de Pierre Assouline

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La République des livres
N° 48 Lady Di et la charge mentale

N° 48 Lady Di et la charge mentale

Par Jacques Drillon

La beauté inouïe de Sharon Stone, légèrement vieillissante, dans The new Pope, de Sorrentino. Noblesse, finesse, intelligence, féminité. Son accent américain, ignoble.

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Le goût de Toulouse-Lautrec pour les rousses.

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Pour avoir un peu moins de plomb dans la cervelle :

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Liste complète, exhaustive et intégrale des aliments industriels supérieurs à leurs homologues faits maison :
– La mayonnaise
– La tarte au citron meringuée
– Les pommes de terre chips.

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Les Chinois, qui ouvrent des « Institut Confucius » un peu partout, pour diffuser leur langue. Il y en a 525 dans le monde, dont 14 en France. Et 650 bourses d’études par an. Céline, qui voyait les Chinois s’avancer jusqu’à Cognac, finira par avoir raison. On écrira son nom ainsi :

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La tête du premier paysan, du premier maçon, auquel Pascal présenta son invention : la brouette. Ses yeux brillants !
– Sacrré Dié !… C’est encorre plus valab’ qu’les Prrovinciales, didon !

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(Suite)
Et puis le paysan, le maçon, apprend dans Wikipédia que la brouette est bien antérieure à Pascal :
– Saprristi ! Va falloirr s’contenter du calcul differrrentiel !
Il remet son casqueton, et s’en va, hochant la tête d’un air entendu.

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D’après le pompier qui l’a sortie de sa voiture, les dernières paroles de Lady Di : « What happened ? »

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Une journée sans lettre, sans mel, sans coup de téléphone, sans rien.

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L’idiote qui vient d’inventer la culotte fendue, dont la fonction est de faire « respecter l’intimité des femmes pendant les examens gynécologiques ». Tout le monde sait que de telles culottes existaient déjà, mais qu’elles était vendues dans les sex-shops. Elles n’étaient pas destinées à faire « respecter l’intimité des femmes ». Justement pas.

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Le pianiste Raymond Lewenthal, attaqué en 1953 dans Central Park par des voyous, qui lui brisent bras et mains.

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Hardy, et ses 600 pièces de théâtre.
Lope de Vega, et ses 3 000 sonnets, ses 9 épopées, ses 1 800 pièces profanes, 400  religieuses, ses romans. (Autant de maîtresses et d’enfants illégitimes.)
Hardy : petit bras.

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Ceux qui disent Léonard de Vinci ; ceux qui disent Léonard ; ceux qui disent Vinci.

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La vieille clocharde du boulevard Magenta, infâme créature, affalée, formant tas commun avec ses sacs, ses couvertures, ses cartons, s’épilant les sourcils avec le plus grand soin.

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(Dernière minute)
Affaire Polanski/Césars. Extrait d’un entretien donné à Slate.fr par Samantha Geimer, violée par le cinéaste en 1977 – et seule personne ayant obtenu condamnation du cinéaste, avant de demander qu’on n’en parle plus.

« Je ne sais pas pourquoi le grand public est si hostile à la vérité. »

« Je ne suis pas du tout d’accord [avec Adèle Haenel]. Demander à toutes les femmes de supporter le poids de leur agression, mais aussi de l’indignation de tout le monde pour l’éternité, c’est cracher au visage de toutes celles qui se sont rétablies et qui sont passées à autre chose. »

« Personne n’est en droit de dire à une victime ce qu’elle doit penser et comment elle doit se sentir. Lorsque vous refusez qu’une victime pardonne et tourne la page pour satisfaire un besoin égoïste de haine et de punition, vous ne faites que la blesser plus profondément. »

« Une victime a le droit de laisser le passé derrière elle, et un agresseur a aussi le droit de se réhabiliter et de se racheter, surtout quand il a admis ses torts et s’est excusé. »

« J’ai vu que le mouvement #MeToo dégénérait et devenait un phénomène négatif. C’est un mouvement qui aurait dû nous donner de la solidarité et de la force, mais il s’est vite mis à marcher sur la tête. »

« Si nous voulons que la société et les hommes évoluent, je ne crois pas que les diaboliser et les stigmatiser jusqu’à la fin de leurs jours soit une bonne idée. Quel agresseur voudra admettre ses torts si son crime est une dette qu’il ne pourra jamais payer? Et quelle victime voudra dénoncer son agression si elle lui colle pour toujours à la peau? »

« Dès le début de l’affaire, on fit pression sur moi pour que je paraisse le plus “mal en point” possible, afin de passer pour une “bonne victime”, conseil que je n’ai pas suivi une seule fois. » « Je n’ai jamais pu comprendre que tant de gens aient souhaité me voir aller mal. Comme s’il fallait que je sois détruite pour que leur colère et leur indignation aient un sens. » « Vouloir que les victimes aient perpétuellement mal, comme si c’était la seule manière de prouver qu’un viol est un crime, est aussi terrible qu’absurde. C’est une autre manière de contraindre les femmes, de les contrôler, de les persuader qu’elles sont faibles. »

j.drillon@orange.fr

(Tous les vendredis à 7h 30)

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Cette entrée a été publiée dans Les petits papiers de Jacques Drillon.

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