de Pierre Assouline

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La République des livres

traducteur

« Ulysses » a cent ans

« Ulysses » a cent ans

Bernard-Robert Bloom

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A la mémoire de Maurice Goldring. Le jeudi 2 février 1922, une jeune femme fait les cent pas sur le quai de la Gare de Lyon en attendant l’express de Dijon. A 7h précises, le train arrive, s’immobilise lentement, le contrôleur en descend, cherche des yeux la jeune femme qui se précipite et lui prend des mains un paquet qu’elle sert fortement tout en courant vers le boulevard en contrebas, où elle s’engouffre dans le premier taxi, le cœur battant. Moins de dix minutes plus tard, arrivée au 9 de la rue de l’Université, elle grimpe les escaliers quatre à […]

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Péché de nivellement

Péché de nivellement

Françoise Wuilmart

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Le phénomène de nivellement touche au cœur même du problème de toute traduction littéraire. Nivellement, ou encore « normalisation » », c’est-à-dire action de « raboter » un texte ou de l’aplatir : y supprimer toutes les sortes de reliefs, y tronquer les pointes, y boucher les creux, y aplanir toutes les aspérités qui en font justement un texte littéraire. Une telle approche de la traduction littéraire, poétique surtout, est encore bien trop courante. Le « traducteur-niveleur » ne peut être un grand écrivain, car ce qu’il craint précisément c’est de prendre trop de libertés, alors que l’auteur ne construit sa […]

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Pas si « perché » que ça !

Pas si « perché » que ça !

Jean-Pierre Pisetta

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Les grands noms de la traduction, qu’ils soient grands par leurs compétences ou par la notoriété qu’ils ont acquise dans le milieu, sont des étiquettes commodes pour les éditeurs qui veulent publier, pour des raisons philologiques, littéraires ou simplement commerciales, une nouvelle version d’un classique. Il suffit d’indiquer « nouvelle édition revue par… » ou « traduction revue par… » pour cautionner une parution prétendument remise à neuf. Il y a quelques années, j’avais acheté, en français, Le jour de la chouette, roman de Leonardo Sciascia. Il avait été traduit en 1962 par Juliette Bertrand et Flammarion en avait publié, en 1986, une « Nouvelle […]

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Mario Vargas Llosa au doigt et à l’œil

Mario Vargas Llosa au doigt et à l’œil

Albert Bensoussan

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Dans les riches heures de cette année de silence et de retenue, l’écrivain hispano-péruvien Mario Vargas Llosa a cogné trois fois son bâton de magicien sur la scène des Lettres, nous donnant en début d’année l’essai La littérature est ma vengeance,  yeux croisés et voix échangée avec Claudio Magris, suivi de cette somme de pensée libérale, L’appel de la tribu, présentée comme une autobiographie intellectuelle, et maintenant, dans les feux de l’été finissant, Temps sauvages (traduit de l’espagnol (Pérou) par Albert Bensoussan & Daniel Lefort, Galllimard,  août 2021 , 390 p., 23€) un roman totalisant dans le droit fil de La Fête […]

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Traduire la langue de Camilleri

Traduire la langue de Camilleri

Bernard Alavoine

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En lisant pour la première fois une enquête de Montalbano, le lecteur français est surpris par la traduction de Serge Quadruppani qui est certes plaisante mais s’éloigne sensiblement de ce qu’on appelle « le bon français ». Comme il le rappelle dans la préface des éditions en français, le traducteur explique la spécificité de la langue de Camilleri et les difficultés rencontrées pour traduire ses romans. L’auteur de la série des Montalbano qui s’est mis à écrire tardivement des romans, a choisi d’utiliser une langue originale composée de trois niveaux. Le premier est l’italien classique employé par la majorité des Italiens, niveau […]

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De quoi en faire une maladie

De quoi en faire une maladie

Jean-Pierre Pisetta

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S’il y a des fléaux qui inspirent, le Covid est bien de ceux-là. J’ai pris l’habitude, depuis un certain temps déjà, de chercher chaque année une nouvelle italienne inédite que je traduis avec ma classe de traduction littéraire de l’Université libre de Bruxelles. Dans le but de la publier, signée par les étudiants, bien sûr. Jusqu’à présent, tous les textes que nous avons tirés de l’oubli ont connu ce sort heureux, grâce aux revues qui les ont acceptés. Il y a environ un an et demi, je découvre, dans un vieux recueil de nouvelles italiennes, le texte d’un auteur dont je […]

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Le même Shakespeare écrit « Hamlet » et les « Sonnets ».

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(…) Entreprendre de retraduire une œuvre majeure, même cent fois traduite, et parfois avec éclat, n’exprime nullement une insatisfaction vis-à-vis des accomplissements antérieurs. La retraduction ne porte pas en soi une critique voilée des poètes traducteurs qui vous ont précédé. Comme l’écrit clairement Jacques Darras, lui-même par deux fois retraducteur récent des Sonnets de Shakespeare : « C’est le propre de l’œuvre accomplie, en musique comme en poésie, que de permettre une infinie quantité de lectures, de traductions. […] Sachant qu’il n’y en aura jamais de version définitive […] traduire les Sonnets de Shakespeare, c’est toucher au principe d’insatisfaction » Il […]

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Tout habitable

Tout habitable

Marieke Lucas Rijneveld

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  Jamais perdu la pugnacité, l’originel tumulte pour le meilleur et le pire ni cédé aux prêches, au Verbe qui dit ce qui est bien ce qui est mal jamais été feignasse au point de ne pas te lever, de ne pas affronter toutes les brutes épaisses, de ne pas combattre poings dressés l’esprit d’étiquetage, les émeutes que la méconnaissance déclenche dans ta tête, * tempérant l’impuissance avec le rouge taureau dans tes yeux, ou proclamant toujours ce que tu fais à ta guise avec une fierté à toute épreuve, observant quelqu’un qu’on réduit en bouillie tout en voyant suinter […]

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Discours du Nobel

Discours du Nobel

LOUISE GLÜCK

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Quand j’étais une enfant de cinq ou six ans, je crois, j’ai organisé une compétition dans ma tête, un concours pour décider quel était le plus grand poème au monde. Il y avait deux finalistes : “Le Petit Garçon Noir” de Blake et “Swanee River” de Stephen Foster. J’ai fait les cent pas dans la chambre d’ami, dans la maison de ma grand-mère, à Cedarhurst, un village sur la rive sud de Long Island, en récitant dans ma tête, car c’est ce que je préférais, plutôt qu’avec la bouche, le poème inoubliable de Blake, puis en fredonnant, toujours dans ma tête, […]

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Ce que traduire Duras veut dire

Ce que traduire Duras veut dire

Georgina Fooks

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Writing and translating could be described as sister arts. Writers become translators, and translators become writers. After all, what is writing but the translation of ideas, experience, and memory onto the page? As writer-translators, we might seek guidance and models to follow—a way out of the text to be translated, or a way through. One writer I turn to again and again to help navigate the complex threads tying together reading and writing—both so key to a sustainable translation practice—is Marguerite Duras, the celebrated French writer and experimental film-maker. Best known for The Lover (a hybrid work that is best […]

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