de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature de langue française

Lacombe Lucienne, vraiment ?

Lacombe Lucienne, vraiment ?

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Qui ne connait cette photo-là ? C’est la plus iconique de toutes celles prises à la Libération de la France. Elle est l’incarnation de ce que l’on a appelé l’épuration sauvage, cette justice au coin du bois, plus expéditive que l’épuration légale dont les tribunaux furent le théâtre. L’un des romans de la rentrée littéraire y est consacré, en s’appuyant naturellement sur l’Histoire mais en prenant de telles libertés avec elle qu’il engage à réfléchir aux limites. Inutile de la reproduire, il suffit de la décrire pour qu’elle revienne en mémoire : une femme au crâne fraichement rasé, croix gammée marquée au […]

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De quelques romans de la rentrée  (3)

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Il y a deux ans, son Murnau des ténèbres avait été remarqué. Nicolas Chemla y révélait déjà un certain attrait pour les messes noires et compagnie. Avec L’Abîme (304 pages, 21 euros, Le Cherche-midi), titre qui doit peut-être à un fameux aphorisme nietzschéen (« Celui qui combat des monstres doit prendre garde à ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardes longtemps un abîme, l’abîme regarde aussi en toi », traduction de Cornelius Heim), il va plus loin et s’enfonce dans un univers de mysticisme et d’ésotérisme. On y suit la descente aux enfers d’un Américain plongeant irrésistiblement dans des abîmes sexuels […]

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De quelques romans de la rentrée (2)

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Francis Bacon a-t-il eu seulement une nourrice ? Et d’abord l’a-t-elle vraiment élevé jusqu’à le suivre dans ses pérégrinations une fois adulte ? A la limite, on s’en fiche ; on n’ira pas vérifier car on y croit dur comme fer dès lors que Maylis Besserie est notre guide. Son roman La nourrice de Francis Bacon (247 pages, 20 euros, Gallimard) clôt une trilogie irlandaise commencée avec Beckett (Le Tiers-temps, 2020), poursuivie avec Yeats (Les amours dispersées, 2022) et achevée là avec Bacon. Car cette écrivaine a vraiment l’Irlande chevillée au corps, à l’esprit, à l’âme. L’écriture en est fine, précise, charnelle, […]

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De quelques romans de la rentrée (1)

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Dommage que la personnalité d’Eric Rheinhardt et, partant, son œuvre soient aussi clivantes (citez son nom et vous ne récolterez que des réactions radicales pour le meilleur et pour le pire). C’est regrettable et l’on ne peut qu’engager les lecteurs à passer outre car son nouveau roman Sarah, Suzanne et l’écrivain (432 pages, 22 euros, Gallimard) en vaut vraiment la peine. Comment un détail (la découverte d’un acte de propriété de la maison achetée par le couple puis celle des pratiques solitaires du mari, la nuit, isolé dans sa cave) bouleverse l’équilibre d’une famille apparemment tranquille et l’effondre. Le détail […]

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De Caracas en Orénoque

De Caracas en Orénoque

Albert Bensoussan

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Petite Venise ou grande flaque d’eau (si l’on en croit l’étymologie de son nom), le Venezuela qui est le premier au monde en réserve de pétrole, est devenu aujourd’hui l’un des tout derniers, avec un taux d’émigration très élevé — selon l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), plus de 4,6 millions de migrants —, et montré du doigt par l’ONU pour ses violations des droits de l’homme, aujourd’hui comme hier. Jean-Louis Coatrieux, dans Natcho, l’enfant du barrio (Riveneuve, 2023, 262 p., 21 €) va saisir le problème  à la fin des années 80, le pays étant dirigé par […]

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Le temps tel le grand Condor des Andes

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De quoi parle-t-on lorsqu’on parle du Chili aujourd’hui ? De l’insécurité permanente créée par le narcotrafic et de l’indice de la peur au plus haut à Santiago et Iquique. Des difficultés du pouvoir à réformer la Loi fondamentale après la victoire de la droite conservatrice et de l’extrême-droite aux élections au Conseil constitutionnel. De la récente décision du président (de gauche) Gabriel Boric d’envoyer l’armée patrouiller dans le nord (région de Tarapaca) afin de refouler les milliers de réfugiés vénézuéliens qui fuient leur pays la misère au ventre, confinant de facto ces migrants dans une kafkaïenne zone grise où ils ne […]

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Comment Jean-Paul Kauffmann a tué l’obscur ennemi

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Que peut-on encore écrire une fois qu’on a « mangé le morceau » ? Entendez par là : une fois que l’on s’est délivré par la plume du secret qui nous empresse. Roger Stéphane avait l’habitude de poser cette question rhétorique dont il savait la réponse (« Plus rien ou presque dès lors que l’essentiel a été enfin dit ») en s’appuyant sur l’exemple de Julien Green dont il jugeait l’œuvre asséchée après qu’il eut révélé dans son journal son homosexualité née d’un grand amour de jeunesse rencontré à l’université de Virginie. Jean-Paul Kaufmann a mis trente-huit ans et une dizaine de livres avant d’oser débuter […]

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Manchette remet le couvert

Manchette remet le couvert

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Après le Journal, les Entretiens. On se souvient, du moins les aficionados dont je suis, les lecteurs jamais rassasiés de Laissez bronzer les cadavres, L’Affaire N’Gustro, O dingos, ô chateaux !, Nada, Que d’os !, Le petit bleu de la côte ouest, La position du tireur couché découverts en leur temps dans le jus des années 70 ce qui modifie la perception, se souviennent du plaisir procuré par la parution en 2008 du Journal 1966-1974 (édité par son fils Doug Headline, Gallimard) peu après celle du Quarto rassemblant l’essentiel de sa fiction sous le titre Romans noirs (2005). L’essentiel s’y trouvait. L’essentiel ? Ce […]

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Deux fois Kafka avec autant d’empathie

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Vingt ans. Il aura fallu attendre vingt ans pour voir paraitre la version française de « la » biographie de Franz Kafka, celle qui fait autorité sous la signature la plus célébrée du plus éminent des spécialistes de son œuvre et, surtout, de sa vie. La première grande biographie alors qu’il existe des dizaines et des dizaines de livres sur des morceaux de sa vie et sur l’analyse partielle de son œuvre. Ce paysage morcelé d’alvéoles a encouragé Rainer Stach à prétendre embrasser la totalité. Il est vrai que l’entreprise avait de quoi faire hésiter ; elle a même fait renoncer Gallimard, l’éditeur […]

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Présence des morts

Présence des morts

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Peut-être certains s’en souviennent-ils : le titre de ce billet est emprunté à celui d’un livre d’Emmanuel Berl paru en 1956. Un beau titre pour un récit s’interrogeant sur les traces mnésiques que laissent en nous les personnes qu’on a connues et parfois aimées, certaines réduites à un halo des plus flous, d’autres marquées par une présence insistante. Que faire de ses fantômes ? Dans la masse des livres récemment publiés, deux se font l’écho de ce souci des disparus. L’un baigné d’une mélancolie des plus sombres, l’autre non sans une certaine allégresse. Mais les deux rappellent au fond à leurs fidèles […]

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