de Pierre Assouline

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La République des livres
Présence des morts

Présence des morts

Peut-être certains s’en souviennent-ils : le titre de ce billet est emprunté à celui d’un livre d’Emmanuel Berl paru en 1956. Un beau titre pour un récit s’interrogeant sur les traces mnésiques que laissent en nous les personnes qu’on a connues et parfois aimées, certaines réduites à un halo des plus flous, d’autres marquées par une présence insistante. Que faire de ses fantômes ? Dans la masse des livres récemment publiés, deux se font l’écho de ce souci des disparus. L’un baigné d’une mélancolie des plus sombres, l’autre non sans une certaine allégresse. Mais les deux rappellent au fond à leurs fidèles lecteurs que l’œuvre entière de leurs auteurs respectifs pourrait être ceinte du bandeau « Présence des morts ».

Gardons-nous d’y voir le reflet de l’autocomplaisance, l’ombre d’un atavisme familial ou l’écho d’un tropisme bien ancré. C’est juste qu’une absence, aussi soudaine que cruelle, les a fondés comme écrivain et qu’ils n’en ont jamais fait leur deuil. La mort d’un frère a été pour l’un comme pour l’autre l’évènement capital de leur vie et la matrice de tous leurs écrits. Ils en sont hantés tout en étant éclairés par le souvenir radieux des disparus. Jérôme Garcin y revient à nouveau dans Mes fragiles (102, 14 euros, Gallimard) et comment pourrait-il être autrement. Quoi qu’il écrive, ses pages semblent inéluctablement frappés de l’invisible sceau de l’accident : un jour de 1962, son frère jumeau ouvrit la portière arrière de la voiture pour traverser la route le regard attiré par une vache ; une voiture roulant à vive allure le faucha ; ils avaient 6 ans.

Quelques années après, leur père encore écrasé de chagrin, mourut à 45 ans d’une chute de cheval après un galop menacé d’emballement. Un destin semblable à celui de son beau-père, le comédien Gérard Philippe, mort 37 ans d’un cancer du foie. Et ces derniers temps, cet homme qui a la famille chevillée au corps, a soutenu jour après jour sa mère, une catholique lumineuse, rayonnante, positive et optimiste dans ses engagements malgré tout, s’éteignant dans l’atroce agonie d’une insuffisance cardiaque, rongée par l’ostéoporose. Et, quelques mois après, son autre frère, un garçon « différent » dont il avait la tutelle. Une mère aussi paysagiste que le frère était cubiste. 89 ans et 55 ans mais la peine ne se mesure à l’aune de la durée. Ainsi résume-t-on aussi des tempéraments quand les concernés taquinent la toile.

Deux ans à errer d’un hôpital à l’autre entre les deux pour assurer la veille, angoisse décuplée en temps de covid. Et après, ces disparitions consécutives, celle d’une tante maternelle aimée comme une mère. Tant de morts dont les ombres portées lui font cortège. De quoi s’interroger sur une fatalité génétique qui scellerait le destin des siens : le syndrome de l’X fragile, une anomalie du gène transmise depuis les arrière-grands-parents maternels entrainant des troubles du comportement, une déficience intellectuelle, une variante d’autisme etc mais quel concentré d’angoisses que ce « etc ». Cumulé aux facteurs de comorbidité, notamment l’obésité et le diabète, ce syndrome mène droit à l’inéluctable. De quoi se sentir responsable de l’avoir propagé chez les siens. Il ignorait avoir ce mal en lui. Mais est-on coupable d’avoir propagé ce que l’on ne savait abriter en soi ? Après, il en faut des chevauchées au galop sur les plages normandes pour mettre à distance cette hantise.

Mes fragiles, c’est beaucoup de tristesse. Elle sourd de toutes ses pages. Nul doute que ce qui se lit les larmes aux yeux a été écrit les larmes aux yeux. Son écriture est d’une précision telle qu’elle densifie jusqu’au moindre halo, jusqu’à la plus infime note poétique telle que Jean Tardieu la définissait : « Lorsqu’un mot en rencontre un autre pour la première fois ». Ce bouleversant « Livre des évocations » oppresse la lecture. L’auteur aura passé sa vie d’écrivain à ne pas réussir à faire son deuil. Car à chaque livre ou presque, un mort le rattrape qui vient raviver les anciennes douleurs.

Sa famille de papier sera bientôt plus nombreuse que sa famille de chair et de sang. Heureusement, il y a toujours du Gracq en Garcin, son maitre à écrire (ici lire un extrait). A ceci près qu’ici, la généalogie ayant remplacé la géologie, et les aïeux les pierres, le paysage est familial. Au fond, de toute la tribu des Garcin, le plus fragile c’est lui, l’auteur. Mais quelle force il lui a fallu pour écrire tout cela, quelle résistance, quelle résilience pour ne pas s’effondrer, trouver les mots pour tout raconter sans jouer sur les émotions ou le pathos, et à la fin donner un récit comme un frémissement. Décidément, Cioran avait raison, au moins sur ce point-là :

« On écrit des livres pour y dire des choses que l’on n’oserait confier à personne ».

Le mot du moraliste de la rue de l’Odéon vaut aussi bien pour Nathalie Rheims. Elle non plus, une vingtaine de livres plus tard, n’en sort pas. D’une manière ou d’une autre, ce qu’ils disent excèdent ce qu’ils racontent : depuis son tout premier L’un pour l’autre (1999) quand bien même l’acteur Charles Denner en était-il le héros, ils sont tous secrètement irradiés par la disparition prématurée de son frère adoré Louis à 33 ans. D’autres disparus viennent hanter ses livres. Mais à la différence de ceux de Jérôme Garcin, on dirait que le premier d’entre eux a absorbé tout le chagrin, que toutes ses larmes s’y sont concentrées et qu’un optimisme et un élan vital indestructibles, qui ne sont pas sans rappeler ceux de son père Maurice Rheims, la maintiennent malgré tout.

Là encore vient roder la hantise de la fatalité génétique, laquelle l’a obligée à subir une greffe du rein, ainsi que sa sœur, après avoir longtemps été reliée par intermittence à une machine, comme leur mère. Car chez eux la malédiction héréditaire ne touche que les femmes. Il y a de cela dans Au long des jours (170 pages, 17 euros, Léo Scheer) même et surtout s’il ne s’agit pas de cela mais de l’un de ses disparus : l’acteur-chanteur-compositeur Marcel Mouloudji (1922-1994). A 18 ans, alors comédienne débutante, elle vécut une passion amoureuse avec lui alors qu’il était marié, père de famille et son ainé de trente-sept ans. Ce qui n’allait pas de soi déjà à l’époque (surtout lorsqu’on se souvient, pour avoir lu Place Colette, que son premier homme, à l’âge de 14 ans, était un sociétaire du Français de trente ans plus âgé qu’elle). De leur histoire secrète, elle a fait un récit drôle, touchant, poignant parfois, mais jamais triste. Si on le secoue, il n’en tombe pas des larmes mais des paroles, des vers, parfois des chansons. Il suffit qu’elle en reproduise les premiers mots pour que le lecteur se surprenne à chanter.

C’est rare, un livre qui fait fredonner (lire ici un extrait). Il est pourtant question de l’impossibilité d’aimer, de la difficulté à vivre à la dérobée, de la brièveté des retrouvailles, des refoulements de la clandestinité, de l’oppression du secret. Pourtant on ne peut s’empêcher : Un jour, tu verras, on se rencontrera… Monsieur le Président, Je vous fais une lettre/ Que vous lirez peut-être/ Si vous avez le temps… Comme un petit coquelicot, mon âme/ Un tout petit coquelicot… L’art de la chanson, c’est le raccourci, disait-il. Et l’on se rend compte alors, si l’on veut bien convenir que les chansons tout autant que la grande musique occupent une place majeure dans notre mémoire, que la voix cassée de Mouloudji a marqué plusieurs générations et pas seulement pour ceux qui connurent le Saint-Germain-des-prés de l’après-guerre, celui des Sartre, Beauvoir, Vian, Greco – pour ne rien dire de l’acteur inoubliable et ambigu Ephraïm Luska des Inconnus dans la maison d’Henri Decoin, mi-kabyle mi-breton.

Cette voix identifiable entre toutes, dont l’impresario Jacques Canetti devait convenir qu’en émergeait à chaque fois des photos de Doisneau, cette voix dont Antoine Blondin disait que c’était du « velours à côtes », comment ne pas tomber amoureuse de l’homme au regard tendre qui porte une voix si chaude et si brisée ? C’est un livre plein des souvenirs des années d’apprentissage au centre dramatique de la rue Blanche, de la vie d’une débutante sur les planches, des odeurs et des lumières des loges, des cabarets de chansonniers. Elle faisait tout pour protéger cet homme qu’elle ne connaissait pas vraiment ou à peine. Contre les autres et contre lui-même, sa faculté d’autodestruction, sa mélancolie qu’il trainait en boulet, ne s’étant jamais remis des disparitions successives en quelques mois à peine de ses trois pères de substitution : Raymond Queneau, Marcel Duhamel, Jacques Prévert. Lui aussi ne parvenait pas à se désencombrer de la présence de ses morts. Peut-être n’y tenait-il pas car il savait qu’il leur devait non la vie mais sa vie (la proximité entretenue avec les disparus est aussi une question clinique vivante).

Au milieu du livre, évoquant au détour d’un paragraphe son propre père si absent de son vivant, Nathalie Rheims ne peut se retenir d’écrire, en pensant à lui, à son autre lui que fut Mouloudji et à Louis : « Je l’aimais tellement ». On écrit parfois tout un livre juste pour tracer trois mots. Mais y en a-t-il de plus beaux ?

(Photo Daniel Aron)

Cette entrée a été publiée dans Littérature de langue française.

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commentaires

1 049 Réponses pour Présence des morts

vadeboncoeur dit: à

j’essaie,
et j’ai le cœur gai.

J J-J dit: à

GP n° 124- Je me souviens d’avoir feint d’adorer « fragments d’un discours amoureux » à la grande époque de sa parution, alors que ce bouquin fut le plus ennuyeux et chiantissime qu’il m’ait été donné de lire au cours de ma longue carrière.
Un imbuvable rapidement madérisé, dont on comprend encore mal la superbe imposture littéraire qu’il représenta à l’aube du mouvement boboïste BCBG, du temps d’un Nanar Pivot soucieux de faire entrer de force le CDF dans toutes les chaumières françaises et basques.

vadeboncoeur dit: à

Et je vais de ce pas préparer à dîner pour toute la famille qui est nombreuse, ma foi.

Janssen J-J dit: à

@ ça perd son sens, mais pas son sel… Hein ! –

Marie Sasseur dit: à

« La Cité internationale de la langue française, dont le parcours de visite ouvrira au printemps 2023, sera un lieu culturel et de vie entièrement dédié à la langue française et aux cultures francophones. Espace pluridisciplinaire accessible au plus grand nombre, elle articulera des activités variées : expositions temporaires, spectacles, résidences d’artistes… »

https://www.cite-langue-francaise.fr/

Jazzi dit: à

« D. dit: à
Mais Pablo, je n’ai cessé de répéter qu’en toute chose c’est le meilleur qui gagne. »

Voilà qu’il retourne déjà sa veste !

Marie Sasseur dit: à

Dino dit: à
« ¿En qué momento se ha jodido el Perú? »
(« Quand est-ce que le Pérou est parti en couille? »)

Conversación en la Catedral (1969) »

J’ai beaucoup aimé ce roman, le seul que je garde.

Merci pour la vidéo du discours.

Et je pense que la suite de votre message, est en rapport avec cette appréciation qui signifie : au Pérou, seul Mario est grand.

« Certes, j’étais un sous-homme, parce qu’en apprenant le français et en lisant les auteurs français sans relâche, j’aspirais secrètement à être un écrivain français. J’étais convaincu qu’il était impossible d’être un écrivain au Pérou, un pays sans maisons d’édition et aux rares librairies, où les écrivains que je connaissais étaient presque tous des avocats qui travaillaient à leur cabinet toute la semaine et écrivaient des poèmes seulement les dimanches. Moi, je voulais écrire tous les jours, comme le faisaient les véritables écrivains, c’est pourquoi je rêvais de la France et de Paris »

______
Je ne sais pas à quelle lettre en sont les académiciens , pour leur dico.
Il faudra voir si à la lettre f, il y a bien le verbe flagorner.

Jazzi dit: à

« qu’elle aille au diable ( version édulcorée). »

Vous n’aimez pas les lesbiennes, B ?

rose dit: à

CDF dans toutes les chaumières françaises et basques.
Ce n’est pas Roland Barthes Fragments d’un discours amoureux ?
Vous êtes sur pour Charles de Foucault ?

rose dit: à

sûr ?

closer dit: à

B, j’ai eu la chance d’être alerté sur « Tar » par une amie qui est partie au bout de 40 minutes (et ce n’est pas son habitude).
Economie pour moi: 12 euros et 3 heures de temps.

MC dit: à

Sauf erreur, et à moins qu’il y ait transitude, on signale à Marie Sasseur que , jusqu’à preuve du contraire, c’est Mario Vargas Llosa, pas Maria. Quant au «  puissant discours »…. Un autre dissident du comtisme sasseurien, laïc et obligatoire, c’ est Peguy. «  Parmi tout l’appareil des grandes funérailles ». Mais lui ne s’est pas contenté d’observer le cérémonial de l’extérieur…Et puis il y a Fustel de Coulanges, et l’intuition que la Cite antique repose sur le culte des morts. Le pauvre Comte, qui voulait surtout un culte augusto-clotildien pour contenter son hubris, n’est certes pas le seul sur cette question. Le moins influent, oui. MC

Marie Sasseur dit: à

Magnifique !

« Depuis le 28 avril 1991, l’OM n’avait plus fait tomber le PSG en Coupe de France. Un impair réparé ce mercredi soir à la suite d’une performance énorme des Marseillais. »

Le seul truc, pour les 1/4 de finale, je pourrai pas soutenir Marseille.

Marie Sasseur dit: à

Au patrimoine immatériel de l’humanité

« Telle Telle qu’il est pratiqué par les communautés indigènes du Mexique, el Día de los Muertos (jour des morts) célèbre le retour transitoire sur terre des parents et des êtres chers décédés. Les festivités ont lieu chaque année, entre fin octobre et début novembre, période qui marque la fin du cycle annuel de la culture du maïs, la principale culture vivrière du pays.

Pour faciliter le retour des esprits sur la terre, les familles parsèment de pétales de fleurs, de bougies et d’offrandes, le chemin qui mène de la maison au cimetière. Les plats préférés du défunt sont préparés et disposés autour de l’hôtel familial et de la tombe, au milieu de fleurs et de divers objets d’artisanat typiques comme les silhouettes en papier. Le plus grand soin est apporté à tous les aspects des préparatifs car dans l’imaginaire populaire, un mort peut attirer la prospérité (par exemple, une bonne récolte de maïs) ou le malheur (maladie, accident, difficultés financières etc.) sur sa famille selon le sérieux avec lequel les rituels sont accomplis. Les morts sont répartis en plusieurs catégories en fonction de la cause du décès, de l’âge, du sexe et, dans certains cas, de la profession. Un jour de culte est attribué à chacune de ces catégories. Cette rencontre entre les vivants et les morts est une affirmation du rôle de l’individu dans la société. Elle contribue en outre à renforcer le statut politique et social des communautés indigènes du Mexique. »

https://ich.unesco.org/fr/RL/les-ftes-indignes-ddies-aux-morts-00054

J J-J dit: à

ouij rôz, roland barthes au collège de france… Il était d’origine basque et arborait facilement son béret, y compris rue des Ecoles.. Voyons donc ! Quant à Charles de Foucaud, il n’a jamais été le petit saint que l’on dit, bien qu’il n’ait pas terminé sa carrière dans un cul de basse fosse non plus, à la différence du vieux Chachal Ouh!

Marie Sasseur dit: à

(Pssst, Passou, c’est pas Maria, c’est Mario)

Jazzi dit: à

« une amie qui est partie au bout de 40 minutes »

Elle n’a pas supporté la superbe masterclass de musique administrée d’entrée de jeu par Cate Blanchett, closer !

B dit: à

Jazzi, non ce n’est pas de ce ressort.

rose dit: à

Vieillir.

Le vieux, qui stagnait en bout de table, en imposant son autorité délétère à toute sa famille qui se la bouclait, et qui foutait un beau chaos au moment de clamser, non merci.
Moi, je travaille à construire une vieillesse calme, équilibrée et paisible, autonome.

Je travaille dur à sortir de la dépression aussi. Treize ans sur soixante cinq, j’ai mon quota. Basta.

rose dit: à

Louis Boyard.
Moi, je lui donne raison.
Ce n’est pas obscène de publier ceux qui refusent le repas à un euro pour les étudiants.
Moi, je publierai aussi leurs vacances :
Gaastdt.
Mykonos.
Ibiza.
Un loft à Dubaï.
Saint Tropez l’été.

La vie publique.
Que eux se sentent obscènes, à une voix près de refuser le repas à un euro aux étudiants.

rose dit: à

Il en aura signés, des éditos mémorables et des critiques théâtrales dans le « Canard » avec une fidélité sans faille aux théâtraux, comédiens, metteur en scène, directeurs de salles. Il en aura électrisé, des conférences de rédaction qui s’endormaient. Il en aura inventé, des « unes » menacées d’engourdissement.

Aux théatreux

Avec en, je ne sais pas si le s à signés.

Il les aura signés les éditoriaux etc.oui. Mais avec en ? Accord ou pas ?

Bel hommage d’Assouline à son premier patron qui lui a mis le pied à l’étrier.

Nota : à 80 ans, tu as cent personnes qui te rejoignent pour ton anniversaire, chapeau bas.

rose dit: à

N’avais pas pigé que Alexia était gauche caviar. Je la trouvais censée et retenue.
Il est vrai que à part les personnages très tranchés, c’est difficile de s’y repérer.
Closer par exemple : quelles sont ses caractéristiques ?
Et John Brown pourquoi a t’il quitté et fermé son blog les Orogénèses … ?

rose dit: à

Jacques Alain Miller a lâché (contrairement à ce que j’ai souligné hier sur la rétention des écrits du Maître), un volume de Lacan.
Tous les psychanalystes lacaniens de s’extasier tels la mère devant son petit au pot :  » oh, mais il a fait son caca. Mais quel joli caca etc.! »
Attendons les exégèses.

rose dit: à

Allez Annecy.

Anne ici.
Cesse de regarder par la fenêtre, rien ne va venir. Ni personne.

rose dit: à

disposés autour de l’hôtel familial

de l’autel familial

renato dit: à

10.2 — 6.03

rose dit: à

Contente de lire innocent et non plus coupable !
Encore pas compris la culpabilité de la victime. Je ne renonce pas à comprendre.

rose dit: à

B.
Comment va votre maman ?

rose dit: à

Libé.
Rosemary, la nuit des étoiles d’hiver.
« Au détour d’une allée du musée des Arts et Métiers, Rosemary Coogan s’agenouille devant des astrolabes. Elle s’extasie de cette ingénierie, loue cette alliance entre l’utile et le beau et regrette aujourd’hui qu’on aille «surtout vers l’efficacité». On lui demande si elle sait s’en servir, elle s’excuse, gênée. Elle est meilleure pour analyser les images de galaxies à plusieurs milliards d’années-lumière fournies par un télescope spatial. Depuis son premier passage à Paris pour sa thèse, elle est tombée amoureuse de ce musée souvent ignoré. La jeune femme de bientôt 32 ans aime déambuler quand elle le peut dans les couloirs de cette institution, admirer la machine arithmétique de Pascal, les automates de Vaucanson, le fardier à vapeur de Cugnot, imposante machine évoquant un tank et qui n’avança jamais vraiment, les métiers à tisser anciens ou l’aéroplane d’Ader, magnifique chauve-souris qui connut malheureusement plutôt les joies du crash que le plaisir des airs. Rosemary Coogan passe d’une vitrine à une autre, récite le contenu des cartels sans avoir besoin de les lire. Devant le pendule de Foucault, qui […].

rose dit: à

Si je travaillais encore, ce soir, je serais en vacances d’hiver.❄️👍🌨️👏🥶❣️.
Las, l’arthrose, le cinéma, Nana.

B dit: à

Rose, je me souviens que John Brown peu avant de nous quitter sans l’annoncer avait fourni une liste de toutes les espèces botaniques qui peuplaient son jardin. Il s’y connaissait aussi en ce domaine.

« John Brown, né le 9 mai 1800 à Torrington dans l’État du Connecticut et mort par pendaison le 2 décembre 1859 à Charles Town, dans l’État de la Virginie, est un abolitionniste américain qui en appela à l’insurrection armée pour abolir l’esclavage. »

B dit: à

.
Comment va votre maman ?

Elle continue de vieillir, son dernier frère vivant est parti à 92ans. Elle n’a ni bu ni fumé. Bien que nous ne soyons pas très proches je n’ose pas envisager les sentiments qui m’occuperont quand de force elle devra quitter le plancher des vaches. C’est quelqu’un qui ne veut pas mourir et je la voudrais immortelle vraisemblablement assez égoistement pour n’avoir pas à éprouver le sentiment de perte.

B dit: à

Une estimation de plus de 20 000 morts après le seisme en Turquie.

Jazzi dit: à

Merci pour vos corrections sur les Hirondelles chinoises, JJJ !

rose dit: à

Eh les p’tits loups, stand up, next.

rose dit: à

Jazzi

Pas programmé chez moi. Le gérant a mille qualités, mais, il ne fait que ce qu’il veut.
Suis en pause ciné.

rose dit: à

B.
Mon grand-père et mon père non plus ne voulaient pas mourir. Il me semble que c’est important de le vouloir.

Elle doit considérer qu’elle a encore des choses à faire ici bas et que cela vaut le coup.

Je ne sais pas si se construit une proximité qui n’a jamais eu lieu. Pas sûre.

Si elle va au mieux, tant mieux. Je crois que l’on peut mourir en forme.

rose dit: à

B.
Pensé à cela tte la journée d’hier avant de vous lire : la dépression n’est pas un trouble mental. On l’abolira dans le BSM. La dépression c’est les séismes en Turquie et Syrie : tout s’écroule. Mouvements tectoniques de grande ampleur.
On ressort mort. On se suicide ou vivant.
On peut sortir vivant de l’éboulement.
Rarement seul, dans Derborence de Ramuz, oui, hagard mais vivant.

Je pense bcp à la fratrie, la petite soeur protégeant son petit frère. Elle s’en sortira, une énergie magnifique.
J’ai peur pour lui : la photo suivante il est très blanc : la peur, et puis la perte de sa maman (de son père accessoirement). J’espère que les deux vont s’en sortir ainsi que tous les autres extirpés des décombres.
Bravo aux sauveteurs et aux bénévoles.

On s’extirpe de la dépression comme de sous les décombres : énorme taf. Rien n’est plié.

rose dit: à

B.
Le BSM
Enfin, le truc de classification des troubles mentaux : sadisme, névrose psychose perversion, etc.

rose dit: à

B

je me souviens que John Brown peu avant de nous quitter sans l’annoncer avait fourni une liste de toutes les espèces botaniques qui peuplaient son jardin. Il s’y connaissait aussi en ce domaine.

J’ai vu qu’il n’était plus là. J’ai constaté que son blog était fermé. Mais je n’ai pas vu la liste de botanique.

J J-J dit: à

(JE, 10.2.23_9.23)
@ (rz) / N’avais pas pigé que Alexia était gauche caviar. Je la trouvais sensée et retenue /
-> Oui, elle est, mais cela n’empêche pas. Souvenez-vous des 2 Elisabeth. Et puis, ce n’est pas une honte.
@ Le même témoignage (à son patron PT) se trouve dans le Canard (p. 7), mais il est signé par E.E. (?)
@ Le médecin romancier Laurent Seksik publie en prologue l’acte de décès officiel du patient F. Kafka, dressé au sanatorium de Kierling le 4 juin 1924 par le Dr Hugo Hoffmann. Faisant suite à ce prologue, cet auteur bienveillant vient d’écrire un nouveau roman sur le même sujet : « Franz Kafka ne veut pas mourir » (Gallimard, 2023). Mais qu’en restera-t-il, en dehors d’une belle journée de lecture hivernale ?… On y apprend que FK fut également touché par la grippe espagnole qui aggrava, outre l’austérité de son régime végétarien, une « laryngite tuberculeuse fulminante ayant généré dénutrition et déshydratation ».
@ « Treize ans sur soixante cinq, basta ». C’est très long, et nous savons bien ce qu’il nous en coûte… Mais maintenant, d’autres travaux nous attendent. Reconstruire ce qui a été malmené par le sort, la vie, la méchanceté, la solitude, l’envie, la haine et parfois…, la maladresse d’un trop plein d’amour mal calibré. Il faut reconstruire sur les décombres. Oublier Rebatet.
GP – 124 – Je me souviens qu’à cette époque, le mot de « maman » (ma maman, votre maman…) se répandit dans toutes les couches de la société pour remplacer celui de « ma mère, ta mère, votre mère »… Et de m’être pas mal interrogé sur le sens de ce basculement psycho-socio linguistique. J’en étais arrivé à une conclusion optimiste : le racisme ‘anti-vieilles’ était devenu honteux, sans pour autant avoir encore été substitué par la domination d’une idéologie âgiste secourable. Cela dit, nos sociétés ehpadisées avaient bien vieilli et n’étaient plus, sur le long terme, vectrices de vitalité démographique. Corrélativement, je me souviens d’Alfred Sauvy et de tous tous ces démographes qui, au tamps pour eux, n’auraient plus à imaginer ni à proposer à l’insee des « remèdes » humains, face à pareil souci.
Bàv, au bar tabac du coin. Arrêtons de fumer et d’engraisser l’industrie des néo-nicotinocides.

FL dit: à

> A Jazzi

C’était pas un appartement c’était une maison minuscule sans confort dans le XIVe.

Je ne savais pas qu’il avait couché avec elle. Vous êtes sûr ?

D’elle il dit qu’il faisait partie des animaux : chats, chiens, cane.

La cane
De Jeanne
Est morte
Au gui l’an neuf
Elle avait fait la veille
Merveille
Un oeuf

FL dit: à

C’est comme les Djinns de Victor Hugo : ascendant puis descendant. Les syllabes se terminant par un e compte pour un pied.

rose dit: à

À 19 ans, c’était plus important son lit que son appartement.
> A Jazzi

C’était pas un appartement c’était une maison minuscule sans confort dans le XIVe.

Mais avec un lit.

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