Littérature étrangères

Le Festival du livre de Paris s’apprête à accueillir l’Italie comme invitée d’honneur. Les projecteurs seront ainsi braqués, l’espace d’un week-end sur sa littérature donnant ainsi lieu à l’habituelle grande messe comme seul le microcosme littéraire parisien sait la faire. On aura ainsi droit à une déferlante médiatique dans laquelle on tentera de cerner les mystères insondables de la littérature transalpine. Déjà le Figaro littéraire donne le ton : « L’Italie, le pays des géants », titre flatteur s’il en est, qu’accompagne la photo de deux totems : Alberto Moravia et Erri de Luca suivi par les comptes rendus sur les nouveaux adoubés (Vincenzo Latronico, Teresa […]
lire la suite .../ ...
988
commentaires
Rares sont les écrivains avec lesquels je ressens de profondes affinités, pour lesquels j’ai éprouvé dès la découverte de leur œuvre une évidente familiarité, auxquels je me suis attaché pour des raisons tant littéraires que purement humaines, sans les avoir jamais rencontrés, ni croisés, ni interviewés. Javier Marías en était. C’est peu dire que l’annonce de sa mort le 11 septembre 2022 à 70 ans m’a touché, une émotion inexplicable à ceux qui ne placent pas la littérature dans les hauteurs de l’art, une émotion ravivée par la parution à titre posthume de son dernier roman Tomás Nevinson (Tomás Nevinson, […]
lire la suite .../ ...
1
commentaire
On a beaucoup glosé sur la traduction, ses théories et sa pratique, beaucoup moins sur la relation du traducteur avec l’auteur. Il est vrai que cet angle d’analyse ne devient vraiment intéressant que si l’un ou l’autre des protagonistes s’exprime sur le sujet. Que dire alors de la fascination que peut provoquer l’exercice lorsqu’il est mené par un traducteur qui a introduit dans la langue française, en exclusivité et pendant un demi-siècle, tous les romans et essais – soit une bonne cinquantaine, sans compter les innombrables articles – d’un auteur parmi les rares dont la figure surplombe la vie littéraire […]
lire la suite .../ ...
4
commentaires
Le Paradis ⸺ un peu plus loin peut apparaître comme une métaphore de la traduction. Qui est quête insensée et vaine de ce lieu de nulle part, cette utopie à laquelle croyait naïvement tel théoricien dogmatique assénant cet absurde postulat : « À une œuvre donnée correspond une traduction et une seule ». Mais le traducteur vit dans ce mythe et cette croyance : il va tout faire pour gagner comme Koké ─ Gauguin pour les Maoris ─ le rivage mythique du paradis terrestre. Sauf que, comme lui, ce traducteur verra, indéfiniment, la terre se dérober sous ses pas et […]
lire la suite .../ ...
938
commentaires
Cela parait à peine croyable mais il n’existe pas de biographie en français de Thomas Mann (1875-1955), malgré le statut de l’écrivain et le rayonnement de son œuvre, alors qu’on ne compte plus celles consacrées à des seconds couteaux, des demi-soldes et des personnages du second rayon du XXème siècle littéraire. On trouve en traduction des essais sur son oeuvre ou des enquêtes sur l’ensemble de la famille Mann mais pas de biographie alors qu’elles ne manquent pas en allemand (en 1996, il en parut trois dans la même semaine). Serait-ce que les Français le considèrent comme trop daté ? Qu’ils […]
lire la suite .../ ...
4
commentaires
L’écrivain de Medellín n’a pas son pareil pour ouvrir une fenêtre grand angle sur sa Colombie. Il est vrai que, comme beaucoup de romanciers, a fortiori latino-américains, il fut et il est, aussi, journaliste. Il en a même tiré un livre journalier, Lo que fue presente (2019) qu’on pourrait traduire par Le présent du passé (au cas où un éditeur français serait preneur). On le connaît chez nous par ses deux grands romans, L’oubli que nous serons (2010), chant d’amour à son père assassiné par des sicaires à la solde d’« allez savoir qui », et qui était médecin hygiéniste et… président […]
lire la suite .../ ...
1142
commentaires
Javier Marías, « écrivain-clé de la littérature en espagnol » comme le dit dans un gros titre El Pais (et pas seulement « de la littérature espagnole », ce qui serait plus restrictif) vient de mourir d’une pneumonie à Madrid à l’âge de 70 ans. Outre la peine que suscite la nouvelle tant l’homme derrière l’écrivain était attachant, c’est une grande perte non seulement pour la création romanesque contemporaine (son œuvre était traduite dans quelque quarante langues) mais pour tous les lecteurs qui ont pu pendant des années apprécier son humour, sa causticité, son indépendance d’esprit, son non-conformisme et surtout son sens critique dans […]
lire la suite .../ ...
1211
commentaires
Voilà un écrivain à qui nul de bonne foi ne pourra reprocher d’écrire chaque fois le même livre, contrairement à tant d’autres qui se tiennent au genre qui a fait leur succès à leurs débuts. Lui aurait pu également ayant donné ses lettres de noblesses à la novela sin ficción (roman sans fiction) avec des livres acclamés tant par la critique que par le public, et couronnés de prix, des Soldats de Salamine au Monarque des ombres en passant Anatomie d’un instant et L’Imposteur. Changer de genre, fut-ce provisoirement, est le plus souvent perçu comme une tentative de renouvellement au risque d’y […]
lire la suite .../ ...
934
commentaires
A priori, ce n’est rien. Juste un mot de trop à remplacer par un mot qui conviendrait mieux. Sauf qu’un mot suffit à déclencher des tempêtes. Aux Etats-Unis depuis quelques années et désormais en France. Là-bas, on l’appelle « the n-word ». Un vrai tabou puisqu’il est décrété imprononçable et inimprimable. Quel mot commençant par un « n… » ? Nigger/ nègre. Après Agatha Christie qui a dû se retourner dans sa tombe en apprenant que ses célébrissimes Dix petits nègres étaient devenus d’anodins Ils étaient dix, c’est au tour de Joseph Conrad de faire les frais de ces mesquines opérations de petit remplacement. L’objet […]
lire la suite .../ ...
5
commentaires
Un siècle après, l’Espagne redécouvre son plus grand et prolifique romancier du XIXe siècle, le Balzac ibérique, et dans le même temps l’édition française entend redonner voix à la Comédie humaine de cet immense écrivain. Et ainsi voisinent sur la table la grandiose étude que l’hispano-péruvien Mario Vargas Llosa consacre à l’hispano-canarien Benito Pérez Galdós (1843-1920), et ses « Romans de l’interdit » qui paraissent aujourd’hui en France. En marge de son œuvre immense et de ses cinquante titres, l’écrivain Vargas Llosa s’est toujours interrogé sur la démesure de certains romanciers qui, d’une façon ou d’une autre, ont interféré avec son écriture. […]
lire la suite .../ ...
8
commentaires