de Pierre Assouline

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La République des livres

traducteur

Call me Olson

Call me Olson

Thierry Gillybœuf

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Charles Olson (1910-1970) a dix-neuf ans quand ses parents lui offrent un exemplaire de Moby Dick, dans l’édition de 1926 de la Modern Library, avec une introduction de Raymond M. Weaver, qui fut l’un des véritables pionniers et artisans de la redécouverte de Herman Melville. Tombé dans l’oubli le plus complet à sa mort, en 1891, l’auteur de Bartleby connut un regain d’intérêt auprès de la génération désenchantée de l’après-guerre, qui s’était reconnue dans le sentiment de déréliction qui habite son œuvre et ses personnages les plus emblématiques, en particulier depuis que Weaver, professeur de Columbia University, avait publié en 1924 […]

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La nouvelle résonance d’une retraduction

La nouvelle résonance d’une retraduction

Josée Kamoun

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Certaines oeuvres appellent la retraduction par leur polysémie, leur singularité stylistique ; Le Meilleur des mondes, le plus souvent explicite, n’est pas à proprement parler un roman énigmatique ; l’énigme pourrait résider dans la position de son auteur vis‑à‑vis du texte, mais ce n’est pas non plus l’impression qui domine puisque que Huxley s’est largement expliqué sur sa démarche, au point de la critiquer, dans sa préface et ailleurs. Si ce roman semble « appeler » la retraduction plus ou moins permanente, c’est plutôt que, le temps passant, le futur créé se rapproche, se concrétise parfois, les projections de l’original […]

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Non à des traductions sans âme !

Non à des traductions sans âme !

En Chair et en os, collectif pour une traduction humaine

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Plusieurs modèles génératifs de langage et d’image ont fait récemment leur apparition dans l’espace public et privé ; ils se développent à une vitesse fulgurante, rendus accessibles à quiconque pour la moindre tâche rédactionnelle et créative. Ces modèles façonnent un monde où la création se passe peu à peu de l’humain, et précipitent l’automatisation de nombreux métiers intellectuels, autrefois réputés inaccessibles à toute mécanisation. Comme tout le secteur de la culture et de la création, la traduction littéraire et audiovisuelle est touchée de plein fouet. Plusieurs organisations professionnelles ont publié des tribunes très claires pour dénoncer l’impact de ces technologies […]

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Canavaggio de la Mancha

Canavaggio de la Mancha

Albert Bensoussan

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Un dimanche, allant m’asseoir à ma table de travail, j’ai promené la main sur les rayons de livres derrière moi, et tiens, en bonne place, ce Dictionnaire Cervantès, de mon ami Jean Canavaggio, voilà que je l’ai caressé. Puis, j’ai ouvert ma boîte mail, et là, le choc d’apprendre la mort du plus grand cervantin de France et même du monde : Jean Canavaggio nous a quittés dimanche 20 août 2023. Mais alors, venait-il de me faire signe, moi son vieil ami, lui que j’avais connu en 1960, à l’agrégation d’espagnol dont il fut reçu premier, « cacique », disions-nous, et moi juste après, lui emboîtant le […]

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Zweig à l’identique

Zweig à l’identique

Françoise Wuilmart

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Pourquoi retraduire Marie-Antoinette de Stefan Zweig mis une première fois, avec succès, sur le marché français en 1933 ? La coutume veut certes que l’on retraduise tous les vingt ou trente ans, ne serait-ce que parce qu’une langue évolue, se modifie et devient désuète, et si l’original ne vieillit pas, les traductions qui se succèdent, hélas, prennent des rides. Pourtant, là n’est pas la raison véritable. Rappelons d’abord que c’est à Alzir Hella que l’on doit d’avoir fait connaître Zweig dans la francophonie et d’y avoir suscité l’enthousiasme pour cet auteur, mais auprès d’un public qui, forcément, n’avait pas connaissance de […]

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Les gammes d’un traducteur

Les gammes d’un traducteur

Albert Bensoussan

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Le Paradis ⸺ un peu plus loin peut apparaître comme une métaphore de la traduction. Qui est quête insensée et vaine de ce lieu de nulle part, cette utopie à laquelle croyait naïvement tel théoricien dogmatique assénant cet absurde postulat : « À une œuvre donnée correspond une traduction et une seule ».  Mais le traducteur vit dans ce mythe et cette croyance : il va tout faire pour gagner comme Koké ─ Gauguin pour les Maoris ─ le rivage mythique du paradis terrestre. Sauf que, comme lui, ce traducteur verra, indéfiniment, la terre se dérober sous ses pas et […]

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On ne traduit pas à partir d’une traduction

On ne traduit pas à partir d’une traduction

Jean-Pierre Pisetta

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Il y a, dans l’éthique des traducteurs, un précepte que l’homme de la rue trouvera sans doute excessif : ne jamais traduire à partir d’une traduction. Aujourd’hui, il est rare que l’on traduise, par exemple, un roman islandais à partir de sa traduction anglaise. Disons que ce genre de pratique, courante autrefois, a presque entièrement disparu. Mais combien de traducteurs, lorsqu’ils rencontrent, toujours par exemple, la traduction d’un vers d’Halldor Laxness dans un roman russe qu’ils sont en train de traduire en français recherchent-ils l’original islandais pour s’assurer que la traduction russe est correcte ou, pour le moins, recherchent-ils une traduction française […]

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Henri Meschonnic versus DeepL

Henri Meschonnic versus DeepL

Françoise Wuilmart

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Commençons par Henri Meschonnic. Et nous verrons ensuite si DeepL le fait se retourner dans sa tombe, et si oui, dans quel sens. La réputation de Meschonnic le précède depuis toujours : esprit très clair et novateur, presque révolutionnaire dans la pensée sur le langage, il a recours à un discours que l’extrême précision rend parfois sibyllin. Ce que je tenterai ici est une gageure : le simplifier, le synthétiser,  le « vulgariser », et vous verrez que dans le fond, il est limpide ! Allons-y ! Quelques termes-clés seront les premiers jalons sur la voie de sa découverte : le signe, le discontinu, le binaire, le continu, […]

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Grâce et disgrâce de la langue française

Grâce et disgrâce de la langue française

JOSÉ ORTEGA Y GASSET

L’exemple illustrant peut-être le mieux les vertus et les limites d’une langue est celui de la lutte opposant un écrivain à son traducteur. Du point de vue du premier, la caractéristique qu’il décèlera de prime abord dans chaque langue sera naturellement sa souplesse ou sa rudesse, sa malléabilité ou sa rigidité. Il est en effet des langues inhospitalières, ne tolérant pas la moindre infraction : c’est le cas, peut-être plus qu’aucune autre, du français. On aurait peine à le croire si l’on envisage, pour le dire ainsi, cette langue de l’extérieur : tout en elle ne semble a priori que […]

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Eclats de roman

Eclats de roman

Daniel Lefort

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Il est toujours réconfortant par les temps qui courent, des temps sauvages s’il en est, de saluer l’apparition d’une nouvelle collection chez un éditeur qui a pignon sur rue et le conserve contre vents et marées. C’est le cas des éditions Maurice Nadeau qui lancent non pas une, mais deux collections, À vif et Poche Maurice Nadeau, l’une tournée vers l’avenir, l’autre vers le passé, toutes deux animées par l’inépuisable curiosité dont le père fondateur a fait preuve tout au long de sa vie centenaire. Redoutable héritage et audacieuse entreprise dans l’ombre portée de celui qui fut l’un des grands […]

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