de Pierre Assouline

en savoir plus

La République des livres

Littérature de langue française

La langue de Louis Guilloux

La langue de Louis Guilloux

Jean-Pierre Pisetta

11

commentaires

    Louis Guilloux. Ni d’Ève ni d’Adam. À part dans le nom d’une amie normande qui s’appelle Le Guilloux, jamais entendu ce nom-là. Et jamais su que cet homme-là était un grand écrivain. Breton. Briochin, comme on dit, c’est-à-dire originaire de Saint-Brieuc. Presque devant la station de métro la plus proche de chez moi trône, sur quatre échasses, une boîte à livres. J’y jette toujours un coup d’œil en passant, quand je n’y jette pas moi-même un ouvrage et, ce jour-là, j’y ai pris Le pain des rêves de cet auteur, de moi inconnu mais publié quand même par Gallimard […]

lire la suite .../ ...
Anéanti par le nouveau Houellebecq

1270

commentaires

S’il y a un livre qui doit être séparé du bruit qu’il fait si on veut le juger pour ce qu’il est, c’est bien tout nouveau roman de Michel Houellebecq quel qu’il soit. Evacuons donc le secret sur le contenu, l’embargo jusqu’au 30 décembre, les versions pirates numérisées, le buzz, le marketing, la rumeur, la consigne d’embargo  qui précèdent sa sortie (le 7 janvier en librairie) et oublions un instant la mise en scène du texte par l’auteur même, le seul à obtenir de son éditeur un emballage selon son goût avec reliure et couverture cartonnée (sur le modèle allemand, […]

lire la suite .../ ...
Pour saluer Jacques Drillon

Pour saluer Jacques Drillon

878

commentaires

Elégant jusqu’à bout, Jacques Drillon, qui vient de nous quitter à 67 ans la nuit de Noël. Jusqu’à la toute fin. Le 21 septembre dernier, avec quelques autres, je recevais de lui ce courriel: «Chers tous, Pardonnez ma brutalité : j’ai une sale tumeur au cerveau. Autant vous dire que mon avenir, même proche, n’est pas brillant. Nous allons essayer de ne pas le rendre trop lamentable. Plus grand chose ne marche, et tout va s’arrêter prochainement. La pensée d’abord, puis la vie. Prenez de mes nouvelles auprès de ma femme (mxxxx) Je vous embrasse, Jacques » Il fallait garder le secret par […]

lire la suite .../ ...
Dans le labyrinthe avec Mohamed Mbougar Sarr

1172

commentaires

« Je vais te donner un conseil : n’essaie jamais de dire de quoi parle un grand livre. Ou, si tu le fais, voici la seule réponse possible: rien. Un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant, tout y est. Ne retombe plus jamais dans le piège de vouloir dire de quoi parle un livre dont tu sens qu’il est grand. Ce piège est celui que l’opinion te tend. Les gens veulent qu’un livre parle nécessairement de quelque chose. La vérité, Diégane, c’est que seul un livre médiocre ou mauvais ou banal parle de quelque chose. Un grand […]

lire la suite .../ ...
De quelques fantômes familiers

De quelques fantômes familiers

1070

commentaires

Qu’est-ce qui nous fait ouvrir un livre plutôt qu’un autre lorsqu’ils sont quelques centaines à se presser au portillon à la rentrée ? La couverture, le nom de l’auteur, le titre, le texte en quatrième de couverture, le résumé, l’absence de résumé qui laisse place à l’extrait, toutes choses qui se condensent en un mot : la curiosité. J’ai ouvert Si maintenant j’oublie mon île de Serge Airoldi (160 pages, 17 euros, L’Antilope) dans le souvenir que m’avait laissé l’auteur, journaliste daxois, ancien de Sud-Ouest, après la lecture il y a quelques années d’un récit exceptionnel intitulé Adour. Il figure parmi les […]

lire la suite .../ ...
Dans les zones grises de la rentrée littéraire

1262

commentaires

Et d’abord, afin de dissiper tout malentendu, ce que la zone grise n’est pas : synonyme de flou, confus, vague, insondable, passif… Gris, quoi. En se popularisant, l’expression s’est galvaudée puis dégradée en métaphore. A la lumière des récents débats sur l’inceste et le viol, elle est même instrumentalisée pour désigner l‘incertaine frontière entre la résignation et le consentement. Qu’est-elle alors ? Même si en l’espèce la recherche de paternité est périlleuse, Primo Levi semble bien être le premier à l’avoir utilisée dans Si c’est un homme (1947) puis à l’avoir conceptualisée dans un chapitre des Naufragés et les rescapés (1986) intitulé […]

lire la suite .../ ...
Laissez partir les morts…

Laissez partir les morts…

1093

commentaires

Il y a des écrivains avec qui des lecteurs ont passé un pacte. Ils les suivent depuis longtemps, parfois depuis leurs débuts, leur demeurent fidèles avec plus ou moins de bonheur, les retrouvent à chaque nouveau livre avec un plaisir mêlé d’appréhension non par crainte d’être surpris mais par peur d’être déçu. Et cela dure ainsi pendant toute une vie de lecteur… Entendons-nous bien : quoiqu’on attende de lui, et certains même se croient en droit d’en attendre une certaine qualité d’écriture voire un certain type de livre, un auteur ne nous doit rien, il n’a aucun compte à nous rendre. […]

lire la suite .../ ...
Des morts en bonne santé

Des morts en bonne santé

Daniel Lefort

2

commentaires

Albert Bensoussan a fait du récit bref, ou du roman court, sa marque de fabrique : c’est à chaque fois une variation sur un thème, toujours le même, comme en musique, et La tendre indifférence (12 euros, Le Réalgar) n’y fait pas exception en posant une sorte de point d’orgue provisoire – rien n’est définitif chez Bensoussan – à sa série ( une cinquantaine de volumes ) sur l’Algérie d’avant l’indépendance inlassablement revisitée, l’exil faussement habillé du mot « rapatriement » et le royaume du souvenir. L’exil et le royaume, comme chez Camus dont l’ombre tutélaire plane sur ce livre mémoriel. À travers […]

lire la suite .../ ...
Proust toujours, encore et encore !

1697

commentaires

S’il est vrai que, selon la définition d’Italo Calvino, « un classique est un livre qui n’a jamais fini de dire ce qu’il a à dire », avec la Recherche du temps perdu, on est servis ! Cela fait un siècle que ce roman suscite un Himalaya de gloses et ce n’est pas terminé, on en annonce d’autres, de toutes sortes et de partout. Il est vrai qu’il parait inépuisable. Un véritable geyser de sens, de sensations, d’émotions. Tout lecteur qui le relit à quelques années d’écart est assuré de découvrir un nouveau livre dès lors qu’il aura pris connaissance des études, essais […]

lire la suite .../ ...
Pour saluer Philippe Jaccottet

Pour saluer Philippe Jaccottet

Pierre Assouline

10

commentaires

Si le comité Nobel de l’Académie suédoise, régulièrement sollicité en ce sens depuis des années, ne s’était décidé à laurer Philippe Jaccottet qui vient de nous quitter à 95 ans, nul doute que sa consécration en 2014 par la Pléiade sous la forme d’un volume d’Oeuvres (1728 pages, 59 euros) y serait pour beaucoup. Par « Œuvres », il faut entendre l’œuvre poétique. Encore faut-il s’accorder sur ce qui en relève. Il était le quinzième auteur à entrer de son vivant dans le temple, quatrième suisse à y être convié après Rousseau, Cendrars et Ramuz, mais-ceux-là à titre posthume ; encore est-il davantage fêté […]

lire la suite .../ ...