de Pierre Assouline

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La République des livres

Les petits papiers de Jacques Drillon

N° 109 Notre père Désiré

N° 109 Notre père Désiré

Jacques Drillon

Une liste à faire : les rares acteurs qui savent fumer une cigarette, qui l’utilisent pour leur rôle (Jean-Paul Belmondo dans À bout de souffle, Georges Sanders dans All about Eve, Yves Montand dans Sanctuaire, et puis Audrey Hepburn, et puis Jeanne Moreau, et puis Lauren Bacall / Humphrey Bogart…). Leur maître à tous : Jules Berry. Dans L’homme de Londres, de Decoin, pas un mauvais film, mais pas bon non plus, il a une manière positivement ignoble d’avancer un peu la langue avant de tirer une bouffée de son mégot permanent et suçoté, qui dit toute la misère du personnage. Dans […]

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N° 108 Plaisir et soulagement

Les mots du général Westermann, après la bataille de Savenay : « Il n’y a plus de Vendée, citoyens républicains. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais et dans les bois de Savenay. Suivant les ordres que vous m’aviez donnés, j’ai écrasé les enfants sous les sabots des chevaux, massacré les femmes, qui, au moins pour celles-là n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé. » Westermann a sa rue à Pantin. * (Suite) Le massacre perpétré par la République en Vendée. La […]

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N° 107 Le canapé du cyclope

N° 107 Le canapé du cyclope

Jacques Drillon

L’angoisse, qui réduit le volume du monde au volume de son corps. Cette chaise, là, devient invisible, inexistante, et même parfois son propre pied, sa jambe. * Le plaisir éprouvé à laisser croire à l’autre qu’il vous a percé à jour. * Elisabeth de Fontenay, qui rappelle avoir perdu cinq membres de sa famille proche à Auschwitz, et qui ajoute : « Je ne m’en suis pas remise ; je m’en remets de moins en moins. » * Friedrich Gulda, pianiste Ses montres en or, ses poils sur les bras, sa calotte sur la tête (parfois trouée, la calotte), ses pulls en acrylique moulants, […]

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N° 106 Le choco BN et la pure Parisienne

N° 106 Le choco BN et la pure Parisienne

Jacques Drillon

Finkielkraut, qui, au bout de combien d’années, n’a toujours pas compris que la télévision interdit tout second degré, toute ironie, tout mot d’esprit. Toute subtilité, toute finesse. La télévision ne sait accueillir et transmettre que de gros cacas. Si possible plusieurs à la fois. Tout ce qui n’est pas gros caca est renvoyé directement au jugement des réseaux sociaux, sans explication, comme un mot de travers vous envoyait aux galères ou au goulag, selon les pays et les époques. * Les obsolètes : les petites boîtes de jus de fruit qu’on ouvrait en perçant un trou de chaque côté du couvercle. […]

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N° 105 Marguerite Duras, haltérophile professionnelle

L’âge venant, les yeux qui pâlissent. Et cette toute jeune femme, mourante, dont les cheveux blonds étaient devenus jaunes. * Claire Bretécher, qui raconte qu’un admirateur lui a dit : Votre réussite est éclatante, sachant que vous dessinez comme vous dessinez. * Leïla Slimani, à laquelle on a commandé un livre, et qui récuse le terme : « On ne commande pas un livre à un écrivain, on lui fait une proposition. » Elle n’est pas, ajoute-t-elle, un « pâtissier auquel on commande un gâteau » ! Elle s’est d’ailleurs posé la question : devait-elle accepter d’écrire un livre « qui ne venait pas d’une nécessité intérieure » ? Finalement oui. […]

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N° 104 Trop lente, la pâte feuilletée ?

N° 104 Trop lente, la pâte feuilletée ?

Jacques Drillon

Le niveau scientifique exigé d’un étudiant en médecine, et ce qu’il en ressort dans une consultation. * L’instrument de musique qui donne les plus belles mains : le violoncelle. * Le dernier endroit où l’on puisse boire un café en terrasse, dans Paris « confiné » : une cafétéria d’hôpital, comme celle de la Pitié-Salpêtrière. Très agréable. * Les trompes de Fallope, connues dans l’Antiquité (notamment de Rufus d’Éphèse, au Ier siècle), redécouvertes par Falloppio, au XVIe. Entre-temps, on les avait oubliées. * Les « best sellers sans lendemain » qu’évoque Bourdieu. * La cruauté de la pitié. Pas seulement sa « dangerosité », mais sa violence, sa […]

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N° 103 La sage-femme et le pseudonyme

N° 103 La sage-femme et le pseudonyme

Jacques Drillon

Les Latins, qui, au théâtre, éclataient de rire quand ils entendaient une rime. * Le romancier tenaillé par la fin. * Ô œuf mayo, quatre ou six demi œufs surmontés d’une énorme quantité de mayonnaise un peu brunie sur le dessus, quand te reverrons-nous ? * Une blague que Muray aimait bien – Bonjour madame, je voudrais un préservatif, s’il vous plaît. – Je ne les vends pas à l’unité. En boîte de six, minimum. – Non, je n’en veux qu’un. – Je suis désolée, c’est impossible. – Si vous voulez, je vous paie toute la boîte ! Vous m’en donnez un, […]

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N° 102 L’ingénieur dans l’arche de Noé

N° 102 L’ingénieur dans l’arche de Noé

Jacques Drillon

Les gens qui regardent dans leur mouchoir après s’en être servi. * L’humiliante perplexité ressentie par un auteur porté aux nues par un critique qu’il juge d’une parfaite incompétence. * « Avoir l’âme chevillée au corps » signifie : a. Résister à la maladie, aux blessures b. Résister au démon et à ses œuvres c. Résister à sa lâcheté naturelle, ou à sa paresse. * De moins en moins d’espèces animales représentées dans les dessins animés de Walt Disney. * Le prestige dont jouit l’artisanat. Ils disent tous : « Je suis un artisan », pour éviter de se définir artistes, et de paraître en […]

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N° 101 Adèle et les décimales de pi

N° 101 Adèle et les décimales de pi

Jacques Drillon

Cinq fois plus de garçons bègues que de filles. * Le plan, désormais mythologique, célébrissime, cité dans toutes les encyclopédies du cinéma, extrait d’Éperdument (de Pierre Godeau, 2016), où l’on voit Adèle Exarchopoulos fermer la bouche, sans doute à la suite d’un vœu, ou d’un pari :    * L’éruption du Krakatoa (actuelle Indonésie), en 1883, dont le bruit est jugé le plus violent de l’Histoire : son onde de choc fit sept fois le tour du monde. * Les obsolètes : les films d’Antonioni. Aujourd’hui, pour l’incommunicabilité, les rencontres avortées, il y a les Tindertotenlieder, de Gustave Malheur. * * Le […]

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N° 100 Al Capone et les Chinois

N° 100 Al Capone et les Chinois

Jacques Drillon

La blague qui circulait, au moment de la publication de Le cru et le cuit, de Lévi-Strauss : « Chez moi, c’est plutôt Le cramé. » * Des vies qui se terminent par des obstructions, des autres par des fuites. * Roosevelt, qui veut aller à la radio déclarer la guerre au Japon, juste après Pearl Harbour. Pas de voiture blindée à disposition. Obligé d’aller récupérer celle d’Al Capone. * Les Chinois, qui vaccinent en priorité les actifs. Sans doute pensent-ils qu’un vieillard qui meurt six mois plus tôt est une moins grosse perte qu’un ouvrier ou un ingénieur de trente ans. * […]

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