de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature de langue française

Présence des morts

Présence des morts

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Peut-être certains s’en souviennent-ils : le titre de ce billet est emprunté à celui d’un livre d’Emmanuel Berl paru en 1956. Un beau titre pour un récit s’interrogeant sur les traces mnésiques que laissent en nous les personnes qu’on a connues et parfois aimées, certaines réduites à un halo des plus flous, d’autres marquées par une présence insistante. Que faire de ses fantômes ? Dans la masse des livres récemment publiés, deux se font l’écho de ce souci des disparus. L’un baigné d’une mélancolie des plus sombres, l’autre non sans une certaine allégresse. Mais les deux rappellent au fond à leurs fidèles […]

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Le prix Nobel de littérature consacre l’oeuvre d’Annie Ernaux

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En proclamant hier la romancière Annie Ernaux, 82 ans, lauréate du prix Nobel de littérature 2022, l’Académie suédoise a justifié son choix en soulignant « le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle ». Celle-ci a aussitôt répondu en évoquant « l’honneur » qui lui était fait et la « responsabilité » qui lui en incombait. Accessoirement, Jean-Luc Melenchon a tweeté : « On en pleure de bonheur. Les lettres francophones parlent au monde une langue délicate qui n’est pas celle de l’argent ». Laissons-le à ses larmes extra-littéraires mais il n’en est pas moins vrai […]

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De quelques autres romans dont on parle aussi

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Faut-il vraiment considérer un roman comme un organisme vivant doté d’un cœur battant et ses deux ventricules, le réel et la fiction ? En tout cas, Isabelle Desesquelles illustre une fois de plus cette conception dans Là où je nous entraine (288 pages, 20,90 euros, Lattès) mais avec plus d’intensité encore que dans ses précédents livres. A croire qu’elle a tout jeté dans l’affaire, tout ce qu’elle avait de plus intime et de plus précieux comme on joue son va-tout. Et pour cause : nous voilà embarqués dans l’histoire de deux petites filles dont la mère, dépressive et romantique, traductrice du russe mais du […]

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De quelques livres dont on parle

De quelques livres dont on parle

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Il faudrait être bouché à l’émeri, comme disait Anatole France, pour ne pas avoir entendu parler en bien de Cher connard (344 pages, 22 euros, Grasset). La chose fait un tabac en librairie, la plupart des médias l’ont chroniquée, la critique se pâme d’admiration (à de rares exceptions près, Eric Naulleau et Lucile Commeaux notamment). Alors, que se passe-t-il ? Même si Virginie Despentes (Nancy, 1969) a souvent connu l’ivresse des hauts tirages, cette fois il en va autrement. Son éditeur a eu la bonne idée de publier son livre le 17 août quand il n’y a personne ou presque en face, […]

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La bonne surprise de la rentrée : un monstre de 900 pages !

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Ce qui frappe de prime abord dans Le Cœur ne cède pas (26 euros, Flammarion), c’est ce qu’il faudrait négliger, mettre à distance, oublier d’emblée. A savoir son énormité (908 pages grand format et 1,5 kgs au jugé), même si au lit, dans un fauteuil, dans le métro, celle-ci s’impose au lecteur désagréablement, la chose n’étant vraiment pas maniable. Las ! Une fois cet obstacle vaincu, Grégoire Bouillier nous entraine dans une incroyable expérience de lecture, une aventure littéraire qui tient en haleine pendant des jours et des nuits. Moins celle de son héroïne Marcelle Pichon que la sienne propre, leurs […]

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« Guerre » et la guerre, clés de Louis-Ferdinand Céline

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Pas un fond de tiroir ni un rogaton, Guerre (édition de Pascal Fouché, avant-propos de François Gibault, 182 pages, 19 euros, Gallimard) de Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), premier de ses textes inédits exhumés l’an dernier, est incontestablement une pièce d’un des puzzles les plus fascinants de l’histoire littéraire du siècle passé. Un chainon manquant dans la geste autobiographique de l’écrivain. Ferdinand, seul rescapé d’une compagnie décimée par un obus allemand pendant la première guerre mondiale, rencontre dans son errance un soldat anglais avec lequel il se rend à Ypres avant d’être soigné. Même si cela commence sur la ligne de front, […]

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Le (premier) centenaire d’un grand poème

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Notre pays a-t-il jamais fêté l’anniversaire d’un grand poème en langue française ? Moi non plus, je ne vois pas, aucune date qui s’impose à l’esprit. Oh certes, en fouillant dans les catalogues annuels des célébrations et commémorations nationales (avant qu’une stérile querelle sémantique ne les enterre), on y trouverait probablement un hommage de la nation à la Balade des pendus ou Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage ou L’Albatros ou encore au Bateau ivre. Mais un grand poème unanimement tenu pour un classique moderne et qui ait dominé le XXème siècle dont il est issu ? On a […]

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Celle qui est ce qu’on veut qu’elle soit

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Soit Eve, une jeune femme dans le Paris d’aujourd’hui, que la perspective de la mort, envisagée avec mélancolie mais sans tristesse, rend de son propre aveu décalée, inactuelle. Plus elle ressent l’absence d’un père de toute façon incertain, et l’abandon d’une mère avant tout soucieuse de son bon plaisir, plus elle se réfugie dans la littérature. Non pour l’écrire mais pour la lire. Des livres jusqu’à plus soif et parfois des manuscrits. Le jour où elle entend sa mère confier à l’un de ses amants de passage qu’il serait temps de l’« initier », on se dit : air connu. Ce n’est pourtant […]

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Pascal Quignard dans la nuit de sa musique intérieure

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Peut-on dire d’un roman qu’il est splendide ? On peut, et pas seulement sur le plan le plus évident, esthétique ou artistique, d’autant que l’on a rarement l’occasion de le faire. Dès la première page de L’amour la mer (400 pages, 22 euros, Gallimard), le pacte de lecture engage à s’accorder au rythme propre à l’auteur, à la cadence intérieure de Pascal Quignard. Ou pas. Ceux qui l’aiment prendront ce train et ne le regretteront pas. Car tous les Quignard sont convoqués sous la signature de ce livre : le conteur, le musicien, le romancier, le poète, le fragmenteur, l’essayiste, le moraliste, tous […]

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Enfin, deux écrivains s’empoignent avec l’Indochine française !

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On ne dira pas que la guerre d’Indochine (1946-1954) obsède nos contemporains. Elle est nulle part quand la guerre d’Algérie est partout. Aussi il est remarquable qu’elle ait inspiré à deux anciens lauréats du prix Goncourt la trame de leur nouveau livre. Moins le conflit lui-même que l’Indochine française. Une sortie honorable (199 pages, 18,50 euros, Actes sud), le récit d’Eric Vuillard (Lyon, 1968), s’ouvre sur une inspection du travail dans une plantation Michelin d’hévéas en proie à une « épidémie de suicides » en Indochine en 1950 au lendemain du massacre de deux colonnes de l’armée française dans la jungle de Cao […]

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