays, les revues littéraires sur lesquelles, fièrement, peinent soixante personnes, soit qu’elles les rédigent, soit qu’elles les déchiffrent. Or, à Milan, tout le monde, un million de personnes, les employés, les fleuristes, les cordonniers, receveurs, balayeurs, lisent, chaque jour, la troisième page, tout naturellement, par plaisir. »
Élitisme pour tous ?

(Il s’agit bien sûr de Le maître de Milan, d’Audiberti.)

Janssen J-J dit: à

d’Ouste-Blasy ? un ex-ministre de la santé bin fatigué…

Clopine dit: à

Je trouve que le raisonnement de Paul Edel pèche quelque peu ; car, même si on le suit et qu’on constate que le jugement d »élitisme » sert à écarter tout ce qui peut paraître trop intellectuel, il n’empêche que la chose existe. Si Camille Laurens l’emploie pour Gracq, peut-être y est-elle tout simplement autorisée parce que c’est… exact ? Le billet de notre hôte souligne les partis pris quelque peu orgueilleux et jusqu »auboutiste de l’écrivain. Cela concorde avec le terme employé, non ? Je pense que Paul Edel, comme d’hab’, a enfourché un de ses dadas et qu’il le cravache, histoire de ne pas avoir à rendre compte de la complexité d’une oeuvre… élitiste…

Paul Edel dit: à

Je ne « cravache pas un dada », Clopine,comme vous le, dites avec élégance, je constate une situation et une évolution dans la presse et dans l’édition.

christiane dit: à

Bonjour, C.P.,
joie de vous lire et « Bonne année » à toute la famille !

Gracq… que de règlements de compte avec les mentors des médias (Sartre – la mauvaise conscience de l’existentialisme, la « vertu du désespoir » dans « La Nausée » ou « le rejet phobique du monde » – et Camus (« L’Etranger » en chemin vers « l’analgésie », ce Meursault qui tue « le réel où sa mère n’est plus ».), de critiques dites « d’annexion », devenues sectaires ! Quelle descente en flèche du Nouveau Roman (Préférences, Lettrines, En lisant en écrivant), ces « théoriciens de l’écriture blanche obsédés par « le détail-écran », son absence de respiration, « Sarraute qui résout ses conflits névrotiquement » en détaillant l’image pour elle-même faisant du réel « une chambre stérile ». A peine retire-t-il à ces « techniques privatives » Gide et Ponge,  » leur daignant un pouvoir créateur « possible » ! Sur Ponge : « […] je lui sais gré de nous avoir montré exemplairement que la courbe qui dessine les états successifs d’un texte est une asymptote destinée à ne jamais rejoindre tout à fait l’axe de la création achevée […] »
Il dénonce ces écritures où « l’obsession de la technique prime la véracité de l’inspiration » de ces « bricoleurs oulipiens », excluant le monde énorme du rêve ».
Heureusement, son approche sarcastique de Paul Valéry est un délice, « l’esprit le plus méphistophélique de la littérature ».
Oui, C.P., il en a épinglé des plumes d’écrivains ! Impertinent et drôle :
Céline ? « Moins une débâcle de la langue qu’un accident du tout-à-l’égout. »
Des personnages féminins de Mauriac ? « Entre le rut et le plongeon au pied de la croix. »
De R.Rolland ? »Cet écrivain qui exprime si bien la musique quand on en a retiré les notes. »
MAIS
« Mais si je pousse la porte d’un livre de Beyle, j’entre en Stendhalie […] un Eden des passions en liberté, irrigué par le bonheur de vivre, où rien en définitive ne peut se passer très mal, où l’amour renaît de ses cendres où même le malheur vrai se transforme en regret souriant. »
Et ces romans…
J’aime Grange et sa forêt, Orsenna face à l’ennui puis face à la mort, le « désert des Tartares », Aldo et la mer des Syrtes, l’île déserte de Vezzano, le Tängri neigeux, étincelant, « flottant comme un lever de lune au-dessus d’un léger voile mauve […] rayonnant comme une source de silence. »…

Ah, les romans de Julien Gracq…
Bonne soirée, cher C.P.

et alii dit: à

on peut innover

……………………époust
ou flan

D. dit: à

Bonjour C.P. Content de vous retrouver ici.

x dit: à

Clopine, avez-vous lu Gracq ?
La réponse ne rapporte ni n’enlève de points, mais je me permets de poser la question pour savoir si vous émettez un jugement personnel, de première main, sur les textes et l’écriture de Gracq, car la lectrice que vous êtes me semble absente de la dispute avec Paul Edel (qui se déroule sur des bases strictement générales et militantes).
Je précise qu’il ne s’agit pas de vous interdire d’émettre un jugement défavorable, bien au contraire, puisque ce sont VOS impressions de lecture que je préfèrerais lire, VOS arguments à l’appui de l’accusation d’élitisme. Et peu importe si nous ne sommes pas d’accord.

Je trouverais navrant de vous voir reprendre aveuglément une accusation uniquement parce qu’elle vous plaît, c’est-à-dire qui vous semblerait d’autant plus plausible qu’elle confirme un biais personnel (général). Ou parce qu’elle a été formulée par une femme (qui n’a rien d’une exclue du milieu littéraire ni du savoir académique, comme Paul Edel l’a rappelé). Sans savoir si cette charge VOUS paraîtrait ou non justifiée, si dans ce cas précis VOUS auriez adressé les mêmes reproches, tiré les mêmes conclusions.

Vous qui avez rencontré et combattu le même genre de préjugé bien installé dans l’esprit de vos « potes », parce qu’au lieu de vous laisser intimider ou détourner de Proust vous l’aviez découvert et aimé.
En m’adressant à vous, j’ai l’impression de me trouver à votre place et vous à la leur…

Et bien sûr, si vous avez lu Gracq sans y trouver aucun plaisir, s’il vous a prodigieusement barbée, si vous y avez trouvé des éléments probants d’une écriture hautaine clamant son mépris de lectrices telles que vous et faisant tout pour les repousser, si certains aspects de l’œuvre vous déplaisent, c’est une autre histoire : mais cela vaudrait la peine de le dire et de préciser lesquels.

Il ne s’agit pas de vous piéger : j’ai ce genre de discussions avec une amie d’enfance normalienne, agrégée de lettres, poète reconnue et bien publiée, etc. qui n’aime pas Gracq (il était au programme l’année où elle a passé l’agreg., ceci explique peut-être cela ? Lecture contrainte, etc.)

B dit: à

christiane, l’effet « petite phrase » (sortie de son contexte) a donc encore frappé.

Non, à moins que je n’auraient compris à l’article de CL, Christiane restitue plutôt bien l’esprit qui anime l’article. L’exigence va jusqu’au critique dont les arrêts surprennent tant les auteurs qui dans ces courts extraits donnés sont couronnés de laurier.
De Valéry, il déclare:

Valéry est le colosse de la pensée pour album ».

D. dit: à

Je viens de démarrer un nouveau tableau : Paul Edel chevauchant à cru un grand dada lancé au galop.

B dit: à

N’aie, ce fichu mécanisme .

B dit: à

Ceci posé et puisque vous y êtes, D, comment comprenez vous cette opinion?

D. dit: à

Quelle opignon, Bérénice ?

B dit: à

Si Camille Laurens l’emploie pour Gracq, peut-être y est-elle tout simplement autorisée parce que c’est… exact

Clopine de toute évidence n’a pas lu l’article ou JG ou ni l’un ni l’autre. L’élitisme de Gracq se situe dans une recherche formelle, à mon avis. Mais je ne suis prétendre à aucune expertise en la matière.

B dit: à

Puis.

D_ Colosse de la pensée pour album.

D. dit: à

Giscard, un colosse de la pensée ?
Bof.
Bof bof bof.

D. dit: à

Ceux qui n’ont pzs été chez le coiffeur, faites-le la semaine prochaine. Un petit conseil comme ça juste en passant.

B dit: à

De Nota écrivait hier que JG était un orgueilleux. J’ai lu Entretiens, recueil d’entretiens comme don titre l’indique et ce n’est pas l’impression qu’il laisse. C’est un homme discret, secret, distant, modeste qui n’a que faire des honneurs et ne souhaitait pas s’embarrasser d’obligations telles que signer des autographes là ou ailleurs.

https://www.jose-corti.fr/titres/entretiens.html

Clopine dit: à

B. , j’ai lu le rivage des Syrtes à 16 ans… Et je me souviens de mon étonnement quand j’ai constaté de fortes similitudes avec un livre de Buzzati « le désert des tartares »(et même une chanson de Jacques Brel. J’avais été envoûtée, chez Gracq, par le sentiment d’attente, de retenue, de non-vie : une stagnation du temps, très différente de ce qu’on trouve d’habitude dans les romans. Bref. Mais c’est en toute sincérité que, si j’y ajoute la lecture beaucoup plus tardive d’Un balcon en forêt, je ne trouve pas le terme d' »élitiste » si inapproprié que cela, et même, encore une fois, assez exact. Après, que ce mot serve à qualifier des usages dévoyés de l’édition, cela est sans doute vrai aussi. M’enfin…

B dit: à

Paul Valéry.

MC dit: à

La critique de Gracq est une critique de lettré, iconoclaste, à la Barbey. Et cet homme qu’on dit orgueilleux a tout de même écrit le bouleversant Roi Cophetua. Le prétendu ferme au Nouveau Roman a tout de même écrit la Presqu’île où il est difficile de ne pas percevoir comme très actuels l’ antihéros qui est au centre et la problématique de l’ enlaidissement des vieilles terres, ceci dès 1971. Enfin cet homme élitiste est capable de recevoir à l’ occasion de la sortie des Carnets du Grand Chemin un journaliste du Midi Libre, et , pour ne pas déroger à sa règle du pas d’interview littéraire, l’ entretenir dans une langue princière des équipes de Foot du Midi de sa jeunesse! Défiez-vous de ces écrivains qu’ on dit dénués de fantaisie, élitistes, et réduits à deux ou trois titres, toujours les mêmes. Bien à vous. MC

MC dit: à

B , nous nous rencontrons sur ce point. Je le crois plus taiseux qu’orgueuilleux. Ces entretiens furent d’abord enregistrés, me semble-t-il. Bien à vous. MC

D. dit: à

Ah, Paul Valéry ? Je ne connais pas. Ça vaut le détour ?

MC dit: à

Le problème, Clopine, c’ est qu’ a ce moment-là toute recherche stylistique se distinguant de la production courante peut être considérée comme elitiste. Je crois que c’ est cela qui énerve Paul Edel. Stendhal en son temps n’a que deux lecteurs , Balzac et Merimee. Ses livres ne marchent pas. Doit-on le juger élitiste parce qu’il se distingue du troupeau? Sur le rapprochement Syrtes Tartares, il existe une lettre ou Buzatti met les choses au point . Elle est dans un Cahier de l’ Herne sûr l’ un ou l’ autre. Bien à vous. MC. ( prière de ne pas lire LB, comme dirait JJJ l’ acronymophile!)

x dit: à

PPC

petitixe

renato dit: à

Adorno, dans Prismes : Critique de la culture et société, rappelle la célèbre proposition de Benjamin selon laquelle son œuvre fondamentale ne devait consister que de citations.

Clopine dit: à

Mais n’ai-je pas le droit de considérer que CL a le droit d’exprimer une opinion sans qu’on lui colle illico l’étiquette de néo-béotienne, au motif que le mot « élitiste » sert de paravent à une baisse de la qualité littéraire de l’édition ? C’est cet amalgame (quiconque se servant du mot « élitiste » étant considéré comme « tirant vers le bas » l’édition, bref populiste) qui me paraît abusif en l’espèce. Mais bon, je ne vais pas me battre non plus, et mon dada à moi n’est qu’un modeste baudet…

et alii dit: à

merci renato de confirmer mon évocation de W.Benjamin, j’ai trouvé sur la toile une page éclairanteà ce propos:
Louis Carré
L’art de citer selon Benjamin
Politique et métaphysique de l’histoire dans les Thèses de 1940
il y en a surement d’autres que les intéressés trouveront;
puisque comme vous l’ont dit les dames de la RDL je suis con parce que je n’ai pas compris que vous « vous en tapez » ; et que surtout leur question, c’est de commander imposer, dominer ; et que c’est pour elle une insulte que je me souvienne du premier colloque où j’ai entendu RACHEL Ertel qui avait pour titre celui du livre de CANETTI la langue sauvée : ce que je n4avais pas appris sur la RDL? NI SUR LA TOILE! comme on voudrait me le reprocher (je crois qu’il n’y avait pas encore d’internet!)
vraisemblablement ai-je aimé aussitôt J.G parce que je me retrouvais dans un autre « monde » que celui de ces « dames » qui disent « qu’elles savent »
le qui, le quoi, du comment que je ne tiens pas du tout à partager; et je crois que c’était l’année du bac; plus tard, j’ai imaginé d’habiter Angers que je connais un peu ; mais ma santé fut plus exigeante;
comme elle ne s’accommode de la compagnie erdélienne,je vous salue en vous souhaitant à tous le plus de plaisir de lecture et d’écriture,
et vous indique une video avec Ertel pour vous tranquilliser sur mes sources :
Hommage aux résistants juifs – 1939-1945
avec Denis Peschanski, Hervé Nathan, Martine Gozlan et Rachel Ertel

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