de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature de langue française

Un premier roman éclairé « a Giono »

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Pourquoi le dissimuler ? Je suis tombé sur ce premier roman d’un inconnu du nom d’Olivier Mak-Bouchard dans les derniers temps du confinement, l’éditeur ayant eu la bonne idée de l’envoyer assez tôt. La couverture m’avait intrigué : une illustration signée Phileas Dog. On y distingue un chat entre des arbustes se détachant sur un fond aussi flamboyant que montagneux, la vivacité des couleurs et contrastes ajoutant à l’énigme du titre : Le Dit du mistral (348 pages, 19 euros, Le Tripode). Il a été inspiré à l’éditeur par le Dit du Genji, fameux classique japonais du XIème siècle. Mais à la place […]

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Le Chili au coeur

Le Chili au coeur

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Comme tout cela parait loin, surtout pour qui a été contemporain des événements. Olivier Duhamel et Delphine Grouès réussissent à rendre vivants, pour ne pas dire récents, cette mise à mort d’un régime et d’une idée. Le Chili, ou plutôt les Chilis de l’époque : celui de Valparaiso, patrie de Salvador Allende ; celui des Indiens Mapuches au courage légendaire, derniers du continent à se soumettre aux Espagnols, dans le sud, du côté de Temuco et Concepción ; et bien sûr celui de Santiago sans parler des autres. Ils se retrouvent tous dans Carmen et Teo (Stock, 265 pages pages, 19 euros, […]

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0euvre et vies de Milan Kundera

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On croirait un cas d’école pour atelier d’écriture créative : comment écrire la biographie d’un grand écrivain vivant lorsque ledit écrivain est de longue date un homme qui se tait obstinément ? Milan Kundera (Brno, 1929) est si discret, si ennemi de tout épanchement médiatique et de toute confession aux exégètes, qu’il réussit à vivre en homme invisible alors qu’il habite en plein Paris à deux pas du « Récamier », l’un des restaurants qui compte le plus d’éditeurs et de critiques littéraires au mètre carré. On se doute qu’il a fait sienne la forte pensée de Cioran selon laquelle la perspective d’avoir un […]

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François Sureau entre en Seine

François Sureau entre en Seine

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Il y a des livres qui en font trop- et on peut passer la semaine à chercher l’adjectif qui qualifierait au plus juste leur auteur. On se retient de lui dire, sur le ton de Joseph II s’adressant à Mozart à l’issue de la création de L’Enlèvement au sérail : « Trop de mots, mon cher Sureau, et trop de noms ! ». Mais je ne suis pas plus empereur que commanditaire. Juste un lecteur admiratif de la manière de cet écrivain singulier, au talent protéiforme, capable de nous donner à lire de magnifiques romans tels que L’Obéissance (2007), Inigo (2010), Le Chemin des […]

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Pascal Quignard s’abandonne

Pascal Quignard s’abandonne

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« Abandon » est un mot qui finit bien. Quoi de plus noble que le don, le vrai, celui qui n’attend rien en retour ? Ce qui le différencie de la donation en paiement de droits de succession. Un don pur et sec. Sans contrepartie. Le cas de Pascal Quignard né à mi-chemin de l’autre siècle. Un tel geste a quelque chose de testamentaire. Lorsqu’un écrivain se retourne pour ne pas se perdre de vue, et qu’il a conscience d’avoir plus de livres derrière lui que devant lui, des livres à lire et des livres à écrire (et Quignard ferait certainement sien […]

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Manchette in situ

Manchette in situ

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Rien ne vaut la correspondance d’un écrivain pour le (re)découvrir, hors son œuvre, bien entendu. Il s’y lâche comme jamais sans imaginer un instant qu’elle sera un jour recueillie et publiée, sauf à s’appeler Gide et à préparer pour chaque lettre une copie de l’original à destination d’une future Pléiade. Vraiment pas le genre de Jean-Patrick Manchette (1942-1995), vaincu par un cancer à 53 ans, lequel n’avait pas de toute façon pas besoin de l’intimité épistolaire pour se lâcher. Qu’on le jugeât dépourvu de sur-moi, franc du collier, grande gueule, bougon, ironique ou provocateur (son passage à Apostrophes en donne […]

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Remonter la Loire

Remonter la Loire

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Un jour, à l’aube de leur cinquantième anniversaire, trois amis de toujours décident avec l’accord de leurs femmes et de leurs enfants de remonter la Loire en barque. Juste eux trois comme avant. Pourquoi ? Pour rien, justement, c’est cela qui est beau, la gratuité du geste. Pour le pur plaisir d’être ensemble et de s’en souvenir plus tard. On dirait une promesse de pochards dans la perspective de leur jubilé. Mais ils pourraient presque répondre, tel George Mallory à qui l’on demandait pourquoi il s’attaquait à l’Everest : « Parce qu’il est là ». La Loire aussi est là. Sauf qu’on ne leur posera […]

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Des polars pour ceux qui n’en lisent jamais

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Ce n’est pas un genre littéraire en soi mais cela pourrait le devenir. Car à côté des polardeux professionnels, ceux qui en maitrisent parfaitement les codes et n’écrivent rien d’autre que des intrigues admirablement ficelées à destination d’un très vaste public de fidèles et d’amateurs qui ne se détournent des Américains que pour se tourner vers les scandinaves, on voit éclore une catégorie d’écrivains qui s’y essayent l’air de rien mais sans renoncer à rien de ce qu’ils sont et de leur absolu de la littérature. Certainement pas une école, trop tôt pour une famille d’esprit, peut-être une nouvelle tendance, […]

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Les fantômes de l’hôtel Aletti et ceux de la Maison indigène

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Mais où, dans quel roman et sous la plume de quel écrivain, n’y a-t-il pas au moins un chapitre sur l’épidémie ? Chaque jour, il en pleut comme à Gravelotte. A croire que l’on voudrait se rassurer en examinant comment cela se passait dans la fiction en d’autres siècles et d’autres époques. La Fontaine, Daniel Defoe, Thomas Mann, José Saramago, Boccace, Mary Shelley, Stephen King, Richard Ford (la liste s’allonge de jour en jour) etc sans oublier Albert Camus, bien sûr, dont l’Obs nous assure qu’il avait « vraiment tout prédit, étape par étape » ! Basta ! Un article du New Yorker résume tout […]

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Des écrivains de SF au secours de l’armée

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Les écrivains ont tort de se faire du mouron pour leur avenir dans une société désormais régentée par l’ordre moral, les ligues de vertu, la censure, la chasse à l’homme, l’emballement médiatique… L’armée est là et elle les veut ! Il ne s’agit pas de les former à la guerre civile des mœurs et des idées, ni de les préparer à une insurrection qui vient. Les militaires reconnaissent enfin que la littérature peut leur rendre un grand service en ces temps aux contours flous où ils manquent de visibilité à moyen et long terme. Un certain type de littérature en tout cas : […]

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